c.. I
I?
THE
ACADEMY OF NATURAL SCIENCES
OP
PHILADELPHIA.
exchange.
A of (o 6e loaned.
- - — - 1 1
L IJVSTITUT OCfAPfiRIPHIOUI
(Fondation ALBERT Ier, Prince de Monaco)
-
Nos 8 8-108
MONACO
AU musee oce:anographique
TABLE DES MATIERES
(par ordre alphabetique)
Le numero de chaque article se trouvant au bas du recto de
chaque feuillet il est tres facile de trouver rapidement 1' article
cherche.
Albert Ier, Prince de Monaco. — N° go. — Sur la huiti&me cam-
pagne de la Princesse- Alice II.
Allemandet (G.-H.). — N° 88. — Analyse des dchantillons d’eau de
mer recueillis pendant la Campagne du yacht Princesse- Alice
en 1906.
Allemandet (G.-H.). — N° 91. — Analyse de quelques dchantillons
de Pdlagosite recueillis dans le port de Monaco.
Bouvier (E.-L.). — N° 93. — Quelques impressions d’un naturaliste
au cours d’une campagne scientifique de S. A. S. le Prince de
Monaco ( 1 go5).
Chevreux (Ed.). — N°96. — Orchomenella lobata, nouvelle espece
d’Amphipode des regions arctiques.
Couture (H.). — N° 98. — Questionnaire relatif aux especes comes¬
tibles de Crustacds. .
Coutiere (H.). — N° 104. — Sur quelques formes larvaires enigma-
tiques d'Eucyphotes, provenant des collections de b. A. b. le
Prince de Monaco. ..... ,
Fauvel (Pierre). — N° 107. — Premiere note prdliminaire sur les
Polychetes provenant des campagnes de 1 Ihrondelle et de la
Princesse- Alice, ou ddposdes dans le Musde Oceanographique
de Monaco. ..... ,
Guer.n-Ganivet (J.). - No 105. - Notes Z
ments de Mollusques comestibles des Cotes de Prance.
L’embouchure de la Loire, la baie de Bourgneuf et les cotes de
JaquetV(MQL— N“ 90? — Description de l'extrdmite posterieure du
corps anormale chez deux Motella fusca Risso.
Jaouet [M ) — N° 102. - Note sur une forme jeunede Trigla.
Jaquet (M j. - No 109. - Considerations sur les Scorpemdes de la
TouBis^L^-^No'sg. - Notes sur les gisements comestibles des
Joubin (L.). prance. — La region d’Auray (Morbihan) avec 1 carte.
Joubin (L.). - No 92. - La Presqu’ile de Quiberon (avec quatre
i.n»T»P!ianiCh-'No io3. — Note sur les Brachiopodes recueillis au
J°U cours des demises croisieres du Prince de Monaco.
(R ) — No 00. — Note prdliminaire sur quelques Astenes
k et Ophiures provenant des campagnes de la Princesse-Ahce.
Maillard (L.L — N° 100. — L’lndustne des Salines c6tieres._
n™ (M V — No 108. - Quelques observations biologxques et
°* e^i'ences sur la “ Faune des bords de cuvette
Portier et Richard (J.). - N« 97. - Sur une mdthode de prelevement
de l'eau de mer destinde aux dtudes bactdriologiques.
Richard (J.). — N° 106. — Campagne scientifique de la Princesse-
Alice en 1907, liste des stations, avec 1 carte.
Richard et Portier. — N° 97. — (Voir Portier et Ri^?ard).
Sars (G -O.). _ N° 101. — Notes supplementaires sur les Calanoides
^ de \a Princesse- Alice (corrections et additions).
Vles (F.). _ N° 94. — Sur l’existence de la Mye dans la Mediterranee.
f
86G01
TABLE DES MATIERES
Le numero de chaque article se trouvant au bas du recto de
chaque feuillet il est tres facile de trouver rapidement l’ article
cherche.
Nos 88. — Analyse des echantillons d’eau de mer recueillis pendant
la Campagne du yacht Princesse- Alice en 1906, (kun
esperanta traduko), par G.-H. Allemandet.
89. — Notes surles gisements comestibles des Cotes de France.
— La region d’Auray (Morbihan) avec 1 carte, par
L. Joubin, professeur au Museum d’Histoire naturelle
de Paris et a l’lnstitut Oceanographique.
9°- — Description de l’extremite posterieure du corps anormale
chez deux Motella fusca Risso, par le Dr M. Jaquet,
conservateur au Musee Oceanographique (avec une
planche double).
91. Analyse de quelques echantillons de Pelagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun esperanta traduko), par
G.-H. Allemandet.
92. — Conference du i=r decern bre 1906. — La Presqu’lle de
Quiberon (avec quatre planches), par L. Joubin, pro¬
fesseur au Museum d’Histoire naturelle de Paris et a
l’lnstitut Oceanographique.
93. — Quelques impressions d’un naturaliste au cours d’une
campagne scientifique de S. A. S. le Prince de Monaco
( 1 9°h), par E.-L. Bouvier, professeur au Museum
d’Histoire naturelle, Membre de l’lnstitut.
94. — Sur l’existence de la Mye dans la M^diterranee, par Fred
Vles, preparateur du Laboratoire de Roscoff.
95. — Sur la huitieme campagne de la Princesse-Alice //, par
S. A. S. le Prince Albert I" de Monaco.
96. — Orchomenella lobata, nouvelle espece d’Amphipode des
regions arctiques, par Ed. Chevreux.
97. — Sur une methode de prelevement de l’eau de mer destinde
aux etudes bacteriologiques, par MM. Portier et
J. Richard.
98. •
99- ■
100.
101 .
102.
103.
104.
105.
106.
107.
108.
109.
- Questionnaire relatif aux especes comestibles de Crus-
taces, par H. Coutiere.
- Note prdliminaire sur quelques Asteries et Ophiures
provenant des campagnes de la Princesse-Alice , par
R. KcEHLER, professeur a la Faculte des Sciences de
Lyon.
- L’Industrie des Salines c6til res, par le I)r L. Maillard,
professeur agrdge a la faculte de Mddecine de Paris
(avec 8 planches).
- Notes supplementaires sur les Calanoides de la Princesse-
Alice (corrections et additions), par G.-O. Sars.
- Note sur unc forme jeune de Trigla , par le Dr M. Jaquet,
conservateur au Musee Oceanographique.
- Note sur les Bracliiopbdes recueillis au cours des
dernieres croisi&res du Prince de Monaco, par M. L.
Joubin, professeur au Museum d'Histoire naturelle de
Paris eta l’Institut Octianographique.
- Sur quelques formes larvaires dnigmatiques d 'Eucy-
pliotes, provenant des collections de S. A. S. le Prince
de Monaco, par H. Coutiere.
- Notes preliminaires sur les gisements de Mollusques
comestibles des Cotes de France. — L’embouchure de
la Loire, la baie de Bourgneuf et les cotes de Vendee
(avec trois cartes), par J. Gukrin-Ganivet, preparateur
au Musdum d'Histoire naturelle de Paris.
- Campagne scientifique de la Princesse-Alice en 1907,
liste des stations, avec 1 carte.
- Premidrenote prdliminaire sur les Polychetes provenant
des campagnes de YHirondelle et de la Princesse-Alice ,
ou deposdes dans le Musde Oceanographique de
Monaco, par Pierre Fauvel, professeur a l’Universite
catholique d’Angers.
- Quelques observations biologiques et experiences sur la
“ Faune des bords de cuvette ”, par le Dr Mieczyslaw
Oxner, secretaire au Musde Oceanographique de
Monaco.
_ Considerations sur les Scorpdnides de la mer de Nice,
par le Dr M. Jaquet, conservateur au Musee Oceano¬
graphique.
N° 88
14 Janvier 1907.
BULLETIN
DE
L’iJVSTITllT OCiMOGMPHIOUIS
(Fondation ALBERT Rr, Prince de Monaco)
ANALYSES DES ECU ANTI i. LONS DEAL DE MER
RECUEILhIS
PENDANT LA CAMPAGNE DU YACHT “ PRINCESSE-AUCE " EN 1906
(KUN ESPEKANTA TEADUKOj
Par G.-H. Allemandet
MONACO
.A-V I s
l.es auteurs sont pries de se conformcr aux indications suivantes :
i» Appliqucr les regies de la nomenclature adoptees par les Congrfes
internationaux.
2» Supprimer -autant que possible les abreviations.
3o Donner en notes au has des pages ou dans un index les indications
bibliographiqucs.
4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
3- Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.| ou
a l’encre de Chine. •
G- Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les rccouvrant.
70 Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier proccde. . *
8» Reniplacer autant que possible les planches par des tigures .ms e
textc en donnant les dessins fails d’un tiers ou d'un quart plus gran s que
la dimension definitive qu'on desire.
l.es auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. 11s peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque - faire la demande sur
manuscrit — suivant le taril sui\ant .
Un quart de feuille . .
Une demi-feuille . .
Une feuille entiere. . .
50 ex.
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
4/ »
5f 20
Gf8o
8140
10 <40
jyfSo
1 470
-
6 70
8 80
1 1 »
t3 40
2 2 SO
| 8 10
0 So
i3 80
iG 20
19 40
35 80
11 faut ajouter a ces prix celui des planches quand il y a lieu.
A dresser tout ce qui concerne le Bulletin a I'aJresse suivante
Mus6e oceanographique (Bulletin), Monaco.
AVIS
An niois de mai igo6, S. A. S. le Prince de Monaco
a elargi consider ablement le cadre de Son oeuvre en creant
Vlnstitut Oceanographique.
Pour repondre an changement resultant de cette fon-
dation, le Bulletin du Musee Oceanographique de Monaco
voit son titre modifie et devient le Bulletin de l'lnstitut
Oceanographique. Rien nest d’ailleurs change a son pro¬
gramme et tout permet d’esperer que, sous son nouveau
titre, cette publication conservera, dans le monde savant,
I'estime dont elle a joui jusqu’d present.
S\
<A\
Bulletin de l’In stitut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° 88. — 14 Janvier 1Q07.
Analyses des echantillons d eau de mer
recueillis pendant la Campagne du
yacht “ Princesse- Alice" en 1906.
(KUN ESPERANTA TRADUKO)
Par G.-H. ALLEMANDET
Ces analyses ont ete executees de la meme maniere que
celles des Campagnes 1904 et jpoS (1). Cependant, dans reva¬
luation des densites par le pyknometre, toutes les pesees ont
ete ramenees au vide, correction que j'avais negligee les annees
pre'cedentcs.
En outre, sur la demande de M. le D1 Portier, j’ai cryoscope
tous les echantillons d’eau. J’ai employe pour cela un cryoscope
ordinaire, peut-etre un peu petit, et un thermometre au 1 /So de
degre. L’agitation etait faite it la main avec une spirale de fil
de nickel, et le froid etait produit par le melange de glace et de
sel. Les temperatures indiquees sont les points de congelation
commencante de la solution.
Les nombres fournis par le pyknometre concordent bien avec
ceux fournis par la me'thode de Knudsen, quoique ceux-ci soient
encore legerement au-dessus des premiers (0,00002 en moyenne .
Si 1’on reprdsente graphiquement la relation entre la densite
a o° et les halogenes, on obtient pratiquement une lignc. Cela
(1) Bulletins N°s q3 et 5q (igo5).
— 4 —
n a rien d ctonnant. puisque ces echantillons d eau ont ete tous
recueillis dans les mers du nord, et ont une composition voisine
de celle de l'eau normale des Scandinaves. Du reste, mes ana¬
lyses de l’annde derniere, elfectuees sur des eaux de l’Atlantique,
m’avaient fourni des rdsultats semblables.
La relation entre la densite a o° et la teneur en SO3, repre¬
sent^ graphiquement a la meme echelle, est encore nettement
une surface.
Kn somme, les analyses d’eau de cette Campagne confirment
cclles des anndes precedentes au point de vue des deux methodes
d'analyse.
Nota. — Dans le tableau suivant, je reprdsente, comme je
l'avais fait pour les analyses des Campagnes precddentes :
Par a®, la densitd k o° par rapport k l’eau distillde a 40 C.
Par j?, la densitd a la temperature in situ 6, calculde sur les
courbcs de dilatation de l’eau de trier, de M. Thoulet.
Par n la densitd in situ, en tenant compte du coefficient
de compression correspondant ii la profondeur n a laquelle 1 eau
a dte puisde (1).
Les colonnes Halog^nes et SO3 representent les quantites
de ces composants par kilogramme d eau.
(t) J. Thoulet. Oceanographic statique (1890), p. 36i.
Analizoj de la specimenoj de marakvo
kolektitaj dum la Krozado de la sipo
4t Princesse-Alice en la jaro 1906“.
Tiuj analizoj estas efektivigitaj samamaniere kiel tiuj de la
Krozadoj 1904® kaj icjoS3. Tamen, pri la determinado de la den-
secoj per la piknometro, ciuj la pezoj estas korektitaj pri la
aerpezo, korektajo pri kiu mi ne zorgis la antauajn jarojn. Plie,
demandinte tion la D° Portier, mi krioskopis ciujn la specime-
nojn d'akvo. Mi uzadis pri tio krioskopon ordinaran, eblc iom
malgrandan, kaj termometron gradigitan po la 5oono de grado. La
svingo estis farita de la mano per spiralo el nikela fadeno, kaj
la malvarmo estis produktita de la miksafo de glacio kaj de salo.
La varmgradoj montritaj estas la punktoj krioskopaj de la lik-
voro.
La nombroj donitaj de la piknometro konformigas bone kun
tiuj donitaj de la Knudsen’a metodo, kvankam tiuj -ci estas
ankorau iom super la unuaj (0,00002 mezokvante).
Se oni prezentas per grafiko la rilaton inter la denseco ce o°
kaj la halogenoj, oni ricevas praktike Union. Tio havas nenion
mirigan, car tiuj specimenoj d’akvo estas ciuj kolektitaj en la
nordaj maroj, kaj estas kunmetece proksimaj je la normalakvo
de la Skandinavoj. Aliparte, tniaj analizoj je la antaiia jaro,
efektivigitaj pri akvoj el l’Atlantiko, estis al mi donintaj similajn
rezultatojn.
La rilato inter la denseco ce o° kaj la kvanto de SO3, grafike
prezentita je la sama skalo, estas ankorau klare suprajo.
Sume, la analizoj d’akvo de tiu-ci Krozado certigas tiujn de
la jaroj antauaj pri la du metodoj d’analizo.
(88)
- 6 —
Xoto. — lvn la nombraro sekvanta, mi prezentas, kiel por
miaj analizoj dc la krozadoj antauaj :
Per la densecon ce o° ri late al la distilita akvo ce 40 C.
Per tJ. la densecon cc la varmgrado in situ 0. kalkulitan lau
la kurboj Thoulet’aj pri la dilatigo de la marakvo.
Per ii 7}, la densecon in situ , rilate al la koeliciento de kum-
premebleco lau la profundo n el kiu la akvo estis cerpita 1).
La kolonoj Ualogenoj kaj SO:< prezentas la kvantojn da tiuj
radikaloj en unu kilogramo da akvo.
U| J. Thoi i.kt. Oceanographic statique (i8ck>°), p. 36i.
— • * -
%
Resultats numeriques
DES
anatyses dean de mer de la Campagne 1906
Rezultatoj nombraj
DE
Vanalizoj de marakvo de la Krozado 1906a
88
N° de
STATION
j\o de
stacio
DATE
DA TO
l»OA
LOCALITE — LOKO
LONGITUDE
LATITUDE
Latitudo
Longiludo
(Greenwich)
\
{154 2 aout ( augusto )
Cote E. du Nord de
Prince Charles Foreland
(Marbordo orienta de la Norda
de la Prince Charles Foreland)
Profondeur
en metres
Profundo
metre
Surface: suprajo
4 aout
f Au large du Prince Charles Foreland^
' (Spacamare antaii
Prince Charles Foreland)
78° 19’ N. | 11° 7’
En entrant dans l’lcefjord
(Enirante la Icefjord )
Icefjord (En face la baie Coal)
(Icefjord, kontraii la golfeto Coal)
A l'entree de la baie Advent
Ce la enirejo de la golfeto Advent)
Baie Advent (pres du mouillage)
^ (Golfeto Advent, proksime al la ankrejo /
Baie Advent (au mouillage) 1
(Golfeto Advent, ce la ankrejo)
4
10
20
Surface; suprajo
— 9 —
METHOD
ME TOD
E DE '
r H 0 U L E T
HOULE T
METHO
ME TO
DE DE
KNUDSEf
CNUDSEN
4 = 1
.2 5 D
5 , ^
S |&
0 |
« is ?
— -2 ^
0 DE T
DO DE b
a?
Hi jO
Halogene;
Halogeno j
SO,
Cl.
Salinite
Salkvanto
r. 02744
1 . 02688
1 .02688
18.92
2. 1 5 1
1.02747
18.92
34.18
— 1.98
2711
2663
2663
18.70
2.123
2715
18.70
33 . 78
— 1 -975
2745
26g3
2693
i8-94
2 . I 5 I
2749
18.94
34.22
— 2.005
2636
2596
2696
18.18
2.059
263g
18.18
32.84
— 1.925
2566
2520
2520
1 7 • 67
2.000
2565
■7-67
3 1 .92
— [.865
2540
2485
2485
17.50
1 .970
2540
17.50
3i .62
— 1.84
OO
Tt-
(N
2437
2437
17.13
1 .942
2489
i7.i5
3o.gg
— 1 .80
0328
0317
0317
2.3i
0.265
o332
2.3i
4.20
— 0.265
l3g5
1 352
i352
9.62
I.O92
i397
9.62
17.39
- I .02
-497
2450
2452
T7 • r9
1.945
2495
17.19
3 1 .06
— 1.795
2534
2489
2494
17.46
1 -977
2533
17.46
31.40
— i.83
2656
2624
2633
18. 2q
2.086
2655
18.29
33.04
— 1.94
2747
2728
2751
18.96
2. l52
2752
18.96
34.25
— 1.985
2 '49
2096
2096
14.83
1 .6q3
2i53
14.83
26.80
— 1.545
2i38
2i85
2 1 85
14-74
1 .671
2140
14.74
26 . 64
—
2610
2573
2574
17.98
2.045
2610
17.98
32.48
— 1 .885
2647
2621
2622
18.26
2.0D2
265 1
18.26
32.99
- I .93
2664
2634
2b3g
18. 36
2.o85
2665
18. 36
33.17
— i.g35
2702
2677
2686
18. 61
2. 102
2702
18.61
33.62
- — 1.96
2735
2710
2724
18.87
2. I41
2789
18.87
34.09
— i-98
2736
2711
2729
18.88
2.142
2741
18.88
34.11
— 1.985
2743
2712
2730
18.90
2. 1 58
2744
18.90
34.14
— 1 .993
o
N° de
STATION
No de
stacio
*4*1
*4*1
*4**
*4*»
«4t>»
*5 05
?SHS
DATE
DA TO
l»OG
12 aout
14 aout
ib aout
20 aout
24 aout
LOCALITE — LOKO
LATITUDE
Latitude
LONGITUDE
Longitudo
(Greenwich)
Havre Safe (Safe Harbour)
( Haveno Safe)
Havre Safe (Safe Harbour)
(Haveno Safe)
Baie Cross (Cross-Road)
(Golfeto Cross)
Baie Muller
(Golfeto Muller )
Profonde UR
en METRES
Profundo
metre
( Surface; suprajo
2
5
20
29
D7
Surface; suprajo
5
10
1 2
10
20
3o
40
5o
60
Surface; suprajo
2Q0
304
l Surface ; suprajo
1
o
3
IO
22
i H
4.5
6.55
6.1
4.2
3-7
DJ
i-4
0,
i-3
1 -4'
i.5!
2.3
2.1
2.7!
3.H
24
2.4
3.5
0.7
oi-
4-’
4-3
3.9’
3.'!
3.0’
I
METHOD E
METODO
D E T H OUL E T
1.02218
2448
2499
>63(3
2687
2743
2556
2621
265 1
2G60
2673
2673
2716
2723
2736
2754
2754
2754
2476
278:
2793
a3o5
2304
2548
2G26
2676
1 .02186
2392
2448
2604
265g
2526
2533
2608
2643
2632
2665
2664
2700
2710
2715
2780
2737
2737
2454
2776
2787
2280
2473
25:8
26o3
2655
DE THOU LET
11 9
1 .02186
2393
2450
26 1 3
2533
2610
2648
2(358
2667
2669
2 709
2724
2734
2753
2765
2765
2454
2915
2953
2280
--473
2520
2608
2665
Halogenes
Halogenoj
13.29
16.91
17.23
18. 16
18 . 5 1
18.91
17.62
18.09
18.29
18.34
18.43
18.42
18.71
18.76
18.87
18.99
19.00
18.99
J7 °7
!Q . 19
IQ-24
1 5 .90
1 7 • 27
17.55
18.09
18.46
SO.,
1 .730
1 .898
1 . q5o
2 ■ 094
2. 1 36
2.005
2,o39
2 . 060
2.075
2.077
2.o83
2 . 099
2.063
2. 123
2.168
2 . 134
2. 1 5 r
1.930
2.194
2.184
1.791
1 .965
1 .968
2.o56
2.084
METHODE DE
IvNUDSEP
4 = 1
« r-'Q
METODO DE KNUDSEN
— t
r 1 it
- * —
a°
Cl.
Salinite
- -2
Salkvanto
'£ £
I .02219
l5.29
27.63
- — 1.60
2455
16.91
3o. 55
— 1.795
25oi
17.23
3 1 . r 3
— 1 . 8.1 5
2636
18.16
32.8i
- I . 905
2687
18 . 5 1
33.44
— 1.95
,
274>
18. QI
34.16
— 1.995
2558
17.62
3i .83
— 1.855
2626
18. oq
32.68
— 1 . 8g5
2655
18.29
33.04
— 1.940
2662
18J4
33. i3
- I .925
2675
18.43
33 . 3o
— 1.945
2674
18.42
33.28
— 1.945
2716
18.71
33 .80
— i .q55
2723
18.76
33.89
— 1.965
2739
18.87
34.09
— 1.98
2757
18.99
34. 3i
— 2.005
2768
19.00
•) . O '>
^4 . DD
— 2.005
2757
18.99
34.31
— 2.005
2479
17.07
3o.86
- 1.79
2786
19.19
34.67
— 2.02
2793
19.24
34.76
— 2.o3
2808
l5.90
28.73
— 1.665
25o7
•7-27
3 1 . 20
— 1 . 8 1 5 1
2647
17.55
3i.71
— 1 .845 1
2626
18.09
32.68
— 1 . 895
2680
18.46
33.35
- 1.945
INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE
(FONDATION ALBERT I", PRINCE OE MONACO)
Reconnu d'utilite puhlique par DCcret du 16 Mai 1906
Enseignement Populaire de l’Oceanographie
CONFERENCES de 1906-1907
Ces Conferences auront lieu le samedi, a 9 lieures du soir
A LA S 014.13 OjTSFIVE (Amphitheatre Descartes)
[Entree par la porte de la rue de la Sorbonne no j7j ;
Ordre des
Samedi 17 Novembre 1906
M. BERGET
Doclfnr es-Sriences, charge de Conferences ii la Sorbonne
Mouv.ements de Tatmosphere au-dessus
des Oceans: — Vents alizes. — Regions
de.s ealmes equatoriaux.
Samedi 24 Novembre
M. le D> CHARCOT
CcmmanJaiU de rpxpedilion a n 1 a rrl 1 1] tt e franraise
Les moeurs des animaux de 1’Antarctique.
Samedi Dr, Decembre
M. le U> JO II BIN
Profrssmr an Museum d'lllsloire Nalurelle
F.a Presqu'ile de Quiberon.
Samedi 8 Decembre
M. le Dr POR 1 IER, Direcleur-Adjoint du
Lalmraioirc de Physiologic ii la Sorbonne
Physiologic des animaux polaires.
Samedi 15 Decembre
M. Gabriri. BERTRAND
Docleur es-Scienees, charge de Coins ii la Farnlte des Sciences
La composition chlmique de la mer
an point de vue industriel.
Samedi 22 Decembre
M. FABRE-DOMERGUE
Insjieeienr general des Peeling Marilimes
I es methodes actuelles de la Pisciculture.
Samedi 5 Janvier 1907
M. BERGET
^ ents superieurs de retour. — Contre-
aiizes. — Recherches du Prince de
Monaco. — Moussons.
Samedi 12 Janvier
M. le Dr MAIL LARD
Professenr agregii ii la Faculle de Medeeine
Res industries chimiques de la mer.
10 l.’industrie saliniere.
Conferences
Samedi 19 Janvier
M. JOUBIN
Les commenjaux et les parasites des
animaux marins.
Samedi 26 Janvier
M. PORTIER
Les resspurees alimentaires de la mer
(ire partie). .
Samedi 2 Fevrier
M. Gabriki BERTRAND
La composition du milieu ntarin
au point de vue hiologique.
Samedi 9 Fevrier
M. BERGET
Regimes except ion nets des vents ocea.
niques. — Cyclones et typhons.
Samedi 16 Fevrier
M. JOUBIN
L'industrie ostreicole.
Samedi 23 Fevrier
M. PORTIER
Les resources alimentaires de la mer
(ac partie).
Samedi 2 Mars
M. MAJLLARD
Les industries chimiques de la mer.
2° I ’industrie des varechs.
Samedi 9 Mars
M. BERGET
Particularites des surfaces oceaniques au
point de vue du magnetisme terrestre
et de la pesanteur.
Samedi 16 Mars
M. PORTIER
l.es organes des sens
chez les animaux marins.
1 la disDosiiim.' r8 Ju,1 fesirent . assister aux Conferences devront Cure munies'de cartes. — Ces cartes sont
I rocadero et 11 “ public au Secretariat scientifique de S. A. S. le Prince de Monaco, io, avenue du
'/dresser oar let*-. I? - lat Provlsolre de 1’Institut OcCanographique, 2, rue Logelbacb, oil Ion peut
Li Sorhonn,, • f' ,9n.en ,rouve Cgalement au MusCum d'Histoire nSturelle, 5y, rue Cuvier et 17, rue
Mnej a ja Sorbonne, .
AVIS
Lc Bulletin est cn depot chez Fricdlander, i
Berlin.
Garlstrasse.
Lcs numeros du Bulletin se vendent separement aux prix
suivants et franco :
Fr.
88. — Analyse des cchantillons d'eau dc mer rccucillis pendant la
Campagne du yacht Princesse-Alice cn 1906, (kiln espe-
ranta traduko), par G.-H. Allemandet . . . o 5o
K9. — Notes sur lesgisementsde Mollusqucs comestibles dcs Cotes
dc France. — La region d’Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Jo'ubin, professeur au Museum d’Histoire naturelle
dc Paris et a FI nstitu t Oceanographiquc . 2 5o
90. — Description de l'cxtremite postericurc du corps anonnale
chez deux Motella fusca Risso, par le Dr M. .Iaquet,
Conservateur au Musee Oceanographique (avec Une plan-
che double) . . . J »
MONACO.
IMPR. DE MONACO
N° 89
1907
(Fondation ALBERT I
Prince de Monaco)
Par L. Joubin
Profosseur au Museum d’Histoire n
et a 1’lnstitut Oc£anograi
-A-'V X S
Les auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes :
i° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
3° Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou
a l’encre de Chine.
6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7° Fairc les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d’un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
*
* *
Les auteurs re^oivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le
manuscrit — suivant le tarif suivant :
Un quart de feuille .
Une demi-feuille. .
Une feuille entiere .
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
5f 20
6f 80
8f40
10 f40
80
6 70
8 80
1 1 »
1 3 40
22 80
9 80
1 3 80
16 20
19 40
35 80
11 faut ajouter a ces prix celui des planches quand il y a lieu.
Adresser tout ce qui concerne le Bulletin a I’adresse suivante .
Musee oceanographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° 89. — i5 Janvier 1907.
NOTES
SUR LES
Gisements de Mollusques comestibles
des Cotes de France.
La region d’Auray (Morbihan)
(Avec 1 Carte)
par L. JOUBIN
Professeur au Musdum d’Histoire naturelle de Paris
et a l’lnstitut Oceanographique.
La region de notre littoral comprenant le quartier maritime
d Auray, les confins de ceux de Vannes et de Lorient, avec celui
de Belle-Isle, est une des plus importantes et des plus interes-
santes des cotes de France au point de vue de l’Ostrdiculture
envisage'e dans ses rapports avec 1’Ocdanographie et la Biologie
marine. Elle constitue, en effet, l’une des plus riches stations
ostrdicoles du monde entier, tant pour l’abondance des huitres,
que pour la qualite particulierement recherchee de ces Mollus¬
ques. Aussi leur valeur et leur reputation sont-elles tres grandes
et chaque annee c'est par centaines de millions qu’il faut compter
les huitres produites industrieilement dans cette region et expor-
u!es tant a 1’e’tranger qu’en d’autres points du littoral francais.
Lette cote du Morbihan est encore fort interessante au point
de vue ocdanograpihique et il est, me semble-t-il, bon de faire
■ emarquer les conditions biologiques tout a fait speciales dans
lesquelles les huitres s’y developpent et s’y multiplient.
Le present memoire fait partie de la serie de notes sur
l'Ostreiculture et la Mytiliculture dont M. Guerin et moi avons
entrepris la publication. Trois de ces notes (i) ont deja paru, dont
deux dans le Bulletin du Musde Ocbanographique de Monaco.
Qu’il me soit permis de presenter a S. A. S. le Prince de Monaco
nos remerciements pour l’insertion de ces travaux dans Son
Bulletin.
Bien que l’expose' qui va suivre soit tres court il n’en reprd-
sente pas moins le re'sultat d’un travail considerable. J’ai, en
effet, visitd presque toute l’dtendue des gisements et des pares
qui sont si nombreux dans cette region ou ils sont disperses sur
un dnorme developpement de cote. J’ai suivi, par les moyens de
locomotion les plus varies, et quelquefois peu confortables,
toutes les rivieres et le littoral de la mer entre la presqu’ile de
Rhuys et les environs de Port-Louis.
Malgrd cet effort personnel je ne serais pas arrive a mettre au
point la carte que Ton trouvera dans ce travail si je n’avais e'te
puissament aide par diverses personnes auxquelles je me fais un
devoir d’adresser l’expression de ma gratitude. Je crois devoir
les citer nominativement, parce que beaucoup d’entre-elles m’ont
fourni des documents et des renseignements qui, etant donnee
leur competence speciale, ont beaucoup diminue les inexacti¬
tudes qui auraient pu exister dans ce travail.
C’est tout d’abord M. le Ministre de la Marine et M. Trefeu,
directeur de la Marine Marchande, qui ont bien voulu, sur la
recommandation de M. Fabre-Domergue, inspecteur ge'neral
des peches, prendre ce travail sous les auspices du Ministere de
la Marine; ils ont donne' les ordres ndeessaires pour que le
personnel, les archives et les embarcations des Bureaux d Ins¬
cription maritime et d’Inspections des peches fussent mis a ma
(i) J. Guerin. — Notes preliminaires sur les gisements de Mollusques
comestibles des cotes de France, i« note : Les cdtes de la Charente Infe-
rieure. C. R. de F Association francaise pour Favancement des Sciences.
Grenoble XXXIII, 1904.
L. Joubin. — Id. Les coles de la Loire a la Vilaine. Bulletin du Musee
Oceanographique de Monaco, n° 59. 1906.
J. Gu£rin. — Id. Le Golfe du Calvados. Bulletin du Musee Oceanogra¬
phique de Monaco, n° 67. 1906.
— 3 —
disposition. C’est ensuite M. Duportal, administrateur principal
de 1 Inscription d’Auray, et Messieurs les Administrateurs des
Quartiers de Vannes, Lorient et Belle-Isle, qui m’ont fourni
avec une grande complaisance des renseignements importants.
J’ai visite en detail avec M. Le Comte, inspecteur des peches a
Auray, les rivieres d’Auray, de Crac’h et de Saint-Philibert, a
bord de la vedette a vapeur qu’il commande.
En M. D. Jardin, president de la Societe Ostreciole d’Auray,
j ai trouve un ostreiculteur aussi aimable que savant, qui m’a
donne une quantite de renseignements techniques, biologiques
et commerciaux dti plus grand mteret. II m’a montre sur place
les methodes ostreicoles employees dans la region. J’ai pu assis-
ter a la reconstitution d’un ancien banc naturel de la riviere
d’Auray faite sous sa direction.
J’ai parcouru la plus grande partie de la riviere d’Etel en
compagnie d un autre ostreiculteur, M. V. Bedex, qui m’a con¬
duit dans les pares de la region et m’a donne de nombreuses
indications pour completer la carte de cette riviere. M. le
baron de Wolbock, ostreiculteur a la Trinitd, M. Ezanno, ostrei¬
culteur a Carnac, M. Bavay, pharmacien en chef honoraire de
la Marine, m’ont donne' des renseignements interessants sur
les huitrieres et les moulieres de divers points de la region,
(iiace a tous ces concours, mon travail a acquis une grande
precision, et il represente, a ce qu’il me sernble, l’etat actuel
exact de I’industrie ostreicole dans le Morbihan.
La region qui a ete dtudiee et qui est ddcrite dans ce memoire
a fait l’objet des etudes topographiques du commandant Ragiot,
qui en a publie en 1880 et 1881, un atlas au dix-millieme. Mais
cet atlas, qui a dte tire seulement a cent exemplaires, est devenu
presque introuvable, et, n’ayant pu me le procurer dans aucune
bibliotheque de Paris, j’ai du seulement a l’obligeance de
MM. Duportal et Jardin, de pouvoir le consulter. Ces cartes,
tres detaillees, representent une sorte de cadastre ostreicole de
la region; elles sont faites uniquement au point de vue des
limites, du bornage et du numerotage de chacune des conces¬
sions ostreicoles. Mais on doit y relever une grave lacune. II
(89)-
— 4 —
n'y est pas fait mention des bancs naturels d'huitres des rivieres
de la rdgion. Ce sont cependant, si l’on peut ainsi parler, les
organes fondamentaux de tout le systfemc huitrier du pays,
puisque ce sont eux qui fournissent le naissain, base et matiere
premiere de l’dlevage industriel des huitres.
L’atlas du commandant Ragiot devrait. en outre, pour etre a
jour, subirde nombreuses modifications et de serieuses correc¬
tions; depuis 26 ans, en effet, des pares qui y figurent ont dis-
paru, beacoup d'autres ont dte' ajoutes en de nombreux points.
En comparant rna carte et celle du commandant Ragiot, on
pourra constater quelle profonde difference existc entre elles et
combien la repartition des pares a varid dans son ensemble.
Pour etablir ma carte je me suis place a un point de vue
absolument different de celui qu’a recherche le commandant
Ragiot. J’ai voulu, avant tout, faire l’dtude de cette region
ostrdicole au point de vue de l’histoire naturelle, aussi, les
repdres exacts de chaque pare, leurs dimensions precises, n’ont-
el les pour moi aucun intdret. Je n’ai tenu compte que de leur
ensemble, de leurs groupements, et ce sont les raisons de ces
groupements qui m’intdressent avant tout. Aussi ai-je considere
comme un seul pare, des sdries entieres de petits pares contigus
et les ai-je marquds, sur la carte, comme ne formant qu’une
unitd. En un mot, je n’ai pas voulu faire un cadastre ostreicole. II
existe au Ministere de la Marine une commission qui fonctionne
pour prdparer cet immense travail, avec lequel le mien, n’ayant
pas d’analogie, ne fait pas double emploi.
Comme dans les cartes precedentes, j’indique les gisementsde
moules concurremment avec les gisements d’huitres. D’ailleurs,
dans cette region, les moulieres n’ont qu’une importance ties
secondaire ; elles ne donnent lieu actuellement, a aucune indus-
trie, elles ne sont meme pas classdes au point de vue adnunis-
tratif. 11 en est de meme pour les autres mollusques comestibles
qui sont peu abondants et a peine recherches. A ma connais-
sance, il n’existe qu’un tres petit nombre de pares a Palourdes;
on recolte quelques Cardium et Pecten.
A ce point de vue, le contraste est frappant avec ce que 1 on
trouve tout pres de la, sur la cote qui entoure l’embouchure de
— 5 —
la Vilaine et sur le littoral, jusqu’a la Loire ou les bouchots a
Moules et les pares a Palourdes sont extremement nombreux,
comme on peut le voir par un simple coup d’oeil jete sur la
carte que j’ai publiee dans n° 59 de ce Bulletin. Par contre, les
huitrieres y sont peu abondantes.
Nous examinerons tout d’abord les huitrieres, qui sont de
beaucoup plus importantes, puis ensuite, les autres gisements
de Mollusques.
HUITRIERES.
La region dont Auray est le centre comprend, en realite,
plusieurs groupes ostreicoles de nature differente. Par ordre
d’importance, les centres de production et surtout de reproduc¬
tion sont : i° la rivi&re d’Auray; 20 la riviere de Crac’h; 3° la
riviere de Saint-Philibert. Dans ces rivieres on fait la recolte
du naissain, dont on vend, a l’etat jeune, la plus grande partie,
et dont on fait grandir, a l’e'tat de demi elevage presque tout le
reste, une tres petite partie seulement etant engraissee pour la
consommation.
Au contraire, dans la riviere d’Etel, on se contente d’elever
du naissain achete ailleurs et de le conduire jusqu’au moment
de l’engraissement; alors la plus grande partie des jeunes
huitres est expediee a Marennes pour etre engraissee, tres
peu l’etant sur place.
11 y a done une tres grande difference dans Pindustrie
ostreicole du premier groupe, celui des rivieres placees a 1’est de
la presqu’ile de Quiberon et celle du 2e groupe forme' par la
riviere d’Etel qui est situee a l’ouest de la presqu’ile.
La carte qui accompagne ce travail donne, a Test, l’embou-
chure de la riviere d’Auray et l’entre'e du golfe du Morbihan; la
plus grande partie de cette entree depend du quartier de Vannes
mais, ne m’occupant pas des limites officielles, j’ai consideTe
cette partie comme une annexe naturelle de la riviere d’Auray.
Le teste, c est-a-dire le golfe ou mer du Morbihan proprement
dite, e’est-a-dire la plus grande partie, ainsi que la presqu’ile de
(89)
Rhuys, dont la pointe Ouest est ici la seule representee, fera
l’objet d’une autre carte, qui, englobant 1’inte'ressante riviere de
Penerf, s’etendra jusqu’a Tembouchure de la Yilaine.
Dans la riviere d’Etel la rive gauche du chenal avec toutes les
lies qui s’y rattachent, dependent du quartier d’Auray ; la rive
droite avec ses lies, depend du quartier de Lorient; mais Tad-
ministration maritime a decide que tout ce qui concerne Tos-
treiculture sur les deux rives de la riviere serait rattache au
quartier d’Auray.
II faut tout d’abord s’entendre au sujet de cette expression
de riviere. On pourrait croire qu’il s’agit de Tembouchure de
cours d’eau d’une certaine importance et que le volume d’eau
douce qui, par suite, est mele' a l’eau de mer dans les estuaires
est un facteur serieux dans la biologie des huitres. II n’en est
rien.
Ces rivieres sont bien plutot des golfes, des fiords anfrac-
tueux, aux berges elevdes, suivant probablement une formation
ge'ologique particuliere. Ce sont de grandes cassures, sensible-
ment paralleles entre-elles, decoupant profondement la cote et
faisant pdnetrer la mer fort loin dans Tinterieur des terres.
Tout au fond de ces fiords ou de leurs ramifications, viennent
se jeter a la mer de petits ruisseaux, presque toujours sans
aucune importance, qui apportent une quantite d’eau douce
absolument negligeable. Dans un seul des rameaux de la riviere
d’Auray, que Ton appelle la riviere de Bono, il y a un peu plus
d’eau douce dont Teffet est d’ailleurs prejudiciable aux huitres;
il arrive quelquefois, dans les hivers tr£s rigoureux, d’ailleurs
tres rares, que cette eau douce fait geler les huitres.
La riviere d’Etel est plutot un golfe interieur tres dtendu,
tres ddcoupe', parseme de nombreuses 'lies et d’ilots, en commu¬
nication avec la mer par un seul orifice etroit ou les courants
sont tres violents; cette disposition est analogue a celle que Ton
observe dans la mer du Morbihan. Il arrive que lorsqu’on navi-
gue dans ces rivieres on n’apercoit pas leur issue vers la mer, et
Ton pourrait alors se croire dans des lacs absolument clos. On
peut ainsi tres longtemps parcourir ces rivi&res sans que le
(«9)
8 —
irtage de la mer soit trahi autrement quc par les traces de la
marte sur les berges.
Ces riviferes aux falaises dlevdes dans leur partie supdrieure,
couvertes de fordts et de pares, sont absolument admirablesau
i de vue pittoresque; la rividre d’Aui . en particulief,
renferme des sites de toute beautd.
A cette c6te, si profonddment ddcoupde, est rattachde, parun
dtroit isthme de sable, la presqu’ile de Quiberon suivie des lies
d Houat et d Hoedic qui en ont autrefois fait partie et cn sont
actuellement sdpardes.
An point de vue de l’ostrdiculture cette presqu'ile et ces lies
n’oat qu’une importance trl aron ne trouve plus
aujourd hui que quelques restes de pares sur la cote orientals.
Maisc’est la presqu’ile de Quiberon qui, parsa protection, pro-
cure au golfe de Quiberon oil ddbouchent les rivieres d’Auray,
de Crac’h et de Saint-Phi I ibert, le ealme et la tmnquilitd des
eaux ndeessaires a I’dlevage des huitres. Le contraste est en effet
des plus curicux entre la cote occidentale de la presqu'ile exposee
au grand vent et aux grosses mers de l’Ocdan, et la cote orien-
tale, protdgde par clle, oil la mer est toujours ealme et les vagues
a peu pres nulles. La cote ouest est ties ddcoupde. a falaises tres
hautes, escarpdes, usdes et ddmolies par les riots, tandis que la
cote Est est base, couverte d'herbiers, de plages sablonneuses
ou vaseuscs oil abondent des animaux varies.
Si la presqu’ile de Quiberon est peu importante pour son
Industrie ostrdicole, en revanche, les nioules y pullulent. Toute
la cote ouest, exposee a la grossc mer, est, au niveau de la zone
des Fucus, tapissde par u ne couch e presque continue de nioules.
Nous y reviendrons plus loin. Les ilotsde Houat et d Hoedic
sont depourvus d’huitrieres, mais on y trouve d’importantes
moulieres qui continuent celle de Quiberon; el les v occupent
une situation analogue.
Lnrin, dans cette mime region, il faut ajouter Belle-lle qui
constitue un cquartier maritime avec Houat et Hoedic. La cote y
est tellement escarpee et la mer si violente que les huitres ne peu-
vent s’y developper faute d’aucun abri. En revanche, on trouve
des moulieres peu importantes sur la cote ouest.
— 9 —
L’industrie ostreicole de toute la region dont Auray est le cen¬
tre, s’exerce exclusivement sur YOstrea edulis L. ; les parqueurs
veillent avec un soin jaloux a ce qu’aucune huitre portugaise ne
soit introduite dans leur riviere. Ils craignaient autrefois l’hy-
bridation des deux especes et, par suite, la perte de la variete
armoricaine de YOstrea edulis dont la reputation fait leur
fortune; mais il parait ddmontre que l’hybridation entre ces
mollusques, qui appartiennent a deux genres bien differents, est
impossible, en raison surtout du mode si dissemblable de la
ponte; la gryphee portugaise est, en effet, ovipare et l’ostrea
vivipare. Le danger 1c plus a redouter serait l’invasion des
portugaises qui, plus robustes, tres prolifiques, s’adaptant faci-
lement a des conditions plus variees d’existence, s’installeraient
dans les rivieres et prendraient la place et la nourriture de l’huitre
indigene. Malgre toutes les surveillances, les reglements et les
interdictions, on trouve, chaque annee, dans les bancs, les pares
oules collecteurs, un tres petit nombre, quelques unites, d’hui-
tres portugaises qui sont immediatement detruites. Elies pro-
viennent soit d’embryons transportes par les courants, soit
d’huitres fixees sur la carene de bateaux, soit d’autres causes
accidentelles. Jusqu’ici, elles ne se sont installees nulle part sur
la cote d’ Auray. Ilya quelques annees, cependant, une veri¬
table invasion d’huitres portugaises s’est produite subitement
sur les rochers de la partie basse de la riviere d’Etel. Ces huitres
ont disparu l’annee suivante, n’ayant probablement pas rencon¬
tre les conditions favorables a leur developpement ; elles n’ont
pas reparu depuis.
L’histoire de l’industrie huitriere dans la region d’Auray est
fort interessante. C’est fun des centres ou Coste fit une partie
de ses cdlebres experiences et ou ses continuateurs, apres de
nombreux tatonnements et des essais souvent fort couteux,
ont amend l’industrie ostreicole a l’etat ou nous la trouvons
aujourd’hui. Les precedes actuels semblent donner des resultats
a peu pres definitifs et avoir acquis le maximum de certitude
que l’on peut attendre dans une industrie soumise a des aleas
varids. 11 serait tout a fait hors de mon sujet d’entreprendre un
(89)
IO
historique de ces procdd^s. on 1c trouvera dans divers ouvrages
sp&iaux. Jc me contente de ddcrire l’ctat actuel de cette
industrie.
Le fond du chenal des rivieres d’Auray, de Crac’h et de
Saint-Phiiibert, est occupy par des bancs naturels d’huitres plus
ou moins prospbres dont il sera question plus loin. Ces bancs,
draguds tous les trois a ns. fournissent des huitres qui sont
inunddiatement vendues pour la consummation ou aux par-
queurs. Mais ce n’est lit qu’un produit tout a fait secondaire de
1 industrie locale, d'autant plus restreint que depuis quelques
anndcs le nonibre des huitres dragudes et leur prix de venteont
considerablement diminue.
Le role principal des bancs naturels est de contenir les huitres
mdres dont les embryons deviennent le naissain qui est recolte
au moyen d’appareils spdeiaux qui seront ddcrits plus loin. Ce
naissain devient de petites huitres qui sont vendues a des par-
queurs; les uns les ddposent sur place dans des pares oil elles
grandissent, les autres les emportent, par navires entiers, soit
sur d’autres points du littoral francais, soit a l’e'tranger, pour les
faire grandir et les engraisser, ou encore pour les verdir; e’est le
cas de Marennes.
La protection et la surveillance des bancs naturels sont done
essentielles et font l’objet des soins de l’administration de la
marine qui entretient a Auray un inspecteur des peches avec
des embarcations et plusieurs gardes-peche; d’autres gardes
sont re'partis dans les rivieres voisines; leur nombre cependant
ne parait pas suffisant car les pillards ne manquent pas qul
viennent, la nuit, draguer les bancs et meme les pares, et y fal'e
des chargements que Ton a vu atteindre, en une seule fois?
40,000 huitres.
Les huitres natives des bancs naturels sont done avant tout
des reproducteurs. On sait qu’une seule huitre adulte, ayant
5 ou 6 ans, peut donner un nombre d’embryons qui varieentre
un et deux millions. Les ceufs, apres la fdcondation et leur soi tie
des organes genitaux restent enfermds entre les lames des
branchies et les deux moities du manteau de la mere, pendant
7 a 8 semaines. Ils sont tout d’abord blancs et produisent ce
qu’on appelle les huitres laiteuses; en avancant en age, ils
deviennent gris-clair et ressemblent a de la cendre; finalement
ils passent au gris-fonce, de ton ardoise', lorsqu’ils approchent
de la fin de la periode d’incubation. C’est a ce moment que
l’huitre mere, par des contractions brusques de ses valves,
chasse ses embryons dans l’eau sous forme d’un petit nuage
grisatre.
Ces embryons sont alors pelagiques et ils nagent au moyen
d’une houppe de grands cils vibratiles qu’ils portent jusqu’au
moment oil ils se fixent et qui est destinee a disparaitre ensuite.
L’epoque oil se fait la reproduction des huitres correspond
a l’ete; c’est vers le milieu de juin qu’elles commencent a devenir
laiteuses; elles emettent leurs embryons gris depuis le commen¬
cement de juillet jusque dans la premiere rnoitie d’aout. Les
variations dans l’dpoque oil se fait remission oscillent dans une
limite de 4 a 5 semaines, 6 au plus. II semble, au premier abord,
que ces variations n’ont pas grande importance pratique; on va
voir par ce qui suit qu’elle est au. contraire enorme au point de
vue des resultats que l’ostrdiculteur est en droit d’attendre de
son travail. II semble que la periode de reproduction, si elle est
assez variable d’une annee a l’autre, ne Test pas autant dans une
merne localite ; les pontes ne s’echelonnent pas, et au dire des
ostrdiculteurs, toutes les huitres sont mures en meme temps.
On a remarque, en outre, que l’huitre mere lance son nuage
d’embryons seulement au moment oil la mer monte, jamais
lorsqu’elle baisse; il en resulte que les jeunes embryons, entrai¬
ls par les Hots, se dirigent d’abord vers le haut de la riviere.
La determination du moment pre'cis de remission des em¬
bryons gris est capitale pour le succes de la campagne ostreicole
de chaque annee; aussi, quand le moment approche, des prele-
vements frequents d’huitres sont faits sur les bancs, pour la
surveillance de l’etat des glandes genitales. L’ostriculteur doit,
en effet, disposer ses appareils collecteurs a une epoque aussi
voisine que possible de ce moment, tres peu avant, pas apres;
1 operation de la pose des collecteurs, qui est assez longue, ne
(89)
pent se faire qu’aux dpoques de grandes mardes, aux malines,
pendant les trois heures environ oil la mer cst assez basse, pour
se rapprocher le plus possible des chenaux. Si on laisse passer
une iiKirec. il Taut attendre la suivante, soit un retard de quinze
jours pendant lesquels remission du naissain peut avoir eu lieu,
C’est alors pour l’ostreicultcur des frais considerables et une
annce perdue, car les collecteurs ne recolteront absolument
rien.
On pourrait penser que l’ostrdiculteur n’a qu'a placer ses
collecteurs plus tot et qu’il sera certain alors de ne pas manquer
la pontc et par suite sa recoltc. II n’cn cst l ien. L’eau des rivieres
contient en suspension de tines particulcs de vase qui se depo-
sent sur les collecteurs et les recouvrent, dans 1’espace de io a
20 jours, d’un mince enduit gras. Les jeunes huitres alors ne
s’y attachent plus, car les embryons ne se fixent que sur des
surfaces solides et propres, jamais sur la vase, mime lorsqu elle
est en couche trds mince.
Lorsque les collecteurs sont posds trop tot, on risque de voir
d’autres amateurs de surfaces solides et propres, profitant de
l’excellente aubaine qui leur est offerte, s’y fixer et s’y developpei
rapidement, sans laisser de place libre pour les jeunes huitres.
Parmi ces intrus il faut citer en premiere ligne les Ascidies,
les unes sont les Ascidies simples, presque exclusivement des
Ciona intestinalis que 1’on appelle dans le pays des Polypes-
Elies se reproduisent de la fin de juin au commencement de
juillet. Si Ton place les collecteurs trop tot on recolte en
abondance ces Ascidies qui les couvrent; j’ai pu constater que
quelques uns d’entre eux en dtaient abondaniment gainis-
D’autres, sont des Ascidies composdcs de diverses especes, niais
plus particulierement un Didemnum (?) brun, marbl’d, formant
des plaques minces et membraneuses qui doivent s’accroitie
avec une grande rapiditd. On y trouve aussi des Bryozoaires en
plaques et diverses Eponges.
On voit, par ce qui precede, combien l’epoque de la mise en
place des collecteurs necessite une grande experience et laisse,
malgre tout, place a un alea qui cause souvent des pertes aux
ostreiculteurs, malgre leur active surveillance. Il faut songel
que plusieurs d’entre eux posent plus d’un million de ces
collecteurs, qu’ils n’ont que 3 ou 4 jours de maree, et qu’il est
impossible de recommence!- les preparatifs necessaires pour la
maree suivante si Ton vient a s’apercevoir que Ton a commence
trop tot.
On a cru arriver a des resultats plus surs, en essayant de
faire reproduire les huitres dans les bassins, ce qui permettait
aussi de choisir les reproducteurs et de n’employer a cet usage
que des huitres meres exemptes de defaut. Tantot on construi-
sait des bassins en maconnerie, tantot, par une digue, on isolait
le fond d’une baie, tantot enfin, on utilisait des salines. Tout
cela ne'cessitait des amenagements fort couteux; certaines digues,
par exemple, ont plus de 200 metres de long; mais les resultats
furent insignifiants ou nuls et Ton y a presque completement
renonce; il reste cependant encore un ou deux etablissements
ou Ton persiste a faire des essais dans des bassins. II semble
acquis que les huitres ne se reproduisent, au moins normale-
ment, que dans les rivieres et c’est la que 1’on place les collec¬
teurs.
Voyons maintenant en quoi consistent les appareils collec¬
teurs.
L’embryon de l’huitre, une fois mur et mis en liberte, nage
pendant un temps que les uns evaluent a quelques heures, les
autres a quelques jours; puis il se pose sur un objet solide et
s’y fixe s’il lui convient. A ce moment il perd ses cils vibratiles,
secrete une coquille excessivement mince dont une des valves
adhere de suite au support qu’il a choisi. Ce terme de choisi est
exact, car on a vu l’embryon tater divers emplacements et ne se
fixer que sur une place solide, propre et lisse, non recouverte de
vase, et ddpourvue d’animaux parasites. Dans la nature, l’em-
bryon se fixe tres souvent aux coquilles des huitres qui l’entou-
rent, a conditions qu’elles ne soient pas vaseuses; Ton utilise
quelquefois, comme collecteurs, de vieilles coquilles d’huitres
que Ton jette sur le sol au point ou Ton veut etablir un banc ou
le reconstituer. Mais ce collecteur est mediocre ; il a plusieurs
defauts, dont l’un est de s’envaser facilement et un autre, d’etre
(89)
— 14 ~
anfractueux, de sorte qu’en grandissant, lcs huitres sont irrigu-
liires, difformes et perdentune partie de kur valour marchande.
On a cssaye de nombreux procidis avant d’arriver aux col-
lectcurs actuellement en usage; on a employe des fagots lestds
de pierres et immergis dans les rivieres an voisinage des bancs.
C’est la mithode des fascines utilisies ail leu rs, notammenten
Italic. Kile n’a pas domic de bons resultats; on s’est servi de
pierres, de planches, de briques, etc. Je ne veux pas insister sur
ces mithodes, aujourd’hui abandonnies, qui ont causi des
deboires considerables; je me bornerai it indiquer les mithodes
en usage actuellement dans la rigion d'Auray.
On se sert de deux sortes de collecteurs : i° les Plateaux,
2° les Tuiles.
i° Les collecteurs it plateaux sont constituis par des planches
assemblies en un plateau ayant environ deux mitres de long sur
un de large; elles sont lisses et goudronnies. On les superpose
it plat entre quatre forts piquets cnfonces dans le sol et relies
entre eux par des traverses. On s’arrange de facon it ce que le
plateau inferieur soit it une quinzaine de centimetres au-dessus
du sol et a ce qu’il y ait un espace vide de 3 it 4 centimetres entie
deux plateaux consicutifs. Chaque pile comprend 8 ou 10 de ces
plateaux; elles sont posies assez pres les unes des autres mats
on laisse entre elles un passage sulfisant pour que les ouvriers
puissent circuler.
Les embryons d’huitres amends par le courant, a mesure que
la marie monte, se fixent sur la face infirieure des plateaux en
commencant par ceux du bas, et Ton peut en voir qui sont
entierement reconverts de jeunes huitres.
20 Les collecteurs en tuiles sont d’un usage plus friquent que
les plateaux. Les tuiles dont on se sert sont en terre cuite, ce
sont les mimes que celles qui sont employies pour les toituies.
Ce sont des demi cylindres de 32 a 35 centimetres de long sui
12 a i5 de diametre, et 1 centimetre d’ipaisseur. Elles sont
percies de deux trous sur l’arete midiane, situis a 6 ou 7 centi"
metres de l’extrimiti. On dispose ces tuiles par piles d’une
vingtaine, de facon a ce que leur face concave soit en dessus; on
en pose d’abord deux, cote a cote, puis dessus deux autres en
travel's, puis dessus deux autres paralleles aux premieres; on
continue ainsi en les alternant 2 a 2 ; le tout forme une pile de
60 a 70 centimetres de haut. II n’y a plus qu’a passer deux bou-
cles de fil de fer galvanise par les trous qui, se trouvant super¬
poses, se correspondent, et a les fermer pour avoir un collecteur.
II est assez solide pour ne pas etre demoli par la mer.
II y a deux methodes pour disposer ces piles dans les pares.
La premiere consiste a etablir, dans la vase, des piquets sur
lesquels on pose une sorte de plancher a une dizaine de centi¬
metres au-dessus du sol. Sur ce plancher on pose les piles de
tuiles disposees comme il vient d’etre dit, de facon a en former
un tas de 25o a 3oo tuiles. Gela ressemble vaguement a une
ruche, d’oii le nom dc collecteurs en ruche que Ton donne a ces
appareils. On les charge de quelques grosses pierres pour
assurer leur stabilite. On en voit dans lesquels le fil de fer reliant
les piles de tuiles est supprime et celles-ci sont simplement
posees sur le plancher. Souvent un pare contient des centaines
de ces tas, et on en voit qui renferment quatre ou cinq cent mille
tuiles. On comprend qu’il faut un travail considerable pour
l’amenagement de tels pares, et qu’il est necessaire d’avoir un
nombreux personnel puisqu’on ne dispose que de quelques
heures pendant quelques jours au moment d’une grande maree.
On peut penser aussi qu’une pareille installation exige un mate¬
riel enorme, representant un capital important; il faut en outre
des bateaux et de grands chalands pour transporter le personnel
et le materiel, a mer haute, sur l’emplacement ou le pare doit
etre installs a mer basse.
Cette ruche difffere un peu de celle que Ton emploie a Arca-
chon oil les tuiles sont maintenues en place dans une sorte de
cage a claire-voies.
D’autres ostrdiculteurs, et e’est presque l’unanimite chez ceux
qui ont des pares dans la riviere de Crac’h, au lieu de disposer les
piles de 20 tuiles en tas de 3oo, comme il vient d’etre dit, prefe-
rent attacher chaque pile au sommet d’un piquet de im5o que
1 on enfonce dans la vase. Cela a l’aspect d’un gros champignon,
d oil le nom de collecteurs en champignon qu’on leur donne ; on
les appelle aussi collecteurs en bouquets. Tous ces champignons
(89)
— 1 6 —
sont places les uns pie’s des auti'es de facon a ce quo les tuiles
se touchent, et, s’appuyant les unes sur les autres, se consohs
dent. Ces collecteurs sont un peu plus simples, mais moins
solides que les ruches; ils donnent des rdsultats analogues. On
se sert surtout des ruches dans la riviere d Aura}'.
Les collecteurs en champignon prdsentent pourtant un avan-
tage assez serieux; on peut les poser en se servant d un chaland
ei enfoncei les piquetsdans la vase, meme lorsqu il resre encore
bo ou 60 centimetres d’eau. cequi prolonge sensiblement le delai
quotidien et la pdriode de marde oil l’on peut fa ire 1 opeiation
de la pose des collecteurs. 11s ont ccpendant 1 incon\ dnient de
tenir un peu plus de place; on met dans un meme espace moins
de tuiles en champignon qu’en ruche.
Ce n’est pas sans un grand nombre d’expdriences et d essais
dispendieux, suivis d’dchecs rdpdtds, que 1’on est arrive a let3
blissement des mdthodes qui paraissent aujourd’hui fort simples-
Maintes fois on en est approchd mais il manquait toujours
quelque ddtail et les huitres ne se fixaient pas, ou se tixaient
d’une facon defectueuse sur les collecteurs. Quelquefois des inci
dents insignifiants ont mis sur la voie de progres considerables.
Par exemple, ayant mis des huitres mures dans un bassin avec
un attirail compliqud destind it fixer le naissain, un ostieiculteur
remarqua que cclui-ci avait completcment ndgligd ses appat
pour se fixer sur le mortier qui servait a unir les pierres du niui
du bassin. De ce fait, on conclut que les huitres avaient chois
cet emplacement parce qu’clles avaient trouve dans le moitiet
le calcaire necessaire a la secretion de leurs coquilles. On P°u
vait espdrer les voir se fixer sur les tuiles en les recouvrant d un
enduit contenant du calcaire. C’est en effet ce qui eut lieu et
la est venue l’idde du chaulage des tuiles.
Avant de disposer les tuiles en piles, comme on vient de ^
voir, on les trempe dans un melange de chaux, de sable fin et
ciment, dans des proportions qui varient selon les habi
particulieres des ostrdiculteurs. Cc melange, en sechant, f011^
sur la tuile un enduit blanc, lisse, tres propre, sur lequel
embryons d’huitres se fixent en abondance. On a soin de com
biner les elements de Penduit de facon a ce qu’il soit resistant,
sans toutefois etre trop dur, afin de faciliter dans la suite l’ope-
ration du decollage des jeunes hultres, operation ditedu detro-
quage.
Cette operation fort importante etait extremement difficile
avant que Ton cut invente le chaulage. Les hultres adheraient
fortement aux tuiles qu’il fallait briser pour les enlever ; ce
cassage des tuiles detruisait beaucoup d’huitres et necessitait un
renouvellement couteux du materiel. Quelques ostreiculteurs
ont cependant conserve la methode du cassage des tuiles pour
prod u ire ce qu’on appelle des huitres a tesson. Ils pensent que
lorsqu’on detroque l’huitre, sa valve fixde qui est tres mince
etant mise a nu, l’animal est beaucoup plus expose aux attaques
de ses ennemis et qu’un grand nombre perissent de la sorte.
En laissant l’animal sur son tesson on evite cet inconvenient,
mais on est oblige de decouper les tuiles une a une en fragments,
au moyen de cisailles spdciales, pour laisser a chaque huitre le
tesson sous jacent. L’ope'ration est longue et couteuse, les tuiles
sont detruites et le tout revient a plus cher que la perte causee
dans le detroquage ordinaire.
Le chaulage permet de detroquer facilement les huitres au
moyen d’un couteau a bout rond que Ton fait glisser entre la
tuile et l’enduit; celui-ci se detache sans effort en lamelles
minces supportant les jeunes hultres et la tuile peut servir de
nouveau. Un petit nombre seulement d’huitres est blesse, et le
transport ultdrieur du naissain est facilite, les huitres etant
intactes et n’ayant pas quitte leur support primitif.
Lorsque le naissain vient de se fixer, les jeunes huitres for-
ment, sur l’enduit blanc de la tuile, un petit point jaunatre, bril-
lant, a peine visible a l’oeil nu. 11 arrive qu’elles sont en si grand
nombre, que tous les points brillants se touchent presque. J’en
ai vu chez M. Jardin oil, sur un espace grand comme le creux
de la main, il y avait 1 35 jeunes hultres.
Des le mois de fevrier ou mars de l’annde suivante, les jeunes
huitres ont de io a 12 millimetres de diametre; au mois d’aout
dies atteignent 5 ou 6 centimetres; elles ont alors un an. C’est
au printemps que se fait la vente la plus active de naissains qui
a 6 ou 8 mois. On les detroque et on les expedie par chargements
(89)
1 8 —
de navires, on Angletcrrc. on Irlandc, cn Belgique, a Marennes,
en Bretagne, etc. Kilos pouvent supporter un voyage de 8 a io
jours et meme 12 jours.
11 ny a pas avantage a les laisser trop longtemps sur les
collecteura; quand elleaaont trop nombreuscs olios se genent
mutuellement, deviennent difformeset une panic est ctoullee; si
cllos sont peu nombreuscs olios s’ltalent sui la tuilc et elles
deviennent trop plates; elles manquent d’dpaisseur, dc creux; ce
nest qu une fois ddtachdes qu'ellos acquifercnt ces qualitds et
consolident leur valve infdrieure.
C est lk que finit le role de l'ostr£iculteur producteur de
naissain, dans le quartier d’Auray. Mais ces toutes petiteshui-
tres ne reprdsentent pas la totalitd do la production et beaucoup
d entre elles restent encore un certain temps, souvent un ou
deux ans, dans la localitd apres le detroquage. 10 1 les sont depo-
sdes dans des pares oil elles grandissent et forment ce quon
appelle des huitres de demi-dlevage. Elles sont ensuite expe*
dides, pour etre engraissdes, dans divers endroits, notamrnent
a Marennes. On ne fait que peu d’engraissement complet dans
la rdgion d’Auray.
Les pares d dlevage sont tout simplement des surfaces de
tenain situdes dans le voisinage du chenal des rivieres, et ea
tout des tantot dune murette en pierre sdche, tantot d’un gril
lage bas, tantot de simples piquets.
Les pares d dlevage ne peu vent etre organises sur tous les
points des berges des rivieres. En effet, presque partout, la
beige est constitude par de la vase molle, noire, brune ou gnse
souvent tres profonde, dans laquelle on enfonce en marchant-
Les huitres ne peuvent pas vivre sur cette vase oil, d’ailleUlS’
1 eftet de leurs poids seul suflirait a les submerger. Les points
ou le sol est naturellement propice sont fort rares. II faut done
presque partout transformer le sol avant d’y deposer les huitres;
il faut enlever souvent une forte epaisseurde vase, puis durcirsa
suiface, la transformer en une veritable croute resistante, afin
de pouvoir y circuler selon les besoins de l’exploitation. On jette
pour cela sur le sol du gravier et du sable propre, qui, en se
melangeant a la vase, forment un vdritable bdtonnage solide. On
— i9 —
apporte ces materiaux dans des chalands que Ton vide sur
l’espace a consolider. Ce sont la des frais considerables.
Le pare etant dispose convenablement, il s’agit d’y placer les
jeunes huitres. Plusieurs me'thodes sont employees. Tantot les
jeunes huitres sont simplement de'posees sur le sol aussitot
apres le detroquage; e’est ainsi que 1’on precede pour les huitres
a tesson. Tantot on les enferme dans de grandes caisses plates,
a couvercle, en toile metallique, isolees du sol par des piquets.
Ces caisses « Ostreophiles » qui ont environ 2 metres de long
sur 1 metre de large, coutent en moyenne dix francs, et comme
certains ostreiculteurs en ont plusieurs milliers, et que, d’autre
part, elles ne durent guere que 6 ou 7 ans, on voit que e’est la
une mise de fonds considerable qui doit etre rapidement
amortie.
Les petites huitres de 10 a i5 millimetres, sont mises, apres
le detroquage, dans ces boites jusqu’a ce qu’elles aient acquis
une certaine dimension et une solidite suifisante pour resister
aux nombreux ennemis qui les devorent. Elles grandissent
d’ailleurs rapidement dans ces caisses, et le bord de leur
coquille se garnit dune mince lame calcaire qui montre une
« pousse » rapide.
Dans la region d’Auray presque tous les pares viennent a
sec dans les jours de marees; ils sont en pente douce vers les
chenaux, et Ton de'pose les huitres de facon a ce que les plus
jeunes soient vers le haut et les plus agdes vers le bas. Ces
huitres sont souvent remuees au rateau, changees de place, net-
toyees pour enlever la vase, les parasites, les coquilles de celles
qui sont mortes; ce sont des soins continus qui exigent un
nombreux personnel.
On trouve un petit nombre de pares organises de facon a ce
que l’eau de mer y reste a maree basse. Ce sont des « claires®
ou se fait l’engraissement. Tantot ce sont des portions de terrain
ou Ton a enlevd la vase pour y faire une degression peu pro-
*°nde; tantot ce sont des bassins dans des salines, tantot des
surfaces separees de la mer par des digues dans des fonds de
aie. Mais ces bassins d’engraissement constituent des excep¬
tions.
(89)
— 20 —
Si les ostrtficulteurs ont it fairc dc grandes depenses pour la
production du naissain ct (’installation dcs pares ou des claires,
ils ont encore k compter avec une foulc d’ennemis des huitres
quifont de tr< digits dans leurs pares et diminuenf
sensiblement leurs bdntfficcs. II y n toutc une sdrie dc cesenne-
mis qui, pai des proeddds vari< s, ddtt uisent beaucoup d huitres
jeunes ct adultcs.
Le bigorneau pcieeui . Xfurex erinaceus I ... est peu abondant,
sauf dans le voisinage de Locmariaker. e’est-a-dire versle basde
la rivifcre d’Auray; il ne remontc gu&rc dans la riviere, il est
rare dans les autres.
LesGtoiles dc mer, Asterias rubais L., sont ties abondantes
dans le cours inferieur dcs rivieres; cllcs sont tres communes
dans le bas de la rivifcre de la Trinitd, d’Ktel, au banc de lOurs
dans la riviere d’Auray. Giles devorent de nombreuses huitr^
de toutes dimensions. On a beau en enlever beaucoup e
remontent des chenaux dans les pares et leur enlevement est
recommencer continuellcment.
Le plus redoutable de tous est lc Crabe vulgaire. C&®
mcenas L.. que 1’on nomme Carter* dans la rdgion. 11 cstexces
vement abondant et ddtruit les jeunes huitres en crevant ^
coquilles avec ses pinces avant de les ddvorer. On trouveia ^
peu plus loin, a propos de la rivifere d’Etel) des renscignem
particuliers sur leurs ddgats. On les capture au moycn de*13
en fil de fer, dites « piegc a cancre », et on en dc:truit des q ^
tites considerables; e’est par pleines barriques qu’on les pr
a certaines dnoques.
1 T . Vfll ti
Il faut encore citer plusieurs raies, Raja pasttnaca, ^
aquila, 7 rygon vulgaris qu’on appelle indilTeretnment
qui ddvorent les huitres ; on s’en preserve en entourant les f ^
d un grillage ou d’un filet tendu verticalement sur des P1^11 e
La Daurade, que Ton appelle dans le pays « gueule pavee ” P ^
aussi pour faire des degats dans les pares ainsi qu’un squa ’
Carcharias glaucus ou bleu.
Les Arenicoles, Arenicola piscatorum Lam., dits I e,s n0
en bouleversant le sol des pares arrivent a recouvrir les hu
de vase.
21
Les Anomyes, Anomya ephippium , dites huitres nacrees, se
fixent sur les collecteurs ou elles grandissent vite et prennent la
place des huitres.
Une algue est venue s’installer depuis peu au bord de la
riviere d’Auray ou elle cause des pertes importantes dans les
pares. Elle se fixe sur les huitres, grandit, prend la forme d’une
boule remplie d’air, grosse comme un oeuf, et a un moment
donnd elle est assez grosse pour hotter en entrainant 1 huitre ;
on en a ainsi trouvd de grandes quantites porte'es a la cote par
lescourants ou entrainees au large. Cette algue a ete recemment
etudiee parM. Fabre-Domergue.
II faut encore citer une Eponge, la Clione celata , qui cause
quelques degats sur des points tres restreints des rivieies
d’Auray et de Crac’h, notamment sur le banc de Locqueltas.
Elle ne parait pas d’ailleurs en voie d’extension.
Le rapide apercu que Ton vient de lire des methodes ostrdi-
coles dans la rdgion d’Auray est evidemment incomplet tant au
point de vue historique que dans les details dont plusieurs ont
ete omis a dessein. Je renvoie le lecteur qui voudra completer
ces renseignements aux nombreux volumes, memoires, rapports,
etc., qui ont dte public's depuis un demi siecle sur ce sujet, et
notamment aux travaux de Coste, Brocchi, Bashford-Dean,
Hauser, etc., et au bulletin de la Socidte Ostreicole d’Auray que
preside M. D. Jardin.
Jevais maintenant passer a l’examen de la rdgion d’Auray
et a l’explication de la carte qui accompagne ce memoire.
Io. _ BANCS NATURELS
Les principaux bancs d’huitres naturels se trouvent dans les
rivieres d’Auray, de Crac’h et de Saint-Philibert. Mais en
dehors de ces bancs officiellement classes il en existe d’autres
dont il sera question plus loin.
Si Ton examine dans leur ensemble les divers bancs de
chacune des rivieres d’Auray et de Crac’h, on constate qu’en
(89)
rdalitd il n’y a qu’un seul banc par riviere et que lcs diverses
denominations dont on se sert pour designer olliciellement leurs
sections ne sont que des fictions administrative* commodes
mais qui ne rdpondent a rien dans la nature.
11 est bien certain qu’autrefois dans chaque riviere le banc
dtait continu et que plus ancienncmcnt encore il cxistait non
seulement dans l’entrde dc la riviere mais se raitachait a un
grand banc naturel de haute mer. On trouve encore des vestiges
de ce banc dans la baie dc Quibcron oil les pecheurs au chalut
prennent un peu partout quelques huitres dparses. Mais aujour-
d’hui les bancs ne se continuent plus en haute mer; l’embou-
chure des rivieres ne contient plus de bancs et les abus de toutes
sortes joints a diverses causes naturclles en ont fait disparaitre
des sections entieres et appauvri lc reste au point que leur
existence est sous la dependance de l’observation des r&glements
actuels. Cette observation est fort importante, car, non loin de
la, on a pu voir disparaitre totalemcnt les bancs des rivieres de
Vannes et de Penerf. Pour avoir voulu donner satisfaction aux
inscrits on les a laissd draguer it outrance sous pretexte de
nettoyer les bancs; ils les ont si bien nettoyes qu’ils les ont
entierement detruits et ruind l’industrie du pays; ils en ont ete
les premieres victimes. 11 est a souhaiter que 1’administration
continue a appliquer strictement les reglements dans les rivieres
de la region d’Auray et resiste aux influences qui voudraient, la
aussi, lui faire tuer la poule aux oeufs d’or.
Quoi qu il en soit, les bancs occupent actuellement le chenal
des parties moyennes des rivieres seulement; ils s’arretent loin
de 1 embouchure et ils sont loin de remonter jusqu’au point oil
la maree cesse de se faire sentir.
Les huitres, dans les conditions les plus favorables, reposent
sui un sol dur, formd de sable, de petits cailloux, de vieilleS
coquilles, qui, tassds et melangds a la vase sous jacente, fotnre
un terrain solide que Ton irnite dans les pares. Les huitres sont
tantot isolees, tantot attachees les unes aux autres pour constt-
tuer des paquets ou bouquets plus ou moins gros.
Les bancs sont loin d’etre tous e'galement riches, ou, poUl
etie plus exact, « le banc » prdsente des parties tres inegalement
— 23 —
prosperes. La commission qui chaque annde precede a la visite
des bancs, constate que certains d’entre eux sont riches, les
autres mediocres, d’autres enfin, et c est la majoiite, sont mau-
vais. Quand on constate qu’en certains points les vieilles huitres
ont servi de support d’attache adu naissain 1 on peut espererque
deux ou trois ans plus tard il y aura la un point liche, cat alors
le banc est en voie de reconstitution. Ailleurs au conti aire, on
ne trouve que quelques huitres, pas de naissain, et une abon-
dance de vieilles coquilles vides plus ou moins enfouies dans de
la vase noire; c’est un banc en voie de disparition. Les causes
de ces extinctions sont diverses et diversement appreciees . abus
du dragage, envasement, envahissement par des ennemis diveis,
cliones, asteries, deplacement des courants, pillage par la drague
ou par le chalut a crevettes. II faut reconnaitre cependant, que
depuis que le dragage des bancs a ete reglemente et limite a
une heure par jour pendant huit jours, leur situation s est -
tres am^lioree, surtout dans la riviere de Crac’h. En outre, les
bancs sont divises en 3 zones et on ne les drague qu’a tour de
role tous les trois ans.
La surveillance tres active de l’inspecteur des peches et des
gardes peche qui sont sous ses ordres, a beaucoup diminue le
pillage et la fraude. La vedette a vapeur de l’lnspection est bien
connue des pillards qui viennent surtout de la riviere de \ annes,
et que Ton appelle dans le pays « les Synagots ». Quelques salu-
taires exemples font reflechir les autres. Malheureusement les
penalites infligees a ces voleurs sont derisoires; les quelques
francs d’amende auxquels ils sont condamnes ne les empechent
pas de recommencer et de s’en vanter. La saisie de leurs cargai-
son d’huitres leur est plus penible. Que nous sommes loin des
reglements severes des Etats-Unis ou d’Angleterreou les bateaux
sont saisis et meme detruits, et les pillards, condamnes a
d’enormes amendes. Aussi la fraude n’existe-t-elle pour ainsi
dire pas chez eux.
Pour donner une idee de l’importance des dragages d’huitres
dans la riviere d’Auray, il suffit de jeter les yeux sur le tableau
qui suit. On constate de suite combien les huitres drague'es ont
(89)
RIVIERE D’AURAY
j Annies
U _
v. ~
•* 5 «
Sit
£ -5
1 =
® J
2 £
B «
,• *o
*r.
Quotildi lalalai
d'llallral perbeei
m
*»• ~
• s
■ ■
■
Cm
Total
hi: la
Vknte
Nombre de jouri
de Drague
1876
fr. c.
fr.
J94
1782
i9.974.OtKl
2 1 .65
432.341
,877
623
2496
l3.343.OOo
19.75
263 .652
1878
694
2300
27. 145.000
i5.75
427.841
1879
782
263o
1 1 . 173.OOO
16.70
1 86 . 670
1880
809
2870
8 . 583 . 000
20 . 40
175.263
1881
832
2961
1 1 .061 .000
. 13.70
1 8 . 1 5
1 5 7.644
1882
5*7
021
7 . 707 . 000
1 35 .000
1 883
722
2558
6. 58 1 .700
24.55
161 .63o
^84
727
2805
4.617.500
26.52
122.456
1 885
i5o
1648
4.241.700
24.74
72.064
4
1886
265
822
6. 132.400
10.32
5q. 181
4
1887
84
23i
3.993.000
12
47.900
9
1888
140
47 1
2.921 ,65o
16.45
47.926
9
1889
189
681
3.148.200
15.44
46.999
6
1890
108
366
3.379.600
8.04
27.172
9
1891
97
348
1.181 .280
24.45
28.210
9
1892
5i
172
3 ,2i5 .000
9.75
12.49
29 • 25o
8
1893
98
373
3 . 2o3 . 400
41.552
8
1894
82
280
2.109.400
10.64
23.216
8
1895
73
241
1 .678.250
10.88
16.637
8
1896
53
i75
1 . 58i .400
9-35
i5.2IO
8
1897
65
205
1 .854.000
7. go
14.543
8
1898
53
1 77
1.615.700
1 1 . 10
17.182
12.422
8
1899
54
i65
2 . 5 1 3 . 700
4.28
8
1900
79
265
2.91 I .200
4.20
12.523
8
igOl
65
205
2.084.300
3.70
6.3o8
8
1902
22
71
2.200.000
3.5o
J.OOO
8
1903
rg
59
1.450.000
4
5.6oo
8
1904
H
45
1.294.000
5.75
6.900
8
1905
20
62
2.099.000
5
10.000
8
1906
28
87
2 . 706 . 000
4
8.000
8
expriment des tot..,, , u Chlffres indiclu®nt J« nomhre des pScheurs et des bate,
les hTffrel de ! d ’ * "°mbre des >ours de P*che n'a pu etre reirouvd. A partir de
II t e ' e 7 colonnes indiquent le nombre quotidien des bateaux et des pecheu
nombre de ours He n, , Cp-”pw?bl“ ■“ chifte, de la premiere piriode, les multiplier par
les femmes et les\mn ^ sta,l5tklues on fait des colonnes spdciales pour les p^heu
temmes et les mousses. - Dans ce tableau ils on, «« coroptes ensemble.
— 25 —
diminue de nombre et de prix depuis 3o ans. On peut dire que
si autrefois la vente des huitres de drague constituait un veri¬
table revenu pour les inscrits maritimes, actuellement, le pro-
duit en est presque insignifiant.
On peut voir dans ce tableau, dont j’ai releve les ele'ments
dans le Bulletin de la Societd Ostreicole d’Auray, et dans celui
que Ton trouvera un peu plus loin pour la riviere de Crac’h, que
le nombre des huitres draguees a atteint son maximum en 1878,
avec plus de 27 millions d’huitres, et son maximum de prix en
1884, a 26fr52c le mille. Actuellement on ne drague que de deux
a trois millions d’huitres et on ne les vend pas 4 francs le mille.
A peine 3o bateaux prennent part a la drague et deux cents
personnes se partagent les 8 ou 9 mille francs de la vente qui,
en 1876, atteignait 432.000 francs. D’ailleurs il est a remarquer
que les consommateurs ne veulent plus acheter d’huitres de
drague dont la qualite est tres inferieure it celle des huitres de
pares. La drague n’est plusguere qu’une simple partie de plaisir
ou une bonne partie de la peche est consomntee de suite et
arrosee de force litres d’alcool. Si on supprimait la drague ou
si on la limitait aux seuls bancs que la commission ddsignerait
comme bons a nettoyer, il n’y aurait guere que les cabaretiers
et les pseudo-inscrits qui pourraient s’en plaindre.
A. — Bancs naturels de la riviere d’Auray.
Les noms qui suivent sont les denominations officielles des
bancs et leurs limites reglementaires. Leur nomenclature suit
le cours de la riviere en partant d’Auray pour descendre vers la
mer.
Sur la carte, les numeros des bancs sont inscrits en rouge,
dans un cercle rouge, sur le banc merne ou tout pres de lui. I Is
correspondent a ceux qui precedent leurs noms dans le texte.
1. Banc du Plessis. — Du Rolland a la cale de carenage de
la pointe de Rosnarho.
2. Banc de Rosjiarho. — De la pointe de Rosnarho a la
pointe de Vide-Bouteilles.
(89)
— 26 —
hn face de la portion infdrieure dc ce banc, sur la rive gau¬
che, vicnt se jeter la riviere de Bono dont il sera question plus
loin.
3. Banc du Mane-l erc'h 'ou du Rocher . — De la pointede
Vide-Bouteilles Jt la Villa Leclair.
4- Banc de Locqueltas (ou du Rohello). — De la Villa Leclair
au Port Espagnol.
3 . Banc de l Ours. — Du Fort Kspagnol a la pointe de Ker-
levarec.
6. Banc reserve dc Bascatique OU reserve dc Basse Catique).
0 est une vaste etendue contiguii au Banc dc l’Ours, sur la
rive gauche de la riviere, ou Fon ne drague jamais. Lc sommet
de cc banc est couvert d’un herbier et les huitres y sont peu
abondantes; mais le pourtour du banc, le long du chenal, est
riche ct en bon etat. Des tuiles ddposdes sur la partie mddiane
de la resene se sont couvertes d’huitres et ellesont etd utilisees,
en ma piesence, pour un essai de reconstitution d’un banc, dans
le voisinage de la balise de la Truie. S’il etait possible de faire
disparaitre les zosteres, il est certain que 1’on aurait la une
reserve fort belle. Malheureusement l’enlfcvement des zosteres
entramerait des ddpenses considerables.
7- Banc de Coet-Courzo et de la Cote du Bier. — De la
pointe de Kerlevarec a la pointe du Bier.
Ce banc est extremement compliqud car il comprend en
^ ^es vest'ges d anciens bancs presque completenient
parus et un banc, celui de Coet-Courzo en pleine prospdrite*
1 on se leporte a la carte on remarquera sur la rive gauche
u cienal la longue presqu’ile du Bier ; clle est bordee par le
e a cote du Bier dont une partie seulement, celle qu*
onge la cote, est garnie d’huitres; toute la partie centrale
j r ,ant 6 C'lcna' a disparu depuis longtemps. De l’autre cote
dn Ri 3 ’ 0,c^ant |a berge, se trouve un banc parallele a celui
eK est celui de Coet-Courzo. Mais il faut y distinguer
et ! l0ngeant le §rand chenal qui est a peu pres detruite,
aui est ^°rtlon au nord-ouest, dans un petit chenal sinueux,
Coet-P nC e, et °lu' constitue a elle seule le banc actuel de
piHa„e i Z,°" - CSt Un cana* etr°it oil, malgrd la drague et le
pillage, les huitres sont toujours tres abondantes.
— 27 —
Tout au sud de ces bancs se trouve l’ancien banc du Lezard,
entre la pointe du Lezard et les ilots du Grand et du Petit
Harnic. Ce banc qui a ete tres riche, a completement disparu
actuellement. II ne serait peut etre pas impossible de le recons-
tituer.
Au dela il n’y a plus d’huitres dans la riviere jusqu’a
l’embouchure.
8. Banc du Moulin de Baden. — De la pointe du Bier a
Port Gludic. Ce banc extremement etroit occupe le chenal de
l’Anse de Baden. C’est un ruban sinueux qui serpente le long
de la rive orientale de la baie fermee de Baden; sa partie sud est
la plus riche; il remonte en s’apauvrissant jusqu’au Moulin de
Baden qui ferme le fond de la baie.
B. — Bancs naturels de la riviere de Bono.
La riviere de Bono est un petit affluent de la riviere d’Auray
ou elle debouche un peu au-dessous d’Auray. Elle est tres
decoupee, etroite dans sa partie inferieure, etalee en vasieres et
en anses sinueuses dans sa partie moyenne et haute. Le chenal
est etroit et contient un banc d’huitres divise en deux sections.
9. Banc de Sainte-Avoye . — De la pointe de Bransquel
au pont du Bono. Ce banc est assez long, il cesse au point ou
la riviere s’dtale largement.
10. Banc Marie. — Du pont du Bono a la riviere d’Auray
au niveau de la pointe du Rocher. Une vasiere, dite de la Sar-
celle, ovale et peu etendue, se trouve dans le chenal au confluent
des deux rivieres.
Les deux bancs de la riviere de Bono sont assez riches; mais
■ Is ont un inconvenient. La riviere apporte une quantite appre¬
ciable d’eau douce, de doucin, pour employer 1’expression locale,
et il arrive quelquefois que les huitres du bord du chenal sont
tuees par la gelee, a maree basse. Cet accident est d’ailleurs fort
lare, etant donnee la douceur du climat.
(89)
— 28 —
C. Bancs naturels de la rlvl6re de Saint-Philibert.
■ • I ct'te •i'ii-ic de Saint-Philibert, qui cst bicn pi u tot une
aseuse de la cote qu une riviere, ne conticnt plus actuel-
1 f’ ^ue 'cs 'cstiges d un ancien banc presque completement
„ Spa.^ pai * 'n'asiondes zostires. On sait que lcs bancs d’hui-
ep rissent et disparaissent sur lcs surfaces oil s’installent
T qU I‘ CSt Pres<iU€ impossible de faire disparate.
Le f°nd du chena* seul contient quelques huitrcs.
D.
Bancs naturels de la riviere de Crac’h.
est gent?rale des bancs dans la riviere de Crac’h
Ils formen/u ana °®ue a celle des bancs de la riviere d’Auray.
movenne r ° ^ continue dans le chenal de la riviere
sur-mer ’ °mmencent un Peu au-dessous du port de la Trinite-
dans la rivi^ fcan.C de Saint-Jean, assezhaut
contieni-rlpc k ' _,„S °nc *a Partie moyenne seulement qui
propremem —i n’existan, pas done Pesmaire
Nous suivrons nrmr
la riviere pn ^ ^ numeration de ces bancs, le cours de
vers le portde k^rinir ^ ^ PlUS cdeV^S’ et en descendan
du Lac. Ce banr ^La"' Be *a P°inte Saint-Jean au passage
ilot de vase; il es/en^ £ntOUre’ dans sa Partie superieure, un
une mouliere sur k ^ °n dt3t‘ Sur sa rive gauche on trouve
sm un banc de sable jaune.
Banc du Lac ts,
banc est riche et en bon ' U paSSa^e du Lac a Pierre jaune. Ce
*4- Banc de Pierro „
Tr°c’h. Ce banc est rf h ~~ °e .Pierre ,aune k la Balise dU
constituer une reserve ° ^ partie en a e'te' detachee pour
Rcscvpp rlit Z) 7
s’etend sur la rive drohIV * fierre Jaune- ~ Cette surface
u chenal oil elle forme une longue
RIVIERE DE CRAC’H
Annees
Nombre moyen
de Bailments
quolidien
Nombre moyen
de Pecheurs
Ooantiles lo ( a 1 e
d’Huilres pechees
Prix moyen
du mille
1876
i33
429
2.042.000
fr.
l7
1877
n5
273
2.258.000
22.20
1878
154
5 08
2 . 20 6 . 000
22. 5o
CO
VO
i35
5i9
i .o58.ooo
22
1880
88
277
257.000
34
1881
83
279
601 .000
24
1882
92
218
665 . 000
25
1 883
io5
343
796 . 800
24.60
1884
q5
3o5
904 . 5oo
28.51
1 885
86
288
378.300
18.45
1886
40
I 12
3 1 5 . 000
9.66
GO
OO
40
125
480 . 000
16
1888
24
74
36.85o
20
CO
OO
VO
39
124
521 .000
3o
1890
24
79
1 34 . 800
II
1891
47
1 55
375.000
II
1892
45
148
417.000
12
■893
57
182
72.600
18.75
i894
5i
173
1 3 1 .35o
18
1895
3o
hi
69 . qoo
16.66
1896
29
io3
29.659
22.49
1 897
33
III
i39.95o
14.28
1898
28
81
90 . 400
l7
1899
2 6
76
1 1 5 . 5oo
8.57
1900
32
95
186. 5oo
8.57
1901
28
84
I 19. 400
10
1902
18
71
170.000
6.5o
1903
22
80
I 2 I . 000
6. 5o
1904
20
66
IOI .000
10
1905
21
75
I27.OOO
8
1906
24
90
145.000
5
Total
DE LA
V E N T E
fr.
34.722
50.232
49.594
23 . 33o
8.737
14.670
16.000
19.720
26.058
7.134
3.248
7-5oo
725
i5.63o
1 .584
4.000
4.65o
1.363
2.384
1 . 172
5qo
2.5o5
1.463
990
1.099
1 .089
1 .060
760
1 .000
960
700
4
3
2
2
4
4
2
2
2
3
2
2
4
2
2
2
2
2
2
2
2
2
Nota. — Voir la note explicative du tableau de la riviere d’Auray, page 24.
(89)
Nombre de jours
— 3o —
bande couverte de tr£s noriibreuses et tr£s belles huitres. Elle
n’est jamais dragudc.
A pa i tii de ce point le chenal de la riviere s’dlargit bcaucoup
et Ton distingue, dans la section suivante, deux bancs parallels,
1 un sur la rive gauche, l'autre sur la rive droite.
16. Banc de la Gohenne (rive droite). — l)e la balise de la
loche le T roc h au pont de Kerisper.
/p. Banc de Culian (rive gauche . — De la roche le Troc’h
au pont de Kerisper, sous l’lle de Cuhan. Ce banc est tres riche;
il decouvre presque entierement dans les grandes m aides.
i<S. Banc de Gonvaterc’h. — Du pont de Kerisper a la bouee
touge en rade de la I rinitd, rive gauche. Ce banc qui est le der¬
nier, est trespauvre, surtout dans sa partie la plus voisine dela
mer. II n’existe meme pour ainsi dire plus avant d’arriver a sa
limite officielle.
La drague des bancs de la riviere de Crac’h, a lieu, comme
dans la livieie d Auray, chaque annde, pour un tiers de chaque
anc, sous la surveillance de l’Inspection des peches. Les
resultats de cette operation suivent une marche decroissante
analogue. Le total des huitres pechees est passe d’un maximum
e -...5(S.ooo en 1877, a u5.ooo en 1899; le prix total de la
vente, qui depassait 5o.ooo francs, est passd aux environs de
iooo en 1901. Ce sont la des rdsultats tout a fait insignifiants.
remaiques que j ai faites plus haut, a propos de la drague
ans a riviere d Auray s appliquent, a mon avis, de tous points
a nviere de Ciac h. La veritable industrie de cette riviere est
a lecolte du natssain et 1’elevage des jeunes huitres; le naissain
uim par les bancs naturels qu’il est necessaire de
proteger.
Le tableau ct-dessus donne une idee des variations decrois-
santes u produtt de la drague des huitres dans la riviere de
,• Les chlffl'es relatifs au nombre de bateaux et de pecheurs
sont es moyennes quotidiennes pendant les jours de drague.
. ®imP_e c°up d oeil sur ce tableau montre la decroissance
' und?trie de la dra§ue’ tant Pour le produit que pour le
nombre des personnes et des embarcations qui y prennent part.
3 1 -
E. — Banc naturel de la baie de Quiberon.
1 9 • — Dans la baie de Quiberon, au large du Fort Pen-
thievre, dans le voisinage de la roche Menn-er-Roue, se trouveun
banc naturel oil Ton peche de fort belles huitres. De nombreux
pecheurs y draguent continuellement et des personnes dignes de
foi m’ont affirme qu’on en avait pris plus de ioo.ooo cette
anne'e. Ce banc, malheureusement, n’est ni classe ni par conse¬
quent surveille, et comme cette surveillance necessiterait un
personnel nombreux et un bateau a vapeur il est a craindre
que les choses restent en l’etat actuel. Cependant ce banc, qui
doit etre fort etendu, constituerait une reserve de premier ordre
pour I avenir etant donne l’appauvrissement progressif des bancs
en rivieres. Le chalut, la drague, le chalut a chevrettes, le de-
tiuisent peu a peu. Ce dernier engin, d’ailleurs, est particulie-
tement redoutable non seulement la mais sur tous les autres
bancs; sa surveillance est impossible car le pecheur peut tou-
jouis dire qu’il peche la chevrette, alors qu’en realite il n’est
qu un pretexte a draguer les huitres.
20 • A l’entrde de la baie de Plouharnel des vestiges de
banc ancien existent au nord du precedent. Recemment une
miportante cargaison d’huitres saisies a bord d’un bateau
fraudeur a ete jetde en ce point; il est possible que le banc se
teconstitue. Mais s’il n’est pas plus surveille' que celui de
Menn-en-Roue il ne durera pas longtemps.
F — Banc naturel de la riviere d’Etel.
21 • Ce banc n’a, pas plus que le pre'cedent, d’existence
officielle. Il s’etend dans le haut de la partie moyenne de la
|i'ieie d Ete] entre la presqu’ile de la Foret et la presqu’ile du
Cci dans la branche de la riviere appele'e Ster-er-Hislrec
iviere des Huitres). Ce banc serait fort riche car, bien que
etant pas surveille, les dragueurs y prennent une quantity
(89)
dhuitics. Mais sa vitality est telle que, quelques anndesapris
avoii cte cpuise, il est reconstitud. II scrait important qu’il fut
classc et surveille. car d'abord les pOcheurs qui actuellement
sous prdtexte de draguer dans le banc jettent volontiers leur
engin dans les pares, n’auraient plus de pr< i cte pour y venir,
et ensuite on aurait la line reserve pour reconstituer 1’industHe
de 1 elevage si les bancs des rivifcres voisines venaient a dispa-
raitre.
J ai indique ce banc, sUr la carte, coinmc les bancs olliciel-
lement classds. M. Bedcx, ostrdiculteur a Ktel, pense que ce
banc est Ie dernier reste d’un banc trds ancien et tres considera¬
ble, dont on trouve ca et la des traces, qui occupait toute la
riviere. Je pense aussi que ce banc peut s’accroitre par l’apport
d huitres enleve'es aux pares par les courants et qui viennent
s accumuler en ce point.
ii°. — etablissements ostr£icoles
II est impossible et, d’ailleurs, tout a fait inutile, de donner
ici une liste complete des concessions de terrains pour l’ostrei-
culture qui bordent le littoral de la mer et des rivieres; leur
n ombre atteint en effet prhs de 900, sans compter les proprietes
piiiees. II sulliia d indiquer leurs groupements avec les parti-
cularite's les plus inte'ressantes.
Ces etablissements sont de diverses sortes dont il a e't^
donne une idee plus haut. On trouve tout d’abord des pares dis¬
poses pour la recolte du naissain, situ^s le plus pres possible du
bord duchenal; ils sont tr^s dtroits dans les endroits oil la
leie est lessen ee et posds sur les rochers niveles; ailleurs ib
sont beaucoup plus larges quand la riviere setale sur des
asieies ou des herbiers. Ces pares portent les divers modeles
e collecteurs dont il a ete question prdeddemment. On y ren¬
contre des claires, bassins de diverses sortes oil l’eau reste a
mer basse, des surfaces niveldes pour l’etalage des huitres, qui
sont posees a m^me sur le sol ou dans des caisses ostreophiles-
ntm ?a et la sur le rivage on trouve des bassins separes de la
_
— 33 -
riviere par une digue a vannes. Ce sont des etablissements par-
ticuliers ou Ies ostreiculteurs engraissent ou entreposent des
huitres. Certains d’entre eux sont amenages dans les etangs
ou des salines tra'nsformdes.
On aura une idee dc l’importance des concessions ostrei coles
de la riviere d’Auray par les chiffres suivants. II yavaita la fin
de iqo3 dans la seule riviere d’Auray 797 concessions recouvrant
081 hectares 52 ares ; il faut y ajouter ses dependances naturelles
de la riviere de Bono qui compte 29 concessions de 11 hectares
3o ares, et, a l’entree de la riviere de Vannes, les baies de
Locmiquel et de Kerdellan qui comptent 07 concessions de
9 hectares i5 ares. Au total 863 concessions recouvrant 601 hec¬
tares 97 ares. 11 faut encore y ajouter quelques proprietes
payees recouvrant plusieurs hectares.
Hepuis un an la commission chargde de la revision du cadas¬
tre ostreicole a profondement modifie la classification des
concessions. Elle a groupe sous un meme numero diverses
concessions adjacentes; fondu diverses autres quand elles
ctaient juxtapose'es et appartenant au meme proprie'taire, slip¬
py111 c celles qui n’etaient pas utilisees, reduit les empietements
cei’tains adjudicataires. II en resulte que, bien que depuis
■9o3. le nombre d’hectares utilises ait augment^, le total des
concessions a diminue. Actuellement l’Inscription maritime
hAuray evalue a •jbo hectares la surface des concessions utili-
St-Ies, et leur nombre a 480 pour la riviere d’Auray, ii7 Poul
Cc'he d Ltel, 104 pour celle de Crac’h et 53 pour celle de Saint-
Philibert.
Quant a la production des huitres et du naissain il est ties
illlcile de fevaluer exactement, les parqueurs n’etant point
°hhges a donner le chiffre de leur production. Les chiffres
su'yants sont done approximates ; ils proviennent de diverses
s°uices et ils nr’ont paru assez concordants pour etre consideres
°mme approchant de la verite.
Pu 1881 la statistique indique 33 millions et demi d huities
'^fchandes et 1 55 millions de naissains ; niais ces chiffres sont
‘'oerieurs 4 ceux des affaires actUelles. On peut penser que la
'ente du naissain doit atteindre au rnoins 180 millions et arnver
(89)
-34-
peut-ltrc k 200 millions. 60 millions de naissains sont vendus
a Marcnncs. environ 40 millions a Etel, le reste est employdpar
les parqueurs sur place, ou exportl. Les centres ostrlicoles ou
sont expediees ces jeunes hultres sont, k Pltranger, en Irlande,
en Belgique, en Hollande, en Angleterre. La plus grande partie
des hultres engraissdes ou verdies a Marennes sont desArmo-
ricaines de la legion d’Auray.
li t. mi malheureusemene constater que depuis quelques
annles l’industrie de l’llevage pour I’exportation subit une
crise trts grave. Les ventes de naissains k IVt ranger ont beau-
coup dimimic et les prix qui, il y a 7 OU s ans ctaient de 5 fr.
le mi I If sont descendus au dessous de 1 fr., mime 0,73. II faut
rcconnaitrc & cette crise deux causes dont la plus grave est la
sm pi eduction. On fait tropde naissain ; tout le monde a voulu
en tail c en voyant les blnlfices obtenus par les premiers pro-
ducteurs. Avec une vente a prix aussi bas et en raison des mul¬
tiples alias, de la main d’ceuvre ties couteuse, du dlchet con¬
siderable. cette Industrie n’est pour ainsi dire pas renumera-
trice. Une autre cause de depreciation a etc la campagne de
presse faite a propos de la tievre typhoide soit disant cause'e par
les hultres. Les concurrents Itrangers ont exploits cette aubaine
et les ventes se sont considdrablement ralenties. Le ideent
rapport de M. lc professeur Giard charge de faire une enquete,
a montre le peu de sdrieux des fait racontes par les journaux.
11 y a actuellement une llglre tendance a une amelioration.
La description et remuneration des pares et etablissenients
ostre'icoles divers suit le cours des rivieres en descendant vers
la mer. Les groupes de concessions correspondent aux banc
naturels dont il a dtd question plus haut; ils ont chacun un nu
mero qui est reporte sur la carte en rouge dans un cercle rouge-
A. — Riviere d’Auray.
22. Partie haute de la riviere. — Elle correspond au banc
du Plessis (i). Autrefois les pares s’avancaient presque jusc|U
- 35 —
Auray bien au-dessus de la limite du banc du Plessis, sur la
nve gauche. Actuellement les premiers pares apparaissent a
drone au niveau du milieu du banc du Plessis, sous le chateau
de Plessisker. La riviere est etroite et les pares forment une
ligne de quelques metres seulement d’epaisseur le long du
chenal.
23 ' Banc de R°snarho. — La riviere s’elargit dans la partie
correspondant au banc de Rosnarho (a). Sur la rive gauche
vient se jeter la riviere de Bono; on trouve la une petite vasiere,
ue de la Sarcelle, entouree de pares. Sur la rive droite les pares
sont plus nombreux.
24- Banc du Rochet - ou du Mane Verch. — La riviere est
de nouveau etroite au banc du Rocher (3) et les pares forment
une ligne ininterrompue dtroite.
25. Ban c de Locqueltas. La riviere est beaucoup plus
urge et bordde de baies profondes couvertes de vase, surtout
sur la rive gauche du banc de Locqueltas (4). Les pares sont
etroits sur la nve droite, mais sur la rive gauche ils sont disposes
sur plusieurs rangees, surtout dans 1’anse de Kerdreau ; on en
trouve aussi le long du petit chenal qui parcourt cette anse.
ans 3 Petite anse de Port-Parun ils sont sur deux rangs.
2 . Banc de I’Ours. — Ce banc (5) est large et occupe tout
e chenal ; il est bordd sur ses deux rives, d’un grand nombre de
pares sur plusieurs rangs, notamment sur la rive droite en
dessous du rocher de I’Ours du Fort Espagnol et du chatea! de
cijcan. Au milieu de la baie se trouve un chenal allant jusqu’a
igue du moulm de Moustoir; des pares bordent les deux
rives de ce chenal.
7,AU f°nd de la baie de Moustoir se trouve un impor-
ec^uses r’SSTnt-PriVd’ ***** ^ Ia ™er Par une a
uses. C est ancienne saline du Roc’h Du (Pierre noire) qui
ete amenage en bassin ostreicole. On y fait de l’dlevage et de
graissemem, et piusleurs miHions d’huitres, m’a-t-on dit, y
sont parque'es. J
dan! n ~ ^ 3Utre PGtit Chena1’ dit de Twl-en-Hir , est place
ans 1 anse du meme nom et est borde de pares.
29m Banc r4ser™ de Bascatique (6). - Sur le bord du che-
(89)
— 36 -
nal, dans une anse profonde, autourdu banc rdservd, setrouvent
dc nombreux pares, remplis de collecteurs en planches ou en
tuiles. On en trouve aussi prfes de la cote, derrifcre la reserve,
disposes sur plusieurs rangs. C’est un des points les plus impor-
tants dc la riviere d’Auray.
30. Banc de Coit-Cour^o. Ce banc (7) est, commejel’ai
dit. le plus riche de la rivifere, danssa partie entourant le petit
chenal sinueux. Ses deux rives sont borddes de nombreux pares
qui en suivent les contours et remontent au-delk dc la limite
du banc jusqu’a la cote. 11 y avait la autrefois un bassin mais il
a etd abandonnd.
3 1 . Le chenal de Keriavel , au sud du banc de Couet-Courzo,
contourne la baie pour rejoindre le precedent, determinant
ainsi une ile vaseuse; cettc ile et le chenal qui l'entoure, dit de
Keriavel, sont bordes d’un grand nombre dc pares.
3-j. — Toute une serie d’autres pares suivent la rive droite
du grand chenal jusqu’a la pointe du L6\ard.
Cette baie de Coet-Courzo, avec ses chenaux, est probable-
ment la plus riche et la plus peuplee de pares de toute la riviere.
33. — Sur la rive gauche, le long de la presqu’ile du Bier ,
il y avait autrefois une sdrie ininterrompue de pares appuyes
sur la cote rocheuse du Bier. I Is ont presque disparu; cette
partie de la cote n’etant pas assez abritde, les collecteurs etaient
souvent demolis. 11 ne reste plus que quelques pares.
3-f.. Baie de Locmariaker. — En face de cette petite ville que
l’industrie ostreicole a enrichie, s’c:tcnd une enorme vasiere plate
jusqu’au bord du chenal. Les pares y sont tres nombreux et
suivent les uns, la riviere elle-meme, les autres, un chenal courbe
profond, qui permet aux bateaux d'arriver jusqu’a la ville me me.
Une autre serie de pares suit le grand chenal.
35. — Une serie d’autres pares suit le chenal depuis Loc¬
mariaker jusqu’a l’embouchure de la riviere. I Is sont nombreux
au nord et diminuent vers le sud oil il n’y en a plus qu’un seul
rang; ils disparaissent tout a fait avant d’arriver a la mer.
36. Anse du Moulin de Baden. — Cette anse estparcouiue
par un chenal tres etroit qui renferme le banc naturel du
moulin de Baden (8). Sur la rive gauche du chenal une seiie
-37-
de pares etroits remonte jusqu’au moulin. Sur la rive droite il y
a des pares qui, suivent les uns la cote du Bier, les autres sont
disperses ca et la sans ordre regulier dans la baie.
3 7. L’ Arise de Selino est un appendice a ouverture tres
etroite de la baie de Baden. L’ouverture est fermee par une
digue de 149 metres de long sur 8 metres de haut; la superficie
de 1 anse de Selino est de 5o a 60 hectares; elle forme une seule
concession, mais le fond en a ete transforme en cultures. Ce
grand bassin avait etc amenage par la Princesse Bacciocchi pour
en faire un vivier it poisson; a la suite d’incidents divers, 1’eta-
blissement a etc transforme en une exploitation ostre'icole qui
est, parait-il, trbs florissante.
33. lie Renaud. — Cette ile, dans les grandes mare'es, est
teliee a la terre et protege une grande vasiere ronde dont la cote
nord est formee par la pointe de Sept-Iles et la pointe de Loc-
mtquel. Des pares sont disposes tout autour de cette greve
vaseuse. II y en avait autrefois sur la face sud de file Renaud,
ils ont disparu.
3g. Hols du Grand et du Petit Veisit. — Des pares en demi
cercle entourent les bords sud-est du Grand Veisit, nord-ouest,
nord et est du Petit Veisit. Entre les deux il y a un pare a
Palourdes.
B. — Riviere de Bono.
-t-°- — La partie etroite de la riviere de Bono, celle qui con¬
sent les bancs Marie et de Sainte Avoye, est seule utilisee par
Ls parqueurs. Des que la riviere s’etale, a partir du banc des
Calmars, les bancs et les pares cessent.
I out le long du chenal, sur les deux rivages, sont installes
des pares e'troits en un seul rang. Sur la rive gauche ils sont
eonttnus, sur la rive droite ils sont moins nombreux. Quelques
uns entourent un petit chenal dans l’anse de Kerdaniel. — - Je
n lnsiste pas sur ce que j’ai dit plus haut au sujet de l’eau douce.
(89)
— 38 —
C. — Entree du golfe du Morbihan.
L’entrde du golfe du Morbihan peut etre considdrde comnie
une dependance de la rivifere d'Auray. Elle ne contient plus de
bancs naturels, mais un grand nombre d’dtablissements ostrei-
coles y sont installds.
La cote sud est compl&tement depourvue d’dtablissements
ostrdicoles; elle est constitute par la presqu’ile de Rhuys qui,
aussi bien du cott de la mer que du cott de la riviere, ne pre¬
sente ni mouliferes ni huitrieres.
41 . — Sur la cote nord, il y a, dans la baie de Locmiquel,
des pares installs sur trois cote's de cette grande vasiere, mais
le fond de la baie qui est forme d’herbiers en est depourvu.
Autour du petit port de Larmor, sur la cote de la pointe de
Batis et a Test du Port, on trouve quelques pares peu impor-
tants.
42. — Depuis Vile Berder jusqu’au fond de la baie de Ker-
dellan on trouve une se'rie de pares e:troits en ligne ininterrom-
pue tout le long de la cote. Sur le bord du chenal de cette meme
baie, un peu au-dessus de File Berder, une serie de pares ferme
la baie en demi cercle. Enlin, ca et la, sans ordre apparent, on
trouve de petits pares aupres de Tile de Berder.
43. — Au-dessus de la pointe de Larmor se trouve un goulet
ttroit s'ouvrant dans l’etang de Pen er Toul. LTne vaste exploi¬
tation ostreicole a existt la autrefois.
Dans l’entree du golfe du Morbihan il y a plusieurs lies,
parmi lesquelles il faut citer File de Gavr’inis , ctlebre par son
dolmen. Mais 4 seulement d’entre elles sont pourvues de pares.
Ce sont les suivants :
44. lie Radenec. — Quelques pares au nord-est.
45. lie Longue. — Un grand pare au nord-est, un petit a
l’ouest.
46. lie Ga^ek. — Trois petits pares dont un a Fouest etdeux
a l’est.
47' He Berder. — Cette lie est rattache'e a la cote par un
— 3g —
dtroit banc de sable. On y trouve deux grands pares a l’ouest et
deux au nord-est.
On remarquera que tous ces pares des rivages et des lies de
l’entree du golfe du Morbihan sont orientes de facon a etre pro¬
teges, soit par les lies ou caps voisins, soit par la cote, des cou-
rants et des vagues qui entrent par l’embouchure de la riviere
d’Auray. Les courants sont extremement violents dans cette
region, car toute l’eau qui, a chaque mare'e, remplit Fimmense
golfe du Morbihan, doit penetrer et sortir par cette etroite
embouchure.
D. — Riviere de Saint-Philibert.
Cette riviere n’est en realite qu’une petite baie de la cote,
parcourue par un chenal contenant les vestiges du banc naturel
de Larmor(n). Lesetablissements ostre'icoles consistent surtout
en pares d’e'talage. Les huitres, dont une partie importante a
passd un an ou deux dans la riviere de Crac’h ou d’Auray sont
deposdes dans la riviere de Saint-Philibert oil elles trouvent des
conditions propices a leur pousse et a leur engraissement.
4$- — Les pares en serie bordent le chenal principal et
s’etendent un peu lateralement autour de petits chenaux secon-
daires.
49 • — Le haut de la riviere a ete' autrefois ferme par une
digue de 220 metres de long et contenait les etablissements de
M. Brossard de Corbigny, bien connus des ostrdiculteurs pour
les essais et les experiences qui y ont ete tente's; ils n’existent
plus aujourd’hui.
La partie la plus importante des concessions de la riviere de
Saint-Philibert appartient a un ostreiculteur, M. Martin, qui a
de fort beaux pares dans la riviere de Crac’h d’ou il tire les
jeunes huitres deposees ensuite dans les pares d’etalage de Saint-
Philibert.
5°- — Sur la rive gauche de la riviere, pres de la mer, on
trouve deux grandes concessions comprenant de la vase et des
rochers; elles ne sont utilisees que dans la partie basse qui
avoisine le chenal.
(89)
E. — Rivi6re de Crac’h.
La panic haute de la rivifcre de Crac’h ne contient aucun
banc ni aucun pare. La partie moyenne, qui represente les deux
tiers de la rivifere, est garnie presque sans interruption de pares
dont les uns sont remplis de collecteurs, les autres servent a
l’dtalage. On emploie presque exclusivement les collecteurs en
champignon; je n’aivu que deuxou trois pares contenant des
collecteurs en ruches ct aucun a plateaux.
La partie basse de la riviere moyenne, autour de la l rimte,
renferme peu de collecteurs, plutot des pares et des claires.
La carte ancienne du commandant Ragiot indique des con¬
cessions entre la pointe Saint-Jean et le bois de Kervcan, c est-
a-dire tres hautdans la riviere. Liles n'existcnt plus aujourd hui.
5 /. Banc de Saint-Jean. — La partie superieure de la riviei e
correspondant au banc de Saint-Jean (12) est tres retrecie et la
berge souvent presque a pic, aussi n’y a-t-il qu’une ligne ties
etroite de collecteurs, oil il n’y a quelquefois qu’un seul cham¬
pignon.
52. - — Tout pres du Passage du Lac se trouve un banc de
sable jaune oil Ton recolte a la main quelques huitres, des
Palourdes, des Pectcns, des Moules en petite quantite. II seia
question de ce banc plus loin a propos des moulieres.
53. Banc du Lac. — La riviere est plus large autour du Banc
du Lac (13), qui contient un tres grand nombre de collecteuis
repartis sur des bancs de sable et de vase ou sur la berge.
Un grand etang, sur la rive droite, se remplit it maree haute
et actionne un moulin tout en servant d’entrepot pour les
huitres. En face de cet etang se trouve un ilot de sable jaune ou
on recueille des Palourdes.
54. — Sur la rive gauche, un peu plus bas se trouve 1 anse de
Ster en Houet , pres du chateau de Kergurione. Cette anse, qui
contient actuellement des collecteurs le long du chenal, est
connue par les experiencs d’ostrdiculture qui y ont ete faites.
A la suite se trouve un pare d’etalage magnifique contenant
plusieurs millions d’huitres de 4 a (i centimetres.
— 4.i —
55. — Sur la rive droite on remarque une serie de petits
pares qui appartiennent a une association de quelques marins
retraite's; cette partie du rivage est appelee la petite Grassenne
par analogie avec les concessions appartenant a une association
semblable, dite la Grande-Grasseme , situee plus bas, pres du
port de la Trinite, dont il sera question plus loin.
56. Banc de Pierre Jaime (14). — La riviere s’elargit ddfi-
nitivement en ce point oil commencent de grandes vasieres.
Sur les deux rives du chenal on voit une large bande de
collecteurs. Au niveau de la reserve, dont il a ete question plus
haut, il y a aussi des pares d’etalage.
5y. — En face de cette reserve, sur la rive droite se trouve
l’etablissement de Port-Pesquet ; il renferme de grands bassins
qui servirent autrefois aux experiences ostreicoles de M. Wol-
bock. Actuellement MM. des Pommiers et Godefroy ont installs
un tres bel dtablissement de pisciculture oil se fait en grand
1’elevage des turbots, des bars et des saumons. Un laboratoire
fort inte'ressant y est annexe. Les bassins renferment aussi des
huitres.
58. Banc de Cuban (17) sur la rive gauche et de la Gohenne
sur la rive droite. — Au milieu de la grande vasiere de la rive
gauche se trouve Pilot de Cuban au-dessus du pont de Kerisper;
d est entourd et le chenal voisin est borde de pares a collecteurs
et d’etalage qui entourent aussi un petit chenal prds du pont.
5g. — Sur la rive droite une disposition analogue montre
une serie de collecteurs le long du banc de la Gohenne et au
bord d’un chenal accessoire longeant la berge. Plusieurs grands
bassins en maconnerie servent d’entrepot pour les huitres.
60. Banc de Gorwaterc’h. — Sur la rive droite, entre le
pont de Kerisper et le port de la Trinite se trouve la vasiere de
la Grassenne sur laquelle sont etablis, en ligne le long du chenal,
des pares appartenant a une association de quarante marins
retraites ou veuves de marins. Elle est administree par un conseil
fut chaque anne'e vend les produits et procede aux operations
u entretten. Ce conseil rend chaque annee des contptes en
assemble ge'ne'rale des sjmdiques presidee par le dele'gue de
1 inscription maritime. A cote de ces pares, au nord du port
sont plusieurs grands bassins de depot. (89)
— 42 —
6 1. — Aprils le port de la Trinity les pares continuent le
long du chenal jusqu’au niveau de la pointe de Melaneuc. Une
grande vasifere avec herbiers, dite de la Vaneresse porte des
pares a huitres et k palourdes isolds.
62. — Sur la rive gauche une slrie de collecteurs et de pares
dont les premiers sont adossds aux piles du pont de Kerisper,
entoure la vasicie de Gorwaterc’h, puis sc continue en une
bande dtroite le long de la cote jusqu’a la petite anse dite Port
du Cidre.
Comrne on le voit, presque toute l'dtendue du rivage du
chenal est couverte d’dtablissements ostrdicoles qui sont, a peu
prds partout, en pleine activite.
F. — C&te de Port-Navalo a, Carnac.
Les dtablissements ostreicoles ne se rattachant pas dnec-
tement aux trois rivieres sont tres peu nombreux ; les points de
la cote oil Installation de pares est possible est restreint en
raison de l’abri qu’ils exigent.
63. Etang de Breneguy . — Get dtang est situe entre les
embouchures des rivieres d’Auray et de Crac’h. Des huitres
draguees et deposees dans ce pare ont donne autrefois de grandes
quantitds de naissain. On y fait actuellement de lengiais-
sement.
64. Anse de Trihennarvour . — Plusieurs concessions se
trouvent la mais elles ne sont exploitees que par internnttence
la mer y est trop forte et detruit quelquefois les installations.
On n’y met d’huitres que pendant la belle saison.
65 . Anse de Gueric. — C’est une petite anse couverte de
vegetation terrestre, parcourue par un chenal sinueux. Au fond
de l’anse se trouve des claires d'entrepot qui se remphssent
seulement quand la mer recouvre cctte anse dans les grandes
marees.
66. Salines de Kerdual et de Menn-Du. — Une vaste saline
organisee dans un terrain separe de la mer par des bassins,
renferme dans sa portion voisine de la cote des claires a huitres.
La partie dite Menn-Du est reservee aux palourdes.
-43 -
6y. Pointe de Port-Bource. — Des bassins peu importants
sont installs pres de la cote derriere l’llot de Trehan qui ne
parait leur fournir qu’une protection insuffisante.
68. Saline du Breno. — Les bassins d’entree de l’eau de
cette saline, qui se trouve au dessous de Carnac, ont ete utilises
comme bassins a huitres. Ils ne fonctionnent pas actuellement.
G. — Baie de Plouharnel-Carnac et presqu’lle de Quiberon.
Le fond de la baie de Quiberon est forme' par un vaste bas-
fond couvert de vase et d’herbiers qui vient a sec a toutes les
mare'es. Un chenal peu profond suit la cote nord ; une longue
bande de dunes ferme la baie au sud est et ne laisse qu’un etroit
passage pour le chenal. C’est dans ce point que Ton trouve des
etablissements ostrdicoles.
6g. — II y avait autrefois une se'rie ininterrompue de pares
en bordure de la cote, depuis le village de Plouharnel jusqu’a
Port en Drou au sud de Carnac. Actuellement le notnbre en a
beaucoup diminue et Ton trouve quelques pares d’etalage de
peu d’importance sous Plouharnel au rocher Toul-en-Ours , un
autre en dedans de la pointe de Penn-er-Le, deux autres a la
pointe du Pd.
10. — Le seul e'tablissement important et inte'ressant est
celui de M. Ezanno qui comprend des claires, des pares d’eta¬
lage et ou se fait aussi la re'colte du naissain sur des tuiles.
Ces etablissements sont ceux ou le Dr Gressy fit des expe¬
riences fort interessantes dont il est necessaire de dire quelques
mots, en raison des services qu’elles ont rendu aux ostrei-
culteurs.
II y avait autrefois un banc naturel d’huitres tres riche dans
la region, dont le banc de Menn-er-Roue au large du Fort
Penthievre est le dernier vestige. Les essais de recolte du
naissain furent d’abord nuls; plus tard des huitres placees en
grand nombre dans des bassins produisirent du naissain qui
fut recolte en abondance sur des tuiles disposees dans le voisi-
r'age. Cette rtfcolte continue actuellement par les soins de
(89)
— 44 —
M. Ezanno. II est interessant dc* remarquer que lcs huitres
produisant ce naissain ne sont pasen mer libre mais dans des
claires recouvertes par la mer.
C. est la que Ie l)r Gressy reconnut le premier que les tuiles
posees trop tot se couvraient d'Ascidies; l’etude de leu r biologie
lui montra que si on place les tuiles assez haut sur la berge les
Ascidies ne s’y fixent pas et que d’autre part leur ponte se ter-
minant au commencement de juillet, on les evite en posant les
collecteurs a ce moment. Par des drainages le l)r Gressy est
arrivd a detruire lcs herbiers deZosteres oil les huitres pe’rissent.
II inventa le durcissement de la surface de la vase par maca-
damisage, ce qui a permis de transformer en pares d’immenses
surfaces vaseuses inutilisables. C’cst encore le l)r Gressy qui
inventa 1 huitre a tesson, dont il a ete question plus haut, et les
petites claires sans cloture, creusees peu profondement dans
le sol.
I outes les autres concessions qui existaient il y a trente ans
dans cette region out ete abandonne'es. Quant it la presqu’ile de
Quiberon il n y rien a en dire au point de vue ostre'icole. Des
concessions assez importantes ont existe autrefois au nord de
Port-Haliguen sur la cote orientale, entre la terre et la roche des
Pierres-noires. Elies ont disparu ainsi qu'un pare dont on voit
les vestiges etabli jadis sous le fort Penthievre par la Princesse
Bacciocchi.
H. — Riviere d’Etel.
La plupart des renseignements qui suivent m’ont ete donnes
par M. V. Bedex, ostreiculteur it Etel qui a eu 1’obligeance de
me guider dans la visite que jai faite avec lui de la plus grande
partie de la riviere d’Etel.
L industrie ostreicole dans cette riviere est fort importanteet
ties speciale. Il n’y est pas produit de naissain, les parqueurs
1 achetent entierement au dehors, it Auray, Crac’h ou Saint-
Philibeit. Tantot ils achetent du jeune naissain de 6 mois,
ayant io a 12 millimetres et le placent dans des caisses ostreo-
philes en toile metallique, tantot ils achetent des huitres de denti
- 45 -
elevage ayant entre i et 2 ans, et ils les deposent dans des pares
d'etalage, sur le sol durci. Quand toutes ces huitres ont atteint
de 2 a 3 ans et demi ils les vendent, principalement a Marennes
pour l’engraissement et le verdissage, oil ils les expedient par
chargements de navires. Une partie est engraissee sur place
pour la vente en detail.
On peut estimer a 18 ou 20 millions les huitres livrees par
la riviere d’Etel a l’engraissement.
II est necessaire de donner quelques renseignements sur cette
industrie a Etel.
Si les parqueurs d’Etel arrivent a vendre 20 millions d’huitres
de 2 a 3 ans e’est qu’il est entrd dans leurs pares sensiblement
plus du double de jeunes huitres. Le dechet est en effet consi¬
derable; beaucoup de jeunes huitres blessees au moment du
detroquage perissent dans les caisses ostreophiles. D autressont
devotees par les crabes, etoiles de mer, bigorneaux perceuis,
d’autres sont enleve'es par les courants, tuees par les trop grandes
chaleurs ou quelquefois par la gelee; les pillards entrent aussi
en ligne de compte. Les parqueurs estiment que la perte depasse
toujours 5o°/0, et quelquefois elle atteint jusqu’a 70 %■ Un
parqueur qui achcte 5 millions de naissains compte que sa vente
d’huitres de 3 ans ne de'passera guere 2 millions. On peut se
rendre compte que ces conditions defavorables augmentent
beaucoup le prix des huitres.
Un autre fait biologique interessant a noter est le suivant.
Les huitres laissees trop longtemps sur le meme terrain cessent
de grandir. Si alors on les transporte ailleurs elles poussent
subitement et, en tres peu de temps, doublent leur diametre.
Partant de ce principe les parqueurs d Etel laissent les huities
un certain temps dans les pares du bas de la riviere puis ils les
transportent dans leurs pares de la riviere haute; ce seul tians-
port les fait rapidement doubler de poids. Ils les redescendent
ensuite et le meme effet se produit. Lorsqu’ils expedient ensuite
leurs huitres a Marennes ou en Angleterre le meme phenomene
a lieu.
Ce fait est encore confirme par une observation particuliere.
Les e'leveurs d’Aurav ou de la Trinite ont remarque que dans
(89)
- 46 -
le naissain d line meme annee il y a des huitres dc belle venue,
qu’ils trient ct vendent pour l’engraissement. Mais il y en a
d autres chdtives, de mediocre apparence qui ne grandissent pas.
(.c sont celles la qu'ils vendent a Etel. Or, aussitot installees
dans ces nouveaux pares, elles montrent une pousse extraordi¬
naire et dies ont bientot fait d'etre aussi belles que leurs soeurs.
(,es particularity meriteraient d'etre etudiees de plus pres; elles
coincident avec ce que j’ai dit plus haut de insure du terrain
des pares.
Une surface donnee de terrain peut, pendant un certain
temps, fournir de la nourriture a une quantite considerable
d'huitres; mais il arrive un moment oil cette nourriture est in-
suffisante, cominc disent les parqueurs, le terrain est usd; il
faut le laisser reposer. Quand, et e’est le cas a Etel, le nombre
dcs huitres est enornre dans les pares, il devient ne’cessaire de
les changer de place. Si on veut faire de l’engraissement il ne
faut laisser dans les pares qu’un petit nombre d’huitres, une
dizaine, par exemple, au metre carre.
Ces observations manquent evidemment de precision et de
rigueur scientifiques ; elles auraient besoin d’etre controlees
experimentalement. Mais elles sont si generalement admises par
les parqueurs, et les resultats qu’elles leur fournissent sont si
palpables, que leur exactitude est certaine; il resterait a en pre-
ciser les causes.
Il me reste a dire quelques mots des ennenris des huitres et
des moyens que Ton emploie dans la riviere d’Etel pour les
combattre.
L envasement est un des principaux dangers auxquels les
huitres sont exposees dans les pares. Les courants violents de la
livieie remuent la vase et la transportent partout; elle a ten¬
dance a se ddposer dans les endroits plus calmes, e’est-a-dire
dans la riviere haute et dans les baies late'rales. Elle se depose
sui les huitres des pares sous forme d’une mince couche de boue
giise qui tend a epaissir. On est oblige, pour empecher les hui-
ttes d etie enfouies, de les remuer au rateau, de les laver. Cela
exige un personnel d’autant plus nombreux que ce travail ne
peut etie fait que, pendant quelques heures seulement, les jours
de maree.
47 —
Mais les parqueurs ont trouvd un auxiliaire inattendu et fort
curieux pour les aider dans cette besogne de nettoyage : c’est le
Bigorneau vulgaire, Littorina littoralis. Quand ils voient que
les huitres des pares ont un mince revetement de vase fine, ils
sement a poignees ces bigorneaux sur les huitres. En peu de
temps ces Gaste'ropodes, en se promenant en tous sens, de'tachent
la couche de vase sur leur chemin; ils se nourissent en merne
temps des petites algues vertes qui se fixent sur les huitres. En
quelques jours les huitres sont parfaitement propres. II est tres
facile de distinguer, meme de loin, dans un pare, les places
blanches nettoyees par les bigorneaux qui tranchent comme des
ilots sur le reste qui est gris et sale. Quand les bigorneaux ont
achevd leur besogne on les enleve et on les seme plus loin. Mais,
comme toute medaille a son revers, il y a a craindre un exces
de la part des bigorneaux. Quand ils n’on plus de vase it rentuer
sur les huitres ils se mettent a ronger le bord de leur coquille,
la « pousse » recente, la « barbe » mince et fragile recemment
sdcretee. II faut done les arreter a temps.
Un autre ennemi des huitres est la rnoule, qui se developpe
facilement dans la riviere d’Etel. Les jeunes moules se iixent
dans les caisses ostre'ophiles et a l’aide des nombreux filaments
collants de leur byssus, elles aglutinent les jeunes huitres en
paquets et les font perir. Elles en font autant dans les pares
d etalage sur les huitres plus grosses. Les parqueurs les detrui-
sent le plus qu’ils peuvent, car souvent elles pullulent au point
de couvrir les parois des caisses ostreophiles.
L ingeniosite des parqueurs a su cependant tirer un petit
parti de ces moules. Void comment. Un des plus grands enne-
ntis des huitres est le crabe, le cancre (Carcinus mcenas). Or,
ces crabes, lorsqu’ils se trouvent en presence de caisses oil il y a
a la fois des moules et des huitres, commencent toujours par
manger les moules, et n’attaquent les huitres que quand il n’y a
plus de moules. On respecte done les moules tant qu’elles
n envahissent pas trop les caisses, puis on les detruit ensuite.
Les crabes font en effet des degats considerables dans les
Parcs. Ils passent l’hiver caches dans les rochers et dans la vase
du chenal de la partie basse de la riviere d’Etel ; puis au mois
(89;
- 48 - *
d’avril i Is sortent de leur retraite et sc mettent a dcvorer moules
et huitres, et a bouleverser le sol des pares. Quant arrive la
chaleur ils remontent vers les vasiferes de la haute riviere et les
parqueurs sont ddbarrassds d’eux. A l’automne ils redescendent
et apres un nouveau sejour dans les pares, ils reprennent leurs
quartiers d’hiver. Leur rdapparition en avril coincide avec l’epo-
que oil Ton installe les petites huitres et le naissain nouvelle-
ment achetes et dont ils font une forte consommation.
Les Pieuvres Octopus vulgaris) sont aussi tres friandes
d’huitres, elles aiment les bivalves en general mais plus particu-
lierement les huitres.
Les Etoiles dc mer sont tres abondantes dans la riviere d’Etel.
J’en ai vu un tr&s grand nombre dans les pares.
On accuse le Buccinum undatum et la Nassa reticulata de
divers mefaits; je ne sais ce qu’il faut en croire.
PARCS DE LA RIVIERE D’ETEL
Les pares de la riviere d’Etel sont exclusivement disposes
pour l’elevage des huitres en caisses ou sur le sol. II est done
inutile d’entrer dans des distinctions sur leur compte, je signa-
lerai seulement les emplacements occupes par les groupes de
pares.
Comme dans les autres rivieres, les pares occupent les deux
tiers moyens de la riviere d’Etel. 11s ne remontent pas jusqu’au
sommet des branches compliqudes de cette petite mer interieure
oil les vases sont trop abondantes et submergent rapidement les
clotures et les piquets des pares. II n’y en a pas davantage dans
la riviere basse oil l’embouchure est creusee dans du sable pur
jaune. Les pares commencent un peu au-dessus du port d’Etel.
77. Parcs d’Etel. — Situds sur les deux rives de la riviere,
ils entourent completement, a droite, l’ile No'ic et se continuent
jusqu’au Vieux-Passagc. Sur la rive gauche on en trouve egale-
ment quelques uns au bord du chenal,
75. Anse du Sack. — C’est un profond golfe vaseux dont
l’entree, sur la rive gauche, et une partie des rives est garni de
pares; ils entourent un ilot bas a l’entree, dit le banc du Sach.
— 49 —
j3. Environs du Pont Lorois. — Ce magnifique pont sus-
pendu a ete lance entre les deux points les plus voisins des rives.
Le courant de la riviere est la excessivement violent, car toute
l’eau qui, a chaque mare'e, remplit le golfe d'Etel et en sort, doit
passer par cet etroit chenal. Sur la rive droite, au-dessous du
pont, se trouve un tres beau pare ou M. Be'dex eleve des huitres
de divers ages dans des caisses et a plat. On peut voir resumees
dans ce pare toutes les methodes speciales a la riviere d Etel.
Divers autres petits pares se trouvent dans le voisinage.
yg. — Sur la rive gauche, au-dessus du pont, il y a toute
une serie de petits pares abrites derriere la pile du pont et les
rochers de Kergo.
yS. De Vile Minnvavah d la chapelle Saint-Guillaume, sui la
rive droite, on trouve une ligne de pares sur le bord seulement
du chenal ear ils ne s’etendent pas en arriere sur la vasiere qui
les surplombe.
y6. Atise de Kerguerhan. — Une serie de pares bordent le
chenal sur la rive gauche 5 il en a existe d autres, plus avances
dans l'anse, qui se sont envases.
77. Groupe de Vile Saint-Cado. — Cette petite lie, celebie
en Bretagne par ses le'gendes bizarres, est entouree de paics qui
se continuent sur la cote voisine. Leur nombre a diminue pai
suite de l’envasement.
y8. Groupe des iles de Niheu. — Un dedale de chenaux
entoure les iles de Niheu et de Riech ; une immense vasiere
s’etend fort loin autour d’elles ; elle a envahi une grande partie
des pares, il ne reste plus que ceux qui sont diriges vers le giand
chenal.
yg. He Fandrouillec. — Cet llot, situe sur la rive droite au
bas d’une immense vasiere, est tout entoure de pares.
80. Banc de Taraguenne. — Ce banc en forme depeion
divise la riviere en deux branches; la principale remonte au
noi'd, l’autre vers Test. Tout l'eperon est borde de tres beaux
pares jusqu’au niveau du banc de Ker-an-Trec’h: c est la pai tie
*a plus riche de la riviere.
8 lie de I-nes-mour. (lie de la grande maree). Dans les
environs de cette ile une bande de tres beaux pares se tiou\e le
'0ng du chenal. (89)
8a. Riviere Saini-Jean. — 11 n'y a a signaler qu’uri seul pare
situd assez haut. Le fond de cette rivifere a etc classd autrefois
comme pecherie de i” catdgorie; on y a dlevd des huitres dans
les chenaux, mais dies ont disparu. line partie envasee de la
concession a dtd transformde en cultures; dans le bas est installee
une pecherie de mulets et d’anguilles.
83. Riviere de Ster-er-Histrec. Riviere des huitres). — Au
dessus du banc de Kcr-an-Trec'h, la riviere bifurque et sa
branche orientalc devient la riviere de Ster-er-Histrec, qui tire
son nom du banc naturel d’huitres contcnu dans le chenal et
dont il a dtd question plus haut (21). Dans la partie moyenne
de cette branche se trouve une sdrie importante de pares autour
du passage du Plec, sur les deux rives du chenal; deux autres
sont sur la rive gauche au bas du banc naturel.
84. Branche occidenlale de la riviere d’Elel. — A partir du
banc de Ker-an-Trec’h la riviere monte vers le nord tout le
long de la presqu’ile du Plec; les pares diminuent beaucoup et
Ton n'en trouve plus que 3, en bordure du chenal sur les deux
rives.
85 . Riviere de Nostang. — - Le chenal principal bifurque
encore une fois pour former deux rivieres, celle de Landevant et
celle de Nostang. Un seul pare se trouve dans cette riviere, e’est
le plus dloigne de la mer de toute la riviere d’Etel. A partir de
la, les vasieres deviennent enormes et l’ostreiculture n’est plus
possible.
MOULIERES
Autant l’industrie ostreicole est importante dans la region
d’Auray, autant, au contraire, les moules sont delaissees. II
n existe dans toute l’etendue du quartier et sur les confins des
quartiers limitrophes, aucune mouliere naturelle classee par
l’administration et la seule mouliere artificielle a disparu par
suite du pillage dont elle a ete l’objet.
Les moulieres et les chiffres qui s'y rapportent sont indiques
en bleu, dans un cercle bleu, sur la carte.
— 5 1 —
A. — Moulidres naturelles.
86. Riviere d’Auraj'. — Une petite mouliere a exists
sur la rive gauche de la riviere, un peu au-dessous d’Auray,
au-dessus du banc du Plessis. Elle a disparu actuellement.
D’ailleurs, quand il apparait quelques moules, les ostreiculteurs
les detruisent imme'diatement craignant qu'en se multipliant
elles envahissent les pares.
87. Riviere de Crac’h. — II existe un petit banc de moules
dans le haut de la riviere, au-dessus du moulin du Lac. Les
moules y sont petites mais d’excellente qualite ; elles sont isolees,
en tres petite quantite, enfouies dans du sable jaune assez
meuble. Cette mouliere est en voie de disparition; ce pheno-
mene s’est ddja produit plusieurs fois ; elle se reconstitue d’ail¬
leurs re'gulibrement.
88. Rochet's du Spice ou de Spi. — Sur la cote entre Car-
nac et Plouharnel, au niveau de Saint-Colomban se trouve
cette petite mouliere sans importance.
89. Cote occidentale de la presqu’ile de Quiberon. — Presque
toute la cote occidentale, depmis le fort Penthievre jusqu’au
port de Quiberon, est entierement tapissee de moules. Elles
forment une immense mouliere ininterrompue qui s’e'tend
depuis le sommet de la zone des fucus jusqu’a celle des Lami-
naires. Dans les endroits nombreux ou la cote est verticale
1 e'paisseur du banc de moules n’est que de 3 ou 4 metres ;
quand les rochers sont horizontaux le banc a plus de 100 metres
de largeur. Etant donnes les anfractuosites de la cote il est
difficile de fixer une longueur a cette mouliere, mais on doit
etie pres de la realite en lui attribuant i5 kilometres sans autre
lnteiruption que deux ou trois greves de sable, ou d’ailleurs la
moindre pierre est couverte de moules. Au dela du port de
Quiberon la mouliere est fragmentee et Ton ne trouve plus les
'Uoules que par ilots isoles.
Les moules y sont extraordinairement serrees et de tres petite
tcldle. Les habitants de la cote recueillent les plus belles, mais
(89)
— 5 2 —
ne les exploitent pas rdguli£rement: on n'en expcdic pas, et Ton
n’en vend m6me pas au marchd de Quiberon. Ces moules
d'ailleurs ont une cqqutlle trfes epaisse. un byssus ti cs developpe
et la masse charnue de l’animal est excessivement reduite.
11 semble ddpenser toute sa vitalite a augmenter ses moyens
de resistance aux chocs de la mer qui lui sont cependant
ndeessaires.
po. — Tous les Slots et les rochers qui se trouvent ou nord-
ouest de la presqu'ile de Quiberon, en face de Portivi et du
fort Penthievre sont egalement converts de monies sur leur
face occidentale qui est tournee vers la haute mer. Certaines
de ces roches et les basses qui les avoisinent sont renonimees
dans le pays pour la grande taille de leurs moules. par exemple
Pilot de Rohellan.
9 1 . — Le long de la cote, sur le sable, on trouve, parait-il,
une longue bande ou les moules abondent au-dessous du niveau
des marees; el les forment un long banc irregulier et tres inega-
lement riche. Je n’ai pas pu en vdrifier Pexistence.
92. Embouchure de la riviere d'Elel. — Un banc de moules
se trouve a plat sur un Hot de sable vaseux qui decouvre a toutes
les marees; ilestsitue dans le milieu de la riviere tout pres de
son embouchure. Les sables de cette partie de la cote forment
des dunes tres eleve'es, et la riviere les coupe pour se jeter a la
mer ou elle forme une barre diflicile a franchir pour les bateaux
meme de fort tonnage. Les moules sont abondantes sur ce banc,
grosses et de tres bonne qualite; elles sont recueillies en grande
quantite par les gens du pays; mais le banc semble inepuisable,
il se reconstitue sans cesse. Cette mouliere n'est pas classee
administrativement. Le banc se continue egalement sur la
greve de la rive gauche dans des conditions analogues.
g3. lie d’Houat. ■ — La presqu’ile de Quiberon est prolong^
dans 1 Ocean par deux Hots habites, Houat et Hoedic. Le pie"
mier est a 11 kilometres de la pointe de la presqu’ile de Qui"
beron, le second a 22 kilometres.
L’ile d’Houat possede une mouliere sur sa cote ouest et
nord-oues.t; e’est en somme la continuation de la mouliere de
Quiberon ou elle se presente dans des conditions analogues-
— 5-3 —
D’apres ces renseignements que l’Administrateur de 1’Inscription
de Belle lie a bien voulu demander au syndic de Houat voici
les points ou se trouvent les moulieres les plus importantes.
Sur la cote mime de l’ile : Vaschil, ioo metres de long sur
3 de large; Port-Chudel, 40 metres sur 3; Port Pious, 40 metres
sur 3. Sur les rochers qui entourent File : Carrec Colas, 200 me¬
tres sur 4 ; le Grand Coin, 200 metres sur 3 ; lie Guric, 5o me¬
tres sur 3; le Rouleau, 100 metres sur 3; He Cents, 200 metres
sur 5; ile aux Chevaux, 3o metres sur 4; He Grirnand-Pel et
Grimand-Tort chacune 25 metres sur 3.
94. lie d’Hoedic. — Cet ilot est plus petit que Houat. On
y trouve plusieurs moulieres en bon e'tat.
A l’ouest sur les rochers de Er-Polaire et de Er-vas-plate
il y a deux gisements de grosses moules en plein rapport.
A l’est, autour des rochers du Grand et du Petit Mulon et de
Ren Garde, on trouve des gisements de petites moules.
Enfin, plus au large, sur les rochers des Grands et des Petits
Cardinaux, il y a des gissements importants de grosses
moules.
Sur la cote nord-ouest de File il y a deux gisements de
moules a Menn-Du et a Caspierapuls.
Ces divers gisements ne sont pas exploites commercialement,
ils sont seulentent utilises par les habitants de File et les
pecheurs de passage qui en pre'levent de grandes quantitds.
9$ ■ Belle-Ile. — La cote de Belle-Ile est tellement abrupte
°[u il est presque partout impossible de constater s’il y a des
moulieres sur les rochers. S’il y en a elles sont inexploitables,
car il est presque impossible de descendre le long des falaises
et d y aborder en canot me me par beau temps. L’administration
de 1 Inscription maritime de Palais m’a signale trois points de
E cote occidentale oil Fon peut descendre et trouver des moules
en quantity suffisante pour qualifier de moulieres ces gisements
tfes pauvres. Ce sont Port-Va^en, Port-Cotton et Kerel. Mes
mvestigations personnelles ne m’ont pas permis de trouver
dautres gisements dignes d’etre signales.
(89)
— 54 —
B. — Mouli6res artificielles.
96. — II n’cxiste plus aucunc mouliere artificielle dans la
region.
Le fond dc la baie de Quiberon, sur les vasieres en face de
Plouharnel, en possldait autrefois. N’dtant pas suflisamment
surveilldes, elles ont disparu par suite du pillage et des vols
commis par les habitants du voisinage. II y a la cependant une
indication int^ressantc; la rdgion se prete admirablement a
l’installation de bouchots, et il suffirait d'un garde pour utiliser
ce vaste espace. L’experience faite il y a quelques annees l’a
prouvd.
AUTRES MOLLUSQUES COMESTIBLES
11 n’y a guere a signaler dans la region que les Palourdes
qui sont rdcoltees et vendues sur divers points de la cote. Ces
palourdes, Tapes decussata , sont assez abondantes dans la baie
de Plouharnel, dans les greves de la cote est de la presqu'ile de
Quiberon, dans quelques points de la riviere de Crac’h et d’Au-
ray, vers le milieu de la riviere d’Etel. Mais elle ne donnent pas
lieu a un commerce important.
Les dtablissements ou on les entrepose dans des claires sont
assez rares; il faut signaler les pares de M. de Wolbock au Sud
du port de la Trinitd (gj) et dans une partie d’une saline
appelee Menn-Du (98) qui contient aussi un pare a Bigorneaux
(Littorina littot'alis).
Il faut citer encore un pare qui se trouve entre les rochers du
Grand et du Petit Veisit (gg) non loin de l’embouchure de la
riviere d’Auray.
Les Palourdes de la riviere d’Etel sont nombreux et attei"
gnent de grandes dimentions. Elies sont expedites principal^"
ment a Marseille et a Toulon.
— 55 —
On trouve peu de Cardium edule dans la region. Ce mol-
lusque, qui est ailleurs si abondant, ne parait se trouver en
quantite appreciable que dans le sable de l’embouchure de la
riviere d’Etel avec le Cardium echinatum.
On recueille ca et la, sur les rochers des rivieres, le Pecten
varius dont les gens du pays sont tres friands. Mais ces mollus-
ques sont toujours isoles et en tres petite quantite.
(89)
INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE
(FONDATION ALBERT I", PRINCE DE MONACO)
Reconnu d’utilitd publique par Ddcret du 16 Mai 1906
EKSEIGNEWEKT SUPERIEUR DE L’OCEANOGRAPHIE
ANNEE SCOLAIRE 1906-1907
Provisoirement les Cours anront lieu a la SORBONNE, dans I'Amphillicatre de Geologic
(Galerie Gerson, Entree : Place de la Sorbonne)
LES GOURS SONT PUBLICS
Ils s’ouvriront le Lundi 5 Novembre
OCEANOGRAPHIE PHYSIQUE I OCEANOGRAPHIE BIOLQGIQUE
Professeur : M. BERGET
r, Docteur es-Sciences
liarg6 de Conferences a la Faculty des Sciences
Le Cours commencera le Jeudi 8 Novem-
bre a 5 heures du soir, et se continuera
chaque Jeudi A la meme heure.
. e. ’°fesseu>' traitera de I'Oceanographie
n e,’a e’ ^ e la distribution des mers, de la
min, ^ met' 'e’ d es P'OprUtis physiques, chi-
Wes et mecaniques de la mer. '
Professeur : M. L. JOUBIN
Docteur es-Sciences
Professeur au Museum d’Histoire naturelle
Le Cours commencera le Lundi 5 Novem¬
bre a 5 heures du soir, et se continuera
chaque Lundi A la meme heure.
DES DEMONSTRATIONS PRATIQUES ADIIONT LIED
AD MDSEDM D'HISTfllRE NATURELLE
Le Professeur traitera de l' Etude des
Milieux marins et de Vinjluence de lew
variation stir la distribution des animaux.
PHYSIOLOGIE COMPAREE DES ETRES AQUATIQUES
Professeur : M. le Dr PORTIER
^ Ld irecteur- Adjoi nt du Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne
8 commencera le Vendredi 9 Novembre a 5 heures du soir, et se continuera
chaque Vendredi A la meme heure.
ofesscui ti altera des Phenomenes de la nutrition cheq les animaux marins.
Pour S. A. S. le Prince de Monaco,
President du Conseil d'adniinistralion de I’lnstitut Oceanogaphique,
CASIMIR-PERIER
Dr P. REGNARD, Vice-Presidents.
Samedis
S0Irs> a 9 heures, auront lieu a l’AMPHITHEATRE DESCARTES
(Entree : 17, rue de la Sorbonne)
DES C0NfERENCES SUR DES SUJETS D’OCEANOGRAPHIE
CONSDLTER
L'AFFICHE SFECIALE
^r' <t scientifjqyj,'^ d ces Conferences, des cartes d’entrde seront exigdes. Elies sont distributes au Secrd-
e ""stitut A' *e Prince de Monaco, 10, avenue du Trocaddro, au Secrdtariat provisoire
's cartes au jqu no®raPhique, 2, rue Logeibach, oil l’on peut s’adresser par lettre. On trouvera dgalement
Um ^ Histoire naturelle, 5y, rue Cuvier, et a la Sorbonne, 17, rue de la Sorbonne.
■ i ■'
AVIS
Le Bulletin est eh depot chez Friedlander, 1 1 , Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separdment aux prix
suivants et franco :
Fr.
^9- — Notes sur les gisements de Mollusqucs comestibles des C6tes
de France. — La region d’Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Joubin, professeur au Muieuni d’Histoire natarefle
de Paris ct a I’Institut Oceanographique .
MONACO. — IMPR. DE MONACO.
N° 90
- .
- -,Vfc isy-i
DE
‘IMITET OCLUIMillll'IIlOIE
(I1 ondation ALBERT Ier, Prince de Monaco)
DESCRIPTION DE L’EXTREMITE posterieure
DU CORPS ANORMALE CHEZ DEUX MO TELIA
I'USCA Risso (AVEC I'NE PLANCHE DOUBLE) .
Par le D* M. Jaquet
Conservateur au Mus6e Oceanographique.
■A.V I S
l.es auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes :
t" Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou
a l’encre de Chine.
0" Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7“ baire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier precede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d’un quart plus grands que
la dimension definitive qu'on desire.
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. I Is peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le
manuscrit — suivant le tarif suivant :
Un quart de feuille
Une demi-feuille. . .
Une feuille entiere.
50 ex.
100 ex.
150 ex.
4^ »
5f 20
6f 80
4 7°
6 70
S 80
8 io
9 80
i3 80
200 ex.
250 ex.
500 ex.
8f 40
10 f4°
I 80
1 1 »
1 3 40
22 80
16 20
19 40
35 So
11 faut ajouter a ces prix celui des planches quand il v a lieu.
Adiesser tout ce qui concerne le Bulletin a I’aJresse suivunte .
Musee oceanographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT X", Prince de Monaco)
N° 90. — 16 Janvier 1907.
Description de l’extremite posterieure du
corps anormale chez deux Motella fusca
Risso.
Par le Dr M. JAQUET
Conservateur au Mus6e Oceanographique.
Au rnois de septembre iqo5, parmi les Poissons apportes au
marche' de Monaco, se trouvait une Motella fusca dont 1 extre-
Riite posterieure paraissant tronquee, ne presentait aucune trace
lie nageoire caudale. Elle se terminait brusquement en deux
lobes (Pig. 1) : un superieur (a), un inferieur (b), nettement
separe's Fun de 1’autre par une entaille. Le premier s’incurvant
xers le bas, tandis que le second se relevait. Grace a cette dispo¬
sition, les derniers rayons de la nageoire dorsale s’etalaient en
on entail et passaient a gauche de ceux de la nageoire anale qui,
iie leur cote, se relevaient en eventail dirige en haut.
B animal mesurait dans sa plus grande longueur i5 centime-
11 eS- Bu bord du museau a la base de la nageoire pectorale, on
compte en ligne droite 35 millimetres. Ayant trouvd un individu
i^ont cette derniere longueur etait identique a celle mesuree
chez notre exemplaire, nous lui notons une longueur totale de
~° centimetres. II en decoule que la Motelle anormale a ete'
rdCc°urcie de 5 centimetres. En comparant le nombre total des
ertebres des deux individus, on voit que le typeanormal accuse
nc ‘Elation de 8 vertebres et demie. Comme il etait interessant
rechercher quelle pouvait etre la cause directrice de la
2 —
deformation, nous avons prdpard le squelette de l’extremite du
corps d un individu normal et cclui de notre exemplaire afin
d’en etudier comparativement les conformations.
La nageoire caudale de la Mntella fused est nettement deta¬
cher des nageoires dorsale et anale par un court intervals
ddpourvu de rayons. Elle est diphycerque; son bord posterieur
est arrondi en demi-cercle a convexite dirigec en arriere. Le
nombre des rayons de la nageoire s’clevc dans la plupart des
types examines, a 04 : 17 pour la moitie dorsale et 17 pour la
moitie ventrale. Les premiers sont cxactemcnt semblables aux
seconds et pour la taille et pour la forme. Les ante'rieurs sont
les plus courts; les cinq premiers, aussi bien en haut qu’enbas,
nc pre'sentent pas trace de divisions transversales; ce sont de
simples baguettes tres eflildes. Le sixieme compte trois divisions
transversales tres espacees. Ce n’est qu’a partir du septieme que
les divisions sont nombreuses et que le dbdoublement dichoto-
mique commence.
Le squelette de la nageoire caudale, celui qui comprend les
vertebres et leurs de'pendances, est des plus interessant pai son
caractere de grande simplicity (Fig. 2 . Huit vertebres y prennent
part, se suivant les unes les autres en ligne droite avec le reste
de la colonne. La derniere sculc differe des prdebdentes, niais
non d’une facon bien prononcee, comme nous le verrons tout a
l’heure. Disons d’abord que les neurdpines (a) et les hdmepines
(b) de la re'gion caudale sont bien developpees et diminuent in
sensiblement de longueur au fur et a mesure que l’on s’avance
vers les vertebres qui supportent les rayons de la nageoire cau
dale. Les os interepineux (c) des vertebres de la region pie^e
dant la nageoire caudale sont en gdne'ral au nombre de deux
dans l’intervalle compris entre les extremites de deux neurepmeS
successives. Le dernier intervalle en compte meme trois. Au*
os interepineux, font suite les rayons qui tous sont divise's traits
versalement et ramifies. Le dernier os interepineux en etant
depourvu, fait exception. L'intervalle compris entre la neurepine
de la vertebre pre'cedant la premiere de la nageoire caudale et
neurepine de cette derniere ne renferme aucun os interepineux-
II en est de meme ventralement.
Abordant maintenant la region de la nageoire caudale, nous
voyons que les neurepines (d) et hemepines (e) s’allongent beau-
coup. Leur longueur diminue en allant de la premiere a la cin-
quieme qui sont les seules conservant d’une maniere generate
les caracteres que possedent celles placdes au devant d’elles. II
ya bien deldgdres differences, mais d’ordre tout a fait secondaire,
tel que 1’allongement et l’dlargissement de l’extremite libre,
alors que cette derniere est acdrde aux appendices des vertebres
anterieures.
Les os interdpineux ont totalentent disparu dans la region
de la nageoire caudale et la base des raj'ons enserre soit l’extrd-
mite des neurepines et hemepines, soit une bande fibreuse tres
dense qui, courbee en ellipse, relie entre el les ces extremites.
Les cinq premieres vertebres de la nageoire caudale ne different
done que tres peu des vertebres qui les precedent immddiate-
tnent. La differenciation ne porte que sur les trois dernieres de
la colonne. Et ici, nous trouvons quelques variantes suivant les
individus, variantes qui, il est vrai, se laissent ramener a un
meme type.
L antepdnultidme vertebre (a, Fig. 3) ressemble aux precd-
dentes pour le corps, les neurepines et les hemepines a cette
difference pres, que les extremites de ces dernieres sont plutot
dlaigies comme celles des appendices suivants, tandis qu’elles sont
^tuees en pointe dans ceux qui precedent. Immddiatement au
evant de la neurepine de l’antepdnultieme vertebre, se trouve
Ile neurdpine libre (b) e’est-a-dire depourvue de neurapophyse
ne pienant pas contact direct avec le corps de la vertebre.
/ est Llne lausse neurdpine. Quant a la penultieme vertebre (c),
C01ps, semblable a celui de la vertebre qui precede, ne porte
' clu un rudiment d’apophyse epineuse (d) qui se termine
cinent, sous forme de canal neural, avec son congenere. Sa
dist'^^^6 CSt ^so^e’ e^e ne commence qu'a une certaine
ance de 1 extrdmitd libre de la protuberance neurale. La der-
et ausse neurdpine (f) est en general accolee a la prdeddente
Ion " menie que celle-ci, n’a plus d’attache directe avec la co-
ne \eitebrale; il n'existe meme plus de vestige d’arc neural
Correspondant.
(9°)
La face ventrale reproduit a pea prfes exactement la dispo¬
sition que nous venons de ddcrire pour la facedorsale. L’ante-
penultieme corps vertebral emet deux apophyses Females sur-
montees d'une large hemepine h an devant de laquelle s’en
trouve une libre, e’est la premiere fausse hemepine (i). L’avant
derniere hemepine I: . est aussi fausse. Quanta la derniere (1),
contrairement a ce qui a lieu pour la neurdpine correspondante,
elle est soudee a la vertfcbre par une base ti es elargie, piriforme
et d’une texture spdeiale (m). Le reste de l’hdmdpine est souvent
une lame de fortes dimensions.
La derniere vertebre (n) merite une mention spe'ciale. Sa
moitie anterieure est identique a la meme portion des vertebies
precedentes. mais au lieu de presenter 1’elargissement eontque
posterieur, elle est c:tiree en long et tres aplatie verticalement,
de facon a former une lame cn dventail toute d une piece etsans
cavitd interne. Son bord ventral pousse anterieurement un court
prolongement dirige en arriere (o) et dans lequel nous voyons
le dernier vestige d'un arc hemal dont l’e:pine fait completement
defaut. Dorsalement, le corps de la derniere vertebre na plus
trace d’apophyse neuralc.
La dissection de la Motelle anormale (Fig. 41 nous nlont,e
avec la derniere evidence une colon nc vertebrale tronque'e btus
quement. La ligne de brisure est nette, passe un peu aptes -
milieu de la longueur du corps vertebral. La ne u repine (a) a ete
raccourcie a peu pres de moitie, tandis que l’hemepine est entieie-
Quant aux os interepineux, nous voyons qu’il y en a trois loge
dans l’intervalle entre les deux dernibres hemepines. Ce Lit
de j a nous indique que nous avons dans la derniere vertebie ^
la colonne mutilee, affaire a la vertebre pre'cedant la premieie
la nageoire caudale d’un individu normal. Les rayons qui f°n
suite aces os interepineux appartiennent a la nageoire dotsa
car ils sont divises transversalement, ce qui n’est pas le caS'
comme nous l’avons vu, pour les premiers rayons de la nage°t'
caudale. Ventralement nous trouvons, comme chez l’indivt
normal, trois os interepineux en partie encastrds dans 1 esP‘
compris entre les extremites des deux dernieres he'mepnie^
D’apres ce qui precede, nous pouvons dire que la del met'
— 5 —
vertebre de notre individu anormal correspond a la derniere ver-
tebreen relation avecle squelettedelanageoire dorsale d’un indi¬
vidu normal. La nageoire caudale manque done completement.
II est probable que pendant le jeune age de la Motella, un
accident aura andanti la nageoire caudale en la sectionnant a
son pedoncule. Les tissus voisins se seront recourbes sur la plaie
et auront fini par la recouvrir; de la, cette courbure en sens
inverse des extrdmitds posterieures des nageoires dorsale et
anale. Mais il n’y a pas eu soudure, les deux lobes sont restds
libres et chacun d’eux est completement entourd par les tdgu-
ments.
Quelques jours apres avoir trouve au rnarche aux Poissons
l’individu dont il vient d’etre fait mention, j’eus l’occasion
d'acheter une autre Motella fusca a nageoire caudale anormale.
Ce second exemplaire (Fig. 5), plus petit que le precedent,
mesurait 1 1 cm 5 de longueur totale. L’extremite du corps,
terminee brusquement, est entouree d une maniere continue
par la nageoire qui, toute d une venue, passe de la dorsale a
1 anale. Ilya done ici une difference profonde d’avec la nageoire
du premier individu decrit, car cette derniere etait interrompue
sur un certain parcours et les extremites des nageoires dorsale
et anale s’etaient recourbees. La longueur, de l’extremite du
museau au sommet de l’ouverture de l’ouie, etait de ib millime¬
tres- Un individu normal qui mesurait exactenrent cette me me
longueur cornpte i3cm5 pour le corps tout entier. Il s’en suit
due notre exemplaire est ecourte de 2 centimetres. Sa colonne
vertdbralc compte 3 9 vertebres, chiffre qui nous indique qu il
manque q articles pour arriver au total des segments d une
colonne normale. Comme les deformations interessent les diffe-
1 ents appendices des 4 dernieres vertebres, nous devons, en
quelques mots, dire comment se presentent chez un individu
normal, les os interepineux.
Il s’intercale tres souvent entre deux neurepines successives
les extrdmites de deux os interepineux, plus rarement il n y en
a une- Chaque os, tres allonge (Fig. 6, a) et dirigd obliquc-
ment en arriere, consiste en une fine baguette dont le diametre
est sensiblement le merne jusque pres de son extremite distale
(90)
— 6 —
laquelle s’dvase eft entonnoir b) qui recoit la portion vent-rale
de l’extrdmite antdrieure de l’osselet baso-radiaire (c). L’enton-
noir est creux et sa cavitd se rdtrecit beaucoiip a son sommet
pour s’dlargir dans le reste de l’os interdpineux dont les parois
sont ties minces. Le bord antdrieur de l’os, a pen de distance
de l’evasement en entommir. sc SOUlfeve en unecupule nettement
distincte (d) dans laquelle vient se loger l’extremite postdrieuie
de l’osselet baso-radiaire qui fait suite a l’os interdpineux prece¬
dent. Les deux Hanes de 1’osselet sont reconverts par la base
elargie de chaque demi-rayon (e), base munie de relevements
mousses dont les uns s'enfoncent dans l’osselet et les autres
servent de points d’attachc aux muscles de la nageoire.
Notons pour terminer, la presence sur une certaine longueur
du bord postdrieur de l’interdpineux, d’une lamelle allongee,
tres mince (f), contre laquelle s’inserent dgalement des fibies
musculaires. Pour le reste de la colonne vertebrate, nous ren
voyons a ce qui vient d’etre dit a propos de la description de la
premiere nageoire caudale atrophiee.
Reprenant l’exposd de la nageoire anormale, nous voyons
(Fig. 7 ) que le corps de la 3qe vertebre differe des pre'ce'dents par
un raccourcissement inusite de sa moitid postdrieure ; a) dont ‘
surface presente des rugosites qui font defaut aux autres verte
bres. L’extremite de la neure:pine de la 38c vertebre est mousse
et devide dans sa direction (b). Celle de la vertebre suivante est
a peine reconnaissable. II n’y a pour ainsi dire que les apophyses
neurales (c) supportant une sorte de moignon elargi \d) b111
represente la neurepine. Ventralement, les apophyses hemales
existent (e); elles se recourbent en avant pour former un eperon
saillant (f) tandis que 1’hdmdpine (g) est rdduite a une coUI^
tige qui entre en contact avec l’os baso-radiaire d’un rayron
la nageoire.
A la suite de la 39e vertebre, se place une piece a
ne peut plus accorder le nom de vertebre, tellement elle est
deformee (h). C’est un cone dont la base s’accole contre 1 aitlC
precedent. Dorsalement et ventralement, on voit une petlte
protuberance qu’a la rigueur, on pourrait, vu leur positio11’
regarder comme un vestige des apophyses neurale et he'male
Les os interepineux commencent a se modifier a partir de la
36e vertebre. Du cote ventral, le second situe dans l’intervalle
entre les htme'pines des 36e et 3ye vertebres (i, Fig. 7 et 8) est
nettement brise en deux un peu au-dessus de la cupule laterale.
Les extremite's brisees sont legerement renflees. La portion dis-
distalc (k, Fig. 7) n’est pas situee a la suite de la tige, mais
placee a cote d’elle sur un le'ger parcours. A part cela, rien
d’anormal pour cet os. L’interepineux suivantf/, Fig. 7) est ega-
lement brise, mais en dessous de la cupule laterale qui est pour
ainsi dire rudimentaire. Quant a I’entonnoir terminal (m, Fig. 7),
il est bien dtforme, reduit a une masse venant s'accoler a l’os
baso-radiaire correspondant. L’os interepineux suivant est re'duit
a sa portion distale (n, Fig. 7) laquelle est alors bien forrnee.
avec cupule laterale et entonnoir terminal nettement distincts.
Le dernier os interepineux de notre individu est encore plus
raccourci que le prece'dent (0, Fig. 7); il n’y a pour ainsi dire plus
que l’entonnoir terminal deforme et une cupule laterale bien
constitute. Accolee contre son extremite proximale, se trouve
une piece tres tenue (p, Fig. 7) placee verticalement et qui pour-
tait bien etre le representant du reste brise de l’os interepi¬
neux. Dorsalement, les os interepineux ont moins souflert. La
deformation consiste en une de'viation des deux os qui avoisinent
la neure'pine de la ‘i-]c vertebre, deviation qui rejette brusque-
ment en arriere la moitie superieure de l’os (g, Fig. 7). Il ny a
done ici plus de fracture, mais il semble que ce dernier inteie:-
pmeux etait sur le point de se briser.
Les raj'ons de la nageoire presentent de profondes modifica¬
tions. De'ja celui qui depend de 1’os interepineux qui est en rela¬
tion avec la 35c neurepine a une de ses moities laterales reduite
a la partie basilaire non segmentee (a. Fig. 8). Les rayons qui
1 eniplacent ceux de la nageoire caudale ont leur base modifiee
au plus haut point. D’abord, ils n’ont pas de liaison directe
avec le corps vertebral. Ensuite, on ne distingue plus trace de
la base elargie des rayons; ou bien le rayon se termine en pointe,
°u bien plusieurs d’entre eux se fusionnent ensemble de facon
a former une lame commune (b, fig. 8) de laquelle partent les
laJons. Ceux de la ligne mediane s’entremelent les uns aux
(90)
—
— 8 —
autres de maniere a former un treillis dans lequel il est difficile
dc suivrc la marche des rayons. Kt les teguments enveloppent
le tout sans interruption.
II est bien difficile de pr&iser la cause ddformante de l’extre-
mite du corps de notre Motella. Tout ce que I’on peut dire, c’est
qu elle a du sc produire dans le tout jcunc age de l’animal, elle
aura fait disparaitre ou empechd le developpement normal des
dernieres vertebres et de leurs appendices.
LEGENDS DES FIGURES
Motella fusca. Extremite posterieure du corps, a, nageoire dor-
sale; b, nageoire anale.
Extremite posterieure du squelette axial avec dependances. a,
neurepine; b, hemepine; c, os interepineux; d, neurepine
d'une vertebre de la nageoire caudale; e, hemepine d’une ver¬
tebre de la nageoire caudale.
Dernieres vertebres de la colonne avec leurs dependances. a, an-
tepenultieme corps vertebral; b, premiere fausse neurepine;
c, penultieme corps vertebral; d, rudiment d’apophyse epi-
neuse; e, seconde fausse neurepine; /, troisieme fausse neu¬
repine; h , hemepine de l’antepenultieme vertebre; i, premiere
fausse hemepine; k, seconde fausse hemepine; /, derniere
hemepine; m , base de la derniere hemepine; n, derniere ver¬
tebre; o, rudiment d’apophyse hemale.
Squelette de l’extremite posterieure de la colonne vertebrale.
a, neurepine.
Motella fusca anormale. Grandeur naturelle.
Deux os interepineux dont un supporte la base d’un rayon de la
nageoire; a, os interepineux; b, extremite distale elargie en
entonnoir; c, osselet baso-radiaire ; d, cupule laterale ; e, base
elargie du ravon de la nageoire; f, lamelle pour insertion
musculaire.
Extremite de la colonne vertebrale. a, moitie posterieure de la
trente-neuvieme vertebre; b, neurepine de la trente-huitieme
vertebre; c, apophyse neurale; d, neurepine rabougrie; e,
apophvse hemale;/, portion recourbee de l’apophyse hemale;
g, hemepine; /t, dernier corps vertebral; i, premier corps in¬
terepineux deforme de la nageoire anale; k, extremite distale
de l’os interepineux i; l, second os interepineux deforme; m,
entonnoir terminal de l’os interepineux l; n, troisieme os in¬
terepineux deforme; o, dernier os interepineux de la nageoire
anale; p, vestige de la tige du dernier os interepineux de la
nageoire anale; q, dernier os interepineux de la nageoire dor-
sale.
Squelette de 1’extremite posterieure du corps, a, moitie atro-
phiee d’un rayon de la nageoire dorsale; b, base des rayons
situes a la place de la nageoire caudale; i, premier os intere¬
pineux deforme de la nageoire anale.
.
,
INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE
FONDATION ALBERT I", PRINCE DE MONACO)
Reconnu d’utilite publique par Decret du 16 Mai 1906
EnSEIGNEMENT PoPULAIRE DE L OcEANOGRAPHIE
CONFERENCES de 1906-1907
Ces Conferences auront lieu le samedi, a 9 heures du soir
A LA SOFtlEJOIVIVE] (Amphitheatre Descartes)
(Entree par la porte de la rue de la Sorbonne n° ij)
Samedi 17 Novembre 1906
M. BERGET
l)»i:lenr esAcientes, charge de Conferences ij la Sorbonne
Mouvements de l’atmosphere au-dessus
des Oceans. — Vents aiizes. — Regions
ues calmes equatorial! x.
Ordre des Conferences
Samedi 19 Janvier
M. JOUBIN
Samedi 24 Novembre
M. le D< CHARCOT
Comman Jam de PExpedilion a n (arctique francaisc
-es moeurs desanimaux de l’Antarctique.
Samedi l«r Ddcembre
M. le Dr JOUBIN
I’rofessenr an Museum d'llisloire \alnrclle
l-a Presqu'ile de Quiberon.
Samedi 8 Decembre
E le l)i FOR 1 IP. R, Direclcur-Adjiiiul .dll
Laboratoire de Pliysiologie ii la Sorbonne
1 hysiologic des animaux polaires.
Samedi 15 Decembre
ntcl . :M ■ Gabriki. BERTRAND
S ,“c*l!tlces’ dieegii de Coma a la Faculle des Sciences
Ci composition chimique de la mer
au Pomt de vue industriel.
Samedi 22 Decembre
M • I A B R E - D O M ERG II E
! 'nspectcur general des Pfrl.es Marilimes
cthodes aetuelles de la Pisciculture.
Samedi 5 Janvier 1907
v -M. BERGET
uliziis U^Cr*<nlrs, retour. — Gontre-
•Ilona'en Kccherches du Prince de
• ~~ Moussons.
Samedi 12 Janvier
Prf,; le ^ MAIL LAIRD
j Cl11 '1»le£c a la Faculle dc Me’decine
AllS|tl,ies chimiques de la mer.
' 'ndusirie saliniere.
l.es commencaux et les parasites des
animaux marins.
Samedi 26 Janvier
M. PORTIER
Les ressources alimentaires de la mer
(ire partie).
Samedi 2 Fevrier
M. Gabriel BERTRAND
La composition du milieu marin
au point de vue biologique.
Samedi 9 Fevrier
M. BERGET
Regimes exceptionnels des vents ocea-
niqp.es. — Cyclones et typhons.
Samedi 16 Fevrier
M. JOUBIN
L’industrie ostreicole.
Samedi 23 Fevrier
M. PORTIER
Les ressources alimentaires de la mer
(2C partie).
Samedi 2 Mars
M. MAII.LARD
Les industries chimiques de la mer.
2° L’industrie des varechs.
Samedi 9 Mars
M. BERGET
Particularites des surfaces oceaniques au
point de vue du magnetisme terrestre
et de la pesanteur.
Samedi 16 Mars
M. PORTIER
Les organes des sens
;hez les animaux marins.
‘•CS p >
:'| 1,1 diSDotitS;<)nilc's qui desirent a -s< is ter anx Conferences devront etrc munies de cartes. — Ces cartes sont
' "-L' .\ s ]e Prince de Monaco, io, avenue da
T ’’ — *i, oil Ton peut
_ _ _ Ltvier- et 17, rue
Sorbonne.
1 u disPos ti aS qui d
!;;ci>jii-oS''!! du puw
. adre.SSf.- * ‘ SerrAt
i tv, 10 et au of11 ,'Ic.'au Secretariat scientifique de S. A. S. le Prince de Monaco, d
I , Js°r Par ]fiir,JeCAtariat Proviso ire de l'lnstitut Oc<§anographique, 2, rue T.ogelbadi,
Sorbonn,. C ,9n e,l trouve eijalenient au Museum d’Histoire naturelle, 57, rue Cuv
• il la Sorbonn,.
A V I S
Le Bulletin est en depot chez Friedlander, 11, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separement aux prtx
suivants et franco :
Fr.
88. — Analyse des echantillons d'can de mer recueillis pendant la
Campagne du yacht Princesse-Alicc cn iqob, (latri espe-
ranta traduko), par G.-H. Ai.i.emandet . . . 0 ,
89. — Notes sur.les gisements de Mollusques comestibles ties Cotes
de France. — La region d'Aurav (Morbihan) avec t carte,
par. L. Joubin, professeur au Museum d'Histoire naturclle
de Paris et a l’lnstitut Oceanographique . 2
90. — Description de l’extremue posterieure du corps anormale
chez deux Motella fusca Ftisso, par le D' M. Jaqoet,
Conservateur au Music Oceanograpluque (avec utie plan-
che double) . . . . 1
MONACO. — IMPR. DE MONACO.
91
10 5'e'vrier 1907.
BULLETIN
DE
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
- - <8* - : - -
ANALYSE
DE QUELQUES ECHANTILLONS DE PELAG05ITE
RECUEILLIS DANS LE PORT DE MONACO
(KUN ESPERANTA TRADUKO)
Par G.-H. Allsrciandet
MONACO
AVI S
I.es auteurs sont'pries de se conformer aux indications suivantes :
i Appliquet les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
;'.C *->onner °u notes au bas des pages ou dans un index les indications
btbhographiques.
4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
Uessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou
a 1 encre de Chine.
ti° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux niais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7° I aire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
S« Kemplacer autant que possible les planches par des figures dans le
textc en donna’nt les dessins faits d’un tiers ou d’un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
% *
C>-s auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le
manuscrit suivant le tarif suivant :
Un quart de feuille
Une dcmi-feuille. . .
Une feuille entiere.
50 ex.
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
5^20
6f 80
8f 40
10 <40
I^f 80
4 7«
6 70
8 80
I I »
l3 40
2 2 80
8 10
9 80
i3 80
16 20
19 40
35 So
II faut ajouter a ces prix celui des planches quand il y a lieu.
A dresser tout ce qui concerne le Bulletin d I’adresse suivante :
Musde oc^anographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° gi. — 10 Fevrier 1907.
Analyse de quelques echantillons
de Pelagosite recueillis dans le
port de Monaco.
(KIN ELS PE R AN J A .TRADUKO)
' Par G.-H. ALLEMANDET.
La Piii.AGosrni est un depot gris noiratre, brill ant, tres dur et
trcs compact, qui sc forme irregulierement et par grappes sur
Ls roches dolomitiques de certaines cotes, et particulierement
de celles de la Mediterranee. C’est ainsi que cette matiere a deja
ete signalee en 1877-78 au Cap Ferrat, pres de Nice et analysee
P^' M. S. Cloez.
Llle est egalement abondante sur les rochers du port de
Monaco, du Cap Martin, et du Cap Roux. Elle se de'pose a
quelques metres au-dessus du niveau de la mer, aux endroits
°u les vagues ne peuvent pas atteindre, mais que les embruns
Uennent mouiller pendant les mauvais temps.
La figure suivante montre un morceau de dolomie recou-
ert concretions de pelagosite.
Monsieur le Dr Richard, qui m’avait fait remarquer l’abon-
ance et 1 originalite de ces depots aux environs de Monaco, m a
^ 611 re^re Panalyse et de publier mes resultats dans le
Mletin de l’lnstitut Oceanographique.
ai d abord remarque qu'en attaquant la substance pulve-
^ pat les acides etendus, il restait comme residu, en dehors
des insolubles mindraux qui sc d^posaient rapidetnent au fond,
line matiere noire, tloconneusc. tres lcgerc. avant toutes les res-
remblances avec les albuminoi'des coagulds; et si ensuite on
maintenait la solution acide pendant quelque temps it la tempe¬
rature de 1’ebullition, il ne restait plus de matiere organique
dans la liqueur filtrde. En ellet. en evapm ant a sec et en chauf-
lant sur une lame de platine quelques gouttes du liquide filtre,
je n’ai pas constate le charbonnement caracteristique des tna-
tieres organiques.
11 est done a supposer que cette matiere organique est forme'e
par les albuminoi'des qui composent l’ecume de la mer, et que
Echantillon de Pelagosite du port de Monaco.
les embruns soulevent pour les deposer sur la pe'lagosite en fQl
mation. Elle sert done de ciment au calcaire qui forme la Pie:'
que totality de cette substance.
La marche gene'rale que j’ai suivie pour nion analyse est
suivante :
La pelagosite, detachee du rocher au moyen d’un burin et
pulverisee finement au mortier d’Abich, est enfermee dans un
flacon bouche a l’emeri.
Sur une portion, on dose l’humidite par perte de pioids.
Line autre portion, de iogr. environ, est traitee par HC1
etendu, avec precaution, it cause de la mousse abondante qul
forme a la surface du liquide. On maintient ensuite pendan1
— 3 —
quelque temps a la temperature du bain-marie pour coaguler
toutes les matieres organiques et l’on filtre a travers un filtre
tare. On lave Ie residu sur le filtre, et 1’on seche a l’etuve a ioo°.
On refait la tare du filtre : l’augmentation de poids est consti-
tuee par les insolubles mine'raux et la matiere organique. En
calcinant ensuite le tout au moufle dans une capsule de platine
taree, la matiere organique est eliminee, et il reste les insolubles
mineraux; on a done, par difference, la matiere organique.
Le filtratum est arnene a un volume connu, 5ooc/c par exem-
ple. Sur iooc/c, on precipite les sulfates a 1’ebullition par Ba CL.
Le precipite de Ba S04 est lave, calcine, puis purifie par desa-
gre'gation et repre'eipitation, car il entraine souvent avec lui des
substances etrangeres.
Sur une autre portion, que Ton peroxyde a l’ebullition par
quelques gouttes de HNOs, on precipite Fe203 par NH4OH.
Le filtratum est arnene a un volume connu, et, sur une portion,
on precipite CaO par Am2C204. Le pre'eipite, apres 12 heures
1 epos, est recueilli sur un filtre et lave completement a l’eau
distillee; puis, on creve le filtre avec la pointe d’un agitateur,
ct 1 on fait passer le precipite dans un ballon jauge. Le filtre est
plusieurs fois humecte avec HC1 e'tendu, puis lave' longtemps a
eau distillee, Le pre'eipite est dissous dans le ballon jauge par
quantity d’HCl juste ndeessaire. On affleure au trait de jauge,
kj on tltle 1 acide oxalique par une liqueur de KMn 04 convena-
e- Le procedd de dosage de CaO est tres commode quand on
^eut Pas chauffer le precipite de CaC204 assez fort pour le
transformer en CaO.
h)ans le filtratum, on precipite MgO a l’etat de phosphate
nioniaco-magnesien et Ton pese a l’e'tat de Mg2P207.
■a j, U1 un autre dchantillon de matiere premiere que Ton dpuise
'au bouillante, on dose NaCl par titrage avec une liqueur
c°ttvenabledeAgN03.
azote organique est ensuite dose par 1’attaque Kjeldahl
arr£tngee de cette facon :
la
On
introduit 5gr. de substance avec 2oc/c du melange
H2S04 fumant pour Kjeldahl 5oo %
O5 100 gr.
(9ri
— 4 —
dans un ballon dc 3ooc/c. On chaufle sous une hotte bien aeree,
pendant un temps variant de | a 8 heures, a une temperature
voisine de l'^bullition. Quand le liquide passe au brun clair, on
retire du feu, et on laissetomber dans le ballon un peu de poudre
de KMn O4, en agitant constamment. II se produit une reaction
violente, avec un abondant ddgagement de vapeurs verdatres.
Le liquide se decolore, devient bleu, puis blanc, puis reste
souvent bleu. La reaction est alors terminde, et on laisse re-
froidir.
Ce precede d’attaque donne les memes resultats quel attaque
simple par H2S04 -+- P2 Os et que l'attaque cn pr
esence de
HgO jaune. II a sur la premiere 1'avantage d’etre plus tapide,
et souvent plus compiet, et sur la seconde, celui de ne pas neces
siter l’emploi ulterieurde K2 S qui est ddsagreable.
Le liquide acide est ensuite verse dans un ballon de i5oo /o,
etendu d’eau, puis alcalinisd doucement avec une lessive con
centrde de KOH, en ayant soin d’eviter toute elevation de tent
perature. On distille ensuite pendant 1 h. 1/2 dans 1 appaiet
Schloesing, en recueillant les produitsde la distillation dans 2 c
d’une liqueur de H2S04-^-, rougis par une goutted hdlianthinei
too 7
et Ton s’arrange pour eviter a cet acide le contact prolonge
, traces de
l’atmosphere du laboratoire qui contient toujours cies uc
NH3. Apres la distillation, on titre l'exces d’acide avec ui
liqueur equivalente de Ra (0H)2.
Dans une experience a blanc, faite sur 0°, 5 de sucie,
determine prealablement la quantite de NH:t contenue dans^^^
differents reactifs employes, et on retranche chaque fois CL
quantite du nombre trouve.
Cette methode, que j’ai employee pour l’analyse de 11
breux echantillons de fonds rnarins rapportes des campagnes
S. A. S. le Prince de Monaco, m’a toujours fourni des iesU
constants, et m’a paru d’une execution tres facile.
J’ai enfin dose' l’acide carbonique par perte de poids sur 0
de la substance dans l’appareil de Schrcedter,
Void les resultats de l’analyse :
Humidite .
Insolubles (Si 02 H- argile ferrugineuse) . o.5‘2
Matieres organiques coagulables par la chaleur et les acides o.q3
Carbonate de chaux . 87.16
Sulfate de chaux . I-0^
Carbonate de magnesie . 5,17
Peroxyde de fer . o.75
Chlorure de sodium . 0.26
Total... 100.07
I ai trouve en outre :
Azote total (dose a l’etat de NH3) : 3oo milligr. par kilogr.
Acide carbonique . 41.24 °/°.
Les re'sultats de cette analyse sont tres voisins de ceux de
Cloezmavec cette difference cependant que les echantillons
examines par lui contenaient beaucoup moins de magnesie que
ceux que j’ai recueillis.
La composition de ce depot peut donner quelques indications
j'u P°mt de vue de son mode de formation, et sernble confirmer
es idees qui ont etd emises a ce sujet, a savoir que la pelagosite
est le lesidu de 1’evaporation des gouttes d’eau de mer que les
etnbiuns deposent sur les rochers, et que les pluies lavent ensuite
n dissolvant toutes les parties solubles. La matiere organique
^fi.t eiuient a ces concretions calcaires, auxquelles viennent
fioutei irregulierement quelques poussieres siliceuses amendes
Par les vents.
1 A rote : Analyse cle S. Cloez : Carbonate de chaux... 91.80
Carbonate de Magnesie o.go
Oxyde de fer . 0.25
Chlorure de sodium . . . 0.49
Silice..., . 1.22
Matiere organique . 0.71
Eau . 4-56
99-93
(9i)
BIBLIOGRAPHIE
1877-78. S. Ci.oez. — Note sur une maliere minerale d’apparence vitreuse
qui se depose sur les rocliers du littoral de la Mediterranee.
(Bulletin de la Soeiete Geologique de France, 3e serie, v£-74-)
1890. J. Thoulet. — Oceanographie statique, p. 271.
1900. de Lapparent. — Traite de Geologie, p. 337.
Pri la analizo de kelkaj specimenoj
de Pelagosito kolektitaj en la
haveno de Monako.
La Pelagosito estas demetajo nigre grisa, brila, tre malmola
baj tre kompakta, kiu formigas malregule kaj grajnare sur la
stonegoj dolomiaj dc iaj marbordoj, kaj spieciale de tiuj de la
Mezamaro. Tiel tiu materio estas jam signalita en i877a-78a ce
la promontoro Ferrat, proksime al Nice, kaj analizita de S° S.
Cloez.
A
Li estas ankau suficega sur la stonegoj de la haveno de Mo-
nako, de la promontoro Martin, kaj de la promontoro Roux. (ii
denretigas je kelkaj metroj super la marnivelo, ce la lokoj kien
'a Ondoj ne povas trafi, sed kiujn la sprucajoj akvumadas dum
L nralbonaj veteroj.
La antaua gravurajo montras pecon da dolomio kovritan per
pel agosita j grajnoj pli aii malpli kunigitaj.
_ Sinjoro D° Richard, kiu rimarkigis al mi la suficegecon
uli la strangecon de tiuj demetajoj en la cirkauajoj de Monako,
CStas m^n petinta refari ties la analizon, kaj publikigi miajn re-
ZL|ltatojn en la Bulletin de Plnstitut Oceanographique.
Mi unue rimarkis ke, atakante la pulvorigitan stofon per la
‘dkoncentritaj acidoj, restis restaje, kroni la nesolveblafoj mi-
‘ldlal ^*u) dcmetigis rapide sur la fundon, materio nigra, floka,
niJlpeza, havanta ciujn la similajojn kun la albuminojdoj
|. ’ ka) se poste oni konservis la solvajon aeidan dum
’a tempo ce la bolpunkto, nenia restis plu organikajo en la
hltrita Hkvoro.
Efektive, elvaporigante gis la seko, kaj hejtante sur platena
lameno iajn gutojn da la liltrita likvajo, mi nc konstatis la kar-
bigon kiu karakterizas la organikajojn.
Estas do konjektote ke la organikajo estas formita per la al-
buminojdoj cl kiuj konsistas la marlaftmo, kaj kiujn la sprucajoj
sublevas por ili n demcti sur la pelagositon ekformigantan. Gi
servas do je cemento al la kalkajo kiu formas tiun preskau tutan
stofon.
La generala irado kiun mi uzadis por mia analizo estas la
sekvanta :
La pelagosito, elprenita el la stono per gravurilo, kaj delikate
pulvorigita en la Abich’a pistujo, estas enfermata en boteleto
hermete stopita.
En peco, oni dozas la malsekecon per la pezoperdo.
Alia peco, je io gramoj cirkaue, estas traktata per H Cl tie
malkoncentrita, antauzorge, pro la suficega saumo kiu fornriga*
ce la suprajo de la likvajo. Oni konservas poste kelkan tetnpon
ce la temperaturo de la bolakvobano por koagligi ciujn la oiga-
nikajojn, kaj oni filtras tra pesita filtrilo. Oni lavas la restajon
en la filtrilo kaj oni sekigas en la stuvejo ce ioo°. Oni repesas la
filtrilon; la pezopliigo estas farita de la mineralaj nesolveblajo)
kaj la organikajo. Cindrigante poste la cion en platena kapsul°'
la organikajo estas eliminata, kaj restas la mineralaj nesolvebla
joj ; oni havas do, per la diferenco, la organikajon.
La filtritajo estas malkoncentrata gis konita volumeno, boo cm
ekzemple. En ioocm3, oni precipitas la sulfatojn ce la bol tenr
peraturo per Ba Cl2. La precipitita Ba S04 estas lavata, cendi1
gata, poste purigata per malkunigado kaj reprecipitado, cat g
fortiias ofte kun si fremdajn stofojn.
En alia parto, kiun oni suroksidas, gin boligante kun 1 I
gutoj da HNO3, oni precipitas Fe2 O3 per NH4OH. La b
ttajo estas malkoncentrata gis konita volumeno, kaj, en Part
oni precipitas Ca O per Am, C2 04.
La piecipitito, post 12 horoj je ripozo, estas kolektata s ^
filtiilokaj plene lavata per la distilita akvo; poste, oni kteV1L^
la filtiilon per la pinto de svingilo, kaj oni pasigas la precipint0^
en botelon volumene konitan. La filtrilo estas iajn f°J01
- 9 —
malsekigata per H Cl malkoncentrita, poste longatempe lavata
per distilita akvo. La precipitito estas solvata en la botelo volu-
raene konita per la kvanto da H Cl guste necesa; oni plenigas
la volumenon, kaj oni titras la oksalacidon per likvoro konvena
de KMn 04. Tiu metodo de dozado de CaO estas tre oportuna
kiam oni ne povas hejtigi la precipititon sufice forte por gin ali-
formigi en Ca O.
En la filtrajo, oni precipitas Mg O en la stato de amoniak-
raagnesiofosfato, kaj oni pesas gin en la stato de Mg2P207.
En alia specimeno de la krudajo, kiun oni ellavas per la bo-
lantakvo, oni dozas NaCl titrante gin per likvoro konvena de
AgN03.
La organika azoto estas poste dozata per la atako Kjeldahl’a
ordigata tiucimaniere :
Oni enkondukas 5 gramojn da la stofo kun 20 cm-1 da la mik-
sajo :
H2S04 fumiganta, por Kjeldahl... 5oocm3
P205 . ioogr0’
en boteleto je 3oocm3. Oni hejtas en bone ventumata loko, dum
tempo de 4 gis 8 horoj, ce temperaturo najbara je la bolo.
ICam la likvajo pasigas al la pala bruno, oni elprenas gin el la
fa)105 kaj oni faligas en la boteleto iom da polvoro de KMn 04,
konstante svingante. Okazas perforta reacio, kun suficega libe-
"g° de dubeverdaj vaporoj. La likvajo ekmalkolorigas, igas blua,
poste blanka, poste restas ofte blua. La reacio estas tiam finita,
kai oni Lsas malvarmigi.
I iu atakmetodo donas la sarnajn rezultatojn kiel la simpla
atako Per H2S04 + P2 O5, kaj kiel l’atako en la ceesto de Hg O
tL'a. Gi estas pli oportuna ol la unua, kial pli rapida kaj ofte
Pk pleniganta, kaj ol la dua, kial gi ne necesigas la postan uza-
c °n de K2 S kiu estas malagrabla.
ka acida likvajo estas poste versata en botelon je i5oocm-%
Pei akvo ntalkoncentrata, poste alkalinigata malrapide per lesivo
ncentrita de KOH, zorgante eviti cian temperaturpliigon. Oni
lstilas poste dum iH° 1/2 en la Schloesing’a aparato, kolektante
^Produktajojn de la distilado en 25 cm3 da likvoro de H2 S04
loo’ 1 u§rgitaj per unu guto da heliantino, kaj oni zorgas eviti al
(91)
10
tiu-ci acido la dniirantan kontaktnn kun la atraosfero de la labo-
rcjo, km enhavas ciam iajn kvantetojn da NH3. Po$t la distilado,
oni titras la Jrokvanton da acido per likvoro samvalora de
Ba ()H
En eksperimento prepara, farita pri 0°’5 da sukerp, oni
eteripinis la kyanfon da Ml; enhayitan en la ciuj analiziloj
uzaditaj, kaj oni subtrahas diufoje tiun-ci kvanton de la trovita
nombro.
Tiu metodo. kiun mi uzadis por la analizo de multaj speci-
menoj de marfundoj reportitaj el la krpzado; de S. M° la Princo
de Monako, ciam donis al mi rezultatojn konstantajn, kaj sajnis
al mi tre facile plenumebla.
Mi line dozadis la karbonikacidon per la pezoperdo pri 1 gr°
da la stofo en la Schrodter’a aparato.
Jen estas la rezultatoj de la analizo :
Malsekeco . ^74
Nesolveblajoj (Si 02 + fera argilo) . . o.52
Oiganikajoj koagleblaj per la varmo kaj la acidoj 0.43
Kalcikarbonato . 87.16
Kalcisulfato . 1.04
Magnesikarbonato . 5.17
Fersuroksido . 0.75
Natriklorido . _ 0.26
Tuto. . . loo-Ql
Mi trovis plie :
Azoto tuta (dozita en la stato de NH3) 3oo miligramoj kilograffle
Anhidrulo karbonika . 41.21 %
La icziilmtoj de tiu-ci analizo estas tre proksimaj je tiuj J£
°cz (1), malsamaj tamen kial la specimenoj eksamenitaj de H
envahis multe malpli da Magnesio ol tiuj kiujn mi kolektis.
1) Noto : Analizo de S. Cloez : Kalcikarbonato...
Magnesikarbonato
Feroksido .
• Siliko .
Natriklorido .
Organikajo .
Akvo .
91.80
‘0.90
0.25
1.22
0-49
0.71
4.56
La kunmeteco de tiu demetajo povas doni kelkajn montrojn
pri gia formigadomodo, kaj sajnas certigi la ideojn kiuj estas pri
tio eldonitaj, norae : ke la pelagosito estas la restajo de la vapo-
rigado de la gutoj de marakvo kiujn la sprucajoj demetas sur
la stonegoj, kaj kiujn la pluvoj lavas poste, solvante ciujn la
solveblajn partojn. La organikajo utilas kiel ceraento por tiuj
kalcaj grajnoj pli au malpli kunigitaj, al kiuj venas aldonigi
malregule kelkaj polvoretoj silikaj alkondukitaj de la ventoj.
*^.3^ 14 SSXJS*^V
INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE
(FONDATION ALBERT I", PRINCE DE MONACO)
Reconnu d’utilitd publique par Ddcret du 16 Mai 1906
V*\-'
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DE L’OCEANOGRAPHIE
ANNEE SCOLAIRE 1906-1907
ProMsoircinenl les Coin's auront lieu a la SOBBOME, dans rAinphitiieatre de Geologic
((r u kkte Gerson, Entree : Place de la Sorbonne) i
LES GOURS SO 1ST T PUBLICS
Ils s'ouvriront le Lundi 5 Novembre
OCEANOGRAPHIE PHYSIQUE
Professeur : M. RERGET
PI,.,, , _ Docteur is-Sciences
ge de Conferences a la I'acultfi des Sciences
Le eours commencera le Jeudi 8 Novem-
' e a 5 beures du soir, et se continuera
chaque Jeudi A la meme heure.
tnvlcn' de fOcimograpk&e
Bathvn \ ■ C a d’stn^"tio^ des men,- de la
- ** » Mm «*-
V n et mcawques de la mer.
OCEANOGRAPHIE BIOLOGIQUE
Professeur : M. L. JOUBIN
Docteur es-Sciences
Professeur au Musdnm d'Histoire naturelle
Le Cours commencera le Lundi 5 Novem¬
bre A 5 beures du soir, et se continuera
chaque Lundi A la meme heure.
DES DEMONSTRATIONS PRATIQUES AURONT LIEU
AU MUSEUM D’HISTOIRE NATURELLE
Le Professeur traitera de VEtude des
Milieux metritis et de 1'injhience de leur
variation sur la distribution des animaux.
PHYSIOLOGIE COMPAREE DES ETRES AQUATIQUES
Professeur : M. le Dr PORTIER
kg q ["lecieur Adjoint du I.aboratoire de Physiologie de la Sorbonne
commencera le Vendredi 9 Novembre a 5 heures du soir, et se continuera
chaque Vendredi A la m£me heure.
°f< sseur traitera des Phenomcnes de la nutrition chef les animaux marins.
Pour S. A. S. le Prince de Monaco,
Preiident do Conieil d'administralion de 1'lnsiiliil Oceanogaphiqiie,
CASIMIR-PERIER
Dr P. REGNARD, Vice-Presidents.
•es Samedis
^ ,,
■°NEi;RENCES SUR DES SUJETS D‘ OCEANOGRAPHIE
S solrs- a 9 heures, auront lieu a l’AMPHITHEATRE DESCARTES
(Entree : 17, rue de la Sorbonne) ■
CONSULTER L’AFFICHE SPECIALE
dt j ] ’'c^entifiqUe ' Ces Lonferences, des cartes d’entrde seront exigdes. Elies sont distribuees au Secrd-
dr, nstitut 0c6ano,, V Prince de Monaco, to, avenue du Trocaddro, au Secretariat provisoire
Cartes au MUSeuSraf,1'i?ue’ 2’ rue I.ogelbach, oil l'on peut s’adresser par lettre. On trouvera egalement
L m d Histoire naturelle, 57, rue Cuvier,' et a la Sorbonne, 17, rue de la Sorbonne.
AV IS
Le Bulletin est en depot chez Friedlander, ti, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separ^ment aux prix
suivants et franco :
"campa^ne^du^arh?11^ ^ eau de mer recueiJlis pendant la
ranWadutea^ G ’ C" '90'3' <kun CS^' ,
8a — NntP ’ p3r Lt,“h* Allemandet . o 5o
de FrancV ^etIT‘en.l:s.^e Mollusques comestibles des Cdtes
par. L. Joubin mir®IOn 1 All ray (Morbihan) avec i carte,
de Paris et a ?U Mus=urn d’Histoire naturclle
90. - Description ^ !^ S2Cea,^raphi<3Ue . 2 5°
chez deux P°*terieure du corps anormale
Conservateufau Mns^'na-Risso’ Par Ic l) M-
che double) * usei" Gceanographique (avec unc plan-
dans le doi-|C1?^IC|u ^c^ant>jlons de Pelagosite recueillis
G.-H. ALLEl^E“°aa“; ^un esperanta traduko), par ^ ^
MONACO. - IMpR_
DE MONACO
N° 92
15 Fevrier 1907.
- -
BULLETIN
DE
LiVSTITIT OCiAiOfiMPHIOUE
(Fondation ALBERT Ier, Prince de Monaco)
--8--
CONFERENCE DU ler DECEMBRE I906
La Presqu’ He de Quiber on
(avkc quatre planches)
par L. Joubin
Professeur au Museum d’Histoire naturelle de Paris
et a Elnstitut Oc^anograpliique'
/s$r
MONACO
5
k
m
NL:
24
■A.V I S
* •lu,rllr' nt pi ic .1 indications suivantes :
par les Congres
internationaux.
2° Supprimer nutant quc possible !< .1 cvintions.
1 1 au has des pages ou Jans un index les indies';1-'
bibliographiques.
4° Kcrirc en italiques tout nom scientiti jue latin.
.'u Detainer sur papier ou bristol bi n au crayon Wolf (H* ?■) 011
a l’encre de Chine. i
Ne pas mettre la lettre sur les dessin ot iginaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7° Klire les ombres au trait sut dinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
s° Kemplaccr autant que possible les , nch s par Jes figures dans b
texte en donnant les dessihs fuits d’un tiers ou d'un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
*
* *
Les auteurs refoiyent 5o exemplaires de leur memoirc. Us Pe“ve ’ je
‘lutre. en taire tirer uu nombre qtieleonque — la ire la deman es
manuscrit — suivant le tarif suivant :
1 50 ex.
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex-
Un quart de feuille
Une demi-feuille
Une feuille entiere
7
■ ■ 4f »
5f 20
6 70
9 80 |
6f 80
8 80
1 3 80
8f40
1 1 »
16 20
I0f4°
1 3 40
19 40
jyf 80
22 80
35 80
11 faut ajouter a ces
prix celui
des planches quand il y a *‘eu'
A dresser tout ce qui concerne le Bulletin a I’adresse suiv<*nt
Mus6e oc^anographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° 92. — 1 5 Fevrier 1907.
Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT Ier, Prince de Monaco)
Conference du ler decern bre 1906
La Presqu’ile de Quibcron
par L . JOUBIN
Professeur au Museum d’Histoire naturelle de Paris
et a l’Institut Oceanographique.
Mesdames, Messieurs,
Mon confrere le Dr J . Charcot vous a eminent? samedi
deinier faire un voyage — - et nous pouvons dire que ce fut un
'°}age d’agrchnent - — dans l’Antarctique ; il vous en a montie
les habitants emplume's aux gestes si amusants. Vous avez pu
J’0lr que leur pays, s’il est grandiose, est fort lugubre et qu’il
aut Un courage exceptionnel pour allery passer 23 ntois.
Aujourd’hui nous allons faire ensemble un petit voyage de
i,cances, une simple excursion, a quelques heures de 1 aiis,
SUl nos cotes de Bretagne. Les habitants en sont beaucoup
lll0‘ns a>iiusants que ceux de l’Antarctique, et leur pays, dans
Ln autre
genre, est aussi
fort sauvage et manque passablement
de gaitl. J'esp&re cependant que cette conference ne seressen-
tira pas trop tie la monotonie "rise du vieux pays brumeux
d’Armor.
Dans nos conferences de I'annlc dernifere je vous aiparlede
la repartition des animaux marins sur le littoral francais; je
vous ai montre comment les animaux se localisent suivant la
nature du sol, la profondeur de la mer, la hauteur desmarees,
la vitesse des courants, etc...
J’ai traite ces questions d’une rhanifere generaleetj’aicheiche
4 vous donner une idee d’ensemble des lois qui reglent la dis¬
tribution des etres vivants sur les cotes de France.
Je vais aujourd'hui, par un exemple concret, vous montier
comment on peut fairc l’application de ces lois gdne'rales au
cas particulier d’une localite determinee. Vous pourrez juSer
ainsi, sur un point precis, de 1'importance et de la nettetd que
prennent les caracteres d’une region soumise a 1 influence
la mer.
Ce mode de proceder a encore un autre interet. 1 ^
montrer la variete des observations oedanographiques que
peut faire sur un espace restreint. Bien entendu je me co
terai de vous indiquer les faits principaux et je n entreriu^^
dans les details faunistiques qui seraient trop longs et
dieux. Conner)
Vous verrez, par les indications que je vais vous
qu’il est intdressant, lorsque 1’on va passer quelque teinp^
bord de la mer, de rechercher la raison d’etre des phenon ^
biologiques que Ton constate autour de soi. Je suis
parmi les personnes qui me font 1’honneur de m ecout > ^
en a beaucoup qui s’efforceront pendant leur prochain sej,^utreS
bord de la mer de verifier ce que je vais vous dire, ^
retrouveront certainement dans leurs souvenirs des
de Quiber°n
logues qu’elles pourront classer facilement.
Je vais vous parler ce soir de la presqu ile
on dit Quiberon dans le pays. —
J’ai passe' une grande partie de mes vacances ^
carte de cette importante region ostreicole du Mot 1 c ’
a dresser
r la
ai
— 3 —
fait, a votre intention, un bon nombre de cliches dont vous
allezvoir les plus interessants sous forme de projections.
La presqu’ile de Quiberon est en realite une lie ; je vais
essayer de vous expliquer comment elle est devenue une pres¬
qu’ile.
On sait que quand un ilot, un rocher, une simple pierre, se
trouve dans une eau peu profonde, au voisinage d’une cote, la
mer depose le sable qu’elle transporte derriere cet ilot qui finit
paretre relie a la terre par une bande de terrain sablonneux.
Supposez un rocher
battu par la mer au sud ;
une vague vient s’y bri-
ser, elle est arretde dans
son elan, mais ses deux
ondes latdrales contour-
nent l’obstacle; apres
‘'voir parcouru chacune
9°° elles viennent se ren-
e'ontier au not'd dans la
z°ne cal me situde der-
n&re le rocher. C’est la
que se ddpose le sable,
ou les galets qu’elle en-
ti ninait dans sa course
ClUe Pcu a Peu se forme une sorte de tertre allongd, un pont
ntlp 'a terre et le rocher (Fig. i).
‘"sons maintenant [’application de ce principe. Si nous
^ n.\lnoris Un dot parallele a la cote nous allons voir se former
|,llJ 1 e 1 L,1 deux greves en arc de cercle qui partent du bout
e 1 L P°ur aller rejoindre la cote; elles enclosent un vaste
^a<^S c^lena^ Peu profond , actuelletnent marais sau-
Fig. i. — La cote est figuree en noir; Pilot
se trouve en dessous. Les vagues arrivent
horizontalement, se heurtent contre 1 ilot,
le contournent etdeposent le sable en une
digue figuree en pointille entre Pilot et la
cote.
C’
°ccid CSt Ct ^U1 SC Passe au Croisic (Fig. 2) qui est bati a la pointe
ntale d une ancienne ile, dont le bourg de Batz occupe
le
milieu
c°mpris
ot le Pouliguen l’extremite orientale. Le territoire
cntte l’ancienne ile et l’ancienne cote est occupe par
(92)
— 4 —
de vastes marais salants at ne communique plus avec. la mer
que pai deux tftroites coupures de la grfeve qui servent de ports
;m Croisic et au Pouliguen; de chaque cote; sc trouvent les
deux belles graves courbdes en arc de la Turballe et du Pou¬
liguen.
Si. au contraire, Pilot tourne sa pointe vers la terre le
marais 6st bien plus dtroit, les deux grfeves arqudes se touchent
a la pointe dc Pile et divergent vers l’ancienne cote, limitant
tin marais triangulaire.
C’est ce qui a lieu pour la presqu’ile de Quiberon (Fig. 3).
L’espace compris entre les deux graves est appuyd a la pointe de
Fig. 2. — Cette ligure represente la cote ancienne
. V 1 . .... . .... 1 !#.
et File pari
allele formant
le rivage actuel ; a gauche de File est situe le Croisic, alFc®,” ]a mer Pa(
. n J . . .. , « • . cpnare uc ^
de Batz, a droite le
deux greves en de
marais salants.
le hour?
par
des
le Pouliguen. l.’ancien chenal, separe a
lemi-cercle est, en grande partie, P
la presqu’ile, il est occupe par des dunes, des matecag^
pres desse'chds pendant la saison seche, oil Ion volt
rages et quelques bois de sapin. toucheIlt
Au contact de Pile de Quiberon les deux gretes p3S-
et forment un isthme etroit par dessus lequel les :uSte
sent les jours de tempete; il n’y a dans cet espace ^ pgj
la place de la route et du chemin de fer. Ce point est . ^
une forteresse tres pittoresque, le lort Penthievte, q
le sornmet du triangle dont Pancienne falaise cotiei a
base; el 1 e est actuellement dans les terres.
forme
la
Ploernel
■■
Les Pierres
Moires
Banc de
Krac'h
■+ies Butssons\de
Grand Mont
Carle d ' Ensemble
Region Occidentale du
MORBIHAN
1906
P H E S Q U * I
D E 0 u I B ERON
Cu
\ \b'aie de qu/beron
*' La Teiqnouse
Passage c/o .(? Tc/^nouso
~~~ 7- ° ' ~\ J
Chaus see 'du* ^ \ So
' s c _
Bcni^uet ^ j
Bafic de TaiJlefer
deTai liefer
\+ +.
Chaussee de
*. \
des Foulain
b Jo
20
,/C *'
Qd HOUAT f
'' ' ^ *ADE
+ 'd^-HAEDIK
— -<*+
r lie aux Chevaux'. rj’ -i-^
SJ lHAEDIC^#r^jT;
"'+ *■• *
Echelle de I 245 ooo w*
(92)
La presqu’ile descend du Nord au Slid, presque verticale-
ment, sur i5 kilometres environ de long et 3 au maximum de
large. Elle se continue en mer, au-delk de sa pointe par deux
petites lies. Houat et Hoedic, qui en ont certainement jadis
fait partie.
La cote occi-
dentale, tournee
vers la haute
mer, est exposee
aux grandes va-
guesetaux vents
violents de 1 0-
cean auxquels
elle fait front
dans toute sa
longueur. Au
contraire la cote
orientale, prote¬
gee par la Pres'
qu’ile elle me-
nie, est baignee
par les eauxcal-
mes de la bate
de Quiberon.
Quel est le
resultat de cette
difference d’ex-
nosition.
LacoteOuest
de file est os*.
demolie peU J
abrUpts,
peuparles dnormes vagues du large; ses rochers sont ^
tres pittoresques. Au contraire la cote Est est en Pentc’^ jeS
les falaises y sont basses, peu accidentees, et 1 on y niarins
formations sedimentaires, des plantes et des anitnaux
dont aucune trace n’existe de l’autre cote. . nn
/ A) ‘
Un schdrna vous expliquera ce qui s’est passe ( &
Fig. 3. — L’ile de Quiberon reliee a la falaise an-
cienne par une digue basse triangulaire, a greves
courbes et renfermant un bas fond marecageux.
peut penser qu’a l’etat primitif les deux versants de File partant
dune arete mediane e'taient egaux; mais la mer ayant forte-
ment ronge la cote Ouest, la crete n’est plus au milieu de la
presqu’ile et le versant du meme cote a beaucoup diminue.
Des rochers isoles, se'pares de la falaise, se trouvent }:out le
long de la cote Ouest; ce sont les restes de l'ancienne cote.
On peut prdvoir que dans un avenir plus ou moins lointain
la presqu’ile disparaitra completement, par suite de cette inces-
sante demolition se produisant a l’Ouest.
Vous pouvez prevoir, des maintenant, que cette disposition
determine sur la presqu’ile deux faunes bien diffe'rentes d’ani-
maux marins. L’une vit sur la cote battue; elle se compose
exclusivement d’etres capables de resister au choc des vagues,
leurs especes sont peu nombreuses; l’autre est constitute par
I ig. 4. — Schema representant a gauche la presqu’ile de Quiberon en coupe
transversale dans son etat primitif; a droite, dans son etat actuel.
lln faen plus grand nornbre d’especes d’animaux qui ne peuvent
'iyie que dans les eaux calmes.
II en est tout a fait de meme de la flore de la presqu’ile qui
cst tres renlarquable. Elle presente a un tres haut degre l’adap-
tatlon des plantes au milieu soumis aux grands vents marins
u aux embruns de la mer. Les plantes de haute taille ont
1 >utes disparu ; il n’y a d’arbres que ceux qui ont trouvd un
ln jurdin derriere quelque mur pour s’abriter; ce sont
jUrtout des Tamaris et des figuiers. Les arbrisseaux, comme
Ati iplex au feuillage gris, se trouvent du cote calme. Sur la
^ falaise quelques bruyeres tres basses, des ajoncs nains,
dc 1 ^UeS niousses5 peuvent seuls vivre; et meme, pres du bord
l ^lautc falaise, qui a dans bien des points plus de 3o metres
Va Ut' on ne trouve presque aucune plante, tant l’embrun des
's les at rose. Quelques fenouils, Fceniculum officinale All., s’y
(92)
8 —
risquent, m cachani entre les fissures des rochers; ils sonjt
devcnus vlritablcmcnt nains.
Sui It t Est no >ns les m£mes plantes, mais
avcc leurs dimensions normates, m£ldes it beaucoup d’autres
espices pa rticu litres au clim.it marin. Dans les dunes on trouve
une sdrie de plantes dont je vous parlerai a propos des grfeves.
Les habitants de la pi esqu’ile ont, eux aussi, fui la coteocci-
dentale ; ils ont placd leurs villages et leurs champs suf le ver-
sant abritd. Ce n’est
done pas sans raison
qu’ils ont nomine Is
cote occidental « I®
Mer sauvage ».
Nous allons main-
tenant dtudier la re
partition desanimaux
sur ces cotes si diffe
rentes.
Examinons
tout
Pig. 5. — Lygia oceanic a, grossie deux fois.
d’abordeequise passe
sur les rochers, et
commenconspar ceu.
dc la Mer sauvage.
Si nous jetons es
yeux sur la haute a
laise du versant occi¬
dental, nous verrons
qu’elle est prcs^
partout it peu pres verticale, si bien qu’il est fort difficile? ^
vent memo impossible, de descendre le long de sa ?aI 01^ssures
falaise est coupe'e par un grand nornbre de grandes c. ^
verticales toutes paralleles les lines aux autres, 01111 n.
corridors fort etroits et tres obscurs. Je vais vous en ^
trer quelques-uns (PI. 1); ils sont tout a fait caracttri
de cette cote et souvent extremement pittoresques. ^ c£S
De nombreuses grottes se sont percees, soit au i°n sj
couloirs, soit entre deux couloirs voisins ; elles forinen
— 9 —
des arches admirables (PI. II, Fig. i). On y trouve des animaux
aimant la demi-obscuritd. Lorsque la mer brise dans ces grottes
et couloirs elle fait un fracas terrible, d’oii les noms de Trou du
Canon, Trou du Souffleur, etc., qu’on leur donne dans le pays.
Cette cote de la Mer Sauvage est une des plus belles de Bre¬
tagne.
Etudions la falaise en commencant par le sommet.
lout en haut on voit les landes de plantes rabrougries,
surtout de petits ajoncs n’ayant que quelques centimetres de
I'ig. 6. — Pierre couverte de Balanes; ( Cthamalus stellcitus)
grandeur naturelle.
|laut ’ P^us pres du bord de la falaise il n’y a plus guere que
^ |cn°uil et 1 'Armeria maritima aux jolies fleurs roses; plus
■ s encore le roc est nu et ne montre plus aucune plante pha-
!rogame; on ne voit plus que des plaques de lichens gris ou
nes. qui font la transition aux plantes marines.
. <>llt ce qui precede forme la zone supra-littorale; comnie
•niaux on peut y signaler un petit lezard gris qui y est extre-
uic 1C"!. ab°ndant et un crustace' marin, la Lygie (Lj'gia ocea-
pltis S'^ aventure assez haut, et qui d’ailleurs vit
U)l°ntiers a sec que dans l’eau. (g2j
Nous arrivons maintenant & la zone franchement marine,
<|ue la mer atteint au moins dans* les grandes marges.
Disons d'abord quo les marges & Quiberon ne ctepassent pas
unc hauteur maxima de 6 metres.
Ces martfes ddterminent, comme partout, des courantsqui
sont particulifcrement violents & la pointe de Quiberon entre la
presqu He et les lies et Mots qui l’entourent; on peut voir la ces
co u rants determiner de grosses vagues et comme de vrais fleuves
houleux tant leur vitesse est torrentielle par exempt entre
de la 1 eignouse et la pointe de Quiberon. Ces courants on
int^ret particulier pour la distribution des animaux. ^ers
Nous devons encore fairc ici une distinction entre les r°
qui bordent la mer calme et ceux qui sont baignes Pal
sauvage. x
Dans certains endroits les rochers sont tellement exp°s
grands coup de mer que rien ne peut y vivre. Lorsque la dis¬
position des couches de rochers s’y prete, ils sont absolument
polis par Taction des vagues, uses et comme rabotes par elles,
et les aninraux ne peuvent pas s’y attacher. Yoici quelques photo¬
graphies de ces rochers polis et des vagues qui produisent cette
usure ; vous voyez que la roche est completement lisse et tota-
lement depourvue d’animaux. Mais ces points sont exceptionnels.
Ailleurs les gros blocs
roules et arrondis s’ac-
cumulent dans les angles
de la cote. La cote battue
par la mer est presque
partout recouverte par
des animaux peu nom-
breux comme especes,
mais excessivement
abondants en nombre.
Les plus typiques d’en-
tre eux sont les Balanes;
une espece est surtout
ties abondante, c’est le
Cthamalus stellatus
(big. 6) el 1c tapisse en-
tierement la roche d’un
P gris rugu eux , quel- pIG. g_ — Pelvetia canaliculaia Linne, de
duc 01s ces Balanes sont grandeur naturelle. (D’apres Harvey,).
sur plusieurs rangs d’e-
Paisseur. Elles peuvent rester deux ou trois jours a sec.
Au-dessous de cette zone des Balanes commence ce qu’on
•' Ppe] le la zone des Fucus, c’est-a-dire une region qui, tous les
j°Uls’ cst recouverte par la mer, meme en morte-eau. Mais sur
' 1 °chers fortement battus les Fucus ne peuvent vivre, arraches
i* * sont Par les vagues. Ils sont remplaces par les Moules.
est C°tc *a Mer sauvage, sur toute la longueur de la presqu’ile,
ki]( tUb!ssee Par une bande de Moules qui s’etend sur pres de i5
°meti es de long et correspond exactement a la zone des Fucus.
•ochers sur cette zone sont grace a elles d’un bleu ardoise,
(92)
i. mi les Moules y sont senses les unes contre lcs autres en
nombrc immense.
Ces Moules ne deviennent jamais tres grosses; dies ont
mu.' C(K|uille epaisse et t iles sont solidement cramponne'es au
rocher ct les unes aux autres par les li laments innombrables et
robustes de leur byssus.
Quand on les ouvre on les
trou vc absolument niai-
gres, la partiecharnuen oc¬
cupant qu’une toute petite
place entre les valves. On
dirait qu’ellcs ont depense
toute leur e'nergie a deve-
lopper leurs moyens de
resistance au choc des
vagues.
Je vais vous raontrer
quelques clichds repr^en-
tant ces moulieres qui son
fort interessantes.Panni les
moules on trouve quelqu
Patelles et quelques autres
anitnaux dont je vous par-
lerai tout a l’heure.
Je vous ai montre e)
quelques-uns de ces p^
fonds couloirs a parois
car pees (PI. I)> cal‘lC .
ristiques de la cote
Mer sauvage. Quelqlie.
unes de ces cavites o
mer brise avec le ; P^*
violence sont habitees par un animal tres curieux, un tuu t ^
qui a un aspect tres special; e’est le Pollicipes cornucop ^
dont le nom vulgaire, Pouce-pied, n est que la traducti
son nom latin (Fig. 7). . j
Ces anitnaux sont assez rares sur nos cotes et c est ape
Fxc. g. — Fucus vesiculosus reduit de
moitie. (D’apres Mlllot).
— i3 —
l’on en signale quelques gisements en Bretagne, mais presque
toujours sur la cote du Nord on ne trouve que quelques indivi-
dus isoles, sporadiques, qui souvent meme manquent comple-
tement pendant plusicurs annees. C’est seulement a la pointe
de la Bretagne, sur la cote Sud, que Ton en rencontre quelques
bancs importants.
A Quiberon ils sont excessivement abondants au fond de
certains couloirs profonds; ils sont, un peu au-dessus du niveau
moyen de la mer basse, appliques contre la falaise, et dans une
demie obscurite, aussi sont-ils fort dilliciles a photographier
(Fig. 2, PI. II; Fig. i, PI. III).
Ils vivent la par touffes de 3o a 5o
individus (Fig. 2, PI. Ill), serres les
uns contre les^autres, soudes par leur
pied solide, cylindrique, ayant l’aspect
et la consistance de caoutchouc noir.
II est tres difficile de les arracher et
on ne peut decoller ces touffes qu’avec
un fort couteau.
LCS qUClqUeS dich(fs> Pos^s et ins' Fig. ro. - Patella vulgata.
. ^ ants, 'I're j ui pris a votre inten- Grandeur naturelle.
tion sont reproduits dans les Plan-
lcs I a HI; ils vous montrent un gisement de Pollicipes ai
ond d un couloir de 20 a 25 metres de profondeur.
| A est 'mpossible d'y pene'trer en bateau tant la mer y brise
de d ^ai temPs ca^me- Je vous avoue que ce n’est pas commod
a SC^n le sur ces roches a pic et glissantes, surtout avec u:
m 0 i nj 1 , ° ° ^ r a P ^ e 5 on risque sinonde s’ycasserle cou, ai
incon • ' ^ att* a^er ^ortes douches ; en e'te cela n’a pas grani
snn en^ent pour le naturaliste, mais cela en a beaucoup pou
VoPf rCil Fhotographique.
culiere ^°UVez )uSer Par ces vues de la condition toute parti
qui S0;t^Ue CCS an^maux exigent pour vivre ; il leur faut de l’eai
n^e ; qs nstaminent tres agitee et par consequent tres oxyge
dans IV n?,nt en 1 dulite plutot dans l’ecume des vagues qu
S, ,eau elle-meme.
que ces animaux sont comestibles; les gens du pay
(92)
mangmt 1 ova ire qui est renferm^
dans le pied. J y ai goute, mais je ne
p ; i pas leur enthousiasme pour
a1 genre ik- comestible, qu’ils trouvent
pe 1 1 1 -ct re dautant meilleur qu’ils ont
plus de inal a le conqudrir.
Au-dessous des Pollicipes laroche
i st tapissee pardcs algues plates rou¬
ges et violettes, la plupart incrustees
de calcaire appartenant aux Litho-
thamnion, dont je vousreparleraitout
& l’heure.
Si nous examinons maintenant
un rocher situe dans un endroit plus
abrite nous allons y retrouveren haul
la zone des lichens, puis en-dessous
celle des balanes, puis nous arrivons
a celle des Fucus. Celle-ci ddbutepar
une algue brune, les Pelvetia cam >
culata (Fig. 8) qui vivent en touftes
serrdes, etqui peuvent restei plusieu
jours sans etre mouilles.
Puis commencent les Fucus pr0^
prement dits qui constituent ce qu
appelle le godmon (Fig. £))• ^sa.° s
dent particulierement dans lesregi
oil l’eau est agitde mais pas tiop v
lemment battue. Vous savezqu011^
coupe deux fois par an; a Qui e ^
on le brule pour en extrairc la so ^
et 1’iode, en le melangeant aux at ^
algues arrachees du fond par s
lence desvagues. Dans lespoiutsf ^
agitds vivent fixes aux rochei-
les (Fig. io) et divers mollusqucs qui se servent e
pour adhe'rer au rocher, les Murex, les Purpura qui a
On y trouve des Annelides (Sabellaria crassissimp d
1 K . — Laminaria sac-
anna tres reduite.
— 1 5 —
se construisent des tubes appliques contre les rochers. Dans les
petites mares qui restent a sec a maree basse on trouve des A c-
tinies nombreuses, les unes isolees, d’un tres beau roug e(Ac-
tina equina L.), les autres groupees et
serrees les unes contre les autres au
point de former de veritables tapis
vivants, (Anemonia sulcata M.-Edw.).
Ces petites mares renferment encore
des oursins, descrabes, et sont tapissees
d algues calcaires incrustantes roses,
bias, vertes, qui font de ces bassins
dadmirables aquarium naturels.
Au-dessous de la zone des Fucus
vient celle des Laminaires, grandes al¬
gues qui ne decouvrent qu’aux epoques
de grande maree. Ces Laminaires sont
surtout abondantes dans les anses abri-
te:es de la cote de la Mer sauvage oit on
les \oit former de vdritables prairies a
tiavers 1 eau transparente. Ces grandes
jdbues ont souvent plusieurs metres de
°ng- Les plus communes sont la Lami-
Hana Pharma (Fig. u) et la L. digi-
,ala ' I2) : elles sont arrachees quand
llei est forte et rejetdes sur le rivage
a _ S P^cheurs de goemon les recueillent
• C de glands rateaux. Cette industrie
ro t01^sclue est fort ddveloppde a Quibe-
, n Voit tout ^ long de la cote de
bord / d’al§ues seches, et des trous
brul LS \ §,OSSes Pierres oil on les fait
Pand^n r C£tte °P"rationt qui ru¬
le Trn 6 Umee enorme, il reste dans
contient ^ bl°C de cendre noiratre qui
Produit= S SC^S d°nt on t're *a s°ude, l’iode et divers autres
Fig. 12. — Laminaria
digit at a tres reduite.
(D’apres Millot).
Pr°duits.
Cette
ne des laminaires est habitee par des animaux
(92)
1 6 —
' |l vous ^signalerai seulement les magnifiques ere*
ttes quc Ion} prend, mais qui sont assez mauvaises en raison
dc leurgotit extraordinaireraent prononcd d’iode.
Si nous t xaminons les rochers de la cote abritec de Quiberan
n,IIIS 3 trouverons les mdnies zones que je vicns de vous indi-
^uu- ln,l's les animaux y sont beaucoup plus abondants ; les
Agues} forment destapis continus; les rochers bas sontcou-
yerts de I ucijs, et si l’on retourne les pierres ont les voittapiss&s
I ig. 1 3. I ragment de rocher reconvert de Spirorbis.
d animaux les plus varifes, Bryozoaires, Hydraires, Ascidies, leS
Mollusques, les Crustaces pullulent sous ces pierres.
On trouve la une formation tres particuliere que jenai en
core remarque'e nulle part ailleurs. ^
Lorsqu on se prombne dans ces rochers bas on voit ca et
de grandes taches blanches (PI. IV, Fig. i) ou les algues
quent complfetement; on dirait que le” sol a ete saupoudre (<-
larme. Avec quelqu’attention on voit que cette tache arron ‘e
qui peut avoir environ 3o metres de large comprend un
centrale complfetement blanche et une zone peripherique pluS
grise. En y regardant de pres ont voit que toutes les pierres
de la zone pdripherique (Fig. i3) sont recouvertes par les
coquilles blanches spirale'es d’une petite Annelide (Spirorbis de
deux especes). Au centre de la tache les tubes des Spirorbis
eux-raemes sont reconverts par une petite algue calcaire incrus-
tante blanche, qui est une espece particuliere de Lithothamnion
(Fig. 14), Cela parait s’dtcndre comme une tache de Phylloxera
dans une vigne ; le fucus est detruit par les Spirorbes dont la
Fig. i
4-
ai,ment de rocher recouvert de Lithothamnion ayant
envahi les Spirorbis.
ensuitir en rondPar la Peripherie, et Palgue s’installe
je dois°UVre CS ^p^rot^es et tout ce qui est avec eux.
que font le;°cS;:?naler encore Ies singulieres constructions
fomilie des jt C ai ’a ah’e°latai Annelides appartenant a la
r°chers an ™ <‘1™elles- ^n les trouve en abondance sur les
detent chi d“ f°n Penthii:vre (PL IV- FiS- »)■ Ces vers
hacun Un lequcl ils colic, r, une foule do
(92)
- i8 —
. . ■'! , its se rdunissent en colonies notnbretm,
agglutincnt leurs tubes les unsaux autres, et forment ainsi des
* ** 81 Arables qui rcssemblent, en raison des orifices rdgii-
juxtaposes ilt- tous ccs tubes, a de gros gateaux de cire
d alu illc. Cette formation, qui
ii csi pa s tres commune, est fort
inuu-'-sante et ces blocs de tubes
■'if’i’lu titles, creusds d’anfractuosites,
donnent asile a une foule d’autres
animaux qui y trouvent abri et nour-
riture, cn particulier a des Crabes
tourteau, (Platycarcinus pagurus).
Laissons maintenant la cote ro-
cheuse et examinons les greves.
1 1 y en a deux types bien difierents.
Sur la cote de la mer sauvage on
trouve de magnifiques greves bordees
de falaises a pic ; le sable en est tres
^ pu r, d'unc grande finesse, gra‘ns
tres reguliers. On remarque, coniine
d’ordinaire, la grevc haute en pente
accentude et la greve basse, qui ne
ddcouvre qu’aux jours de maiee, et
qui est cn pentc douce.
P 'r j 1 5 j Sabellaria. An
tide dc
melles
Le naturaliste n’y trouve
ni am-
ne-
ode de la familledes Her
maux ni plantes. Elies sont tellennent
bouleverse'es par les grosses vagu
qui viennent y de'ferler et par
-,1am. s ouiagans du large, qu’aucun animal ne peut
ce sable instable.
Sur la cote abritee les greves forment de nombreux arcs
cercle, tantot au pied de la petite falaise, tantot en continuity
les
vivre dans
de
avec la dune
e Passage entre la dune et la plage
est
presque
haute
iLle. Quelques-unes de ces plages ont leur partie
cupee pat des bancs de galets roulds, mais e’est l’excepti011,
a oic de ces dunes est connposee de plantes qui ne
qu au vent said de la mer; certaines d’entres elles cependantI1L
ig —
peuvent exister au contact direct de l’eaude mer, elles s’arretent
done au haut de la greve, au point precis que peut atteindre
l’embrun des vagues. D’autres au contraire persistent, vivent
jusque sur la greve meme et ne sont pas incommodees pour etre
de temps en temps recouvertes par les vagues, Je ne vous citerai
que quelques-unes des plantes de la dune, choisies parmi les
plus caractdristiques.
Lorsqu’on se promene sur la dune on la voit couverte d’une
plante qui ressemble a de l’herbe; mais on ne tarde pas a recon-
naitre que cette herbe porte de petits fruits rouges, qui sont
quelquefois si nombreux que le sol a l’air couvert d’un tapis
rutilant ; e’est V Ephedra distachy a L. que Ton nomine vulgai-
rement raisin de mer.
On voit aussi en abondance un fort joli oeillet rose a odeur
penetrante, Dianthus gallicus Pers., un tout petit rosier nain
tres piquant, Rosa spinosissima et une plante a feuilles vernies
a aigrettes colonneuses, le Vincetoxiunn officinale M.
Plus pres du bord on trouve des plantes piquantes ressem-
blant a des chardons, l’un au feuillage bleu, Eryngium mariti-
mum L., 1’autre, qui lui ressemble beaucoup, mais dont le feuil¬
lage est vert pale, Eryngium campestre L. ; un autre encore a
grandes fleurs jaunes Scolymus hispanicus L.
Voici des touffes e'normes d’une jolie giroflde a fleurs roses
ou bias, Mathiola sinuata auxquelles sont melds des tapis d une
fort jolie plante a fleurs jaunes, aux feuilles velues et blanches,
qui sent l’absinthe, Diotis candidissina Duf. A cotd d elles abonde
une euphorbe, Euphorbia paralias L. et surtout un plante
grasse vert foned, piquante Salsola Kali L. qui descend jusque
sur la greve. Contme vous pouvez en juger par les photogra¬
phies que je fais passer sous vos yeux ces plantes ne se trouvent
pas sur la dune meme ; il leur faut le sable de la greve et de
temps a autre l’arrosage par l’eau de mer.
Examinez maintenant les plantes que j’ai photographides et
que vous voyez en ce moment; elles ont Pair couvertes de fruits
arrondis serrees en grappes grises; si vous les regardez de pres
vous verrez que ce sont des Escargots qui les revetent, le plus
grand nornbre appartient surtout a une espece, Helix piscina ,
particulierement commune (92)
( ■ bttes doivent fairc niaigre ch&re, car dies vivent la sur
ill s plantes peu juteuscs et sal< . II faut croireque ce regime
H- leu i conn tent car il v en a des milliards.
I.a plage basse esi aussi trds inttressante a otudier.
<)m I'1 >'i v remarquci [uin d'.ihmd la localisation des ani-
maux ; sur unc sdrie de graves successives on constate eneffet
i|oe Ies animaux rencontres sur chacune d’elles nesont point les
monies; il y a une specialisation ties curieuse.
1 .1 s courants, la marie, apportent sur chacune de ces greves
li '' debris de beaucoup d'animaux, mais sur l’une on trouve par
exemple, telle esp&ce de coquillage, sur I’autre une autre espece
par milliers, ailleurs ce sont lies centaines de carapaces de
crabes.
Voici quelques photographies qui vont vous montrer cette
disposition si particuliere. .le les ai prises moi-mcme sui ces
pieces aussi VOUS pouvez etre certains qu’elles n’ont pas ete
modi (ides.
V oici une surface couverte de coquilles de Ctrithes; sur cette
autre vous ne voyez que des Littorines. II ya des milliers de
quilies exclusivement de Littorina littorea. Sur celle-ci vous
pouvez voir des quantitds dnormes de petites porcelaines Trivi
europea, ailleurs les Dentales abondent.
Sur certaines graves, quand le sable rcste humide, votes
pouvez a perce voir de grandes taches d’un vert bleu fonce.
pourrait croire que ce sont des algues, mais on constate quC
quand on vient a marcher pres de ces taches elles disparaissen^
C’est qu’elles sont constitutes par d’innombrables petites
naires vertes qui s’cnfonccnt dans le sable a la moindtea ^
leur coulcur est due a une algue microscopique qui
commensale dans sestissus. C’cst la Convoluta roscoffensis
qui vit ainsi en socic'tes de milliards d’individus.
Sur la plupart de ces plages on peut voir des cordons p
lelles formes de coquillages, d’algues ct de debris diveis ,£^.^s
par la mer comme ceux que je viens de vous montrei . Ces o ^
ont c:tt poussts des regions basses de la greve piar le vC^,_
rdgions hautes. I Is marquent la courbe de niveau ou sest^int
te'e l’eau un jour de haute maree. Le lendemain, la matee
un peu moins forte le cordon apporte parle flot est situe un peu
au-dessous de celui de la veille, et ainsi de suite pendant une
semaine. De lit resulte l’ensemble de la disposition en gradins
de ces cordons paralleles, correspondant chacun a un join de
maree decroissante. La semaine suivante ii mesure que la maree
regagne, les cordons inferieurs disparaissent successivement,
pousses plus haut par le Hot qui les efface jusqu’a ce qu il n en
reste plus qu’un tout en haut de la greve. Et cela recommence
ainsi tous les quinze jours. C’est done en morte-eau qu il y a
le plus de cordons littoraux sur la greve, et aux dpoques de
vives-eaux qu’il y en a le moins.
Ces cordons et le haut des greves sont habites par une quan-
tite enorme de petits crustaces blancs Talitrus locusia (Fig- hi),
Fig. i 6. — Talitrus locusta grossi io fois environ.
qui sont vulgairement appeles « puces de liter » pai cequ ils sail
tentde tous cotes. Ce sont des animaux marinsqui ontsibien pris
1’habitude devivre It sec que l'eau de liter les gene, etque, quand
les vagues sont trop fortes, ils sc sauvent dans les champs \<>i
s'ns. Ils sont preposds a la voirie, et ce sont eux pi incipalenient
qui detruisent en les devorant les cadavres vaiies que la utei
■ejette sur le rivage.
Lorsque la greve est melee de sable et de vase on j ti out e e
animaux differents, en particulier des Anndlides et painti e es
I’Ardnicole des pecheurs Arenicola piscatorum l ig. C - ' cs
(92)
1 Dt dans dcs t rot j ^ qu'ellcs se creusent cn avalant la vase, et
‘ii la 1 1 Kt. mi par I'autrc bout dc leur corps sous forme de tor-
tillons. Ellas ram&nent ainsi continuellement k la surface les
couches | du sable comme le font
Its vets dt tone dans les champs.
A mesure que Pon remonte vers le fond
dt l.i baie di Ouibcron on voit les greves de-
venir Jc plus cn plus vascuses et se recou-
vi ir de pi. mu s special es qui en changent com-
pletemcm la plr, shinomie ainsi que la faune.
(le sunt K -/ isu res qui constituentdegrandes
prairies marines nu herbiers. Les herbiers de
zosteres apparaissent vers la pointe de la
presqu ile, tout d’abord d’une facon tiniide,
si I'on peut ainsi parlcr; ce sont des plaques
isolees, a feu i 1 les rares et courtes; plus on
s’avance vers le fond du golfe de Quibeton
plus on constate que les zosteres deviennent
abondantes sur les graves plates qu elles finis
sent par en> ahir complfctement sur d enonnes
etendues.
Les animaux de routes sortes pullu en
parmi ces plantesqui, comme vous savez n
sont pas des algucs, bien qu’elles vivent a
la mer et qu’elles en aient l’aspect, mais
graminees.
On y peche en abondance des Crevett ^
(Pa lemon serial us ), plusieurs especes ^
Crabes, de Poissons varies. On y tI0U'
nombreuses Actinies, (Bunodes vemiC0
(Fig.
F'ig. 17. — Areni-
cola piscatorum
ile grandeur na-
turelle. (D’apres
de Quatrefages).
Heliactis bell is), des Lucernaires
des
des Hydraires, etc... Parmi les racines^^
Zosteres qui s’enchevetrent dans le
vaseux on trouve des Vers, des Anne
des Planaires aux belles couleurs, des Ne'mertes, etc. ^
Si I’on continue a remonter la cote pour se rappi°c ^
fond de la baie de Quiberon, tout prbs des celebres mem
— 23 —
Carnac, on trouve une immense plage de sable vaseux et de
vase noiratre. Cette plage presque plate est tres abritee, piesque
close par une bande de dunes
et elle ne communique avec
la mer que par une etroite
ouverture. Sur la cote sont
installs des pares a huitres,
et l’on y a fait des essais d’ele-
vage de moules.
Cette plage renferme des
mollusques, en particulier la
Palourde, (Tapes decussata),
Cardium edule (Fig. ig), etc...
de nombreuses Arenicoles la
bouleversent constanunent.
II est intdressant d’exami-
ner le bord de cette plage
basse. On y voit les tentatives
d’invasion des plantes terres-
tres sur le domaine de la mer. Fig. *8- ■ Lucernaire grossic ti ois to'
Des i lots de plantes oil Ton
trouve surtout des Sajicornes, des Carex, sont sepal ds les uns
des autres par des portions de greve sans plantes. Un peu plus
haut les Hots se touchent pres¬
que, enfin, tout a fait en haut
delagrdve, les plantes terrestres
lorment une prairie continue,
lout cela est couvert par la mer
aux dpoques des marees de
quinzaine. Ces plantes terrestres
sont done abondamment salees
de temps en temps et elles sont
d autant plus modifiees par cette
salure qu’elles sont plus bas sur
la grdve; elles 1’envahissent len- ,
lenient, profitant de l’envasement progressif poui pous. ei
Pointes afin d’aarandir leur domaine.
(92)
Fig. 19. — Cardium edule.
Grandeur naturelle.
— 24 —
(.i- plu iiMiu; nr in ' u\t | ik* tin cote abrite de la pres-
t|ii ile ; mii I .min live, eteiul .1 | h rtc de vuc la grande greve
demi circulaire, oil il n'j .ini vase ni herbiers etoil lafauneest
remarquablement pauvre, cat la mer y ddferle toujours avec
violence. Lecootraste entrel graves est particulifcrement
netquand onse place sui lefort Penthifcvre en regardant vers
le Nord.
Je m'arrlte ici, Mesdameset Messieurs, Je ne veujt pas pro-
longei cette conference dej& trop tongue. Je n’ai voulu vous
donner qu'un aper^u general des observations que 1 on peut
faire sur la prcsquik* de QuiberoO, en evitant dentiei dans
• details imp Ion. de vous donner des listes dam
maux. Si quelques personnes s’interessent plus particulieremen
ii ce sujei. je suis entifcrement a leiir disposition pour de pa
amples details. J'espire que cette court© monogiaphie de
presqu’lle de Quiberon vous aura domic un idee du genie
ties gdologiques, botaniques et zoologiques se iattacha
l’oceanographie que Ton peut faire sur un espace restieint.
Je fais remarquer aux etudiants qui m’entendent que^
etudes de ce genre soitt tout indiquees pour servi .
de doctoral & ceux qui preftfrent Les travaux aiigFan
rec here lies de lahoraioire. t
II ne manque pas sur nos votes d’autres points
tout aussi interest.. mis que la presqu'ile de Quibeion.
PL. I.
Lne des fentes, en forme de couloir profond, de la cote occidentals
de la presqu’ile de Quiberon.
PL. II
I'ig. i. — Grotte sur la cote occidentale de la presqu’ile de Quiberon
contenant des Pollicipes.
ric. 2.
l-’entree d’un couloir battu par la mer. La partie d roi te d<-
est recouverte de Pollicipes.
wiM
PL. III.
Fig. i. — Touffes de Pollicipes, au niveau moyen de la maree
dans le fond d’un couloir.
f ig. 2.
Touffes de Pollicipes a la lin?lt® 5®) Z°nC ^
(Photographie prise a o - )•
v '•••
PL. IV.
Ftc. i. — Tache, blanche au centre (Lithothamnion), grise sur le pourtour (Spirorbes)
sur la cote orientale de la presqu’ile de Quiberon.
1 lr" 2- — Constructions de Hermelles (Sabellaria alyeolata) sm
(Cliche de M. L. Vallet).
la cote occidentale.
INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE
(FONDATION ALBERT lor, PRINCE DE MONACO)
Reconnu d’utilit6 publique par Dficret du 16 Mai 1906
EnsEIGNEMHNT PoPULAIRE DE L O C E A N O G R A P H I E
CONFERENCES de 1906-1907
Ces Conferences anront lieu le samedi, a 9 heures du soir
A LA SORBONNB (Amphitheatre Descartes)
(Entree par la forte de la rue de la Sorbonne n° i~)
Ordre des
Samedi 17 Novembre 1906
M. BERGET
Dotlenr es-ScienceSi charge de Conferences a la Sorbonne
Mouv'ements de I’atmosnhere au-dessus
des Oceans. — Vents aiizes. — Regions
des calrrtes equatoriauJc.
Samedi 24 Novembre
M. le Dr CHARCOT
Commanilanl do l’F,spc'ililion anlarclique francaise
l-es moeurs des animaux de l’Antarctique.
Samedi 1- Decembre
M. ie Dr JOUBIN
I’rofeisonr an Mine uni d’llisloire Nalnrelle
La Presqu’ile de Quiberon.
Samedi 8 Decembre
M. le Dr PORTIER, Dirocleur-Adjoinl du
Laboraloirc de Physiologic ii la Sorbonne
Lhysiologie des animaux polaires.
Samedi 15 Decembre
M. Gabriel BERTRAND
'"'bur is-Scienees, charge do Coins a la J'aciille des Sciences
La composition chimique de la met
au point de vue industrial.
Samedi 22 Decembre
M- 1'ABRE-DOMERGUE
Inspector general lies Pcclie* Jlarilinies
I -es methodes actuelles de la Pisciculture.
Samedi 5 Janvier 1907
M. BERGET
\ ents superieurs de retour. — Contre-
t.lzes- — Recherches du Prince de
onaeo. — Moussons.
Samedi 12 Janvier
( M. le Dr MAILLARD
Professeur agre'go a la Faculle de Medecine
Les industries chimiques de la mer.
10 L Industrie saliniere.
Conferences
Samedi 19 Janvier
M. JOUBIN
Les commencaux et les parasites des
animaux' marins.
Samedi 26 Janvier
M. PORTIER
Les ressourees alimentaires de la mer
( t« partie).
Samedi 2 Fevrier
M. Gabriel BER TRAND
La composition du milieu marin
au point de vue biologique.
Samedi 9 Fevrier
M. BERGET
Regimes exceptionnels des vents OCea-
niques. — Cvclones et typhous.
Samedi 16 Fevrier
M. JOUBIN
L’industrie ostreicole.
Samedi 23 Fevrier
M. PORTIER
Les ressourees alimentaires de la mer
(20 partie).
Samedi 2 Mars
M. MAILLARD
Les industries chimiques de la mer.
2° L’industrie des varechs.
Samedi 9 Mars
M. BERG FIT
Particularites des -surfaces oceaniques au
point de vue du magnetisme terrestre
et de la pesanteur.
Samedi 16 Mars
M. PORTIER
Les organes des sens
chez les animaux marins.
1 hi V;S Pcrsonnes qui dOsirent assisteraux Conferences
... Position m.UiL .... cz’ipntffiniie d1
■ i la M 11 1 ucMreni assisici ciua - - - - \ < !,• Prince de Monaco, iu. muiuo
Trocn dl°Sltl0ri public au Secretariat scientifique de S. A. ,, rue pogelbach, oil Ion j
. dress' 0 et ?“ Secretariat provisoire de Hnstitut Ocdanograph que , ue r Cuvier et ,7.
wlwboS- lc*tr?- 0n en trouve ^a,ement au Mus4 dHlst • /*
devront etre munies de cartes. — Ces carles sont
de\ roni t p inc<! de Monaco, io. avenue du
* " - L 1 peut
rue
ne> ^ la Sorbonne.
YV I S
Le Bulletin cm cn d£p6t chez Friedlander, n, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin sc vendent separertient aux pnx
suivants et franco :
Fr.
88. — Analyse ties echantillons d'eau de mer rccticillis pendant la
Campagne du yacht Princcsse- Alice en 1906, (kun espe-
ranta traduko), par G.-H. . . .
89. — Notes sur lesgisements de Mollusques comestibles des Cotes
de France. — La nigion d’Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Jouuin, professcur an Museum d'Histoire naturelle
de Paris et a l’lnstitut Oceanographique .
90. — Description de 1’cxtrimitc postcricurc du corps anorrnale
chez deux Motella fusca Risso, par le Dr M. Jaquet,
Conservateur au Musee Oceanogrnphique (avec une pian-
che double) . . .
91- — Analyse de quelques echantillons de Pelagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun esperanta traduko), par
G.-H. . . . .
9:. — Conference du 1" dcccmbre 1906. La Presqu’ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. .loubin. professeur
au Aluseum d’Histoire naturelle de Paris et a 1 Institu
. .
0 5o
2 5o
1 »
0 5o
1 5o
MONACO. — IMPR. DE MONACO.
BULLETIN
DE
(Fondation ALBERT L>, Prince de Monaco)
■«8*
QUELQUES IMPRESSIONS D'UN NATURALISTE
AU COURS D’UNE CAMPAGNE SCIENTIFIQUE
DE S. A. S. LE PRINCE DE MONACO (1905).
Par E.-L. Bouvier
Professeur au Museum d’histoire naturelle, Menibre de 1 Institut.
M O N a c o
-A.V I S
Les auteurs sont pries de se conl'ormer aux indications suivantes :
i° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abrcviations.
3° Donner en notes au bas des pages on dans un index les indications
bibliographiques.
4° Eciire en italiques tout noni scientifique latin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.j ou
a l’encre de Chine.
6’ Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7° haire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d'un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
* *
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le
manuscnt — suivant le tarif suivant :
50 ex.
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
Un quart de feuille .
»
5f 20
Sfqo
io fqo
1 3 40
19 40
Une demi-feuille
Or oO
Une feuille entiere
4/0
8 io
0 JO
9 8o
o oO
i3 8o
I I »
l6 20
ajouter a ces prix celui des planches quand il y
500 ex.
i yt 8o
22 8o
35 8o
lieu.
tout ce qui concerne le Bulletin d Vadresse suivdnte .
Musee oceanographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° i)3. — Janvier 1907. _ _
Quelques impressions d un naturaliste au
cours d une campagne scientifique de
S. A. S. le Prince de Monaco (1905).
Par E.-L. BOUVIER
Professeur au MusSum d’histoire naturelle, Merahre de l’Institut.
Les Vertebres de surface.
Voici terminee la recente campagne scientifique de S. A. S. le
Prince de Monaco, la dix-huitieme entreprise par cet infatigable
explorateur de l’Ocean. Ayant eu l’honneur et le grand avantage
d’etre parmi les invitds de Son Altesse, il ne sera peut-etre pas
inutile de mettre en relief les impressions et les connaissances
fine j’ai rapportdes de cette croisiere, qui fut pour moi une deli
eieuse et inoubliable lecon de choses. Est-ce une illusion de
eroire que les sentiments les plus vifs debordent quelque peu
dans un simple rdcitPet sera-t-il possible de communiquei au
lecteur une parcelle du charme que le naturaliste eprouve au
cours d’un semblable voyage, surtout en presence des pheno
utenes consideres comme les plus vulgaires?
Quoi qu’il en soit, on ne trouvera peut-etie pas sans uti
le rdcit bref et pittoresque d’une campagne oceanographique
°utillee a la moderne, car les hommes de science sent parcuno-
nieux de leur temps et il faut d’amples loisirs pour entreprendre
la lecture de gros volumes consacres aux expeditions les p us
’ecentes. Si j’ajoute que les engins utilises pai Son
rePresentent les derniers progres de l’outillage oceanographique,
— 1
et que, parmi ces engins, le plus employd fut un filet spacieux
qui permettait d’dtudier, sur une vaste echcllc, la faune bathy-
pdlagique si mal connue jusqu’ici, on se rendra compte de
1’interet que peut presenter le recit de la recente campagne
effectude par la Princesse- Alice.
I
IT line blancheur de neige, relevde par de sobres dorures, le
yacht Princesse-Alice (Fig. i) est un elegant vapeur, avec ses
mats qui lui permettcnt de supporter une voilure, et sa coque
Fig. r. — La Princesse-Alice.
fine et souple. formde par une carapace d’acier. Sa longue111
atteint 70 metres et son jaugeage 1.400 tonneaux. Pres de a
dunette d avant oil s’effectuent les manoeuvres de peche, elle
porte 20.000 metres de cables metalliques, enroules sur deux
enormes treuils et actionnes par une machine speciale de 10 che^
xaux. Entre ce point et l’entrepont des machines, s’eleve un l°n»
— 3 —
rouf oil sont dtablies les cuisines, les annexes du laboratoire,
qui est situe au-dessous, pres des cabines d'avant, et les instal¬
lations propres aux sondages ou aux projections pour la peche
moderne. En deca des machines s’eleve un second rouf, qui
conduit a d’autres cabines et a la salle a manger; enfin la dunette
d’arriere est occupee surtout par le salon et le servo-moteur,
portant, au surplus, les appareils necessaires a la manoeuvre du
cerf-volant et l'installation du Dr Richard pour les fines recoltes
de surface.
Quant aux engins de peche, ils sont aussi nombreux que
VG’ 2‘ — Le vertical a grande ouverture, ou filet Richard.
(D apres une photographie prise a bord du yacht par M. Richard).
aiids . chalut ordinaire et chalut a plateaux pour les especes
4 u vivent sur le fond, enormes nasses garnies interieurement
1 6 nassettes pour attirer ces mernes especes, filets Richard pout
J Peche bathype'lagique; et de longues lignes, appelees palan-
^ es5 qui portent par centaines des hamecons largement espaces,
et des projecteurs electriques pour attirer les organismes marins
(93)
— 4 ~
a la sin lace, et des havcneaux de di verses sortes pour la capture
des animaux flottants, et tout un attirail de dards, defleches, de
harpons, avec des baleini&res armdes de caronades pour la peche
des Cctaces. Le filet Richard (Fig. 2) fut notre engin favori
dm. mt la croisifcre, et, comme on pouvait le prdvoir d’apres la
campagne pr&ddente, les rdcoltes en furent merveilleuses. Use
compose d'un filet conique, en toile d’emballage, soutenu a
l’ouverture par un chassis carrd ayant 3 ou 5 metres de cote
suivant le type, suit une ouverture de 9 ou de 25 metres carres,
on le descend verticalement jusqu'a la profondeur voulue, en
evitant de toucher le fond, et il capture les animaux qui se trou-
vent sur sa route, pendant qu’on le ramene a la surface. Une
empdche conique, adaptee a l’ouverturc, mais bien plus couite
que l'engin, et comme lui en toile d’emballage, s oppose a la
sortie des animaux et fonctionne a la maniere du cone peifore
des nasses les plus communes. Etant donnees ses dimensions
qui sont enormes, ce filet tamise une colonne d eau gigantesque
et retient une quantite d’organismes qui dchappaient foi cement
aux filets verticaux beaucoup plus petits employes jusqualors,
ces derniers avaient, au plus, un mfctrc carre d’ouvertuie e
laissaient pas que d’etre fort coutcux, car on les construisait avec
une soie a bluter des plus fines. Malgre ses grandes dimensions,
le filet Richard n’atteint pas un prix bien eleve; il est ^ ^
manoeuvre tres simple et e'est a son usage presque jouina
qu’on doit les plus beaux resultats de la prdsente campagne.
L’equipage du yacht, depuis le mecanicien jusqu
’aux mate-
lots, a ete Fobjet d’une selection attentive et ne comprend q
des marins de choix; il a I’intelligence des besognes delicat
qu'on lui demande et fonctionne avec un ensemble a niira
sous la direction de M. Sauerwein, aide-de-camp
du Prince, et
d’un habile maitre de manoeuvre, M. Peron. Un baleinier e^^
sais, M. Wederburn, a pour mission propre la peche des gia^
Cdtacds; mais beaucoup de matelots sont d’une adresse extie^^
dans le harponnement des especes plus pietites, telles que^^
dauphins. Le Commandant Carr, un marin qui a fait vingt ^
le tour du monde, est charge de la direction du naviie, dor
ravitaillement s’effectue sous les auspices de M. Fuhrnieis
(93)
■Alice pendant la campagne de tgo5. (Carte dressee par M. Toilemer).
— 6 —
secretaire particuliei du Prince. Le personnel scientifique de la
cj npagne se composait du D' Richard, dirccteur du Musee
ocdanographique de Monaco, de M. Sirvent, prdparateur du
Mus^e, d’un medecin naturaliste, M. le Dr Pettit, du Museum
d'Histoire naturelle, du professeur Hergesell, de Strasbouig,
charge des observations meteorologiques et du rddacteur de cet
article. Un peintre habile, M. Tinayre, devait fixer en aquarelles
Ics jolies teintes des animaux vivants, esquisser lcs complexes
manoeuvres de bord ct executer quelques etudes dans lespajs
pittoresques que nous allons visiter. Avec sa cordialite char
mante ct son sang-froid inalterable, le Prince assumait la lour e
tache de diriger complitement l’cxpedition; il fut vtaimentl ante
du bord ct, pour tous ccux qui furent ses collaborateuis scienti
liques. un compagnon des plus charmants.
Dans ses grandes ligncs, le programme de la cioisiere c<m
portait une pointe dans la mer des Sargasses avec relais a a e 3
et retour par les Azores. La carte ci-contre (Fig. 3) montie
route fut suivie pour rdaliser ce programme. Pattis de Mats ^
le 20 juillet, nous relachions a Madere lc 28, pout en ieParj*.
3o, a pres avoir fait ample provisions de vivre et de cial ’
2? jours plus tard, le yacht mouillait dans le port de Ponta ^
gada, chef-lieu dc Sao-Migucl des Acores, ayant atteint au
ouest les grands fonds de 6.000 metres et ttaveise a P ^
orientale de la mer des Sargasses; il repartait le 27 a0Ujt,^ajt
explorer les eaux acoreenncs jusqu’au dela de Holes, 1 ^
de nouveau a Ponta-Delgada le 9 septembre, et quatte jour ^ ^
tard, se dirigeait vers l’Europe : il faisait escale a Gibta ^
19 septembre, longeait la cote orientale de Majorque le —b
24 au matin jetait l’ancre dans le vieux port de Maisei e,
une campagne de neuf semaines.
II
Des le premier jour de notre navigation, nous fumes fa' ^
par un spectable de bon augure : le phare de Planter et < ^
provencale s’etaient a peine cache's derriere 1 horizon qu
— 7 ~
troupe de grands Cetodontes vint prendre ses ebats au voisinage
du navire. A leur nageoire falciforme, qui faisait longuement
saillie hors de l’eau, a leur rostre aplati, fort semblable a celui
des Dauphins, et a leur taille qui pouvait atteindre 4 ou 5 metres,
ceshabiles nageurs furentbien vite
reconnus pour des Grampus
(Fig. 4). Moins familiers que les
Dauphins, qui, sous la proue,
luttent de vitesse avec le navire,
nos visiteurs se tenaient a quelque
distance, et, comme ils ne venaient
point a nous, le Prince resolut
daller a eux. Une baleiniere est
mise a l'eau, avec sa caronade
chargee et ses harpons relie's a un
cordage; le Prince descend dans
1 embarcation, et la chasse com¬
mence. Mais les Grampus sont des
animaux prudents; sans s’e'loigner
beaucoupdela baleiniere, ilssurent
tou jours se tenir hors de portee,
semblant narguer leur agresseur
dont j admirais le calme et dont
) cnviais la patience. Cette partie
dnia plus d’une heure et, si elle ne
u* pas fructueuse, elle nous ren-
^cigna du moins sur la sagacite des
Grampus.
Tiois jours apres cette rencon-
tre’ a I heure ou le pittoresque
'ochei de Gibraltar commencait a
Paraitre sur l'horizon, un Cachalot
'§• 5) se montra en avant du
v”e. Quand nous apercumes le gigantesque Ce'todonte, il
s* ait au repos a la surface, avec la partie dorsale de son coips
lante au-dessus des flots, semblable a un demi-cylindre
Uat,e et verticalement tronque en avant. L’animal ne testa
Fig. 4.— Grampus griseus hisse
a bord de la Princesse-Alice.
(D’apres un cliche de Son
Altesse.)
(93)
I iG. 5. — Le Cachalot (Pliyseler macrocephalus), Cetodonte pouvant atteindre une longueur de 3o metres.
(Gravure extraite des Mammiferes de Carl Vogt; cliche prete par la librairie Masson.)
— 9 —
pas longtemps dans cette position; derange par notre marche, il
plongea quelques instants, mais pour emerger bientot a l’arriere
du navire. Alors i! se dirigea vers le nord a toute vitesse,
soufflant par intervalles une haute colonne vaporeuse de gout-
telettes finement divisees. Le jet expiratoire est beaucoup plus
eleve chez le Cachalot que chez les Grampus; il donne naissance
a un bruit beaucoup plus net et il retombe obliquement sur
l'un des cotes du corps, ce qui tient a la position tres asyme-
trique de l’e'vent chez cet animal. De lasorte, jalonnantsa route,
le Cetace put etre suivi assez loin, et nous en apercevions la
piste quand son dos noiratre avait depuis longtemps cesse d’etre
apparent.
Une troupe de trois Cachalots fut egalement rencontre'e par
le yacht entre les Acores et le detroit, durant le trajet de retour.
Au reste, ces animaux sont frequents dans les parages des
Acores, et les ties de l’archipel sont assidument frequences par
les baleiniers americains qui pourchassent le gigantesque Ce'to-
donte. Chaque lie a ses guerites d’observation, toujours situees
sur de hautes falaises, d’ou Ton peut explorer le large, un
Cachalot est-il apercu, les baleiniers partent en chasse et, le cas
echeant, remorquent leur victime en un lieu de depecage appio-
prie. Le port de Horta, dans File Fayal, conserve depuis long¬
temps les faveurs des baleiniers, ce qui tient sans doute a sa
position au centre de l’archipel. C’est dans une anse se'paree du
port par un monticule de laves que sont disposbes les installa¬
tions relatives a Fexploitation du cadavre (big. 6); encore liquide,
le spermaceti, ou blanc de baleine, est tirb des cavernes fibieuses
qu’il occupe au-dessus du crane, et, quant a l’huile, on 1 obtient
par fusion de Fdpaisse couche de lard qui revet le corps du
Cdtace. Les dents qui garnissent les bords de 1 etroite machoiic
infe'rieure ont e'galement une valeur commerciale; on les vend
comme curiosites a Horta, ou on les utilise pour l’ivoire dont
elles sont formees. Ces travaux de depecage sont toujours pem-
bles, car la besogne est longue, et nulle odeur n est plus repu-
gnante et plus tenace que celle du Cetace en decomposition,
I’anse de Fayal nous parut empestee; et quelques semaines plus
tard, dans Pilot de Villafranca, nous retrouvames, attenud, dans
(93)
10 —
le mime funic t desagreahle, bien quc lc chantier de Pilot n’eut
pas i ce 1 1 de travailleurs depths des anndes! Au cours de la cam-
pagne dernifcre, on a capture vingt Cachalots a Fayal, et quelques
autres sans dome dans le reste de Parchipel; mais l’industrie
des huiles m i nerales et des huiles vegetales semble avoir porte
un coup funeste a celle qui nous occupe, et Ic nombredes balei-
nieies armdes pour la peche diminue chaquc annde dans les
Azores, com me aussi parait-il, dans lcs regions arctiques. Et
tic. 6. — Le depeeage d'un Cachalot a Sao-Miguel.
(Dapres une carte postale de la lihrairie Travassos a Sao-Miguel-)
des lot’s, au lieu de disparaitre a courte eche'ance comme on a
tant de fois pre'dit, les grands Ce'taces ont quelque chance de se
multiplier comme jadis, ce qui ne se produira pas sans retenttr,
par contre coup, sur la gent maritime dont ils font leur nout
riture.
Latchipel des Acores est egalement tres frequentee pal
1 Hyperoodon rostralus , Cetodonte moins volumineux que
Cachalot et qui s'avance beaucoup plus loin vers le Noid, 1°^
jusque dans la Manche, oil frdquemment il vient s echotter
Nous eumes l’occasion, a plusieurs reprises, de rencontrer des
individus de cette espece, notamment le 3i aout, au nord de
Graciosa, ou cinq d'entre eux suivirent le yacht pendant des
heures. Ils nous ddcouvrirent de fort loin et s'elancerent dans
notre direction avec une rapidite extreme, de minute en minute,
leur souffle vaporeux se rapprochait du na\iie, qui pouitant
etait en marche et filait 7 ou 8 noeuds a 1 heure. Ils sont main
tenant a l’arriere, dans le sillage, et si pies de nous que e
Dr Richard peut tres heureusement les photographier, on 1
tingue aisement leur protuberance cephalique, foit accentu
chez les males, qui surplombe un rostre assez couit. A cei tains
moments, ils disparaissent et nous croyons que le cui ieux spec
tacle a pris fin; mais, apres etre restes sous 1 eau une demi eur ,
sans doute a la recherche de quelques proies, ils reviennent a
surface et, de nouveau, recommencent leur porn suite. On salt qu
les Hyperoodons sont des Cetodontes ou 1 armatuie bucca
reduite a une paire de dents, situees sur la machoite infeneure,
comme tous les grands Cetaces, ils donnentune ample provision
d'huile qui, dans leur cas particular, est riche en spermaceti.
Un spectable plus original encore nous fut oileip le 9 ’
nu point ou nous apparurent, vers le sud, les premieies tou
de Sargasses. Dans l’immensite de l’Atlantique, depuis p usieui
jours absolument desert, nous eumes la satisfaction e
apparaitre une troupe de Globice'phales (Globicepha us me as
(Fig. 7), qui comprenait au minimum vingt individus. Gette
escadrille d'un nouveau genre etait developpde en fi e sut p u
sieurs kilometres de longueur, suivant une ligne oblique pai
rapport a la direction du navire. Elle sappiocha du
cessa de poursuivre sa marche quand les piemieis fuient
centaine de metres de l’avant. Alors la bande cuiieuse se ma
au plaisir, comme pour feter notre passage : certains individus
faisaient la sieste, laissant apercevoir leur dos et leur nageoiie
dorsale peu elevee ; d’autres executaient des plongeon
et revenaient verticalement a la surface, ou emeigeait
re'gion cephalique obtusement tronqude; plusieurs meme r
sissaient a laisser sortir, dans la meme attitude, une g
partie de leur corps. Nous pouvions tres bien entendie
1‘ig. 7. Un Globicephale hisse a bond du yacht. (D’apres une
photographic de M. le Dr Richard.)
eurent 1 occasion de l’observer, durant les precedentes cam-
pagnes.
Le meme jour, a un mille du yacht, nous pumes apercevoit
deux grands Mysticktes (des Balenopteres sans doute), qui, nxal-
heureusement, n’eurent pas la curiosite de nos Globice'phales.
Les Cetace's de ce groupe portent des fanons au lieu d’une arma¬
ture dentaire, ilsse distinguent, en outre, des Cetodontes paice
qu'ils ont deux events, et par suite un jet double, qui perniet de
les teconnaitie a distance. Bien que ces animaux ne soient pas
rates, nous n'eumes pas la bonne fortune d'en rencontrer de
nouveaux sur notre route.
souffle expiratoire suivi du r&le d’inspiration; au loin, on aper-
cevait encore le jet des pi ti s attard^s. En pareille circonstance^
uuc p^che cut etc facile, car ces grands Cdtodontes se laissent
approcher de fort pres, et, quand l’un deux est capture', les
autres s offrent d eux-mSmes sur les flancs du navire. Je tiens ce
derniet detail de mes compagnons de route qui, plusieurs fois,
— i3 —
Tandis que les grands Cdtaces peuvent s’aventurersur 1 Ocean
aux points les plus dloignes des terres, les Dauphins, qui sont
de taille relativement plus petite, semblent localises pres des
hauts fonds ou au voisinage de la cote. Telle est, du moins, la
distribution que presentment ces animaux au cours de la cam-
pagne du yacht; de bien plus loin que les phares, ils nous
annoncaient toujours un banc ou une partie emergee. Duiant la
traversee de Madere a Marseille, nous rencontrames presque
chaque jour une ou plusieurs troupes de ces animaux; mais ils
disparurent bien vite apres notre depart de cette ile, au cours
du long crochet que nous fimes vers le sud-ouest, puis vers le
nord, pour atteindre et explorer la mer des Sargasses. II faut
avoir parcouru ces solitudes infinies, delaissees par les naviga-
teurs, pour se rendre compte du plaisir qu’on eprouve lorsque
reviennent les Dauphins.
Le yacht avait quitte Madere depuis vingt-trois jours, quand
ces messagers aquatiques apparurent de nouveau ; nous etions
alors a 400 kilometres au sud de Pico, et a a5o kilometies du
banc de la Princesse- Alice, c’est-a-dire dans les parages des
Acores. A partir de ce point, nous recumes leur visite a peu pi es
chaque jour, sauf a mi-chemin entre Ponta-Delgada et 1 Espa-
gne, durant une periode oil les vents du nord-est secouerent
assez violemment le navire. Quels gracieux nageurs que ces
animaux, et combien sont varides leurs evolutions ! Dans le
canal qui separe Pico de Saint-Georges et, quelques semaines
Plus tard, au voisinage de Majorque, ils se trouverent reunis en
grand nornbre et tout remplis d’ardeur comme pour nous donnei
le spectable de leurs ebats : ilssautent hors de 1’eau, s’inflechis-
sent en arc, apparaissent verticalement au-dessus de la sutface,
°u disparaissent et reviennent bientot en se lutinant. I lus
encore que les Globicephales, ce sont les amis des navires, vers
hsquels, de tres loin, ils se dirigent a forts coups denageoiie.
Leur grand plaisir, qu’ils satisfont toujours, c’est d’entreprendre
nne lutte de vitesse avec les bateaux. Au contrail e des Requins
voraces, qui se tiennent dans le sillage des navires poui sy
repaitre de debris et d’immondices, ils se plaisent a l’avant et
jusqu’au-dessous de la proue. Avec un navire de rechercnes
(93)
comme la Princesse-Alice, Ie C^todonte court quclques risques
en sc livrant a ces jeux: sur une sorte d’etabli spdcialement
installs sous le beauprl, voici que descend un matelot habile
dans le maniemem du harpon : une proie est choisie, bien visee
et presque toujours atteinte en plein corps; un Hot de sang
rougit la mer. Et alors cc sont les compagnons du chasseur qui
s’emparent du cable fixe au harpon, et e’est le Dauphin palpitant
qu'on amfene sur le navire, Oil il foumira au laboratoirc quelque
organc intcressant ct a la cuisine Ie copieux filet de ses muscles.
Cette tragedie a toujours pour effet d’cHoigncr immediatement
la troupe des nageurs, merae quand 1’un des animaux na ete
que simplement touche. Si cc n'est pas de la solidarity, e’est au
moins la preuve de l’activite psychique deces animaux, qui sont
& coup sur fort intelligents.
Ill
II n’est pas difficile d’expliquer la distribution si diffeiente
des Dauphins et des grands Cetaces dans les memes regions.
Suivant la regie intangible, ces animaux se tiennent aux lieux
ou ils trouvent leur nourriture. Mysticbtes et grands Cetodontes
peuvent s’aventurer dans les parages les plus lointains, paice
qu’ils rencontrent partout l’aliment qui les sustente : partout,
en effet, se developpent les Crustacds et autres organismes du
plankton qui conviennent aux Mysticetes; partout les Cephalo
podes, qui sont la proie du Cachalot, de I'Hyperoodon et de.
autres grands Cetodontes. Mais le Dauphin se nourrit de Pois¬
sons, et les Poissons n’abondent que sur les bancs et au voisi
nage des terres, et e’est la que leurs adversaires viennent le
pourchasser.
Dans les parages traverses par le yacht, les Oiseaux de m
pie’sentent a peu pres la meme distribution que les Dauphin^
et pour des motifs analogues, carce sont d’infatigables pecheuu
Les Goelands, qui constituent la majeure partie de cette pop11,
lation aerienne, s’avancent meme un peu moins au laige
dm ant notre longue fugue dans la mer des Sargasses, ils nou
quitterent avant les Dauphins et rdapparurent un jour apres, le
21 aout, a 200 ou 3oo kilometres du banc de la Princesse- Alice.
De meme, entre Sao Miguel des Acores et l’Espagne, nous fumes
quelques jours sans en apercevoir. Par contre, ils formaient des
colonies extraordinairement populeuses au voisinage des lies, et
it Ponta-Delgada, en pleine rade, je les ai vus disputer le Maque-
reau a la ligne du pecheur.
Les gracieux Petrels, aux ailes noires barrees de blanc, sont
bien plus puissants dans leur vol et bien plus haidis dans leuis
peregrinations. Semblables aux Hirondelles, dont ils ont les
ailes fines et la taille, ils suivent tres loin le navigateur, ellleu-
rant l’eau de leur vol rasant, et capturant du bee les oiganismes
de surface. Est-ce pour rebondir a la manieie des Poissons
volants, que ces rapides palmipedes touchent parfois le liquide
du bout de l’aile? Nous les rencontrames sur toute notre route,
depuis Tanger jusqu’a Madere et depuis les Acoies jusqu au
detroit de Gibraltar. Pendant pres dune quinzaine, aucun deux
n’apparut au voisinage du navire, mais nous etions foit loin de
toute terre, au sud de la mer des Sargasses, ou dans les parties
orientales de cette rdgion. Lit, notre solitude ne hit tioublee que
par l’dcole de Globicephales dont j’ai fait mention plus haut, et
par deux oiseaux particulierement aventureux : une sorte de
grand Petrel et un autre, non rnoins robuste, que les marins
appellent Paille en equeue, it cause de l’allongement de certaines
pennes caudales. Nous avions quitte Madere le 3i juillet, et le
grand Petrel fut rencontre le C aout, precedant le Paille en queue
de quarante-huit heures; le yacht se trouvait alors au point
extreme de sa croisiere, par 3o° 4' lat. N. et 420 i'j long. O., a
1 endroit ou nous vimes flotter les premieres toufies d Algues.
Six jours plus tard, le 14 aout, nous ne fumes pas mediocre-
ment surpris de voir une Hirondelle voler autour du navire,^ et
le lendemain quatre autres la rejoindre. Nous etions en pleine
region des Sargasses et it 1.400 kilometres de toute terre. Exte-
nuees de fatigues, les malheureuses egarees se reposaient lre-
quemment sur les cordages, sur les vergues ou au bold des
ehaloupes, puis elles tournaient autour du yacht sans jamais se
livrer aux chasses rasantes qu’elles ont coutunre de iaiie sui
(93)
— 1 6 —
continent. Elies reluscrent toute nourriture et ne parurent pas
s'approcher d’un vase rempli d'eau qu’on avait place a leur
intention sur k r<>uf d'avant. Apres deux jours, nos pension-
naires disparurent, j ’ignore si quelques-unes avaient repris leur
iudeiini voyage; en tous cas, l’une d’elle fut trouvde morte, peu
de temps api es. derriere l'un des treuils du cable. Rapporte a
terre et etudie depuis par M. Eugene Simon, le cadavre fut
rapporte a Y Hirundo rustica var. erylhrogaster , c’est-a-dire a
une varidte amdricaine de notrc Hirondelle commune. Par
quelle temp&te violente ces oiseaux furent-ils chassis si loin de
leur pays d’origine? et comment put s’effectuer leur ravitaille-
ment au cours d’un si long voyage? C’est un mystere. Ils ne
I'IG- l-a Daurade (Corypluvna hippurus), jeune male. — Les grands males e
cette espeee mesurent jusqu’a 2 metres. (D'apres Goode and Bean, Ocscin
Ichthyology , avec la permission de M. Alexandre Agassiz.)
parurent pas se soucier du petit Crabe des Sargasses, le Ncuiti
lograpsus minutus, que nos re'coltes apportaient chaque joui en
assez grand nombre sur le pont du navire. En realite, les nral
heuieuses soulfraient d une profonde disette, et dans le gesiei
de la defunte on ne trouva rien, pas meme un debris de ces
Hemipteres oceaniques, connus sous le nom d ' Halobates, qu*
patinent sur l’eau a la maniere de nos Hydrometres et qul
auraient pu, semble-t-il, fournir quelque aliment aux voyageuses.
Dans ces solitudes infinies, et sur des fonds qui de'passent
frequemment 3. 000 metres, la vie se reduit a son minimum, et
ce minimum ne semble pas suflire a la voracite coutumieie des
Poissons. C est en vain que l’oeil sonde la nappe bleue pout }
— i7 —
voir scintiller la tunique ecailleuse de ces animaux, et c’est non
moins vainement que Costevec, poste dans une chaloupe, sur-
veille ses lignes trainantes amoureusement preparees (i). Apres
une quinzaine de navigation, des provisions fraiches seraient les
bienvenues a bord du navire, mais c’est une ressource qui parait
bien problematique, et si quelque dpave ne se trouve pas sur
notre route, avec la flottille de Poissons qu’elle abrite, nous ris-
quons fort de rester sans ravitaillement. La void enfin, cette
epave si longtemps ddsirde : c’est une longue et forte poutre
flottant au milieu des trainees de Sargasses; un canot est mis a
la mer, montd par le Prince arme d’un foene, et conduit par
deux rameurs. Hdlas! nos esperances furent a peu pres vaines :
la poutre etait denudee, sans le revete-
rnent d’Anatifes normal, surtout sans
accompagnement de gros Poissons; pour-
tent, elle abritait un certain nombre de
Pagellus, qui fournirent a la table du
bord une assez belle piece. Quatre jours
plus tard, le 16 aout, sdrieuse revanche
nous fut offerte : sous la volumineuse
boude qui servait de point d’attache a
une nasse descendue sur le fond, les
matelots ddcouvrirent quelques Da ti¬
rades (Corj'phcvna hippurus) (Fig. 8),
qui s’enfuirent et vinrent tourner autour
Fig. g. — Variation, avec
l’age, de la tete de la
Daurade. (D’apres Go¬
ode and Bean.)
du bateau quand leur abri fut ramene
a bord. Pendant plusieurs heures, ces volumineux Poissons
nous permirent d’admirer leurs teintes magnifiques et leur
niajestueuse allure: ils venaient souvent pres de la surface et
ulors offraient au pecheur une proie assez facile. Un coup de
foene bien dirige atteignit l’un d’eux au milieu du corps, et
bientot la victime frappee livrait ses soubressauts d agonie sui
le pont du navire. Quel poisson magnifique avec ses couleuis
l1) Plus pres des terres, quelques Bonites (Thynmis pelamys) iment
®lnsi capturees. La Bonite tient a la fois du Thon et du Maquereau; elle a
a lorme du premier et depasse le second par la taille.
* ♦
(93)
— 18 —
—
dorces trds changeantes. et ses nonibrouses taches du bleu
marin le plus franc! Malgre la taille assez grande (70'“ de lon¬
gueur environ , e'etait un jcune qui alia enrichir les collections
du laboratoirc. Mais il eta i t dit quo nous devions connaitre plus
complement les qualitds zoologiques et culinaires de cette
femarquable espdee. Le 2 septembre, durant des operations
effectudes sur la cdte occidentale de Flores, dans les Acores, une
epave couverte d'Anatifes vim a passer prfcs du navire, donnant
abri a quelques Daurades plus volumineuses. Deux d’entre elles
furent capturdes, que nous primes d’abord pour des represen-
tants d une espdee distincte de la premiere, a cause du grand
ddveloppement de la tete, qui prolongeait le dos en ligne droite
et finissait brusquement au-dessus de la bouche; mais il ne tut
pas difficile de reconnaitre que ce remarquable ddveloppement
cephalique est le re'sultat de l’age (Fig. 9). Cette lois les deux
victimes prirent le chemin de la chambre froide, et bientot nous
pumes apprdcier toute la ddlicatesse de ce rare Poisson, dont a
chair est fertile et la saveur trds fine.
Mais nous dtions alors prds des ties, et j’ai hate de tevenir
aux immensites lointaines ou la faune ichthyologique de surface
senible si pauvrement reprdsentde. Les Exocets , ou Poissons
volants, sont les seuls reprdsentants de cette faune qui existen
la en quelque abondance, bien plus nombreux toutefois a niesui
qu'on se rapproche de Madere. Entre la mer des Sai gasses
cette lie, ces curieux Poissons se montrerent en grande abon
dance, rarement isolds, le plus souvent en troupes populeuse
semblables a celles que forment les Oiseaux. Avec leuis naDe^^
res anterieures, qui atteignent les deux tiers de la longueur
corps et qui sont dlargies en ailes, ils parcourent d assez long-
trajets un peu au-dessus de la surface, parfois plusieurs centaines
de metres. Leur vol e'tant rapide, ils peuvent s’appujer
rebondir sur l’eau a la maniere des cailloux lances a ricoc -)
ce qui rend plus longue la traversbe adrienne. Ils se ir & ^
suivant une ligne droite ou arqude, rarement sinueuse, qul
parait guere modifiable a leur grd; aussi n’est-il pas rate
voir tomber sur le navire quand ce dernier, battu par cm
roulis, vient a s’incliner sur leur route. Une aubaine de
— i9 —
sorte n’est pas a de'daigner, car les Poissons volants ont une
chair fort estimable. Les jeunes de ces animaux abondaient en
certains points de la mer des Sargasses, ou ils prenaient les
teintes mimdtiques les plus variees; ils ont une tete enorme, des
nageoires fort longues, et, par leurs sauts et leurs plongeons,
depistent allegrement le pecheur au haveneau; pourtant, nous
en pumes capturer plusieurs qui fournirent a M. Tinayre le
motif d’interessantes et jolies aquarelles. A mesure qu’on re¬
monte vers le nord, les Poissons volants deviennent plus rares :
Fig. io. — Le pesage d’une Tortue marine apres sa capture. (D apres
une photographie de M. Tinayre.)
nous en vimes de tres grands aux Acores, entre Flores et Corvo,
de plus petits entre Sao Miguel et Gibraltar, et un seulement
dans la Mediterranee.
Ces dernieres regions, mais surtout les parages des Acores,
fournissent au naturaliste l'occasion d’observer, dans son milieu
naturel, la Tortue marine ou Thalassochelys caretta (Fig. io).
Get animal peut s’eloigner a plusieurs centaines de kilometres
(93)
—
— 20 —
des cdtes; tftant retenu a la surface par les besoins de la respira¬
tion ct nc possedant pas les vastes reservoirs sanguins des C£-
taees. il ne saurait pl< mger longucment et se tient de preference
sur le flot, oil sa large carapace peu saillante le ddsigne au filet
du pecheur.
La capture est facile : une barque montee par deux hommes
se dirige vers lc Chelonien, qui tantdt se laisse cueillir immddia-
lenient au haveneau, tantot plonge pour revenir bientot a la
surface, oil il subit le memo sort. Le yacht captura deux de ces
Tortues, Pune au dela de Sao Miguel, l’autre a i5o kilometres
en deca; la premiere fut conservee vivante dans un bac, et se
trouve maintenant a l’aquarium de Monaco, oil elle tient com-
pagnie a une de ses congeneres prise l’annde precedente; lautte
vint enrichir la cuisine du bord, oil son plastron cartilagineux
fournit les ele'ments d’une soupe exquise. Cette Tortue peut
atteindre un poids de 3oo kilogs; elle avale gloutonnement les
morceaux de viande et les Me'duses qu’on lui donne, voire le
Naulilograpsus mi mil us ou Crabe des corps flottants, qui, paifois,
delaisse les Sargasses et les epaves, pour le gite et le couvert que
lui otfre la Tortue, dans la partie la plus recule'e de son corps.
2
La Faune peiagique des Invertebr^s.
*• _
La Mer des Sargasses et sa Faune
Quand la mer est calme, ou doucement agitee par les rides
mobiles d’une faible houle, la faune pelagique des Invertdbres
vient s’dpanouir a la surface, etalant aux yeux du voyageur les
richesses de son inepuisable ecrin. Et, devant ses merveilles
d’un nouveau genre, on oublie sans beaucoup de peine les Pois¬
sons de surface, les rares Oiseaux du large, les Tortues nageuses
et les grands Ce'tace's.
I
Parfois le navire s’avance, durant des heures, au milieu de
spheres, de cylindres ou de boudins, entraines par le flot sans
re'action apparente. Certaines de ces spheres sont grosses comme
le pouce, certains cylindres ont au moins i5 centimetres de lon¬
gueur; le tout est hyalin, avec d’innombrables corpuscules dis-
sdmin^s dans la masse. Ce sont des Radiolaires coloniaux,
Sphero^oum ou Collo\oum ; chacun de leurs corpuscules est un
£tre infime, presque microscopique; ntais une gelde transparente
r^unit un grand nombre de ces etres et donne a l’ensemble colo¬
nial I’une quelconque des formes signalees plus haut. Quand ce
plankton pullule, ce qui ne laisse pas d’etre frequent au large, il
fournit un aliment d’importance aux carnassiers qui explorent
la surface.
Les especes pelagiques du groupe des Polypes sont rarement
aussi abondantes, mais presentent des dimensions bien plus
grandes et des formes plus variees. Durant les chaudes nuits du
naois d’aout, que de fois n’avons-nous pas admire, dans le sillage
phosphorescent du yacht, des globes lumineux semblables a des
(93)
— 22 —
Ianternes vcnitiennes Hottantes! C’etaient des Meduses de
grande taille, le plus souvent des Pdlagies (Pelagia noctiluca ),
reconnaissables a leur ombrelle h&nisphdrique, et aleurmanu-
brium decoupe en longues lanieres (Fig. 1 1) ; leur phosphores¬
cence etait le resultat d’unc reaction occasionne'e par le mouve-
mentdu navire. C.es Meduses, commc beaucoupd’autres, nagent
ordinairement incli-
nees par les contrac¬
tions lentes et molles
de leur ombrelle; nous
les rencontrames
durant toute la croi-
siere, mais particulie-
rement nombreuses
entre la mer des Sar-
gasses et les lies, sur-
toutdans lare'giondes
Acores. Plus grandes
et de couleurs plus
dedicates sont les Cas-
siope'es (Cassiopea
borbonica), qui res-
remblent beaucoup
aux Rhizostomes de
nos cotes, mais qui les
depassent singuliere-
ment en splendeur.
Leur manubrium
delicatement ouvrage
est une admirable ro
sace, en tous sen^
armee de larges tentacules termine's par une ventouse violette,
avec ces organes charges de nematocystes, e’est-a-dire d appaJe _
ui ticants, 1 animal a vite fait de paralyser les proies qui
servent de nourriture.
Nous ne rencontrames cette belle espece qu’une seule f o
aux environs de Majorque, ou elle formait des groupes p
I’ig. ii. — Pelagia noctiluca un peu reduite.
(D’apres Milne-Edwards).
— 23 —
populeux, mais fort abondants. Comme beaucoup de grandes
Meduses, la Cassiopde a frequemment pour commensal un petit
Poisson, qui s’abrite dans une ample gouttiere comprise entie
le rebord de l’ombrelle et la base des membranes. Ce commen¬
sal est ddsigne' par les zoologistes sous le nom de Trachin us
trachurus ; il mesure a peine quelques pouces et ofire la tians-
parence du verre, si bien qu’on ne l’apercoit pas tout daboid.
Au repos, ou tournant en cercle dans son em-
buscade, il profite certainement des proies para¬
lyses par la Me'duse.
On ne peut plus donner le nom de commen-
salisme aux relations par trop etroites qui s eta-
blissent entre les Polypes ctenophores du genre
Beroe et les Crustaces amphipodes du geme
Phronima. Les Beroe's sont de gracieux orga-
nismes absolument incolores et hyalins, qui pre-
sentent la forme d’un grand de a coudre et des
bandes cilie'es paralleles au grand axe du corps.
Us donnent asile aux Phronimes, non sans doute
benevolement, mais a la suite d’une intrusion
violente; car le Crustace ne se contente pas de
trouver abri dans l’hote 5 il en devore les organes,
sauf toutefois la charpente qui lui servira de
flotteur et de gite. Ce n’est meme plus du para- l?rf'j.T^' d^n^e^e
hsme; c’est une destruction doublement interes- Hormiphora.
s^e- Plus heureuses sont les Cjdippes (Fig. 12), (Grandeur na-
Cte'nophores ovoi’des qui frequentent la surface turelle.)
en meme temps quc les Beroes ; hyalines comme
ces derniers, elles renferment rarement un hote et, tranquille-
ment, deroulent pour la peche les deux longs tentacules piehen
seurs attaches a leurs flancs. Les Eucharis appartiennent
meme groupe que les deux formes precedentes, mais elles se
rencontrent bien plus frequemment et atteignent d’ordinaire la
grosseur du poing. Elles abondaient au voisinage des Acores et
dans k Mediterranee, pres des iles Baleares. Les Eucharis sont
hyalines, avec des organes jaunatres qui les rendent assez
dans la mer; on ne peut en faire aisement l’etude, cai leur masse
(93)
— 24 —
gdlatineuse est si remplie de liquide qu’elle passe comme du
blanc d’oeuf & travers les maiiles du haveneau le plus fin; il est
presque impossible de les conserver intactes, meme en ayant
recours a dcs fixateurs tics dnergiques.
I. a pin part dc ces Polypes peuvent ctre dits mimdtiques,
parce qu’ils ont la claire transparence du milieu ou ils vivent et
se dissimulent de la sorte
aux voraces habitants des
caux; la lumiere qui se
jouc dans leurs tissus, qui
s’y rdfldchit et qui sy id-
fracte, les rend seule quel-
que peu apparents. Tout
autre est le mimetisme de
certains Polypes siphono-
phores, surtout des Porpi¬
tes et des Velelles, qui, sur
le bleu de la Mediterranee,
etcelui plusprofond encore
de 1’Atlantique, se distin-
guent a peine du reflet des
eaux. Avec leur disque
nummuliforme qui soU"
tient une foret de tentacules
prehensiles et de tubes
digdrants, les Porpites
(Fig. 1 3) azurees recoivent
de l’Ocean une protection
mime'tique des plus parfaites; il en est a peu pres de meme pou^
les Velelles, mais avec une attdnuation ddsavantageuse, cai
disque aplati de ces Polypes supporte une voile verticale sal
qui peut attirer 1’attention des Oiseaux.
Les Physalies ou Galeres (Fig. 14) sont plus exposees
a cause de leur gros flotteur hyalin et violace', qui, sent a ^
une ampoule de verre, et totalement rempli de gaz, emerge
les vagues qui 1’entrainent. Mais les Physalies sont in nlD1^t
mieux arme'es que les Ve'lelles et les Porpites; a leur flotteur
hie. i3. — Une porpite vue de profit et du
cote superieur. (Grandeur naturelle.)
suspendu un fort paquet de longs tentacules extensibles qui
portent par millions des nematocystes groupes en batteries urti-
cantes. Malheur au curieux qui, attire par la belle couleur
violette de cette touffe pendante, veut saisii le Poljpe poui
l’examiner de plus pres : au moindre contact, les tentacules
s’appliquent sur la main de l’imprudent et y enfoncent les
innombrables fils barbelds de leurs batteries .
C’est Venus tout entiere a sa proie attachee;
les fils microscopiques penetrent dans la chaii, s y fixent in erne
diablement et y de-
versent la toxine urti-
cante qui les impre-
gne, produisant une
inflammation vio-
lente, longue et tres
douloureuse, capable,
en bien des cas, d’en-
vahir le bras tout
entier. Prdvenu par
les mesaventures an-
terieures de certains
de mes compagnons,
jene voulus pas tenter
l’experience sur une
echelle aussi vaste;
un simple fragment
de tentacules, depose
sur la main, adhdra
aussitot, en produi¬
sant des rougeurs et
une demangeaison
assez vive; et pourtant, detache par un coup de ciseau, ce frag¬
ment ne faisait plus partie de l’animal. Les Physalies sont in
niment mieux armees et plus agressives que les ^ elelles, e.
Porpites et la plupart des autres Polypes, et la denomination
(93)
Fki. 14- — Une Galere ou Pliysalia, avec les
tentacules contractes. — Exemplaire de me¬
diocre taille. (Cliche de la librairie Masson.)
— 26 —
d'orties de mer leur convient & merveille. Assez communes en
Mcditerrancc. dies abondaient dans la mcr dcs Sargasses, et le
Prince profita dc l'occasion pour faire cueillir et conserver des
tou fifes nombreuses de tentacules; ces matdriaux serviront aux
recherches de MM. Richet et Portier sur la toxine urticante
(hjrpnotoxine) des Polypes.
Au point dc vue de la coloration, les Mollusques pe'lagiques
rappellent assez bien les Polypes : les uns chant hyalins et
presque depourvus de pigments, les autres d’une teinte bleue
plus ou moins intense. Au premier groupe appartiennent les
petits et gracieux Ptdropodcs, qui papillonnent dans 1 eau en
agitant, comme des ailes, leurs deux nageoires, ct les Hetero-
podes, qui flottent et se diligent en godillant avec leur pied,
dans le second viennent sc ranger les Gasteropodes, qui ont
Fig.
i5. — line Pterotrachee, la Firola hippocampus, un peu reduite.
choisi pour habitat la surface des eaux. Par une bonne foitune
plutot rare, chacun des deux groupes nous oflfrit en abondance
quelques-uns de ses reprdsentants. Presque toujours le haveneau
et le filet trainant de surface ramenerent les jolis Pteropodes du
genre Creseis , a coquillc aciculiforme, et deux sortes d Heteio
podes bien diffe'rentes l’une de l’autre, mais toutes deux finemen
delicates : les minuscules Atlantes, qui ont une coquille enioule'e
en spirale, et les Pttrolrachees (Fig. 1 5), dont le corps l°ng ^
absolument nu laisse apercevoir, par transparence, tous ^ ^
organes internes. Au contraire des Mollusques precedents,
Gastdropodes pdlagiques n'apparaissent qu’en certains pom
oil ils se trouvent parfois en quantite' considerable; ils sont
presente's par les Glaticus et les Janthines. C’est deux jouis apt
avoir quittd les Sargasses, et lorsque la protection de l'archipe
— 27 -
acoreen se faisait sentir, que nous apercumes les premiers Glau¬
cus , et je ne saurais dire combien me frappa la delicate elegance
de ces organismes. Ils ont (Fig. 16) le corps etroit et limaciforme,
avec trois paires de prolongements lateraux qui s epanoui
en digitations, comme les plumes des aigles heraldiques. Leui
attitude est celle des Pte-
rotrachees, avec le dos
en bas et la face ventrale
en haut; ils rampent,
pour ainsi dire, contre
la surface, au moyen de
leur sole ventrale qui est
symetriquement teintee
de bleu pale et de bleu
marine, comme le cote
correspondant des ex¬
pansions laterales. On
ne saurait imaginer un
motif d’ornement plus
gracieux. Au surplus, la
face dorsale, tournee contre le fond, a une teinte paifaitement
blanche, et, comme la couche superficielle a rdflexion totale,
doit presenter un ton metallique d’argent aux chasseuis du
milieu liquide. Les Glaucus se plaisaient a merveille dans nos
Fig. 16.— Glaucus atlanticus, un peu grossi.
Fig. 17. — Une Janthine avec son flotteur portant du cote infeneur
une assise d’oeufs. (Grandeur naturelle.)
cristallisoirs, oil ils devoraient avidement les Porpites dont ils
ne laissaient guere que le tissu cartilagineux.
Quelques jours plus tard, le 28 aout, alors que le Prince avail
fait descendre une nasse dans la fosse de 3.5oo metres situee a
(93)
— 28 —
1’ouest dc Sao Miguel, nous l imes connaissance avec les Janthi-
nes (Fig. 17 qui, du premier coup, se montrferent en essaim. Elies
dtaient repr^sentdes par deux espfeces bien distinctes, l’une rare
et de la taille de YHeltx hortensis , 1’autre fort commune, mais
notablement plus petite. Ces Gastdropodes ont une coquille
blcuaire et (moment ornee dc stries ; ils
sont suspendus a la surface par un long
flotteur, blanc et spumeux, qui adheie
a l’extremitd du pied dont il est un pro-
duit de secretion. Le flotteur se detache
et se rdgdnere tres lacilement, de sorte
qu’il n’est pas rare de le trouver isole
sur la vague; comme nous dtionsau mo
ment de la ponte, on trouvait frequent
ment les oeufs rdunis en groupe sur sa
face ventrale, qui leur sert de point d at
tache. Avec les nombreux exemplaires
captures, le Dr Richard prdpara une
belle solution alcoolique rougeatie et
dichroide; car les Janthines secretentde
la pourpre, au meme titre que les Murex,
les Aplysies et bon nombre d auties a.
teropodes matins.
Quelle richesse inepuisable dans cette
liter des Acores, lorsque le calrne s y
sentir! Le lendemain du joui oil aQ
rurent les charmants Glaucus, un sp
tacle non moins curieux et plus insttu
tif encore nous fut offert pat les Sa p ^
Durant des heures entieres, nous eunt ^
pour compagnons de route ces Tunict ^
diaphanes qui, lentement, se de'placai
dans 1’eau par les contractions de
corps cylindrique. Bientot, nos cristallisoirs d’obseivatio ^
fermaient de nombreux sujets d’e'tudes, qui, dans un c0
transparent comme du cristal, nous laissaient admirer le CjeuX
oblique des branchies, le tube digestif jaunatre, et les
Fig. 18.- Pyrosome geant,
colonie de tres petite
taille. (Cliche de la li-
brairie Masson.)
— 29 -
cordons, si joliment violets, qui constituent les organes sexuels.
Un examen plus attentif nous permit de relier entre elles les
deux phases alternantes qui constituent le curieux cycle vital de
ces animaux ; certains individus restent toujours isoles et d au-
tres sont reunis cote a cote en une chaine circulaire de six ou
sept individus; or les seconds engendrent isolement les piemieis
et ceux-ci, a leur tour, sont les generateurs des chaines qu on
voit deja, toutes petites mais bien constitutes, vers la paitie
terminale du corps. Cette alternance dans les formes d une meme
espece caracterise toutes les Salpes, mais tous les repi esentants
du groupe ne donnent pas de chaines circulaires. Ces demieies
appartiennent en propre aux Cyclosalpes , tandis que les Salpes
proprement dites constituent des chaines a bouts libres et paiiois
tres longues. Nous etions done en plein banc de Cyclosalpes,
mais quelques Salpes vraies se trouvaient disseminees dans 1 en¬
semble, soit en chaines, soit en individus isoles, longs de 1 a
2 centimetres. Depuis lors, par les temps calmes, le yacht 1 en-
contra souvent ces especes et, par intervalles, d autres Tuniciers
diaphanes, les Pyrosomes (Fig. 18), qui sont des gtoupements
coloniaux en forme de ntanchon, oil chaque asperite reptdsente
un individu relie a ses congeneres par la charpente h) aline de
l’ensemble.
Les memes parages acortens sont egalement riches en Cius-
tacds pdlagiques. Dans la masse bleue de l’Ocdan, parmi les
les Salpes et les Glaucus, de petits Copepodes aplatis, les Sap-
phirines, scintillaient comrne des paillettes diaprees et sina-
diaient de toutes les couleurs du spectre. Avec elles semblait
vouloir rivaliser une remarquable Isopode, YIdolee metallique,
dont la face dorsale est d’un bleu de metal, clair et changeant,
tandis que la face opposee ressemble a 1 azur des Hots. Cette
jolie espdee presente des phenomenes de coloration tres cuiieux,
qui furent observes tout d’abord par mon ami le D1 Richaid .
transportde dans l’eau de mer d’une cuvette, elle change rapide-
ment de teinte et, au bout d’une heure, devient presque comple-
tement noire, sans que d’ailleurs sa vitalitd soit amoindrie.
Serait-ce la un phenomene de rapide adaptation, semblable a
celui dont une Crevette de nos cotes, le Virbins varians , nous
off re un modele accompli? (93)
3o —
Le soir, a la lumifcre violente du rdflecteur dectrique, des
Crustaces de diverses sortes viennent nager a la suriace, accom-
pagnes de petites Anndlides, qui forment avec eux une masse
etrangement agite'e et tournoyante. C’est ainsi que nous primes,
a ioo kilometres au sud de Sao Miguel, un assez grand nombre
de Glaucotlwes (Fig. 19), qui sont les larves nageuses et symetii-
ques de Crustace's connus sous le nom de Pagurides ou Bernards
l’Hermite. Grace aux specimens precedents, et a un autre plus
volumineux recueilli par le filet vertical, entre o et i.doo metres,
dans la region des Sargasses, j’ai pu montrer :
i° Que les Glaucothoes se divisent en deux groupes, comnie
les Paguride's eux-memes; 20 que les lines sont pelagiques et se
tiennent au voisinage des cotes oil vivent les Bernards 1 Ermite
dont elles sont issues, tandis que les autres fiottent entre deux
Fig. 19. — Glaucothoe Peroni. (Reproduction de la figure originale de
Milne-Edwards. Longueur' de l’exemplaire-type, i8mm.)
eaux dans les profondeurs au-dessus des abysses que frequentent
leur progeniture; 3° enfin que ces organismes sont vraisembla
blement des larves qui, n’ayant pu s’abriter dans une coquille
au moment favorable, continuent a muer, a croitre et a menei
une vie errante en conservant leur symetrie et leurs organes
natatoires.
II
Des peches pelagiques faites au haveneau, il convient de
passer a celles plus menues et plus ddlicates, elfectuees jour et
nuit avec le petit filet de gaze fine traine a l’arriere du naviie.
Que diie de ces captures infiniment variees, du tres ingenieux
appareil imagine par le Dr Richard pour en faire l’etude, et des
bonnes heures passdes, au doux bercement du navire, devant ce
kaleidoscope merveilleux!
Je ne rdsiste pas au plaisir de detailler quelque peu l’inge-
nieux appareil de mon industrieux ami. Le filet conique se com¬
pose de soie a bluter la plus fine; son orifice est maintenu be'ant
par un anneau mdtallique, et il se tcrmine en arriere par une
courte manchette de cotonnade souplejqu’on ferine en l’etran-
* IG' 20- — Preparation du filet pour les peches de surface. (A cote, sur la table,
l’appareil d’observation du Dr Richard.)
giant avec un demi-noeud de cordonnet tresse (Fig. 20). A
1 anneau de l’orifice est fixe une patte-d’oie formee de trois fils
metalliques rdunis en une boucle d’amarrage; la ligne, de 5o a
fio metres, est rattachee au filet par un porte-mousqueton, a un
metre duquel est fixe un lest d un peu plus d’un kilogramme.
Grace 4 son e'troit orifice, le filet peut etre employe a bord d’un
navire marchant a toute vitesse, en donnant assez de ligne pour
clu 11 reste immergd. Rentre a bord, on le laisse egoutter, on
(93)
— 32 —
retire le cordonnet qui le ferine en arriere, et on plonge le fond
ouvert dans un recipient rempli aux deux tiers d’eau ou de
liquide fixateur.
Voici maintenant, d’apres M. Richard lui-meme, ledispositii
plus remarquable encore,
de l’appareil d’examen
(Fig. 21) : La recolte est en-
fermee dans une boite de
Fig. 2i. — Comment on ob¬
serve a bordles fines peches
pelagiques au moyen de
l’appareil du Drj;Richard.
verre a faces paralleles (i)
compl'etement pleine de li¬
quide ■, satis la moindre bulle
d’air; le plankton se depose
sur la face inferieure de la
boite de verre; on l’exa-
mine au moyen d’une loupe
horizontale, terminee par
un prisme rectangulaire dont une des petites faces, horizon a
est parallele a la face inferieure de la boite de verre et situe
Fig. 22. — Un Copepode coryceide, la
Copilia vitrea, avec ses grands yeux e
ses pattes natatoires richement garni^
de poils empennes. (Longueur, C a /
(i) Cuves fabriquees a Saint-Gobain suivant le procede de ,'-nt^res.
Domergue. Pour de plus amples details relatdfs a l’appareil, voir i
sante Note publiee par M. le Dr Richard dans le Bulletin dit Musee ceL
graphique de Monaco , n° 52, i5 novembre igo5.
- 33 —
au-dessous d’elle, de facon a renvoyer dans la loupe l’image des
objets deposes sur le fond de la boite. Celle-ci peut glisser de
droite a gauche et de gauche a droite ; la loupe a prisme peut
glisser d’avant en arriere ou d’arriere en avant ; la combinaison
de ces deux mouvements permet de parcourir tout le fond de la
cuve de verre sans changer la mise au point. »
Et Ton peut examiner ainsi, commodement
installe sur le pont du navire, meme par un
fort roulis, les organismes recueillis par le
filet.
Vraiment, les minuscules elements du
plankton, au grossissement de l’appareil, pas-
sent en splendeur, en variete et en interet les
representants plus volumineux de la faune
pelagique. Voici d’abord la foule predomi-
nante des Entomostraces : les Podon et les
Evadne , qui sont des Cladoceres fort courts
et a carapace tres reduite, les Calanus ou
Copepodes a cdphalothorax renfld, a queue
grele et a longues antennes, d’autres Cope¬
podes plus rares et non moins curieux, les
Setella , qui portent une longue soie caudale,
et les Coiycoeus (Fig. 22), dont les yeux bnor-
ntes envahissent la plus grande partie du
corps ; — puis des formes jeunes ou adultes
appartenant aux groupes les plus divers :
Fig. 23. — Une Sa-
gitta, ver pisci-
forme incolore et
hyalin, tres ca-
racteristique de
la faune pelagi¬
que. (Grossie 4
iois).
T uniciers du genre Appendiculaire , jeunes
^ ers du genre Sagitla (Fig. 23), larves d’An-
helides et de Crustaces, et les Rhizopodes du
genre Globigerine , dont le corps se compose
de spherules noyees dans un protoplasmc a
prolongements multiples, et les Radiolaires dont le no}
jaune ou rougeatre sert de centre a une infinite de ia}ons
microscopiques (Fig. 24), et les jeunes groupements de Collo-
xoum et de Sphcero^oum au debut de leur evolution coloniale.
Nous primes quelquefois, dans le filet, de tres jeunes
Cephalopodes, sans d’ailleurs etre favorises comme l’annee
au
^44
(93)
-34-
prlcldente, oil le filet ramena une jeune Spirule , c’est-a-dire
Pune Jcs formes les plus rares et les plus dignes d’etre dtudiees
de la faune marine. J'ajoute que les mSmes pfiches renfermaierit
un grand nombrede fort jolies Algues microscopiques : un P^ri-
dinitn a troiscornes, V Hirundinella iripos (Fig. 25), les Halos-
phcera qui ressemblent a nos Protococcus , les Coscinodiscus en
forme de plaquettes vertes, les Rhi\osolenia qui ont la meme
couleur et un corps plus allonge, etc. A mesure que nous
approchions de la mer des Sargasses, deux sortes d Algues
' '
Fig. 24.— Un Radiolaire, I’Acantho-
metra Mulleri (d’apres Haeckel). —
Est a peine visible ii 1 ceil nu. (Uli-
ehe Masson).
jaunatres vinrent s’ajouter aux types precedents, t0 . kottes
menteuses et agglomdrdes, mais les unes sous la loim . s
irreguli£res, les autres en un massif dchevele p us o
sphdrique.
Ill
Est-ce au voisinage des Sargasses qui au ‘
ddveloppcment, en quantity considerable, e ces tout caSj
mdrdes et jaunatres? II y a des raisons de le cioi . ,jeinent
la faune des Sargasses est tout a fait spdciale, a
— 35 —
adaptee au milieu oil elle vit et, pour la plus grande part,
independante de la faune pdlagique normale.
Les Surpasses sont des Algues brunes de la meme famille
que les Fucus de nos cotes ; leur thalle se ramifie en branches
greles qui portent des expansions dentelees en forme de feuilles
et, un peu partout, des flotteurs isoles munis d'un court pe'don-
cule (Fig. 26). Ces Hotteurs globuleux et remplis de gaz ont la
taille d’un gros pois ; ils se de'tachent aisement de leur pedon-
cule et abondent sur les Hots dans les regions oil sont nom-
breuses les Sargasses. Les
ramifications du thalle et les
flotteurs agds sont d’un brun
noiratre assez intense, mais
les flotteurs jeunes et les ex¬
pansions foliacees sont d’un
jaune verdatre, qui est la
teinte prddominante de l’Al-
gue. On sait que les Sargas-
ses a flotteurs (Sai'gassum
bacciferum) vegetent au voi-
smage des cotes americaines
ttopicales a la maniere de nos
flucus, et que les portions
detachdes de leurs thalles,
entraine'es par les courants,
Aennent se rdunir dans un
^aste espace de 200.000 kilo¬
metres carres, compris entre le Gulf-Stream et le courant equa-
torial. A lui seul, cet apport serait insuflisant pour peupler
d Algues une dtendue aussi vaste ; mais, si les Sargasses flot-
lantes ne forment aucun element reproducteur, elles vdgetent
Parfaitement a la surface des flots, y poussent des rameaux,
^es expansions foliace'es et des flotteurs, sans doute egalement
s b' divisent sous l’influence des vagues, chacune de leurs bran-
ches detachees donnant naissance a une touffe nouvelle. Cer-
taines de ces touffes, encore petites, sont manifestement au
debut de leur croissance, les plus grandes pouvant de'passer
(93)
Fig. 25. — Une Algue de la famille
des Peridiniens, VHirundinella tri¬
pos. (A peine visible a 1’ceil nu).
— 36 —
largement le volume de la tete ; grandes ou petites, elles pous-
sent dans toutes les directions, ce qui leur donne une forme
arrondie bien caracteristique et, cela va sans dire, une textui e
assez lache, produite par leurs rameaux plus ou moins enche-
vetres. Aux confins de la mer des Sargasses, les toulles sont
rares et isolees; plus loin, elles ont une tendance a se teunii
suivant la direction des courants superficiels et constituent alors
de longues trainees interrompues, dont les dimensions en lar-
geur sont toujours mediocres. Nulle part nous n avons vu la
surface absolument recouverte d’Algues : la disposition en trai¬
nees semble tout a fait predominante, avec de larges intervalles
oil flottent parfois quelques touffes isolees et, dans certains cas,
des sortes de radeaux assez compacts dont les plus grands
pouvaient atteindre i5 a 20 metres carres. Qa et la, parmi les
Sargasses, on rencontre quelques fragments de Fucus nodosus
arraches certainement aux rivages des Canaries, de Madere ou
des Acores.
Nous atteignimes la mer des Sargasses par son extremite du
sud-ouest. C’est le 8 aout que les premieres touffes furent aper-
cues pres du navire ; le yacht se trouvait alors a 2.200 kilome¬
tres des Canaries, et a 2.000 kilometres des Acores, par 26°qo
lat. N. et 36°36’ long. O. (Greenwich); apres quoi il fit un
long coude vers le nord-ouest pour atteindre la region ou abon-
dent les Algues. Au point le plus dloigne de notre course, le
12 aout, nous nous trouvions a 2.7000 kilometres des Canaries,
et a 1.700 kilometres de Pico (Acores), par 3i°4o' lat. N. et
42°qo’ long. O.; le 20 aout disparurent les dernieres touffes, a
2.000 kilometres des Canaries et a 83o kilometres de Pico,
par 33°5i’ lat. N. et 34°o3’ long. O.; soit une campagne de
treize jours dans la region des Sargasses.
La population zoologique localisde dans les touffes d’Algues
est riche en individus, rnais pcu variee comme especes ; elle se
distingue surtout par le mimetisme extraordinairement pro¬
nonce de presque tous les animaux qui la repre'sentent. Comme
les Sargasses elles-memes, ces derniers sont d’un jaune ver-
datre, avec des parties plus foncees tirant parfois sur le rouge,
et des taches blanches imitant les Bryozoaires disposes en
- 37 -
croutes sur les Algues ; toutes ces colorations, associees aux
bigarrures, sont etonnamment variees dans une espece. I n
Crabe pelagique, le Nautilograpsus minutus , celui-la meme
que nous avions trouve a l’arriere des Tortues et sur les d paves,
grouille dans les Sargasses, oil, ndanmoins, on ne l’apercoit
pas lorsqu’il se tient immobile, tant est parfait son mimetismc
de couleur, qui varie d'ailleurs pour chaque individu. 11 en est
de meme d’un Crabe pelagique plus rare, le Neptunus Sayi,
et des petites Crevettes qui nagent d’une touffe a l’autre :
Fig. 26. — L'Antennarins marmoratiis, li cote d’un fragment
de Sargasse. (Grandeur naturelle).
Palaemon pelagicus, Leander tenuirostris, Virbius acuminatus ,
etc. Les Gasteropodes qui vivent dans ce milieu presentent des
caracteres analogues, et sont en general de petite taille ; 1 un
d eux pourtant, le Scyllcea pelagica, atteint une longueur de 6
& 7 centimetres et se distingue par un etrange mimetismc de la
forme et des couleurs : orne' de lobes pairs assez larges et
delicatement frangds, ce Mollusque nu est decoupe' sur le module
des expansions foliacees de l’Algue dont il possede le coloris, si
Wen qu’il peut ramper inapercu dans les dedales de son habi¬
tation flottante. Les deux mimetismes associes se rencontrent
(93)
egalement dans le Syngnathe pelagique , dont le corps allonge
et grele s’inflechit lentement ou se tient immobile comme
un rameau ; ils se de'veloppent a un degre vraiment etrange
dans un autre Poisson, Y Anteniiarins marmoratus (Fig. 26),
qui est marquete de blanc sur un fond brun jaunatre, avec
des nageoires et des expansions frangees ou decoupe'es en
lobes. L’ Antennarius est certainement l.’animal le plus typique
et le plus curieux de la faune des Sargasses ; tres rapide en ses
evolutions, il revient rapidement a la touffe dont on l’ecarte, et
s’y cramponne avec ses nageoires anterieures dilate'es qui fonc-
Fig. 27. — Halobates Viillerstorffi dans sa posi¬
tion naturelle a la surface de l’eau. (D’apres
nature. Grossissement lineaire, 7).
tionne a la maniere d’une main. Ce Poisson me parait atteindre
au plus 10 centimetres de longueur ; il se construit un nid
globuleux et compact, gros comme les deux poings, en r^unis-
sant les touffes d’Algues avec une secretion filiforme et elasti-
que fort abondante. Nous trouvames deux de ces nids peu apres
notre entree dans la rner des Sargasses, dans une region oil les
touftes e'taient encore tres peu nombreuses ; plus tard, malgre
des recherches multipliees, il nous fut impossible d’en rencon-
trer un seul. Les deux nids renfermaient une quantite’ d’oeufs
repartis dans toute la masse, entre les rameaux d’Algues et les
fils elastiques; ces oeufs mesuraient a peu pres 2 millimetres de
diametre et, vraisemblablement, avaient ete pondus par le
Poisson.
- 3g -
IV
Pour terminer cette esquisse de la faune superficielle, je
dois consacrer quelques lignes aux Hemipteres du genre Halo-
bates qui sont les seuls Insectes adapte's a la vie errante du
large. Tres voisins des Hydrometres de nos eaux douces, mais
beaucoup plus courts et plus trapus, ils vivent comme eux a la
surface, oil ils patinent en s’appuyant sur leurs quatre pattes
posterieures (Fig. 27), qui sont fort allongees. C’est le i5 aout,
en pleine region des Sargasses, que nous vimes les premiers
Halobates; ils furent egalement assez nombreux le lendemain;
mais, dans la suite, nous n’en trouvames plus un seul, sauf a
100 kilometres au sud de Sao Miguel, oil ils etaient d’ailleurs
beaucoup plus rares. Ces Insectes sont partout revetus d'une
pubescence grise qui prend un reflet blanchatre sous les rayons
lumineux; ils glissent en zigzagant et sautent sur l'eau avec
une agilite extreme, si bien que, vus du bord, ils ressemblent
Plutot a des moucherons qui eflleurent la vague. On les prend
au haveneau, mais la capture en est difficile. Ils paraissent
mcapables de plonger et, pour les mettre a l’etat d’immersion
complete, il faut les agiter dans un tube avec de l'eau de mer;
alors, on les voit remonter a la surface et se tenir quelque temps
appliques, le dos en bas, contre la couche liquide en contact
avec Fair. Ainsi, au contraire des autres animaux pelagiques,
les Halobates ne semblent pas pouvoir quitter la surface et
descendre a de certaines profondeurs quand l'Ocean est agite.
Pourtant, nous ne vimes ces Insectes que par des temps calmes;
mais comment pourrait-on les apercevoir auand la mer est
couverte de rides nombreuses ou de vagues un p>eu ecumantes ?
(93)
— 40 —
—
La Faune bathypelagique
ET LA FAUNE DES GRANDS FONDS
A l'exception des Halobates, les animaux pelagiques ne
restent pas confines a la surface ; suivant leur aptitude a la
natation ils descendent plus ou moins vers la profondeur, et
remontent quand les conditions de calme et de temperature
leur paraissent favorables. Si, dans le sillage du navire, le filet
Fig. 28. — Cyclothone microdon Gunther. (Grossi deux fois).
de gaze fine re'colte toujours des Cope'podes, des Foraminiferes,
des Sagitta , des larves et autres petits organismes, par contre,
les animaux de plus grande taille disparaissent frequemment
de la surface, surtout quand le temps est frais et la mer agitee.
Mais, qu’on descende alors jusque vers 5oo metres le filet a
grande ouverture, dans sa course remontante l’engin recoltera
les organismes qui se tiennent entre deux eaux, et ces orga¬
nismes seront, a tres peu pres, ceux qu’on trouve ordinaire-
ment a la surface par un temps calme.
I
Au-dessous de la zone, tres variable suivant les especes, qui
est frequentee par les animaux pelagiques ou de surface, s’etend
jusqu au fond une couche d eau plus ou moins e'paisse. Cette
— 4i —
couche a-t-elle une faune qui lui soit proprc, une faune dont
les repre'sentants n explorent jamais les regions superieures de
1 Ocean et ne se tiennent pas localises sur le soubassement du
domaine maritime ? Pour repondre a cette question, il suffit de
comparer les recoltes du filet vertical avec celles que donnent
Fig. 29. — CliJidiodits Sloanei Schneid. (Reduit au tiers).
le chalut et les autres engins de fond. Dans la re'gion des
abysses, c’est-a-dire par des profondeurs qui peuvent depasser
6.000 metres, le filet vertical ne ramene guere que des ani-
maux hyalins, bleuatres, violaces ou incolores quand on le fait
fonctionner entre 1 .000 metres et la surface : c’est la zone des
Dg. 3o. — Argyropelecus hemigymnus Coceo. (Gr. nat.).
01ganismes pelagiques ; — descendu jusqu’au voisinage du
fond et remonte' ensuite, il ramene, au contraire, un grand
melange de formes dont les unes sont identiques aux pre'ce'-
dentes et les autres d'un type tout particulier : noiratres, rouges,
paifois brunes et hyalines et tres souvent rnunies d’organes
^ mmeux. Les animaux de ce type appartiennent a la faune
es a6ysses ou ne penetrent jamais les rayons lumineux du
1 t°i s , mais ils ne viennent pas du fond, car on ne les obtient
(93)
— 42 —
pas avec le chalut, sauf dans les cas tres rares oil cet engin,
fonctionnant comme filet vertical, a fait quelques captures en
remontant a la surface. Ainsi, entre la zone superieure et le lit
des oceans, vit et se developpe une population abyssale qui ne
remonte jamais dans les couches superieures eclairees et ne
touche le fond qu’aux hasards de la chasse ; localise entre deux
eaux comme les organismes pelagiques, et d'ailleurs isole dans
les abysses comme les especes qui vivent sur les grands fonds,
cet ensemble d’animaux constitue ce qu'on a tres justement
nomme la fauna bathypelagiquc.
Fig. 3 i. — Deux poissons bathypelagiques a organes lumineux : en haut,
le Xenodermichthys socialis Vaillant, capture par le Talisman ; en bas,
grossi trois fois, le Photostomias Guernei Collett, oris aux Acores par
1 'Hirondelle.
Pour decouvrir cette faune et en etudier la distribution, les
zoologistes explorateurs ont eu recours a des filets verticaux
en gaze fine, qui, au moyen d’un mecanisme assez delicat, peu-
vent s’ouvrir et se fermer a la profondeur voulue. Mais, a
cause de leurs dimensions tres reduites, ces engins ne rappor-
taient qu un petit nombre d’animaux et seulement des especes
peu rapides ; on les a remplaces a bord de la Princesse- Alice par
le filet Richard a grande ouverture, qui fixe moins bien, il est
vrai, la distribution verticale des organismes, mais qui a pour
avantage de les capturer en plus grand nombre et d’etre d’une
manoeuvre fort simple.
- 43 -
II
Torn les groupes d’animaux marins sont represents dans
la faune bathypelagiquc.
Parmi les Poissons, il convient de citer en premier lieu les
petits Scopelides du genre Cyclothone (Fig. 28). qui reviennent
nombreux a chaque coup du filet vertical. Leur corps grele n’a
pas assez de consistance pour re'sister au voisinagc des autres
animaux captures et souvent meme se colie aux mailles de
l’engin; pourtant, il est facile d’en observer la couleur noire, la
tete un peu dilutee sur laquelle s'ouvre une longue, bouche, les
Ho. 32. — Panic anterieure d’un Malacostcus a vec
les deux oreanes lumineux situes au-dessous et en
arriere de rceil.
tres petites dents et parfois, quand le specimen est bien con-
sei'e, les organes lumineux tres petits, distribue's en rangs
multiples. Une autre espece egalement aplatie et grele, mais
n°tablement plus grande, le Chauliodus Sloanei (Fig. 29 : 3o cen-
fmetres environ), apparait avec beaucoup moins de frequence ;
°n distingue a ses longues dents aciculiformes qui debordcnt
es let res, a ses Hanes argents et aux taches phosphorescentes
■ 'tuees sur sa face ventrale noiratre. Une espece plus commune,
ct decoloration analogue, V Agyropclecus hemigymnus (Fig. 3o),
aPpartient a une famille tres voisine, encore que sa forme soit
°Ute diffe'rente : tres comprint lateralement, ce petit poisson
®st piesque tout en tronc et en tete, presque semblable a un
SclUe uugmentc d’une etroite queue ; il a une bouche peu
(93)
— 44 —
fendue et, pres du vertex, deux gros yeux presque contigus et
dirige's vers le haut a l’extremite' de courts pe'doncules. Ces yeux
telescopiques ne semblent pas rares, du moins dans le jeune age,
chez les especes qui vivent entre deux eaux ; au voisinage des
lies Bale'ares, le filet vertical nous rarnena une larve oil ils
etaient demesurement allonge's.
Etant donne'es leurs couleurs plutot claires, les deux especes
pre'cedentes se tiennent vraisemblablement a des profondeurs
mediocres. II n’en est pas de meme de certains Poissons
Fig. 33. — Nematoscelis mantis Chun, un Schizopode bathypelagique
presentant des organes lumineux arrondis a la base des pattes et
d’autres enchasses dans l’oeil, ce dernier represente en dessus.
etranges, dont nous capturames quelques rares spe'cimens : le
Macrurus globiceps , a la tete renfle'e suivie d’une queue longue
et etroite ; 1’ Eurypharjnx pelecanoid.es , plus exage're' dans le
meme sens, avec une machoire dilatable en un vaste sac, et le
Malacosteus niger , ou la meme mandibule tres grele atteint une
longueur demesuree. Toutes ces especes ont la teinte noiratre
caracte'ristique des Poissons franchement bathype'lagiques, et
parfois meme presentent des taches phosphorescentes. C’est
ainsi que le Malacosteus niger est muni, pres du bord de la
levre superieure, de deux grands organes lumineux (Fig. 32).
— 45 —
Les Crustacds bathypdlagiques prdsentent une varietd non
moins grande et, cn gdndral, une plus grande richesse cn indi-
vidus. Cette observation convient particulierement au groupc
des Schizopodes, qui toujours nous donna une quantitd de
specimens appartenant aux families les plus diverses : des
Eucopia , des Boreomysis , des Thysanopoda , des Nematoscelis
(Fig. 33), ces dernieres avec des organes lumineux. Grace aux
recoltes du filet vertical, on sait aujourd’hui que les Schizo¬
podes sont des etres fort varies, qui passent aux Pe'neides ct
aux Crevettes par toutes les transitions et se rattachent par des
liens etroits aux Decapodes nageurs. Tel est, du moins, le
Systellaspis Bouvieri Coutiere, Acanthephvride pris aux
Acores par la Princesse-Alice. (Long. 35mm).
,esultat des observations effectuees par M. Hansen sur les
Luzopodes et par M. Coutiere sur les Crevettes recueillies
pendant la campagne de 1904, avec le filet vertical.
Fes Schizopodes bathype'lagiques sont toujours accompa-
&ne's de De'capodes nageurs plus volumineux, parmi lesquels
eonvient de citer au premier rang d’enormes Sergestes , aussi
s'unds que notre Pale'mon comestible, les admirables Crevettes
Juhe‘s (fig. 3q) 4U genre Acanthephyra et des Pe'ne'ides nota-
ement plus petits, les Gennadas , qui ont la teinte dcs prdee-
es Jvec des appendices buccaux purpurins. Le Gennadas
e8^ns est 1 espece la plus commune du genre : il fut considere
1TIrue une espece rarissime aussi longtemps qu’on se borna
x peches sur le fond ; mais, depuis l’emploi du filet vertical,
(93)
— 46 —
surtout de celui a grande ouverture, il apparait tres commun
et doit etre consid^re' comme un des elements les plus carac-
teristiques de la faune bathypelagique
dans nos regions. En Me'diterrande, pres
des iles Baleares, et au centre de l’Atlan-
tique, dans la region des Sargasses,
certains coups de filet nous donnerent
jusqu’a trente specimens de ce joli Pe-
neide. Au-dessus de 1000 metres, on
ne rencontre guere que les larves de
l’espece ; au-dessous apparaissent les
adultes, qui, d’ailleurs, ne semblent
jamais se tenir sur le fond (i). Beaucoup
plus rares, mais mieux adaptes encore
Fig. 35. — Kryoneicus
Alberti Bouv., capture
dans la mer des Sar¬
gasses par la Princesse-
Alice entre la surface
et 2000 metres. (Lege-
rement grossi).
a l’existence bathypelagique, sont les
Decapodes du genre Kryoneicus , qui
Fig. 36. — Cyphocaris Richardi Chevreux, Amphipode bathypelagique
pris aux Acores par la Princesse- Alice. (Long. i2mm).
repre'sentent, dans les mers actuelles, les Eryonides de l'e'po-
que jurassique : avec leur carapace globuleuse ou transversa-
lement dilatde et leur queue relativement reduite, ces Crustaces
(i) Les autres Gennadas offrent les memes caract^res ; ils sont repre-
sentes dans nos regions par d’assez nombreuses especes (G. Alicei, G. Ti-
nayrei, etc.), pour la plupart decouvertes au cours des campagnes de 1904
et 1905.
—
- 47 —
ressemblent a des ampoules tra'nsparentes que meuvent et
dirigent les pattes natatoires de la region caudale. On en con-
naithuit especes, dont quatre ont ete capturees par la Princesse-
Alice au cours de ses
deux dernieres cam-
pagnes ; ces huit es¬
peces reunies ne sont
guere representees
que par vingt speci¬
mens
ce qui donne
, - Streetsia Stebbingi Chevreux, un
autre Amphipode des profondeurs (Gr. 4 fois).
— Les yeux de eette espece sont enorme-
ment developpes.
une idee de la va-
riete du genre, de sa
pauvrete en indivi-
dus, et aussi de l’elli-
cacite du filet Richard.
Lune de ces especes est remarquable entre toutes par la dila¬
tation tiansversale de sa carapace, qui est beaucoup plus large
que longue , je lui ai donne le nom d ' Eryoueicus Alberti
' ig- 35), en l’honneur du Prince qui l’a
decouverte. C’est en pleine region des
Saigasses que le filet vertical nous rap-
P°rta cette jolie capture, apres une
c°uise comprise entre 2000 metres de
Profondeur et la surface.
Quand le filet arrive a bord, on en
d'eise le contenu dans des bacs de
'eile disposes sur une table, et c’est
alois que commence l’examen des ani-
maux captures. Au premier coup d’oeil,
apercoit les Decapodes et les grands
c izopodes, d’un rouge vif uniforme
P0Ul la plupart, mais dans certains cas
^ss' ^nc°lores et hyalins, avec des par-
col ,°UCS °u PurPul'ines. 1 res nombreux, mais beaucoup moins
Fig. 38. — Nectonemertes
Grimaldii Joubin, Ne-
merte bathypelagique,
de couleur jaunatre,
capturee au large des
Acores par la Prill-
cesse-Alice. — A gau¬
che, face ventrale; a
droite,dorsale. (Gr.nat.)
appaiaissent ensuite les petits Schizopodes pelagiques.
colores,
n Sem^'a^^es ^ de menues Crevettes. Puis on voit tour-
^ ?a et la des Amphipodes (Fig. 36 et 37) ou Crevettines,
(93)
-4» -
les Gigantocypris noirs, qui sont des Ostracodes relative-
ment enormes, et la foule grouillante des Copepodes de la
famille des Calanides. Ces derniers sont toujours fort abon-
dants ; tres varies comme especes, ils constituent poui une
grande part le plankton pdlagique et bathy-
pelagique. En general, leur taille est petite
et leur coloration tres diverse, encore que
certains d’entre eux, les Macroccilanus notam-
ment, atteignent un centimetre de longueur
et presentent une belle teinte rouge, uni¬
forme, tres caracteristique des especes bathy-
pelagiques.
A cela ne se bornent point, tant s’en faut,
les surprises que nous reserve le filet verti¬
cal. Voici des Annelides polychetes nageuses
qui progressent entre deux eaux par mouve-
rnents ondulatoires ; les unes sont d’un beau
jaune et assez longues, les autres plus courtes,
incolores et absolument hyalines. Ces der-
nieres appartiennent au genre Tomopteris ;
elles sont remarquables par la longueur
demesuree de leurs parapodes, qui ressem-
blent a de longs pieds, et par les grandes
dimensions de leurs antennes filiformes. En
voyant ces animaux, on saisit la valeur de
l’hypothese qui rattache aux Annelides les
formes primitives du groupe des Crustaces :
que la mince couche chitineuse des Tomop¬
teris augmente en epaisseur, elle devra se
briser en articles pour permettre les mouve-
Fig. 3g. — Taonius ments, et le type Arthropode sera realise'.
pavo Lesueur. .
(Reduit au quart) Voici d autres Vers plus etranges dans ce
milieu, parce qu’ils ont coutume de se tenir
sur le fond ; ils appartiennent au groupe des Ne'mertes et
constituent les genres Nectonemertes (Fig. 38) et Pelagonemertes;
les uns sont rouges et allonges, les autres marbres de noir avec
des contours cordiformes, certains jaunatres et semblables a
— 49
des poissons (Fig. 38); tous prdsentent une longue trompe, le
plus souvent devaginde, qui fait saillie a l’extremite anterieure
du corps. Depourvus de parapodes, ces animaux doivent se
deplacer par des mouvements ondulatoires. Les Pelagond-
Fig. 40. — Leachia cyclura Lesueur. — Moitie
anterieure, vue du cote ventral pour montrer les
petits organes lumineux spheriques reunis en
cercle autour des yeux. (Gross. 2 fois).
naertes comptent parmi les representants les plus rares de la
^une bathypdlagique, ct Ton doit considerer comme un resultat
sans ^gal d’avoir pu en capturer cinq individus (representant
Llnq especes nouvelles) au cours de la derniere campagne.
**** (93)
— 5o —
Si le filet Richard nous prodigue ses merveilles, il nous
plonge parfois dans de serieux embarras. Nous paivenons a i an¬
ger dans le groupe des Gdph}rriens un Ver bizarre cju il nous
rapporte, mais souvcnt aussi nos connaissances zoologiques sont
en defaut. C’est l’humiliante aventure qui nous arrive en pre¬
sence de trois especes diffdrentes, molles, contractiles et depoui-
vues d’appendices; a quel embranchenrent du regne animal
Fig. 41. — Cirroteuthis umbellata P. Fischer, reduit au quart.
faut-il rapporter ces animaux problematiques? Sont-ce des Vers
ou des Mollusques? Nous n’arrivons pas a le savoir, car le roulis
du bateau ne permet guere une dtude approfondie. Les zoolo-
gistes, a terre, resoudront sans doute cette curieuse enigme.
Dans le groupe des Mollusques, la faunc bathypelagique est
representee par d’assez nombreux Pteropodes, les uns plutot
abondants, cornrne les Cre'seis et les Hyales, les autres rares et
— 5i —
voisins des Pneumodermes. Bien plus communs devront etre
les Cephalopodes; mais ccs animauxsont rapides : ils dchappent
meme au filet Richard, et il faudrait un cngin a ouverture plus
grande encore pour etre a meme de les capturer a coup sur.
Dans ce but, le Prince avait imagine un filet de 80 metres, dont
l’entre'e devait etre maintcnue beante par un jeu de quatrc pla¬
teaux; nous fimes l’essai de cette gigantesque machine qui en-
combrait tout le pont du navire; mais les plateaux ne fonction-
nerent pas convenablement et le filet revint a bord un peu
42. Pelagothuria Bouvieri Herouard, Holothurie bathypelagique
capturee par la PrincesSe- Alice. (Gr. nat.).
disloque, sans la moindre recolte. En presence de cet echec
dc eux qui re'duisait a neant le be'nefice d’un long et dispendieux
01h le Prince ne manifesta pas le plus leger depit; il discuta
■'Implement le mdcanisme des plateaux, envisagea les modifica-
^°ns (lu ^ conviendrait d'y apporter, et, des l’instant, prepara
succes d une campagne prochaine.
11 attendant cette revanche, qui promet de frappantes dc;-
u'ertes, il fallut nous contenter d’un petit nombre de Cepha-
es bathypdlagiques, a vrai dire tous rares et fort curieux.
(93)
Plusieurs furent captures a la surface, Spares plus ou moins
inertes echappees a la poursuite des grands Cetodondes; c est
ainsi que nous fimes main basse, au voisinage de Sao-Miguel,
sur un certain nombre de Leachia cyclura (Fig. 40) encore assez
actifs, et que plu¬
sieurs Taonius
pavo (Fig. 39) nous
apparurent sans
mouvement vers
les parages des Sar-
gasses. Ces deux
sortes de Cdphalo-
podes ont le corps
allongd des Cal-
mars, mais ils s’en
distinguent l’un et
l’autre par des
traits bicn caracte'-
ristiques : le pre¬
mier par ses yeux
saillants entoures
d’un cercle d’orga-
nes lumineux, le
second, par ses taches colorees qui ressemblent aux ocelles des
plumes de Paon, et par sa couronne de bras qui est remarqua-
blementcourte. Comme tous les Cephalopodes bathypelagiques,
ces animaux appartiennent au groupe des especes nageuses et,
comme ces dernieres, pre'sentent deux longs tentacules en plus
des huit bras de leur couronne cdphalique. Un jour, en remon¬
tant une nasse deposee a 3ooo metres de profondeur, nous
trouvames enroules sur le cable de l’engin deux tentacules
encore vivants, dont le propridtaire vraisemblable fut rapporte
par la nasse elle-mdme, privd de ses deux organes. Nous dtions
en presence d’un merveilleux Masligoteuthis violace, au long
corps termine par une nageoire caudale arrondie; et il nous fut
possible d’examiner a loisir, sur les tres curieux tentacules
du specimen, les innombrables et minuscules ventouses qui,
Fig. 43. — CEginura Grimaldii Maas, Meduse
prise par le Prince de Monaco a 781™ de pro¬
fondeur. (Grossie).
:‘;r- • .
— .^3 —
semblables a des filaments un peu renfles, sont caracteristiques
du genre Mastigoteuthis. Une autre fois, le chalut a plateaux,
en remontant a la surface, recueillit un Ce’phalopode hyalin ct
finement allonge qui presentait de nombreuses taches rouges, et
sur la tete, des yeux pddoncule’s munis chacun de deux organcs
lumineux; cetait le reprdsentant d’une forme inconnue, sur
laquelle l’habile sagacite de mon excellent collegue du Museum,
M. Joubin, s’exerce actuellement. Le chalut a plateaux et le filet
vertical nous rapporterent dgalement des Ce'phalopodes d’un
tout autre type, les Cirroteuthis (Fig. 41), dont le corps est trapu,
arrondi en arriere, et muni lateralement de deux ailerons obtus
et tres saillants. Moins ele'gants que les autres Cephalopodes
bathype'lagiques et surement aussi moins actifs, ces animaux
nous frapperent davantage a cause de leur coloration noire et de
la faible consistance de leurs tissus. Au surplus, ce dernier
tiG. 44. — Spinax niger Bonap. (Longueur moyenne : 1 metre).
caractere, diversement accentue, semble etre un des traits assez
gene'raux de la faune de profondeur : la musculature perd de
Sa densite, l’organisme devient tres aqueux, et l’animal prend
lln aspect gelatiniforme toutes les fois qu’il n'est pas protbge
pai une enveloppc solide. Plus que tous les autres Ce’phalopodes,
'es Cirroteuthis presentent ces caracteres a un remarquable
degre.
Les Cephalopodes occupent une des premieres places parmi
cs grands habitants des mers, et, a ce point de vue, rivalisent
llleme avec les Poissons. On ne saurait douter que certains
n‘nigateurs en aient rccontre de gigantesques : Verrill a observe
PUe les grands Cephalopodes ne sont pas rares au voisinage de
„erre'^euvei et Ton a capture’ dans les parages de la Nouvclle-
6 an c un Architeuthis qui mesurait 17 metres de longueur,
(93)
— 54 —
les tentacules dtalds. Durant la campagne, nous eumes la
satisfaction d’apercevoir, mais non de prendre, un assez volu-
mineux repre'sentant du groupe; e’etait le 28 aout, au pied du
cratere de Sete Cidades, dans File Sao-Miguel : sous les rayons
du projecteur electrique dispose' pour la peche, nous vimes
apparaitre un Cephalopode presque cylindrique, dont le coi ps
avait pour le moins un metre de longueur, sans compter les
tentacules. L’animal resta quelques minutes a la surface, dans
Fig. 45. — La nasse au moment ou elle est ramenee a bord de la
Princesse- Alice. (D’apres line photographie de M. Tinayre.)
une immobility a peu pres complete, mais il ne nous laissa pas
le temps de le harponner et s’evanouit dans les profondeurs.
J’ai dit plus haut que les Cdphalopodes bathypelagiques
viennent Hotter a la surface quand ils ont subi quelques lesions
ou quand leur vitality diminue. Cette particularity doit s’etendre
a d’autres animaux qui habitent les memes milieux et certaine-
rnent, comme on va le voir, aux Echinodermes du genre Pelago-
thuria (Fig. 42). Un jour de beau calme, pendant que le yacht
(93)
FiG. 46. — Le chalut a etriers. — En haut, chalut vide avec ses fauberts et son empeche conique; au milieu,
un faubert dont les filaments d’etoupe retiennent des organismes marins, puis les poids de lest; en has,
le chalut trainant sur le fond.
— 56 —
etait immobilise dans la mer des Sargasses pour une peche sur
lefond, le Prince voulut etudier la faunc superficielle du voisi-
nage et, dans ce but, organisa une promenade en youyou. Apres
deux ou trois heures de recherches, le canot apportait a bold
une recolte assez riche : des embryons de Poissons volants, des
Cydippes, des Physalies, et un animal teinte de brun et de violet,
que nous primes tout d’abord pour une grande Me'duse et ensuitc
pour une Actinie flottante. Nous etions loin de la verite, mais
Fig. 47. — Une crevette de grands fonds, le Benthesicymus longipes Bouv.,
espece nouvelle capturee aux lies du Cap Vert par la Princesse-Alice sur
un fond de 38go metres. (Gr. nat.).
aussi, quel organisme enigmatique! Qu’on se figure une sorte de
tronc de cone obtus, fortement teinte de brun et muni d’une
double couronne de longs tentacules violets (Fig. 42), les uns
delicatement arborescents. et groupe's en cercle autour de la
bouche, a la grande base du cone, les autres simples, de plus
grande taille, et reunis au-dessous des premiers par une sorte
de grande ombrellc hyaline. Comment reconnaitre, dans la gra-
cieuse creature flottante, une forme du groupe des Holothuries.
dont les especes normales sont toutes rampantes et localisdes sur
les fonds! Et pourtant, notre animal appartenait bien recllcmcnt
a cette classe; c’etait un reprdsentant du genre Pelagolhuria .
qui fut decouvert par M. Agassiz dans le Pacifique et retrouve
depuis par la Valdivia dans l’oce'an Indien. Les Pelagothuries
sont les seuls Echinodermes qui, a 1’dtat adulte, passent leur
existence entre deux eaux; elles doivent etre d’une rarete' ex¬
treme, caron n’en connait qu’un
tres petit nombre de specimens.
Ceux d’Agassiz, un peu endom-
mages, furent pris a la surface,
comme 1’exemplaire de la Prin-
cesse-Alice ; mais il est certain
que les Pdlagothuries appartien-
nent a la faune bathypelagique,
car elles ont lesteintes brunes et
violettes si communes chez les
■epresentants de cette faune, et,
d ailleurs, les specimens de la
Vildivia furent captures par le
filet vertical entre 800 et 1000
metres de profondeur.
Ce sont egalement les teintes
biunes et violettes, quelquefois
'etnplacdes par du rouge, et presque toujours assocides a des
tissus incolores et hyalins, qui font reconnaitre les especes
athvpelagiques de l’embranchement des Polypes. Abstraction
aite ^une Actinie flottante relativement commune, ces especes
a°nt lept'esentees surtout par des Siphonophores et des Meduses.
existe certainement dans les profondeurs des Siphonophores
tles complexes et de grande taille, mais ces animaux ne nous
c'tnient jamais intacts, et le yacht n’en recueillit que des frag¬
ments volumineux qui se trouvaient enchevetres dans les mailles
es filets ou enroules autour des cables.
Fig. 48. — Uroptychus (Diptychus)
nitidus Edw.et Bouv., Galatheide
abyssal vivant sur les grands
fonds. (Gr. nat.).
1 ous ne fumes pas plus
(93)
— 58 —
brun, qui parait assez repandu dans lcs profondeurs, et que
nous rapportons avec doute au groupe des Meduses. Quant aux
Meduses de petite tail le, elles entrent pour une grande part dans
la faune bathypelagique et prdsentent une variate' extreme. Beau-
coup sont hyalines et presque incolores, avec des taches rouges
vers le centre de l’ombrelle qui est cubique. en forme de longue
cloche, ou quelquefois assez largement e'talde (Tig. q3i; d autres
paraissent totalement brunes, et il faut un examen minutieux
pour apercevoir la couche de fin cristal incolore qui les enveloppe.
Dans l’un et 1’autre de ces deux groupes, les especes recueillies
Fig. 49. — Lispognathus Thomsoni A. M. -Edwards.,
crabe des grandes profondeurs. (Gr. nat.).
furent nombreuses, et quelques-unes tres remarquables; au
premier, appartiennent deux jobs specimens en forme de cloche,
qui presentaient un manubrium simple, demesurdment allonge';
au second, une bizarre Meduse brune dont le voile cristallin se
dilatait en quatre ballons symetriquement disposds.
Mais comment de'erire ces formes dldgantes et dedicates; les
Meduses sont les joyaux du monde bathypelagique et le pinceau
de notre compagnon M. Tinayre peut seul tenter d’en rendre
les splendeurs magnifiques.
=>9 -
III
Je veux maintenant parler de la peche au palangre, qui sert
a capturer les Poissons de faible profondeur et ceux qui sc
tiennent entre deux eaux ou au voisinage du fond. Le palangre
est une ligne de'mesurement longue, qui reste fixee au bord par
lunede ses extremite's, descend en arc jusqu’au fond de la mcr
et revient a la surface par l'autre bout que maintient un Honour
en forme de cerf-volant; il porte plusieurs centaines de gros
Fig. 5o. — Un crabe des grands fonds, le Merocryptus boleti/er,
Edw. et Bouv. (Grossi 4 fois).
hamecons situes a deux metres les uns des autres, tous soigncu-
senient appates. On retire l'engin apres quelques heures d im-
llleisi°n en commencant, bien entendu, par le bout amarre au
^°id. Nous fimes quatre peches au palangre, trois dans les eaux
Jes Acores, par des fonds de 2000 metres (a l’ouest de Sao-
Migueli, 1229 tnetres (a Fouest de Flores) et 600 metres (au sud
Ponta Delgada), la quatrieme sur le banc de la Princesse-
, lce Par 83 metres de profondeur. Les trois premieres opdra-
fi°ns furent peu fructueuses, mais singulierement attirantes.
len n est plus captivant que' la remontde du palangre lorsque
(93)
— 6o —
la tranquile obscuritd nocturne s’est etendue sur l’Ocean : des
profondeurs tdndbreuses on voit surgir des escarboucles luisan-
tes qui se rapprochent peu a peu et apparaissent bientot com me
les yeux brillants des Squales captures; ccla rappelle nos Fdlins,
mais avec )e ne sais quoi de plus profond et de fascinateui,
dont les Squales de nos cotes donnent une idde tres bonne.
Nous primes surtout au
palangre deux especes
de Squales, le Centro-
phortis calceus et le Spi-
nax niger (Fig. 44), dont
le tapis oculaire a des
reflets jaunes; un char-
mant petit requin aux
yeux verts, une Breme
identique a l’esp&ce de
nos cotes (Pagellus cen-
trodontus) et un animal
du groupedesAnguilles,
le Synaphobranchus, qui
habite les fonds. Sur le
banc de la Princesse-
Alice, par 83 metres de
profondcur, la peche fut
totalement infructueuse
et ce fait merite d’etre
signals, car le banc se
montra singulierement
riche et poissonneux
quand le Prince en fit la
de'couverte, il y a quel-
ques anndes. A quoi faut-
il attribuer cette depopulation curieuse, deja observee au cours
de la precedente canipagne? Peut-etre aux phe'nomenes volca-
niques sous-marins qui ont accompagne I’druption de la Monta-
gne Pele'e. Ces phenomenes, en effet, ne sont pas rares dans la
region des Acores, et Ton sait qu'a l'dpoque ou se produisit la
Fig. 5i. — Un Polype arborescent, le Cla-
docarpus sigma. (Grandeur naturelle).
— bi
catastrophe de la Martinique, le cable sous mat in fut brise et
fondu au voisinage de Fayal, c'est-a-dire non loin du banc de la
Princesse-Alice.
IV
Cette perturbation apportde dans le regime de la faune ich-
thyologique ne saurait avoir une longue duree, car les hauts
fonds ressentblent aux cotes et sont, comme dies, peuples par
de nombreux Poissons. En allant du
Cap Spartel a Madere, le Prince fit jeter
quelques lignes sur le banc Seine, en
des points ou la sonde marquait 1 85 me-
tIesi et nous vimes revenir en assez
gland nombre les especes qui avoisinent
le littoral : des Sebastes rouges, des Raies
niarbrees et des Polyprion ou merous ,
les memes qui accompagnent les dpaves.
Sur les fonds abyssaux, par contre, la
laune ichthvologique est toujours tres
pauvre et limited it des espbces toutes
speciales, colordes en noir. C’est ainsi
^e la nasse (Fig. 4S), it l’ouest de Flores,
nous raPporta 2 Synaphobranchus et 3o
S imenchelys , Poissons abyssaux qui ap-
partiennent au groupe des Anguilles, et
clu' arrivaient it la surface legerement
detoi lire's par la dilatation des gaz de
leui vessie natatoire. Le meme coup de
aasse nous rapporta une magnifique
1 evette abyssale, V Heterocarpus Gri-
Maldii , ddja capturee au cours descam- Fio. 5a. — Euplectella,
Pagnes antdrieures et aussi par le Talis- salTlRld^au ^ a.)
> nan .
La peche au chalut (Fig. 46) nous donna divers Crustaces,
lUl se deplacent sur les grands fonds : V Hepomadus letter , qui
1 Un ^ dneide des plus rares, plusieurs Bernard l’Ermite, entre
(93)
— 62 —
autres le Catapagurus gracilipes et le Parapagurus abyssorum ,
deux Galathdides abyssaux : YUroptychus nitidus (Fig. 48) et le
Munida Saudi Pauli, et plusieurs Crabes caracteristiques des
memes niveaux : la Bathynectes superba, quiest d un beau louge
comme les especes precedentes, la Scyramathia Carpentei i, le
Lispognathus Thomsoni (Fig. 49) aux pattes longues et greles,
et le charmant Ergasticus Cloud dont la carapace est dclicate-
Fig. 53. — Farreci occa Topsent, eponge siliceuse trouvee aux Acores
par le Prince de Monaco.
ment ornee de tubercules greles. Toutes ces especes sont con-
nues depuis les campagnes deja anciennes du Challenger et du
Talisman; elles furent accompagnees dans nos peches par des
Macroures aveugles de la famille des Eryonidcs : la Willemcesia
forceps et divers Polycheles , entre autre une espece nouvelle que
j’ai appelee Polycheles eryoniformis, parce qu’elle ressemble,
plus que toute autre, aux Eryons fossiles des terrains jurassiques.
— 63 —
Surles fonds abyssaux vivent egalement des Galathdides aveu-
gles du genre Munidopsis; mais nous n’en primes pas au cours
de cette campagne, qui fut moins consacrde au chalut qu’a la
peche bathypelagique.
C’est au voisinage de Maderc que le chalut nous rapporta la
plus riche recolte : des Polypiers arborescents de la famille des
Gorgones (Fig. 5i), des Alcyonaires, des Actinies fixdes,
plusieurs Eponges siliceuses (Fig. 52 et 53), des Holothuries,
des Ophiures, des Aste'ries, sans compter la plupart des Crus-
tace's precedents. Nous fumes moins heureux aux Acores, car
ces parages tres riches sont singulierement tourmentds a cause
de leur nature volcanique, et souvent ils garderent nos engins
de fond ou ne nous les rendirent que vides et absolument de¬
clares. A l’ouest de Flores, pourtant, surunfond de 1200 metres,
couvert de Madrepores calciformes ou arborescents, le chalut
nous rapporta une quantite d’Eponges siliceuses dont le sque-
lette de verre file soumit nos mains a une rude epreuve, des
hrachiopodes, des Gastdropodes du genre Pleurotome, diverses
crevettes de fond, et plusieurs Brisinga qui sont des Etoiles de
nier abyssales a longs bras et a disque tres re'duit.
Quand le chalut a etc traine sur un fond de vase, il revient
a ^0rd surcharge', avec ses captures enfouies dans une boue
cpaisse qui rend toute recherche impossible. II faut ddverser le
contenu de 1’engin dans la partie supe'rieure d’une haute cuve
divisee en trois dtages par trois tamis superposes. On amene un
Grt courant d’eau sur la masse qui est supportee par le tamis le
plus grossier; les dlements fins passent sur les deux autres
Cl ibles, dont les mailles sont de plus en plus etroites, puis la
'ase est entrainde dans la mer, ayant abandonne aux cribles
t0Us ses organismes mecaniquement tries. Alors seulement in-
tervient le naturaliste, qui fait generalement une bonne rdcolte
PtUnri ces rnateriaux arraches au fond de l’Ocean et propres
escumais aux recherches zoologiques.
— 64 —
Gibraltar, Madere, l'archipel des Azores.
L’ocean captive par ses merveilles et son influence reposante,
mais les terres eloigne'es ont aussi leur attrait pour le naturaliste,
et e’est avec plaisir qu’on les voit poindre sur Thorizon, apres
une croisiere un peu longue. Le Prince n’ignore pas ces senti¬
ments tres naturels, et il ne menage rien pour les satisfaire,
sachant bien d’ailleurs que ces intermedes donneront un nouvel
elan aux recherches oceanograpihiques ultericures. Quittons done
le domaine maritime pour jeter un coup d’oeil sur les cotes et
sur les lies que nous avons apercues ou visitees au cours de la
derniere campagne.
I
Soit a Taller, soit au retour, le yacht suivit de tres pres et
put examiner la cote espagnole depuis le Cap* Nao, qui est a la
hauteur des Baleares, jusqu’au rocher de Gibraltar. Partout
cette cote nous parut assez aride et peu riche en vegetation, mais
singulierement accidence et pittoresque; de distance en dis¬
tance, sur tous les points culminants, se dressent encore les
tours qui servaient a guetter autrefois Tapproche des corsaires
bnrbaresques. Le Cap Nao s’eleve assez peu au-dessus des flots,
mais il est domine' par une jolie montagne pyramidale qui
atteint la hauteur de y5o metres, et suivi par des falaises grisa-
tres qui ne semblent guere propre a offrir un refuge aux
pecheurs. Plus au sud, on apercoit la ville d’Alicante, et plus
loin encore le Gap Palos qui envoie dans la mer, comme des
avant-postes, de petits i lots rocheux dissdmines. Mais e’est aux
approches de la Sierra Nevada que le paysage prend son aspect
le plus pittoresque. Voici d’abord la cote basse qui precede le
Cap Gata; elle estrongee parleflot de mille manieres, engrottes,
— 65 —
en colonnes, en champignons, et remonte en s’inclinant sur une
aiete montagneuse dont les flancs jaunes ou rougeatres prdscn-
tent ca et la, piquds en bouquets, des touffes d’arbustes verts,
^oicile Cap Gata avec son phare, qui domine la pointe orien-
tale d une chaine de sommets denudes oil se heurtent et s’har-
monisent les tons les plus divers; c’est le point de depart
dune anse au fond de Iaquelle s’dtage la ville d’Almeria,
Fig, Si _ t i
iu detroit s ' 1 rf^e Gibraltar tel 'qu'il apparait du sud, a l’entree mime
la Mediti>r’ro^US a orme d un gigantesque biseau, presque a pic du cdte de
Cette derni ;r^e’’^nu^fnte n'10'ns.ra*de du cote de la ville de Gibraltar. -
du premier nl- Se/Tv >ne au pied du rocher derriere la falaise verticale
1 an. ( D apres une photographic de M. le professeur Joubin).
Pu}ee contre une nouvelle chaine orientee vers le sud. A partir
d’Al ^01nt’ ' aspect de la cote devient tout different; au sud
Blaises' ^ ^ C^a^ne montagneuse plonge dans la mer par des
lacote‘S * 1U^tCS’ pu^s e^e S(^ve progressivement, s’dloigne de
hauts ?Ul^eV*ent presclue P^atet et constitue enffn les sommets,
hauteu^d'^00 m^tres’ Sierra de Gador. Quand on est a la
u phare de la pointe Sabinal, la chaine s’abaisse pour
(93)
66 —
se relever ensuite, et former les premiers plans d un paysagedont
le fond est occupe par le Mulhausen qui reprdsente 1 extremite
orientale de la Sierra Nevada. Le Mulhausen atteint une hauteur
de 3554 metres et constitue le point culminant de la Sierra, a
Taller comme au retour, un temps magnifique nous permit
d’admirer cette imposante montagne, dont les sommets sont
toujours zebres par des amas de neige.
Fig. 55. — Le rocher de Gibraltar et la ville, vus de la baie d’Algesiras. •
L ’extremite meridionale du rocher, celle qui touche au detroit, n’est pas
representee dans cette photographie; a gauche, l’etroit ruban de terre
basse qui rattache le rocher a l’Espagne. (D’apres une photogtaphie de
M. le professeur Joubin).
C’est entre g et 10 heures du matin que' le yacht passa en
vue de la haute chaine; filant vers le sud-ouest, il s’e'loigna peu
a peu de la cote qui devint vaporeuse et mal definie; a 3 heures
de Tapres-midi nous etions au large de Malaga, a 6 heures on
vo)rait se dessiner, comme les lignes d’un gigantesque chateau-
fort, la silhouette du rocher de Gibraltar, a 8 heures enfin le
yacht s’engageait dans le detroit.
Le rocherde Gibraltar (Fig. 54 et 55), s’dtend du nord au sud
a Test de la baie d’Algdsiras dont le vaste bassin debouche sur le
detroit par une entree fort large; avec une bande de terre etroite
etbassequilerattache au continent espagnol, il separe cette baie
delaMediterrande. Longde quelques kilometres etd’une largeur
beaucoupplus rdduite, il s’dleve a une grande hauteur (425 metres)
dans sa partie septentrionale dont la crete sinueuse et naturelle-
ment crenele'e laisse apparaitre des mats de signaux, des ouvra-
ges de defense et, du cotd du detroit, des batteries parfaitement
dvidentes. Au nord, le rocher se termine par un abrupt; au sud,
d descend vers la mer par une pente raide, suivi des grad ins
successifs ou s’elevent de nombreuses casernes, les constructions
du semaphore et le phare qui eclaire la pointe d’Europe, a l’en-
trde du detroit.
Du cote de la mer, le rocher est inabordable, presque nu,
souvent meme vertical, laissant a son pied un etroit ressaut
que les Anglais ont utilisd pour etablir une route et construire
quelques habitations; vers la pointe d’Europe, la bordure
cohere n’existe meme plus, et e’est par un tunnel que la route
doit se construire jusqu’a l’autre versant. Ce dernier est un peu
rooms abrupt que le prdeddent, mais encore singulierement
incline ; a la pointe d’Europe, il plonge verticalement dans le
'Jrge goulet qui sert d’entrde a la baie d’Algesiras ; plus loin,
S0US 'a Partie haute de la montagne, il vient mourir doucement
sur la baie, et e’est en ce point que sont dtablies, tres presse'es
ct sans une place perdue, les habitations et les batiments de
routes sortes qui constituent la ville de Gibraltar. On n’a rien
’icglige pour rendre quelque peu agrdable cet aride mais pitto-
^‘sque sejour : des Pins, des Chenes-verts, des Lauriers et des
°Pa s s etagent au-dessus de la cite, en tous les points ou le roc
Pu conserver des bribes de terre vegetale; et dans la ville
lenie’ au'dela des ruelles en pente qui aboutissent a la grande
re centrale, on a menage un jardin public ou le ddfaut
^“'^tion ne semble pas mettre obstacle au developpement
s ms, des faux Poivriers, des Aloes et de quelques arbustes
Iropicaux.
ddtroit, et mieux encore de la baie d’Algdsiras,
(93)
on
- 68 —
distingue tres bien les routes en zig-zag qui conduisent jusqu’au
sommet du rocher, on apercoit meme les meurtrieres qui ame-
nent du jour dans les tunnels creusds au sein de la montagne,
et tout l’ensemble, avec ses casernes, ses forts, ses batteries,
donne l’impression d’une force pcu commune, utilisee par un
genie persdvdrant qui ne connait pas les obstacles.
C’est au retour que le yacht vint mouiller devant Gibraltar
a quelque distance du vaste port de guerre isol^ dans la baie
par une digue. Devant nous s’etendait la villc disposee en pente
au pied du roc, — a gauche, le ruban de teiiain bas qui foinie
une zone neutre entre Gibraltar et l’Espagne, denieie nous,
la citd d’Algesiras qui occupe une plage sur l’autre rive de
la baie, et plus loin, formant un demi-cercle a louest decelle-ci,
les escarpements elevds oil viennent mourir les montagnes espa
gnoles. Quelques heures nous suffirent pour visitei la \ille,
depuis la jetee jusqu’au semaphore qui domine la pointe d Eu¬
rope.
Propre et bien tenue comme les autres citds anglaises, la
ville n’offre rien de pittoresque a 1’intdrieur, si ce n est sa loule
cosmopolite oil les Espagnols autochtones coudoient des officiers
anglais en civil, des soldats en kaki, des Maures et des Euio
peens de passage. Sous le soleil rendu plus ardent pai le \oisi
nage des rochers, cette foule s’agite dans les rues etioites oil
circulent nombreux des landaus ouverts qui servent de liacie.
J’ajoute que le voyageur ne peut penetrer dans la ville sans etie
muni d’un ticket qui doit etre rendu a la sortie; il est meme
prudent, nous dit-on, de ne pas s’attarder dans la visite, cai les
portes sont rigoureusement closes chaque soir quand le canon a
marqud l’heure du couvre-feu.
Le yacht franchit le detroit a la nuit tombante, entie le
le phare de Tarifa qui brillait il la pointe d’Espagne et les
lumieres de Tanger indiquant la cote marocaine. Sur la meme
cote, apparut bientot le phare du Cap Spartel, situd au seuil do
detroit et nous dimes adieux aux Hots europdens pour penetiei
dans l’Atlantique.
Nous voyageons maintenant vers Madere, sans autre horizon
que la ligne bleue de l’Ocean.
— 6g —
Depuis quatre jours, les cotes ont disparu lorsque se dessine
au loin File de Porto-Santo, avec sa silhouette toute he'risse'e de
pics. Nous passons trds au large de cette ile et le lendemain
matin se dressent devant le yacht les ties Desertas qui cachent
en partie Madere. Pour tous, mais surtout pour ceux d’entre
nous qui n’ont pas la coutume des longues navigations, la vue
de ces lies semble un spectacle re'confortant et delicieux; pour-
tant ils sont bien arides, ces lambeaux volcaniques battus par
les Hots, leur aspect n’a rien d’hospitalier et les parois en sont
bien abruptes; mais ils nous rappellent les terres depuis long-
temps disparues et leur masse imposante, leurs couleurs varie'es
et e'tranges sont bien faites pour forcer l’admiration. A l’oucst
seleve Chao, un roc plat et etroit, aux falaises verticales et
maccessibles; tout a cote surgit la grande Desertas, une sorte
de biseau dont la longueur atteint io kilometres et qui eleve sa
ciete sinueuse a 400 metres au-dessus de l’oce'an; a Test enfin se
diesse Bugio, plus grande que la premiere, mais presque autant
inaccessible et toute herissee de sommets aigus. Retenus par
dherses operations, nous sommes restes pres d’une demi-journee
a une trbs faible distance des lies, dont les details nous appa¬
rent : laves accumulees en couches epaisses, cendres poly-
ehiomes devalant aux pieds des falaises, dykes noiratres inter-
CJles dans ces masses qu’ils soutiennent, tout indique, dans les
Deseitas, Faction du volcanisme.
Aux points oil les pentes ne sont pas trop abruptes, une
Vegetation s’est dtablie, tres verte en certains endroits, mais
^ ssechee sur la Crete oil pourtant elle nourrit des Chevres et des
apuns sauvages. A l’ouest, dans une sorte de vallon un peu
Ute’ on v°ib sur la grande ile, un bosquet de Pins qui mar-
dUe la place oil s’e'tablit autrefois un courageux colon, grand
ami Sans d°ute de la solitude. Aujourd’hui, les Desertas sont
°mpletement abandonndes, la maison n’offre plus que dcs
lnes et quelques Figuiers rabougris ont seuls persiste dans
I v°lsinage, a quelque distance du bosquet de Pins qui dominc
tiem Ce' sommet cr^te- C’est du Prince que je
t S Ces ^ern'ers de'tails, qu’il a d’ailleurs releves dans un chapi-
e s°n interessant ouvrage : La Carriere d’un Naingateur.
(93)
— 7° —
La grande Ddserte n’est frdquentde que par des habitants de
Madere qui vont y recueillir de jeunes Puffins, et par des
tireurs au pied agile qui vont y chasser les Chevres sauvages.
Le Prince fit partie d’une expedition de cette sorte et il en a
racontd les dmouvantes peripeties. On ne gravit pas sans dangei
ces falaises croulantes trop souvent battues par le flot furieux,
c’eut dtd folie d’en risquer l’ascension, et nous nous conten-
tames de les suivre du regard, en admirant la temerite du
chasseur audacieux qui se hasarde sur leur cime.
Le yacht s’est engagd dans l'etroit et profond passage qui
se'pare Bugio de la grande Deserte, et nous void entre des
rocs a pic et vivement nuance's, dont on ne saurait depeindre
l'aspect impressionnant et pittoresque. Le passage double, la
grande lie de Madere nous montre son flanc oriental, avec ses
hauts sommets perdus dans les nuages, ses cotes verdoyantes
et les rochers volcaniques en forme de trainee qui la pro-
longe en une digue incomplete, du cotd de Chao. II fait nuit
quand nous jetons l’ancre dans la baie de Funchal, et ce sont
des milliers de lumieres etagees en amphitheatre qui nous
indiquent l’etendue et la position du chef-lieu de 1 ile. Malgie
l’heure tardive, il nous est neanmoins possible de faire ample
connaissance avec le plaisir supreme de tout bon habitant de
Madere : des feux d’artifice eclatent de tous cotes, non point
seulement dans la ville, mais partout et jusque dans leshameaux
perdus aux flancs de la montagne. Au matin, le merne bruit de
fusses nous reveille, et il se fera entendre pendant toute la duree
de notre sejour. C’est ainsi que les Maderois celebrent leurs
fetes religieuses et se font mutuellement des politesses; le son,
ces petarades se resolvent en feux, le jour en petits nuages de
fumde, non sans produire a toute heure une sdrie de detonations
a laquelle nos oreilles europeennes ne sont pas accoutumees.
A part un lambeau de terrain tertiaire, 1’ile de Madere est
totalement volcanique, forrnee par une association de laves,
de basaltes et de cendres qui donnent une terre fertile, mais
e'minemment propice aux phe'nomenes d’drosion. Ces dermers
phenomenes se manifestent ici avec une intensite remarquable,
a cause de la structure de File, qui, sur toute sa longueur, est
separee en deux versants par une crete montagneuse continue et
fort ilevee. Les flancs do la chaine sont creuse's d’innombrables
ravins appeles curral (Fig. 56) qui, dtroits et profonds, conimen-
cent aux sommets pour s’ouvrir dans la mcr; trois de ces ravins
traversentla ville de Funchal, oil ils ressemblent tout a fait aux
•a
Fig. 56. — La riviere de l’Enfer, au fond d’un curral, a Madere.
liis de volumineux torrents ; le plus remarquable est le grand
^",al qui commence au Pico Ruivo, le point culminant de
'le (i 85o metres), et vient s’ouvrir dans l’ocean a 10 kilometres
Vers r°uest de Funchal.
^algrd l’humiditd du climat et les nuages e'pais qui se
(93)
72
forment presque incessamment sur les hauteurs, le fond de ces
ravins, en temps ordinaire, est presque tou jours a sec ou,
comme dans le curral median de Funchal, traverse par un maigre
filet d’eau. C’est que les sources de File sont captdes a leur
emergence, tres haut dans la montagne, et utilisdes fort judicieu-
sement pour les irrigations; recueillies dans des aqueducs ou
levadas , elles arrivent partout dans les cultures oil dies se
distribuent en milliers de ruisselets qui repandent partout la
fertility.
Elle est admirable, en effet, la grande He portugaise, avec
ses cultures plantureuses qui s’e'tendent partout jusqu’ii lalimite
des forets : au milieu des vignes pre'dominantes, toutes greffdes
sur plan americain, les plantations de Bananiers et de Cannes
a sucre occupent d’assez grandes espaces, l’lgname ou Colocase
comestible deploie ses gracieuses feuilles cordiformes, et la
Patate s’etale sur le sol a la maniere d’un Liseron rampant.
Plus haut apparaissent les cultures de nos pays, et vers 5oo a
600 metres, les forets de Pins qu’on multiplie de plus en plus
sur les montagnes, parmi les paturages. Cet apercu tres rapide
ne donne qu’une ide'e tres faible de la vdge'tation de Pile, oil les
Eucalyptus et les Mimosas se melent aux essences europe'ennes,
et ou poussent exuberantes en tous lieux des plantes sauvages
ou redevenues telles : des Nopals, des Gdraniums, des Begonias
arborescents, des Fuchsias et des Hortensias aux couleurs
magnifiques. Les currals qui traversent Funchal sont eux-
memes envahis par cette flore exube'rante qui est un charme
pour les yeux.
Mais comment s’e'tonner d’une telle richesse de vegetation
dans un pays oil la temperature est constamment douce, et oil la
mer et les condensateurs montagneux entretiennent une humi-
dite persistante ? Je n’oublierai jamais la splendour des sous-bois
a la descente du funiculaire qui conduit de Funchal au Mont
Eglise (Church Mont) : quelle admirable jonchde d’Hortensias, et
comme les bouquets bleus de cette plante se detachent delica-
tement sur le fond de verdure qui les environne ! C’est d une
fiaicheur exquise et d’un effet delicieux. Je recommande egale-
ment au voyageur presse, mais curieux des beautes naturelles,
— 73 —
une promenade au curral situd sous la forteresse ; la gorge est
accidentee et pittoresque, avec une vegetation merveilleuse qui
repand un charme tout particulier; nulle part les cultures ne
sont plus riches, les plantes sauvages plus vigoureuses, plus
abondantes et plus varides.
Funchal (44.000 habitants) est une station sanitaire et de
plaisance, oil les Anglais occupent la premiere place, suivis de
pres par les Allemands ; elle est entouree de charmantes villas
qui s’elevent au milieu des cultures jusqu’a la limite des forets.
Laffluence des visiteurs ya introduit des habitudes de mendi-
cite de'plorables et genantes, au moins parmi les enfants, qui
poursuivent le touriste avec une ardeur et une tenacite inlas-
sables ; il n'est plus question, en pareil cas, du laisser aller
proverbial, et d’ailleurs bien reel, des habitants de File ! Les
couises dans Funchal et aux environs semblent plutot penibles,
a cause ^es pentes raides qui entourent la ville et des petits
galets basaltiques dont sont paves les rues et les chemins.
F est vrai qu’on peut recourir aux carros , qui sont des fiacres
peu lapides oil les roues sont remplacdes par des traineaux, et
nos atteluges par des Boeufs; on facilite le glissement par de
ui eetcela n’est guere propre a rendre bien rapide la marche
^es PiOons. C’est dans un traineau de cctte sorte, mais decouvert
et active par des homines , quenous descendimes du Church Mont,
J11es compugnons et moi, au sortir du luxueux et vaste hotel que
es* lemands ont erigesur la hauteur; le ve'hicule nous conduisit
a Funchal
par un chemin dtroit, borde de maisons, et en pente
ln&ulierement rapide. La course fut vertigineuse et quelque peu
propice a de graves accidents; mais nos guides etaient adroits,
^ nous abandonnerent sains et saufs apres la pirouette finale.
On ne saurait quitter la ville sans visiter sa leproserie, son
in public et son Musde d’Histoire naturelle. La leproserie
^nionte a une date fort ancienne; elle occupe un vieux batiment
le n ,*en tenu °c* ia plupart des loges sont actuellement vacantes,
^ tdu etant cn decroissance manifeste dans File; nous fumes
^ Uei Par quatre le'preux a face tumefiee qui nous servirent
ai ,lceione- Le Jardin public est peu etendu, mais parfaitement
nago et ollre un agre'able melange de plantes tempe'rdes et
(93)
— 74 —
d’especes tropicales, avec de beaux Palmiers, des Fougeres arbo-
rescentes et des massifs de Bdgonias qui atteignent plusieuis
metres de hauteur. Quant au Musde d Histoire naturelle, il
renferme presque tous les specimens de la faune maddiaise,
entre autres une collection complete des oeufs des Oiseaux qui
nidifient dans File, d’admirables Gorgones rapportdes par les
pecheurs et de nombreux fossiles (la plupart inde'terminds) qui
proviennent des terrains tertiaires de la rdgion, surtout de Poito
Santo. Cet interessant Musee est l’ceuvre du Pere Schmitz,
directeur du Grand Seminaire, qui l a installe dans son dtablis-
sement et qui en fit les honneurs au Prince avec beaucoup de
bonne grace.
Le 3 1 juillet, le yacht leva l'ancre et se dirigea vers le sud-
ouest. Nous passames devant Camara de Lobos qui est relie a
Funchal par une belle voie de 9 kilometres, la settle route maca-
damisde du pays ; peu apres apparut tout le versant meridional
de File, avec ses multiples ravins, ses verdoyantes cultures qui
se terminent aux falaises, ses forets de Pins, ses sommets con¬
verts de paturages et le Grand curral qui vient deboucher pies
de Camara. Puis Madere disparait a l'horizon et la solitude
oceanique nous enveloppe de nouveau ; le yacht file vers la met
des Sargasses.
II
Apres vingt-cinq jours de croisiere, ce n’est pas sans platstr
qu'on voit a l’horizon se dessiner une cote. Le 24 aout, dans la
matinee, le yacht etait en vue de Sao Miguel, et nous saluions
avec un joyeux empressement la grande ile acore'enne.
Etroite comme Madere, mais un peu plus grande et plus
peuplee (1 19.000 habitants), cette ile s’dtend de Test a l’ouest sut
une longueur de 66 kilometres; elle pre'sente a chaque extre'-
rnite un massif montagneux dont les hauts sommets ont une
altitude d’environ 1100 metres; entre ces deux zones terminales
se trouve une partie relativement basse oil s’elevent presque
contigus, des cones volcaniques tres nombreux, les uns intacts,
les autres echancres a leur pointe. Au surplus, les lies acoreennes
(93)
-76-
sont toutes entierement volcaniques, a I exception dc Santa
Maria, la plus orientale, qui renferme un lambeau de tenain
tertiaire exploits pour certaines constructions. J’ai vu a Ponta
Delgada des blocs de ce de'pot sedimentaire; e’est une molasse
marine, tres riche en fossiles, et presque identique a cellc quon
trouve si abondamment en France et en Suisse dans la vallee
du Rhone.
Peu a peu sc de'couvre le versant meridional de 1 ile, a\ec
son chef-lieu Ponta Delgada^ (22.000 habitants), qui occupe les
bords d’une anse, au pied des petits cones volcaniques et des
contreforts du massif occidental. Nous passons entre les cui¬
rasses d’une escadre anglaise mouillee en rade, et le yacht jette
l’ancre dans le port, qui est spacieux et protege1 par une foite
digue ou Ton observe encore les traces violcntes d’un cyclone.
Nous pouvons admirer maintenant le pittoresque aspect de la
ville, dont les maisons peintes en clair s’avancent jusqu aux
rochers du rivage, ou se perdent au loin sur les flancs verts des
collines environnantes. Ponta Delgada n’est pas construite en
amphitheatre au pied de hautes montagnes comme Funchal,
mais, si elle occupe un paysage moins grandiose, les abords en
sont plus saisissants, a cause des petites falaises littorales qui
remplacent la greve caillouteuse de la ville maderaise. Le debar-
cadere du port (Fig. 57) est gracieux, avec son porche et ses
maisons en arcades; ailleurs, la ville ne presente rien de remar-
quable, ses rues ayant beaucoup de ressemblance avec celles des
petites villes europeennes et ses monuments religieux etant
construits sur un type quelque peu banal, qu’on rencontre dans
toutes les iles acoreennes et a Madere : grand batiment rectan-
gulaire avec des fenetres simples et carries, un fronton limite
par deux arabesques et parfois une tour a quatre faces, sans
fleche terminale. Les habitants eux-memes n’offrent rien de
particulier, si ce n’est l’humeur paisible qu’ils tiennent de leur
doux et humide climat, si ce n’est egalement le costume ancien
porte par bien des femmes (Fig. 58) : ample manteau de laine
noir qui enveloppe tout le corps, avec un capuchon immense
au fond duquel parait perdue et se de'tache en clair une figure
feminine.
77
La ville ne posshde pas encore de jardin public, mais elle a
deux jardins particuliers, le jardin Borges et le jardin do Canto,
ou sont reunies et ou se developpent avec une vigueur incom¬
parable les plantes arborescentes de nos pays et celles des cli-
mats tropicaux. Le jardin Borges est etabli a la manifere pitto-
Fig. 58. — Costume de femmes de l’ile Faval. — A Sao Miguel,
la capuche est un peu moins ample.
esclue, avec grottes et rocailles, labyrinthes et vieille tour;
,aste et ^ort bien entretenu, il renferme une collection de plantes
es plus riches. Le jardin do Canto (Fig. Sg) se pre'sente sous un
Pect plus simple, mais il depasse en splendeur le precedent
(93)
par la belle disposition de ses massifs ct de scs pelouses, pai le
choix plus varie de ses essences et par l’admirable d<;veloppe-
ment de sesarbres. On voit la des ficus a caoutchouc quidepas-
sent en hauteur nos plus beaux chenes, des allies de Palmiers
prodigieusement belles, des Foug&res arborescentes, desaibies
a fruits des pays chauds et surtout un bois de hauts et puissants
Bambous dignes de rivaliser avec ceux des forets tropicales. 11
est facheux qu’aucune indication n’accompagne ccs magnifiques
Fig. 5i). — Jardin do Canto a Ponta Delgada. — Avenue largement ombragee
par une essence arborescente d’origine tropicale. (D'apres une photographie
de M. Travassoz, a Ponta Delgada).
specimens de la flore exotique; dans ces jardins, le naturaliste
se trouve en presence de vegetaux dont il a certainement appris
l’histoire, et qui sont perdus commc des Strangers parmi la foule
des autres. Mais ce qui est plus facheux encore, c’est la destruc¬
tion prochaine de ces collections inestimabJes, reunies a grands
frais par des amateurs passionnds de science et de beaute'; ces
amateurs ont disparu, leguant a leurs heri tiers l’oeuvre capitale
d’une vie entiere, mais non la noble ardeur dont ils furent ani¬
mus; et les delicieux Edens disparaitront sans doute, rase's et
— 79 —
morceles, parce qu’ils occupent une grande place dans la ville
et representent de ce fait un trds sdrieux capital.
Les Acores ont la rare fortune de possdder un homme qui
consacre a leur service un esprit dleve et les aptitudes scientifi-
ques les plus dtendues, je veux parler du commandant Chaves,
directeur des Stations mdtdorologiques installees a Sao Miguel,
a Fayal et a Flores. M. Chaves est un enfant des Acores, pro-
fondement dpris de son pays d’origine, passionne pour ses
richesseset ses beautds, qui lui ont livrd successivement presque
tous leurs secrets. J’ai rarement rencontrd un homme aux con-
naissances plus sures, plus variees et plus fecondes. Grace aux
relations etroitesqui, depuis longtemps, existent entre le Prince
de Monaco etM. Chaves, nous eumes le trds grand avantage de
visiter Sao Miguel avec ce prdcieux guide, qui fut pour tous
dune amabilite inoubliable et le plus attrayant des compagnons.
Si le lecteur trouve quelque interet dans les pages suivantes,
■restaM. Chaves qu’en revient tout le merite.
Avant de quitter Ponta Delgada, suivons d’abord M. Chaves
au Musde et a la Station metdorologique qu'il dirige. Les deux
ftablissements sont contigus et occupent les dependances con-
ventuelles d une dglise de la ville. Dans le Musde sont rdpaitis
a peu pres tous les specimens de la faune acoreenne, dont beau-
roup de grandes pieces parfaitement montees, et plusieurs spd-
rimens d’une raretd extreme : des Becasses et des Cailles a 1 b i -
niques, un jeune Cachalot de 4 metres et un foetus de la meme
espece long de 2 ou 3 decimetres. On sait, en effet, que les ties
dol archipel sont un centre important pour la peche du Cachalot.
Dans l’une des cours est un Jardin botanique peu dtendu, mais
s'ngulidrement instructif, parce que consacre exclusivement aux
plantes originaires des Acores, de beaucoup actuellement les
moins nombreuses dans ces lies, qui sont a peu pres totalement
en\ ahies par des vdgdtaux importds.
la Station mdtdorologique, fonctionnent de nombreux
aPpareils appartenant aux types les plus perfectionnds; M. Cha-
Ves nous a ddmontre que les troubles sdismiques sont plutot
rares aux Acores, ce qui n’est pas sans surprendre, dtant donne
^Ue ces lies ont subi au sidcle dernier de violents tremblements
(93)
— 8o —
de terre, et que les phenomencs volcaniques, aujourd hui encoie,
s’y manifeste en certains points avec une intensite remarquable.
Quand M. Chaves ne peut nous accompagner, il nousconfie
a son gendre, M. Cogumbreiro, qui nous accueil 1 it des notie
entree en rade et veilla au ravitaillement du yacht en sa qualite
de consul mondgasque a Ponta Delgada. Dans la fa mi lie de
M. Chaves, 1’obligeance et 1’amabilite sont des vertus nathes,
et M. Cogumbreiro nous le fait bien voir; c est avec lui que
Fjg. Co. — Une serre d'Ananas dans lile de Sao Miguel.
(Photographie Travessoz).
nous avons parcouru le jardin Borges, et c’est grace a lui que
nous pouvons visiter les serres a Ananas (Fig. 60) dtablies aux
confins de la ville. Elies sont immenses, ces serres, avec leurs
milliers de sujets soigneusement entretenus dans une atmos¬
phere etouffante; mais le revenu doit en etre bon, car la culture
des Ananas prend de jour en jour un plus grand ddveloppement
dans File, ou des vapeurs eu ropeens chargent des cargaisons
completes de ce fruit delicieux. Autrefois, les raemes bateaux
emportaient dcs oranges, que Ton estimait fort pour leur del i-
catesse; mais les maladies cryptogamiques ont fait disparaitre
presque totalement l'Oranger, et depuis lors s’est introduite
dans les lies la culture de l’Ananas. En certains points de Sao
Miguel, cette culture a une extension considerable, notamment
a A illafranca oil la ville prend un aspect particulier a cause des
serres nombreuses qui l’environnent.
Ill
L lie de Sao Miguel fut decouverte par Cabral en 1439; six
annees plus tard, el le e'tait bouleversee par une puissante erup¬
tion qui detruisait les hauteurs du massif de 1’ouest et donnait
naissance au cratere de Sete Cidades que Ton observe encore
aujourd hui. Des innombrables curiosite's defile, aucune n’est
plus attrayantes que ce cratere, dont les bords atteignent 5oo me¬
tres d altitude et sont dominds par les hauts sommets du massii.
Nous voici done partis, avec M. Chaves, pour visiter cette
region pittoresque. C’est jour de marc he it Ponta Delgada, et
nous lenc°ntrons de nombreux campagnards (Fig. 61) qui por-
tent ^eurs provisions ii la ville : des poasteques, du mai's, des
'gnames, des patates, etc.; la plupart sont monte's sur des mules,
pelques uns sur des chariots qui filent au trot sur la route bien
"acadamisde. Nous traversons d’abord la region des cultures,
Cest un plaisir de voir comme toutes les parties du sol sont
I 1Sees • le mais domine largement, car il fournit la bouillic et
^31n clut sont la base essentielle de l’alimentation dans les
en /a^neS’ Partout des moulins a vent oil Ton reduit son grain
hau;llne> et ^ans tous les villages, pres de chaque maison, de
jje es Pyrumides oit se ddssdchent ses e'pis(Fig. 62). Les champs
la ^.atatcs soni egalement fort nombreux, car les tubercules de
ils , nte ne servent pas settlement a la nourriture des Acordcns :
]a ^ nt aussi recherchds pour la fabrication de l’alcool. Le bid,
Il0s mtlle tei’re et la plupart des vegetaux alimentaires de
rtdu£S sont cultivds aux Acores, mais sur une dchelle plus
e) dans les villages, on est tout surpris de voir l’igname
*’**** (93)
— 82 —
voisiner avec le chou, la passiflore et l’oranger avec nos arbres
a fruits. Ces derniers, toutefois, sont plutot rates et ne donnent
que des fruits mbdiocres; le tiede et humide climat des lies sem-
ble peu leur convenir et les fait dbgenerer. Ce qui donne a a
region des cultures un aspect tout a fait special, c est 1 abon a
des grands roseaux (Arundo do mix), qui diessent paitout eu
haute quenouille chargde d eldgantes feuilles; on les ais <
pousser en haies et, avec le mai’s, i Is seivent a la nouinture
rnulets et des chevaux, qui en sont tres fiiands.
Nous sommes arrives au grand village de Lomba da 1UZ>
au pied du cratere, et il faut quitter les voitures poui faire a
cension a dos de mulets. Quelle agrdable promenade et com ien
pittoresque! Nous suivons la crete d un des inonibi ables ravin
qui sillonnent les flancs du cratere, et c est un delicieux loui i
d’arbres de toutes sortes : des Mimosas, des Eucal)ptus,
Pittospora se melent aux Pins et aux Chenes, a\ec des gazon-
de Sdlaginelles qui remplacent nos Mousses, et, sui les Hanc
humides des rochers, une charmante Hepatique, la Rhacotheca
a\orica Bioch. Cette derniers plante appartient a la tioie pi inn
tivede Pile, avec un Laurier tres repandu sur les hauteurs, le
Persea a^orica, une Bruyere frequemment arborescente, 1 !'■ 1 ica
aiorica , et un petit nombre d’autres especes. Nous rencontions
ces derniers vegetaux sur les flancs du cratbre, au-dessus de a
region des cultures, en compagnie de nombreux aibustes c|U
revetent la montagne d’une sorte de maquis. Sur la ciete flul
separe deux ravins, aux points appelbs mirador , ou 1 mil em
brasse la mer et les pentes verdoyantes de 1 ile, on voit se deta
cher parfois la silhouette d’un Ruminant paisible qui setnble
admirer le vaste et splendide paysage; dans le maquis, en etlet,
sont repandus quelques troupeaux qui deviendront bien plus
nombreux dans les paturages non boisds, aux sommets du massif.
II est dix heures du matin; les nuages qui enveloppent tiop
souvent les cimes acorecnnes ont disparu et un radieux soleil
eclaire le paysage. Nous atteignons 1’a.rete dentelde et presque
vive qui forme les bords du cratere; et brusquement, le vaste
cirque se decouvre (Fig. 63), d'une beautd feerique, d une splen-
deur sans egale. C’est un instant inoubliable. Un peu incline
Fig. Ci. — Un chariot campagnard de File de Sao Miguel.
^ne habitation de campagnards dans File de Sao Miguel; h gauche,
ePls mais groupes en pyramides pour la dessiccation.
(93)
- 84-
vers l’ouest, du cotd oriental domine par les hauts paturages du
massif, le pourtour du bassin dessine un cerclc unman de
16 kilometres; par une pente raide et admirablement be
qui represente une ddnivellation de 200 metres il s e .at ach
an fond du bassin ou les habitations du village de Sete C tacks
brillent comme des taches claires parmi les cultuies, o
lacs magnifiques deploient leur brillante nappe entie
luxuriantes, ou s’devent enfin cinq crateres de second o d e,
creusds en coupe reguliere a la cime et radia ement n es
flancs. Avec ces cones rides et cupuliformes, 1’enceinte volcan q
rappelle, a s’y meprendre, les paysages lunaires; mats avec se
lacs, ses bois, ses maisons, ses champs cultives et a mei q
s’etend au loin, die se presente a nosyeux comme un site c
originality et d’une splendeur inconcevables.
Nous descendons maintenant la route smueuse qui con
au fond du cratere, et la vegetation acoreenne nous a PI aK
toute son exuberance. Quelle diversity dans les especes etqu
vigueur dans la poussee! Les mimosas et les eucalyptus son
encore nombreux, mais ils cedent la pre'syance au Cryptomen
japonica , dont le port et la stature rappellent nos sapins, a
une ecorce jaune plus delicate, un feuillage moins som ^
une fleche encore plus elance'e. Cette conifere importde se deve-
loppe a merveille sur toutes les hauteurs de 1 lie, a cote u p ^
son bois laisse a desirer pour les travaux d inteiieui, mai
resistant et convient tres bien aux constructions du dehorn.
La vegetation du sous-bois n’est pas moins plantuieuse, a
ses bruyeres, ses gazons de Selaginelles et une nragnifiqu
gere du pays, la Woodivardia radicans , dont les grandes feui es
d’un vert delicat, recouvrent les rochers et s’abaissent en tou es
jusqu’au bord du chemin. Mais ici encore, la predominance es^
dyvolue sans conteste a une plante d’origine etiangeie, 1 L J
chium Gardnerianum , une musacee tropicale remaiqua e pa
ses feuilles longues, simples, et par sa hampe fei tile qui P°J
un grand epi de.fleurs jaunes tres ele'gantes. Cette plante
introduite aux Acores pour l’ornementation, et il faut croire que
ce sejour a su lui plaire, carelle est devenue etrangement en\<
hissante, etouffant ses rivales et constituant a elle seule,
*•10. 63.
le lac verf-^fr™ ?C? s!tut-;,s,au f°nd du cratere de Sete Cidades : en deca,
Par M. le Dr Richard) &C ^ eu‘ (Vue Fr'se da bord meridional du cratere
crateres secondaires situeS a l’interieur du grand cratere de Sete Cidades
(93'
— 86 —
beaucoup de points, toute la vdgdtation du sous-bois. C etait
l’e'poque de pleine floraison pour la plante, ct nous respirions
une atmosphere embaume'e par cette foiet de gracieux e'pis qui
ressemblent aux Orchiddes par leurs corolles et a notre Chevre-
feuille par leur odcur. En presence de cette invasion qui rnarche
a pas rapides, M. Chaves m’en rappelait une autre, non moms
active, mais singulierement plus funeste dans scs re'sultats . il}
a quelques annees, une Orobanche exotiqueil Orobanihe bicolot ),
remarquable par sa grande taille et par son coloris, hit intro
duitedans File, sans doute par inadvertance; le vegdtal parasite
s’acclimata fort bien et, trouvant un hote a sa convenance dans
les feves, prit un developpement inconcevable. La cultuie des
feves etait fort re'pandue aux Acores et tres rdmuneratrice , au
jourd’hui, on a du presque Fabandonner, et il faudra bien du
temps et une lutte serieuse contre le parasite avant qu on puisse
la reprendre.
Au village de Sete Cidades, nous faisons halte dans une
hotellerie rustique, ou les provisions apporte'es du bold sont
comparees a la cuisine acore'enne ; de cette derniere nous esti
mons surtout les beignets a la volaille et le beurre blanc conuue
neige avec une saveur cremeuse; mais le vin a un gout prononce
qui le rend peu agreable et le the ne parait guere meilleur . Apies
ce dejeuner rapide, M. Chaves nous prdsente a 1 un de ses com
patriotes, M. Cabral, en villegiature avec sa fanrille a Sete Ci
dades. Et alors commence une promenade que la franche ama
bilite de M. Cabral rend singulierement attrayante. Il y a deux
lacs (Fig. 63) au fond du cratere, Fun bleu ct l’autre vert, sepal es
par une etfoite digue; le premier doit le nom qu’on lui donne
a sa belle eau limpide, le second aux Algues vertes qui s j
developpent en grande abondance ; tous deux servent de reci¬
pient aux precipitations atmospheriqucs, tres copicuses, que les
images apportent sur les flancs interieurs du cratere. C est pal
une sorte de filtration dans les roches volcaniques sous-jacentes
que les eaux des lacs s’dcoulent en sources aux niveaux du massif
inferieurement situe; mais il faut croire qu’elles ont peu a peu
colmate' les fissures de la roche, car les deux lacs sortent de leui
niveau, ils envahissent les terrains bas avoisinants, et deja
-87 -
entourentcertaines habitations qu’il faut abandonner. La menace
est permanente ; on se propose d’y remedier, en creusant un
tunnel d’ecoulement a travel's les parois du cratere; mais la
de'pense serait considerable et Ton peut se demander si jamais
le projet sera mis en execution. Quoi qu’il en soit, nous traver-
sons sur des planches les parties inonde'es, nous cotoyons des
mares toutes couvertes de la blanche floraison des Nympheas,
et nous void aux bords du lac bleu, oil nous attendent les
rameurs et le canot dc M. Cabral. Le lac bleu a plus d’etendue
que le lac vert et les rives en sont variees; a l’ouest un fouillis
de bois, avec les vergers et les champs cultives qui entourent
le village; au nord, les pentes interieures du cratere, toutes
ravinees et couvertes de maquis; a Test, les hauts crateres se-
condaires se'pare's par de profondes et pittoresques e'chancrures.
Le canot nous conduit a l’une de ces dernieres, qui debouchc au
niveau du lac par un vaste terre-plein; entouree de pentes hautes
et raides, cette vallde n’offre aucun obstacle au ruissellement, et
les eaux y roulent torrentielles a l’e'poque des grandes averses.
Les vallees de cette sorte y recoivent le nom de grotla dans le
pays, et le terre-plein qui se trouve a leur issue ressemblc au
cone de dejection d’un torrent. A Sete Cidades, ce cone est
partout jonche de fragments volcaniques enleves aux roches
avoisinantes : ponces, obsidiennes, basaltes, scories, laves de
diverses sortes; c’est l’image de la desolation, au milieu d’un
paysage d’une etonnante fraicheur, a cote meme des rives oil
les arbres poussent avec une vigueur surprenante et forment
nn fourrd inextricable.
Mais le canot revient a terre et il faut songer au retour.
Apres avoir serre la main de l’aimable M. Cabral, nous repre-
nons le chemin de Ponta Delgada, non sans jeter un dernier
legard sur l’incomparable cirque dont nous allons franchir la
Clete. Chemin faisant, M. Chaves nous entretient de la faune
d'°reenne, relativement pauvre et de'pourvue d’animaux veni-
®eux, des lacs de Sete Cidades dont on dedaigne le poisson
pour la maree venue de la cote, des curieuses coutumes des
Paysans acoreens, et de l’emigration facheuse qui entraine ces
cLrniers vers l’Amerique, oil ils menent le plus souvent une
existence precaire. (93)
Pres du village de Relva, notre aimable guide nous conduit
a une echancrure de la cote ou se manifeste, avec une intcnsite
extraordinaire, la puissance drosive des actions doliennes, en ce
point, la haute falaise prdsente une dchancrure oil les vents de la
mer s’engouffrent et tourbillonnent. rongeant peu a pen les
parois volcaniques peu consistantes. L’dchancrure sagrandit
chaque jour et atteint maintenant l’ancienne route; elle a la
forme d’un cone renversd qui s’ouvre par une large ouveituie
du cote de la mer.
IV
A Sete Cidades, l’activite volcanique parait momentandment
eteinte; elle persiste au contraire, avec une intcnsite puissante,
dans le pays de Furnas, qui occupe le fond d’un cratere au centie
du massif montagneux situd a Test de Ponta Delgada. Furnas
est la region la plus curieuse des Acores, car elle joint lc pitto-
resque de Sete Cidades au spectacle imposant de ses phenomenes
souterrains; aussi brulons-nous du ddsir de la visiter. Et ce
desir sera satisfait au delit de toutes espdrances : le Prince doit
se rendre a Furnas, oil une reception lui est menagee par le
marquis de Praya; nous irons le rejoindre en suivant la route
de Ribeira Grande, sur la cote septentrionale de File. Moins
surpris que touches par cette gracieuse prdvenance, nous partons
remplis de joie, toujours accompagnds de M. Chaves, dont la
delicate obligeance est sans limites. Durant plusieurs kilometres,
notre promenade manque un peu de charme, car les rues de la
ville se continuent en de longs villages, avec une double serie
de maisons et de hautes murailles noiratres qui servent de clo¬
ture aux jardins. C’est l'inconve'nient des villes acoreennes, mais
ensuite quelle revanche! Nous traversons la chaine des petits
cones volcaniques situe's entre les deux massifs montagneux, et
bientot, a travel's les bois de mimosas, de pins et d’eucalyptus,
apparait la cote septentrionale de File et l’ocean bleu qui la
baigne. Sur cette cote, nous atteignons bientot Ribeira Grande,
petite ville aux maisons claires et basses, oil Fon voit une eglise
de style rocaille, qui ne ressemble en rien aux edifices religieux
-89 -
du pays. Un enfant nous poursuit, faisant appel a notre bourse;
et le fait ne laisse pas de nous frapper, caron l’observe rarement
aux Acores, ou la rarete' des touristes s’oppose au developpement
de la mendicite, qui regne en maitresse a Funchal. C’est egale-
ment a Ribeira Grande que nous voyons le premier cours d’eau
de Sao Miguel ; il descend du haut massif qui domine la ville et
ne brille guere par la richesse de son debit; mais il sera suivi
par plusieurs autres mieux alimentes, qui traversent un ravis-
sant decor de verdure, sur les flancs incline's du massif.
Mamtenant l’ascension commence, lente d’abord, plus rapide
ensuitele long d’une route sinueuse qui nous offre de splendides
6C aPPees sur In cote, et des vues grandioses parmi les profonds
auns de la montagne. Des forets de pins s’etendent jusqu’aux
mes, dominant la zone des cultures qui, dans cette region de
! e’ envahit la rdgion forestiere sous forme de defrichements
sont etablies des plantations de the. Bientot la route nous
pparait bordde par deshaies d’hortensias, et toutes rayonnantes
euis admirables bouquets bleus. Ainsi, nous allons de sur-
P ses en sui prises, et cette promenade n’est qu’un Ions enchan-
tement!
te ^°us laissons a droite les montagnes boisees, et void main-
desbV^ ^*,aUte ^anc^e’ d’abord ddcoupee en grandes sections par
soi 31eS ^ l^ortensias, puis indivise ets’etendant de sommets en
C’e mets’ semee d arbustes rabougris et de touffes de bruy&res.
Fur a le§'on des paturages, situee au pourtour du cratbre de
S£s ’ e^e donne 1 impression d’une immense solitude, avec
des (,ar^S.ma^sons de bergers, et ses prairies marecageuses oil
1’hunFd ai?nes’ )ouant le role d’eponges, absorbent et conservent
supe -' ltL <^CS nuagcs. Il fait nuit quand nous atteignons le bord
1’ombr Ul Clat^re’ cdtoyant des abimes mal dissimulds dans
d ,re noaurne, un chemin rapide nous conduit a Furnas,
^ es umieres brillent au fond du cirque.
du vill^^35 S°'r term^nd’ nous faisonsune promenade autour
^ &e5 sur le bord de la route qui conduit a l’etablissement
de bains
nous rencontrons des sources nombreuses, les unes
Snides lee
sulvant autres chaudes, toutes fortement mineralisees et,
eui nature, riches en fer ou en soufre. Elies se
(93)
— 9o —
ddversent librement dans le ruisscau ; mais a quoi bon capter
ces faibles emissaires quand tout pres, derriere une colline
adossde aux bains, les caldeiras bouillonnent et lejettent pai
torrents des eaux dgalement actives? Nous traversons le tunnel
creusd a travel's la colline, et ddjii la temperature s dle\ e, les
emanations sulfureuses se font scntir. Encore quelques pas, et
nous sommes en plein air, devant les caldeiras furieuses qui
font entendre un bruit continu et assourdissant. Sous la lune
frequemment voilee par des nuages, au milieu de roches blan
chatres et denudees qui rayonncnt de la chaleur, parmi les ema¬
nations de vapeurs qui prennent a la gorge, notre caravane
s’avance avec precaution, rendue silencieuse fpar le ten ifiant
mystere de ces Iieux. Le spectacle est vraiment infernal, cat si
le feu sou terrain ne se manifesto pas sous la forme de laves cou-
lantes, on le sent tout proche, et on en mesure la puissance .
c’est lui qui surchauffe l’eau tumultueuse dcs caldeiras, c est lui
qui la projette a gros bouillons sous un nuage de vapeur, et c est
au coeur de son activity, dans les profondeurs oil il regne, que
se sont produites, comme en un creuset, ces vapeurs minerali-
sees qui attaquent les roches superficielles, les calcinent, les pul-
verisent et les rendent si chaudes qu’il est parfois doulouieux
d’y appliquer la main.
Nous sommes revenus le lendemain aux caldeiras; en plein
soleil et vues pour la seconde fois, on les trouve peut-etre moms
impressionnantes, mais on a l’avantage de pouvoir les exanunei
de plus pres.
Elies sont particulierement nombreuses derriere la colline
adossee aux bains, sur un petit plateau inegal dont la longueui
n’atteint pas deux kilometres. Dans cette region la presence des
eaux chaudes souterraines se manifeste a peu pres partout,
jusque sur la route oil l’on voitcrever des bulles chaudes, jusque
dans le lit du torrent oil des vapeurs se degagent entre les
pierres. Et ca et la, au nombre d’une dizaine environ, les cal¬
deiras (Fig. 65), chaudieres tumultueuses, elevent dans l’atmos-
phere leur colonne de vapeur. La premiere apparait des la
sortie du tunnel; on a du l’entourer d’une muraille circulaire,
car elle projette a plusieurs metres de hauteur son eau bouillante.
— 9i —
C’est une sorte dc geyser a eruption continue, qui depose stir
son pourtour, en forme de croute, une sorte de silice hydratee,
la michelite , tres analogue a la gcyserite des geysers islandais.
Pour recueillir quelques dchantillons de ce mineral, nous nous
revetons, M. Chaves et moi, d’un drap soigneusement doubld,
qui nous protege contre la pluie des gouttelettes brulantes. A
quelques dix metres de la, surgit une seconde caldeira, la plus
amP e de toutes, qui envoie de gros bouillons jusqu’a la surface
Pt0j
so]
a * ' -es s caldeiras de Furnas au sommet d’un ravin dont les flancs
Par les emanations volcaniques. — Dans le fond du ravin,
ley/* recoit les eaux chaudes des caldeiras ; au dernier plan, les
du cratere de Furnas. (Photographic de M. le Dr Richard.)
,et’. P°dr al. . , .
d R’es U|unenter ensuite la riviere voisme; ses eaux sont
1 ^es mouvements convulsifs, et sur le seuil qui la
sPbir
,>ine
•aiss 0r> ..
Pp trit Pas UC'^t ^es crepitations brusques et violentes qui ne
Vgpj'kfiipj ^ 'Rquidter un peu. Plus loin, apparait beant, sous
s0llpC roches, l’orifice d’un troisieme abime, oil les
c0jo^eyent, a grand effort et avec un bruit infernal, une
Pe de boue grisatre; la masse n’atteint pas tout a
(93)
— 93 -
fait les bords, et retombe lourdement dans le gouffre, envoyant
des eclaboussures qui jaillissent de toutcs parts. On utilise cette
boue pour preparer des bains, et les enfants viennent 1 enlever
sur les parois de la roche, au risque de glisser dans la crevasse
brulante qui les engloutirait pour toujours.
Les autres caldeiras tiennent plus ou moins des deux pre¬
mieres, les unes jetant leurs bouillons a une certaine hauteui,
les autres epanchant leurs eaux tumultueuses des la surface.
Elies occupent le fond d’un petit val ou l’activitd volcamque
semble atteindre son maximum, des bulles gazeuses sortant de
presque tous les points du sol, et des sources nombieuses du
flanc des rochers. On voit jaillir l’eau froide a quelques pas de
l'eau bouillante et des jets sulfureux a cote d’un dpanchement
ferrique; un habitant du pays a trouve l’endroit piopice pour
y construire un pietit etablissement de bains, et cela donne une
idee de l’indifference avec laquelle on considere ici le dangei
d’un tel voisinage. Mais les caldeiras sont-elles rdellement me
nacantes, et ne doit-on pas les considbrer plutot comme des
exutoires naturels qui protegent les Acores contre les eruptions
violentes?
D’autres caldeiras sont repandues ailleurs, en diveis points
de l’immense cratere; elles forment un groupe compact sui les
bords du splendide lac de Furnas, et Ton en voit meme sui les
berges de la riviere d’eau chaude qu’elles alimentent de leuis
eaux. Partout elles s’annoncent par leurs bouillonnements, et
leurs hautes colonnes de vapeur; partout aussi elles sont en\i-
ronnees de terrains ou se depose du soufre et qui emettent des
bulles gazeuzes. On voit meme crever ces dernieres fort loin des
sources, et jusqu’au milieu d'une piece d’eau, dans 1 un des
pares admirables qui sont un des ornements du pays.
Ces pares sont nombreux et fort bien entretenus, car la
petite localite de Furnas est une station balneaire tres frequentee,
ou les riches Acoreens ont fait construire des chateaux et des
villas. Au surplus, on ne saurait choisir un sejour plus enchan-
teur et plus grandiose : avec son cratere dehanerd, aux goiges
profondes et irre'gulieres, avec ses riches forets ou abondent les
pins, avec son beau lac et avec ses eaux abondantes qui
Fig. 66.
Le pare du marquis de Praya, a Furnas, dans Pile de Sao Miguel.
(Photographie Cervejaria Pereira).
F'c. 67. .
F ilot crateriforme de Villafranca. — L’entree du lac circulaire regarde la cite
de Villafranca. (Photographie Travassoz).
(93)
— 94 —
ddveloppent une plantureuse vegetation, Furnas est d’une splen-
deur a nulle autre pareille. Sur les bords du lac, pres d une
petite chapelle, la famille Do Canto s'est mdnagd un vaste pare,
oil les essences les plus diverses poussent en pleine liberte et
donnent en certains points 1’illusion des forets tropicales; il y a
la. deux vallees qui sont d'une fraicheur et d’une majeste inou-
bliables : l’une exclusivement revetue de la belle Fougere aco-
reenne (Woodjvardia radicans), I’autre de Fougeres arbores-
centes, de Strelitzia et de Bambous groupds en fortes toutfes.
Au village meme, le pa rc (Fig. 66) du marquis de Praya est
une vraie vermeille dont on ne se lasse pas d’admirer la belle
ordonnance, la riche floraison et l’extraordinaire varie'te.
C’est dans ce milieu enchanteur que nous pumes appre'cier
comme il convient l’hospitalite et les nioeurs patriarcales acord-
ennes. La population du village s’associa au marquis pour ac-
cueillir le Prince de Monaco, et les fanfares, les feux d’artifice
retentirent joyeusement dans le pare, oil jeunes et vieux s’etaient
donne rendez-vous. Convies a cette fete, nous primes part a
1 allegresse generale, heureux de vivre quelques heures dans ce
milieu si cordial, et touches au fond du coeur par la noble sim-
plicite de notre hote.
Le soir, des voitures nous ramenerent a Villafranca, oil etait
venue mouiller la Princesse- Alice; et le lendemain, nous pumes
explorer longuement le tres curieux ilot (Fig. 67) situe au large,
a quelques kilometres de la ville. C’est le cratere emerge d’un
cone volcanique sous-marin, une sorte de vaste coupe rocheuse
lecouverte de vegetation sur sa pente intdrieure, et, en dehors,
rongee en tous sens par les intemperies; sa hauteur n’atteint
pas 100 metres aux points les plus dlevds, et son pourtour pre-
sente deux profondes echancrures entaillees presque jusqu’au
niveau des dots; le centre est occupd par un bassin absolument
circulaire ou les eaux penetrent en suivant un e'troit chenal
cieuse a main d’homme dans la plus basse des echancrures, du
cote de la ville. 11 est pittoresque dans sa solitude, le minuscule
cratere, avec ses pentes garnies de vignes et de roseaux, ses
flancs creuses de fissures qui le traversent de part en part, son
joli poi t natui el, les vols de pigeons et d’etourneaux qui viennent
— 95 —
chercher asile dans ses crevasses, et comme fond, au dela du
detroit, les maisons blanches de la ville, ses nombreuses serres
a ananas, et les hautes montagnes boisdes du massif de l’ouest,
separees les unes des autres par des vallbes rapides et profondes!
Un peu avant le coucher du soleil, une chasse aux pigeons
fut decidde, ou, en qualite de simple spectateur je tins compa-
gnie a Son Altesse. La mer dtait un peu agitee, de sorte qu’un
violent remous secouait notre barque, dans l’etroit espace oil il
convenait de se tenir a l’affut, c’est-a-dire, entre une colonne
separe'e de l’ilot et les hautes falaises fissurees du cratere.
Groupe's par centaines sur les corniches, des etourneaux sem-
blaient nous conside'rer narquoisement, tandis que des mains,
des rames et de la voix nous faisions grand bruit pour chasser
les pigeons de leurs refuges. Beaucoup sortirent et s’envolerent
au-dessus de nos tetes, mais ils se tcnaient a une grande hauteur
et la barque etait furieusement secoude par le remous des Hots.
Pourtant, le Prince fit quelques victimes, et ce fut une occa-
S1°n d’admirer son sang-froid et la justesse de son coup d’oeil,
car il est difficile de chasser dans des conditions pilus delavora-
bles. Nous fimes ainsi le tour de Pilot, a une faible distance de
ses parois rocheuses que nous pumes examiner a loisir; leurs
crevasses innombrables, leurs fissures, leurs corniches saillantes
et decoupe'es en dentelles retombantes, les font ressembler a de
g'gantesques ruines ; mais ccs ruines sont resistantes et brave-
lQnt, bien des siecles encore, les injures du temps; car elles sont
piotegees a leur base par un revetement continu et epais d’Al-
gues calcaires sur lequel n’ont aucune prise les vagues les plus
violentes.
La faune de Pilot m’a paru tres pauvre : elle comprend d’in-
n°fflbrables Criquets, quelques Locustides, un petit nombre
d autres Insectes, avec deux ou trois espieces d’Araigndes, des
Gloportes et des Crabes coureurs (Leptograpsus marmoratus)
ClUl gGm pent allegrement contre les falaises verticales. Quant
dUx Parois memes de Pilot, elles sont constitue'es par des laves
Jsscz coinpactes oil sont inclus des morceaux de basalte, de tra-
^J te etd’autres roches volcaniques arrachbes aux profondeurs a
eP°que ou se produisit Pe'ruption. On ne trouve p>as de ponces
(93)
— g6 —
dans cet Hot, mais ces roches poreuses doivent abandonner le
massif de Furnas : pendant la nuit, une violente averse tom a
sur la montagne, et le lendemain des fragments de ponces,
amends par les eaux torrentielles, flottaient en grand nom rea
la surface de la mer, reunis en bande suivant la direction e
la mer.
V
L’archipel acoreen (Fig. 68) s’etend du S.-E. au N.-O. sui
une longueur de 5oo kilometres environ, et il compiend tioic
groupes d’iles separees les unes des autres pai d assez giande
distances : au groupe le plus rapproche de 1 Europe appaitien
nent Santa Maria et Sao Miguel, avec le rocher des Fournns
(Formigas) et l’ecueil voisin des Dollabarctes; le groupe centia
comprend cinq lies assez rapprochees : Terceira, Graciosa, 1 1C0
et Fayal ; le groupe occidental, enfin, se compose de Floieset
de la petite lie de Corvo. II n’etait pas dans le programme du
Prince de visiter toutes ces lies, mais nous purnes neanmotns
jeter un coup d’oeil sur plusieurs et parcourir l’archipel tout
entier.
En quittant Sao Miguel, la Princesse- Alice s’arreta deux
jours a l’ouest de File, en vue du cratere de Sete Cidades qui
ressemble a une vaste coupe inclinee vers l’ocdan. Puis elle iila
vers le nord pour observer 1’eclipse et, apres une assez longue
traversee, atteignit le groupie de l’ouest. Dans la matinee du
ier septembre, Flores et Corvo se dessinerent a l’horizon et nous
traversames la passe relativement large qui sdpare les deux iles.
Corvo est un simple cone volcanique, dont le sommet se termine
par un cratere, a 400 metres environ au-dessus de l'ocean. Cet
Hot n’atteint pas 8 kilometres dans sa pslus grande longueur; du
cote' de l’ouest, il prdsente des flancs abrupts a pieu pres inac-
cessibles; a Test, des falaises pilus ou moins hautes lui servent
de limite, saut du cote du de'troit, oil les pentes s’abaissent
juscpu’au niveau de la mer et donnent asile aux rares habitations
du piays, qui ne comptent p^s plus de 800 antes. Ce village recoit
tous les trois mois la visite d’un paquebot, mais on n’y debarque
'• :C *. -
I
(93)
ans archipel des Acores durant la campagne de igo5.
- 9« “
pas facilement, et nous dumes passer outre, bien que la merfut
rclativement tranquille. II fallut nous contenter de la vue de
1 'i lot, qui nous parut couvert de prairies jusqu’au sommet, sans
vdgehation arborescente. Nous sunies, d ailleurs, que 1 Hot se
prete fort bien a I’dlevagc du bdtail, et que les boeufs y sont
d’une race fort ntenue, a peu pres de la tail le d une mediocie
genisse. Durant notre sdjour a Ponta Delgada, M. Chaves nous
avait fait visiter l’etable d’un dleveur qui a rduni quelques t\pes
tout a fait curieux de cette race pygmdenne.
Flores est autrement dtendue et bien plus riante. Nous ne
vimes que d’assez loin sa cote orientale, qui est richement cou
verte de bois et de cultures, et oil des ruisseaux viennent se
ddverser dans la mer. Ces dmissaires torrentiels recoivent pal
filtration les eaux des lacs encaisses qui se trouvent au sommet
des montagnes; mais ils sont dgalement alimentes, dapies
M. Chaves, par des sortes de marais dlevds, oil les Sphaignes
poussent en abondance et retiennent, dans une certaine mesuie,
l’humidite atmospherique. J’ai dit qu’on observe quelque chose
d’analogue sur les hauteurs de Furnas.
De Flores, nous purnes admirer surtout la cote occidentale
et le versant du sud, au cours d’une lente et de'licieuse piome-
nade en bateau dont le Prince nous mdnagea la surprise. Apies
etre restes deux jours en vue d’une crique admirable, qui au
nord-ouest vient s’ouvrir largement sur la mer, nous suivinres
la cote a faible distance, ne perdant aucun detail de ce pars
ravissant, oil tout semble fait pour charmer le regard. Du cote
de l’ouest, la falaise est peu elevee, mais sauvage, d ailleut s
agremente'e de riches couleurs, de crevasses et de petites anses
presque inabordables ; au-dessus, des valldes aux plis gracieux
abritent quelques villages noyes dans de plantureuses cultures,
et tout en haut se detachent les hauts paturages de File, separes
les uns des autres par de larges haies d’hortensias qui dessinent
des lignes sinueuses ou brise'es. Nous tournons au sud, et alors
la falaise a pic s’e'leve brusquement a une hauteur de 400 metres,
montrant a sa crete l’extremitd de haies d’hortensias. Dans tout
autre pays, une semblable region serait aride et tout a fait sau¬
vage; mais nous sommes dans Pile acoreenne la plus feconde,
— 99 —
et sur les flancs abrupts de la roche volcanique, on voit s’elever
une puissante vegetation, en tous les espaces oil la pente moins
raide peut supporter un peu de terre vegetale; les grands roseaux
surgissent comme de vertes quenouilles, les lauriers acordens
poussent enbuissons, et sur les terrains oil l'homme peut abor-
deronvoit des champs d’ignames et de mats.
Nous voici au sud-ouest de Flores, en un point oil une large
vallee descend des hauts sommets jusqu'au bord de l'ocean; la
on trouve le petit port de Lagens, et un peu plus loin, sur les
revers de la vallee, quelques grands villages. Mais le jour baisse
et nous finissons a regret notre promenade, laissant a droite la
ville de Santa-Cruz, dont les feux rouges se perdent bientot a
l’horizon.
Deux jours plus tard, nous dtions dans le groupe central des
Acores, en mer absolument calme, au milieu du chenal qui
se'pare Sao Jorge de Fayal et Pico, les deux iles jumelles. Et sur
le ciel splendide se detachait, a demi embrumee d’abord, puis
peu a peu de plus en plus nette, la montagne de Pico (Fig. 69),
cone volcanique aux lignes gracieuses qui s’eleve d’un jet a
23oo metres au-dessus de la mer. Tout un jour, le yacht dvolua
au voisinage du pic charmant et majestueux, dontle cone, idea-
lernent regulier, se termine par un etroit cratere et par une
a'guille. Dans sa moitie superieure, la montagne est' aride, et
montre a nu ses roches volcaniques aux teintes chaudes et
' ariees ; a la base, elle se perd dans la vegetation acoreenne,
particulierement dans les vignes, qui sont tres nombreuses a
Pico, et cultivees entre des rnurs de lave tres rapproches les uns
des autres. Les vignes de Pico donnent un vin mediocre et,
comme a Madere, sont toutes greffees sur americain ; a Graciosa,
°u les vignes sont egalement nombreuses, on obtient un vin
riche et de qualite, surtout quand il provient des plants locaux
qui ont echappe a l'invasion phylloxerique.
hious ne vimes que de loin la longue lie de Sao Jorge, dont
la ciete est decoupee en scie par de nombreux cones volcaniques,
mais Fayal dtait a quelques encablures, deployant sous nos yeux
ses vallons richement cultive's, qui descendent d’un cratere
central absolument circulaire, la Caldeira.
(93)
Lc chef-1 icu de Fayal est la petite ville de Horta, qui s’eleve
en amphitheatre sur le bord de la mer, au fond dune baie
fermde de toutcs parts, sauf d u cote de Pico, Horta est un port
sur, mais peu spacieux, oil rclachent lcs baleiniers americains.
C’est dgalement a Horta qu’emergcnt plusieurs cables sous-
marins dtablis cntre l’Europe et 1’Amerique. Nous passames
quelques heures dans la ville, qui contraste singulierement, par
sa monotonie, avec la splendeur de la campagne environnante.
Par contre, nous cumes plaisir a visiter 1'anse mal odorante
oil les baleiniers dissequent les cachalots ct en tirent de 1 huile,
— un mole qui avoisine le port et oil les laves, semblables a des
scories, sont bigarrees de toutes lcs couleurs, — enfin, sur le
ddtroit, un bassin naturel presque identique a 1 i lot de Villa-
franca, mais reduit a l’dtat de presqu’ile. De la plage de Horta,
on a une vue admirable (Fig. Gq) sur la montagne de Pico, en-
cadre'e entre les deux moles qui limitent l’entrce du port; et,
bien que la Caldeira de Fayal s’eleve ii 1000 metres au-dessus
de la mer, elle parait ties humble vis-a-vis de sa majestueuse
rivale, qui seule, dans l’archipel, a le privilege de se couvrii
d’un manteau neigeux durant l’hiver.
Cette croisiere terminee, le yacht revint a Ponta Delgada
pour y prendre du charbon et se pre'parer au retour. Avant de
toucher au port, le Prince fit quelques sondages au pied du cra-
t£re de Sete Cidades afin de retrouver le fond oil surgit, en 1811,
1 ilot volcanique de Sabrina. Mais les recherches furent vaines;
de cette masse rocheuse qui, durant trois niois, eleva sa Crete
haute de 200 metres, il ne reste aujourd’hui pilus rien et l’on ne
peut pas meme en trouver la base.
Au surplus, les fonds voisins de Sete Cidades sont singulie¬
rement accidente:s, et c’est la que le Prince decouvrit, ii bord de
1 Hirondelle , une longue et vaste crevasse sous-marine descen¬
dant a 35oo metres au centre de profondeurs beaucoup moindres.
Dans cette fosse, comme dans tous les bassins de meme nature,
la temperature reste constante depuis le seuil jusqu’au fond,
tandis qu elle diminue progressivement au sein des abysses
ouvertes. Cette regie s’applique a la Me'diterranee, qui a la
temperature du seuil de Gibraltar (ii° environ); elle se verifie
C/3
G
c3
O 3
o "3
Oh 1»
'<13
G
03
’Bh
• G G
<L> O
Z 8
G „
C3 ^
jo <;
o
>
cr.
VO
o
£
(93)
102
egalement pour la fosse de VHirondelle , dont les eaux marquent
5° dcpuis les bords jusqu’aux abysses les plus profondes.
VI
II nous faut maintenant quitter ces i les enchanteresses et
reprendre le chemin de l’Europe. Apres un voyage quelque peu
agitd, car la mer e'tait mauvaise, nous entrons dans les eaux
calmes du golfe de Cadix, et, bien que la cote espagnole soit
invisible et situde a plus de ioo kilometres, el le se revele au large
par de fortes et aromatiques senteurs. Le 19 septembre au matin,
nous sornmes en vue du cap Sp>artel, dont le phare, entoure de
constructions blanches, s’eleve au flanc de la montagne maro-
caine, sur le haut d’un rocher abrupt. Et alors commence une
promenade pui n’est pas sans analogic avec celle de Flores. La
montagne cohere s’eleve d’abord, puis devient irreguliere et
s’abaisse; sur ses contreforts, au sommet d’une falaise, nous
voyons les villas de Tanger, puis les maisons de Tanger elles-
memes, qui s’etagent aux flancs de la montagne mourante et
descendent jusqu’aux bords de l’anse sablonneuse qui sett de
rade a la vil le. Puis les montagnes re'apparaissent, plus hautes,
plus nombreuses, sous forme de pics ou de domes, qui se niul-
tiplient, se pressent et se suivent comme d’enormes vagues
frappees d’immobilite; et cela continue ainsi, avec une variete
admirable, jusqu’a la ville de Ceuta, oil les derniers escarpe-
ments viennent s’eteindre, domine's par des tours. De 1’autre
cote du detroit, en face de Tanger, nous voyons Tarifa, situe'e
au boi'd de la mer, puis les montagnes espagnoles, plus regu-
lieres et rnoins vertes que celles du Maroc, puis enfin la baie
d Algesiras avec le majestueux rocher de Gibraltar.
1 rois jours plus tard, le yacht longeait la cote orientale de
Majorque, nous laissant apercevoir les terrains mamelonnes de
1 ile dont les pentes viennent doucement mourir sur la cote, la
chaimante petite ville du Cap Pero, pittoresquement tapie au
Hanc d une colline, puis le phare du me me nom juche sur une
falaise abrupte, et enfin des tours de vigie semblables a celles
— io3 —
quis’elevent sur la cote espagaole. Nous passons entre Majorque
et Minorque, et bientot le yacht penetre dans le golfe du Lion,
oil souffle un ldger mistral. Le soil' arrive et avec lui le mauvais
temps; aprds avoir navigud deux mois sans aucun orage, les
dclairs et le tonncre nous accueillent au voisinage de Marseille,
line serait pas prudent de pdndtrcr dans le port, et nous passons
la nuit au mouillage de l’Estaque. Le lendemain, par un temps
splendide, nous foulions joyeusement les quais de la ville.
J’ai parle de cette campagne en naturaliste, avec le ddsir de
faire partager au lecteur les connaissances qu’elle m’a permis
d’acque'rir et les sentiments qui m’y ont emu. Mais il s’en faut
que ma narration soit complete, car le Prince e'tudie la mer sous
tous ses aspects, depuis le fond jusqu'a l’atmosphere qui la
domine; et c’est aux hydrographes et aux meteorologistes qu’il
conviendrait d’achever cette histoire : les sondages et les relevds
du fond oceanique offrirent le plus grand intdret, de merne que
les operations oil des cerfs-volants et des ballons-sondes accou-
ples fixaient, par des graphiques, les divers etats de l’atmo-
sphere ; mais il faut une competence toute particuliere pour
exposer, comme il convient, les rdsultats de ces experiences. Je
termine done ce rdcit, espdrant qu'il fera estimer et mieux con-
naitre les richesses de l’ocdan, les merveilleuses beautds natu-
iclles des terres qui nous environnent, et sursout l’admirable
devouement du Prince de Monaco a la Science.
3o avril
t l-xtrait de la Revue generate des Sciences pares et appliquees, 3o mars,
ivri) .
> juin et 1 5 octobre 1906).
(93)
IN3TITUT OCEANOGRAPHIQUE
FONDATION ALBERT I", PRINCE DE MONACO)
Recon llu d'utilitd publique par D6cret du 16 Mai 1906
EHSEIGNEWEKT SUPERIEUR DE L’OCEANOGRAPHIE
ANNEE SCOLAIRE 1906-1907
Provisoiremeul les f ours auronl lien a la SQRBOHE, dans I'AmpliillieAlre de Geologic
IG.m rniF. Gerson, Entree : Place de la Sorbonne)
les COUPES sou t publics
IIS s’ouvriront le Lundi 5 Novembre
OCEANOGRAPHIE PHYSIQUE
Professeur : M. HERGET
n,„ a j „ ^octeur ^-Sciences
g4 de Conferences a la Facultd des Sciences
LeCours commencera le Jeudi 8 Novem-
a 5 lieures du soir, et se continuera
chaque Jeudi a la meme heure.
wlS\°^eSjem tra'tera de VOceanographie
Bath* v ■ ^ la d,stribution des mcrs, de la
,n:„Jme. ' W’ des ProP>'>elcs physiques, chi-
mecmques de la mer.
OCEANOGRAPHIE BIOLOGIQUE
Professeur : M. L. JOUBIN
Docteur es-Sciences
Professeur au Museum d'Hisioire naturelle
Le Cours commencera le Lundi 5 Novem¬
bre A 5 heures du soir, et se continuera
chaque Lundi 4 la meme heure.
DES DEMONSTRATIONS PRATIQUES At-RONT LIEU
AU MUSEUM D’llISTOIRE NATURELLE
Le Professeur traitera de I'Etude des
Milieux marins et de Vinfluence de leur
variation sur la distribution des animaux.
PHYSIOLOGIE COMPARES DES ETRES AQUATIQUES
Professeur : M. le Dr PORTIER
^ Oiiecteui-Adjoint du Labora.toire de Physiologic de la Sorbonne
s commencera le Vendredi 9 Novembre a 5 beures du soir, et se continuera
chaque Vendredi 4 la meme heure.
'ofesseut traitera des Phe nomines de la nutrition clie% les animaux marins.
Pour S. A. S. le Prince de Monaco,
Preiidenl du Cornell d 'ad ministration de 1'Instilu t Oceanogapliique,
CASIMIR-PERIER
Dr P. REGNARD, Vice-Presidents.
Les
Samedis
s°irs, ii q heures, auront lieu a 1’ AMPHITHEATRE DESCARTES
(Entree : 17, rue de la Sorbonne)
°ES C°NFtiXENCES SUR DES SUJETS D’OCEA NOGRA PH IE
CONSULTER L’AFFICHE SPECIALS
tar'at scientific * CeS ^on^rences> des cartes d’entrte seront exigtes. Elies sont distributes an Secrt-
‘M’liistitut Oc/ C ^ *V Prince de Monaco, io, avenue du Trocadtro, au Secretariat provisoire
des
cartes
1 0c£anographique, 2,
au Muse»i« d'Histoire na
rue Eogelbach, ou Ton peut s’adresser par lettre. On trouvera tgalement
naturelle, 5y, rue Cuvier, et a la Sorbonne, 17, rue de la Sorbonne.
Le Bulletin est en depot cliez Friedlander, 11, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separement aux prix
suivants et franco :
Fr.
88. — Analyse des echantillons d'cau de mer recueillis pendant la
Ca’mpagne du yacht Princessc-Alice cn lyoG, (kun cspc-
ranta traduko)^ par G.-H. . .
8g. — Notes sur les gisements de Mollusques comestibles des Cotes
de France/ — La region d'Auray (Morbihan) avec t carte,
par. L. Joubin, professeur au Museum d'Histoire naturelle
de Paris et a 1'Tnstitut Oceanogt’aphique .
go. — Description de l’extremite posterieure du corps anormale
chez deux Motella fusca Risso, par 1c D' M. Jaquet,
Coriservateur ail Musee Oceanographique (avec unc plan-
che double) .
91, — Analyse de quelques echantillons de Pelagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun csperanta tradnko). par
G.-H. . .
Qc. — Conference du i dcccinbre 1906. La Presqu'ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. .loubin. professeur
au Museum d'Histoire naturelle de Paris et a rinstitut
Oceanographique .
g3. — Quelques impressions d un naturaliste au cotirs d’une cani-
pagne scientifique dc S. A. S. le Prince de Monaco ( iqo5),
par E. -L. Bouvier, professeur au Museum d’Histoire
naturelle, Membre de rinstitut .
o 5o
2 5o
1 »
o 5o
1 5o
1 5o
MONACO. — 1MPR. DE MONACO.
N° 94
20 Fevrier 1907
BULLETIN
DE
mmm oceanographioie
(Fondation ALBERT Ur, Prince de Monaco)
-<&-
SUR L’EXISTEN CE DE LA MYE
DANS LA MEDITERRANEE
Par Fred Vies
Prtfparateur da Laboratoire de Roscoff.
MONACO
X s
Les auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes :
i“ Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
3° Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en itaiiques tout nom scientifique latin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou
a l’encre de Chine.
6" Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers.
caiques les recouvrant.
7° Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.-
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d'un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
* #
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le
manuscrit — suivant le tarif suivant :
Un quart de feuille
Une demi-feuille . . .
Une feuille entiere.
50 ex.
1 100 ex.
| 150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
4f a
4 7°
8 io |
50 20
6 70
9 80
6f 80
8 80
1 3 80
8f40
11 »
16 20
10 <40
1 3 40
19 40
i7f8o
22 80
35 80
11 faut ajouter a ces prix celui des planches quand il y a lieu.
Adresser tout ce qui concerne le Bulletin d I’adresse suivante :
Musee oceanographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l/Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° 94. — 20 Fevrier 1907.
Sur l’existence de la Mye
dans la Mediterranee.
Par Fred VLES
Priparateur du Laboratoire de Roscoff.
La Mye, Lamellibranche essentiellement arctique, est con-
sideree d’ordinaire comme ne depassant pas au sud, sur lcs
cotes d’Europe, le Golfe de Gascogne. Son absence en Medi-
terranee a paru jusqu’ici ne faire de doute pour aucun au¬
teur; Risso (1) ayant signald, dans la faune mediterraneenne,
une Ufa truncal a L., sa determination est jugee erronne'e par
Locard (2), pour qui il ne peut pas exister de Myes mediterra-
tteennes. Je ne sache pas qu’un auteur, depuis Risso, ait l emis
en question la presence des Myes en Mediterranee : On ne
trouve ce Lamellibranche dans aucune des listes recentes de
feunes de la Mediterranee occidentale (Pruvot (3), Bucquoy,
Lautzenberg, Dollfus (4), etc.).
(■) Risso, 182G. — Histoire naturelle des principales productions de l Eu¬
rope meridionale el particulierement de celles des environs de Nice et des
Alpes-Maritimes. Paris, vol. iv.
b) Locard, 1886. — Prodrome de Malacologie Frangaise, 1 vol. in-8°.
thris, Bailliere, p. 382.
(3) Pruvot, 1897. — Fonds et faune de la Manche occidentale compares
a oeuxdu Golfe du Lion. Arch. Zool., exp. IIP serie, t. v, p. 5n.
(4) Bucquoy, Dautzenberg, Dollfus, 1898. — Mollusques marins du
Roussillon. Paris, Bailliere.
Cependant j’ai eu tout recemment cntrc les mains dcs pieces
qui permettent d’aflirmer 1’existcnce dc la Mye dans la Mdditer-
ranee : ce sont deux coquilles dc Mya arenaria L., completes,
possedant encore le ligament, ct provenant de la baic de Tamaris
(Var). Ces coquilles font partie de la collection de la Station
Biologique de Tamaris, et je rcmercic M. le Prof. Raphael
Dubois d'avoir bicn voulu me communiquer ces ties interessants
dchantillons.
Ces animaux ont etc pechds par une faiblc profondeur, sur
un fond de vase, en face du debarcadere de Tamaris; ils auraient
etd amends frais au Laboratoire. Ils ne sont d’ailleurs pas
inconnus des pecheurs dc la region, qui les dcclarent toutefois
fort rares. A vrai dire cette rarere doit etrc plus apparente que
leelle, les rateaux metalliqucs dont les pecheurs Tamariciens se
set vent pour draguer penetrant tres peu dans la vase, et devant
pat consequent passer bien au-dessus de la zone profonde oil se
tiennent les Mj^es.
Je lappelle que la Mye a etd signalde partni la faune froide
du Sicilien de Sicile par Monterosato (i) (1872, Mya truncata);
MM. Pruvot et Robert (2) Pont rencontree a l’etat subfossile
au huge du Cap Creus (1897, Mya truncata). II n’y a done rien
d etonnant a ce que ce Lamellibranche ait persists jusqu’a nos
jours dans la Mediterrane'e occidentale.
(n Monterosato, 1872. — Notijie intorno alle conchielie fossili di Monte
Pellegrino e Ficara^i. Palermo, in-8°. '
I -) Prlhot et Robert, 1897. — Sur tin gisement sous-marin de coquilles
a nc tenues an voisinage du Cap de Creus. Arch. Z00L, exp. IIP serie, t. v,
D. 1IT 7 1
- " - I. - -
INSTITUT OCE ANOGR APHIQUE
< FONDATION ALBERT L, PRINCE DE MONACO'
Reconnu d’utilitc* publique par DCcret du id Mai 1906
EnSEIGNEMENT PoPLLAIRE DE L OCE ANOGRAPHIE
CONFERENCES de 1906-1907
Ces Conferences auront lieu le samedi, ft 9 Retires du soir
A LA SOIATiOIVIVE (Amphitheatre Descartes)
(Entree par la ports de la rue de la Sorbonne n° i~)
Ordre des
Samedi 17 Novembre 1906
M. BERGKT
Dodear es-Scientes, charge dr Conferences ii la Sorbonne
Mouvements de l'atmosphere au-dessus
desOceans. — Vents alizes. — Regions
des calmes equutoriaux.
Samedi 24 Novembre
M. Ie l)r CHARCOT
Commandant de I'Eipedilion nnlarcliqne francaise
tes moeurs desanimaux de l’Antarctique.
Samedi 1 ' Decembre
M. le Dr JOUBIN
Professeur an Miaenm d'llistoire Xnturelle
La Presqu’ile de Quiberon.
Samedi 8 Dbcembre
M, le Dr PORTIER, Direeleur-Ailjaint dn
taboratoire de Physiologic ii la Sorbonne
Pbysiologie des animaux polaires.
Samedi 15 Decembre
M. Gabriel BERTRAND
I’Mlenr ii-Stieneei, charge do Honrs ii la Faculle des Sciences
La composition chimique de ia mer
au point de vue industriel.
Samedi 22 Decembre
M . F A BRE-DO M ERG U E
lnspectenr general des Peches Marilimes
Les methodes actuelles de la Pisciculture.
Samedi 5 Janvier 1907
M. BERGET
^ erjts superieurs de retour. — Contre-
ahzes. — Recherches du Prince de
Monaco. — Moussons.
Samedi 12 Janvier
M. le Dr MAI I. LARD
Professeur agrege ii la Faculle de Medecine
Les industries chimiques de la mer.
10 L’industrie- saliniere.
Conferences
Samedi 19 Janvier
M. JOUBIN
I .es comnqencaux et les parasites des
animaux marins.
Samedi 26 Janvier
M. PORTIER
Les ressources alimentaires de la mer
(ire partie).
Samedi 2 Fevrier
M. Gabriel BERTRAND
La composition du milieu marin
au point de vue biologique.
Samedi 9 Fevrier
M. BERGET
Regimes exceptionnels des vents ocea-
^ niques. — Cyclones et tvphons.
Samedi 16 Fdvrier
M. JOUBIN
L’industrie ostreicole.
Samedi 23 Fevrier
M. PORTIER
Les ressources alimentaires de la mer
(2e partie).
Samedi 2 Mars
M. MAILLARD
Les industries chimiques de la mer.
•2° L’industrie des vareehs.
Samedi 9 Mars
M. BERGET
Particularites des surfaces oceaniques au
point de vue du magnetisme terrestre
et de la pesanteur.
Samedi 16 Mars
M. PORTIER
Les organes des sens
chez les animaux marins.
a uV* PeP.°nneS qui ddsirent assister aux Conferences devront etre nninies de cartes. Ces cartes sont
Sf»tion du public an Secretariat scientifique de S. A. S.le Prince de MjM*. ■ «>. •«»> R d
a’aS«diro e’ au Secretariat provisoire de l’lnstitut Ocdanographiquc, 2, lue Logclbach, oh Ion peut
de L cSerLpar leure. On en trouve egalement au Museum d’Histoire naturelle, ij, rue Cuvier «t . •
Sorbonne, i, la Sorbonne.
AV X S
Le Bulletin est en depot chez Friedlander, 11, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separement aux prix
suivants et franco :
88. — Analyse des echantillons d'eau de nier recueillis pendant la
Campagne du yacht Princesse-Alice en hjo6, (kun espe-
ranta traduko), par G.-H. Allemandet .
89. — Notes sur les gisements de Mollusques comestibles des Cotes
de France. — - La region d’Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Joe bin, professeur au Museum d’Histoire naturelle
de Paris et a l'lnstitut Oceanograpbique .
go. — Description de l’extremite postericure du corps anormale
chez deux Motella fusca Kisso, par le Dr M. Jaquet,
Conservateur au Musee Oceanograpbique (avec une plan-
che double) . .
91. — Analyse de quelques echantillons de Pelagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun esperanta traduko), par
G.-H. Allemandet .
9:. — Conference du 1" decetnbre 1906. I.a Presqu’ilc de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. Joubin, professeur
au Museum d’Histoire naturelle de Paris et a l’lnstitut
Oceanographique .
g3. — Quelques impressions d'un naturaliste au cours d’une cam¬
pagne scientitique de S. A. S. le Prince de Monaco (1905),
par E.-L. Bouvier, professeur au Museum d’Histoire
naturelle, Membre de l’lnstitut .
94- — Sur l’existence de la Mye dans la Mediterranee, par Fred
Vles, preparateur du “Laboratoire de Roscoft .
Fr.
o 5o
2 5o
1 »
0 5o
1 5o
1 5o
0 5o
MONACO. — IMPR. DE MONACO.
N° 95
22 Fevrier 1907
BULLETIN
DE
I/IfflITIlT OCI'WOlilUPlIIOlE
(Fondation ALBERT Icl, Prince de Monaco)
-<8--
SUR LA HU IT IE ME CAMPAGNE DE LA
PRINCE S S E -ALICE II
Par S. A. S. le Prince ALBERT I« de Monaco
MONACO
.A. V I s
Les auteurs sont pries de se conformer aux indications survantes :
i° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
Donner en notes au bas des pages au dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en italiques tout nom scientilique latin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au cravon Wolf (H. B.) ou
a l’encre de Chine.
6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7° baire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noirsur
papier procede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d'un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
*
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le
manuscrit — suivant le tarif suivant :
Un quart de feuille
Une demi-feuille. . .
Une feuille entiere.
50 ex.
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
4/ M
5f 20
6f8o
8f40
10 <4°
80
4 70
6 70
8 80
1 1 n
1 3 40
22 80
8 10
9 80
i3 80
16 20
19 40
35 80
11 faut ajouter a ces prix celui des planches quand il y a lieu.
Adi esset tout ce qui concerne le Bulletin a I’adresse suivante :
Musee oceanog-raphique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Ocean ographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° g5. — 22 Fevrier 1907.
Sur la huitieme campagne de la
Princesse- Alice II
Par S. A. S. le Prince ALBERT I"' DE MONACO
La huitieme campagne de la Princesse-Alice a eu lieu dans
les regions arctiques; scs resultats intercssent les trois domaines
de la terre, de la mer et de Patmosphere. Deux missions terres-
tres contposees, Tune de sept Norvdgiens et un Francais, diri-
gee par le capitaine Isachsen, l’autre, ecossaise, dirigee par
M, Bruce, s’ajoutaient a mon personnel ordinaire; de plus je
m’etais adjoint un petit vapeur norvegien, le Qvedfjord , montd
Par huit homines. Le professeur Hergesell conduisait des
recherches mdte'orologiques dans la haute atmosphere. Le doc-
teur Portier poursuivait des etudes physiologiques sur le sang
des animaux arctiques. Le docteur Richard s’occupait de la
zoologie et le lieutenant de vaisseau Bouree executait le travail
hydrographique. Enfin M. Tinayre, artiste peintre, faisait une
quarantaine d’ceuvres destinees a reproduire l’aspect des regions
parcourues. Cette campagne, commencee le 24 juin au Havre,
sest termine'e au meme point le ig septembre. Entre le i5mai
et 'e 7 juin mon navire avait servi a des recherches entreprises
par le professeur Fridtjof Nansen et confides a son assistant
Walfrid Ekman. Le savant suedois etudiait la compressibi-
hte de l’eau de mer avec des piezometres a renversement d'un
lype nouveau, qui furent immerges une trentaine de l'ois depuis
la profondeur de i5oo metres jusqu’a celle de 4300 metres dans
la Mediterranee et l’Ocean.
Geographic. — Mon principal effort s’est porte sur une
exploration de la terre spitsbergienne situe'e entre u°et i3°3o
longitude Est, 79 0 et 790 4°’ latitude Nord. Le capitaine Isachsen,
de l’armee norvegienne, seconde par le lieutenant Staxiud, le
geologue Horneman, le docteur francais Louet et quatie poi
teurs norve'giens, muni de traineaux, de skis et des instiunients
necessaires, a recueilli, sur un parcours d environ 1000 kilome¬
tres, les elements d’une carte complete et d une etude geologique
de toute cette region dans laquelle personne n avait encoie
pcnetre. Deux bases etaient astronomiquement mesurecs, 1 une
au point de depart dans la baic Smeerenburg, 1 autre au point
d’arrivee dans la baie Cross, et le groupe de ces huit exploiateurs
se divisaient en plusieurs sections afin de couvrir un plus grand
espace; il campait exclusivement sur les glaciers pendant un
mois et demi, sans autre appui que les traineaux. L altitude de
1194 metres a ete atteinte dans ces conditions et peut-ette
depassee. Son travail comporte 140 stations geodesiques et topo-
graphiques sans parler des etudes geologiques. Simultanement,
la mission ecossaise, debarquee sur la Terre du Prince Chat les,
travaillait a la construction d’une carte et, malgrd des brumes
frequentes, executait son programme sur une etendue littorale
et interieure d’environ 60 kilometres qui prdsente, avec le travail
du capitaine Isachsen, certains recoupements tres utiles. L oeu¬
vre de M. Bruce precisera la position de 1’extremite Nord de
cette grande lie placee sur la route des navigatcurs longeant la
cote occidental du Spitsberg.
Hyd ro graph ie . — Pendant que mes missions terresties
accomplissaient leur tache, j’ai fait l’hydrographie de la baie
Cross, grande ouverture qui penetre par plusieurs branches a
une trentaine de kilometres vers l’interieur, et ou la mission
Isachsen devait aboutir. Une triangulation speciale y a ete iaite
par MM. Hergesell et Bourde, tandis que je procedais a environ
5oo sondages avec les deux navires. Je signalerai le glacier Lil-
liehook, dans la branche nord-ouest de la baie Cross, coniine le
plus actif de ceux que je connais au Spitsberg; il produit,
surtout en fin de saison, des isbergs atteignant 5oo metres ou
600 metres de circonference et 20 metres ou 3o metres de haut.
Bien souvent dans cette baie comme dans les autres, nous
avons constate un phenoniene de gresilleineut de la glace . celle ci,
fragments a l’infini par la fusion ou pour une autre influence,
produit un son pareil a la friture du telephone et qui semble
cause par la liberation des bulles d air enfermees sous piession
dans son epaisseur.
Je mentionne encore ici un detail geologique de la baie
Wijde, au nord du Spitsberg et qui penetre jusqu’a une centaine
de kilometres vers l’interieur. Les montagnes de la cote oiien
tale offrent au spectateur etabli sur la cote opposee, sous une
certaine lumiere, une teinte nettement delimitee a la hauteur
de 200 metres ou 3oo metres, quelle que soit la natuie du sol.
On dirait que, jusqu’a ce niveau, les montagnes en question
ont subi une influence speciale.
Meteorologie. — La meteorologie de la haute atmosphere a
ete etudiee par les operations suivantes : 4 cerfs-volants jusqu a
l’altitude de 800 metres; 3 ballons captifs jusqu a 2700 meties,
5 ballons-sondes jusqu’a 7500 metres; 18 ballons pilotes jusqu a
29800 metres. Les chiffres concernant certains ballons-pilotes
sont peut-etre encore sujets a une legere rectification.
L’emploi des cerfs-volants dtait rarement possible a cause
d’une zone de calme qui succedait souvent a celle du vent mfe-
rieur. L’emploi des ballons-sondes etait gene par le brouillard
Presque permanent au large. Mais les ballons-pilotes, favonses
par un temps clair sur la cote, ont pu etre lances dans les meil-
leures conditions, et leurs altitudes, observees au theodolite, ont
ete controlees par plusieurs methodes qui fournissent, en plus
de la direction et de la vitesse des courants superieurs, une no¬
tion inte'ressante sur la purete de l’atmosphere arctique, ces
ballons, de om 70 au depart, sont restes visibles jusqu’a la dis¬
tance de 80 kilometres et ne disparaissaient a la vue que par
suite de leur eclatenrent. Cette meme purete de lattnosphcie
nous permettait, un jour, de distinguer a la distance de 40 kilo¬
metres chacun des quatre homines de la mission Isachsen avec
leur traineau, sur le glacier de Smeerenburg. Les lancements
(95)
de ballons meteorologiques ont eu lieu, cette annee, depuis la
latitude de 43° 14’ N. jusqu’a celle de 79°45’ N.
Oceanograpliie. — 3 bchantillons de fond ont etd obtenus
par le tube sondeur Buchanan et 17 par le sondeur Le'ger, 11 se¬
ries verticales de temperature ont dte' prises dans huit baies du
Spitzberg jusqu’a la profondeur de b'] metres.
Zoologie. — Le docteur Richard a continue ses re'coltes de
plankton avec 84 operations pratiquees depuis la Manche jusqu’a
la banquise en passant par les fjords de la Norvege et du Spits-
berg; 2 nasses triedriques descendues vers le centre de la baie
Cross, au Spitsberg, sur des fonds de 320 metres et 368 metres,
ont rapporte surtout des poissons rares. Un filet vertical de
grande ouverture, au-dessus des memes fonds, a donne des
Crustaces principalement. Unedrague lancecdans la baie Wijde,
par une vingtaine de metres, a fourni de nombreux animaux.
26 ope'rations de tremail, dans les fjords dc la Norvege et du
Spitsberg, n’ont rapporte que des animaux communs.
Phj'siologie. — Les travaux du docteur Portier ont eu sur¬
tout pour objet 1’etude de la pression osmotique des liquides
organiques chez les Vertebres polaires. II a obtenu le point
crvoscopique du sang de nombreuses especes, Mammiferes,
Oiseaux ou Poissons.
Enfin, si je mentionne ici que, pendant une mission dont
j’ai charge le commandant Chaves, directeur des observatoires
me'te'orologiques des Acores, et qui avait pour objet l’etude du
magnetisme terrestre dans l’Afrique australe et orientale, mais
qui, en outre, a permis d’obtenir une serie singuliere de peches
pelagiques depuis 35° 20’ de latitude Nord jusqu’a 25° 16’ de
latitude Sud, il sera constate que l’lnstitut oce'anographique de
Monaco a developpe son action, en iqo6, depuis 8o° de latitude
Nord jusqu’au cap de Bonne-Esperance, et, de plus, qu’il a e'te
servi, pour ces travaux, par 9 nationality differentes.
(Extrait des Comptes Rendus de l’ Academie des Sciences, 14 janvier 1 90 7) •
- —
INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE
(FONDATION ALBERT I", PRINCE DE MONACO)
Reconnu d’utilit£ publique par D6cret du 1 0 Mai igoG
EISEIGNEMENT SUPERIEUR OE L’OCEANOGR APHIE
ANNEE SCOLAIRE 1906-1907
Provisoircnienl los Corns .nironl lint a la SOHROWK, dans I'AmpliitlicAlrc tie (ioologie
(Galerie Gerson, Entree : Place de la Sorbonne)
LES GOURS SONT PUBLICS
Ils s’ouvriront le Lundi 5 Novembre
- JOO^KXX' -
OCEANOGRAPHIE PHYSIQUE ] OCEANOGRAPHIE BIOLOGIQUE
Professeur : M. RERGET
Docteur i‘s-Sciences
srge de Conferences a ]a Faculty des Sciences
le C(mrs commencera le Jeudi 8 Novem-
hre a 5 heures du soir. et se continuera
chaque Jeudi a la meme heure.
fe, Professeur traitera de I'Oceanograpiiie
generate, de la distribution des mers , de la
ntijmetrie, des propriety physiques, chi-
miques et mecaniques dc la mer.
fesseur : M. E. JOUBIN
lJro
Docteur es-Sciences
Professeur au Museum d’Histoire naturcllc
Le Cours commencera le Lundi 6 Novem¬
bre A 5 heures du soir, et se continuera
chaque Lundi a la meme heure.
DES DEMONSTRATIONS PRATIQUES ACRONT LIEU
AU MUSEUM IVH1ST0IRE NATliRELLE
Le Professeur traitera de iEtude des
Milieux marins et de Vinfluence de lew
variation sur la distribution des animaux.
PHYSIOLOGIE COMPAREE DES ETRES AQUATIQUES
Professeur : M. le 1> PORTIER
IMrecteur-Adjoint du Lab.oratoire de Pliysiologie de la Sorbonne
e Cours commencera le Vendredi 9 Novembre a 5 heures du soir, et se continuera
chaque Vendredi A la meme heure.
LePiofesseur traitera des Phenomenes de la nutrition cheq les animaux marins.
Pour S. A. S. le Prince de Monaco,
Preiidtnl du Oonseil dud mi nistrn (i on de ITiislitut Oceanogaphiqne,
CASIMIR-PERIER
Dr P. REGNARD, Vice-Presidents.
-es Samed
■is soirs, a 9 heures, auront lieu a l’AMPHITHEAT RE DESCAR I I S
(Entree : 17, rue de la Sorbonne)
lJES CONFERENCES SUR DES SUJETS D’ OCEANOGRAPHIE
CONSULTER L’AFFICHE SPECIALS
1ariat ® ces Conferences, des cartes denude seront exigdes. Elies sont distribudes an S.-ri
Pl'ince de Monaco, io, avenue du Trocad6ro, au Secretariat prow^oirc
des cartp«U c6anographique, 2, rue Logelbach, oG Ton peut s’adresser par letlre. On trouvera ega ement
au useum d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier, et a la Sorbonne, 17, nie de la Sorbonne.
AV IS
Le Bulletin est en depot chez Friedlander, n, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separement aux prtx
suivants et franco :
Fr.
88. — Analyse des echantiltons d’eau. de mer recueillis pendant la
Campagne du yacht Princesse-Alice cn iijoo, (kun espe
ranta traduko), par G.-H. Aj.i.emandbt . '
So _ Notes sur les gisements de Mollusques comestibles des C6tes
J de France. — La region d’Auray (Morbihan) avec i carte,
par. L. .1 otiBiN, professeur au Museum d Histoire naturelle
de Paris et a Flnstitut Oceanographiquc . ‘
qo. — Description de l'extrenute posterieurc du corps anormale
chez deux Motella fusca Risso, par lc D" M. .Iaquet,
Conservateur au Musee Oceanographique (avec une plan- ^ #
che double) ....... . . .
qi. — Analyse de quelques echanti'lons de Pelagositc recueillis
dans le port de Monaco, (kun csperanta traduko). par
G.-H. Al lemandet . . . .
02. — Conference du ifr deccmbrc 1906. La Presqu’ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. Joubin. proresseur
au Museum d'Histoi re naturelle de Paris ct a 1 lnstitut ^ ^
Oceanographique .
o3. — Quelques impressions d’un naturalistc au cours d’une carn-
pagne seientifique de S. A. S. lc Prince de Monaco (igopj,
par E.-L. Bouvier, professeur au Museum d Histoire ^
naturelle, Membre de Plnstitut .
94. — Sur l’existence de la Mye dans la Mediterranee, par Fred
Vles, preparateur du Laboratoire de Roscoft .
gb. — Sur la huitieme campagne de la Princesse-Alice II, par
S. A. S. le Prince Albert Ior de Monaco .
MONACO.
IMPR. DE MONACO.
N° 96
25 Fevrier 1907
BULLETIN
DE
(Foiidation ALBERT L'r, Prince de Monaco)
-8>
OliCHOMENELLA lobata
XOCVBM.K K'SPECE d'.AMPHIPODE DBS REGIONS ARCTIQUES
Par Ed. Chevreux
I s
Les auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes :
i° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
20 Supprimer autant que possible les abreviations.
3o Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
3° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon \3olt (H. B ) ou
a l’encre de Chine.
6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papieis
caiques les recouvrant.
7° Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans e
texte en dormant les dessins faits d’un tiers ou d un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
* *
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. 11s peuvent, en
outre, en faire tirer un nornbre quelconque — laire la detnande sui le
manuscrit — suivant le tarif suivant :
50 ex.
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
Un quart de feuille .
qf »
5f 20
6f 80
8f 40
10 fqO
i7f8o
Une dcmi-feuille .
4 7«
6 70
8 80
I I »
1 3 40
22 OO
Une feuille entiere .
8 10
9 80
i3 So
16 20
19 40
35 80
II faut ajouter a ces prix celui des planches quand il y a lieu.
Adresser tout ce qui concerne le Bulletin a I'adresse suivante .
Musee ocdanographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’In stitut Oceanographique
(Fondation ALBERT I "', Prince de Monaco)
N° 96. — 25 Fevrier 1907.
Orchomenella lobata
nouvelle espece d’Amphipode des regions arctiques.
Par Ed. CHEVREUX
Au cours de la derniere campagne du }racht Princesse- Alice.
la peche de la Stn. 2522, 27 aout 1906, effectuee avec le filet a
grande ouverture, entre 320 metres de profondeur et la surface,
dans la baie Cross (cote ouest du Spitzberg), a ramene deux
exemplaires d’un Amphipode nouveau, appartenant a la famille
1 ig. 1. — Orchomenella lobata nov. sp. — Femelle, vue du cote droit, X 14*
des Lysianassidce. Le plus grand dc ces Amphipodes, une femelle
ovigere, mesurait 7mm 7 de longueur, dans la position ou il est
%ure ici (Fig. 1). L’autre exemplaire est un peu plus petit.
o
Le corps est moderement obese. L’ensemble du metasome
et de 1’urosome n’atteint pas les deux tiers de la longueui du
mesosome. La tete, mesuree au bord supdrieur, n est pas plus
longue que le premier segment du mdsosome. Llle poite un
petit rostre aigu. Ses lobes lateraux, remarquablement etioits
et allonges, se prolongent jusqu’ii l'extrdmitd du pddoncule des
antennes superieures. Les plaques coxales des quatre premieies
Fig. 2. — Orchomenella lobata. ■ — A, plaque epimerale du dernier segment
du metasome; B, antenne superieure ; C, antenne inferieure; D, epistome
et levre anterieure ; E, mandibule droite; F, levre posterieure; G. maxule
anterieure; H, maxille posterieure: I, maxillipede. (A X i5; B, C, X D0'
D, E, F, G, H. 1 X 53).
paires atteignent a peu pres le double de la hauteur des segments
correspondants du mesosome. Le bord anterieur des plaques
coxales de la premiere paire est un peu concave. Le lobe poste-
rieur des plaques coxales de la cinquieme paire est un peu plus
haut que le lobe anterieur. Les plaques dpimerales du derniei
segment du metasome (Fig. 2, A), fortement prolongees en
arriere, se terminent par un angle aigu. Le premier segment de
1 urosome presente une profonde depression dorsale.
—
‘
o
La tete nc prbsente aucunc trace d’organes de vision.
Les antennes superieures (Fig. 2, B) sont un peu plus lon¬
gues que l’ensemble des bords supdrieurs de la tete et des deux
premiers segments du mdsosome. Le premier article du pddon-
cule est a peine plus long que large. L’ensemble des deuxieme
et troisieme articles n'attcint guere plus du tiers de la longueur
du premier article. Le flagellum principal se compose de dix
articles. Le premier de ces articles, aussi long que l’ensemble
desquatre articles suivants, porte sept rangees transversales de
soies sensitives. Le flagellum accessoire atteint a peu pres la
moitie de la longueur du flagellum principal. II se compose d’un
article aussi long que le premier article du flagellum principal,
suivi de deux articles assez courts.
Les antennes infdrieures (Fig. 2, C) sont un peu plus longues
que les antennes superieures. Le troisieme article du pedoncule
atteint presque la longueur du cinquieme article; le quatrieme
aiticle est beaucoup plus long et plus volumineux. Les deux
derniers articles portent une rangde de petites soies au bord
anterieur et quelques longues soies au bord postbrieur. Le fla¬
gellum se compose de quinze articles assez fortement cilids.
Lepistomc (Fig. 2, D) ne ddborde pas sur la levre anterieurc.
La partie tranchante des mandibules (Fig. 2, E), conique,
nc presente pas de dents. Le processus molaire n’est pas tres
sadlant; il n’existe ni soies ni epines entre lui et la partie tran-
ehante. Le palpe, fixd un peu plus loin de Pextremite de la
mandibule que le processus molaire, est bien ddveloppd. Son
dernier article, beaucoup plus court que Particle precedent,
poite de longues soies au bord interne et a Pextremite.
La levre postdrieure (Fig. 2, F) presente des lobes lateraux
assez etroits, arrondis a Pextremite, et des prolongements pos-
te'rieurs aigus, non divergents.
Le lobe interne des maxilles anterieures (Fig. 2, G) se ter-
Ullne Par deux soies cilices. Le lobe externe, obliquement
j-ionqud, est arme de cinq grosses dents crenelees. Le palpe,
len developpe, est finement crenele au bord distal.
Le lobe interne des maxilles posterieures (Fig. 2, H), un peu
court que le lobe externe, porte une rangde de soies
(96)
— 4 —
simples et une grosse soie cilice. Le lobe externe se termine
par une toufl'e dc soies simples.
Le lobe interne des maxillipedes (Fig. 2, I), tres developpe,
depasse le milieu du dcuxieme article du palpe. Son bold
interne, garni de grosses soies cilices, se prolonge poui loimei
une petite dent avec le bord distal. Le lobe externe, qui atteint
le milieu du troisieme article du palpe, porte de fines creneluies
au bord interne. Le palpe presente de longues soies au bord
interne dc ses deuxieme et troisieme articles.
paires; H, telson. (A, B, C, D X 22; E, F, G, H X 3;).
L article basal des gnathopodes anterieurs (Fig. 3, A), 11 cs
allonge, atteint la longueur dc 1’ensemble des quatre articles
suivants. Son bord externe est garni de nombreuses soies. Le
carpe, triangulaire, cst plus court quc l’ensemble des deux arti¬
cles precedents, qui sont a peu pres d’egalc longueur. Lc pro-
pode, quadrangulaire, cst un peu plus long quc le carpe. Son
bord postdrieur forme, avec le bord palmaire, un angle obtus,
arme d'une forte epine. Lc dactyle, tres robuste, est de la lon¬
gueur du bord palmaire.
L’article basal des gnathopodes posterieurs (Fig. 3, B) est
beaucoup plus large a l’extrdmite qu’a la base. Le carpe atteint
le double de la longueur du propode. Le bord posterieur de ce
dernier article se prolonge pour former, avec le bord palmaire,
un angle aigu sur lequel Fcxtremite du dactyle peut s’appuyer.
L article basal des pereiopodes des deux premieres paires
atteint la longueur de l’ensemble des trois articles suivants. Le
propode est deux fois aussi long que le carpe. L’article meral et
le carpe portent de longues soies au bord posterieur. Le bord
posterieur du propode est garni de netites e'nines. Le dactyle est
long et grele.
Dans les pereiopodes des trois dernieres paires, Particle
basal, beaucoup plus long que large, est finement cre'nele au
boid postdrieur. L’article me'ral, assez dilate, se prolonge en
at Here, le long du bord posterieur du carpe. Les pdreiopodes de
la cinquidme paire (Fig. 3, D) de'passent un peu en longueur
ceux be la troisieme paire (Fig. 3, C). Les perdiopodes de la
ll uatridme paire sont les plus longs. Le dactyle, grele et allonge
bans les perdiopodes des troisieme et quatrieme paires, cst tres
1 eduit dans les pdrdiopodes de la derniere paire.
Dans les uropodes de la premiere paire (Fig. 3, E), les bran-
C^es’ subegales, n’atteignent pas tout a fait la longueur du
Pbdoncule. La branche interne des uropodes de la deuxieme
P^e (Fig. 3, F), un peu plus courte que la branche externe,
P°ite, conirne chez Orchomenella groenlandica (Hansen), une
1 etlte echancrure, garnie d’une epine, au bord interne. La
,dncbe interne des uropodes de la derniere paire (Fig. 3, G) est
feu plus longue que le premier article de la branche externe.
"c telson (Fig. 3, H) depasse de beaucoup l’extremitd du
ledoncule des uropodes de la derniere paire. Sa fente, tres
UVeite, sutend sur les deux tiers de sa longueur. Chacun de
(96)
— 6 —
ses lobes portc line epine et line soie marginales et se termine
par une petite echancrure, garnie d’unc epine.
Le nom spdcifique fait allusion au developpement remarqua-
ble des lobes lateraux de la tete.
INSTITUT OCEAN OGRAPHIQUE
1 FONDATION ALBERT I", PRINCE DE MONACO)
Recoil mi d'utilitO piibliquc par IK-cret du 16 Mai tgoli
Enseignement Pop u lair e de i. Oceanographie
CONFERENCES de 1906-1907
Ces Conferences auront lieu le samedi, a 9 heures du soir
A L A SORBONNE (Amphitheatre Descartes)
(Entree par la porta de la rue de la Sorbonne n» if)
Ordre des
Samedi 17 Novembre 1906
M. BERGKT
Rocleur es-Sciencrs, tlmrgj dr ConRmicrs ,i la Sorbonne
Mouvements do l'atmosphere au-dessus
des Oceans. • — Vents alizes. — Regions
des caimes equatoriaux.
Samedi 24 Novembre
M. le Dr CHARCOT
CararaanJanl de 1'Kiprdilion antarcliqHe franraise
1 « mceurs des animaux de 1'Antarctique.
Samedi 1 : Decembre
M. le hr JOU BIN
Professeur 9n Jlusdnm d’llisloire XnUirclle
lat Presqu'ile de Quiberon.
Samedi 8 Decembre
^ PORI JER, Dirocletir- Adjoint du
tahoralairc do I’livsiologie a la Sorbonne
I b> siolog.e des animaux polaires.
Samedi 15 Decembre
M. Gabriel BERTRAND
flr ** diarge dc Coins a la Farulle des Sciences
comP°sition ehimique de la mer
au P°'nt de vue industriel.
Samedi 22 Decembre
M- 1 ’ A B R E - 90 M E R G U E
Inspeeleur general den PMiei lluriliincs
•« ntethodes aetuelles de la Pisciculture.
Samedi 5 Janvier 1907
M. BERGET
alDft suP®ri^urs de retour. — Contre-
\1 nno* Recherches du Prince de
•Vlonaco. - Moussons.
Samedi 12 Janvier
It Dr MAILLAR1)
™t!,e“r agrege j |„ FacolU de lUudecine
•es industries chimiques de la mer.
10 L Industrie saliniere.
Conferences
Samedi 19 Janvier
M. JOT BIN
l.es commencaux et les parasites des
animaux marins.
Samedi 26 Janvier
M. PORTIER
l.es ressources alimentaires de la mer
( tre partiei.
Samedi 2 Fevrier
M. Gabriel BERTRAM)
l.a composition du milieu tnarin
au point de vue biologique.
Samedi 9 Fevrier
M. BERGET
Regimes exceptionneis des vents ocea-
niques. — Cyclones et tvphons.
Samedi 16 Fevrier
M. JOE BIN
I .'indust rie ostfeicole.
Samedi 23 Fevrier
M. PORTIER
Ees ressources alimentaires de la mer
(2« partie).
Samedi 2 Mars
M. MAIEEARD
Ees industries chimiques de la mer.
2° E’industrie des varechs.
Samedi 9 Mars
M. BERGET
Particularites des surfaces oceaniqucs au
point de vue du magnetisme terrestre
et de la pesanteur.
Samedi 16 Mars
M. PORTIER
Ees organes des sens
chez les animaux marins.
?Ja disposition11^? i'ul dinirent assister aux Conferences devront one ninnies de cartes. — Ces cartes sont
pocadero et i, alE P*»W*e . au Secretariat scientifique de S. A. S. le Prince de Monaco, 10, avenue du
Puresser par len. °r\ nat Provis,iire de ITnstitut Oceanographique, 2, rue l.ogelbach, oil I on pent
ae la SorbomiB P Un.en trouve egalement au Museum d'Histoire naturelle, 5/, rue Cuvier et 17 rue
,,e> *l la Sorbonne. ;
AVIS
Le Bulletin est en depot chez Friedlander, 1 1, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separement aux prix
suivants et franco :
Fr.
88. — Analyse des eehantillons d'eau de nier recueillis pendant la
Campagne du yacht Princesse-Alice en 190C, (kuti espe-
ranta traduko), par G.-H. Auemandet . 0 5o
89- — Notes sur les gisements de Mollusques comestibles des Cotes
de France. — La region d’Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Joubin, professeur au Miiseum d'Histoire naturelle
de Paris et a 1'lnstitut Occanographique . 2 5o
90. — Description de l'extremite posterieure du corps anormalc
chez deux MotelLi fusca Risso, p>ar le D' M. .Iaqijet,
Conservateur au Musec Oceauographique (avec une plafi-
che double) . 1 »
91- — Analyse de quelques eehantillons dc Pelagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun esperanta traduko), par
G.-H. Allemandet . 0 5o
9:- — Conference du 1" dcccmbre 1906. La Presqu’ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. Jotibin. professeur
au Museum d'Histoire naturelle de Paris et a 1'lnstitut
Oceanographiquc . 1 5o
9-'- — Quelques impressions dun naturaiiste an cours d'une cam¬
pagne scientifique de S. A. S. le Prince de Monaco ( roof,
par E.-L. Bouvier. professeur au Musfum d'Histoire
naturelle, Membre de 1’lnstitut . 1 5o
94’ Sur 1 existence de la Mac dans la Mediterrancc, par Fred
Vles, preparateur du Laboratoire de Roscoft . 0 5o
g5. — Sur la huitieme campagne de la Princesse-Alicc //, par
S. A. S. le Prince Ai.bert I"1' de Monaco . 0 5o
96. • Orchomenella lobata, nouvelle especc d’Amphipode dcs
regions arctiques, par Ed. Chevreux . J »
97- Sur une methode de. prelevement de l’eau de mer destinee
aux etudes bacteriologiques, piar MM. P. Portier et
.1. Richard . 1 »
MONACO.
IMPR. DE AlONACO.
26 Fevrier 1907
I s
Lcs auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes :
x° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
,'° Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
■° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou
a l’encre de Chine.
6" Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7° baire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au cravon noir sur
papier procede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le
textc en donnant les dessins faits d’un tiers ou d'un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
*
* *
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
0utre> ei^ faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le
manuscrit suivant le tarif suivant :
| 50 ex.
Un quart de feuille . ; 4f „
Lne demi-feuille . I 4 -rG
Une feuille entiere . J 8 10
II faut ajouter a ces prix celui
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
5f 20
6f 80
8f40
10 fqo
17(80 |
6 70
8 80
1 1 »
1 3 40
22 80
9 80
i3 80
16 20
19 40
35 80 1
des planches quand il y a lieu.
Acl) esse> tout ce qui concei'ne le Bulletin a I’adresse suivanle :
Musee oceanographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I"’, Prince de Monaco)
N« 97. — 26 Fevrier 1907.
Sur une methode de prelevement de l’eau de
mer destinee aux etudes bacteriologiques.
Far MM. P. PORTIER et J. RICHARD
L appareil se compose d’une ampoule cylindrique de verre
'eit A, de 26 centimetres de longueur et de 16 millimetres de
diametre, a parois suffisamment epaisses pour resister a des
pi fissions de 600 atmosphe res et plus.
^ette ampoule se prolonge en bas par un court tube capil-
liiiti' b a et en haut, par un long tube capillaire trois fois recourbe
cdefgh (1).
I Bitroduit une goutte d’eau dans l’ampoule A; on ferme a
d lampe a, puis on reunit le long tube capillaire a une trompe
<l ,lleicure; lorsque le vide est obtenu, on ferme a la lampe en li.
L tube vide d’air est alors sterilise' a l’autoclave a 120°; il est
Pret a servir.
* introduit dans une boite metallique a l’interieur de
^ quelle il est fixd par des fils de cuivre de telle maniere que la
lointe^-/; sojt tournee vers le haut et sorte a l’exte'rieur de la
D°ite (Fig. 3).
L’appareil fixe' sur le fil de sonde est descendu
tieir ^ ^Ur ^ure ^es c°udes successifs du long tube capillaire ont ete
soiit^^ *CS UnS ^es autres afin de rendre le dessin plus clair. En realite, ils
de |. ra^^10c^®s lesuns des autres et appliques sur l’ampoule A. La fragilite
aPPareil et son volume sont ainsi diminues. La coupe de l’appareil
n ' en baut) retablit les rapports veritables des different es parties.
ApR 101907
dans cette situation a la profondeur choisie; a ce moment, on
libere (i1) de toute entrave la boite metallique qui cst suspendue
par un collier situe au-dessous de son centre dc gravitd, elle se
Position normal *
dcs tubes
Fig. i .
renverse, et, dans ce mouvement, le tube capillaire f h vient
frapper sur un couteau metallique en un pointy qui porte un
(i) Soit par le jeu d’une helice, soit par l’envoi d’un messager lelongdu
fil de sonde.
— 3 —
retrecissement; il se brise en ce point et l’eau de mer se preci-
pite dans l’appareil vide qu’elle remplit Fig. 4). On remonte
l’instrument; a mesure qu'il se rapproche de la surface, il se
Fig. 3.
Fig. 4.
Jfchaulfc, et la pression diminue, ce qui fait qu’une partie de
contenue dans l’ampoule sort peu a peu en g. Le courant ■
(97)
de sortie, et, d’autre part, la longueur du tube capillairc recourbe
s'opposent pendant lc retour de l’appareil a toutc contamination
du liquide de l’ampoule par l’eau de mcr environnante. Des
experiences de controle ont rigoureusement etabli ce fait.
Unc fois l’appareil a boi'd, on donne un trait de lime sur le
tube a, on brise sa pointe, et on la fiambe, puis on adapte surce
tube un appareil sterilise represents a la panic inferieure de la
figure 2. On donne ensuite un trait de lime en d , on casse le tube
eapillaire en ce point, et on rejette les sinuosites defgh. On
flambe d , et on adapte sur lui un tube de verrc bourre d’ouate,
lc tout sterilised
En pressant sur la pince a pression continue, on pcut a l’abn
de la petite cloche, transvaser le liquide de l'ampoule A dans
une se'rie de tubes de culture sans craindre aucune contamination
(lc tube m laisse rentrer dans l’ampoule de Fair sterilise par
filtration).
Tel est le dispositif que nous avons adopte apres des modifi¬
cations successives de notre appareil primitif auxquels nous ont
conduits de multiples essaisjeffectues au cours de plusieurs cam-
pagnes du }'acht Princesse- Alice. Sous sa forme actuelle, Fappa-
reil permet de predever de j’cau aux plus grandes profondeurs
sans aucun danger de contamination.
Les principaux resultats.de ces recherches seront prochaine-
ment publies.
(Extrait des Complex rendus de Y Academic des Sciences, 14 mai igofi).
INSTITUT OCEANOGRAPHIQUE
(FONDATION ALBERT I", PRINCE DE MONACO)
Recon nu d'utiliti puhlique par DScret du i(i Mai 1906
EKSEIGNEIKIENT SUPERIEUR DE L’OCEANOGRAPHIE
ANNEE SCOLAIRE 1906-1907
Provisoiremeul les Corns anronl lieu a la SOIIISOME, dans I'Ampliilliealre de Geologic
(Gai.i.rik Gkhson, Entree : Place de la Sorbonne)
LES GOURS SON T PUBLICS
Ils s'ouvriront le Lundi 5 Novembre
OCEANOGRAPHIE PHYSIQUE OCEAN OGRAPHIE BIOLOGIQUE
Professeur : M. RERGET
ru . , Docteur es-Sciences
de Conferences a la Faculty des Sciences
Le Ctmrs commencera le Jeudi 8 Novem-
re a 5 heures du soir, et se continuera
chaque Jeudi a la meme heure.
~j,.e ^,,<>fesseuy traitera de l' Oceanographie
nj,)a e’ ^ distribution des mens, de la
0 meti ie, des proprietes physiques, clii-
,?wes et mecaniques de la mer. "
Professeur : M. L. JOUBIN
Docteur £s-Sciences
Professeur au Museum d’Histoire natu relic
Le Cours commencera le Lundi 6 Novem-
bre k 5 lieures du soir, et se continuera
chaque Lundi a la meme heure.
DES DEMONSTRATIONS PRATIQUES Al'RONT UEU
A I MUSEUM DII1ST0IRE NATURELLE
Le Professeur traitera de I'Etude des
Milieux matins ct de Vinfluence de leur
variation sur la distribution des animaux.
Le Cours
physiologie comparee des etres aquatiques
Professeur : M. le Dr PORTIER
birecteur-, Adjoint du Laborat'oire de Physiologie de la Sorbonne
commencera le Vendredi 9 Novembre a 5 heures du soir, et se continuera
chaque Vendredi a la meme heure.
1 Ptofesseur traitera des Phenomenes de la nutrition cheq les animaux marins.
Pour S. A. S. le Pai nce de Monaco,
President du Conseil d’administration dc linslilnl Oceanogapliiqne,
CASIMIR-PERIER
D> P. REGNARD, Vice-Presidents.
Les
■Samedts soirs, a 9 heures, auront lieu a PAMPHITHEATRE DESCARTES
1 Entree : 17, rue de la Sorbonne)
DEs <:oneerences sur des sujets d oceanographie
CONSULTER L’AFFICHE SPECIALE
l>ouv
1ar^t scientifimjg^8 a,Ces ^on^r^nces> ^es cartes d’entr^e seront exigGes. Elies sont distributes an Sccrt-
1’Institut Ocl C ^ ^r*nce Monaco, 10, avenue du Trocadero, au Secretariat provisoire
^es cartes au M ano8rapliiqttf, 2, rue Logelbach, oil 1’on peut s’adresser par lettre. On trouvera tgalement
USeum ^ ^'st0*re naturelle, 57, rue Cuvier, et a la Sorbonne, 17, rue de la Sorbonne.
AVIS
Le Bulletin est en depot chez Friedltinder, 11, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent septfrement aux prix
suivants et franco :
Fr.
88. — Analyse des echantillons d'eau de mer recueillis pendant la
Campagnedu yacht Princesse-Alice cn njo6, Ikun espe-
ranta traduko), par G.-H. Ai.i.esiandet . . . . 0 30
89. — Notes sur les gisements de Mollusques comestibles des Cotes
de France. — La region d'Anray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Joubin, professeur an Museum d'Histoire naturelle
de Paris et a Flnstitut Oceanographique . - 30
90. : — Description de l’extremite posterietire du corps anormale
chez deux Motella fnscxi Risso, par lc D‘ M. Jaquet,
Conservateur au Musee Oceanographique (avec une plan-
che double) . . . 1 11
91. — Analyse de quelques echantijjlons de Pclagosite recueillis
dans Je port de .Monaco, (kun esperanta traduko), par
G.-H. A u.Kji.'iNn ki . o 00
92. — Conference du 1" deceiribre iqoC>. l.a Presqu’ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. Joubin. professeur
au Museum d’Histoire naturelle de Paris et it Flnstitut
Oceanographique . 1 30
9^- — Quelques impressions dun naturaliste au cours d’une cam-
pagne seientiflque de S. A. S. lc Prince de Monaco (igop),
par E.-L. Bouvier, professeur au Museum d'Histoire
naturelle, Membrc do Flnstitut . 1 30
94. — Sur l’existence de la Mye dans la Mediterrance, par Fred
Vles, preparateur du Laboratoirc de Roscotl . . 0 30
9^- — Sur la huitieme campagne de la Princesse-Alice 11, par
S. A, S. le Prince Albert I"" de Monaco..; . . 0 5o
9®- — Orchomenclla lobatn, nouvelle especc d’Amphipode des
regions arctiques, par Ed. Ciievreux . J "
97* Sur une methode de prelevement de l'eau de mer destinee
aux etudes bacteriologiques, par MM. P. Poktier et
J. Richard . . 1 »
MONACO. — tM PR. de MONACO.
'io Mars 1907
N* 98
BULLETIN
DE
LINSTITUT OCEANOGRAPHIQCE
(Fondation A LBKRT Rr, Prince de Monaco)
-<8>-
QUESTIONNAIRE
relatif aux especes comestibles de crustaces
Par H. Coutifere
MONACO
-A.V I S
Les auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes :
i° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
3° Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. K.) ou
a l’encre de Chine.
6" Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7° Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d’un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
* *
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le
manuscrit — suivant le tarif suivant :
Un quart de feuille
Une demi-feuille. . .
Une feuille entiere.
50 ex.
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex. I 500 ex.
4-f »
5f 20
6f8o
8f40
iof40 ryfSo
4 7°
6 70
8 80
1 1 »
i3 40 22 80
8 io
9 80
i3 80 |
1 6 20
19 40 | 35 80
faut ajouter a ces prix celui des planches quand il y a lieu.
esse: tout ce qui concerne le Bulletin d Vadresse suivante :
Musee ocdanographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
No 98. — 20 Mars 1907.
Questionnaire relatif
aux especes comestibles de Crustaces.
Par H. COUTIERE
J’ai pense qu'il serait interessant d etablir, avec quelque
detail, l’dtat actuel de 1’utilisation des Crustaces comestibles,
ressource alimentaire inegalement, mais universellement dis¬
tribute, en ne considerant tout au moins que les especes marines.
Les animaux les plus communs ne sont pas toujours les
mieux connus. La liste pure et simple des especes comestibles,
dans les diverses regions du globe, est deja tres difficile a etablit
avec quelque exactitude. D’autre part, meme pour les especes
qu’on pourrait qualifier d industrielles, en raison de lirnpoi-
tance qu’elles ont, il subsiste des lacunes considerables dans
leur biologie, soit qu’on les considere dans leur milieu et vis a
vis de leurs concurrents naturels, soit qu on se pieoccupe de
savoir quels problemes nouveaux lait naitre 1 inteivention de
Le questionnaire ci-joint a pour but de resoudre quelques
unes de ces dillicultds, avec l’aide de tous ceux qui voudtont
bienme faire l’honneur d’y repondre. 11 m’a paru preferable de
Assembler toutes les questions en une liste unique, afin d eviter
les repetitions qu’auraient entrainees les nombieux points
communs a toutes les especes.
Le questionnaire paraitra sans doute tres long et tres exi¬
gent, d’autant que beaucoup des questions posdes ont fait
l’objet de travaux importants et pour ainsi dire classiques.
Mais la solution des questions de ce genre n’est jamais ni defi¬
nitive, ni complete, et je les ai laissdes dans la liste, dans l’espoir
qu’elles me vaudront soit des indications bibliographiques qui
m’auraient echappd, soit des observations nouvelles, venant des
auteurs memes qui ont fait, sur ces divers points, des recherches
originales, soit enfin des vues differentes d’autres observateurs.
Sauf les Squilles, dont 1’importance est d’ailleurs minime,
toutes les especes utilisdes sont des Ddcapodes et peuvent prati-
quement etre rangees sous quatre titres :
A Homards, et secondairement Nephrops.
B Langoustes de diverses especes, et secondairement Scyl-
laridae.
C Crevettes, (especes diverses de Palemonidie, de Nikidae,
d’Atyidae, de Crangonidae, de Pandalidte, de Pe-
neides, en y comprenant les especes des eaux douces
tropicales, telles que Palemon et Atya spp.).
D Crabes, (en y comprenant aussi les especes d’eau sau-
matre, d’eau douce, ou les especes quasi-terrestres).
J ai cherche a indiquer, en face de chaque question, son im¬
portance pour le ou les groupes d’especes ainsi etablis.
La conservation en viviers, la preparation pour le marche,
la capture surtout font l’objet d’industries plus ou moins locales,
qu il serait tres de'sirable de pouvoir comparer. La varidte des
engins de peche, ddja tres grande pour les seuls Crustace's,
constitue un veritable chapitre d’ethnographie, tres interessant
dans le detail, et dans le detail seulement. C’est dire qu’une
idee suffisante des diverses formes de haveneaux, de casiers, de
nasses, de chaluts, de filets, ne peut guere etre donnee que par des
dessins, autant que possible accompagnds de leurs dimensions.
Je ne puis qu’adresser d’avance mes remerciements amc
naturalistes qui voudront bien rdpondre, si peu que ce soit, a
ce questionnaire, ou m’adresser les travaux qu’ils ont publics sur
ces sujets.
H. Couti6re(
Professeur a 1’EcoIe SupSrieure de Pharmacie.
PARIS, 4, Avenue de I'Observatoire.
QUESTIONNAIRE (i)
1 A, B, c, D
2 A, B, C, D
Quelles sont les especes utilisees sur vos cotes?
Quelques unes de ces especes ont-elles sur vos cotes
une de leurs limites de distribution geographique ?
BIOLOGIE DES LARVES
3
A, B, c, d
Les larves de l’espece,
recueillies sur vos cotes,
l’ont ete dans quelles con¬
ditions ?
ou? (au large, a la cote, sui-
vant quels courants, etc.).
quand? (date de l’annee,
heure du jour).
comment? (mode de capture,
faune les accompagnant).
4
5
6
A, B
A, B
A, B
Observe-t-on des larves dans les viviers ou Ton con¬
serve les adultes, a quelle saison?
Quelle est la taille maxima observee pour la larve?
— minima — les jeunes
de l’espece?
Les jeunes de taille
minima ont ete recueillis
oil? (nature du fond, profon-
deur, etc.).
quand? (dates).
comment, et en quelle abon-
dance?
7 B
8 B
( oil? (profondeur, etc.).
Le passage de la larve 1 . , , ' ,
, . r ? . . ) comment? changements de
la plus grande au jeune le < . . ...
. r D. , ' I forme, reduction de taille,
plus petit s effectuerait r .
r r etc., etc.).
Quelques pecheurs pretendent avoir rencontre au
large, a la surface, des bancs constitues par des jeunes
immatures de l’espece. Cette opinion parait-elle appuyee
sur des faits precis?
(0 A, a : Homards, Nephrops.
B, b : Langoustes, Scyllaridse.
C, c : Crevettes (Crangonidas, Palemonidas, Pandalidae, etc.)
D) d : Crabes.
La grandeur de la lettre indique, pour chacun de ces groupes, l’importance
attribute ® la question posee.
(98)
— 4 —
9 A
10 A,
11 A,
12 A,
13 A,
14 A,
15 A, I
16 A, E
17 A, B
18 A, B
BI0L0GIE DES ADULTES
B, c, D
C, d
B, C, D
B, C, D
B, C, D
B, C, D
B, C, D
C, D
C, D
C, D
C, D
Y a-t-il des migrations de la profondeur vers la sur¬
face, et vice-versa?
Y a-t-il des migrations de l'eau tres salee vers 1’eau
moins salee, et vice-versa?
Ces migrations sont- / Passa8e de laIarveil’adulte>
elles liees a l’une ou l’au- i mue, fecondation, ponte,
tre de ces causes, ou a j recherche de la nourriture,
d’autres causes encore? temperature de l’eau.
oil, et sous quelle forme?
Le sperme du <f est i ,
j i r't i i ciuand ? (rapport avec la mue
depose sur la $ dans qu“V avec la ponte).
quejles conditions i r
V comment?
La ponte se produit- / P'us ^une ,0's Par an'
elle a une epoque fixe ou ) chaque annee.
plusieurs epoques fixes j tous les deux ans.
dans l’annee (dates)?
La ponte se produit-
elle a des intervalles irre-
guliers, dependant
’V a-t-il un intervalle
de plus longs intervalles.
d’une provision de sperme
\ presente ou absented
) de l’etat variable de maturite
des oeufs ovariensr
entre la ponte et l’eclosion
des larvesr (evolution des
- « c u un unci vauc i UCS iai vc&. .
fixe, ou un intervalle va- ) oeufs extra-ovariens).
riable pour diverses cau- 1 entre l’eclosion et la ponte
ses (temperature, etc.) t suivante? (evolution es
ceufs intra-ovanens).
/ la mue (dates, frequence
( pour les <f et les $)•
la ponte (nombre des ceub.
fixation et fecondation des
oeufs).
l'eclosion (role de la mere,
de la larve).
Comment s’eflectuent
(oil, quand, comment)?
premiere mue
elle
Comment parait devoir etre concu le « calendrier » de
1 espece, donnant mois par mois, ou saison par saison
au moins, les lieux oil elle se trouve, et les actes qu
y accomplit?
Quelle est la proportion des & et des $?
Peut-on etablir une relation entre Page et la taille-
5 —
19 A, B,
20 A, B,
21 A, B,
22 A, B, i
23 A,
C
24 A, C
25 A. B,
26 A, B,
27 A, B,
], D
( nature geologique.
Quelle est la natureaes l . . ,
fonds qu’affectionne l’es- imposition lithologique.
pece adulte? / especes dominates de la
r ^ faune et de la flore.
d
Quelle est la nourriture principale (
de l’espece? \ k l’etat larvaire.
Quels sont surtout les ennemis de ) a l’etat adulte.
l’espece? \
, D
Observe-t-on desraces
locales ?
Peuvent-elleetre attri-
buees
a une absence de migrations
laterales?
a une influence rapide des
fonds oil ces races sont
observees?
PECHE ET UTILISATION
, D
La peche se pratique-t-elle a des distances variables
de la cote suivant l’epoque de l'annee, ou sur des fonds
differents?
D
/crocs emmanches, harpons.
La peche a pied i haveneaux ( & monture en forme de T.
| est pratiquee avec\ (hand-nets U monture en forme d’X
Schiebehamen) r ^ Branches inegales.
carrelets suspendus a un gui et ma¬
noeuvres du rivage.
petites seines.
quels enginsf (des-
sins des formes et
dimensions).
D
Combien de personnes se livrent a cette peche, et
quelle peut etre la valeur de ses produits?
C, D
Quelle position sur les cartes marines, et quels noms
portent les lieux de peche principaux?
C, D
Pour chacun des ports oil i
la peche se pratique quel est (
le nombre des pecheurs? i
Le nombre et la valeur
des bateaux,
des engins.
des Crustaces captures.
C, D
Quels bateaux sont
employes pour la peche
ou le transport?
(Dessins avec dimensions,
si possible).
pontes, 1/2 pontes.
pourvus ou non d’une citerne
(well, bunn).
de moyens de refrigeration,
tonnage, type de la voilure.
i puissance motrice auxiliaire.
(98)
— 6 —
28
A, B, C, D
29
A, B, C, D
30
31
32
B
A, C
33
34
Les casiers (lobster-pots)
sont construits
cylindriques
1/2 cylindriques
hemispheriques
tronconiques
i/? cylindriques,
mais courts et
sureleves.
cubiques
/ a 2 entriti
\ laleralei
I « 1
enlret
snprrienre
{ a 1 entree
I laterals
avec quels materiaux?
(lattes, filet, osier, metal)
de quelles dimensions
\ pour le corps et les
entrees?
avec quelle disposition
du lest et de l'apptlt?
isole-
Chaque bateau mouille
ses casiers dans quelles con¬
ditions?
/ reunis en serte ou
( ment ?
' combien en tout?
avec quel appat de prefe¬
rence?
dans le sens d’un courant
ou en travers?
pour combien de temps?
Emploie-t-on aussi des
seines en d’autres endroits
ou a d’autres epoques de
1’annee ?
j de quelle maille?
formees de combien de
nappes placees bout a
bout?
Emploie-t-on des poches coniques en filet, a cercle
de fer horizontal ?
Combien par bateau?
Les nasses (Korb, Reuse)
ont quelles formes et dimen¬
sions ?
Elies sont fixees de quelle
facon ?
Elies sont construites en
quels materiaux?
en osier, en lattes,
en filet et cercles de bois
avec nappes de filet me-
diane et laterales.
Comment s’efforce-t-on haies de branchages,
de guider vers les nasses les I
Crustaces a capturei : ■ mo(je d’arrangement en
A quels intervalles les 1 series nar rarmort aux
visite-t-on?
series par rapport ;
marees.
Les chaluts (shrimp-trawl, schleppnetzen) ont une
poche de quelle dimension? de quelle maille, de quelle
forme?
—
35
36
37
38
A, C
D
C
A, B, C, D
A, B, C, D
39
40
41
A, B, c, d
— 7 ~
L’ouverture du chalut
porte quelle armature :
ou d’autres dispositions
encore?
barre de bois avec etriers
fixes en fer?
barre de bois avec etriers
mobiles a chaines, lestes
d’un poids?
barre de fer cintree, d’une
seule piece?
Emploi-t-on aussi
comme chalut :
I 1’ « otter trawl » ou « beamless
f trawl » ?
la petite drague a ouverture
fixe ?
une poche fixe de chalut,
montee sur des pieux ver-
ticaux et travaillant a
chaque maree? (Pfahlha-
men).
Quelle est la periode ou la peche est pratiquee surtout ?
Les pecheurs se livrent-ils a d’autres peches dans
l’intervalle?
La peche est-elle 1’objet
d’une preparation a l’etat
frais, sur les bateaux ou a
terre ?
enclouage, distorsion des
pattes.
criblage des petits speci¬
mens.
separation des especes
etrangeres.
\ cuisson.
A, B, C, D
A> B, C, D
Sur quels points de vos cotes conserve-t-on des Crus-
taces en viviers des types suivants :
Gaisses flottantes a claire-voie.
Viviers en maconnerie ne decouvrant qu'ii maree
basse et fermee en dessus par des grilles.
Viviers majonnes en tout ou en partie, mais tou-
jours au-dessus du niveau de la mer, couverts
ou non en dessus.
(Nombre, importance, particularites, dimensions pour
chaque localite).
Avec quels pays, pour quelle 1 .
n v J r n I dune importation?
valeur et sous quelle forme les
Crustaces sont-ils l’objet :
\ d’une exportation ?
A-t-on observe sur vos
cotes un declin de l’espece,
sous forme de j
1 diminution de la taille
moyenne?
diminution des captures
pour chaque p£cneur?
abandon durable de cer-
taines localites ?
(98)
— 8 —
A, B, C, D
A, B, C, D
A, b, c, d
augmentation du nombre
/ lies pecheurs et des en-
I gins?
. , l insuffisante protection
Ledeclm reel ou apparent 1 jes femelles chargees
de l’espece pourrait-il etre ' d’ceufs?
attribue h ces causes ou a i autres peches pratiquees
d’autres causes encore? / sur les memes fonds?
' oscillation a • longue pe-
riode dans l’abondance
\ de 1’espece?
le climat habituel a cette
, i i - i .1 saison ?
La saison de la peche a-t- l ,
elle ete parfois avancee ou la mue ou a ponte.
retardee, en meme temps que I * apparition d une nourri
I ture recherchee par
\ l’espece?
/ l'eclosion artificielle des
A-t-on cherche a prati- \ ceufs murst
quer, et avec quels resultats ) l’elevage des larves aussi
v loin que possible?
A, B
La mortalite des Crusta-
ces conserves en viviers peut-
elle etre attribute a quel-
qu’une de ces causes, ou a
d’autres causes ?
/ a tel type de vivier de
I preference ?
1 a l'eau douce provenant
| de pluies prolongees?
(a l’eau troublee par une
tempete?
a une infection micro-
bienne?
A, B, C,
D
La legislation de la peche
porte-t-elle sur l’un des
points suivants :
fixation d’une taille mi¬
nima ?
1 periode d’interdiction de
' la peche?
j defense de pecher les $
I ovees ?
defense de pecher les spe-
' cimens en mue.
A, c, d
L’espece est-elle utilisee sous
forme de conserves ? (
Sous quelle forme et pour 1
quelle valeur? ]
dessication, salage i
dans le beurre ?
en boites soudees ?
Connaissez-vous d’autres especes comestibles, mais
utilisees seulement de fafon accidentelle, ou comma
curiosite gastronomique, ou sur un point tres limite du
globe ?
.
AVIS
Le Bulletin est en depot chez Friedliinder, it, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent s£par£ment aux prix
suivants et franco :
88. — Analyse des echantilloiis d'eau de mer recueilUs pendant la
Ca’mpagne du yacht Princesse-Alice en 1906, (kun espe-
ranta traduko), par G.-H. Allemandet . . .
89. — Notes sur lesgisements de Mollusques comestibles des Cotes
de France. — La region d'Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Jolbin, professeur au Museum d’Histoire naturelle
de Paris et a l’lnstitut Oceanographique .
90. — Description de Fextremite posterieure du corps anormale
chez deux Motella fusca Risso, par Ic Dr M. Jaquet,
Conservateur au Musee Oceanographique (avec une plan-
che double) .
9'- — Analyse de quelqucs echantillons de Pelagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun espcranta traduko), par
G.-H. Allemandet .
92- — Conference du 1" decembre 1906. La Presqu’ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. Joubin, professeur
au Museum d'Histoire naturelle de Paris et a l’lnstitut
Oceanographique .
9^- — Quelques impressions dun naturaliste au cours d’une cara-
pagne scientifique de S. A. S. le Prince de Monaco (igo5),
par E. -L. Bouvier, professeur au Museum d'Histoire
naturelle, Membre de l'lnstitut .
94- — Sur l'existence de la Myc dans la Meditcrranee, par Fred
Vles, preparateur du 'Laboratoire de Roscoff .
9®- — Sur la huitieme campagne de la Princesse-Alice II, par
S. A. S. le Prince .Albert I"' de Monaco .
9®- — Orchomenella lobata, nouvelle espeee d’Amphipode des
regions arctiques, par Ed. Chevreux .
97- — Sur vine methode de prelevcment de Feau de mer destinee
aux etudes bacteriologiques, par MM. P. Portier et
J. Richard . . . .
98. — Questionnaire rclatifaux especes comestibles de Crustaces,
par H. Coutiisre .
Fr.
0 5o
2 5o
1 »
0 5o
1 5o
1 5o
0 5o
o 5o~
1 »
1 »
o 5o
MONACO. — IMPR. DE .MONACO,
N° 99
Avril 1907
I s
Les auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes :
t° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
3° Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en italiques tout norm scientifique latin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou
a l’enc're de Chine.
6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7° Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d'un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
*
# #
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le
manuscrit — suivant le tarif suivant :
Un quart de feuille
Une demi-feuille. . .
Une feuille entiere.
50 ex.
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
4f »
5f 20
6f 80
8f40
I0f4°
17^80
4 7°
6 70
8 80
r 1 »
1 3 40
22 80
8 ro
9 80
i3 80
16 20
19 40
35 80
II fact ajouter a ces prix celui
des planches quand
il y a lieu.
Adresser tout ce qui concerne le Bulletin a I’adresse suivante :
Musee oceanographique (Bulletin), Monaco.
■
•••
—
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° 99. — Avril 1907.
Note preliminaire
Asteries
et Ophiures provenant des campagnes
de la « Princesse-Alice ».
Par R. KCEHLER
Professeur a la Faculty des Sciences de Lyon.
Parmi les Echinodermes dont S. A. S. le Prince de Monaco
a bien voulu me confier Etude, se trouvent quelques especes
nouvelles d’Asteries et d’Ophiures dont il m’a paru opportun
de publier les descriptions, en attendant le memoire detaille
accompagne de planches que je prepare actuellement et dans
lequel ces especes seront representees.
Les especes nouvelles d’Asteries que je decris ci-dessous sont
au nombre de onze et l’une d’elles constitue le type d’un genre
nouveau, le genre Magdalenaster.
En void Enumeration :
Freyella recta Pteraster reductus
Styracaster elongalus Dy taster parvulus
Hyphalaster fortis Psilasteropsis humilis
Magdalenaster arcticus
Hymenaster roseus
gracilis
Astrogoninm eminens
— cequabile
Les Ophiures nouvelles sont au nombre de quatre. Ce sont :
Ophiacantha veterna Ophioplinthaca occlusa
Ophiolimna opercularis Ophioplus armatus
Je decrirai en outre deux especes, Freyella Edwardsi
Perrier et Astrogonium lottgobrachiale (Danielssen et Koren),
qui sont insuffisamment connues et dont je puis completer les
descriptions grace aux materiaux recueillis par la Princesse- Alice.
La Freyella Edwardsi , etudie'e par Perrier, n’^tait connue que
par deux fragments de bras recueillis par les expe'ditions du
Travailleur et du Talisman; la Princesse-Alice en a drague un
exemplaire complet. Quant a V Astrogonium lottgobrachiale, il
avait etd mentionne' par Danielssen et Koren comme une simple
variete de V Archaster Parelii; je considere que cette Aste'rie
doit former une espece nouvelle bien independante et qui
d ailleurs n’appartient ni au genre Archaster , ni au genre Plu-
tonaster.
ASTERIES
Freyella recta nov. sp.
Campagne de igo5 : Stn. 21 n, profondeur 3465™.
L n disque portant une portion do bras et une dizaine de
bras detaches.
Lespece est a huit bras. Un seul bras reste adhe'rent au
bisque et n est conserve' que sur une longueur de 37 millimetres.
Plusieurs autres bras, en nombre superieur a sept, se trouvent
bans le meme flacon.
Le disque a un diametre de 18 millimetres. Lesbras devaient
etle ties longs: certains fragments atteignent i5 centimetres et
ne sont pas complets. Ces bras sont presque toujours droits,
n°n recourbds et meme raides et ils devaient presenter une cer-
taine rigiditd chez l’animal vivant. La re'gion ge'nitale est tres
appai ente et tres ddveloppe'e et elle s’etend sur une longueur
e ab millimetres; elle est tres saillante, aussi bien en hauteur
pue lateralenient et atteint une largeur de 8 millimetres, tandis
9l> a leur base les bras n’ont que 5 millimetres de large. Le passage
e la region dlargie au reste du bras se fait assez brusquement.
Le disque est peu epais, avec la face dorsale it peu pres plane.
ette ^ace est couverte d’un tegument dans lequel on distingue
•eilement les contours de petites plaques irregulierement
P°Lgonales. Chaque plaque porte de un a trois piquants, courts,
^Sez epais, terminds par une extre'mite arrondie et rugueuse ;
dna *e milieudu disque, la longueur de ces piquants est a peine
uPeiieure a leur largeur; vers les bords, ils s’allongent davan-
ldge- Les rugosites de leur sommet forment parfois de tres petites
spinules pointues. L’anus, subcentral, est petit et difficile a voir :
6St cac^e par quelques piquants un peu plus grands que les
v°isins et qui sont rabattus sur lui.
(99)
La plaque madre'porique est petite, saillante, situe'e tres pres
du bord du disque; elle offre quelques sillons contournds. Elle
porte, sur son bord proximal, quelques piquants un peu plus
longs que Ies piquants voisins, tandis que son bord est se'pare
du disque par un sillon lisse.
Entre les piquants de la face dorsale du disque je ne distin¬
gue pas de pe'dicellaires.
En arrivant sur la face dorsale des bras, les plaques devien-
nent plus grandes et forment une mosaique de plaques polvgo-
nales et inegales. Elies portent un nombre, qui varie suivant
leur taille, de un a quatre ou cinq par plaques, de petits piquants,
courts, fins, coniques et pointus qui s’inserent sur le milieu de
la plaque. Ces piquants sont plus nombreux sur les plaques des
faces laterales que sur la face dorsale du bras.
Les plaques laterales se continuent jusqu’aux adambula-
craires et a partir de la cinquieme ou de la sixieme piece adam-
bulacraire, on voit une petite plaque arrondie s’appliquer sur le
bord superieur de chaque piece, vers son angle distal, et se
souder a elle : ceci ne se produit ge'neralement que de deux en
deux pieces adambulacraires. Chaque plaque ainsi soudee porte
un piquant qui est d’abord court et qui s’allonge peu a peu mais
qui n’atteint la longueur du piquant adambulacraire ventral qu’a
la fin ou au-dela de la region gdnitale.
Cette disposition rappelle celle que Perrier a indiquee chez la
F. spinosa et chacune de ces plaques soudees aux adambula¬
craires repond bien aux initiales des arceaux qui fonnent tout
le squelette du bras chez les Brisinga et qui se montrent assez
nettement indiques chez la F. Edwavdsi.
Or, chez la F. recta on retrouve encore une indication de ces
arceaux, mais moins nette que chez la F. Edivardsi et elle ne se
montre que dans le dernier tiers de la rdgion ge'nitale. En effet
les plaques qui, dans cette partie, portent des initiales, offrent
une orientation transversale figurant des commencements d’ar-
ceaux qui renferment chacun trois ou quatre plaques sur les
faces laterales des bras. Entre ces arceaux rudimentaires, on
observe generalement trois sdries de plaques disposees moins
regulierement en rangees transversales.
— 5 —
A Pextremite de la region gdnitale, les plaques disparaissent
progressivement, d’abord sur les faces latdrales des bras puis
surla face dorsale. Bien que cette disparition ne soit pas brusque,
la region genitale reste assez nettement limitee et se distingue
bien du reste du bras. Lorsque les plaques ont disparu, le tegu¬
ment se montre lisse et il s’applique directement sur les plaques
ambulacraires. On voit alors apparaitre les pedicellaires qu’on
ne distinguait pas jusqu’alors et qui ne tardent pas a se disposer
par petits groupes au niveau des articulations des plaques ambu-
craires.
Les plaques adambulacraires sont excave'es sur leur bord
interne par le tube ambulacraire correspondant et leur angle
distal et interne se prolonge en une tres courte apophyse placee
entre les tubes successifs. II n’y a pas la moindre indication de
piquant dans le sillon, caractere que la F. recta partage avec la
Edwardsi. Chaque plaque adambulacraire porte, vers le
milieu de sa face ventrale, un grand piquant dont la longueur
atteint rapidement cclle de trois articles environ et qui est dirige
obliquement en dehors; ces piquants sont enveloppe's sur les
trois quarts de leur longueur par une gaine tegumentaire
bourre'e de pedicellaires, ne laissant a decouvert que l’extremite
miminee en pointe du piquant. Les quatre ou cinq premiers
Piquants de chaque bras sont un peu plus courts que les autres;
de plus ils sont ldgerement dlargis et renfle's a l’extremitd; cette
fonne disparait rapidement et les piquants deviennent pointus.
L se continuent jusqu’a l’extre'mite des bras.
L en est de meme des piquants lateraux que nous avons
°bsei ves dans la rdgion genitale et qui sont portes par les initiales
arceaux, de deux en deux articles. Ces piquants se continuent
SUI toute la longueur des bras, toujours de deux en deux articles,
a'ec cluelques irregularitds peu importantes, mais les initiales
nc iestent plus distinctes au dela de la region gdnitale et les
Piquants partent directement des plaques adambulacraires.
Chaque dent porte sur son bord oral deux piquants diriges
iquenient, l’un tres petit et a peu pres lisse, Pautre plus grand
plus large, couvert d’une gaine de pe'dicellaires. Sur le milieu
C Sa ^ace ventrale, la dent porte en - outre un grand piquant,
(99)
plus long que les precedents, enveloppe d'une gaine te'gumen-
taire et qui recouvre, en les cachant plus ou moins, les deux
piquants oraux. Ce piquant est identiqueaux piquants ventraux
des plaques adambulacraires.
Rapports et differences. — La F. recta est assez voisine
de la F. spinosa Perrier : elle s'en distingue d’abord par le
nombre des bras, par la forme dc la region ge:nitale qui est plus
renflee et plus courte, par les piquants dc la face dorsale du
disque et de la re'gion genitale des bras qui sont plus fins, par
l’absence complete de piquant ambulacraire dans le sillon, et
par une disposition differente des piquants dentaires.
Parmi les Freyella dont les bras sont en nombre voisin du
chiffre huit, on pourrait rapprocher la F . recta de la F. heroine
Sladen qui a neuf bras; mais cette derniere espece a la region
genitale des bras tres courte et ovoide, les piquants de la face
dorsale du disque et de la region genitale plus forts et plus
nombreux et une disposition tres differente des piquants arnbu-
lacraires.
FREYELLA EDWARDSI, Perrier
Campagne de 1901 : Stn. 1123, profondeur 1786"’. Un e'chan-
tillon.
L exemplaire est a peu pres complet. Les bras sont au nom¬
bre de douze dont sept sont adherents au disque, quatre autres
detaches se trouvent dans le bocal.
11 est hors de doute pour moi que cette Freyella appartient
a 1 espece de'couverte par le Talisman qui n’a recueilli que deux
fragments de bras decrits par Perrier sous le nom de F. Ed-
wardsi. J’ai examine ces deux fragments, qui m'ont ete fort
aimablement communiques par M. le professeur Joubin et j ai
pu m assurer qu’ils sont parfaitement identiques aux regions
cotrespondantes de l’individu drague' par la Princesse- Alice. Les
deux fragments du Talisman proviennent d'un exemplaire plus
petit, car la region elargie des bras n’a pas plus de 4 millimetres
de largeur tandis qu’elle atteint 8 millimetres dans l’echantillon
de la Princesse- Alice.
La de'couverte d'un exemplaire a peu pres entier de la
/•. Edwardsi est done tres interessante et me permettra de com¬
pleter l’excellente description de Perrier, limitee forcement a
une region restreinte de l'animal, mats dont l’examen a cepen-
dant sulli a ce savant pour montrer les caracteres particuliers
de cette espece.
Aucun bras nest complet; tous sont casses a six ou huit
centimetres de leur base et les fragments qui accompagnent
lechantillon sont trop petits pour qu’on puisse se faire une idee
exacte de leur longueur totale; je ne crois pas cependant qu’elle
devait s eloigner beaucoup de i5 ou 20 centimetres.
Le disque a un diametre de 22 millimetres. Les bras, qui
mesurent de 5 a 6 millimetres environ a leur insertion sur le
disque, s’e'largissent quatre ou cinq millimetres plus loin, et
selevent rapidement en une dilatation ovoide qui atteint une
Lrgeur de 7,5 a 8 millimetres sur une longueur de i5 a 18 mil¬
limetres, puis ils se retrecissent progressivement jusqu’a mesurer
4 millimetres de largeur environ, chiffre qui represente la lar-
geiir du bras au dela de la re'gion ge'nitale. La longueur de
celle-ci varie de 25 a 40 millimetres.
La face dorsale du disque est couverte de plaques tres
petites, polygonales, dont les contours ne sont pas tres distincts
it qui portent de petits piquants fins, tres courts, obtus a 1’ex-
tiennte et tres serres. Dans la region centrale du disque, ces
Ptquants paraissent n’etre que de fins granules allonge's, et ils
sont asssez rapproche's les uns des autres pour donner, .aux
plaques qui les portent, l’apparence de paxilles. A la pe'ripherie
du disque et dans chaque angle interbrachial, on remarque une
gtande piece interradiale, situee presque tout entiere sur les
aces late'rales du disque et occupant une grande partie de l’in-
tervalle entre deux bras successifs. Cette piece est absolument
mte et sa surface est brillante. Elle olfre un peu plus, d’un mil-
•metie de largeur sur pres de 3 millimetres de longueur; elle
(99)
— 8 —
est un peu plus large vers son extremite dorsale que vers l’extre-
mite' ventrale, et el le prdsente le long de sa ligne mddiane une
degression plus ou moins accusde.
Cette plaque est evidemment comparable, sinon homologue,
a la plaque interradiale que Perrier a signale'e chez la Freyella
sexradiata et a celle que Ludwig indique chez la Belgicella
Racovit\ana : dans ces deux especes, cette plaque est placee
entre les bras sur les faces laterales du disque. J’observe une
disposition analogue dans une Freyella antarctique nouvelle,
qui fait partie d’une collection recueillie par la Scotia aux Or-
cades du Sud et dont l’etude m’a etc confine. Enfin une plaque
analogue existe dans le genre Colpasler mais elle est situe'e sur
la face ventrale et Sladen s’est precisement servi de la presence
de cette plaque pour caracteriser ce genre (i).
La plaque madreporique est petite et son diametre ne depasse
pas 2 millimetres; neanmoins, elle est bien apparente et sail-
lante; les sillons sont tres peu marque's mais serre's, les piquants
qui l’entourent sont un peu plus grands que les voisins. La
plaque madre'porique n’est pas marginale et elle se trouve situe'e
a deux millimetres environ en dedans de la plaque interradiale
que j’ai signalee plus haut.
L’anus est distinct, subcentral, entoure de quelques plaques
tres petites et nues. Je ne distingue pas de pe'dicellaires au
milieu des piquants du disque.
La face dorsale des bras offre, dans la re'gion elargie, des
plaques analogues a celles de la face dorsale du disque avec
lesquelles elles se continuent : dies prdsentent cependant cer¬
tains caracteres particulars. Des qu'elles passent aux bras, les
plaques deviennent en effet plus grandes et leurs contours sont
plus distincts ; elles sont pentagonales avec les angles arrondis
(i) Je me propose de revenir ulterieurement sur la nature de ces plaques
interradiales et de discuter l’opportunite ou la validite des genres crees ou
a creer suivant leurs caracteres ou leur situation. J’ai pu etudier compara-
tivement ces formations, non seulement chez la Freyella Edtvardsi et chez
la Freyella antarctique nouvelle signalee plus haut, mais aussi chez la
Fi eyelid sexradiata qui se trouve dans les collections de la Princesse- Alice
et chez la Belgicella Racovityma que la Scotia a retrouvee.
— 9 —
et assez ine'gales; elles atteignent et depassent un millimetre
de largeur. Les piquants qu’elles portent deviennent aussi plus
forts et plus longs, et moins nombreux egalement. Les piquants
sont d’ailleurs tres indgalement repartis sur les plaques : les unes
enontdeuxou trois, d’autres huit ou dix; en general, ils for¬
went de petites range'es transversales vers le milieu de la plaque.
Entre les piquants, se montrcnt quelques pedicellaires croises.
Les plaques sont d’abord disposers en une mosaique irre'guliere,
aussi bien sur la face laterale que sur la face dorsale des bras;
maisvers le septieme ou le huitieme article, c’est-a-dire vers le
milieu de la region genitale, les plaques manifestent une ten¬
dance tres nette a former des arceaux successifs. Ceux-ci appa¬
rent d'abord sur les faces laterales des bras oil les plaques
sallongent transversalemcnt en se disposant parallelement les
unes aux autres, tandis qu’elles conservent leur forme polygo-
nale et leur arrangement irregulier sur la face dorsale. Les deux
ou trois premiers arceaux ainsi differencies atteignent les pja-
ques adambulacraires ; mais au-dela du dixieme article, il n’y a
plus qu’une plaque adambulacraire sur deux atteintes par les
arceaux; en meme temps, ceux-ci se diffe'rencient de plus en
plus et sont separds par des espaces oil les plaques sont plus
petites ou meme font completement defaut, ce qui fait que le
tegument reste a nu. Ainsi se dessinent, ainsi que Fa indique
Perrier, des arceaux principaux qui atteignent les plaques adam¬
bulacraires auxquelles se soudent leurs initiales, et des arceaux
secondaires qui ne les atteignent pas tout a fait et en sont
separes par une partie molle. Les arceaux, qui n’etaient d’abord
bien distincts que sur les faces laterales du bras, s’anastomosent
SU1 i;i ligne mediane vers le dix-huitieme article, et entre eux on
n observe plus que quelques petites plaques irregulieres.
Au-dela de la partie renflee, les arceaux secondaires dispa-
1 aissent de'finitivement et il ne reste plus que les arceaux prin-
C1pauxsur une longueur de trois a quatre centimetres, ettoujours
be deux en deux articles : du moins c’est ce qu’on observe
generalement, car il y a parfois des irregularites et Ton peut
'ou beux arceaux sur deux articles successifs. Finalement, les
a|ceaux se re’duisent it leur plaque initiale ainsi que l’a explique'
(99)
- 10
Pei rier, et leur region me'diane disparait completement; les bras
offrent alors un tegument lissc, directement applique sur les
plaques ambulacraires et offrant de nombreux pedicellaires
serre's. La plaque initiale se continue sur toute la longueur du
bias, tou jours soude'e a unc plaque adambulacraire de deux
en deux.
^ eI S dixieme article, cettc initiale avait commence a offrir
un piquant, d abord petit et court, mais devenant rapidement
plus fort et atteignant la longueur du piquant adambulacraire
ventral. Ces piquants sont dirige's obliquement en dehors; ils se
continuent sut toute la longueur du bras, toujours de deux en
deux ai tides, avec quelques irre'gularites dependant elles-memes
de la position des initiales, et qui font quc parfois deux piquants
se montrent sur deux articles successifs, tantot des deux cotes,
tantot d un seul, et dans ce dernier cas il se produit une alter-
nance de ces piquants qui cesse d’ailleurs au bout de quelques
articles. Us offrent toujours une gaine tdgumentaire tres deve-
ioppee et couverte de pedicellaires croisds.
Chaque plaque adambulacraire porte sur sa face ventrale un
piquant qui, au commencement du bras est court, epais et
tiapu, sa longueur ne depasse pas en effet 4 millimetres; il
s articule pai une tete tres renflde et s’elargit de nouveau a son
extre'mite' en un renflement qui prdsente des stries formant des
lobes plus ou moins marques, comme l’a ddja indique Perrier;
le sommet de ces piquants est tronque. La forme de ces piquants
rappelle ainsi celle d un biscuit. Mais ils ne tardent pas a s’amincir
etas allonger (vers Ie douzieme ou le quinzieme article) et leurs
extremites deviennent pointues; ils mesurent alors 5 millimetres
de longueur . Ils se continuent sur toute la longueur des bras etse
montient toujours sur tous les articles successifs. Ils offrent une
^aine tegumentaire tres de'vcloppee et bourree de pedicellaires.
Il n j a pas trace de piquants dans le sillon. Les tubes am-
u acraires sont simplement separe's les uns des autres par une
apophj se oblieque et le'gerement recourbe'e de Tangle interne et
distal de la plaque adambulacraire.
Aux piquants ventraux des plaques adambulacraires s’ajou-
nT a pai tii du cinquieme article, les piquants Iateraux que
— ii —
portent les initiales darceaux et que jai signales plus haut. Ces
piquants sont d’abord courts ct fins, toujours pointus, et leur
longueur augmente progressivement, de telle sorte qu'avant la
fin de la region genitale, ils off'rent la meme longueur que les
piquants ventraux et arrivent meme a les depasser.
Chaque dent porte, sur son bord oral, deux petits piquants
courts, cvlindriques et termines en pointe obtuse ; l’interne est
tres court et dirige vers la bouche, l'externe est un peu plus long
et dirige obliquement cn dehors. Sur sa face ventrale, chaque
dent porte en outre un grand piquant analogue aux piquants
portes par les plaques adambulacraires, mais pointu. Ces
piquants sont entoures, coniine d’habitude, d’une game avec
pedicellaires.
Styracaster elongatus, nov. sp.
Campagne de 1902 : Stn. i3o6, profondeur 427 5m. Un seul
echantillon.
Je rattache egalement au Styracaster elongatus un fragment
de bras provenant de la Stn. 753.
L etat de conservation de cet individu unique laisse malheu-
leusement a desirer ; lc disque e'tait replie sur lui-meme et une
partte de la face dorsale manque; tout I’animal parait avoir ete
compnme, le disque et les bras sont aplatis et les bras notam-
fflent sont tres deformes a leur base, leur carene dorsale etant
ellace'e et leur longueur augmentee. Deux bras sont cassbs mais
les morceaux sont conserve's; les trois autres sont en place mais
*ls ne sont poas tout a fait indemnes et les piquants dorsaux sont
en grande partie casst;s ou detache's.
Le disque est grand et a environ 35 millimetres de diametre,
les brasont au moins 10 centimetres de longueur. Les bras vont
en s anuncissant graduellement; ils sont prismatiques avec une
carene dorsale tres developpde et la face ventrale plane; ils sont
un Peu plus hauts que larges et leur coupe a la forme d’un
triangle isocele.
(99)
I 2 —
Le disque est pentagonal, avec les cotes a peu pres droits ou
un peu concaves, et il se continue par ses angles avec les bras.
La face dorsale, qui parait plane, olfre une eminence dpiproctale
conique, large et courte, excentrique; elle est couverte de
paxilles tres petites et pohgonalcs. La plaque madre'porique se
tiomait precise'ment sur un point oil le disque est plisse et
deteriore et je nc puis en indiquer les caracteres.
La face ventrale du disque olfre, en dehors de 1’odontophore,
une serie de plaques rectangulaires elargies transversalement,
detenant plus etroites vers les plaques marginales et disposees
en files tadiaires. Les deux range'es qui se touchent le longde la
ligne interradiale renferment ordinairement neuf plaques cha-
cune, la rangde suivante en renferme a peu pres autant. La
piemieie plaque de chacune de ces sdries est plus grande que
les plaques suivantes ; ces quatre plaques paraissent ainsi former
un systeme different des autres. Dans les autres files radiaires
qui font suite aux deux premieres, le nombre des plaques
diminue tapidement. Ces plaques sont depourvues de granules.
Les pdaques marginales dorsales et ventrales se correspondent
exactement sur les cotes du disque; chacun de ces cotes com-
prend huit plaques et les deux externes fonnent la base des bras.
Ces plaques, aussi bien les dorsales que les ventrales, sont rec-
tan^ulaii es, un peu plus hautes que larges et sdpare'es par les
otganes cribriformes qui sont au nombre de sept : les trois
mot ens ont a peu pres la meme largeur et les autres sont un
p eu plus etroits, tous sont a peu pres aussi larges que les parties
lisses des plaques qui les separent. Chaque organe presente la
stiucture ordinaiie, c est-a-dire qu’il est forme de petites ecailles
isposees en files obliques avec un rang d'e'cailles marginales
plus grandes.
\u la longueur des bras, le nombre des plaques marginales
qui s e'tendent le long de chaque bras est tres eleve : il y en a
une tientaine. Les marginales dorsales sont gene'ralement un
f u plus longues que les ventrales et elles les depassent d’une
ongueui variable, parfois meme elles alternent avec elles, mais
ne maniere iireguliere et la concordance se retablit apres
ou tiois at tides. Les plaques sont rectangulaires, un peu
— i3 —
plus longues que hautes, les dorsales un peu plus hautes que les
ventrales. Les plaques dorsales sc re'unissent le long de la ligne
mediane suivant un angle diedre aigu, qui constitue une carene
tres saillante portant des piquants tres forts et tres developpes.
Ces piquants sont coniques, pointus, un peu aplatis transversa-
lement, tres larges a la base, ldgerement incurves et la pointe
dirigee vers l’extrdmitd du bras; leur longueur de'passe 7 milli¬
metres a la base du bras, puis elle diminue progressivement.
Generalement ces piquants se montrent de deux en deux arti¬
cles, mais cet ordre n’est pas rigoureusement constant : ainsi,
alabased’un bras je trouve un piquant sur deux articles suc¬
cesses, tandis qu’en d'autres points, les piquants sont separes
par deux ou me me par trois articles inermes. II n’y a qu’une
dizaine de piquants par bras car ils cessent de se montrer a deux
ou trois centimetres de l’extre'mite.
La plaque apicale, assez saillante, offre a son extremite trois
piquants divergents, un superieur et median et deux lateraux.
Les plaques adambulacraires, rectangulaires, portent, dans
le sillon, cinq piquants coniques et pointus, assez allongds; sur
leur face ventrale, on trouve un ou deux petits piquants proxi-
nraux et generalement un piquant distal plus fort. Les sillons
ambulacraires sont tres larges, mais ils sont certainement dbfor-
mes par suite de l’aplatissement accidentel des bras.
Les dents, grandes et saillantes, offrent sur leur bord libre
une dizaine de piquants analogues aux piquants ambulacraires;
le dernier piquant interne est beaucoup plus fort que les autres.
Sur leur bord sutural, les dents presentent deux ou trois petits
piquants dcartds Fun de l’autre, et, vers leur bord distal, une
rangee de trois ou quatre piquants coniques.
Rapports et differences. — Le St. elongatus est voisin du
St. horridus ; il s’en distingue par son ensemble plus robuste et
plus fort, par les bras plus longs et par les piquants dorsaux des
bras beaucoup moins nombreux; les plaques adambulacraires
ne presentent pas de piquant proximal plus grand ; les organes
cnbriformes ne sont pas plus larges que les plaques marginales
qui les sdparent et il n’y a pas de granules sur la face ventrale
du disclue- iaa\
— i4
Hyphalaster fortis, nov. sp.
Campagne de 1901 : Stn. 1 i5o, profondeur 3890™. Deux
echantillons.
Campagne de 1896 : Stn. -53, profondeur 4360™. Deux
fragments de bras appartenant sans doute it 1'//. forlis.
Les dimensions respectives des deux echantillons de la Stn.
1 i5o sont les suivantes : R = 60 et 04 millimetres; r= 20 et
18 millimetres.
Le disque est epais, pentagonal, avec les cotes excave's; les
deux faces sont planes. Les bras, qui se continuent insensible-
ment par leur base avec les angles du disque, sont allonges,
cylindriques, avec une legere indication de carene le long de la
ligne mediane dorsale.
La face dorsale du disque est uniformement couverte de
paxilles serrees, dont chacune comprend une dizaine de granules
centraux entourees d’un cercle de granules peripheriques; ces
paxilles sont plus petites dans la region centrale du disque, et
disposees sans ordre; elles sont polygonales par suite de leur
pression reciproque. La region centrale du disque s’dleve en une
eminence epiproctale conique, bien distincte sur le petit exem-
plaire mais dont le grand n’offre pas de trace. La plaque madre-
porique est assez grande, elargie transversalement et compara-
tivement plus grande dans le grand exemplaire, ou el le mesure
X4 millimetres, que dans le petit ou elle ne depasse pas
4X3 millimetres; elle olfre des sillons divergents a partir de
son bord proximal. Elle est separe'e des plaques marginales par
tiois a quatre rangs de paxilles dans le grand exemplaire et deux
dans le petit.
La face ventrale du disque est couverte de plaques minces,
polygonales, a cotes arrondis, et allonges parallelement au bord
du disque. Ces plaques portent des granules, plus rares et plus
petits dans la moitie proximale des aires ventrales, plus nom-
bieux, plus gros et plus serre's dans la partie distale. Elles son
disposees en bandes radiaires bien distinctes : la rangee la plus
voisine de l’interradius renferme dc dix a douze plaques et le
norabre diminue progressivement dans les autres.
Les plaques marginales dorsales correspondent aux ventrales.
Ilyen a dix-neuf de chaque cote'. Celles qui bordent le disque
sont verticales et planes, presque deux fois plus hautes que
longues; sur les bras, elles sont convexes et un peu plus hautes
que longues. Dans le grand exemplaire, les cinq premieres sont
situees sur le bord du disque et la cinquieme est separee dc sa
congenere, sur toute sa longueur, par un espace triangulaire
etroit occupe' par des paxilles, tandis que dans le petit exem-
plaire, les quatre premieres plaques seules bordent le disque et
la cinquieme est contigue a sa congdnere.
Les plaques suivantes sont contigues a leurs congeneres sur
la ligne me'diane dorsale des bras, mais leurs separations trans-
'eisales ne se correspondent pas toujours exactement. La
deiniere plaque est petite, triangulaire, limitee au cote du bras
ot largement separee de sa conge'nere par la plaque apicale.
Celle-ci est assez grande et sa longueur est au moins egale ou
meme un peu superieure a celle de l’avant derniere et de l’ante'-
penultieme plaques reunies ; elle est saillante, fortement convexe
dessus et porte au moins trois, et peut-btre cinq piquants
qui ne sont point conserves mais dont on reconnait la trace des
insertions.
Les plaques marginales ventrales correspondent, ainsi qu’il
J ete dit, aux dorsales ; mais au-dela de la derniere dorsale, on
"^laique une petite marginale ventrale. Sur les cote's du disque,
6 es sont plus hautes que longues, tandis que sur les bras, elles
s°nt un peu plus longues que hautes.
Les organes cribriformes sont au nombre de neuf dans
aquearc interradial. Les deux externes sont etroits, et les sept
3Utres sonl a peu prbs e'galement developpds : ils sont grands et
Lln peu plus larges que les parties lisses des plaques qui les sepa-
lent- Chacun d'eux comprend une vingtaine de rangees de
1 apdles lintitdes de chaque cote par une bordure dc tres petites
1 es calcaires. Les deux organes extremes n’offrent qu’une
,Zaine rangees dans le plus grand exemplaire et sont encore
P Us rdduits dans le petit. (gg)
Les plaques adambulacraires sont rectangulaires. Elies por¬
tent, sur leur bord interne, quatre grands piquants dirigds vers
le sillon, allonges, coniques, a pointe obtuse et legerement
retrecis a leur base. Vers le bord externe, elles offrent une
rangde de trois ou quatre petits piquants coniques qui ne sont
pas tres constants.
Les dents sont grandes, tres saillantes: les bords suturaux
sont tres relevds et lintitent une large fossette ligamentaire : ils
portent une rangee de trois petits piquants coniques. Sur leur
bord libre, les dents offrent de chaque cote une dizaine de
piquants qui continuent les piquants ambulacraires; ils sont
assez allonges et coniques et le dernier est notablement plus
fort que les autres.
L’odentophore est petit, rnais assez apparent et triangulaire.
Rapports et differences. — L 'H. fortis rappelle, par son
facies, le Thoracaster cylindratus represent^ par Sladen, mais
il ne peut rentrer dans ce genre caracterise par I’absence de
plaque apicale et par des organes cribriformes nontbreux et c’est
bien un Hyphalaster. Parmi les esp&ces de'crites, c’est avec
1 H. Parfaiti qu’il offre le plus d’alfinitds, mais il s’en distingue,
comme des autres especes d’ailleurs, par ses bras plus larges et
plus forts, et sa forme generale plus robuste.
Hyphalaster gracilis, nov. sp.
Campagne de 1904 : Stn. 1787, profondeur 541 3m. Trois
e'chantillons.
Les dimensions respectives des trois exemplaires sont les
suivantes :
R = 36 33 3a millimetres.
r — 17 1 5 14 —
Le disque est gros et epais, d’une consistance molle; son con¬
tour est regulierement pentagonal, avec les cotds droits. Les bras
minces, courts et greles; ils se continuent insensiblement par
leurs bases avec lcs angles du disque. Ils sont presque cylindri-
ques, mais legerement aplatis lateralement et plus hauts que
larges, sans cependant offrir de carene dorsale. L’exemplaire
moyen seul offre une proeminence epiproctale, peu developpee
d’ailleurs; les autres n’en presenter), t pas la moindre indication.
La face dorsale du disque et des bras est couverte de paxilles
petites et tres serrdes, disposes sans ordre, et a peu pres aussi
grandes dans la region ventrale que vers les bords ou elles sont
un peu ecartees les unes des autres. La plaque madreporique
est a peu pres circulaire dans l’exemplaire moyen, un peu ova-
laire et elargie transversalement dans les deux autres, avec des
sillons legerement divergents; elle est separee des plaques mar-
ginales dorsales par trois ou quatre rangs de paxilles dans le
grand exemplaire, trois dans le moyen et deux seulement dans
le petit.
Les plaques marginales dorsales correspondent exactement
aux ventrales. Les plaques marginales dorsales sont au nombre
de douze de chaque cote; les quatres premieres limitent les
parties rectilignes du disque : elles sont plus hautes que longues;
la cinquieme est situee a la naissance des bras et elle est separee
de sa congdnere par un espace triangulaire rempli de paxilles.
Les suivantes, un peu plus longues que hautes, sont contigues
sur la ligne mediane dorsale avec leurs congeneres, sauf la der-
niere qui est petite et situe'e sur les cotes de la plaque apicale.
Celle-ci est saillante et bombee et elle porte trois piquants :
un median et deux latdraux dont les bases seules sont conser¬
ves.
Les plaques marginales ventrales correspondent aux dorsales,
mais avec une tendance a les depasser legerement dans la
deuxieme moitid du bras, surtout sur le petit exemplaire; elles
°nt la me me forme que les dorsales.
Les organes cribriformes sont au nombre de neuf et disposes
comme chez 1 ' Hj'phalaster Parfaiti.
Les plaques adambulacraires sont rectangulaires, trois fois
plus larges que longues, et elles portent sur leur bord interne
“fuatre piquants aplatis et dlargis termines par un bord arrondi
(99)
et formant un peigne transversal. Je ne distingue pas de piquant
sur leur face ventrale.
Les dents sont disposees comme chez YH. Parfaiti; elles
portent sur leur bord libre six ou sept piquants identiques aux
piquants ambulacraires et un pnquant terminal un peu plus fort.
Vers leur bord sutural, qui est saillant et trbs relevd, on distin¬
gue trois petits piquants courts et coniques et en dehors cinq
ou six autres.
Rapports et differences. — L 'H. gracilis est voisin de
YH. Parfaiti ; il s’en distingue par ses bras tres courts et tres
greles par rapport aux dimensions du disque, et par son disque
relativement grand et pentagonal avec des cotes droits ou a
peine excaves.
L ’H. Antonii , qui, d’apres Ludwig, est la forme jeune de
YH. Parfaiti, a les bras plus courts et un nombre rnoins eleve'
de plaques marginales dorsales et ventrales.
Magdalenaster, gen. nov.
Le disque est tres petit relativement au developpement des
bras; ceux-ci s’elargissent immediatement apres leur insertion
et sont tres larges. Tout le corps, aussi bien sur la face dorsale
que sur la face ventrale, est couvert de piquants tres courts et
enveloppe's d’une gaine tegumentaire, reunis par petits groupes
entre lesquels sortent les papilles; ils sont implantes dans le
tegument qui est mou, sans la moindre indication de plaques
calcaires ou de squelette reticule'; le squelette ambulacraire seul
est developpe. La plaque madre'porique est petite, situee pres
du bord du disque, couverte de petits piquants qui ressemblent
plutot a des granules allonges, sans sillons. Les piquants ambu¬
lacraires sont disposes en plusieurs se'ries et ils ne different que
par leurs dimensions des piquants de la face ventrale auxquels
ils passent insensiblement. La gaine tegumentaire qui les
recouvre est tres epaisse. Le sillon ambulacraire est assez e'troit
et les tubes sont dispose's en deux se'ries tres regulieres. La face
i9 —
dorsale offre, a sept ou huit millimetres du centre, un orifice
extremement reduit par lequel sort un lambeau tres tenu pro-
renant de la paroi du tube digestif : c’est sans doute un anus.
Le genre Magdalenaster est voisin du genre Cryaster , que
j ai decrit recemment et qui provient des rdgions antarctiques;
il offre, comme ce dernier genre, une reduction considerable du
squelette, et les piquants, tres petits, sont repartis uniformement
sur toute la surface du corps, implante's dans un tegument tres
niou. II se distingue du genre Cryaster par son disque petit, les
bas tres larges et relativement assez courts, le sillon ambula-
craire etroit, les tubes ambulacraires biseries et la plaque madre-
porique de petites dimensions. Le genre Magdalenaster trouve
done sa place dans la famille des Cryasteridees.
Ce nouveau genre a aussi des ailinitds avec le genre Perk-
wster cre'e par Sladen pour deux especes de Kerguelen et de
Heard Island : il me parait d'ailleurs que le genre Perknaster
seuut mieux placd dans les Cryasteridees que dans les Echinas-
'eridees oil l’a range' Sladen.
Le genre Magdalenaster n’est connu que par une seule
espece trouvee par la Princesse-Alice dans les mers boreales.
est le reprdsentant, dans les regions arctiques, des deux genres
antarctiques Perknaster et Cryaster.
Magdalenaster arcticus, nov. sp.
Campagne de 1898 : Stn. 960, profondeur 394m. Un seul
tsemplaire. Entre la Norvege et File Beeren.
= 90 millimetres; r = 20 millimetres.
Le disque est tres petit. Les bras, qui naissent par une base
tr°lte et niesurant seulement 18 a 20 millimetres, s’elargissent
res rapidement jusqu’a mesurer 3o a 3q millimetres de largeur
ILUs ensuite se rdtrecissent tres lentement jusqu’a deux centi-
b|ctles environ de l’extremite; ils s’amincissent alors assez
squement pour n’offrir que 7 ou 8 millimetres, largeur qu’ils
(99)
20 —
conservent jusque vers leur extre'mite qui est arrondie et obtuse.
Le tegument est tres mou et tout a fait deformable; on peut
d ailleurs constater directcment qu’il est fort mince et ne parait
pas renfermer de pieces calcaires. Je n’ai pas cru devoir en pre¬
lever des morceaux pour en faire Tetude microscopique afin de
ne pas detdriorer l’unique exemplaire recueilli et qui est tres bien
conserve'. C est dvidemment l’absence de squelette calcaire dor¬
sal qui fait que l’animal reste mou et deformable.
La face dorsale du disque et des bras est uniformdment
couverte de petits piquants courts, coniques, termines en une
pointe obtuse et reunis par petits groupes dc trois a six ou
sept. Dans la region centrale ces piquants sont particulierement
courts; leur extre'mite est plus arrondie et ils ressemblent
a des granules. Ils s’allongent un peu sur les bras, surtout sur
les cotes des bras. Yus au microscope, ils offrent une mince
tige calcaire centrale entouree d’une gaine tegumentaire. Les
piquants qui s’associent en petits groupes, sont ordinairement
un peu divergents ; quand ils sont tres courts, ils restent droits et
pout peu que les groupes constitues soient serres, ils ressemblent
alois a une petite paxille. La plaque madreporique est petite et
mesure environ 4 millimetres de diametre; son centre est situe
a 5 millimetres de Tangle interradial, et elle est couverte de
petits piquants tres courts et trds serrds, ressemblant a des
gianules arrondis, de telle sorte que sa surface n’est pas visible.
Sui la face ventrale, les piquants s’allongent un peu et les
gioupes qu ils forment peuvent renfermer sept ou liuit piquants
\ers les bords du bras. A mesure qu’on se rapproche du sillon
ambulacratre, les groupes deviennent moins distincts, et les
piquants ont une tendance a rester isoles, tout en se montrant
tres serres.
Les plaques adambulacraires offrent sur leur face ventrale,
quatie ou cinq range'es de piquants plus ou moins distinctes et
disposes obliquement par rapport au sillon. Tous ces piquants
sont entouies d une gaine tegumentaire epaisse; ils sont gi°s et
aiges, tei mines a 1’extrdmite par une tete obtuse et ils offrent a
surface des cannelures ou depressions produites pai leu
pression reciproque. Les piquants de la rangee interne sont
ties gros et atteignent nn millimetre de largeur; leur grosseur
diminue progressivemenr a mesure qu’on s’doigne du sillon
et ils passent progressivement aux piquants ventraux. En plus
deces piquants ventraux, on pent observer un piquant beaucoup
plus court, e'troit et aplati, qui est dirige obliquement vers l'in-
terieur du sillon et separe les tubes ambulacraires successifs
les uns des autres. Au dehors, ce piquant est absolument cachc;
Pai les tubes ambulacraires qu'il faut enlever ou ecarter pour
l’apercevoir.
eis la bouchc les piquants ambulacraires deviennent un
leu plus foits et trois ou quatre d’entre eux s’avancent horizon-
ta ement a 1 extremite de chaque angle buccal.
Hymenaster
roseus, nov. sp.
echa"aiqi^a^ne ' ^tn' PI0^0ncleur 2I02n1, Quatre
^chantd]^3^116 C^C 1 ’ ^tn- profondeur i846m. Deux
eehant'qf3^.110 ^ rH°2 ' ^tn' I^4’ Pr°f°ndeur 1900™. Trois
To
a.- . US ^cs exemplaires sont en mauvais etat, incomplets,
individ ' ^ SUr eux_memes, et, de plus, maceres. Un seul
dans U CSt a ^CU Pr^s lntact bien que son corps soit allonge
najt Sens> l^tns ces conditions, il est bien difficile de recon-
Cprf • t0US ^es caract&res de Pespece : on peut toutefois etre
E ” qU'e"' nou«^-
(lUer lei.Ia*SOn ^etat cles dchantillons, il est impossible d’indi-
ConiineUp *°lmes et leurs dimensions exactes. On peut donner
, lniensions approximatives : R — i5 a 18 millimetres;
avec des ' * nil^m^tres‘ ^a f°rme ge'nerale parait etre pentagonale
tfale coi C°teS l^eU concaves* La face dorsale est plate et la face ven-
j exe‘ 11 existe une frange marginale assez bien marquee.
Piqu ing1110 .^0I Sa^e 6St soulevde de distance en distance par les
s des paxilles qui la traversent sur une petite longueur.
(99)
22
Ces piquants deviennent moins nombreux et plus courts vers
les bords et peuvent meme disparaitre totalement. Cette tente,
vue au microscope, laisse apercevoir des orifices en nombre tres
variable et de tailles tres differentes, mais jc ne crois pas que
tous ces orifices, bien qu’arrondis ou ovalaires, soient des spira-
cules : on les observe surtout sur les bras ou ils forment parfois
un veritable re'ticulum. II est probable que beaucoup de ces
oiifices sont accidentels et que les vrais spiracules sont localises
a la base des piquants.
Les paxilles forment des faisceaux de quatre a cinq piquants
divergents, mais rien nindique des groupements dans les
piquants qui traversent la tente. L’oscule est grand ; les cinq
valves sont constitutes chacune par une dizaine de piquants
ties serres, paralleles, ayant environ 4 millimetres de longueur.
Les piquants de la face ventrale sont au nombre de vingt-
huit ou trente en tout et rapproches les uns des autres; leur
longueur augmente progressivement du premier au septieme ou
au huitieme, et, a partir du cinquieme, ils arrivent en contact
a\ec leuis congeneres le long de la ligne interradiale mediane.
A partir du dixieme, dans certains exemplaires, du treizieme
ou du quatorzieme dans d’autres, ils se se'parent et leur longueui
decroit ensuite progressivement.
Les piquants ambulacraires sont presque toujours brises,
j ai cependant pu en observer quelques uns intacts. Chaque
plaque adambulacraire porte deux piquants extremement longs,
gieles et pointus, dont la longueur atteint au moins un milli¬
metre et qui s entrecroisent avec ceux du cott oppose j leur base
laibe et anondie. Le sillon est assez elargi et petaloide.
Les papilles qui ferment les orifices segmentaires sont allon-
gees; ,elles s’elargissent rapidement apres leur base, puis se
trecissent de nouveau en une sorte de piquant qui est presque
si onb que la partie dlargie; ce piquant est presque toujours
casse. ette forme rappelle beaucoup celle que Ton observe chez
, ^ occ’na^us Sladen, mais ici, les papilles sont moins compl*'
qutes que dans cette espece ou elles seraient formees par la
cham0n dC Cmq ^ Sept Picluants- En effet, je n’observe de
4 te de la baguette centrale qui se prolonge en piquant,
— 23 —
que deux petites cotes latdrales qui font parfois une tres legere
saillie de chaque cotd du piquant median.
Les dents sont allongdes, grandes et saillantes: elles portent
deux piquants assez forts, coniques ct pointus, et, sur leur bord
libre, une range'e de quatrc piquants plus pctits.
La couleur des e:chantillons dans l’alcool est rose-fonce'.
Rapports et difeLrences. — L'H. roseus se distingue des
especes &' Hymenasler a deux piquants ambulacraires par la
longueur de ces deux piquants ct par la forme des papilles qui
recouvrent les orifices segmentaires. Jc ne vois aucune espece
dont on puisse la rapprocher plus particulierement.
Pteraster reductus, nov. sp.
^!o 20. 14 juillet 1 888. Un e'chantillon.
84. 2 septembre 1888. Profondeur 2870™. Deux echan-
tillons.
Canipagne de 1896 : Stn. 698, profondeur 1846™. Deux
dchantillons.
Canipagne de 1896 : Stn. 738, profondeur igi9m. Cinq
dchantillons.
Canipagne de 1897 : Stn. 863, profondeur 1940™. Cinq
echantillons.
Les dchantillons ne sont pas en tres bon etat de conserva-
n°n et paraissent macere's : ils sont cependant assez durs et
f'des, niais cela tient a Pentrecroisement des spinules des
Paxilles qui forment un re'ticulum tres compact.
^ °us les individus sont de petite taille; dans les plus grands,
I 12 d i3 millimetres, r — 6 a 7 millimetres. Les bras, tres
un^CS a ^ ^ase’ s’atnincissent rapidement; ils se terminent en
pomte qui est allongc!e, presque toujours recourbee ; la face
^ ale est convexe et la face ventrale est plane. II est impossible
pC°nnaitre la presence d’une frange marginale.
n laison de l’etat des exemplaires, il est difficile de
(99)
— 24 —
distinguer les caracteres de la tente dorsale; dans les rares
endroits ou elle est conservde, elle se montre fort mince et
translucide. Les paxilles sont constitutes par un pedicule mince
et allonge portant un faisceau de nombreuses spinules tres lines
et allongtes, au nombre de quinze a vingt par paxille. Ces
spinules ne soulevent pas la tente dorsale niais s’entrecroisent
pour former une sorte de feutrage tres serre sur lequel la tente
parait simplement posee. Les orifices qu’on apercoit it la surface
externe sont nombreux, mais il me parait difficile de distinguer
les vrais spiracules des trous qui ont pu se produire accidentel-
lernent. L’oscule est grand; les valves, toujours plus ou rnoins
deplace'es, sont formees par la reunion de nombreux piquants
extremement fins, allonge's et disposes parallelement.
La face ventrale offre des piquants tres fins, delicats et allon¬
ges, leur longueur augntente jusqu’au quatrieme : il y en a une
quinzaine de chaque cote. Les piquants depassent quelque peu
a leui extrdmite libre les limites des teguments et il sernble qu il
y avait une frange assez etroite dans les espaces interbrachiaux.
Les plaques adambulacraires portent un peigne forme d’aboid
de six piquants et de cinq ensuite; ces piquants sont extrenre-
ment allonge's et fins, pointus, relies par une membrane tres
mince . 1 interne est le plus court et sa longueur est a peu pres
egale a deux articles; les autres sont plus longs et leur longueur
augmente jusqu’a devenir dgale a trois articles au rnoins. Les
tubes ambulacraires sont tres re'gulierement disposes en deux
series.
Les dents sont fortes et la ligne mediane de jonction est
marquee par une crete e'levee. Chacune porte une armature de
six piquants, forts et allonges, reunis par une membrane qui
est lecouibee en forme de demi cylindre evasd : les piquants
moyens sont les plus longs et leur longueur de'passe celle de la
dent. Je n’observe pas de piquants sur la face ventrale des dents.
Rapports et differences. — Le P. reductus est voisin du
■ pet sonatus Sladen. Il s’en distingue d’abord par sa petite
taille qui parait constante et par 1’enchevetrement des spinules
paxilles qui lui donne une structure tres compacte, les
— 25 —
pi quants ambulacraires sont au nombre de six ct paraissent
plus longs que chez lc P. personatus; les piquants dentaires
sont aussi plus nombreux et plus longs.
Dytaster parvulus, nov. sp.
Campagne de 1902 : Stn. i3o6, profondeur 4-7ri • ^eux
echantillons.
Dans le plus grand, R — 27 millimetres, r — 7,0 millime
tres; dans le second, R = 17 millimetres, v — 5 millimetres.
Jedecrirai d’abord le grand echantillon.
Le disque est petit et les bras sont assez gieles . ceux ci
s’amincissent lentement jusqu’a l’extremite qui olhe une plaque
terminale un peu dlargie et rentlde, plus longue que large et
offrant encore les traces de trois ou quatre petits piquants.
La face dorsale du disque est couverte de paxilles tres simples,
identiques a celles du D. biserialis Sladen, et formdes de quatre
spinules divergentes sans granule central; onn obseive parfois
due trois spinules. En certains points, et surtout au toisinage
des plaques marginales, on distingue des pedicellaiies a tiois
ou tneme quatre valves dlargies et renflees, formes pat la ie:u
nion d’un meme nombre dc spinules devenues beaucoup plus
dpaisses; leur surface est rugueuse. Des pedicellaires se remar-
quent egalement sur les bras : ils sont identiques a ceux que
Sladen a decrits chez le D. biserialis.
Les plaques marginales dorsales sont au nombte de \ingt
trois pour chaque bras. Elies sont couvertes de petits granules
non c°ntigus, legferement coniques, qui s’allongent quelque peu
SU1 face externc des plaques mais sans jamais foi met des
Plants plus grands que les granules voisins; il n’y a pas la
aioindre trace de piquant differencie surces plaques maiginales.
La face ventrale offre des rangees de plaques allant des
adambulacraires aux marginales; ces rangees ne renferment
qU’Un Petit nombre de plaques et la rangee interradiale n en
P'esente que quatre, mais les limites des plaques sont f e
(99)
— 26 —
distinctes. Un certain nombrede plaques, gene'ralement les deux
range'es les plus voisines des adambulacraires, portent chacune
un gros pedicellaire a trois branches, identique a ceux de la
face dorsale. Ces pedicellaires forment au moins deux range'es
mais celles-ci ne sont pas regulieres. En dehors, les plaques
portent de petits piquants tres courts, au nombre de trois ou
quatre par plaque, et Ton observe parfois des passages entre
les groupes de piquants et les vrais pedicellaires.
Les plaques marginales ventrales correspondent aux plaques
dot sales et sont couvertes de petits piquants coniques, pointus,
non contigus et qui se relevent sur le bord externe de la plaque.
L un de ces piquants prend toujours un grand developpement
et dexient un veritable piquant marginal; a cotd de lui, on
obseive parfois, surtout dans Tangle interbrachial, un ou deux
piquants beaucoup plus petits.
Les piquants ambulacraires forment une rangee interne de
six et paifois sept piquants, egaux, dresses, un peu aplatis,
unondis a 1 extremite. En dehors, se trouve une autre rangee
de piquants tres rapproches des pre'cedents, un peu plus courts
et un peu moins nombreux.
Les dents portent sur leur bord libre une rangee tres regu-
lieie de piquants identiques aux piquants du sillon et devenant
a peine un peu plus grands vers Textre'mite de la dent. Sur sa
face ventrale, celle-ci offre deux ou trois rangees irre'gulieres
de petits piquants tres courts. La suture mediane est tres appa-
rente et large.
Dans le plus petit exemplaire, la plaque terminale des bras
est comparativement plus grande et elle porte trois piquants
pnncipaux, un ventral et deux lateraux, plus quelques autres
piquants plus petits.
Les pedicellaires de la face dorsale sont au moins aussi nom¬
breux que sur le grand dchantillon.
. LeS Paxilles offrent quatre spinules moins divergentes et plus
i ressees que dans ce dernier. Les plaques ventrales offrent de
pq PlqUams seir^s et quelques unes offrent deja des pedicel-
tres nets. Les piquants des plaques marginales ventrales
- 27 —
sont bien developpes, tandis que les plaques marginales dorsales
n’en offrent pas trace. II y a seize plaques marginales de chaque
cote du bras.
Rapports et differences. — Lc D. parvulus est extremement
voisin du D. biserialis Sladcn, mais je ne crois pas qu on done
le reunir a lui en raison des deux caracteres suivants : absence
complete de piquants sur les plaques marginales dorsales, pie-
sence de gros pddicellaires sur les plaques late'ro-ventrales. Rn
ce qui concernc le premier caractere, il ne suiTtrait certainement
pas a lui seul pour justifier line separation spe'cifique, car les
piquants peuvent sans doute varier sur les plaques marginales
des Dytaster com me dans les Plutonaster. L existence de iiais
pedicellaires sur les placques ventrales a plus d importance et
comme ceux-ci font absolument defaut chez le D. biserialis , il
me parait preferable d’en separer le D. parvulus.
La necessite de distinguer les deux especes ressoit aussi de
l’examen que j’ai pu faire de deux jeunes exemplaires de D. bi¬
serialis que renfermaient les collections de la Priticesse- Alice.
Le plus grand de ces individus est tout a fait voisin comme
taille du petit D. parvulus que j’ai mentionne plus haut, car chez
lui R = millimetres. Ce jeune exemplaire est bien confotme
a la description de Sladen : en particular, chaque plaque mar-
ginale dorsale porte un piquant tres net, et les plaques ventiales
n offrent pas trace de pedicellaires, mais presentent seulement
^es groupes de petits piquants. Compare au D. parvulus , ce
)eune L). biserialis rnontre des plaques marginales dorsales plus
foites, plus apparentes, empietant un peu plus sur la face dot
sale des bras dont l’aire paxillaire est sensiblement plus dtrotte
a la base que chez le D. parvulus.
L examen de ce jeune D. biserialis montie done que les
Piquants des plaques marginales dorsales existent deja sui un
mdividu dans lequel R n’est que de 19 millimetres tandis qu tls
uianquent completement chez un D. parvulus dans lequel R =
24 millimetres.
(99)
— 28 -
Psilasteropsis humilis, nov. sp.
Campagne de 1895 : Stn. 582, profondeur 845™. Trois
echantillons. — Stn. 884, profondeur 845111. Un dchantillon.
Les quatre exemplaires sont de petite taillc : dans celui de la
Stn. 58q, qui est le plus grand, R = 3o millimetres, r = 7,5 mil¬
limetres. Ceux de la Stn. 58a sont plus petits et dans le plus
gland, R = 26 millimetres et r = 6,5 millimetres.
Le disque est plutot petit. Les bras, assez larges a la base,
s amincissent rapidement et se terminent en pointe. La face
dorsale est couverte de paxilles petites, tres serrees, otfrant trois
ou quatre granules centraux entourds d’un cercle periphdrique;
ces paxilles se disposent en dies radiales dans les espaces inter-
ladiaux et sur les bras elles forment des rangees transversales
allant de la ligne mediane aux plaques marginales dorsales. Ces
1 ange'es sont surtout bien marquees dans l’exemplaire de la
Stn. 5<Sq . elles sont moins apparentes dans les autres. L’aire
paxillaiie des bras est etroite, surtout dans les echantillons de la
Stn. 582.
Les plaques marginales dorsales sont au nombre de vingt-
deux dans l’exemplaire de la Stn. 58q et de dix-neuf chez l’indi-
iidu le plus giand de la Stn. 582. Ces plaques sont couvertes de
ns gianules qui sur le bord s’allongent legerement en petits
cones pointus. Chaque plaque porte un piquant assez fort,
on^e, conique, pointu, qui s’insere sur le milieu du bord
. tei ne de la plaque dans Tangle interbrachial, et dont l’inser-
n se rapproche de 1 angle distal de la plaque sur le reste du
las. Certaines plaques n’offrent pas de piquant, rnais ce fait
parait etre purement accidentel.
s. l^aclues terminales sont grandes, renflees et elles portent
trois piquants.
l^aSues latei o-ventrales sont peu nombreuses. Elles
naje , ^ ise:es en seuies allant des adambulacraires aux margi"
C csventrales; la rangee interradiale ne renferme que quatre
— 29 —
plaques, et il n’y a pas plus de cinq rangees, la derniere se
reduisant a une plaque. Toutes les plaques sont umformement
couvertes de piquants fins, allonges, lcgbrement aplatis, arrondis
a l’extremite.
Les plaques marginales ventrales, qui correspondent aux dor-
sales, sont couvertes de ties petitS piquants, tins, senes, ties
courts, qui, vers les bords suturaux, s’allongent un pcu etoffient
une tendance a s’entrecroiser avec lcurs congeneies. Chaque
plaque porte it sa surface et pres de son bord distal, une 1 ungee
de cinq piquants tres tins et allonges, disposes parallelement
les uns aux autres, dont la longueur augmcnte du pientier ten
tral au quatrieme qui dgale les trois quarts de la longueur de la
plaque; le cinquieme est plus court. Le nombre des piquants
tombe ensuite it quatre puis it trois.
Chaque plaque adantbulacraire offre d’abord dans le sillon
an peigne de quatre ou parfois cinq piquants tres allonges, tins,
legerement aplatis, it bords paralleles, et conservant la meme
largeur jusqu’a l’extremitd qui est arrondie. En dehors, vient
une autre rangee de piquants analogues ayant it peu pres la
uiente longueur et en meme nombre que les precedents; entin
quelques autres piquants plus petits et irrdgulierement disposes
passent progressivemcnt aux piquants ventraux.
Chaque dent offre sur son bord libre une rangde de sept a
huit piquants analogues aux ambulacraires; le derniei piquant
s’epaissit et s’allonge, et il se dispose horizontalement it cote de
son congenere, formant ainsi saillie dans la bouche contme on
1 observe dans le genre Psilastevopsis. Sur leut sutiace ten
tule, les dents prdsentent deux rangees de piquants disposes a
Peu pres parallelement et dont le dernier ou les deux dernters
pioxiniaux s’allongent quelque peu au-dessus des gtands
P'quants qui terminent les dents.
Rapports et differences. — Les individus recueillis pat la
^ 1 incesse-Alice ne sont sans doute pas adultes, mais ils sont
ueanmoins suffisamment caracterises pour etre dect its. Ils appat
tiennent incontestablement au genre Psilastevopsis , cred recem-
ment par Walter K. Fisher et sont voisins du P. patagiatus
(99)
3o —
(Sladen), mais ils s’en distingaent imme'diatement, ainsi que
du Ps. cingulata W. K. Fisher, par la presence de piquants
sur les plaques marginales dorsales (i).
ASTROGONIUM LONGOBRACHIALE
(Danielssen et Koren)
Campagne de 1898 : Stn. g6o, profondeur 3gqm. Un petit
e'chantillon.
Campagne de i8gg : Stn. io52, profondeur 440"’. Quatre
exemplaires.
Dans le plus grand echantillon de la Stn. io52, R = 63 mil¬
limetres, r= 18 millimetres.
Les autres sont plus petits et leurs dimensions respectives
sont les suivantes :
42 37 3i 28 millimetres.
r ~ 13 11 g,5 8 —
Dans les Asteroidea de la Nordske Nordliavs Expedition ,
Danielssen et Koren ont indique, p. 88, une varidte de l’Ar-
stei Pat elii qui differe du type par les caracteres suivants :
lsque est beaucoup plus long, les plaques marginales dorsales
1 pus nomt) reuses, plus etroites et plus minces, et l’aire
l aue est P^us large 5 enfin les plaques adambulacraires out
" PlclUdnts plus longs et plus nombreux. Dans les plus grands
individus, R atteint 108 a 124 millimetres et la valeur — varie
entre 2 i/3 et 3 1
variete sous le
/ 4- Les auteurs norvegiens ont designe cette
nom d Archaster parelii , var. longobrachialis.
de la Pri>icesse-\lfrJlaSte!i0PS’S CSt encore represente dans les collections
que Sladen a raneee^lan e.nombreux exemplaires de P. patagiatus, espece
qu’elle s’en ecartai ^ Psilaster > tout en faisant remarquer
maintenue dans ce or ' er,ents caracteres. Cette espece ne peut etre
W. K. Fisher oui ,et 1 adoPte absolument la maniere de voir de
°e ans son nouveau genre Psilasteropsis.
— 3i —
Les courtes indications donndes par Danielssen ct Koren sui
cette variete, ne la font pas connaitre d’une maniere sullisante,
tout en apprenant qu’elle sc distingue du type dc 1 espece a
laquelle ils la rapportent par quelques caracteres importants.
Heureusement, j’ai pu etudier un exemplaire de cette forme
provenant des cotes du Finmark et qui m’a ete fort aimablement
communique par 1c Dr J. Grieg.
Dans cet individu, R= 4b millimetres et r = 14,5 millime¬
tres; il est absolument identique aux echantillons recueillis par
la Princesse-Alice , et l’etude de ces differents individus et leur
comparaison avec des Archaster (ou Plutonaster) Parelii types
ni’ont convaincu de la ndeessite qu’il y avait de les separer de
cette derniere forme et d’elever au rang d’espece distincte la
variete creee par Danielssen et Koren. Comme ces auteurs n en
°nt pas publie de description a proprement parler, il me parait
utile d’en faire connaitre les caracteres d une facon detaillee.
Mais auparavant, j’ai une remarque a faire. J’ai donne a
i espece dont il s’agit le no 111 d 'Astrogonium longobrachiale
et non pas d 'Arcliaster ou de Plutonaster. C’est qu’en effet cette
Asterie, pas plus que celle qui porte le nom specifique de
^arelii, ne peut rester dans le genre Plutonaster : c est un veri-
table Astrogonium ainsi qu’on pourra s’en convaincre par la
description ci-dessous. Quant au Plutonaster Parelii , j’ai pu
m’assurer, par l’etude de plusieurs individus provenant des
cotes de Norvege, qu’il devait egalement rentrer dans le genre
b'/; ogonium, tel que l a defini Perrier. Je reviendrai sur ce
l°int dans mon memoire definitif oil je publierai des dessins
°niparatifs d’ Astrogonium Parelii et A. longobrachiale.
Le disque de VA. longobrachiale est relativement grand,
Ls bias, qui sont larges a leur origine, s’amincissent brusque-
nt et rapidement joour conserver ensuite une largeur presque
nstante sur presque toute leur longueur; du rnoins ils s arnin-
ssont fort lentenrent et leur extre'mite est arrondie.
a face dorsale est couverte de paxilles polygonales, assez
dis ^eS, tr^S serr^esi plus grandes dans la rdgion centrale du
^^ue et devenant plus petites dans les espaces interradiaux
Ls se disposent en tiles radiaires. Chacune d elles oifre un
(99)
— 32 —
groupe de quatre a sept granules centraux entoures d’un cercle
periphdrique de granules plus petits. Sur les bras, les paxilles
forment une bande longitudinale mediane de trois a cinq rangees
longitudinales dans lesquelles la largeur reste a peu pres la
meme, mais, en dehors de cette bande, la largeur des paxilles
diminue rapidement tandis que la longueur reste a peu pres la
meme, et les paxilles se disposent en petites rangees transver-
sales perpendiculaires aux plaques marginales.
La plaque madreporique est petite, situee plus pres du cen¬
tre que des bords. L’anus est indistinct.
Les plaques marginales dorsales sont au nombre de trente-
huit a trente-neuf dans le grand exemplaire. Elies sont plutot
petites et elles n’empietent pas beaucoup sur la face dorsale;
leur longueur est a peu pres e'gale it leui' largeur sur une bonne
partie de la longueur des bras. Dans les espaces interbrachiaux,
elles sont dirigees obliquement en dehors de telle sorte qu’elles
paraissent moins larges qu’elles ne sont en realite; elles sont un
peu plus larges que longues dans cette region. Elles sont recon¬
venes de granules polygonaux serres, it peu pres aussi gros ou
un peu plus gros que les granules qui forment les paxilles dor-
sales; ces granules sont disposes sans ordre, mais le long de
chaque bord sutural il existe une rangee reguliere et constante
de granules plus petits.
Les contours des plaques latero-ventrales ne sont pas dis-
tincts. Ces plaques sont recouvertes de gros granules un peu
allonges, a extremite arrondie et ne formant pas en general de
vrais piquants, sauf quelques-uns d’entre eux. On remarque
alors que les piquants courts, robustes, termines en pointe
mousse, forment le centre d’un cercle de granules. Sur tous les
exemplaires, les plaques de la premiere rangee contigue aux
adambulacraires offrent sur chacun de leurs bords adosses un
alignement regulier de quelques granules formant avec leuis
congeneres un pedicellaire fasciolaire. Sur le grand exemplaire
que je decris, il se trouve que ces pedicellaires sont mal indiques .
ils ne sont limites que par trois ou quatre granules de chaque
cotd et l’on n’en distingue que deux ou trois de chaque cote du
pedicellaire interradial. Mais dans les exemplaires plus petits, ib
— 33 -
sont certainement mieux marques dans l’exemplaire chez lequel
^=42 millimetres: on peut en distingucr unc demi-douzaine
de chaque cote. Meme dans le plus petit exemplaire de la
Stn. 960, j’en reconnais encore trois dans chaque angle inter-
radial.
L’exemplaire de Finmark oilre aussi une demi-douzaine de
ces pedicellaires de chaque cotc:.
Les plaques marginales ventrales sont couvertes de gianules
aplatis, s’allongeant en une petite pointe mousse; quelques uns
de ces granules, au nombre de trois 011 quatre, geneialement
vers le milieu de chaque plaque, s’allongent en un petit piquant
aplati, conique, pointu, mais ces piquants ne debordent pas le
bord externe dcs plaques. Le long de chaque bord sututal, il
existe une rangee reguliere de granules plus petits. mais sans la
moindre indication de fascioles.
Les plaques adambulacraires portent plusieurs rangees de
piquants tres developpes qui forment, de chaque cote du sillon,
une bande tres large. On peut reconnaitre quatre rangdes de
piquants dont l’interne seule est bien reguliere. Les piquants
de cette rangee, au nombre de sept a huit, sont allonges, dt esses,
aplatis, et ils conservent la meme largeur jusqu a l’extrdmitd qui
est arrondie. En dehors, vient une autre rangde moins reguliete
de quatre ou cinq piquants plus petits. Les piquants de la
Uoisieme rangee, au nombre de trois ou quatre, prdsentent une
tendance tres nette a s’allonger : generalement un seul de
ces piquants s’allonge beaucoup, quelquefois le voisin s’allonge
e^alement. Enfin viennent plusieurs piquants plus petits, au
n°nibre de cinq ou six, qui ne sont guere que des granules
allonge's.
Les dents portent sur leur bord externe une rangee de gi ands
P'quants, aplatis, a extremite arrondie, ressemblant aux piquants
atnbulacraires internes, mais plus forts; le dernier piquant est
un Peu plus gros. Sur la face ventrale de la dent, on remarque
une rangee assez rdguliere de six ou sept piquants un peu plus
°Ults clUe les precedents, forts et dresses.
(99)
- 34 -
Astrogonium eminens, nov. sp.
Campagne de 1897 : Stn. 863, profondeur 1940™. Trois
echantillons.
Campagne de 1902 : Stn. 1344, profondeur iopS1”. Un
echantillon.
Campagne de 1896 : Stn. 698, profondeur 1846111. Un
echantillon.
L’exemplaire de la Stn. 698 est le plus grand; ses dimen¬
sions sont : R = 102 millimetres et r— 24 millimetres. Deux
exemplaires de la Stn. 863 mesurcnt respectivement : 77 = 92 et
87 millimetres et r = 20 et 20 millimetres, le troisieme est un
peu plus petit et les bras sont casses a l’extremite. L’echantillon
de la Stn. 1344 est le plus petit, ses dimensions sont : R = 6°)
r = 16 millimetres.
Tout l’ensemble de l’animal est tres robuste. Le disque est
grand ; les bras, assez larges a la base, s’amincissent rapidement
jusqu'a 1’ extremity qui est tres pointue. Le disque est assez
epais. Les faces dorsale et ventrale sont planes.
La face dorsale du disque est garnie de plaques polygonales
recouvertes de granules formant ainsi des sortes de paxilles.
Chaque paxille comprend un groupe central de quelques gra¬
nules, entoures d un cercle de granules de memes dimensions,
a la peripherie vient enfin un cercle plus ou moins l'egulier de
granules beaucoup plus fins. Dans la region centrale du disque,
les paxilles se presentent sous forme d’hexagones tres regulieis
mesurant un millimetre de largeur environ. Ces paxilles devien-
nent plus petites dans les espaces interradiaux et elles se dis-
posent en meme temps en files radiaires : a mesure qu’elles se
rapprochent des plaques marginales, elles se retrecissent et elles
finissent par n’etre plus formdes que par deux rangs de granules
identiques a ceux qui recouvrent les plaques marginales avec
lesquels ils se continuent. Sur les bras, les paxilles s’allongent
longitudinalement : l’on distingue une rangee carinale plus
- 35 —
grande de chaque cote de laquelle lesautres forment des rangees
transversales obliques atteignant les plaques marginales. Au dela
de la moitid du bras, l’aire paxillaire sc reduit beaucoup et il
devient impossible de rcconnaitrc les limites des paxilles. On ne
distingue plus quo des granules, qui, malgrd la grande minceur
des bras, se continuent jusqu’a l’extremitd, formant ainsi une
bande tres mince qui sdpare les plaques marginales dorsales.
Sur le disque, les papules passent par les interstices que les
paxilles laissent entre elles sur leur pourtour; sur les bras, ces
intervalles se remarquent surtout aux deux extremites proximate
et distale des paxilles.
La plaque madreporique est tres petite, situee a peu pres a
egale distance entre le centre et les plaques marginales. L’anus,
extremement petit, est central.
Les plaques vcntro-laterales ne sont pas tres developpees et
1 espace qu’elles couvrent est assez restreint en raison du deve-
loppeinent des plaques marginales ventrales. On distingue, en
dehors des adambulacraires, une premiere rangee de plaques
dui sont un peu plus grandes que les autres et qui sont au nom-
b,edune douzaine sur les grands exemplaires. Les autres ran¬
gees renferment des plaques plus petites. D’ailleurs, les contours
de ces plaques ne sont pas tres distincts en raison des petits
P'quants serrds qui les recouvrent; ces piquants sont courts,
uniques et pointus. En general, on distingue un piquant central
1 Us gros autour duquel sont disposes les piquants plus petits;
j^°*s on rencontre deux grands piquants sur la meme plaque.
s piquants des plaques dela premiere rangbe, parallele aux
'n ulacraires, sont un peu courts et moins pointus que les
bo ,CS et ressemblent plutot a des granules allonges. Sur les
j.^.s en eontact de ces plaques, les granules, au nombre d une
dis 'ne env*lon sur chaque bord, s’allongent, s’aplatissent et se
se di°Serit ParaUelement les uns aux autres en meme temps qu’ils
nier Ilfc,ent vers ^urs congeneres de la plaque voisine pour for-
pc:d ’Un ^e^^ce^a*re fasciolaire tres developpe. En dehors du
(je C a',e interradial impair, on peut compter une douzaine
exei-n ^ ?^ce^aires de chaque cote des bras sur les grands
(99)
36 —
Les plaques marginales dorsales sont au nombre de trente-
neuf a quarante dans le grand echantillon. Elies sont tres larges
et empietent fortement sur la face dorsale, surtout dans Tangle
interbrachial oil elles sont beaucoup plus larges que longues;
elles se retrdcissent ensuite progressivement et deviennent fina-
lement aussi longues que larges. Elles sont couvertes de gros
granules aplatis, circulaires ou pol)rgonaux, contigus, un peu
inegaux, qui, vers les bords suturaux, deviennent assez brus-
quement plus petits et constituent une rangee de bordure bien
distincte et tres constante; on n’observe pas la moindre tendance
a la formation des fascioles.
Les plaques marginales ventrales sont tres larges, plus larges
me me que les dorsales dans Tangle interbrachial; a ce niveau,
elles sont trois fois plus larges que longues, et retrecies en
dehors. Elles sont couvertes de petits piquants aplatis, couches,
coniques et tres serre's. Quelques uns d’entre eux s’allongent en
petits piquants, surtout vers le bord externe de la plaque, mais
ils ne forment pas de rangee mediane. Sur les bords suturaux,
les gianules sont plus petits et plus courts, sans la moindre ten¬
dance a former des fascioles.
; auamuu
Le sillon ambulacraire est tres etroit. Les plaques
lacraires offrent, dans le sillon, une dizaine de piquants courts
et obtus formant un peigne dresse dans lequel les piquants
medians sont un peu plus longs que les autres. Sur leur face
xentiale, les plaques portent des piquants courts et coniques,
qui sont peu nombreux et irre'gulierement distributes sur les
plaques proximales; ils deviennent plus nombreux et se dispo-
sent en deux series plus ou moins regulieres sur les plaques
distales. II arrive parfois, au dela de la moitie des bras, qu’un
ou deux piquants de la rangee moyenne se distinguent des
autres par une taille plus grande.
Les dents, peu saillantes, offrent sur leur bord libre, une
douzaine de piquants analogues aux piquants ambulacraires
qu ils continuent; sur leur face ventrale, elles presen tent deux
rangees de piquants courts et coniques.
R.vpporis ei differences. — L 'A. eminens se distingue surtout
par ses bras tres longs, s’amincissant rapidement et devenant
— 37 —
tres pointus a lextremitc, et par la largeur des plaques margi-
nalesdans Tangle intcrbrachial. Parmi les especes avec lesquelles
on pourrait la confondre, jc ne vois que les A. coHcinnum et or-
dinatum decrits par Vcrrill (sous les noms de Psetldar chaster
concinnus et ordinatus) et V Aphroditaster gracilis Sladen qui est
bien peu different du genre Aslrogonium. Comme cettc derniere
espece a les bras comparativement moins longs et les plaques
latero-ventrales ainsi que les plaques marginales ventrales cou-
vertes d’un revetement uniforme de granules sans piquants diffe-
rencies, la confusion avec YA. eminens ne me parait pas possible.
L 'A. eminens a plus d’allinitds avec les deux especes decrites
par Verrill, surtout avec le Pseudarchaster concinnus dans
lequel 7? = io5 a iio millimetres et r = 3q millimetres. Le Ps.
ordinatus est plus petit et les dimensions indiquees par \ errill
sont : R = ^ a 5o millimetres et r— 17 a 18 millimetres; cette
derniere espece est remarquable par une rangee tres regulieie
de pedicellaires fasciolaires entre les plaques ventrales de la
premiere range'e et qui peuvent atteindre le nombre de seize
dans chaque interradius. En dehors de quelques differences
dans la disposition des piquants ambulacraires et des caracteres
des paxilles de la face dorsale, je rcmarque que les deux especes
dfi 'V errill offrent sur les bords suturaux des plaques marginales
dorsales des pe'dicellaires fasciolaires tres nets : or, il n y a pas la
®oindre indication de cette structure chez lh4. eminens dans
'equel, au contraire, les granules sont plus petits le long des
01(ds suturaux que sur le reste des plaques marginales. Ce
aractere permettra de distinguer facilement YA. eminens des
6Ux esPeces americaines.
Astrogonium aequabile, nov. sp.
tin ^amPaSne J^°2 : ^tn‘ profondeur igoon
Un echan-
base
R = 57 millimetres ; r — irj millimetres.
e disque est grand. Les bras ne sont pas tres larges a la
et v°nt en s’amincissant rapidement jusqu’au sommet qui
(99)
— 38
est pointu. La face dorsale otfre des paxilles hexagonales, grandes
dans la region centrale et diminuant rapidement dans les espaces
interradiaux et sur les bras; les granules sont plus gros au
milieu et plus petits vers la periphdrie sans qu’on puisse distin-
guer de cercle pe'ripherique bien regulier. Sur les bras, on recon-
nait une range'e mediane bien distincte de paxilles allongees
longitudinalement et plus grandes quc les autres; celles-ci
conservent toujours leur alignement et leur allongement longi¬
tudinal, mais elles deviennent rapidement beaucoup plus etroites
tout en conservant a peu pres la meme longueur et finissent
par se reduire a deux rangees paralleles de granules. Lane
paxillaire devient rapidement tres e'troite sur les bras et avant
meme d’atteindre lc tiers de la longueur des bras, elle est plus
etroitc que la plaque marginale dorsale correspondante. Les
papules, qui, sur le disque, se montrent au pourtour des paxilles,
se localisent aux deux extremites de ccllcs-ci sur les bras.
Les plaques marginales dorsales sont couvertes de granules
polygonaux tres serres, identiques a ceux qui forment les paxilles
dorsales, et qui couvrent uniformement toute la surface de la
plaque sans diminuer sensiblement de grosseurvers les bolds
adosses des plaques ou Ton n’observe jamais de rangee de boi-
dure distincte; on peut meme rencontrer certains granules qui
recouvrent l’interstice meme entre deux plaques marginales sue
cessives. Aussi cet interstice est-il tres peu accuse et il est sim
plement marque par un leger sillon, les granules formant un
revetement ininterrompu sur la surface des plaques marginales.
La plaque madreporique est tres petite, situee a egale dis¬
tance entre le centre et les plaques marginales. L’anus nest
pas visible.
La face ventrale du disque offre d’abord it considdrer une pre¬
miere rangde de plaques contigues aux adambulacraires et qul
forment une serie tres reguliere. Ces plaques, plus larges que
longues, sont couvertes de petits piquants tres courts et serres
qui, sur les bords, s’allongent en se disposant tres regulie,e
ment et forment ainsi des pedicellaires fasciolaires extremement
nets, chacun d'eux comprenant une dizainc de paires de piquants
aliiontes. Ces pedicellaires sont extremement rapproches les un-'
des auties et les parties des plaques qui apparaissent dans letu
- 39 -
intervalles sont tres etroites : dies n’offrent guere que deux ou
trois rangs de piquants a leur surface. L’on peut compter sur
chaque bras, eten dehors du pddicellaire impair place en dehors
des dents, une rangee de sept ou huit pediccllaires tres deve-
loppe's; a la suite de ceux-ci, viennent encore quatre ou cinq
plaques separees par des groupes de piquants moins nettement
disposes que sur les precedents cn pediccllaires, mais olfrant
neanmoins une indication de groupement regulier.
Ces rangees de pedicellaires sont extremement apparentes et
frappent l’oeil lorsqu’on regarde 1’Astdrie sur son cote' ventral.
Le reste de la face ventrale est occupe par des plaques dispo¬
ses des adambulacraires aux marginales et dont les contours
ne sont pas apparents en raison des piquants qui les recouvrent.
Chaque plaque porte une garniture de petits granules allonges
au centre desquels s’eleve un petit piquant aplati et pointu
tres distinct.
Les plaques marginales ventrales, qui correspondent exacte-
ment aux marginales dorsales, sont rccouvertes de granules coni-
dues, aplatis, pointus, un peu imbriques, formant sur chaque
plaque une dizainc de rangees d’ailleurs irregulieres. In certain
ttombre de ces granules s’allongent cn piquants qui forment
souventdeux rangees plus ou moins apparentes. Sur les bords
^es Piques, les granules deviennent plus fins et ils s’encheve-
trent legerement les uns dans les autres, formant ainsi un com¬
mencement de fasciole dans chaque intervalle.
Les plaques adambulacraires offrent d’abord une rangee
terne de huit a neuf piquants allonges et cylindriques, aextre-
Ite obtuse; les piquants medians sont un peu plus longs que
ttuties. Innnediatemcnt en dehors, vient une deuxieme ran-
Slx h sept piquants un peu plus petits que les precedents.
gee de
Lnfin
^ 011 remarque un groupe de piquants plus courts et plus
br ^'. ^Ul SOnt Peu n°mbreux sur les premieres plaques de chaque
lrj. S' ct deviennent ensuite plus nombreux et se disposent
sontle 60 ^CUX rangces mal definies, dans lesquelles les externes
ljea P^Us Petits tandis que Fun des autres s’allonge souvent
j °UP’ ®nrtout dans la deuxieme moitie du bras.
"Cs c^ents offrent sur leur bord externe une demi douzaine
(99)
- 4o —
de piquants tres allonges qui continuent les piquants du sillon
ambulacraire. Sur leur face ventrale, on observe line rangee
reguliere de sept ou huit piquants, tres rapproches de la suture
mediane, ct, en dehors, deux rangdes plus ou moins marquees
de piquants plus petits et moins nombreux.
Rapports et differences. — L'A. cequabile se reconnaitra
facilenrent aux dix rangees de pedicellaires fasciolaires, tres
de'veloppes pour la taille de l’Asterie et qui se montrent paral-
lelement aux sillons ambulacraires, et au recouvrement uniforme
de granules que portent les plaques marginales dorsales.
Les especes qui offrent des pe'dicellaires fasciolaires grands
et nombreux, tels que les A. continuum (Verrill) et ordination
(V errill) ainsi que YAphrodi taster gracilis Sladen, ne peuvent
pas etre confondues avec Y A. cequabile. L’ Aphroditaster gracilis
a la face ventrale uniformement couverte de petits granules
coniques. Les A. continuum et ordinatum ont les plaques mai-
ginales dorsales separdes par des fascioles, et les piquants am¬
bulacraires sont un peu diffdrents; la premiere espece surtout
s ecarte de PA. cequabile par les plaques ventrales garnies de
piquants allongds et presque uniformes, et par un developpe-
ment moindre des pedicellaires ventraux, du moins autant que
je puis en juger par la description et les dessins de Verrill.
Y, A. cequabile ne peut pas dtre confondu avec YA. eminent
decrit ci-dessus et qui peut atteindre une taille beaucoup plus
giande. J ai pu precisement le comparer a un echantillon d A-
eminens de la Stn. 1344, et: dont la taille est presque identique a
celle du type de 1L1. cequabile. Or ce dernier a des pedicellaiies
fasciolaires plus nombreux et bien rnieux marques; de pin5?
dans le petit A. eminens , les plaques marginales dorsales sont
couveites de granules plus saillants, plus espaces et se conti
nuant avec les granules des paxilles; les limites de ces plaques
sont mdtquees par un sillon bien marque. Au contraire, chez
1 A. cequabile , ces limites ne sont pas indiquees par un sillon et
les gianules sont plats et contigus; en revanche, les plaque5
marginales dorsales sont mieux limitees du cote de l’aire paxil-
laire.
OPHIURES
Ophiacantha veterna, nov. sp.
Campagne de 1902 : Stn. 1412, profondeur 2200"’. Trois
e'chantillons. — Stn. 1420, profondeur 2460™. Un echantillon.
Campagne de 1900 : Stn. 2048, profondeur 1968'". Un echan¬
tillon.
Le diametre du disque rnesure de 7 a 8 millimetres, les bias
sont longs et de'passent 40 millimetres.
Le disque est plus ou moins dchancre dans les espaces intei-
tadiaux. La face dorsale offre dix cotes radiales saillantes, ties
e'cartees l’une de l’autre dans chaque paire oil elles sont presque
paralleles. Elle est couverte de petits grains rugueux, senes,
<lui s’allongent a peine en batonnets extremement courts ; ces
grains se retrouvent sur les cotes radiales. I Is passent e'galement
a la face ventralc oil ils sont un peu plus petits et dont ils cou-
"ent a peu pres toute l’dtendue.
Les fentes gdnitales sont tres apparentes.
Les boucliers buccaux sont assez grands, triangulaires, a\ec
Un angle proximal tres obtus et un bord distal tres convexe se
leliant par des angles assez ouverts aux cotes latdiaux. Les
plaques adorales sont dpaisses et fortes, legerement recourbees
Cn CI°tssant, deux fois et demi plus longues que larges, elles ne
,°nt Pas elargies en dehors et ne separent point le boucliei
Uccal de la premiere plaque brachiale laterale. Les plaques
0rales sont petites, triangulaires. Les papilles buccales laterales
^disposdes tres irrdgulierement et varient non seulement d un
^dividu a l’autre, mais aussi chez le meme individu sur les
^ ttS ^ Un meme angle buccal. On observe generalement quatie
Lpilles le long des plaques orales; les deux internes sont
(99)
— 42 —
coniques et pointues, les deux externes sont plus fortes, cylindri-
ques, arrondies a Textremite. Independamment de ces papilles,
on en trouve quelques autres surnumeraires dont le nombre et
la position n’ont rien de rdgulier. Tantoton observe une ou deux
papilles intercalees entre les papilles principals, un peu plus
petites qu elles, et, en general, dirige'cs obliquement vers la face
dot sale; ou bien on voit une ou deux papilles inserees au point
de 1 eunion des plaques orales et adorales ou encore sur la face
■'entiale des plaques orales. Ces deux sortes de papilles supple-
mentaires peuvent d’ailleurs se rencontrer du me me cotd. II y
a toujours une papille terminale impaire plus forte que les
voisines.
Les deux premieres plaques brachiales dorsales sont rectan-
gulaiies, avec le bord proximal plus etroit. Les suivantes sont
tiiangulaires avec le bord distal convexe et un angle proximal
d aboid aigu. Elles sont aussi larges que longues. Au dela de la
quatiieme ou de la cinquieme, les plaques s’allongent un peu et
piennentune forme en cloche qui rappelle quelque peu celle que
Ion connait chez l’O. abyssicola , c’est-a-dire que Tangle proxi¬
mal s arrondit et les bords lateraux s’inflechissent legerement en
dehors, mais elles sont toujours beaucoup moins larges que
chez 1 0. abyssicola et elles sont habituellement un peu plus
longues que larges. Elles sont separees a partir de la seconde.
La premiere plaque brachiale ventrale est petite, pentagonale,
plus longue que large; les autres sont tres grandes, triangu-
latres, avec le bord distal tres convexe; elles sont plus larges
que longues et se separent au dela de la quatrieme.
Les plaques laterales, saillantes, portent sept piquants fine-
ment denticules; le premier ventral est dgal a Tarticle et les
deux deinieis doisaux e'galent deux articles et demi a trois arti¬
cles. Les jangees dorsales ne sont pas rapprochees Tune de
1 autre a la base des bras.
L ecaille tentaculaire est petite, conique et pointue.
R\] i or is e i differences. — L’O. veterna rapipelle TO. abys-
pai les caiacteres de la face dorsale du disque et une
certame ressemblance dans la forme des plaques brachiales
-43 -
dorsales, mais die s'en distingue immediatement par le nombre
et l’irregularite des papilles buccales laterales, par les boucliers
buccaux plus grands et plus epais. et par les plaques brachiales
dorsales notablement plus dtroites.
Ophiolimna opercularis, nov. sp.
Campagne de 1N87 : Stn./i73. profondeur 325m.
LTn seul echantillon malheureusement en assez mauvais etat;
une partie du disque manque et les bras sont casses, soit a leur
base, soit a i5 millimetres du disque. Toutefois l’espece est
parfaitement nette et peut etre decrite completement.
Le diametre du disque est de 4 millimetres seulement.
Le disque est arrondi. La face dorsale est uniformement
couverte de granules arrondis, lisses, tres regulierement places
Ls uns a cote des autres, et sans aucun piquant interposd. Les
boucliers radiaux sont invisibles. Ces granules se continuent
avec les memes caracteres sur la face ventrale du disque qu ils
•ecouvrent entierement; aux endroits oil ces granules manquent
accidentellement, on distingue les plaques sous-jacentes qui
s°nt fines et imbriqudes. Les fentes genitales sont tres etroites.
Les boucliers buccaux sont grands, triangulaires, plus larges
que longs, avec un angle proximal assez ouvert, des angles late-
laux a,T°ndis et un bord distal tres convexe. Les plaques ado-
aLs sont tres allongdes, quatre fois plus longues que larges,
ec les bords paralleles et elles emettent en dehors une lame
8e) qui separe le bouclier buccal de la premiere plaque bra-
^lale laterale. Les plaques orales sont triangulaires et petites.
S Lapilles buccales laterales sont au nombre de quatre : 1 ex-
J ne est grande, large et rectangulaire, deux fois plus longue
L'ge, en iorme d’opercule et contigue, par son bord libie,
ex ' Papille opposee; elle rappelle absolument la papille
u 1 ne L1 une Amphipholis ; les trois autres papilles sont coni-
Uric ’ d P°lnte emoussee et de la forme ordinaire; il y a en outre
1 apille terminale impaire un peu plus forte que les voisines.
(99)
— 44 —
A la limite des plaques orales et adorales, on trouve quelques
granules arrondis au nombre de trois ou quatrc gdneralement.
Les plaques brachiales dorsales sont grandes, triangulaires,
avec le bord distal arrondi; elles sont separe'es au dela de la
premiere.
La premiere plaque brachiale ventrale est petite, pentagonale,
contigue a la papille buccale externe. Les suivantes sont grandes,
pentagonales, avec un bord distal convexe. Au dela du disque,
les cotes lateraux disparaissent et les plaques deviennent trian¬
gulaires. Elies se separent a partirde la seconde.
Les plaques laterales, peu proeminentes, portent a la base
des bras cinq piquants courts, lisses et it pointe emoussee, qui
sont rabattus sur la face lateraledes bras. La longueur augmente
fort peu, depuis le premier piquant ventral qui egale l’article,
jusqu au dernier dorsal qui n’atteint pas la longueur d’un arti¬
cle et demi.
L’ecaille tentaculaire, unique, est grande et large sur les
deux ou trois premiers articles, puis ell e diminue rapidement
de taille et devient simplement ovalaire.
Toutes les plaques brachiales offrent, a leur surface, de fines
stries transversales.
Rapports et differences. - — L’O. opercularis se distingue
facilement des autres Ophiolimna par la forme de la papille buc¬
cale externe et par le disque uniformement couvert de granules
arrondis et lisses, sans piquants.
Ophioplinthaca occlusa, nov. sp.
Campagne de 1897 • Stn. 806, profondeur 1425™. Quelques
e'chantillons.
I ous les individus sont de tres petite taille et le dianietre du
disque ne de'passe pas 2 millimetres; les bras, tres fins et moni-
lifoimes, ont environ 20 millimetres de longueur.
Le disque est arrondi, profondement excave dans les espaces
— 45 —
interradiaux. La face dorsale oflre de grandes plaques imbri-
quees, allongees dans les espaccs interradiaux en dehors des
boucliers radiaux et arrondies dans la region centrale, portant
chacune un piquant long et pointu. Les boucliers radiaux sont
grands, triangulaires. plus grands que la moitic du rayon du
disque, contigus en dehors, tres legerement divergentset separds
par une rangec dc plaques qui peuvent porter des piquants.
La face ventrale offre des plaques grandes et imbriquees
qui portent des piquants vers la Peripherie du disque. Les fentes
genitales sont dtroites.
Les boucliers buccaux sont petits, triangulaires, avec le bold
distal arrondi. Les plaques adorales sont tres grandes et allon¬
gees, separe'es sur la ligne mddianc. Les plaques orales sont
petites. La papille buccale externe est grande, operculiforme,
rectangulaire, presque deux fois plus longue que large et dis-
posee comme chez les Amphipholis. Les deux autres, plus petites
et coniques, arrivent au meme alignement que la pre'ce'dente,
de telle sorte que la bouche est completemet fermde quand les
papilles sont rapprochees les lines des autres. La papille termi-
nale itnpaire est plus grande et large.
Les plaques brachiales dorsales sont petites, triangulaires,
avec le bord distal convexe; elles sont largement separees.
La premiere plaque brachiale ventrale est tres petite, penta-
g°nale, exactement contigue par son bord proximal a la papille
uccale externe. Les suivantes sont grandes, pentagonales, avec
Un an8le proximal trbs obtuset le bord distal arrondi; elles sont
Lrgement sdpardes.
Les plaques latdrales sont tres proe'minentes. Liles portent
Sept Piquants a la base des bras; ce nombre tombe ensuite a
puis a cinq. Ces piquants sont longs, amincis, lisses et aigus.
e Premier piquant ventral est egal a Particle et le dernier dorsal
il a deux articles sur les premiers articles brachiaux;
^ e'ient ensuite plus court. Les piquants dorsaux forment
langee continue a la face dorsale des bras sur le premiei
article.
L ecaille tentaculairc est assez developpee, grande, conique
et Pointue.
(99)
— 46 —
Rapports et differences. — L 0. occlusa se distingue faci-
lement des autres especes par la forme de la papille buccale
externe.
Ophioplus armatus, nov. sp.
Campagne de 1902 : Stn. 1 343, profondeur i25om. Deux
echantillons.
Dans le plus grand, le diametre du disque est de 6 millime¬
tres, et les bras ont 22 millimetres de longueur; 1’autre exern-
plaiie n est pas en tres bon etat et le diametre du disque mesure
5 millimetres.
Le disque est arrondi et plus ou moins excave dans les espaces
intei radiaux. La face dorsale laisse reconnaitre dix cotes sail-
lantes qui s allongent vers le centre du disque sans se rencontrer.
Ces cotes sont plus larges et plus saillantes dans leur region
distale, les deux cotes de chaque paire sont largement ecartees
lune de 1 autre, loute cette face est couverte uniformement de
plaques arrondies, a contours plus ou moins distincts et qui se
montrent aussi sur les cotes radiales; chacune d’elles porte un
gros Plcluant court, e'pais, a extremite dmoussee et rugueuse.
La face \entiale olfre aussi des plaques arrondies, un peu
plus petites que celles de la face dorsale et ne portant de piquants
]ue \ eis la peiipherie du disque. Les fentes genitales sont larges.
Les boucliers buccaux sont petits, triangulaires, plus larges
que longs, avec un angle proximal aigu, des cotds Iateraux con-
CcUeS et un distal legerement arrondi. Les plaques adorales
■ nt glosses, ties epaisses et courtes, largement adosse'es 1 une
, . autle SU1 bgne mediane. Les plaques orales sont triangu-
is et assez hautes. Les papilles buccales latdrales, au nonibre
quatre, sont minces, coniques et assez pointues; il y en
P < une papille terminale plus large et plus dpaisse.
es P aques dorsales du disque se continuent sur le premier
.■ CS ^las5 mais au dela, les plaques brachiales deviennent
sin nCteS et c^acune d elles est divise'e en deux parties par un
on transversal : une partie proximale carree et une partie
— 47 ~
distale plus grande, en forme d’eventail avec un bord proximal
etroit et un bord distal large et convexe. Elies sont contigues.
La premiere plaque brachiale ventrale est grande, allongde,
losangique ou hexagonale, plus longue que large. La deuxieme
est grande, pentagonale, aussi longue que large, avec un angle
proximal tronque et des cote's lateraux obliques. Les suivantes
sont aussi pentagonales, avec un angle proximal arrondi, des
cotes latdraux droits et un bord distal fortement dchancrd; elles
sont aussi longues que larges et contigues.
Les plaques latcrales, assez prodminentes, portent cinq
piquants, courts, epais, ddpassant it peine la moitie de I’article ;
le dernier dorsal est un peu plus long.
Je ne distingue pas d’dcaille tentaculaire.
Rapports et differences. — Cette Ophiure appartient bien
au genre Ophioplus , tel que l’a defini Verrill, en raison de la
presence de plaques brachiales dorsales distinctes. Elle se dis-
nt>ue de 1 0. tuberculosus par la face dorsale du disque cou-
e plaques munies chacune d’un piquant, par la forme des
Uc lets buccaux et des plaques brachiales dorsales et ventrales,
1 due par 1 absence d’dcaille tentaculaire.
(99)
.
•.*•' , ■ . ■• , " «■ i \t ' •. ■ .. ■ • * ( . .
K : , • • ' ^
-my ■ • ' . , T;*
. ; m. . . ■•
,
'
'
AVIS
Le Bulletin est en depot chez Friedlander, 11, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separement aux prtx
suivants et franco :
Fr.
88. — Analyse des echantillons d’eau de raer recueillis pendant la
Campagne du yacht Princesse-Alice en 1906, (kun espe-
ranta traduko), par G.-H. Allemandet . ....
89. — Notes sur lesgisements de Mollusques comestibles des C6tes
de France. — La region d’Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Joubin, professeur au Museum d’Histoire naturelle
de Paris et a l’lnstitut Oceanographique .
go. — Description de l’extremite posterieurc du corps anormale
chez deux Motella fusca Rlsso, par lc D' M. Jaquet,
Conservateur au Musee Oceanographique (avec une plan-
che double) . . . .
91. — Analyse de quelques echantillons de Pclagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun esperanta traduko), par
G.-H. Allemandet .
92. — Conference du 1" decembre 1906. La Presqu’ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. Joubin, professeur
au Museum d'Histoire naturelle de Paris et a l’lnstitut
Oceanographique .
9^* — Quelques impressions d’un naturaliste au cours d’une catn-
pagne scientifique de S. A. S. le Prince de Monaco (1900),
par E. -L. Bouviek, professeur au Museum d'Histoire
naturelle, Membre de l’lnstitut .
94- — Sur l’existence de la Mye dans la Mediterranee, par Fred
Vles, preparateur du Laboratoire de Roscoft .
9^* — Sur la huitieme campagne de la Princesse-Alice 1I-, Par
S. A. S. le Prince Albert I" de Monaco .
96. — Orchomenella lobata , nouvelle espece d’Amphipode des
regions arctiques, par Ed. Chevreux . .
97* — Sur une methode de prelevement de l'eau de mer destinee
aux etudes bacteriologiques, par MM. P. Portier et
J. Richard .
0 5o
2 5o
1 »
o 5o
1 5o
1 5o
o 5o
0 5o
1 »
1 »
9^* Questionnaire relatif aux especes comestibles de Crustaces,
par H. Coutiere . . . . 05
99. Note preliminaire sur quelques Asteries et Ophiures prove-
nant descampagnescle la Princesse-Alice, par R. Kxehler,
professeur & la Faculte des Sciences de Lyon . .
MONACO. — IMPR. DE MONACO.
N° ioo
Avril 1907
BULLETIN
DE
1/lliSTITUT 11 U; I Uni !!t I’ll HI II;
(Fondation ALBERT Rr, Prince de Monaco)
-<8-
L’lNDUSTRIE DES SALINES CUTIERES
Par le Dr L. Maillard
Professeur agrt'ge a la Faculty de Midccine de Paris.
(avec 8 planches)
M O N A C O
X s
Les auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes .
t° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congies
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
3° Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
3° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou
a l’encre de Chine.
6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papieis
caiques les recouvrant.
7° Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon non sur
papier procede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans e
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d'un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sui
manuscrit — suivant le tarif suivant :
! 50 ex.
Un quart de feuille . 4f »
Une dcmi-feuille . 4 70
Une feuille entiere . 8 10
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
5f 20
6f 80
8f 4o
10 f4o
1 80
22 80
35 80
6 70
8 80
1 1 »
1 3 40
9 80
1 3 80
16 20
19 4o
II faut ajouter a ces prix celui des planches quand il y a lieu.
A dresser tout ce qui concerne le Bulletin a Vadresse suivante •
Musee oc6anographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° ioo. — Avril 1907.
[/Industrie des Salines cotieres.
Par le Dp L. MAILLARD
Professeur agr6ge a la Faculty de Mldecine de Paris.
Parrai les ressources materielles quc l’Ocean met a la dispo¬
sition de l’activitd humaine, il en est pcu dont l’importance soit
comparable a celle des produits salins retires des eaux de mer.
Pant par les chiffres de sa production, que par sa necessite pri-
11101 diale pour l’alimentation de l’homme et des animaux, pour
1® grande industrie chimique, et pour cette autre exploitation des
lessources de 1’Ocean qu’est la grande peche, Y industrie salini'ei'e
areiite 1 un des premiers plans dans un tableau de l’ocdanogra-
P >e appliqude aux besoins de l’homme.
^ Nature et situation des exploitations saliniIsbes
T 1
^ eau des mers renferme, coinme on le sait, un grand nom-
tr°ude substances en dissolution; certaines d’entre elles s’y
eng ent en abondance, d’autres en moindre quantite, d’autres
facor a ^ etat traces minuscules ; mais on peut dire, d’une
b]e gcnerale, que le milieu marin renferme, en quantitd varia-
’ °us les elements ou corps simples dont la chimie reconnait
au)ourd’hui l’exis
c°uv
re les
existence. Cela se concoit, car le re'seau fluvial qui
(jes continents, execute perpetuellement une lixiviation
ya ^ stances solubles dans l’eau et les entraine a lamer; la
°cln-Satl0n de l eau sous Paction solaire laisse dans la masse
tion *CS Se^s clu’elle renferme ddjit, tandis que la condensar
e ces vapeurs sous forme de pluie entretient le rese^tf6
2
fluvial et son action dissolvante sur les parcelles solubles de la
terre fertile.
L’Ocean est done le reservoir gigantesque oil viennent abou-
tir tous les materiaux solubles parvenus a la surface du globe a
une epoque quelconque des temps geologiques, entre autres le
chlorure de sodium d’origine eruptive ancienne, ou celui que
ddversent encore les volcans, soit pendant leui's paroxysnies, soit
par le degagement continu de leurs fumerolles. Mais le chlorure
de sodium n’est pas le seul corps abondant de beau de nier.
Si l’on evapore une goutte d’eau salee pure, ne renferraant
que du chlorure de sodium, elle abandonne des petits cristaux de
forme caracteristique, et tous semblables, cubiques ou octaedn-
ques. Au contraire, l’evaporation d’une goutte d’eau de mei
laisse, outre les cristaux de chlorure de sodium, un semis de
petits grains cristallins affectant d’autres formes, et qui sont
constitues par les autres materiaux de l’eau de mer.
II n’est d’ailleurs peut-etre pas deux points des oceans ou
Ton trouverait a l’eau une composition identique. Une foule de
conditions, parmi lesquelles surtout l’apport d’eau douce pat U
bassin fluvial environnant, et d’autre part l’intensite de l’evapo¬
ration, font varier cette composition. C’est ainsi que les met s
peu etendues qui recoivent de grands fleuves sont relativement
peu saldes.
Voici un tableau (i) qui indique la teneur totale en mateiiaux
dissous, d’un litre d’eau de diverses mers, chaque chiffre tepie
sentant la tnoyenne de plusieurs analyses d’echantillons pi elites
en divers points de chaque mer.
Teneur par litre en materiaux solides des differentes mers.
Caspienne . 6gr 3
Mer Noire . 17 7
Baltique . 17 7
Mer du Nord . 33 1
Mediterranee . 33 7
Atlantique . 36 3
Mer Morte . 223
(x) D’apres R. Wagner et F. Fischer, Traite de chimie industries
4e edit, franpaise par L. Gautier, t. 1, p. 6o3.
— 3 —
D’autre part, le tableau suivant donnera une idee de la
nature et de la quantite respective des matdriaux un peu nota¬
bles par leur abondance, qu’on trouve dans 1 eau de mer;
prenons pour exemple la Mediterranee :
Principaux sels de la Mediterranee par litre.
Chlorure de sodium . 25Kr97
Chlorure de magnesium . 2 9^
Sulfate de magnesium . 2 tli
Sulfate de calcium . 0 9^
Chlorure de potassium . 0 ^4
Bromures de sodium et de magnesium . o 17
Carbonates de calcium et de magnesium . o o3
33gr 70
L’industrie saliniere peut se definir contme aboutissant a
1 extraction, parmi ces ntatdriaux, de ceux qui ont une utilitd.
Les carbonates de calcium et de magnesium, outre qu’ils sont
en quantite insignifiante, n’ont aucun interet, il en est de merne
du sulfate de calcium. En revanche, les chlorures de sodium et
de potassium sont directement necessaires; le sulfate et le chlo-
lute de magnesium sont utilisables, soit directement soit apres
transformation simple; les bromures rnarins ont ete la premiere
et longtemps la seule source du brome. Tels sont les corps dont
mdustrie salinibre peut sc proposer l’exploitation (1).
Une telle operation peut etre rdalisee tout simplement par
Evaporation del’eau et la cristallisation successive des diffdrentes
■^stances salines a mesurc que chacunc arrive it la saturation
Pendant que disparait l’eau qui les tenait en solution. Le role de
^ rdustiiel est de regler 1c depot des sels, et de choisir les cou-
1 les les plus avantageuses dans la sdrie des fractions succes-
I s’ en se basant sur les circonstances connues qui influencent
^Solubilite de chaque sel. Nous aurons l’occasion de revenir
Ces conditions variables dont il s’agit de tirer habilement
bp qUg^n rencor>tre frequemment le nom d’industrie salicole, mais il sem-
du se] T)^ette aPPehation s’applique plus specialement a la simple recolte
d’une envent dit, le chlorure de sodium, qui n’est pas le seul produit
^ui aussi ln? e^PLitee methodiquement. Le vieux nom de sauniers designe,
fes eXploi ^ Ut^t ^6S Personnes adonnees a la recolte du sel ordinaire, que
/ ants d une industrie saliniere complete.
— 4 —
paiti : les plus importantes sont la temperature, et la presence
des autres sels.
Parmi les sels de l’eau de mer, celui qui se depose le pre-
miet est le sel ordinaire, le chlorure de sodium, dont la masse
atteint presque les trois quarts du total dissous : son depot est
d autant plus regulier que sa solubilite n’est que tres peu influ-
encee par la temperature, le chlorure de sodium dtant presque
aussi soluble a chaud qu’a froid, c’est-a-dire se deposant aussi
bien pendant les heures chaudes du jour que pendant les heures
froides de la nuit.
Dans les regions oil le soleil echauffe suilisamment les rivages
plats de la mer, et ou le vent balaye constamment la couche de
vapieui formee, ce qui active enormement l’dvaporation, le sel
marin (chlorure de sodium NaCl) peut se deposer spontanement
sur les plages. Un phenomene de ce genre s’obscrverait, parait-
il, sur le rivage mediterranean de l’Egypte et sur les cotes basses
de la mer Noire.
Une legion classique ptour l’e'tude de la cristallisation spon-
tanee du sel marin est la baie de Kara-Boghaz, qui est un diver-
ticule de la mer Caspienne.
Si on jette les yeux sur une carte de la Russie meridionale
et du Turkestan (Fig. i) on y remarque une vaste depression
occupee en partie par des masses d’eau telles que la mer Noire,
la mer d’Azov, la Caspienne, la mer d’Aral, le lac Balkhach et
une foule de petits lacs, dont beaucoup sont sales. Tous ces
assins fermes, residus d une vaste mer qui occupait ces regions
vers les temps miocenes, sont sournis a une evaporation intense
et donnent des depots spontanes de sel marin. En particuliei,
baie de Kaia-Boghaz, sorte de petite mer ne communiquant
avec la Caspienne que par un chenal tres dtroit et tres peu pro¬
ud, balayee pai le vent chaud et sec venu des steppres tuik-
menes, s’evapore avec une rapiditd telle qu’il s’y deposerait
environ 5o,ooo tonnes de sel par jour (i). En meme temps, l’eau
a CasPlenne afflue par le chenal, pour compenser la baisse
francaise nn^r^iGNER et P[SCHER- Traite de chirnie industrielle, 4e
irancaise, par L. Gautier, t. i, p. 618.
du niveau due a Evaporation, avec une vitesse de 5 a 6 kilo¬
metres a l’heure.
L’eau sale'e de la Caspienne pdnetrc done incessamment,
depuis les temps historiques, dans la baie de Kara-Boghaz, oil
se collectent toutes les substances salines, tandis qu’elle est
remplacee dans la Caspienne par l'eau douce venue des fleuves,
notamment du grand bassin hydrographique de la Volga. La
Caspienne se dessalc done de plus en plus, sa teneur est tombee
a pres de 6 grammes par litre, tandis que les sels s’accumulent
dans la baie de Kara-Boghaz.
Le chlorure de sodium a atteint depuis longtemps, dans
cette baie, son point de saturation, et se depose d’une maniere
continue; si un exhaussement du sol se produisait, relevant le
fond de la baie au-dessus du niveau de la Caspienne, les eaux
surnageantes reflueraient vers cette mer, et le sol de la baie res-
terait couvert d’un immense depot de sel marin.
Ainsi se sont formds, dans les ages geologiques, les enormes
depots de sel gemme , dont 1’exploitation est aujourd’hui la source
'a plus importante peut-etre du sel marin.
En revanche, les autres substances dissoutes dans la baie de
Eata-Boghaz n’ont point encore atteint leur point de saturation;
jdles n ont pas commence a se deposer, et le sel qui garnit la
aie est assez pur. Mais les eaux qui le surnagent sont denses,
tles ain^res, a cause dcs composes magndsiens qu’elles renfer-
lerit en abondance. Si la communication avec la Caspienne
enait a s obstruer, le bassin de Kara-Boghaz ne tarderait pas
Se ^essdcher entierement, et tous les sels cristalliseraient les
Uns aPres les autres.
,oDans cluef °rdre se deposeraient-ils? L’etude des mers geo-
§>ques va nous fournir la re'ponse. De rnerne qu’il existe un
Se‘ 1 nornbre de gisements de sel gemme ou de gypse, repre-
0ll ant ^es depots salins partiels d’anciennes mers, de meme
ITle^^nnait (des depots complets qui sont le produit du desseche-
ainsi ^r^ress*f et total de grandes masses oce'aniques. C’est
d’Anh^U ^ CX^ste en Allemagne, dans le sous-sol du duche
Coniiualtet la Saxe prussienne, un immense et celebre bassin,
sous le nom de gisement de Stassfurt , du nom de la
(ioo)
— 6 —
localite principale (Stassfurt, Egeln, Leopoldshall, Bitterfeld,
Bernbuig, Ascherleben, etc...), sur lequel nous aurons it reve-
mr a cause de la concurrence redoutable qu’il fait a l’industrie
marine sur le chapitre des produits potassiques et magnesiens.
Ce depot de Stassfurt doit provenir de la concentration pen¬
dant de longs siecles, puis du desse'chement final d’une ancienne
mei . Le sche'ma represente (Fig. 2) peut rendre compte de
sa fointation. Sur la couche solide inferieure forme'e par le sedi¬
ment de l’ancienne mer, s’est d’abord deposee, au debut de
1 etapoiation, une couche de sel gemme a pen pres pur, due sans
doute a 1 evaporation pendant une saison chaude. Pendant les
temps froids, le sulfate de calcium voyait sa solubilite' diminuer,
et se deposait sous forme d 'anhydrite CaSO1 formant un lit de
quelques millimetres; puis reprenait ce depot alternatif du sel
gemme et de l’anhydrite pendant une duree qu'on n’evaluepasii
moins de 1 5. 000 ans. Dans le gisement, cette region de l’ anhydrite
cot respond done a une periode ou les eaux oceaniques afifiuaient
librement dans le bassin de Stassfurt.
Mais lorsque ce bassin fut ferme et soumis au dessechement
progressif, les eaux continuerent a deposer le chlorure de sodium
et le sulfate de calcium dont elles etaient encore saturdes, meles
cette fois aux sels de magnesium et de potassium. Le debut de
cette periode est marque par le ddpot du sulfate de calcium
encore, mats associe cette fois aux sulfates de magnesium et de
p tassium, sous foime d un mineral complexe appele la polyha-
le (K SO , MgSO+, aCaSO4, 2H20); cette region de la po-
J a ite est encoie, bien entendu, trds riche en chlorure de
sodium.
. ^ essus ' 'cnt region de la kieserite , caracterisee par la
SU^ate magnesium sous forme de kieserite
^ ^ ’ enfin la region de la carnallite , oil s’est deposee
n maison des chlorures de potassium et de magnesium,
a carnalhte (KCI, Mg CP, 6H20). Cette region de la carnallite,
bien 01 mC j1 Pame SUpdrieure du bassin de Stassfurt, renferme
la mer n ^ P^US’ toutes les substances qui existaient dans
citernrw °luantitd moins importante, parmi lesquelles nous
- scu ement des rognons de boracite (2Mg B80'3, MgCP)
— 7 —
utilisee pour la fabrication du borax et de l’acide borique, et les
bromures qui sont aujourd’hui la source unique du brome con¬
somme dans le monde entier.
C’est par centaines de metres qu’il faut chitlrer 1 e'paisseur
de ce depot salin. Au-dessus de lui, une nouvelle invasion
marine a jete plus lard un nouyeau sediment, qui a enferme et
protege contre la redissolution les masses salines deposdes. Les
infiltrations moderees qui se sont ccpendant produites n’ont pas
ete sans remanier un peu, en certains points, le gisement pri-
mitif, etainsi se sont produits toute une serie d’autres mineraux,
d’origine secondaire, par l’e'change mutuel des anciennes com-
binaisons.
Toute la partie superieure des depots de Stassfurt, mineraux
primaires et secondaires, a recu autrefois des auteurs de sa de-
couverte le nom de sels de deblai ou sels encombrants (Abraum-
salze) , indiquant suflisamment la gene que ces sels apportaient
'ers 1800 a ceux qui recherchaient le sel gemme. Depuis, on a
su Ls utiliser, et ces substances « cncontbrantes », qui alimentent
aujonrd’hui une trentaine de fabriques au moins(i), sont deve-
nuesune richesse inesperee pour l’industrie allemande, enmeme
temps que leur exploitation portait un coup funeste a 1’industrie
des eaux-meres de marais salants.
La description de ce gisement de Stassfurt etait necessaire
P°ui faire comprendre tout it 1’heure les conditions e'conomiques
auxquelles est soumise l’industrie saliniere marine. Elle montre
e plus 1 ordre dans Iequel se deposent les sels pendant 1 dvapo-
ation spontanee des eaux de la mer : d’abord le chlorure de
■ diurn, puis les sulfates, de calcium et de magnesium, enfin les
otures de potassium et de magnesium.
^ J antenagement des rivages en vue de l’dvaporation reglde
eaux de la mer ne peut se faire avec raison que dans les
lon Lt saison d’e^e prdsente des periodes sans pluie assez
Sues pour laisser se poursuivre sans entrave la campagne
evaPoration. En Europe, on trouve quelques salines sur les
c'/ajp1 y<,u Haller, Rapport du Jury de VExposition universelle de i goo,
7, tome ier, p. 56-59, P- 78-82.
(100)
— 8 —
cotes de l’Ecosse et de l’Angleterre, mais la region salicole ne
commence sur le continent qu’avec la cote atlantique de la
France, a partir de la presqu’ile de Quiberon. Les cartes pre¬
senters plus loin indiquent en vraie grandeur l’emplacement
occupe par les salines francaises, tant sur le rivage de 1’ Atlan¬
tique que sur celui de la Me'diterrane'e. En vraie grandeur, car
les marques de cette carte, relevdes sur la carte au 8o.oooL du
service geographique de l’armee, correspondent exactement a
l’etendue occupee sur le terrain par les exploitations sali-
nieres.
II faut, pour etablir des salines, un rivage etendu et plat,
on en chercherait vainement dans les rc:gions oil le terrain mon-
tagneux aboutit a un rivage abrupt. II existe des salines impoi-
tantes en Portugal, dans la region de Setubal; il s’en trouve en Es-
pagne, en Corse et en Sardaigne, en Italic, surtout sur les boids
de l’Adriatique, dont les rivages istriens et dalmates fournis-
sent, eux aussi, du sel. Parmi les salines situc:es hors d’Europe,
nous citerons comme nous interessant particulierement, cellos
d’Arzew, pres d’Oran, et celles de Diego-Suarez a Madagascar
Nous distinguerons deux types de salines que nous trouvons
tous les deux en France : les salines de l’Oce'an ou de l’Ouest,
qui sont de petites exploitations oil on recueille seulement le chlo-
rure de sodium, et cela par des moyens assez primitifs ] les salines
de la Mediterranee, qui sont de grandes industries oil non seulc
ment le sel ordinaire se prepare avec plus de methode, mais ou
1 on peut extraire successivement les composes nragne'siens et
potassiques des eaux-meres.
II. — Marais Salants de l’Ouest.
Les marais salants sont repartis sur les cotes basses qul
bordent 1’ Atlantique (golfe de Gascogne) dans les departenients
du Morbihan, de la Loire-Inferieure, de la Vendee, de la Chu
t vnte Infeiieure. Les installations sont en general divisees en
ots nombreux et de petites dimensions. Les statistiques de In
— 9 —
Direction Ge'nerale des Douanes (i), dont depend la surveillance
fiscale des salines cotieres, relevent, en 1905, 62 marais occu¬
pant 5 1 5 hectares dans la Direction dc Brest, 1.224 marais (2.708
hectares) dans la Direction de Nantes, 720 marais (7.458 hec¬
tares) dans celle de La Rochelle, et 5 marais (27 hectares), dont
l’exploitation parait maintenant abandonnee, dans la Direction
de Bordeaux, soit en tout 2.01 i petites exploitations occupant
une superficie totale de 10.708 hectares.
Les groupes les plus importants de marais salants sont ceux
de Guerande-Le Croisic, de File de Noirmoutier et de Bouin-
Bourgneuf dans le Marais breton, de File de Rd, de File d Old-
ron et de la rdgion dc Brouagc qui lui fait face, de Marennes et
de la Tremblade sur les deux rives marecageuses de la Seudre (2).
Voir la carte des marais salants de FAtlantique (Fig. 3).
Nous prendrons comrne exemple de marais salants ceux qui
occupent tout le fond de la baie du Croisic (Fig. 4), vaste espace
triangulaire compris entre une ligne d anciens Hots aujourd hui
Funis qui supportent les localites du Pouliguen, de Bourg-de-
Batz et du Croisic, et une petite ride de collines que domine la
petite ville de Guerande, abritee aujourd’hui encore derriere la
eeinture de vieilles murailles et de fosses qui lui donnent un
aspect si pittoresque. La corporation des « saulniers » ou « palu-
diers » de Guerande fut florissante au moyen-age. Les marais
,j. !() ^es bureaux de la Direction Generale des Douanes, au Ministere
tiens lnfnces> ont bien voulu me communiquer, avec une amabilite dont je
ressants remerc'er ici, toute une serie de documents et de chiflres mte-
le te(r2 • ^.°Fi, d’apres les documents administratifs, la liste des localites sur
utoire desquelles sont etablis les marais salants :
viipn„,,eff!0?! de Brest : Quatre-Vents, Saint-Armel, Coueser, Hour, Ker-
6nae> Kerdual, Breno
?0ur"eCti0n d e Mantes : Noirmoutier, Bouin, Bourgneuf, les Moutiers,
^•guen, Bat,, Le croisic, Guerande.
Leeuin tl°‘ n. de La Rochelle : La Tremblade, Avallon, Mornac, bontbedeau,
BroUa„e’ baint-Martin-du-Gua, Nieulle, Lusac, Marennes, Le Chapus,
z‘eres T’ u (jhSteau. Bovardville, Saint-Denis, Angoulins, Tardon, Lau-
fiauduer 7?tte» Loi*, A’rs> Les Sables-d’Olonne, Champagne, Jard, La
n°uiller 7 Fle-d’Olonne, Saint-Martin de Brem, Croix-de-Vie, Le re-
-rntMai* R'ez> Beauvoir.
c lon de Bordeaux : La Fosse, Les Meschers, Le Verdon.
(100)
10
salants alimentes par les eaux de la baie du Croisic (Grand Trait
et Petit Trait) occupent un espace de 1.600 hectares, divise en
une quantite innombrable de petits compartiments queseparent
des digues dpaisses ou minuscules, d’argile battue. Le coup
d oeil sur cette region donne une impression etrange, le regard
se sent perdu dans ce labyrinthe en apparence inextricable, au
milieu duquel Emergent seules les quelques maisonnettes du
petit village de Saille, pose' sur un etroit terre-plein, et dont le
nom seul evoque aujourd'hui l’antique source de richesse.
Dans les marais de l’Ouest, on utilise, pour la circulation
des eaux a concentrer, l’energie elle-meme des marees de l’Ocean.
Le sol de la saline, ou tout au moins des parties centrales oil se
fera 1 evaporation, est a un niveau inferieur de im 5o a 2 metres
en general de celui des grandes marees : a l’e'poque de ces marees
1 eau penetre par un canal ou etier dans un grand reservoir
nomme vasiere ou jas, profond d’un ou deux metres, ou elleest
alois retenue au moyen de vannes pour etre distribute progres-
sivement dans les bassins d’e'vaporation. Apres un certain sejour
dans la vasiere, oil elle se clarifie par depot des particules en
suspension, 1 eau est amene'e par des conduits nomine’s gourmas
et faux gourmas , munis de vannes, dans toute une strie de
bassins, de dimensions et de profondeur decroissante, les chauf-
foii s, ou elle se concentre peu a peu par evaporation naturelle.
Ces chaufloirs, dont les series successives portent les nonis
d egobiet s, couches, fares, adernes (designations un peu variables
d ailleurs avec les localite's), sont disposes de telle sorteque pour
les parcourir tous l’un apres l'autre, 1'eau soit obligee de faire
un tres long trajet en spirale qui la rapproche du centre de la
saline, ou se trouvent les cristallisoirs. L’habilete du paludier
consiste a ouvrir chaque jour les vannes d’alimentation poui
aire progresser une quantite d’eau egale a celle qui s’evapore,
poui maintenir a 1 eau parvenue a la fin de son trajet la con¬
centration voulue pour la cristallisation.
Ln soitant des bassins de concentration, l’eau est enfin dis-
e'e pai une ligole, le guijfre ou delivre, dans les aires ou
6tS °h va se faire ^ depot du sel. Les ceillets occupent la
paitie centrale de Sexploitation; l’eau qui avait dans les couches
\
une epaisseur de 1 5 a 35 centimetres, et dans les adernes environ
5 centimetres, n’a plus que 2 centimetres dans les oeillets, et
meme seulement 1/2 centimetre au centre de ceux-ci. Elle est
sortie tres concentree des adenies, et atteint ties rapidement
dans les oeillets 25° au pfese-sels Baumd, alors que 1 eau de la
raer ne marquait que 3° 5 Baume environ. A 25° Baume com¬
mence la cristal 1 i sat i < > n du sel. Fn meme temps se d^veloppe
dans les oeillets une faunc toute speciale de petits organismes
dont beaucoup sont pourvus de matiere colorante rouge, et leur
ensemble communique aux oeillets dcs salines une teinte rouge
brique tres caractdristique.
Voici un plan (Fig. 6 qui reproduit fidelement 1 une des
exploitations existant au Croisic. On peut se faire ainsi une idee
de la regularity monotone de ces echiquiers etranges.
Les vasieres et les gobiers sont entoures de digues argileuses
assez epaisses sur lest|uelles on circulc; mais les oeillets ne sont
Spares que par d’etroites et basses bandelettes de terre, des
ponts. ou peut juste marcher un homme. Au milieu de cette ban-
delette se trouve une petite plate-forme, de 2 metres de diametre
a peine, la ladure , qui sert a rccueillir le sel peche chaque joui.
Le chlorure de sodium cristallise bientot en grandes tremies
Cleuses, que les forces capillaires soutiennent a la surface de
leau’ oa dies ne tardent pas a former une croute qui empeche-
la't 1 evaporation de se poursuivre. Aussi, le paludier passe-t-il
^0lIS les jours pendant la saunaison, arrne d’un rable , sorte de
frand Iate&u plein en bois, avec lequel il brise la croute et
1SSe ^ eau de l’oeillet. Plusieurs fois par semaine, ou meme
Us ^es )ours si le temps est favorable, on racle avec le rable le
d de 1 oeillet et on attire ainsi les cristaux de sel que 1 on
semble en petits tas sur la ladure.
Un 01sclu on peche a part les cristaux qui surnagent. on obtient
niai assez blanc que Ton amasse sur une ladure speciale,
IT). °n con?oit que le raclage du sel sur le fond de 1 oeillet,
ParM! aVCC de-xterity, ne soit pas sans entrainer quelques
(sel es de terre argileuse, qui donnent au sel un aspect grisatre
gris^ ' ^eS mara^s du Croisic ne produisent guere que du sel
aque oeillet en fournit environ 1.200 kg. en moyenne. 11
lioo)
— 12 —
faut pour cela que la campagne be'neficie d’une quarantaine de
belles journees, entre les mois de juin et septembre.
Le sel sorti de 1’oeillet dgoutte d’abord sur la ladure, puis on
le porte sur une plate-forme de la digue, le tremet, oil on le
rdunit en un gros tas conique apele mulon. qui est plus tard
recouvert d’une couche de terre glaise pour le proteger de la
pluie. Ces mulons blancs, que l’on.voit de loin jalonner les
marais, servent de magasins temporaires oil l’on puise le sel
suivant les besoins.
Le sel des marais de l’Ouest est, comme nous l’avons dit,
du sel gris, contenant une petite quantite de matieres vaseuses.
Certaines personnes le preferent pour l’usage alimentaire,
lui trouvant, parait-il, un certain « gout de violette », qui
proviendrait peut-etre de la transformation des matieres orga-
niques, — si le fait est exact, ce dont je ne me porte pas
garant.
D autres fois, on entend dire que le sel gris « sale davantage »,
cette expression voulant designer une sapidite un peu plus pro-
noncee, que le sel gris doit a sa teneur en sels de magnesium,
de saveur arnere. Ces sels de magnesium tombent en deliques¬
cence par Fhumidite ambiante et s’e'gouttent en partie pendant
le sejour en mulons, mais il en reste toujours une quantite
appreciable (6-i5 gr. par kilogr.). On trouve de plus dans le sel
giis de petits grains blancs qui ne se dissolvent pas facilement,
et qui ne sont autre chose que du sulfate de calcium (parfois
une dizaine de grammes par kilog.).
Ln resume le sel de l’Ouest est toujours assez impur et ne
contient guere que 87-gi p. 100 de chlorure de sodium. Cela se
concoit, puisque sa cristallisation se poursuit durant toute la
saison dans les ceillets oil les eaux-meres s’accumulent sans
cesse, sans jamais etre evacuees pendant la campagne. Ces
eaux-meres sont d’ailleurs entierement perdues, et on n’en retiie
pas les composes potassiques et magnesiens : le sel ordinaire est
le seul produit des salines de l’Ocean.
Le sel gris peut d’ailleurs etre r affine; en principe cette
operation consiste a redissoudre le sel en une saumure concen-
tiee qui depose les particules en suspension, puis qui est alors
soumise k Evaporation dans des chaudiferes specialcs. cn meme
temps qu’on agitc la masse pour obtenir le sel en petits cristaux
(selfin). II existe sur nos cotes de l’Ouest quelques raffineries;
le sel qui en provient peut etre compare a celui que fournit
l’evaporation mdthodique des sources salves ou de l’eau des
puits de dissolution artificielle dans les terrains saliferes. II est
reserve a l’alimentation.
III.
SaLINS DE I.A Ml'iDITERRANIiE.
Le grand arc de cercle que dessine, depuis les Alberes jusqu a
la rade de Marseille, la cote basse du golfe du Lion, est bordde
sur presque toute son etendue par une ligne d’c:tangs que des
bandes d’alluvion ont sdpares de la mer avec laquelle ils ne
rommuniquent plus que par d’dtroits chenaux, des gratis ,
suivant l’expression locale. Bien que les terrains environnants
deversent a leur surface, lors des temps pluvieux, un peu d eau
douce, ces etangs sont salds, et c’est sur leur pourtour qu’ont
ete etablis les salins.
La carte ici dessinee (Fig. 7) montre dans le departement de
ude une dizaine de salins alimentes par les dtangs de Leucate,
e Lapalme et surtout celui de Sigean, petite region saliniere
°nt le centre est le port de La Nouvelle, au ddbouche de l’dtang
e Bages et de Sigean. Plus au Nord, dans I’Herault, 1 dtang
1 Aude
et celui de Vic fournissent un autre groupe de 6 ou 7
de Thau
I Barm^ lesquelles il faut noter les salines de Cette (\ illeroi,
^yuinzieme]. Tout au fond du golfe, la curieuse ville d’Aigues-
e tes di esse ses remparts moyenageux dont le pied baigne
(je i°re ^ans *es etangs multiples et ddchiquetds, seul souvenir
en mei ^re dloignde sans retour : une dizaine de salins (1)
CetteClne activite sont installes sur les bords de ces etangs, dans
duGard'11011 ^ ' *Va^e *agunaire qui appartient au ddpartement
Souse' Ui i^arette> Quarante-Sous, Perier, Repausset, Gougouse,
> Abbe, La Larbiere, Mourgues.
(100)
Les Bouches-du- Rhone possedent, elles aussi, d’importantes
salines : d’abord en Camargue le grand Salin-de-Giraud, pres
de l’embouchure du Grand Rhone, puis un groupe assez nota¬
ble echelonne autour du golfe de Fos et de l’etang de Berre.
A partir de l’Estaque, la cote se reldve, sa nature change et perd
le faci&s alluvionnaire pour prendre un aspect rocheux; aussi
ne trouve-t-on plus de salins vers l’Est, si ce n’est le petit groupe
isoledes Salins d’Hyeres et des Pesquiers, derricre la presquile
de Giens, dans le departement du Var.
En 1905, les statistiques de la Direction generalc des Douanes
relevent dans la Direction de Perpignan 7 salins avec 073 hec¬
tares, dans celle de Montpellier 17 salins (6.420 hectares), et
dans la direction de Marseille 17 salins (i.3o3 hectares). En tout,
41 salins occupant une superficie totale de 8.096 hectares (1).
Nous avons vu que les marais de l'Ocdan occupent 10.000
hectares, mais ils sont au nombre de plus de 2.000. La compa
raison des deux types de salines est frappante : environ 200
hectares en moyenne pour un salin du Midi, et 5 hectares settle¬
ment pour un marais de l’Ouest.
Les salins de la Mdditerranee se signalent par deux carac-
teres qui resultent de leur situation geographique : d aboul
l’activite de l’evaporation, due tant a l’intensite de la radiation
solaire qu’au mistral qui balaye incessamment vers la met
1 atmosphere de vapeur d’eau exhalde par les dtangs, PU1S
l’absence de marees appreciates dans la Mediterranee. Ces deux
circonstances, dont la premiere permet une grande production,
tandis que la seconde exige un appareillage mecanique pins on
moins couteux, ont donne aux exploitations mdditerraneennes
un caractfere de grande industrie que n’ont pas les marais salants
(1) Void la designation des locality, d’apres les documents adminis
tratifs :
Direction de Perpignan : Estarac, Peyriac-de-Mer, Le Lac, Sigean
Grimaud, Tallavignes, Sainte-Lucie, Leucate, Durand, Cordes, Lapalme.
Direction de Montpellier : Giraud, Lavignolle, Garouyas, Mourgues.
La Larbiere, L’Abbe, Pangouse, Gougouse, Repausset, Perier, Quarante ^
Sous, La Marette, Villeneuve, Frontignan, Villeroi, Meze, Luno, L
Bagnas, Le Quinzieme.
Direction de Marseille : Berre, Lavalduc, Pesquiers, Salins-d’Hyeres.
5 —
de l’Atlantique. Et comme il arrive toujours lorsqu'une indus-
trie s’est montee sur une grande echelle, l’industrie saliniere du
Midi s’est distinguee par la regularite dc ses produits, d une
part, et d’autre part par 1’etudc scientifique et 1 exploitation
me'thodique de ses rdsidus. (’,’est sur les bords de la Mediterra-
ne'e qu’a pris naissance, grace surtout aux celebres recherches
du chimiste Balard dans son laboratoire de Montpellier, l’indus-
trie du brome, des sels potassiques et magnesicns. industrie
bien francaise qui, mutilee a l’heure actuelle par la concurrence
redoutable de Stassfurt, reprendra peut-etrc un jour sa prospe¬
rity premiere.
L’exploitation complete des salins de la Mediterranee peut
done etre divisee en deux phases : la recolte du sel marin, et le
fractionnement des eaux-meres.
i° Recolte du chlorure de sodium.
On ne peut plus s’en remettre ici a la denivellation produite
Pai ^es ntarees, du soin d’assurer la circulation de l’eau a travers
toute la serie des compartiments de concentration : il faut
pompei l’eau, soit pour l’amener de la mer dans les grands
assins de concentration, les partenements ou chauffoirs , soit
l°ui la faire passer de ces derniers sur les tables salantes ou aura
leu le depot du sel.
Oes premiers compartiments ont une surface considerable;
q. Scn 1 endra compte aisdment lorsqu’on saura que le salin de
tar*au^’ Par exemple, occupe a lui seul plusieurs milliers d’hec-
nie^S* ^es chauffoirs sont disposes de telle sorte que l’eau de
tio ’ amenee dans le plus elevb par une pompe, a sa concentra-
gr.c natUrelle 3° 6 au pese-sels Baume, circule lentement
eile C a Une legbre pente jusqu’au compartiment le plus bas, ou
gran^aiclUe 2^° B., apres avoir depose, a partir de i6°B., une
reri|. 6 cluaritite de sulfate de calcium, que la Mediterranbe
guere me 611 tendance. Un metre cube d’eau de mer ne fournit
telle ^Ue I0° ^tres de saumure a 25°, prete a saliner. Une
ncentration exige plusieurs mois, mais cela n’a aucun
(ioo)
— 1 6 —
inconvenient, car les exploitations du Midi ont toujouis des
provisions de saumure que Ton peut conserver d’une annee a
l’autre dans d’immenses reservoirs.
Pour realiser la cristallisation du sel, on commence pai pi e-
parer les tables salantes , vastes bassins carres de i5o metres
environ de cote, dont le fond est forme d’argile bien battue et
aplanie, sur laquelle on fait concentrer de l’eau de mer jusqu a
8°B. pour favoriser le developpement d une culture de petites
algues iilamenteuses. Ilse forme ainsi un feutre vegdtal sene,
de plusieurs millimetres d’epaisseur, qui enferme laigile et
l’empechera de venir souiller le sel.
Les tables ainsi preparees, on y repand a l’aide d une ponipe,
Yean en sel a 25°, sous une epaisseur de io centimetres. Lorsque
beau atteint 25° 6, la cristallisation commence, et il se forme
jusqu’ii 270 un depot de sel de ire qualite, renfermant au moins
97 p. 100 de chlorure de sodium. On fait passer 1 eau sui d au
tres tables et on la remplace sur les premieres. Irois auties
series de tables, a Giraud, par exemple, servent a poursuivre la
concentration, d’abord de 270 a 28° 5 B. (ddpot du sel de 2C qua
lite), puis de 28° 5 a 3i° B. (sel de 3e qualite), enfin de 3i° a 32 5B.
(sel de 4° quality). II faut dire que ce sel de 4e qualite renfeime
encore autant de chlorure de sodium que les sels de 1 Ouest.
Autrefois le Salin de Giraud ne recoltait que le sel de pie
miere qualite (environ So. 000 tonnes) ; les autres cristalhsations
n’avaient pour but que de debarrasser l’eau-mere de la majeuie
partie du chlorure de sodium, afin de faciliter l’extraction des
sels potassiques et magnesiens. Les eaux-meres dtaient done
soigneusement decantees ; quant aux sels des qualites inferieui e ,
ils etaient simplement redissous sur place dans de l’eau douce
et rejetds a la mer, faute de trouver l’emploi d’une si gi
ande
quantite de sel.
Aujourd’hui, e’est le contraire. La valeur industrielle des
eaux-meres a notablement diminue, par suite de la nhse en
oeuvre des depots fossiles de Stassfurt. En revanche, rimrnensc
gaspillage de sel rnarin a ddtermind la Societe Solvay et ^
dtablir, a Giraud meme, une grande fabrique de soude Pal
1 ammoniaque, qui consomme actuellement environ 1 00.000
tonnes de sel chaque ann^e.
— 17 —
Les salins de la Mediterranee recoltcnt done maintenant
tout leur sel. Le levage ne se fait gufcre qu’une fois par an, deux
ou trois fois au plus; pendant les mois de juin et juillet, on
laisse le depot s’accumulcr sur les tables, puis on leve le sel
avec des sortes de rateaux au commencement d’aout, dans la
crainte des orages, qui pourraient amener un desastie. C est
ainsi que, il y a quelques annees, de veritables tiombes de pluie
s'etant abattues sur le Salin de Giraud, ont noye d’eau douce
les tables salantes, et redissous, parait-il. plus de 100.000 tonnes,
au moment ou on allait recueillir les fruits de la campagne.
Lorsqu’on a fait ecouler des tables les eaux-meres et dc:tache
le depot de sel, on le met sur place (Fig* 8) en tas coniques de
7 a 8 tonnes, appeles gerbes , et on le laisse egoutter pendant
quelques jours (Fig. 9}. On le transporte alors, soit sur des
brouettes (Fig. 10), soit par wagonnets, dans une grande fosse
oil le puisent (Fig. 11) des eldvateurs mdcaniques, ele'tateuis a
godets, ou tabliers roulants, pour le deverser au sommet des
camelles (Fig. 121.
Une camelle est un immense talus de sel soutenu a sa base
par une robuste palissade, talus dont le faite atteint jusqu a in
16 metres, avec une largeur semblable. A Giraud, pat exern-
pUi une longueur de 1 metre de camelle represente 200 tonnes
sel. A mesure que le sel atteint la hauteur voulue, on ddplace
lateralenient l’elevateur pour former une nouvelle tranche de
eatnelle. L’egouttagc se termine dans les camelles, dont la base
a installee sur des graviers ; il est superflu de recouvrir la
camelle pour la preserver de la pluie, car le prix de cette opeia-
'°n vaudrait plus que la petite quantitd de sel perdue pat
'ssolution. De plus, la pluie lave le sel et entraine la petite
P’oportion de sels magndsiens qui le souille.
^es catuelles servent de magasin ou Ton peut prendre le sel
utesure des besoins pour l’embarquer par wagons ou pat
lteaux. Elies ont de plus une autre utilite lorsqu’il s agit,
^ ntiTte a Giraud, d’alimenter une soudiere toute proche. La
’’Ccltion de la soude a l’ammoniaque introduit le sel dans ses
PPareils sous forme de saumure concentree : a Giraud la pi e-
otion de cette saumure se fait tres economiquement. Le
(100)
pied de la camelle est entoure de murettes qui forment un petit
bassin etanche, a sol ldgerement pente : on amene, a la partie
la plus relevee, de l’eau douce a debit convenablement regie,
qui imbibe le pied de la camelle, dissout le sel, et descend dou-
cement vers la partie la plus declive ou elle arrive sous forme
de saumure qu’il ne reste plus qu’a pomper pour l’envoyer a la
soudiere.
Je doisune serie de photographies intdressantes a l’obligeance
de la Compagnie des Salins du Midi (i), qui possede de tres
vastes etablissements, notamment a Cette, a Aigues-Mortes et a
Berre, et qui m’a envoye, avec des vues prises dans ses salins
d’Aigues-Mortes, un certain nombre d’echantillons caracteris-
tiques.
On y distingue du sel dit « tout venant », en gros fragments
compacts, longs de plusieurs centimetres, — du sel n°4, en
grandes trdmies de plusieurs centimetres, — du sel n° 3, dgiuge.
destine a la peche, en grains anguleux de 3 ou 4 millimeties
environ, — du sel n° 2, pour la salaison des viandes et frontages,
en petits grains de 2 a 3 millimetres de diametre, — du sel n n
fin, reserve pour la table. Ces difi'drentes grosseurs rdsultent,
soit des conditions de la cristallisation, soit du broyage a 1 aide
de moulins speciaux (Fig. i3).
20 Fractionnement des eaux-m'eres.
On a vu que la concentration progressive des eaux fouinit
du chlorure de sodium presque pur jusqu’a ce que le liquid
atteigne une densite d’environ 32° B. Mais a ce moment, il est
devenu si riche en sels de magnesium, que ceux-ci comntenccnt
a se deposer si la temperature n’est pas assez eleve’e. Aussi, la
(1) Je tiens a remercier ici M. A. Lagrenee, directeur de la ^
Salins du Midi ; M. Collin, directeur des bureaux parisiens de la CK e
produits chimiques d’Alais et de la Camargue (a laquelle appartient le sail
de Giraud) ; et les chefs de la maison Chenal, Douilhet et Ci=, qui toUS °n_
eu la gracieusete de me fournir des documents et des echantillons intere.-
sants.
— i9
simple baisse nocturne de la temperature fait-elle cristalhser
une couche de sulfate de magnesium, tandis que l’dvaporation
diurne par la chaleur solaire depose une couche de chloruie de
sodium. Tout le depot qui se forme sur une nouvelle sene de
tables ou Ton a fait passer l’eau a 32° B. pour la concentrer
jusqu’a 35° B., est done constitue par un melange de sel ordi¬
naire et de sulfate de magnesium, e’est ce qu’on appelle le sel
mixte.
II est facile, a l’aide du sel mixte, de fabriquer du sulfate de
sodium par un elegant procede du aux anciennes recherches de
Balard. Pour le faire bien comprendre, une petite parenthese
est necessaire.
Lorsque j’ecrivais, au debut de cet article, que 1 eau de mer
renferme du chlorure de sodium et du sulfate de magnesium,
parexemple, je m’exprimais sous une forme qui n est sans doute
pas fausse, mais a laquelle les conceptions modernes de la chi-
roie nous obligent a apporter quelque correctif. Si nous prenons
du chlorure de sodium NaCl et que nous le dissolvions dans
1 eau, celle-ci ne renferme pas settlement des molecules NaCl de
chlorure de sodium, mais aussi des particules libres de sodium
Na et de chlore Cl dans un etat tres particulier, que 1 on appelle
des ions , et cela en vertu d un phenomene bien connu des phy-
sico-chimistes, la dissociation dlectrolytique (i), que je ne puis
clu dvoquer ici, sans qu’il me soit loisible d'y insister. De meme,
Une solution de sulfate de magnesium ne renferme pas seulement
des molecules MgSO+ de ce sel, mais aussi des ions magnesium
§) et des ions sulfuriques SO4.
Si on dissout les deux sels a la fois, le liquide renfermera
es ^°ns sodium, des ions chlore, des ions magnesium et des
°ns sulfuriques. Lorsqu’on le dessdehera, des ions mdtalliques
lecombineront, bien entendu, a des ions metalloidiques, et il
\ re^ormera des sels, mais rien ne prouve que l’union se feta
de la
merne facon que dans les substances primitives. Si les
iiai de Ph 'lT Maillard. — La dissociation electrolytique,
Vembre l“r’nac‘e et de Chimie, (6e s), t. xxiv, p. 407 et p. 45o,
etc. — Jour
ier et 16 no-
(IOO)
20 —
cii Constances de proportions, de temperature, etc., le permet-
tent, c est maintenant le magnesium qui sera uni au chlore, le
sodium a 1 ion sulfurique : il se sera produit un double echange,
et 1 °n i etr olivet a du sulfate de sodium et du chlorure de magne¬
sium.
Ces echanges entre sels n’ont pas lieu au hasard, mais obdis-
sent au contraire a des influences bien determinees, telles que
les proportions respectives, et la temperature ou se fait l’dvapo-
lation. Leur examen a revele un certain nombre de lois dont
1 ensemble constitue la regie des phases, et a l’aide desquelles les
physicochimistes contemporains, Vant’HofF notamment, ontpu
etudier tous les details de la cristallisation des me'langes de
sels, etmesurerpar lecalcul la temperature des mers geologiques
qui deposaient les gisements de Stassfurt. Mais la sagace ob-
seivation de Balard avait decouvert, trois quarts de siecle aupa-
tavant, ceux de ces phenomenes qui interessent l’industrie sali-
niere, perfectionnee depuis par les directeurs de l’exploitation
de Giiaud, M. Merle et M. Pechiney, et leurs collaborateurs.
Revenons a nos sels mixtes. Lorsque l’eau-mere a atteint la
concentration de 35° B., on evacue, on leve les sels mixtes, dont
la composition est voisine de celle que reprdsente la formule
(2 NaCl MgSO1) (117 gr. de NaCl pour 120 gr. de MgSO1,
soit entiton poids egaux). Si elle s’en ecarte, on la corrige par
une addition convenable de l’un ou 1’autre sel. Le sel mixte est
alors dissous en une saumure a 3o°B. de densite, qu’on refroidit
vers ^ ^ I aide d une machine rdfrigerante : on voit aussitot
cristallisei en fines aiguilles du sulfate de sodium , dont la foi-
mation s’exprime par l’equation :
2 NaCl + MgSO4 = MgCP + Na2S04
tandis qu il icste une solution de chlorure de magnesium qui
sera utihsee plus tard. On recueille la boue cristalline qui est
du sulfate de sodium hydrate :
(Na2S04, ioH20);
fait fondle a chaud (vers 8o°) dans son eau de cristallisation
en presence de 20 a 22 p. 100 de son poids de nouveau sel mixte,
et on laisse refroidir en ayant soin de maintenir 33° de tempera¬
ture au moins. II se depose du sulfate de sodium anhydre
:Xa2SO+i : l’eau a ete absorbee par les sels mixtes, qui se troll*
vent precisement en solution de densite YOUlue no B.', piete
pour subir le refroidissement it — 6°.
Les eaux-meres qui ont depose les sels mixtes ont atteint
line densite de 33° B. : on les envoie dans de grands teseivoirs
betonnes profonds de 4 metres, oil elles passent l’hiver : 1 abais-
sement de la temperature fait cristalliscr une grande quantite
de sulfate de magnesium , ce qui rantene a 33° B. la densite du
liquide. II n'en restc plus alors que 16 litres environ pai metie
cube d’eau de mer.
Les eaux qui ont ainsi depose le sulfate de magnesium sont
alors concentrees ii chaud, dans un lour special, jusqu au point
oil elles commenceraient ii cristalliscr. On a d’autre part concen¬
tre tres fortement, a chaud, une solution de chlorure de magne¬
sium qu’on melange en grande quantite ii la precedente . il se
produit aussitot dans le melange chaud un precipite de sel mixte
aux depens du chlorure de sodium et du sulfate de magnesium
4U' existaient encore dans l’eau-mere et dont la solubilitd a
diminud par l’addition de chlorure de magnesium (1). Ges sels
mixtes sont recueillis et rejoignent ceux des tables salantes,
quant au liquide, on le laisse refroidir.
Alors cristallise la carnallite , en une boue de fines ai-
Suilles. On se souvient que la carnallite, de'ja citde comme
0nstituant la partie supdrieure des gisements de Stassfurt,
tion U ^ette diminution de solubilite resulte aussi des lois de la dissocia-
la So| ^-trolytique des sels ; les phvsicochimistes contemporains disent que
foUrnU * lt6 d’un corps diminue en presence d’un autre corps capable de
r'aissa^ Un, *on identique a Pun de ceux que fournitle premier. Balard con-
des ea ^ tleS> ^*en Phenomene, dont il tirait parti pour le fractionnement
nue pa* ,?^re.s; et exprimait en disant que la solubilite d’un sel dimi-
metal 1 • Edition d’un autre sel renfermant le meme acide ou le meme
gnesiu C1’ le nlagnesium de MgCP diminue la solubilite du sulfate de ma-
que le cL?G1lovoque la nouvelle precipitation de sel mixte, en meme temps
tion do 1 01 6 m®me MgCP rendra beaucoup plus complete la precipita-
e la carnallite.
(100)
22 —
n est autre chose que du chlorure double de potassium et de ma¬
gnesium (KC1, MgCl2, 6H20). Elle est la source des produits
potassiques marins comme de leurs rivaux de Stassfurt. II sullit
de la recueillir et de Parroser avec une tres petite quantite d’eau
loide . la camallite se dedouble, le chlorure de magnesium se
issout, et la majeure partie du chlorure de potassium reste a
etat cristallise. On fait naturellement le lavage avec des pre¬
cautions methodiques pour perdre le moins possible de chlorure
de potassium.
Apies que 1 eau de mer a fourni a l'industrie humaine le
oiuie de potassium, le sulfate de sodium, le sulfate de ma¬
gnesium et le chlorure de potassium, son role n’est point ter-
line. C est a ce moment qu’on pourrait en retirer le brome ,
couvert en 1829 par Balard, pre'cisement dans les eaux-meres
es sa ms de la Me'diterranee, et qui s’y trouve sous forme pro-
a ement de bromure de magnesium ou peut-etre de bromure
sot ium. II sullit pour cela d’ajouter a l’eau-mere une quan-
* convenable de chlore, qui forme, aux de'pens des bromures,
c oiuie de magnesium ou de sodium, ddplacant ainsi le
; qu il met en liberte. On sait que le brome est un liquide
ouge /once, l°urc^ peu soluble dans l’eau, et tres volatil,
cai 1 met a Pair des vapeurs rouges abondantes, d’odeur carac-
ristique, ties de'sagreable pour les muqueuses. On met a profit
cette volatility pour le recueillir.
au meie est placee dans un recipient ferme muni seule-
e ceux tubulures : on introduit le chlore (1), puis on
) te pai 1 une des tubulures un courant de vapeur d’eau qui
prepare dans ^ emo' er dans le liquide, soit un courant de chlore gazeux
soitun volume exactperateUn'lnd^?e"dant’ soit de l eau saturae de chlore,
On se content? "" ment determine de chlore pur liquefie par compression,
qui forme de r! d’a'°uter a Wmere un Jeu d’acide sulfurique,
du peroxvde de ^ chlorh>rdriclue au* dc-pens des chlorures presents, puis
drique en chlore ™anganese en grains qui transforme cet acide chlorhy-
Enfin on tend de' rJ rea^u aussit6t sur les bromures et libere le brome.
brome par electron-™ T P US’ dans les fabriques de Stassfurt, a extraire le
au pole positif a ISM !!^ec*e de solution bromuree, et recueil du brome
F a 1 aide d un dispositif approprie.
— 23 —
ressort par l’autre tubulure aprfes avoir echautlc 1 cau-mere et en
entrainant les vapours do bromc. Celles-ci se condensent dans
un serpentin en memo temps quo de la vapeur d’eau. et se
rassemblent au fond d’un recipient SOUS la forme d une lourde
couche de bromc surmontce d'une couche d’eau bromee. On
verra tout a l’heure quo 1-extraction du bromc marin a du otre
abandonnee, commc trop pen renumcratrice. devant la concur
rence de Stassfurt.
Enfin, il serait facile d’extraire, on cas de besoin, le chlorure
de magnesium, qui represente presque les 9/1 o' de ce qui teste
encore dans 1’eau-mere. II suflirait de concentrer encoie colle-ci
fortement, a chaud, et de l’abandonner au refroidissement .
une grande quantite de chlorure de magnesium cristalliserait,
laissant dans son eau-mere les pctites quantites residuelles de
chlorure de sodium, de sulfates et de bromures. A 1 heuie
actuelle, on extrait ainsi, des eaux-meres des salins de la Medi-
terranee, notamment a Berrc, a Aigues-Mortes et ii Gitaud,
une petite quantite de chlorure de magne'sium cristallisb, et
une autre petite fraction des eaux-meres sert ii prdparet la
magnesie et le carbonate de magnesium. Mais, pour des raisons
qui seront exposees tout a l’heure, on est loin d utilisei
‘'ctuellenient tout le chlorure de magndsium : la majeure partie
^es eaux-meres est renvoyee ii la Mediterranee.
Enfin, s’il est vrai que l’utilisation industrielle du biome
ntaiin a completement disparu, on a cherchd neanmoins a
•uettre a profit, en petit, l’une des proprietes du brome, 1 action
Aerapeutique de ses composes. II n’est pas possible d entier ici
ans des details sur ce genre d’applications, mais 1 action seda-
'e ^es bromures sur le systeme nerveux est connue de tous.
n a tente de l’utiliser, non seulement par voie interne, mais
U?si Par balndation. On trouve dans le commerce de gros
f ns d une masse cristalline legerement imprdgnde de matieres
ganiques brunatres : c’est le produit de la dessiccation com-
foute ^ eau-mere des salins d’Aigues-Mortes, apres qu elle a
des p1 carnallite ; on l’expedie sous cette forme pour en fail e
eriv- ains5 a raison de 4 kilos pour une baignoire de 200 litres
IOO)
— 24 —
Void, d’apres la Compagnie des Salins du Midi, la compo¬
sition d’un tel residu :
Bromure de sodium . 2 1 gr a
Chlorure de sodium . u 5
Sulfate de magnesium . 84 3
Chlorure de magnesium . 882 8
1 . ooogr o
Cette analyse montre ce qui reste dans les eaux-meres que
1 on a 1 habitude de rejeter a la Mediterranee.
^ • Produits de l’industrie saliniere.
A. Chlorure de sodium.
1 out achever ce tableau de 1’industrie des salines de met,
'! leste h dire quelques mots de l’importance de leur production,
ct des usages divers auxquels on emploie les substances qu’elle
isole. Nous commencerons, bien entendu, par le sel marin lui-
meme, le plus important de tous ces produits.
importance de
uniqu<
L evaporation des eaux de la mer n’est pas la source
du sel consomme par l’industrie ou l’alimentation ; mais on peu
diie que ce sel est toujours d’origine marine, et que la concur-
lence a 1 exploitation des mers actuelles n’est faite que par le;
depots des mers anciennes (1).
j ,P°Ur etre exact> 11 convient dc citer, a cote de l’immense productior
ile sel 1 C mCr 61 deS salines f°ssiles, une petite quantite, tres secondaire
cenilres'm/1! COnlme sous-produit par les fabriques d’iode (provenant de;
du nirraf 'arec sl> et Par ,es salpetreries (provenant de la transformation
de notnsU S° m "atUrel 6n nitrate de Potassium, a l’aide du chlorure
uncetST’ etC')- Ce Sd.ne P««-Stre livre a la consummation que sur
sante. ^ cf)nstatant qu il ne renferme aucune matiere nuisible pour la
— 25 —
Dans beaucoup de contras existent des depots compacts de
sel fossile qui consume le set gemme; on le trouve dans les
terrains des ages geologiques les plus varies, notamment dans
letrias (Lorraine francaise et Lorraine allemandc. Jura. Bearn.
Saxe prussienne, Wurtemberg, Hanovre, etc., dans le ci etace
(Cardona en Catalogue, Alpes bavaroises, duche de Salzburg.
Styrie, Tyrol), dans le tertiaire (les deux versants des Karpathes.
avec les celebres mines de \\ ieliczka et de Bochnia. Transvl
vanie, etc.). II existe du sel gemme dans presque tous les pays .
dtons l’Angleterre (Cheshire), la Suisse (Bex, canton de A aud ,
la Russie, l’Algerie ou Ton rencontre dans l’Aures de veiitables
« montagnes de sel », etc.
Lorsque le sel gemme est en couches presque pures, il sullit
de l’extraire comme un mineral, en triant au besoin les blocs,
et de le broyer pour le livrer au commerce. Sinon il est neces-
saire de le raffiner.
Tres souvent l'exploitation du sel est indirecte, en ce sens
que les depots terreux mdlanges au sel le souillent a un point
qui rend l’extraction impossible. Mais il existe generalement
dans le sous-sol de ces contrdes des nappes aquiferes dont les
eaux dissolvent le sel des terrains et viennent ensuite sourdre a
'a surface sous forme de sources salees. La concentration des
eaux de ces sources fournit line grande quantite de sel, pai
exemple dans le Tyrol et le duchd de Salzburg, dans les Basses-
Pytdnees (Salies-de-Bdarn), ou dans l’Etat d’Ohio (Etats-Unis).
Quand il n’y a pas de sources naturelles, rien n est plus facile
Cependant que d’exploiter les terrains salds par dissolution .
suffit de forer des puits dans lesquels on envoie 1 eau douce
es i uisseaux superficiels, pour la pomper ensuite lorsqu ell e
. est transformee en saumure aux ddpens du sel qui impiegne
es terrains. 11 ne s’agit pas ici de petites exploitations : on peut
l'tei Par exemple une saline de ce genre, celle de Flainval, dans
Paitie francaise du bassin triasique lorrain, qui, a elle seule,
e annue^ement a soudiere Solvay, a Dombasle (Meuithe-
^ °selle), une quantitd de saumure reprdsentant plus de
°'°oo tonnes de sel, destine a etre transform^ tout entiei en
Carb°nate de soude.
— 2 6 —
evaporatoires naturels ou se fait la ^ S°rteS de baSsins
les eaux douces sur ton \ ConcentratIon du sel lessive
peuvent donner lieu a des r<W e™ronnants, et qui
lacs sales de la ]},,«; - . ,.C° teS considerables, comme les
les chotts de PA1 ' ^ ™endlonale et des steppes turkmenes,
(Grea.S t LaM 8 "'I “ dC 1Vuh da“ las
pampas de PAmeriquedu
considerable V ' • ^ ^ P1Qduction mondiale du sel soit
dque approximative del! "nrodt Une Statis'
Europe : ^ oduction annuelle totale du sel
en
Angleterre .
Russie .
Autriche-Hongrie
France
Italie .
Portugal etEspagne
AJlemagne .
Suisse .
2.000.000 tonnes.
1.250.000 —
75o.ooo —
65o . ooo —
242 . 000 —
700 . 000 —
625.000 —
35.000 —
^1 Ion exa m i n
65o.ooo tonnes ' Stat^St^ue’ on v°it que le chifFre de
faible, ce qui s’exl COiace!ne France est notablement trop
sans doute pas ]’ - ^U£ dcdement par ce fait qu’il ne comprend
somtnent lecteZTT^ ^ Sd que les soudieres con-
passer par l’etat cristalli!°US f°rme de saumurei sans le faire
-D ciutrc part dcs d
notamment a IkibWal^11? P1^C1S *lue i’ai Pu reunir, grace
des Douanes, permetnH ,bureaux de la Direction generale
la production annnpU evaluer a plus de 1 million de tonnes
Sur ce million d ,Male d“ Sd en Fran“-
mo'tid, sont fournies 'nTlron 45o.ooo, soit pres de la
1 1 Industrie cotiere (2). Mais ce chiffre
r F wagnEr et p p
'ancaise par L. Gautier t HER'_ Traite de chimie industrielle, 4e edit.
(2) A ce chiffre • c' lj P’ 617.
tei la recolte d’un salin situ^s"6 Irance continental, il convient d’ajou-
hectares 7?; et . ur la c6te orientale de ia Corse, ou il occupe
1 annueHement de 3oo a 400 tonnes de sel.
- 27 —
n'est pas regulier, car la rdcolte du sel Mir les bords de l’Atlan-
tiqueet de la Mediterranee est soumise a des aleas nombreux
qui dependent dcs circonstances atmosphdriques. On conqoit
que les annees pluvieuses soient moins favorables que les etds
chaudset ensoleilles : mime a la fin d’unetrts belle saison, il suffit
d’un orage pour compromettre une grande partie de la recolte.
Void, a litre d’indication, et d'apres les statistiques de 1 ad¬
ministration des douanes, un tableau de la production globale
dusel de mer en France pendant les i5 derniferes anndes .
Annies : Production totale du sel
de mer en France :
!8gi . 3o8 . 265 tonnes
1892 . 463.591
1893 . 584.079 —
1894 . 3oi.a5i —
1895 . 126.033 —
1896 . 484 -927
1897 . 340.222 —
1898 . 449-494 —
1899 . 607.564 —
1900 . 4^4-434
1901 . 344.677 —
1902 . 374.216 —
1903 . 356.804 —
1904 . 510.448 —
igo5 . 449.664 —
On voit tres nettement dans ce tableau les fluctuations de la
recolte, qui a pu varier de 126.000 tonnes (1895) 3607.000 tonnes
(1899).
Si 1 on veut se rendre compte de la marche ascendante ou
^scendante du sel marin produit sur nos cotes, il devient
necessaire d’etablir des moyennes, portant sur des pdriodes
decennales, par exemple. Void un tableau ou j’ai calcule ces
m°yennes :
Piriode : Production annuelle moyenne
du sel de mer en France :
i856-i86o . 419.000 tonnes.
1861-1870 . 488.000 —
1871-1880.. . 353.000 —
1881-1890 . 333.000 —
1891-1900 . 415.000 —
1901-1905 . 407.000 —
(100)
- 28 —
On r i
d’anneesHaqprodn -riUne ba'SSe notable pendant une trentaine
a des ap^ r;eSt P°U rc,e"*> **e sans doute
de la soudiere, dont ' n°UVe,Jes’ que la creation
salin deGiraud M ■ n°US avons Paide’ sur les bonds memedu
des sels de me’ * V ******* conditions spades, 1'industric
sur les cotes de l’Oc&in P V°'C dc ddcroissance’ surtout
Les saunters P«iK
connurent aux siecl 01 anL e’ ceux de la A endee et de l’Aunis,
temps heureux nesont nT'^ ^ ^ ^ g'ande ProsPe'ritd- Ces
P equivalent dans 1 l, US ’ Par un phe'nomene dont on retrouve
culture, la petite e^ ^ UnC ^rancbe dc Pindustrie et de l’agri-
disparait peu a ^ °ltat*on’ expl°itation dc famille en general,
Quand on parcour " C°mme iusufiisamment re'mune'ra trice,
les re'gions nali.u-' 5 nieme a 1 dpoque de la pleine saunaison,
des compact; ,S 3Utref0iS " riches’ oa y femarque bien
bre s’accroit peu a
des anciennes salin ' mu^ons diminue. Les compartiments
de reservoirs pour i U bass’n d Arcachon servent aujourd’hui
quelques marais de& Vatl°n et Pe'levage du poisson ; les
donnes. em °uchure de la Gironde sont aban-
Ou se souvient d’ailloi
occupent io.ooo hecta 1S qUe ^es mara*s salants de l’Oce'an
n’en ont guere qUe s™8’ tancbs 9ue ceux de la Medi ter ranee
est tncomparablenie '°°0' celaj la production du Midi
chiifres des dernieres an1^^6111^ & cede de P^uest; voici les
AnnSes
’9oi . .
j902. .
1903. .
*904- .
1905 . .
Moyenne. .
Ouest
So .119 tonnes.
96.870 __
i8.357 —
'04.372 _
Ir3.T02 _
Midi
26i.558 tonnes.
177.337 —
338.447 —
406 . 076 —
336.562 —
• r66 tonnes. 3o3.gg6 tonnes.
Les marais de POUesf K-
a superficie totale ne f ’ ^ qU 0CCL1Pant plus de la rnoitie d<
a Production gJobale. jj°U1^lssent guere plus du cinquienie de
aut certes pas oublier que les cotes
— 29 —
mediterraneennes jouissent d'une insolation et d’une ventilation
plus favorables ; mais ces conditions gdographiques ne sufiisent
pas a expliquer de telles differences. 11 y a d’autres causes
d’ecart, qu’il faut chercher dans l’outillage mecamque et la
methode scientifique des salins de la Meditei i anee, opposes a la
petite main-d’oeuvre et a la routine qui pidsident depuis de
longs siecles a Sexploitation eles niarais de 1 Ouest. Toute in
dustrie qui cesse de se pei'fectionnei' se condamne a dcchoir,
et nulle ne saurait progresser sans l’dtude scientifique, non seu-
lement des phases de preparation du produit principal, mais
aussi des residus de fabrication, en vue de 1 exploitation des
sous-produits utiles qu’ils pourraient contenir.
Quoi qu’il en soit, la production du sel marin constitue une
ressource importante pour nos populations cotieres, suitout
pour les riverains de la Mediterrande. Le sel se vend de 35 a q5
ftancs la tonne, suivant sa puretd; on voit qu’il s agit annuelle-
rnent d une recette totale de 16 a 18 millions , meme en ne
tablant que sur des prix peu eleves.
La France est loin de consommer elle-meme tout le sel
qu elle produit : elle en exporte une grande quantite. II est
difficile de determiner ici la part respective revenant au sel de
mer et a celui qu’on retire des terrains sales. C’est d’ailleurs le
chifFre d’ensemble qui otfre le plus d’interet. A title d exemple,
011 peut noter qu’en 1905 la France a exporte en tout 352. 307
tQnnes de sel, contre une importation de 84.122 tonnes, soit un
excedent de 268.185 tonnes sorti de nos frontieres.
20 Usages du sel marin.
^n applique a de multiples usages le chlorure de sodium,
°ni llne partie est employde directement en nature, tandis que
SUtle sert a l’elaboration d’autres produits.
empl°i le plus connu, et aussi le plus important du chlo-
^le de sodium en nature, est l’usage alimentaire. On peut
ntettre, par exemple, qu’en France, io kilos par tete d ha-
sont consacres annuellement, sinon a 1 alimentation
(100)
— 3o —
proprement dite, du moins aux preparations culinaires. Car le
sel employ^ dans ces preparations n’est pas ingere tout entier :
neanmoins, l’homme en a besoin d’en absorber une quantity
notable pour la constitution de ses tissus et de ses humeurs.
Le sang en renferme environ 5 grammes par kilogramme;
comme un adulte de 70 kilogrammes possede 6 litres de sang,
il lui faut dans ce but 3o grammes de sel. 11 faut y ajouter le sel
contenu dans toutes les serosites, lymphes et plasmas intersti-
tiels de Forganisme, de telle sorte que le chlorure de sodium
contenu dans un adulte de taille moyenne peut approcher peut-
etre de 100 grammes.
Cette provision de sel que nous portons en nous n’y reste
d’ailleurs pas fixee : elle s’echappe constamment par les sdcre'-
tions renale, sudorale, lacrymale, etc., de telle sorte que nous
perdons tous les jours 1 2-1 5 grammes de sel, ce qui fait au bout
de l’annee 4 kg. 1/2 a 5 kg. 1/2. Telle est la quantite de chlorure
de sodium dont chacun de nous a besoin annuellement pour se
« refaire », au sens vrai du mot. Le chlorure de sodium joue dans
notre organisme un role qu’il ne m’est pas loisible d’exposer ici,
mais dont on peut dire qu’il est capital pour le maintien de la vie.
Aussi 1 homme recherche-t-il instinctivement le sel; la priva¬
tion de cet aliment fait naitre une souffrance et un besoin irre¬
sistible. Aussi le sel a-t-il une grande valeur commerciale parmi
les populations eloignees de la mer ou des lacs salbs, et dans
certaines parties de FAfrique, les bari~es de sel sont un objet
d echange tres important. Ces barres de sel proviennent gene-
ralement des mines de sel gcmme, oil on debite les parties les
plus pures en petits blocs allongds de dimensions convenables.
Mais depuis quelques annees, on comprime du sel fin de facon
a obtenir des pains agglomeres parfois tres durs, qui supportent
sans se briser le voyage et le transport a dos d’homnte sur de
tres longues distances.
II faut dire que le role du sel marin dans l’alimentation ne
se borne peut-etre pas a Fapport du chlorure de sodium lui-meme,
mais qu il peut etre utile aussi par les traces d’impurete's qu il
renferme. Je ne fais pas allusion ici surtout au magnesium et
au calcium, ndcessaires a notre vie, mais dont l’homme trouve
— 3i —
couramment ailleurs une provision suflisante, notamment dans
leseauxde boisson et les aliments vdg^taux; je veux parler spe-
cialement de Yarsenic. II y a quelques annas, le professeur
Armand Gautier ddcouvrit que rarsenic est un clement normal
de notre organisme : les recherches trts precises de M. G. Ber
trand et de M. Gautier lui-meme ont conduit a le considdrer
comine necessaire a la vie des tissus les plus impoi tants de noti e
Corps. line s'y trouve, il est vrai, qu’en quantitcs extiemement
petites, et c'est par milliemes de milligramme qu il iaut chiffrer
cet element si curieux. Or beaucoup de nos aliments, les vdgd-
tauxen particulier. n’en apportent que des traces intimes. Mats
M. A. Gautier a trouve i que le sel matin en renferme des
quantites variables, toujours tres petites. niais Jignes d attention,
quipeuvent, dans le sel gris, atteindre et meme depasser 3 ou
4 dixiemes de milligramme par kilogramme : peut-etre est-ce la
' une des sources de l’arsenic humain.
Bien entendu lesanimaux ressentent le meme besoin de sel .
lorsqu il existe une source ou une mare salee dans une ic:gion
depourvue d’autre part, les animaux sauvages font parfois d e-
uormes trajets pour y venir boire, et les chasseurs connaissent
Bien ce fait, qu’ils mettent a profit pour l'atlut. 11 est done natu-
lelque les animaux domestiques eux aussi aient besoin de sel,
et les eleveurs savent qu’ils ne peuvent faire prosperei le
tail sans le fournir abondamment de sel.
Lentretiendu betail n’est d’ailleurs pas le seul usage agricole
dusel. Bien que le chlorure de sodium n'entre pas, en genet al,
ans ^a constitution des vegetaux terrestres, et que la \ igue,
Un ^es plus resistants, puisqu’elle peut prosperer sur nos
‘1Vages mediterrandens et dans les plaines algdriennes, meure
es lue la proportion du sel dans le terrain atteint i p. ioo,
nnnioins on emploie une petite quantitd de sel comme engrais.
1 tains terrains pauvres en chlore mais renfermant des com-
fg -C S Potassiques diflicilement solubles, se trouvent bien d une
te addition de sel, qui transforme ces composes en chlorure
Potassium soluble, dont on connait l’heureuse influence sui
Gautier. — Bull. Soc. chim. de Paris, t. xxix, p. 865, (iyoB).
(IOO)
— 32 —
la vegetation. On emploie, bien entendu, pour Fusage agricole,
des sels impurs tels que vieilles saumures, sels ayant servi a
saler les peaux pour la tannerie, re'sidus industriels, et meme le
sable sale qu’on recueille sur certains rivages tels que ceux de
la baie d’Avranches.
Les autres usages du chlorure de sodium en nature rdsultent
de ses propridtds antiseptiques, ou des proprietes physiques de
ses solutions. Les premieres sont applique'es dans la salaison
des viandes, frontages, poissons, beurres, etc., pour leur conser¬
vation; la grande peche (peche de la morue a Terre-Neuve et a
Islande) et la petite peche font une grande consommation de sel,
ainsi que la tannerie qui recoit ses peaux « vertes » salees dans
des barils. (Le meme procede sert a la conservation des fourru-
res brutes). On l’utilise aussi pour prolonger la duree des bois
employes dans les constructions navales, pour les traverses de
chemin de fer, etc.
Le sel, en se dissolvant dans l’eau, diminue la solubilite de
certains autres corps, surtout des autres sels de sodium, et cela
d autant plus que 1’acide de ces derniers est plus « faible » (>)•
Par exemple, dans l’industrie de la savonnerie, on procede au
salage du savon , c’est-a-dire qu’on ajoute, aux liqueurs siru-
peuses contenant le savon, du sel qui le precipite en grumeaux
suinageant a la surface, ou on recueille le savon pour le moulei
en pains. C est de la meme facon qu’on recueille le carmin d in¬
digo dans les liqueurs qui le tiennent dissous. Par un processus
analogue, le sel sert encore a ddbarrasser de leurs inrpurete's cei-
tains liquides industriels, tels que extraits de bois tannants,
extraits tinctoriaux (bois de campeche, etc.) et a la separation
de ceitaines essences distillees (girofle, terdbenthine, etc.).
En vertu de ce principe que la solution d’une substance quel-
conque se congele a une temperature plus basse que l’eau puie-
1 addition de sel a la glace forme un melange refrigerant , dont
la temperature s’abaisse notablement au-dessous de o°, tout en
laissant le melange liquide, c’est-a-dire maniable. On Pellt
(i) En vertu des lois, deja citees, de Paction des corps ayant un *°n
— 33 -
atteindre par example — 20° en m<Slangeant une panic de sel
avecdeux parties de neige ou de glace pilee.
Plusieurs industries, la brasserie notamnicnt. sc servent pra
tiquement de ces melanges. Et si les trottoirs et les rues des
villes sont rapidement dcban asses dc la neige qui \ icnt parfois
les encombrer en hiver, e’est an chlorure de sodium que nous le
devons; le sel, projetc sur la neige, la fait fondre par son simple
contact, bien que le liquide resultant soit plus froid que la glace
elle-meme, ainsi que pourraient en temoigner les pieds des
passants.
Parmi les reactions chimiques du chlorure de sodium, un
certain nombre sont mises a profit par diverses industries et
consomment une certaine quantitc de sel. Nous citerons, pai
Kemple, la preparation des chlorures de certains metaux
(etain, mercure, zinc, etc.), la fabrication du sel ammoniac
chlorure d’ammonium ou chlorhydrate d'ammoniaque), le
grillage chlorurant des minerais d'argent, la preparation de
1 aluminium par certains procedes. la verrcric. le vernissage des
poteries communes, etc. Mais les grands emplois industriels du
chlorure de sodium sont ceux qui lui font subir des transfor-
mations, pour utiliser separement chacun des deux elements
1ui le constituent, le chlore et le sodium.
Les procedes depuis longtemps classiques pour 1 utilisation
du chlore consistent a traiter d’abord le chlorure de sodium
lar 1 acide sulfurique, qui en fait du sulfate de
"0US Verrons tout a l’heure l’emploi pour la fabrication de la
SOUdei « de V acide chlorhydrique. Une partie de ce dernier est
tldsde directement par l’industrie chimique, niais la majeure
h tie est soumise a divers processus d’oxydation qui en liberent
c^oje. Une petite quantity de cblore est, elle aussi, con-
t>mmee directement, car on peut le transporter facilement
^P|es avoir liqudfie le gaz chlore par la compression; mais la
** Partie est conduite a travel's des lessives alcalines,
e transforme en hypochlorites (eau de Javel, chlorure de
ChaH « en chlorates. ’
(jttant' 0Ul d ^ui l’electrochimie prepare en outre de grandes
tes de chlore et de ses derives par une voie plus simple.
lioo)
- 34 -
Lorsqu’une solution de sel marin est soumise au passage d’lin
fort courant electrique, elle est decomposee : le chlore se degage
au pole positif ou Ton peut, suivant les dispositifs, ou bien le
recueillir en nature, ou bien le laisser reagir sur des liquides
alcalins qu’il transforme en hypochlorites et en chlorates. Acidc
chlorhydrique, chlore, hypochlorites et chlorates sont des agents
precieux pour l’industrie : enumerer leurs emplois nous condui-
rait trop loin; je me bornerai a rappeler le grand ernploi des
hypochlorites pour le blanchiment des textiles, et pour la desin-
fection. On a meme songe a electrolyser directement l'eau de
mer pour la faire servir a la disinfection des villes et des
maisons particulieres : des essais de ce genre, tenths au Havre
notamment, conduiront peut-etre a des applications se'rieuses.
L’autre partie du chlorure de sodium sert it la fabrication de
la soude et de ses de'rives. L'ancien precede elabore' par Nicolas
Leblanc il y a plus d’un siecle pour defendre la prosperity de
la F ranee revolutionnaire contre l’Europe coalise'e, a ete si
parfaitement etudie, qu’il peut se maintenir aujourd’hui encou
dans un certain nombre d’importantes usines. II part du sulfas
de sodium , dont nous avons vu deja deux sources : 1 une dans
le traitement des sels mixtes deposes dans les salins de la
Mediterranee, l’autre dans Faction de l’acide sulfurique sur le
sel avec production d’acide chlorhydrique. Calcine avee 111
melange de charbon et de calcaire, le sulfate se transforme en
carbonate de sodium , qu’il suffit de purifier par dissolution
aqueuse pour obtenir les crislaux de soude du coninieiee
Chacun sait l’emploi de ces cristaux pour des nettoyages
toutes sortes : leur consommation, pour cet usage et p°l
d auties, est considerable. Traitee par de la chaux, la soluti
du carbonate de sodium fournit la soude caustique , egalemei
foit utile a Findustrie. Enfin, le traitement de la soude,
pai reduction au moyen du charbon, soit par des precedes e ^
trolytiques, fournit le sodium • metallique lui-meme, qui ten
rendre des services de plus en plus nontbreux dans l’industm-
des petits produits chimiques et pharmaceutiques.
Depuis une trentaine d’annees, un precede connu dans
pi incipe et experiment^ en grand depuis trois quarts de sie
— 35 —
le precede a l’ammoniaque, est passe dans le domaine dc la
production intensive, avec la creation des usines Soha\ . il
repose sur le traitement direct de l'eau chargee de sel. qu il
suffit d’introduire dans un cycle de reactions oil intei \ iennent
settlement l’ammoniaque et le calcaire, pour obtenir du bictzr-
bonate de sodium. La calcination transforme celui-ci en carbonate
de sodium sec, puis en cristaux de sonde par cristallisation dans
l’eau. C’est le procede a l’ammoniaque qui fabrique maintenant
leplus de soude : la production ntondiale de ce produit (i) aurait
etd, en 1902 :
Soude Leblanc . i3o.ooo tonnes.
Soude a l’ammoniaque . 1. 610. 000 —
Il ne faut pas oublier enfin que l’electrolyse de 1 eau salde,
^ui donne au pole positif le chlore et ses derives, fournit au
pole negatif de la soude, dont la production tend a progresser de
j°ur en jour.
Tel est l’ensemble des produitsdont l’Ocean gratifie la grande
"idustrie chimique, qui repose presque tout entiere, comme on
le Voit> sur le sel rnarin.
3° Regime fiscal du sel.
^ est difficile de ddcrire les marais salants exploitds
)°ui d hui encore de la me me maniere qu’autrefois, sans evo-
|| C1 s°uvenir de la gabelle, l’impot le plus vexatoire et le
.a'3^101’o du regime monarchique, a cause des inegalitds et
■ ^justices criantes auxquelles il donnait lieu.
petite'VlS^e 6n S^X 8ran<^es categories (pays de grandes gabelles,
^diim ba'3e^^S’ 8a^e^es de salines, pays de quart-bouillon, pays
ne cq es’ Pays francs) subdivisees a leur tour a l’infini, la France
flit le Peut-etre pas deux villes voisines oil le prix du sel
a CQl^ leme • ce qui coutait i livre 10 sols dans l’Aunis, arrivait
^ ^Vl'es dans l’lle-de-France. Monopole de l’Etat, la
P- C. Ch
' 446 (1904)*
aerie, in Moissan : Traite de chimie minerale, t. hi,
(100)
— 36 —
vente du sel etait affermde a une puissante socidte financier,
ceUe des Fermiers generaux, dont les employes affligeaient
les paysans de mille vexations, et traquaient, sans relache
les faux-sauniers. Ceux-ci se laissaient tenter par l’appat du
gain serieux qu ils rdalisaient en passant en contrebande le
sel d une piovince dans l’autre, et qui les poussait a risquer les
galeres, souvent meme la peine de mort. On sait les haines
accumulees dans le peuple contre les Fermiers ge'neraux : toute
la science et la philanthropic de Lavoisier ne parvinrent pas a
piote'ger sa tete. Et Ton peut dire que l’impot des gabelles eut
son idle dans les destinees sociales de 1’humanite, car il ne fut
sansdoute pas etranger a la propagation du mouvement revolu-
tionnaire dans nos campagnes.
Aussi 1’un des premiers soins de la Revolution fut-il d’abolir
e monopole du sel, que nul n’a jamais tente de retablir. La
abncatton et la vente du sel sont libres, n’dtant reglees que par
es besoms de la consommation et le libre jeu de la concurrence.
se^ es* cependant une source de revenus pour l’Etat, car
i est soumis a un droit de consommation de io francs par ioo
'i ogi amines, qui est abaisse a 7 fr. 5o pour la Corse, eta 2 francs
poui les sels introduits dans le pays de Gex et la zone neutra-
-eede la Flaute-Savoie. Ce droit concerne les sels livres poui
consommation alimentaire ou pour tout autre usage en faveui
quel n a pas ete prevue la franchise. Au droit de consomma
s ajoute pour les sels de provenance dtrangere un droit
entree qui est de 2 fr. 40 (sels bruts ou raffinds autres que
I 1CS1'’ 0U e h’. 3o (sels rafines blancs) par 100 kilogranintcs-
s piotenant de 1 Algdrie ou des colonies francaises enticn
en franchise.
L nt atfianchis de Pimpot les sels destines a P exportation. ;
^ Peche maritime francaise et aux salaisons de la Marine, a la
aifT aiat)0n ^6S ta*3£lcs ^ans les manufactures de l’Etat, all‘
. L.e sala>sons, aux usages agricoles (nourriture de bestial
de rjtl0n deS en§ra’s et amendementdes terres), aux fabriqUL
de soude, ou autres emplois industriels.
franrf|Ul t?US leS usaSes agricoles ou industriels, le sel lit11
anchise doit etre denature sous le controle de Fadministrat^-
— 3 7 —
pardes precedes specific's pour chaque industrie. Les plus fre¬
quents consistent en addition de vieilles saumures, de goudions,
de naphtaline, ou dans l entrde en reaction elle-meme du sel
dans les appareils de l’industrie.
L’eau de mer est elle-meme soumise a la taxe de consom-
mation. qu’on calcule en admettant une teneur de 27 grammes
de chlorure de sodium par litre, soit 27 kilogrammes par metre
cube, et qui est ici encore de 10 francs par ioo kilogrammes de
sel. Nul ne peut puiser de l’eau de mer, pour la panification par
exemple, ou pour un usage alimentaire ou industriel, sans
acquitter ces droits. Mais l’eau de mer destinde a l’agriculture,
aux depots d’huitres, a des bains ou autres usages medicinaux,
peut etre enlevee en franchise. Ajoutons que l’administration
autorise toujours l’enlevement en franchise de l’eau destinee
aux aquariums, jardins zoologiques, laboratoires, ou auti'es eta-
blissements d’interet public.
C’est l’administration des douanes qui est chargee de la
surveillance de la plupart des producteurs de sel. En effet, les
bouanes ont, dans leur ressort, a ce point de vue, toute une
zone large de i5 kilometres le long des cotes, et de 20 kilometres
1c long des frontieres de terre. Toutes les salines de mer sont
S|(uees dans cette zone, bien entendu ; de plus elle renferme
l|ue partie des salines de Lorraine et cellos des environs de
ayonne. Les autres salines de terre, la rnoitie de celles de
°iraine, et celles de la region jurassienne, de Dax, Salies-de-
c.un, Salies-du-Salat, sont exercdes par les Contributions in-
directes.
Voiei^ 'a tjtre d’exemple, les quantite:s de sel qui ont ete
Iv,tles par les douanes en iqo5 pour les differentes categories
dcinplois;
Consommation (taxe) . 236. 704. 723 kilog.
^abriques de soude . 440.920.694 —
Autres industries . 37.461.707 —
Grande peche . 56.208.700 —
Petite peche . 10.249.000 —
Ateliers de salaisons . 10.920.000 —
Usages agricoles . 10.461. io5 —
Total . 811.955. 929 —
(IOO)
— 38 —
Bien que cette statistique ne represente pas toute la produc¬
tion du sel en France, puisqu’il faudrait y ajouter le sel delivre
par les Contributions indirectes, elle suflira, j’espere, it montrer
l’importance relative des principaux empiois du sel marin dans
notre pays.
V. — Produits de l’Industrie sai.inikre.
B. — Produits secondaires.
Les produits secondaires dont nous devons examiner 1 usage
sont : le sulfate de sodium, le sulfate de magnesium, le chlorine
de potassium, le chlorure de magnesium et le brome.
i° Sulfate de sodium.
L’extraction du sulfate de sodium en partant des sels mixtes,
suivant le procede de Balard, se faisait autrefois regulierenient,
notamment a Giraud. Cette exploitation etait florissante a
1 epoque oh, avant [’installation des soudieres it i’ammoniaque.
le sulfate de sodium etait le point de depart de la fabrication de
toute la soude (procede Leblanc). II fallait done de grandes quan¬
tity de sulfate de sodium. Le traitement des sels mixtes, le
dddoublement du schlot (sulfate double de calcium et de sodium
ou curain qui se depose dans les chaudieres dvaporatoires des
sources salees, le traitement des sels de deblai de Stassfurt, pen-
vent en fournir en abondance. De plus, une grande quantite de
chlorure de sodium est transformee en sulfate, soit par 1 action
de 1 acide sulfurique lui-meme, soit par reaction complexe en
presence du gaz sulfureux provenant du grillage des pyrites-
et de 1 air humide (proedde Hargreaves).
Ce dernier groupe de proctfdefs donne non seulenrent le sal
fate de sodium, mais l’acide chlorhydrique dont on a besom
pour divers usages, notamment pour la preparation du chlou
et de ses derives : aussi la fabrication artificielle du sulfate de
sodium en partant du chlorure fonctionne-t-elle toujours. MJi
- 39 -
c’est l'acide chlorhydrique quiest maintenant le produit interes-
sant, et le sulfate n est plus qu un sous-produit. Les usines qui
cffectuent ce traitement font encore de la soude Leblanc pom
utiliser leur sulfate, et peuvent se maintenir grace a 1 enchaine-
raent parfait des reactions niinutieusement etudiees.
Mais on ne cherche plus a produire intcntionnellement du
sulfate de sodium. Le salin de Giraud en a abandonne 1 extrac¬
tion, devenue trop peu interessante pour remunerer la niain-
d'osuvre, et les sels mixtes qu’on a fait cristalliser sur les tables
salantes pour en debarrasser les eaux-meres potassiques, sont
aujourd’hui noyds d’eau douce a la fin de la campagne, et
rejetes a la mer.
Cependant le developpement rapide des procedes electroly-
tiques pour la fabrication du chlore, des hypochlorites et des
chlorates va apporter une nouvelle revolution dans la grande
Industrie chimique. II se pourrait que l'acide chlorhydrique perdit
bientot, a son tour, son intdret, et que la production directe du
sulfate de sodium, son extraction de la mer en particulier, se
fdtablit pour fournir a la consommation du sulfate toujours
necessaire pour divers usages (i).
Cat le sulfate de sodium est employ'd en verrerie et en cris-
tJheiie, dans les fabriques d’outremer, les raflineries de salpetre,
P°ui la prdparation de nombreux produits chimiques, et enfin
lIls la therapeutique humaine et veterinaire, comme purgatif.
2° Sulfate de magnesium.
par ]6 SU^ate magndsium est extrait, comme nous l’avons vu,
^ reP10idissement des eaux-meres, qui le laissent deposer
dg g exeinnpt de sel marin. Le traitement des sels de ddblai
n°tableSS UIt Gn ^ourn't naturellement aussi une quantitd
s°us-produit^etUe,^UantbP de sulfate de sodium est aussi fournie, comme
■Ur le nitrati Pilr 6S !abri<lues d’acide nitrique (action de l'acide sulfurique
■ndustrm -6 jte s°dium), et par de nombreuses operations de la petite
IStrie chimique
, roo!
— 40 —
Le sulfate de magne'sium n’a guere d’interet, a l’heure
actuelle, pour la grande industrie chimique; mais il a un assez
grand nombre de petits emplois industriels. De plus, la phar-
macie en consomme une quantity sdrieuse, toujours dans un
but purgatif : ce n’est pas autre chose que le sel d’Epsom, sel de
Sedlit etc., auquel nombre d’eaux mindrales bien connues
doivent leurs proprietes speciales.
II se fabrique en France environ 1.000 tonnes de sulfate de
magnesium.
3° Chlorure de potassium.
Le chlorure de potassium, ainsi d’ailleurs que les autres
composes du meme metal, n’a pas besoin d’une grande purete
pour son usage principal, l’usage agricole. On sait que les vege-
taux ont besoin de composes potassiques pour se developper, et
que leur addition fait prosperer les recoltes qui sans eux seraient
maigres, surtout dans les terrains crayeux (Champagne), sableux
(Landes) ou greseux (Vosges), a peu pres depourvus de sels
potassiques naturels.
Aussi les mines de Stassfurt inondent-elles lemonde deleuis
sels potassiques, surtout la kainite,
(K2SO+, MgSO4, MgCl2, 6 H20),
qui sont employes a l’etat brut, avec les autres sels qui L-
souillent dans la mine, et apres simple broyage. La rdgion de
Stassfurt exporte annuellement i millions de tonnes de ces
materiaux potassiques bruts, mais leur teneur en potassium
n’est pas tres e'levee.
Au contraire, les eaux-meres des salins peuvent fournir LC1
lenient, non seulement des engrais potassiques brills contenunt
une assez forte quantite (io-i5%)de chlorure de potassium
mete suitout de chlorure de magnesium, et qui sont utilises sur
une assez vaste dchelle dans les regions voisines de la Mddi-
terianee, mais aussi du chlorure de potassium a peu pres pu*
Grace a la simplicity des moyens detraction, la preparation
— 4' —
du chlorure de potassium a pu se maintenir sur la Mediterrande
malgre la concurrence allemande; le salin de Giraud en produit
environ 2.000 tonnes par an (1).
Le chlorure de potassium est la matiere premiere pout la
preparation de la plupart des composes potassiques : chlorure
pur, sulfate, alun, nitrate (salp&tre, poudres), carbonate, potassc
caustique, bichromate, etc.
40 Chlorure de magnesium.
Le chlorure de magnesium est le point de depart de la pie-
paration du magnesium metallique.
Le magnesium est fabrique depuis longtemps, et aujourd hut
encore en partie, par deplacement direct, aux depens d une de
ses combinaisons (la magnesie par exemple), a l’aide du sodium
metallique qui provient aujourd’hui, conime nous 1 avons tu,
1 electrolyse du chlorure de sodium fondu.
Mais on tend de plus en plus a se passer du sodium, et a
preparer directement le magnesium en electrolysant son chlo-
luie fondu, soit seul, soit merne en mdlange avec le chloruie
potassium (carnallite). Chacun connait la facile combustion
du magnesium et le pouvoir dclairant si remarquable qui en
1 dsulte, utilise pour la photographic et les signaux, la pyro-
echnie, etc. De plus le magndsium rend aujourd’hui de grands
en tant que corps synthetisant dans les laboratoires de
“jlle °rganique, et meme dans la petite industrie.
j e chlorure de magnesium entre aussi dans la composition
tains ciments et agglomeres, auxquels il confere une
lent tanCe fartfcuffore . Aussi les fabriques de Stassfurt recueil-
su, tlles Une petite partie de la tres grande quantite de cette
mis. ta,nCe cfuf reste comme residu du traitement de leurs mine-
nia 'es ^ernieres eaux-mdres, qui contiennent le chlorure de
§ esium, sont evaporees jusqu’a siccite, et Ton calcine
serait d’ & ^rotfuct'°n francaise totale en chlorure et sulfate de potassium
nviron 7 a 8.000 tonnes par an.
(100)
— 42 -
ensuite jusqu’a fusion ignde le residu, dc facon a obtenir du
chlorure anhydre que Ton coule et qui se prend en blocs par le
refroidissement. On peut alors transporter facilement ces blocs
sans les voir tomber en deliquescence comme le sel cristal-
lise.
Les eaux-meres des salins peuvent naturellement fournirde
la meme maniere le chlorure de magnesium fondu. Cependant
dies contiennent une petite quantitd de matieres organiques
qui charbonnent pendant la calcination et donnent au produit
une teinte grise ou noiratre. On ne saurait l’employer pour des
agglonre'res, qui doivent etre blancs, et on s’adresse aux gise-
ments de Stassfurt, oil les matieres organiques ont dte' detruites
au cours des ages geologiques.
La majeure partie du chlorure de magnesium des salins est
done icjetee a la Mediterranee. Cependant une partie serf a
fabiiquei de grandes quantites de magnesie et de carbonate de
magnesium. Si a 1 eau de mer, ou meme aux eaux residuelles des
salins, on ajoute un alcali tel que la potasse ou la soude, ou plus
simplement de la chaux, on obtient un volumineux prdcipW
blanc de magnesie hy dr alee. Celle-ci sen pour la purification
de 1 ammoniaque, du sucre de betterave, etc. On en fait des
ciments, des produits refractaires, des pierres artificielles, etc.
Si, au lieu d alcalis caustiques, on traite la solution de chlo
rure de magnesium par un carbonate, tel que les cristaux de
oude ou meme le calcaire, on obtient du carbonate de ineigi^
umi volumineux precipite blanc, qui lui aussi sert a pi epnn-i
es tiques i e'fractaires et pour Fdpuration des eaux. Enfin J
decomposition de ce carbonate par la chaleur fournit la magnet
yiee, poudietres le'gere, que Ton comprime, soit seule poU
re .^es f°uineaux, briques, creusets absolum^nt re i'
? soit en melange avec de la craie ou du sable poui en £
des agglomeres hy dr antiques, e’est-a-dire devenant tres durs au
contact de l’eau.
Sd'r en^n’ 9ue la magndsie calcinee est un Pl0C
urant des pharmacies, oil elle est employee comnte Pur§
f. ’ c°ntle Ls aigreurs d’estomac, comme contrepoison
aCld6S’ de ^^enic et du phosphore.
-43-
Les eaux-meres de la Mdditerrande fournissent annuelle-
ment, grace surtout aux procddes Schloesing, environ 20 tonnes
de magnesie et 80 tonnes de carbonate.
5° Brome.
Le brome et ses derives ont divers emploi dans 1 industiie
des petits produits chiraiques. Mais son usage le plus interes-
sant est l’usage medical, qui a mis a profit avec succes leur ac¬
tion sedative et regularisante sur le systeme nerveux, bien
connue de tous.
Je ne cite ici que pour memoire le brome, et pour dire que,
depuis la mise en valeur reguliere des depots de Stassfurt, leur
concurrence a progressivement tue l'industrie marine du brome.
II y a trois ou quatre ans, on fabriquait encore du brome
SUI nos cotes mediterraneennes ; mais la baisse continue de sa
'aleur commerciale n’a pas permis aux usines de soutenir la
concurrence : la preparation du brome rnarin est aujourd hui
completement disparue.
Mais il serait injuste d’oublier que le brome est ne des belles
rccherches de Balard sur les eaux-meres de nos salins de la
‘ ^'teri'anee, et qu’aprbs en avoir dote l'humanite, comme elle
ait Pour l’iode, l'industrie francaise en a ete longtemps la
I i'U'c Pr°ductrice, mettant ainsi les ressources de l’Ocean, par
lienee et le travail, au service de l’humanitd.
(TOO)
PI. I.
Fig. i. — Regions ponto-
caspienne et aralo-cas-
pienne. Remarquer la
haie de Kara-Boghaz.
,r'' 2- — S u •
Schema des
S,Wme«sde Stassfurt.
Depot des ch/orures
de potassium et magnesium
Depot du su/fate
de magnesium
Depot des sulfates dc
ca/cium, magnesium, potassium
y
epot du su/fate
de calcium
et du
rure de sodium
pur
SELLS DEI DEBLAI
PI. II.
PI. III.
Fig. 4. — Carte generate de la baie du Croisic et des marais salants.
S- Le Bourg-de-Batz et les marais salants dc la baic du (
(Photographie Neurdein freres).
PI. IV.
1 IG. 6. - Pian cpun marais salant de la baie du Croisic. ’
2i bondre; 3, gorge ou vanne (prise d’eau du reservoir) , 4i va* '
,ou reservoir] ; 5, comeladure (rigole de distribution de 1 eau) . ,
ler > piece commune de graduation (premier compar men .
*ene des chauffoirs) ; 7, phare, piece d’eau a faible > satur* ion
second conipartiment de la serie des chauffoirs;, a ^r! • -e
eau pres d’arriver a saturation (compartiment termina e ^
des chauffoirs); 9, guiffre ou delivre (rigole servant a ahmenter l
cnstalHsoirs); (cristallisoir) ; n, Mure (pl^'forme
P°ur la rhcolte journaliere) ; 12, tremet (plate-forme ou
semble en mulon tout le sel de la recolte).
SALINS DE. LA
MEDITERRANEE
PI. V.
FIG. y. — Carte d’ ensemble des salins de la Mediterranee.
PI. VI.
I'ig. 8. — Levage et mise en gerbes du sel, dans les salins d Aigues-Morti s.
(Photographie communiquee par la C‘c des Salins du Midi).
9- — Egouttage du sel en gerbes dans les salins d Aigues Mort
(Ci0 des Salins du Midi).
• •
PI. VII.
Fig. io. — Transport du sel, des gerbes aux elevateurs mecaniques.
(O des Salins du Midi, etablissements d’Aigues-Mortes).
Fig.
ii.
Dechargemcnt du sel dans les tremies T, ou lc ■ P11':!1'
mecanique. (Aigues-Mortes, C,c des Salins u
PI. VIII.
F,c. 12. - Elevation du sol par un tablier roulaiit, et formation d’unc camelU
(Aigues-Mortes, Cic des Salins du Midi’.
I
Fig- 13- - Moulin a sel, et dechargeur automatique de bateaux.
(Aigues-Mortes, Cie des Salins du A 1 ’)•
AVI s
Le Bulletin est en depot chez Friedliinder, 11, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separement aux prtx
suivants et franco :
Fr.
88. — Analyse des echantillons d'eau de mer recueillis pendant la
Campagne du yacht Priiicesse-Alice cn 1906, (kun espe-
ranta traduko), par G.-H. Allbmanbet . . .
89. — Notes sur les gisements de Mollusques comestibles des Cdtes
de France. — La region d’Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Joubin, profcsseur au Museum d’Histoire naturelle
de Paris et a l’lnstitut Oceanographique .
9°* “ Description de l'extremite postericure du corps anormale
chez deux Motella fusca Risso, par le Dr M. Jaquet,
Conservateur au Musee Oceanographique (avec une plan-
che double) .
91- — Analyse de quclques echantillons de Pclagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun csperanta traduko), par
G.-H. Ai.lemandet .
92. — Conference du 1" deccmbre 1906. La Presqu’ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. Joubin. professeur
au Museum d’Histoire naturelle de Paris et a l’lnstitut
Oceanographique .
93- — Quelques impressions d'un naturalistc au cours d’une cam-
pagne scientifique de S. A. S. le Prince de Monaco (1902),
par E.-L. Bouvier, professeur au Museum d’Histoire
naturelle, Membre de l’lnstitut .
94. — Sur l’existence de la Mye dans la Mediterranee, par Fred
Vles, preparateur du Laboratoirc de Roscoft .
9^* Sur la huitieme campagne de la Princesse-Alicc Par
S. A. S. le Prince Albert Iop de Monaco .
96. — Orchomenella lobata , nouvelle es.pece d’Amphipode des
regions arctiques, par Ed. Chevreux . .
97* Sur une niethode de prelevemcnt de l'cau de mer destinee
aux etudes bacteriologiques, par MM. P. PoRtier et
J. Richard .
98. Questionnaire relatif aux esp^cea comestibles de Crustaces,
par H. . .
99. — Note preliminaire sur quelques Asteries et Ophiures prove-
nant des campagnes de la Princesse-Alicc , par R. Koehler,
professeur a la Faculty des Sciences de Lyon .
100. — L’lndustrie des Salines coticres, par le Dr L. Maillard,
professeur agrege a la Faculte de Medecine de Paris (avec
8 planches) . . . . . .
0 5o
2 5o
1 »
0 5o
1 5o
1 bo
0 bo
0 bo
1 »
1 »
0 5o
1 00
2 »
MONACO. — IMPR. DE MONACO.
N° io i
30 Avril 1907
AVI S
Les auteurs sont pries do se conformer aux indications suivantes :
Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Coneres
internationaux.
2° Supprimcr autant que possible les abrogations.
i 'ur °n,n.er en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4” Ecrire en itoliques tout nom tcicntiflque Iatin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bicn blanc au crayon Wolf (H. B.| ou
a 1 encre de Chine.
G Nl pas metrre la leitre sur les dessins oripiiiaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7 Faire les ombres au trail sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
^ l^roplacer autant que possible les planches par des figures dans le
i Cn .onnant *cs dessins faits d’un tiers ou d'un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
0mifrrs re?oivcnt 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent,
man ’ •, tUre -tlrer Un noml5rc quelconque — faire la demande sur
anuscnt - suivant le tarif suivant :
I 50 ex.
Un quart de feuille ...
Une demi-feuille "l 7
Une feuille entire. ‘ |
Jt ai°llter ® ces pnx celui des planches quand il y a lieu.
1 100 ex. j 150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
—
—
5(20 of 8 o
#40
io 40
17*80
6 70 8 8o
1 1 »
1 3 40
22 80
9 So | i 3 8o
I 6 20
19 40
35 So
A dresser
!°Ul ce qui c°ncerne le Bulletin a Vadresse suivante :
oc^anographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° ioi. — 3o Avril 1907.
Notes supplementaires
sur les Calanoid.es de la Princesse- Alice.
(Corrections et additions.)
Par G. 0. SARS
AVANT-PROPOS
ete
Les Copepodes bathypelagiques dc l'Ocdan Atlantique aj ant
etudids presque simultanement par quelques auteuis an-
glais et par moi-meme, il cn est rdsultd que quelques genies et
^sPeces nouvelles ont ete denommes sous deux noras diffeTents.
n quelques cas les noms proposes par les auteurs anglais^ ont
3 P^ntd, en d’autres cas, c’est tout le contraire. Je m em-
P esse> ici, d’indiquer les cas oil dvidemment (1) les noms pio
j Ses Par les auteurs anglais doivent etre substitues a ceux
n Par moi aux especes dnumerees dans ma liste pi elimi
tio'6 ^ ^ a aussi quelques misprises concernant mes identified
ns anterieures que je ddsire corriger en meme temps.
de
, J1)
vision
Qecis;^ — que*ques cas, il m’a ete tout a fait impossible d arriver a une
les esDn assurfJe a cet egard, a raison de la maniere impartaite par aque
Sl"es °nt ete caracterisees.
(101)
—
—
Les especes additionnelles e'numerees dans le present article,
sont, comme on le voit, tres nombreuses, et la plupart d’entre
elles se sont montrees nouvelles pour la science, ce qui sernble
prouver qu’il y a encore beaucoup a faire au sujet de l’etude
des Copdpodes bathypelagiques. II doit etre note que plusieurs
de ces especes nouvelles ne sont representees que par des exern-
plaires tout a fait solitaires, fait curieux, qui semble en effet
indiquer que, malgre les recherches nombreuses de nos temps,
il y a encore des regions de l’Ocean Atlantique dont la faune
bathypelagique est fort peu connue, au moins a l’egard des
Copepodes.
Corrections.
Le genre Macrocalanus G. O. Sars, 1905, doit etie .
Megacalanus , Wolfenden, 1894.
/Etideus Giesbrechti, Wolfend. = yEtideus Gicsbi cchti,
G. 0. Sars.
Chirundina angulata, G. O. Sars = Undeuchxta majoi ,
Giesbr.
Undeuchaeta australis, Brady = Undeuchxta minoi , Giesbi.
Euchseta porrecta, G. O. Sars = Euchceta barbata, Biady.
Onchocalanus trigoniceps, G. O. Sars, igo5 = 0. (Xantho
calanus) cristatus , Wolfend., 1904.
bucicutia gracilis, G. O. Sars, 1900 = Lucicutia atlanhca ,
Wolfend., 1904.
Lucicutia aurita, G. O. Sars, 1905 = Lucicutia bicornis ,
Wolfend. (1), igo5.
Mesorhabdus annectens, G. O. Sars, igob = Af. (Heteio
1 babdus) brevicaudalus , Wolfend., igo5.
Augaptilus gibbus, G. O. Sars, njo5 = Augaptilus gtbbus,
Wolfend., 1904.
Candacia obtusa, G. O. Sars, 190D = Candacia rotunda ,
Wolfend., I904.
la i’1 L br Wolfenden m’a informe que son article lut publie
ls que mon article est date de juin.
(101)
- 4 —
Especes additionnelles.
Famille CALANIDiE
1. Calanus brevicornis, Lubb.
2. Calanus propinquus , Brad}’.
Famille PARACALANIDA3
3. Paracalanus nanus, n. sp.
Taille : omm 6o
Corps assez grele, avec la division ante'rieure un peu compri-
mee et de forme etroitement allongee. Segment cephalique deux
lois aussi long que les trois segments posterieurs du metasome
icunis et tres bombe par devant, montrant, vu en profil, une
forme assez semblable a celle des Scolecithricella minor (Brady).
Queue peu de'veloppe'e, ayant le segment genital tres court.
Antennes ante'rieures reHechies, ne depassant pas la division
ante'rieure. Pattes natatoires assez grelcs, particulierement celles
de la q paire; article 2e de la rame interne, dans les deux paiics
medianes, muni a la face posterieure d’une rangee oblique de
tiois epines gieles. Pattes de la 5e paire tres petites, biarticulees,
at tide terminal beaucoup plus court et plus etroit que le basal,
muni au bout, en dehors, d’un denticule petit, et en dedans,
d’une soie mince.
Cette forme est probablement la plus petite de tous les Cala-
noides connus.
Stn. 142, 2o5o (i).
4- Calocalanus stjliremis, Giesbr.
ti ti ouve aussi cette espece dans le plankton du Golfe de Naples.
— 5 —
Famille PSEUDOCALANIDiE
5. Spinocalanus abj'ssalis, Giesbr.
6. Spinocalanus magnus, W olfend.
7. Spinocalanus latifrons, n. sp.
Taille : ca. 2mm
Voisin du S. abj'ssalis , mais s'en distingue nettement pai la
forme diffe rente du segment cephalique, qui est beaucoup plus
voute par dessus, avec la partie frontale assez elaigie. Dernier
segment du metasome se terminant de chaque cote en un lobe
arrondi, un peu saillant, mais tout a fait lisse. Queue atteignant
en longueur un tiers de la division antdrieure, segment genita
plus long que les deux segments suivants reunis et un peu bomb ’
enbas. Pieces furcales assez courtes ct tout a fait lisses. Anten
nes anterieures manquant chez l’exemplaire examine. Antennes
posterieures avec la rame externe beaucoup plus longue que
1 interne. Pattcs natatoires moins greles que chez S. abj ssa is,
ai tide de la rame externe, dans les deux paiies mediane ,
muni a la face posterieurc d’une rangee transversale d enviro
10 opines minces.
283 (un seul exemplaire).
8. Spinocalanus hirtus, n. sp.
Taille : 2™m 90
Augment cephalique peu voute par dessus et a)- ant la F
°ntale assez etroite. Lobes lateraux du derniei segment
letasome peu saillants, mais garnis chacun en bas de polls lms.
(iox)
Queue depassant a peine en longueur un quart de la division
anteiieurc, segment genital assez court. Pieces furcales hdrissees
de poils fins a la face dorsale. Antennes anterieures un peu plus
longues que le corps. Antennes posterieures avec les deux rames
de longueur presque egale. Pattes natatoircs assez greles, avec
la panic basilaire seulement herissee de poils, rames tres ind-
gales et toutes les deux, munies, a la face posterieure, de plu-
sieurs rangees de denticules tres fins.
Stn. 1781 (un seul exemplaire).
9. Monacilla tenera, n. sp.
Taille : 2mm 2o
Corps beaucoup plus mince que chez 1’espece typique. Tete
separee du premier segment pddigere, par une suture bien
definie et ayant la partie anterieure distinctement carene'e en
dessus et assez elargie des deux cotes. Epines rostrales assez
longues et effile'es, celle de droite un peu plus longue que celle
de gauche. Dernier segment du metasome non completenient
soude au precedent ; lobes lateraux courts et arrondis au bout.
Queue depassant en longueur un tiers de la division anterieure,
segment genital parfaitement symetrique et assez bontbe en bas.
Pieces fuicales plus allongees que chez l’espece typique. Anten¬
nes antdrieures reflechies, s’etendant presque au bout de la
queue. Antennes posterieures, pieces buccales et pattes nata-
toires dune structure tres semblable a celle de M. tjpica. Pattes
de la 5 paire (chez la femelle) tout a fait absentes.
Stn. 2114, 2168, 2197.
‘Famille 2ETIDEID2E
to. sElideus armatus , Boad.
"• yEtide°psis mulliserrata, (Wolfend.).
(— Faroella multiserrata, Wolfend’^
i2. Chiridius brevicaudatus, n. sp.
Taille : 4mm 5o
Division anterieure du corps de forme oblongue, un peu
dilatee en devant, partie frontale arrondie, sans aucune trace
d’un rostre en bas. Lobes lateraux du dernier segment du rneta-
sorne peu saillants ct muni chacun d'unc epine tres petite diri-
gee un peu en bas. Queue tres courte, n’atteignant pas, meme
de loin, en longueur, un quart de la division anterieure, segment
genital assez bombe en bas. Pieces furcales courtes et diver-
gentes. Antennes anterieures presque aussi longues que le corps.
Antennes posterieures avec la rame externe ne depassant que peu
® longueur l’interne. Rame interne des pattes de la ‘i'- paire
composee de 2 articles bien definis.
Stn. 1-768 (un seul exemplaire).
Genre Chiridiella, n.
Goips court et trapu, avec la division anterieure assez renflee.
31 de frontale de la tete, arrondie au bout, sans aucune tiace
r°stt e. Lobes lateraux du dernier segment du metasome
satHants et arrondis. Queue tres courte, avec le segment
§ aital considdrablement bombd en bas. Pieces furcales com tes
( aplaties. Antennes anterieures de longueur me'diocre et com-
k 24 articles. Antennes posterieures assez couites, avec
0d rame externe plus longue que l’interne. Mandibules tres
^andes et fortement dentees au bout, palpe comparativement
lo 1 ^axilles avec la partie endopodale du palpe moins det e
tinr 6 c^ez ^es autres genres de cette famillc- Maxibipedes
f0ritrieurs avec les lobes distals plus ou moins prolongds, digiti-
p^es et munis de fortes epines en forme de griffes. Maxilli-
s P°sterieurs avec la partie terminale tres courte. Pattes de
(101)
8
la ire paire avec les deux rames uniarticulees, celles de la
2e paire avec la rame externe triarticulee, l’interne uniarticulee;
cellcs des deux paires suivantes avec les- deux rames triarticulees.
Pattes de la 5C paire, comme dans tous les genres de cette famille,
tout a fait absentes chez la femelle.
i3. Chiridiella macrodactyla, n. sp.
Taille 2®m 70
Division anterieure du corps de forme ovale et assez elargie
au milieu. Tete completement soudee au segment suivant. Queue
atteignant a peine en longueur un quart de la division ante¬
rieure, segment genital environ aussi long que les trois segments
suivants reunis et assez bom.be en bas. Antennes ante'rieuies un
peu plus longues que la division anterieure du corps. Antennes
postdrieures avec la rame externe presque deux fois aussi longue
que l’interne. Maxillipedes antdrieurs tres grands et d une appa
rence toute singuliere, lobes lateraux au nombre de quatie et
assez ecartes l’un de l’autre, les deux proximaux portant au
bout une seule soie allongde, les deux exterieurs tres piolonges!
fun se terminant en crochet, l’autre (le pdnultieme) 1111111
au bout, de deux epines fortes de longueur inegale et an an
gees de maniere a former une sorte de pince; la plus
etant brusquement courbee, pres de la base, en lot me
griffe; bord inferieur de toutes les deux fortement denticu 1
Maxillipedes posterieurs assez greles, avec le 2e article basila
tres etroit et depassant en longueur le premier article. Pat
de la premiere paire avec la rame externe un peu plus longu
que l’interne et de forme ovale, ne montrant aucune trace d u
subdivision. Les 3 paires suivantes avec les rames tres ine&a ^
1 interne n’atteignant pas, meme de loin, la demi-longueur
l’externe.
Stn. 1768, 2022, 2114, 2194.
— 9 —
i4- Chiridiella brachydactyla, n. sp.
Taille : 3mm 40
Division anterieure du corps dc forme oblong-ovale, un peu
dlargie avant le millieu. Tete scarce du segment suivant par
une suture bien distincte, et ayant la face dorsale assez voutee.
Queue tres courte, avec le segment genital considerablement
bombe en bas et ddpassant en longueur les trois segments sui
vant reunis. Antennes antdrieures atteignant a peine la longueut
de la division anterieure. Antennes postdrieures atec la lame
externe ne ddpassant que peu l’interne en longueui. Maxilli
pedes anterieurs beaucoup plus courts et plus ramasses que chez
l’espece precedente, et pourvus de 5 lobes lateraux, dont les
deux exterieurs ne ddpassent que peu en longueut les ttoie
autres, lobe penultieme muni au bout d une gtiffede longueur
mediocre et egalement courbee, accompagnee d une petite soie-
Maxillipedes posterieurs moins greles, avec le 2C at tide basilau
assez dilate au milieu et ne ddpassant pas en longueui le pi
mier article. Pattes natatoires d'une structure tout a fait sent
blable a celle de l’espece precddente.
Stn. 1 85 1 , 2082.
1 5. Bradyetes major, n. sp.
Taille : 3mm 80
biff ere du B. inermis Farran par la taille beaucoup plus
grande, par la forme generale du corps, et pai la stiu ^
antennes. Division antdrieure du corps de foirne oblon& ,
la face dorsale peu voutee. Tete faiblement separee du premi
Segment pedigere par une suture arquee, paitff 10 ,
a«»ne .race de rostre. Lobes lateraux du dermer segment du
utetasome un peu saillants et arrondis au bout. Queue
“UP plus courte que chez l’espta typique, depassan ‘1
'ongueur un quart de la division antdrieure, segment gemt
H (XOIj
10
un peu asymdtrique, montrant de chaque cote une prodminence
arrondie, celle de gauche la plus saillante. Pieces furcales tres
courtes. Antennes antdrieures assez greles, depassant en lon¬
gueur la division antdrieure, soies beaucoup moins developpdes
que chez B. inermis. Antennes posterieures avec la rame externe
presque deux fois aussi longue que l’interne. Pieces buccales et
pattes en general d’une structure semblable a celle de l’espece
typique.
Stn. 1 85 1 , 21 14.
16. Gaidius tenuispinus , G. O. Sars.
17. Gaidius minutus, n. sp.
Taille : 2">”>50
Division antdrieure du corps de forme regulierement oblong-
ovale, a peine elargie par devant. Rostre bien distinct, mais
assez courte. Dernier segment du metasome arrondi de chaque
cote, epines laterales reduites a de tres petites protuberances
nodiformes. Queue assez courte, depassant a peine en longueur
un quart de la division anterieure, segment genital assez bombe
en bas. Antennes anterieures un peu plus courtes que le corps.
Antennes posterieures avec la rame interne trds mince et presque
aussi longue que l’externe. Pattes de la premiere paire avec les
deux premiers articles de la rame externe confluents. Rame in
terne des pattes de la 2e paire distinctement biarticulee.
Stn. 1639, 2168.
18. Gaetanus minor, Farran.
19. Gaetanus brachyurus, n. sp.
Taille : Cmmqo
Coips tres robuste et trapu, avec la division anterieure assez
lenflee et de forme ovale, un peu rdtrecie en devant et en
aniere. Segment cephalique tres grand et egalement voute' en
dessus; corne parietale distincte, mais assez courte et courbee
en bas. Epines laterales du dernier segment du metasome peu
allongees, mais tres aigues et dirigees droit en arnere. Queue
tres courte et massive, n’atteignant meme pas en longueur un
quart de la division anterieure, segment genital assez -,10s
bombeenbas; opercule anal saillant et de forme semi lunaire.
Antennes antdrieures depassant a peine en longueui la division
anterieure du corps. Antennes posterieures, pieces buccales
panes ayant la structure usuelle.
Stn. 1781, 1 856, 2082.
20. Undeuchaeta palliata, n. sp.
Taille : 5®m 5o
Division anterieure du corps de forme oblong-otale, a pei
elargie par devant. Rostre bien distinct. Derniei segment
metasome se terminant de chaque cotb en une lame mince, i ei
bcale, s’avancant sur la base du segment genital et a} ant 1 anb
supe'rieur prolonge en un petit denticule. Queue courte, at
gnant a peine en longueur un quart de la division anteiie ,
Pieces furcales densement hbrissees de poils en dedans eten
dehors. Antennes anterieures environ aussi longues que
s'°n anterieure du corps. Antennes posterieures avec la
externe deux fois aussi longue que l’interne. Ranie exteine
pattes de la premiere paire avec les deux piemieis aitices
Parfaitement sc^pards. Rame interne des pattes de la 2e F»aue
distinctement biarticulee. Premier article basilaire des pattes e
ia 4e paire muni en dedans d’une rangee tiansveisale d en
12 denticules forts, de couleur brunatre.
Stn. 1 85 1 (un seul exemplaire).
21. Undeuchaeta lobata, n. sp.
Taille : 5o
Corps asse;
°blong-ovale,
segment du mdtasome faiblement sdpard du segment prdcddent
par une suture arqude, lobes lateraux assez saillants en arriere
et etroitement arrondis au bout. Queue trbs courte, ne depassant
que peu en longueur un cinquieme de la division anterieure,
segment genital symetrique et peu bombe cn bas, segments
postdrieurs hdrissds de poils fins. Rostrc bien distinct. Antennes
antdrieures depassant un peu en longueur la division anterieure
du corps. Antennes postdrieures avec la rame externe deux fois
aussi longue que l’interne. Maxillipedes postdrieurs tres greles.
Rame externe des pattes de la premiere paire avec les trois arti¬
cles tous bien definis. Rame interne des pattes de la 2e paire biai-
ticulee. Premier article basilaire des pattes de la qe paire muni
en dedans d’une rangee transversale d’environ 9 denticules de
grandeur moyenne.
Stn. 2187 (un seul exemplaire).
Famille EUCHA3TIDA3
22. Euchaeta bisinuata, n. sp.
Taille : 5mm20
Corps comparativement robuste, avec la division anterieuie
assez renflee et de forme ovale. Rostre frontal tres aigu et dnicC1
obliquement en avant. Lobes lateraux du dernier segment du
metasome courts et arrondis au bout, garnis en bas de quelques
poils fins. Queue n’atteignant pas la demi-longueur de la di\ islon
anterieure, segment genital un peu dilatd en avant du nuheUi
protuberance ventrale peu saillante et divisde par deux incision
en trois lobules successifs, dont le plus anterieur est double. Le-
deux segments suivants sont tout a fait lisses, le dernier gaim en
bas de poils fins. Pieces furcales courtes et obliquement tron
quees au bout, soie accessoire tres mince. Antennes anteiietne
n’atteignant pas la longueur de la division anterieure. Les auties
appendices sont tous de structure normale.
Stn. 1794, i85i, 2149, 2i3o, 2244.
23. Euchseta pubera, n. sp.
Taille : ca 4mm
in division anterieure de
Corps assez court et trapu, aveC frontai court et
forme ovale, a peine retrecie en arr dernier segment
dirige obliquement en avant. Lobes lateraux u
du metasome assez amples et dgalement arrond is au bo
Queue ne de'passant qu. peu en longueur
anterieure, segment gdnital montian pifeces furcales
assez saillante et de forme un peu megu ie e. -jxrable-
tres obliquement tronqudes au bout, angle intelj|e goie ac_
ment saillant et portant une soie tres forte et a o 0 ’
cessoire „e di*L« ,». feu d« 3 soles — . Antenr, ^
anterieures, reflechies, s btcndant )usqu au dense de
anterieure du corps. Tbguments converts d en
polls extremement petits, devenant p us » g fur_
faisceaux sur la face ventrale de la queue e
cales.
Stn. 2022, 2ob2, 2149, 2 1 53.
Famille PHAENNIDiE
24. Xantliocalanus Greeni , Farran.
2D.
Xanthocalanus profundus,
Taille : 6™" 20
n. sp.
Voisin du X. borealis G. O. Sars, mats .sen disn "8^1^ ^
aiUe beaucoup plus grande et par la strU<;^ment v0utde en
e Paire. Division anterieure du corps e§ t et en arriere.
iessus et de forme ovale, un peu retieue pai c lateraux du
diaments rostraux tres delicats et recoui e alTiere et de
lender segment du metasome assez saillants <
— i4 —
forme triangulaire, s’btendant au milieu du segment genital.
Queue tres courte, ne depassant que peu en longueur un quart
de la division anterieure. Antenncs anterieures a peine plus
longues que la division anterieure du corps. Antennes postd-
rieures, pieces buccales etpattes natatoires d’une structure sem-
blable a celle dc X. borealis. Pattes de la 5C paire cependant plus
allongees, triarticule'es, article median densement herisse d’e' pi¬
nes minces en dehors, article terminal de forme oblong-lineaire,
quatre fois aussi long que large, et muni de 4 grosses epines,
2 apicales et 2 laterales, epine du bord externe placee beaucoup
plus en avant que celle du bord interne, surface herissee de
petits denticules.
Stn. 792 (dans les nasses).
26. Xanthocalanus echinatus, n. sp.
Taille : ca 211111
C01 ps assez court et trapu, avec la division anterieure de
foime ovale, assez voutee en dessus. Filaments rostraux tres
petits. Dernier segment du mdtasome faiblement sdpard du seg¬
ment precedent, et ayant les lobes late'raux tres courts et presque
tectangulaires. Queue tres courte, n’atteignant merae pas en
longueur un quart de la division anterieure, segment genital
peu bom be en bas. Antennes anterieures un peu plus longues
que la division anterieure du corpus. Antennes posterieures avec
les i ames assez allongees, l’externe, comme d’ordinaire, la plus
longue. Pattes natatoires assez greles, les trois paires posterieures
a}- ant les deux rames densement hdrissbes de petites e'pines.
Pattes de la 5e paire tres petites, biarticule'es, article terminal de
foime tiiangulaire, muni en dehors d’une epine assez forte, en
dedans de 2 dpines plus petites, le bout de Particle saillant en
forme d’une pointe aigue.
Stn. 210S (un seul exemplaire).
27- Cornucalamts chelifer, (Thompson).
(= C. magnus, Wolfend.).
Cornucalanus simplex , Wolfend.).
— i5 —
Genre Cephalophanes, n.
Differe de Xanthocalanus par la forme du corps beaucoup
plus grele, et surtOUt par la partie frontale de la tete saillante en
forme de capuchon et contenant deux organes volumineux d’une
structure toute singuliere et ayant vraisemblablement la signi
fication d’organes lunrineux. Appendices diveis du coips en
general construits d’apres le type du genre Xanlhocalanus.
29. Cephalophanes refulgens, n. sp.
Taille : 4tnin 20
Apparence generale ressemblant a celle d un Calanus , la
division anterieure du corps etant assez e'tioite ct de forme
Presque cylindrique. Tete separee du premier segment pedigere
par une suture faiblement indiqude, partie frontale assez sail
•ante et arrondie au bout. Organes lumineux tres grands, rem-
plissant presque completement la partie anteiieure de la tete,
et disposes de maniere a etre contigus en bas et un peu ecaites
etl dessus: leur forme prismatique, avec un bold doisal tian
rhant et une face interne toute plane, montrent un lustre
nacre tres brillant meme sur des excmplaires preserves depuis
fuelque temps dans l'alcool. Filaments rostraux tres delicats
et brusquement recourbes. Lobes lateraux du deiniei segment
du nadtasome un peu saillants en arriere et se terminant chacun
en une pointe aigue. Queue assez courte, ne depassant pas en
•°ngueur un quart de la division anterieure, segment genita p
boinbe en bas, dernier segment tres petit; pieces fuicales coui '
^ntennes anterieures assez greles, depassant la longueur du coi \
ntennes posttfrieures avec la rarne externe beaucoup plus on
§Ue que l'interne. Pattes de la 5e paire assez petites, rnais is
din
'due les
dement triarticulees, article terminal beaucoup plus eti
-.1 7 * . - 1 n la
•Olt
autres et muni de 4 opines courtes, 2 apicales
et 2 late'-
^•es, celle du bord interne la plus longue.
i856, 2022, 2002, 2114, 2117? 2109? 2194) Id) - J
Famille SCOLECITHRICID^
3o. Scolecithricella auropecten, (Giesbr.).
3i. Amallophora media, n. sp.
Taille : 2mm
\ oisine de A. ajftnis G. O. Sars, mais en differe nettement
pai la taille plus petite, par la forme du corps plus e'paisse et
surtout pai le defaut total d’une Crete frontale. Lobes latdraux
u deiniei segment du metasome tres peu saillants. Queue
assez mince, depassant un peu en longueur un tiers de la divi¬
sion anted ieuie. Filaments rostraux tres greles et allonge's,
lecouibe's. Antennes ante'rieures manquant chez les exemplaires
examines. Antennes poste'rieures avec la rame interne plus lon-
t, ie que 1 exteme. Pattes de la 5C paire composee seulement de
2 at tides, le terminal etroit et allonge, muni au bout de 2 epines
es’ ^01c^ interne portant au milieu une soie forte, depas¬
sant de beaucoup les epines apicales.
Stn. 2149, 2168.
32. Amallophora robusla , Scott?
Lophothrix latipes, (Scott).
(= Scolecithrix latipes, Scott).
Genre Heteramalla, n.
Differe de Amallophora par le rostre frontal ayant la forme
. lc^e chitineuse bifurqude au bout, par les antennes
devH1611^8 aSSeZ courtes et pourvues de filaments sensitifs tres
m H ^,r'S ! ^es nntennes poste'rieures dgalement plus courtes
annPnm maire’.Par Ies maxillipfedes anterieurs ayant deux des
sensitifs tout a fait extraordinairement de'veloppiS>
par la structure assez differente des pattcs natatoires, enfin,
par la condition rudimentaire des pattes de la oL pane c ez a
femelle.
34. Heteramalla dubia (Scott).
? Amallophora dubia Scott cT
Taille : 3m™ 5o
Femelle. Corps assez robuste et trapu, avec la division an-
terieure egalement voutee en dessus et de forme ova e.
faiblement definie en dessus du premier segment pe tg
Lobes lateraux du dernier segment du metasome ties court'
etroitement arrondis au bout. Queue assez courte, ne -f
pas en longueur un tiers de la division anteiieuie, set>
genital un peu bornbe en bas. Pieces furcales courtes et aP 3
Antennes anterieures beaucoup plus courtes que la dms ^
terieure du corps. Antennes posterieures avec la tame
plus courte que l'interne. Maxillipedes anterieuts a} sont
sortes differentes d’appendices sensitifs, trois d entre " .
places plus en dehors, tout simples, se terminant en \ ’
trois autres portant au bout un petit bouton (arnalla), ^
autres enormdment developpds, se composant c acrin ^
dge molle assez epaisse et d’un disque apical amp 8
cils efliles nombreux entortillds au bout, de manieie a. ^
Une masse presque globuleuse. Pattes de la ptemiere p1
la ranre externe biarticulee, les 2 articles exteiieuis
Pletement soudes, rame interne, comme d ordinaire,
culee. Les 2 paires suivantes avec la rame intennc
Rame externe des pattes de la 3e paire ayant toutes •
natatoires rdduitesaux epines tres petites, article term* se
dtr°it. Pattes de la 5e paire extremement petites, c
c°mPosant d’une tige indistinctement articulee se teim.i
Un petit bouton.
Stn. 2114.
(TGI)
Famille METRIDIIDiE
35. Metridia longa, (Lubbock).
36. Metridia Normani , Giesbr.
Famille LUCICUTIID^E
57. Lucicutia curta, Farrant.
38. Lucicutia tenuicauda, n. sp.
Taille : 3mm 80
■\ oisine de L. intermedia G. O. Sars, mais s’en distingue par
les pieces furcales beaucoup plus allongees ct tres minces, attei-
gnant la longueur de la queue entiere, soie du bord externe
placee en arriere du milieu. Division antdrieure du corps assez
lenflee et obtusement tronquee par devant. Segment genital plus
bombe' en bas que chez L. intermedia.
Stn. 2082 (un seul exemplaire).
Famille HETERORHABDIDiE
39. Heterorhabdus profundus, Dahl.
40. Mesorhabdus gracilis, n. sp.
Taille : 4mm
Corps beaucoup plus grele que chez l’espece typique, avec
a msion anteiieure oblong-fusiforme. Lobes lateraux dudei-
niei segment du metasome arrondis au bout. Queue atteignant
presque la demi-longueur de la division antdrieure, segment
— ig —
genital assez gros, n’atteignant cependant pas la longueur d
deux segments suivants rdunis. Pieces furcales p us a onge
plus inegales que chez l’espfcce typique. Antennes anteneures
depassant a peine le corps en longueur. Antennes posteneures
avec la rame externe environ aussi longue que 1 article pioxima
de rinterne. Pieces buccales et pattes d’une structure assez
semblable a celle de l’espece typique.
Stn. 2022, 2i 14.
41 ■
Mesorhabdus angustus, n. sp.
Taille : 5““ 10
Yoisin du M. gracilis , mais s’en distingue par la taille plus
grande, et surtout par les antennes anteiieuies beaucoup p
allongees. Division anterieure du corps un peu comp ri
deux cotes, vue de dessus ties dtroite et presque transversalemen^
tronquee par devant. Queue un peu plus couite que c iez^
pece precedente, segment gdnital assez lamasse et plus 0 4
les 2 segments suivants rdunis. Pieces fuicales lessem^
celles de M. gracilis. Antennes anterieures tres developpees, a -
passant le corps par les 6 ou 7 dermers articles, et s ami”f1SS
moins vers le bout que chez la plupart des autr es espece. ^
Camille. Antennes posterieures avec la rame externe a f
courte que I’interne. Palpe mandibulaire ties gian ^
dcatoire des maxilles muni d’une seule epine ungui 01
Pagnee de plusieurs soies minces. Maxilhpedes et pa
dilferentes de celles des deux autres especes.
Stn. 1 85 1 (un seul exemplaire).
Famille AUGAPTILID/F
42- Haloptilus spiniceps , Giesbr.
(iox)
20
43. Haloptilus angusticeps, n. sp.
Taille : 3mm 80
Corps tres grele et allonge, avec la division anterieure dc
forme etroitement oblongue, un peu retrdcie au milieu. Tete
beaucoup plus longue que le me'tasome et assez etroite, partie
frontale peu saillante et, vue par dessus, de forme obtusement
triangulaire. Filaments rostraux tres de'licats, recourbds. Queue
depassant a peine en longueur un cinquieme de la division antd-
rieure, segment ge'nital assez ramasse et fortement bombe' en
bas. Pieces furcales comparativement courtes, avec les soies
assez longues et divergcntes. Antennes anterieures un peu plus
longues que le corpis et de structure normale. Antennes poste-
rieures avec la rame interne deux fois aussi longue que l’externe.
Mandibules beaucoup plus fortes que chez les autres especes,
ayant la partie masticatoire considerablement dilatee et divisee
au bout en 3 dents courtes et grosses de grandeur egale. Maxilles
avec la partie endopodale du palpe bien developpee, triarti-
culde, article terminal garni au bout de 6 soies. Maxillipedes
anterieurs n’ayant aucune des soies transformees en epine-s-
Maxillipedes posterieurs et pattes de structure normale.
Stn. 2o52 (un seul exemplaire).
44- Augaptilus spinifrons, n. sp.
Taille : 3mm go
A oisin du A. megalurus Giesbr., mais en differe par la fQ1 111 e
du corps encore plus grele et allongde. Partie frontale de la tete
assez saillante et se terminant en une epine courte, mais bien
definie et dirigde en avant. Lobes lateraux du dernier segment
du me'tasome tres courts et arrondis au bout. Queue depassant
en longueur un tiers de la division anterieure, segment genita
2 I
deux fois aussi long que les 2 segments suivants reunis et plus
bombe en bas que chez A. megalurus. Pieces furcales tres
allongees, depassant la demi-longueur de la queue, deux des
soies sortant du bord externe. Antennes anterieures tres gieles
et allonge'es, depassant le corps par les 7° ou 8e articles exteiieurs.
Antennes postdrieures, pieces buccales et pattes d une structure
semblable a celle de A. megalurus.
Stn. 2022, 2212.
q5. Augaptilus rigidus, n. sp.
Taille : 4mm3o
Corps assez court et trapu, avec la division anteiieuie assez
dilatee au milieu et montrant un aspect singulier, raide, la face
dorsale etant tres peu voutde en dessus et brusquement depii
me'e dans la region cervicale. Tete imparfaitement separee du
premier segment pddigere, partie frontale obtusement anondie
et portant en bas 2 filaments rostraux bien developpes. Lobes
lateraux du dernier segment du metasome un peu saillants des
deux cotes et tronques au bout. Queue assez couite, n attei
gnant inerne pas en longueur un quart de la division anteiieuie,
segment genital deux fois aussi long que les 2 segments suivants
teunis et assez bombe en bas. Pieces furcalesun peu plus lonDues
que le segment anal et tronqudes au bout, avec une des soies
sortant du bord externe, soie accessoire petite. Antennes ante
rieures ne depassant que peu en longueur la division anteiieuie.
Antennes posterieures avec la rame externe bien developp : ,
k Peine plus courte que l’interne. Palpe mandibulaire assez
Petit, n’ayant aucune trace de rame interne. Maxilles de mei
tres peu ddveloppees, palpe tout simple, poitant au
seule soie tres longue, partie endopodale et lobes submaxi
t0u* a fait absents. Maxillipedes assez greles, epmes exterieures
^es deux paires tres distinctement boutonndes. Pattes de struc
tUre normale.
Stn. 2i4g (un seul exemplaire).
(xoi)
46. Augaptilus latifrons, n. sp.
Taille : 4mn»70
Corps assez robuste, avec la division anterieure de forme
oblong-ovale tres voutee en dessus. Tete bien definie du pre¬
mier segment pedigere et depassant le metasome en longueur,
partie frontale assez large, et, vue de profil, presque transversa-
lement tronque'e par devant, montrant en bas une proeminence
nodiforme sans aucune trace de filaments rostraux. Lobes late-
raux du dernier segment du metasome peu saillants et arrondis
au bout. Queue etroite, atteignant a peine en longueur un tiers
de la division anterieure, segment genital environ aussi long que
les deux segments suivants reunis et montrant en bas une assez
petite protube'rence arrondie; segment anal presque 2 fois aussi
long que le precedent. Pieces furcales courtes, avec la soie acces-
soire peu developpee. Antennes anterieures depassant a peine
en longueur le corps. Antennes posterieures, avec la raine
interne tres grande, l’externe peu developpee, n’atteignant pas la
demi-longueur de l’interne. Palpe mandibulaire tres petit, avec
la rame interne tout a fait rudimentaire, remplacee par une soie
simple. Maxilles avec le lobe masticatoire tres etroit et muni de
4 epines seulement, palpe simple, portant au bout 2 soies de
d egale longueur, partie endopodale et lobes submaxillaires tout
a fait absents. Maxillipedes assez grands et de structure normale,
e'pines extdrieures des deux paires distinctement boutonnees.
Pattes de la premiere paire avec le 2e article basilaire s elevant
en dehors en un lobe mince arrondi.
Stn. 2o52 (un seul exemplaire).
47. Augaptilus mixtus, n. sp.
Taille : 3mm8o
Coips un peu plus allonge que chez les deux especes piece
dentes, avec la division anterieure dgalement voutee en dessus
— 23 —
et de forme regulierement oblong-ovale. Tete bien separee du
premier segment pedigere et plus courte que le metasome,
partie frontale arrondie au bout ; filaments rostraux assez allonges
et recourbes. Lobes lateraux du dernier segment du metasome
courts et arrondis. Queue n’atteignant pas en longueur un tiers
de la division anterieure, segment genital un peu plus long que
les 2 segments suivants unis, segment anal plus long que le pre¬
cedent. Pieces furcales environ aussi longues que le segment
anal, les 2 soies extdrieures densement plumeuses, soie accessoire
plus developpee que chez les deux especes precedentes. Antennes
anterieures environ aussi longues que le corps. Antennes poste-
rieures avec la rame externe atteignant la longueur de 1 article
proximal de l’interne. Palpe mandibulaire avec la rame interne
bien developpee. biarticulee. Maxilles du meme plus ddveloppes
que chez les 2 especes precedentes, partie endopodale et lobe
submaxillaire cependant peu saillants et ne portant chacun
qu’une seule soie. Maxillipedes assez grands, avec les epines
exterieures distinctement boutonndes. Pattes de structure noi-
male.
Stn. 1 794 (un seul exemplaire).
48. Augaptilus clavatus, n. sp.
Taille : ca. 4mm
bres voisin du A. gibbus Wolfend., rnais en diftere pai la
taille plUs gtande et par le corps encore plus robuste. Division
ante'rieure du corps, vue de profil, de forme presque clavate,
3Vec 'a face dorsale de la tete regulierement voutee, sans aucune
tlace de la gibbosite trouvde chez A. gibbus. Queue depassant
a Peine en longueur un quart de la division anterieure, segment
genital deux fois aussi long que les 2 segments suivants unis.
*eces furcales, comme chez l’espece nominee, assez diveigentes.
ntennes anterieures bcaucoup plus courtes que le coips. An
, nnes Posterieures avec la rame externe atteignant a peine la
e®i-longueur de l’interne. Palpe mandibulaire moins rudi-
nientaire que chez A. gibbus , la rame interne etant bien defime
(ioi)
— 24 —
et biarticulee. Maxilles, maxillipedes et pattes d’une structure
assez semblable a celle de A. gibbus.
Stn. 2244 (un seul exemplaire).
Genre Pseudaugaptilus, n.
Apparence gendrale du corps tout a fait augaptiloide. Queue
cependant comme chez les genres Haloptilus et Pontoptilus ,
composee (chez lafemelle) de 4 segments bien definis. Appendices
rostraux styliformes, ressemblant a ceux du genre Heterorhab-
dus. Antennes posterieures avec les deux rallies excessivement
prolongees. Mandibules avec la partie masticatoire tres grele,
presque styliforme et tres finement dentelee au bout, palpe assez
grand, birame. Maxilles fournies d’un lobe endopodal bien defim
et de 2 lobes submaxillaires se'tiferes, lame epipodale absente.
Maxillipedes anterieurs assez compacts, avec quelques epines
tres fortes. Maxillipedes posterieurs plus greles et munis aussi
d’epines comparativement courtes et fortes, non boutonne'es.
Pattes d'une structure semblable a celle du genre Augaptilus-
49. Pseudaugaptilus longiremis, n. sp.
Taille : 3mmao
Corps assez court, avec la division anterieure de f°irne
oblong-ovale, s’amincissant un peu pardevant. Tete bien define
du premier segment pedigere et plus longue que le metasonie.
partie frontale un peu aplatie et tronquee au bout. Stylets 10s
faux tres minces et diriges droit en bas, sortant dune petit
ptotuberance au-dessus du front. Lobes lateraux du deiniei seP
nient du metasome courts et arrondis. Queue depassant a pein
en longueur un quart de la division anterieure, segment genin
enviion aussi long que les 3 segments suivants unis et Ve
bombes en bas. Pieces furcales assez courtes et tronquees ^
bout, une des soies sortant du bord externe, soie accessoire ti ^
petite. Antennes anterieures un peu plus longues que le C01F
et ne s’amincissant que peu vers le bout, article terminal bear
coup plus etroit que les deux precedents, dont chacun est pout
— 25 —
au bord posterieur d'une soie tres epaisse. Antennes postdrieures
avec les deux rames de longueur dgale. Maxillipedes anterieurs
munis au millieu du 2C segment basilaire d’une epine tres forte,
mucroniforme. Pattes de la 51' paire avec la rame externe tout
a fait depourvue d’dpine.
Stn. 2022, 2117, 2 1 85.
5o. Pontoptilus pertenuis, n. sp.
Taille : ca. 4mm
Corps extremement grele et allongd, avec la division ante-
rieure tres etroite, s’amincissant graduellement par devant, face
dorsale peu voutee. Tete un peu plus courte que le metasome,
partie frontale obtusdment tronqude au bout, sans aucune trace
de rostre. Lobes latdraux du dernier segment du metasome tres
peu saillants et etroitement arrondis au bout. Queue tres courte,
natteignant meme pas en longueur un quart de la division
anterieure, segment genital assez ramassd et bornbe en bas.
Pieces furcales d une forme semblable a celle des autres especes
de ce genre. Antennes antdrieures assez greles et allongees,
depassant considerablement la longueur du corps. Antennes
P°sterieures avec la rame externe un peu plus longue que 1 in-
teine. Mandibules ayant la partie masticatoire munie au bout
dc dents comparativement courtes et serrees. Maxilles de la
StIUcture caracte'ristiquc du genre. Maxillipedes peu difldients
ilussi de ceux des autres especes. Pattes de la 5° paiie avec la
dllle Sterne biarticule'e.
Stn. 2087 (un seul exemplaire).
5i. Pontoptilus ovalis, n. sp.
Taille : 5mm5o
^orps assez robuste et trapu, avec la division anterieure
c°nsiddrablement renflee au milieu et de forme ovale, s’annn-
SSant tdgulierement par devant et en arriere. Tete faiblemcnt
[101]
- 26 —
separee du premier segment pedigere, partie frontale obtusd-
ment tronque'e au bout et sans aucune trace d’un rostre. Lobes
lateraux du dernier segment du metasome tres peu saillants et
e'troitement arrondis au bout. Queue atteignant presque en lon¬
gueur un tiers de la division anterieure, segment ge'nital de
grandeur moyenne et un peu bornbe en bas. Antennes poste-
rieures ayant les rames assez inegales, l’externe tres grele et
allongee. Mandibules avec la partie masticatoire divisee au bout
en 6 dents fortes de grandeur e'gale, palpe assez grand. Maxilles
et maxillipedes de la structure caracteristique du genre. Pattes
de la 5e paire avec la rarne interne biarticulee.
Stn. 2114 (un seul exemplaire).
Famille ARIETELLIDJ2
52. Arietellus Buchani , (Wolfend.).
(== Paraugaptilus Buchani, Wolfend.).
53. Phyllopus muticus, n. sp.
Taille : 4mm 60
Differe du P. bidentalus Brady par la taille beaucoup plus
grande, par la forme du corps plus allongee et surtout pai lcs
lobes lateraux du dernier segment du metasome tres courts et
tionques au bout. Appendices divers du corps d’une structure
en general assez semblable a celle de 1’cspece typique. Maxilli
pedes anterieurs cependant plus ramasse's, avec les epines exte
tieures beaucoup plus courtes et fortement courbees. Pattes de
la 5l paire un peu differente de merne a l’egard de la proportion
1 dative des articles et leur armature.
Stn. 2087 (un seul exemplaire).
Famille PSEUDOCYCLOPIPlE
5q- Bseudocyclops obtusatus , Brady.
— 27
Famille PARAPONTELLID.ZE
55. Bathypontia minor, n. sp.
Taille : 2ram6o
Differe du B. elongata G. O. Sars par la taille beaucoup
inferieure, par la forme du corps moins allongee et par les lobes
lateraux du dernier segment du mdtasome plus saillants et de
forme triangulaire. Appendices divers du corps d’une structure
tres semblable a celle de l’espece typique.
Stn. 2082 (un seul exemplaire).
Famille ACARTIIDiE
s6. Acartia negligens , Giesbr.
(lOI
AVIS
Le Bulletin est en depot chez Friedliinder, 1 1 , Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separement aux prix
suivants et franco :
8^' Analyse des echantillons d’eau de mer recueillis pendant la
Campagne du yacht Princesse-Alice en 1006, (kun espe-
ranta traduko), par G.-H. Allemandet . ....
89. Notes sur les gisements de Mollusqucs comestibles des Cotes
de France. — La region d’Auray (Morbihan) avec i carte,
par. L. Joubin, professeur au Museum d’Histoire naturelle
de Paris et a l’lnstitut Oceanographique .
9°* Description de I’extremite posterieure du corps anormale
chez deux Alotella fusca Risso, par lc Dr M. Jaquet,
Conservateur ail Musee Oceanographique (avec une plan-
che double) . . . .
91* Analyse de quelques echantillons de Pelagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun esperanta traduko), par
G.-H. Allemandet . . .
92* Conference du icr decembre 1906. La Prcsqu’ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. Joubin, professeur
au Museum d’Histoire naturelle de Paris et k PInstitut
Oceanographique .
90* Quelques impressions d un natural iste au cours d’une cam¬
pagne scientifique de S. A. S. le Prince de Monaco (1905),
par E.-L. Bouvier, professeur au Museum d’Histoire
naturelle, Membre de PInstitut .
94* Sur 1 existence de la Mye dans la Mediterrance, par Fred
Vles, preparateur du Laboratoire de Roscoft . .
95. — Sur la huitieme campagne de la Princesse-Alice II, par
o. A. S. le Prince Albert Iop de Monaco .
96. Orchomenetla lobata , nouvelle espece d’Amphipode des
regions arctiques, par Ed. Chevreux .
97’ Sui une methode de prelevement de l’eau de mer destinee
aux etudes bacteriologiques, par MM. P. Portier et
J. Richard . . . . . . \ . .
98. Questionnaire relatif aux especes comestibles de Crustaces,
par H. Coutiere . . . .
99. — Note preliminaire sur quelques Asteries et Ophiures prove-
nant des campagnes de la Princesse-Alice , par R. Kcehler,
professeur a la Faculty des Sciences de Lyon .
I00* L Industrie des Salines cotidres, par lc Dr L. Maillard,
professeur agrege a la Faculte de Medecine de Paris (avec
8 planches) .
101. — Notes supplementaires sur les Calamities de la Princesse-
Alice (corrections et additions), par G. O. Sars . .
Fr.
0 5o
2 5o
1 »
0 5o
1 5o
1 5o
o 5o
o 5o
1 »
1 »
o 5o
1 00
2 »
o 5o
MONACO.
— IMPR. DE MONACO.
N° 102
30 Mai 1907
%
BULLETIN
DE
I Fondation ALBERT I«r, Prince df. Monaco)
NOTE SUR LINE FORME JEUNE DE TRIG LA
Par le D' M. Jaquet
Conservuteur au Musie Oo5anographique.
MONACO
.A.V X S
Les auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes :
i° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
3° Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou
a 1’enCre de Chine.
6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7° Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d’un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
*
* *
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur e
manuscrit — suivant le tarif suivant :
Un quart de feuille .
Une demi-feuille. . . .
Une feuille entiere..
50 ex.
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
4f »
5f 20
6f 80
8f40
10 40
17^80
22 80
35 80
4 7°
8 10
6 70
9 80
8 80
i3 80
1 1 »
16 20
1 3 40
19 40
II faut ajouter a ces prix celui des planches quand il y a lieu.
Adresser tout ce qui concerne le Bulletin a Vadresse suivante ■
Musee oceanographique (Bulletin), Monaco.
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° 102. — 3o Mai 1907.
Note sur une forme jeune de Irigla.
Par lc Dr M. JAQUET
Conservateur au Musee Oceanographique.
Le jeune poisson qui fait l’objet de cette note a ete peche
a la surface de 1’eau, devant le port de Monaco, par M. le
L1 Richard, le novembre 1906. II mesure exactement 20 mil¬
limetres de longueur. Vivant, sa coloration etait, de jour, dans
les tons de sepia foncd. Seules, la seconde dorsale, 1 anale et la
caudale etaient completement transparentes. Lobscuiite pioto-
quait un changement dans 1’etat des chromatophores coitmic
le D1' Richard l’indique dans la note ci-dessous (1).
La mort etant survenue apres trois jours de captivite, 1 ann
mal presente la tete et le tronc blanchatres avec des points
(>) Rapporte a la maison dans un bocal et place dans une assiette de
Porcelaine blanche, le jeune trigle paraissait s’y plaire et etait d’un beau
noir- Je le laissai dans l’obscurite a 7 h. 10 pour aller diner. En revenant
avec une lampe, avant 8 heures, je le crus mort: il avait la tfite et la partie
Posterieure du corps presque sans pigment, decolorees, mais la couleur
revint a vue d’oeil sous la lampe et en moins de cinq minutes il avait repns
Unite sa coloration noire foncee. Je repetais la meme experience a 11 leu,u
du soir avec le meme resultat, Fanimal devint egalement noir en moms de
Clnq minutes. _ . .
Par moment il laisait des mouvements comme pour s enfouir ans 1
soh d’autres fois il marchait au moyen des trois doigts de la partie ante-
rieure de ses pectorales. Il reagissait par des mouvements rusques
c°tps ou des nageoires a certaines vibrations provoquees par un choc leger
SUr i’assiette ou par un souffle sur 1’eau. (Dr J. Richard).
fy
p N°V2019Q7 §
irregulierement semes et parfaitement noirs. Les nageoires
paires, ainsi que la premiere dorsale, ont une nuance brune, les
autres nageoires sont completement transparentes.
La tete, volumineuse, mesure 6 millimetres de longueur sur
cinq de largeur au niveau du battant operculaire et quatre a
demi de hauteur au meme endroit. Son profil anterieur est
allonge. L’oeil, place lateralement, fait a peu pres le tiers de la
longueur de la tete a mi-chemin de laquclle il est situe. L’iris
est argente, avec des chromatophores disposes surtout sur sa
moitie posterieure et plus particulierement abondants sur le
bord posterieur. Une arcade sourciliere, fort accusee, protege
l’oeil en formant une avancee a bord libre tranchant, quelque
peu dentele et se terminant en arriere en une forte epine dont
le bord posterieur se poursuit vers le bas pour contribuer au
relevement de la paroi de la cavite orbitaire.
A environ la moitie de la longueur qui s’etend entre le bout
du museau et l’oeil, mais cependant un peu plus pres de ce der¬
nier, se dresse, de chaque cote de la ligne medio-dorsale et tres
pres de celle-ci, une epine nettement distincte, dirigee en arriere,
semblable a celle des Scorpenes, Sebastes et du Peristedion
cataphractum. Mais l’epine impaire qui orne l’ethmoide de ce
dernier fait defaut chez notre jcune Trigle.
L extremite du museau, formee par les intermaxillaires, est
large, arrondie, a peine entamee sur le milieu de sa courbe pai
une tres legere echancrure, en arriere de laquelle on apercoit
avec nettete, une proeminence mediane arrondie, limitee de
chaque cote par le tissu qui recouvre le premier osselet sous-
oibitaire. Celui-ci se termine en pointe rcposant sur l’intei-
maxillaire correspondant, mais ne le debordant pas. Sur tout le
pourtour de la region anterieure du museau, on n'apercoit ni
e'pine, ni dentelure; la peau est parfaitement lisse.
L orifice anterieur de la narine s’ouvre a l’extremite d un
court tube place a mi-chemin environ entre l’extremite du mu¬
seau et le bord anterieur de l’orbite. L’orilice posterieur perfoie
la peau un peu en arriere et sur la meme ligne horizontale.
La bouche est relativement petite, sa fente ne se continuant
pas au dela du niveau de l’ouverture nasale ante'rieure. Les deux
— 3 —
machoires sont garnies de dents en velours d'une extreme
finesse. Comme nous l’avons vu plus haut, la machoire supe-
rieure limite en avant l’dchancrure rostrale. Le maxillaire arrive
en arriere a peine a la perpendiculaire d’aplomb du bord ante-
rieur de 1’orbite. La machoire inferieure parait etre un peu plus
courte que la supdrieure.
L’orifice branchial est largement fendu; on compte sept
rayons branchiosteges. Lc bord superieur de l’opercule est limite
en avant par une solide epine dirigde ldgerement en dehors et
en arriere. Sur le milieu de Fopercule, court horizontalement
un relevement en arete qui ne ddpasse pas le bord libre du
battant.
Diverses epines arment la region posterieure de la tete et le
commencement du tronc. En arriere et au niveau du bord
superieur de l’oeil, se trouve, un peu en avant de la premiere
nageoire dorsale, une forte dpine recourbee en arriere; elle est,
de meme que 1’epinc sus-orbitaire, comparativement beaucoup
plus longue chez notre forme jeune que chez l’adulte de Trigla
cot ax avec lequel notre poisson a beaucoup d’analogie. Entie
cette epine et le commencement de laligne laterale s’en detache
uue autre tres accusde, de fortes dimensions et dirigde en
‘'riieie. L’epine claviculaire est presente, mais relativement
faible comparde a celle du Trigla corax- adulte. Enfin, au niveau
du bord inferieur du prdopercule, une arete court horizontale-
uient jusqu'au bord du battant operculaire. Cette crete se rele\e
cn son milieu en une petite dpine.
La premiere nageoire dorsale, a peu pres triangulaire, com-
mence au niveau de la base de la pectorale. Elle compte huit
epines dont la longueur augmente de la premiere a la tioisieme
f°ut dinrinuer cnsuite rapidement jusqu’a la dernieie. Le bold
Hterieur du premier rayon est tres finement dentele jusqu a
L chenrin de sa longueur.
La seconde nageoire dorsale commence immediatement apt es
13 fin de la premiere pour se terminer pres du pedoncule caudal;
S°n ^01'd libre ddcrit un arc a grande courbe. La nageoiie.com
Prend dix-sept rayons dont les deux premiers et le dernier ne
Pre'sentent pas trace de division transversale. Les medians ont
Semite distale dlargie en balai. (I02)
La nageoire caudale est comprise trois fois ct demie dans la
longueur totale de l’animal. Elle est allongee, son bord poste-
rieur decrit une ltgere courbe a convexite postdrieure. Neuf
rayons arrivent jusqu’au bord posterieur, cinq d’entre eux se
repartissent sur la moitie superieure et quatre sur la moitie infe-
rieure de la nageoire. En avant de ces rayons, il s’en trouve en
haut et en bas douze dont la longueur augmente a mesure qu’on
va de l’ante'rieur au posterieur. Les dix premiers n’offrent au-
cune trace de segmentation transversale. Les rayons qui attei-
gnent l’extremite de la caudale sont tous segmentes et ont les
extremite's libres elargies en balai.
La nageoire anale est placee exactement au-dessous de la
seconde dorsale dont elle a la meme longueur. Elle compte seize
rayons, son organisation est identique a celle de la seconde
dorsale.
La nageoire pectorale est, a tres peu de chose pres, aussi lon¬
gue que la tete. Ses rayons, couches sur les flancs, atteignent
le milieu de la base de la seconde dorsale. On distingue, outre
les trois rayons libres, onze rayons qui, vu la grande quantite
de chromatophores rassentbles sur l’organe, nc laissent pas dts-
cerner leur composition. Les trois rayons inferieurs libres, les
doigts, comme on les de'signe aussi souvcnt, sont cylindriques,
diminuent de longueur en allant du superieur a l’inferieur; ce
dernier n'atteint que les deux tiers de la longueur du premier.
La nageoire ventrale s’insere exactement a la hauteur de la
pectorale; elle est constitute par un piquant et cinq rayons. La
base du piquant se rapproche de celle du doigt inferieur dont il
a la meme longueur. De meme que pour les pectorales, 1’abon-
dance de pigment sur la ventrale empeche d’en discernei les
details.
Les deux nageoires dorsales sont logees dans un sillon dont
les parois sont relevees en une suite d’e'pines. On en compte dix,
accompagnant de chaque cote la base de la premiere dorsale et
seize qui bordent la seconde dorsale. Les premieres sont beau-
coup plus irregulierement ordonnees que les suivantes; les unes
sont verticales, les autres legerement inclinees en arriere. La
demiere se trouve en regard du point d’emergence des teguments
de 1 antepenultieme rayon de la seconde dorsale.
— 5 —
Le pigment du corps, comme nous l’avons vu plus haut, est,
chez l’individu mort, ramasse principalement sur la premiere
nageoire dorsale, les pectorales et les ventiales. La, les chioma
tophores sent pour la plupart, gros, a nombreuses ramifications,
serres les uns contre les autres. Le reste du cotps nest pas
partout uniformement colore. Au premier coup d ceil, il parai t
blanchatre, Les chromatophores sont en general perils, arrondis,
tres separes les uns des autres, notamment sui la legion cauda e
du tronc. Un depot plus visible se remarque sui les machoiies,
l’iris et sur l’espace interorbitaire. Quelques petites laches se
relevent sur le dos, entre les deux dorsales, au niveau du milieu
et a la fin de la seconde dorsale ainsi qu a la base de la cauda e.
Sur le ventre, on rencontre, dans 1 angle foime pai les eux
membranes branchiosteges, quelques gros chromatophoies etoi
les. Les nageoires impaires, excepte la premieie doisale, sont
completement transparentes. . .
La ligne laterale est visible depuis la legion occq itc
jusqu’au niveau de l’espace qui sdpare les deux doi sales,
decrit une legere courbure a convexite torn ne'e veis le haut et '
presente comme une suite d’espaces ovalaiies, blanc
eercles de brun. Vu de profil, chaque espace se releve en une
petite epine difficile a observer. „ ,
Les teguments ne paraissent pas possedei d ecai es. -
cotes de la tete, des relevements et des aretes laissent ecvinei
les os sous-orbitaires et l’appareil operculaire. ,
D’apres ce qui precede, le petit poisson qui ait 0 1
ectte note parait devoir etre un jeune exemplanc
corax Bonap.
BULL. DE L IN riTUT OCEANOGRAPH1QUE
PL. I
*T1
to
LARVE DE TRIGLIDES
_
AVIS
Le Bulletin est en depot chez Friedlander, it, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent senarement aux prix
suivants et franco :
88. —
89. -
90. —
91- —
92. —
93. —
94. —
95. —
96. —
97- -
98.-
99- —
100. —
101. —
102. —
Fr.
Analyse des echantillons d'eau de mer recueillis pendant la
Campagne du yacht Princesse-Alice en 1906, (kun espe-
ranta traduko), par G.-ll. Allemandf.t . . . . .... 0 5o
Notes sur les gisements de Mollusques comestibles des Cotes
de l’ ranee. — La region d’Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. JousiN, professeur au Museum d'Histoire naturelle
de Paris et a l'lnstitut Oceanograpbique . 2 5o
Description de l’extrennte posterieure du corps anormale
chez deux Motclla fusca Risso, par Ie Dr M. .Iaquet,
che Toubl6) r M ^usee Ocnanographique (avec unc plan-
Analyse de quelques echantillons de Pelagosite recueillis
dans Ie port de Monaco, (kun esperama traduko), par
0>.-li. Alleiiandet . o 5o
Conference du 1" decembre igoG. La Presqu'ilc dc Qui-
eeron (avec quatre planches), par L. Joubiil, professeur
au Museum d’Histoire uaturelie de Paris et k l'lnstitut
uceanographique . 1 5o
Quelques impressions dun naturaliste au cours d’une cam-
^a”nr,SCTent'D c'uc be A- S. le Prince de Monaco (iqo5),
par t.-L. Bouvieb, professeur au Museum d'Histoire
naturelle, Me mb re de l'lnstitut . 1 5°
Sur 1 existence de la Myc dans la Mediterranee, par Fred
les, preparateur du l.uboratoire de Roscoll . 0 5°
Sur la huitteme campagne de la Princesse-Alice. II, par
=>. A. 5. ie Prince Albert I" de Monaco . 0 50
. lobata, nouvelle espece d’Amphipode des
regions arctiques, par Ed. Chevreux . . . 1 »
SUauvn|f,113^hi0dei?e.P,r®Uvement de 1'eau de mer destinee
J Richard bactcnolo8lques, par MM. P. Pobtier et ^ ^
^nattw11r'a're r,elatif aux especes comestibles de Crustaces,
par m, Li on tiers . . o 5o
SU1 9l,eiques Asteries et Ophiurcs prove-
uroflssenr ??a%nes‘}e.la, JJ' "'cesse-Alice, par R. Ko hler,
professeur a la Faculte des Sciences dc Lyon . 1 00
Dmfe«rPnr;aeS - Sa'illes ,c6tidres’ P;lr lc D" L. Maii.lard,
8 planches) ®rc'^C a a * aoulte dc Medecine de Paris (avec ^
Ahcel(co,rre?Lnta*reS sur *es Calanoldds de la Princesse-
iw! (coirefct10^ « additions), par G. O. Saks . 0 5o
Conservateiirrme \lCUn-e de TriSlai par le Dr M. Jaquet,
i-onservateur au Musee Oceanograpbique . o -5o
Monaco. — impr. de .Monaco
N° 103
27 Juin 1907
I S
Les auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes :
i° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
3° Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
40 Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou
a l’encre de Chine.
6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
70 Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
8« Remplacer autant que possible les planches par des figures dans e
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d'un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
* *
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur
manuscrit — suivant le tarif suivant :
Un quart de feuille .
Une demi-feuille .
Une feuille entiere .
50 ex.
100 ex.
150 ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
qf »
5f 20
6f 80
8f40
10 40
uj to ^
Cn to
*-*»
CO 00 OO
000
4 70
6 70
8 80
1 1 »
1 3 40
8 to
9 80
t3 80
16 20
19 4°
II faut ajouter a ces prix celui des planches quand il y a lieu.
Adresser tout ce qui concerne le Bulletin a I'adresse suivant e •
Musee oceanographique (Bulletin), Monaco.
♦
Bulletin de l’Institut Oceanographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° io3. — 27 Juin 1907.
Note sur les Brae hiopodes recueillis au
cours des dernieres croisieres du Prince
de Monaco.
par L. JOUBIN
Professeur au MusOunr d’Histoire naturelle de Paris
et a l’lnstitut Oceanographique.
Depuis la publication des Brachiopodes recueillis au cours
des campagnes de S. A. S. le Prince de Monaco, par MM. D.-P.
ffihlert et P. Fischer, en 1892, un grand nombre d echan-
tillons ont etd trouves dans d’autres localite's. J ai fait la detei-
mination de ces Brachiopodes et il me parait inteiessant d en
publier la liste; elle apporte quelques documents nouveaux sui
distribution geographique de ces animaux.
Dans un memoire plus etendu je donnerai la repartition
ge'ne'rale dc chacune des especes, non seulement d apres les do-
euinents recueillis par le Prince de Monaco, mais d apres les
listes publiees par divers auteurs pour d’autres regions.
oici la liste des especes dont il est question dans cette note.
I. — BRACHIOPODES INARTICULES
1 • Crania anomala Muller.
2' Discinisca atlantica King.
I® NOV201907
2
II. — BRACHIOPODES ARTICULES
3. Liothyrina vitrea Born.
4. Liothyrina sphenoidea Philippi.
5. Dyscolia Wyvillei Davidson.
6. Terebratulina caput serpentis Linne.
7. Terebratulina caput serpentis, var. septentrionalis Couthouy .
8. Magellania ( Macandrevia ) cranium Muller.
9. Magellania septigera Loven.
10. Muhlfeldtia truncata, var. monstruosa Linne.
11. Platidia anomioides Scacchi.
12. Cislella cuneata Risso.
13. Cislella cistellula S. Wood.
14. Cislella neapolilana Scacchi.
1 5. Rhynchonella psiltacea Chemnitz.
16. Rhynchonella cornea P. Fischer.
Je vais prendre successivement chacune de ces especes et
indiquer les localiteset les profondeurs oil ellesont ete'iecueil
lies par le Prince de Monaco.
I. — BRACHIOPODES INARTICULES
Crania, Retzius
1. Crania anomala , Muller
Stn. 57. — 5 aout 1886. 43°44’3o” Lat. N., 8°32’3o” Long. ^ •
Profondeur 240™. Chalut. Fond de sable et galets. Cot
d’Espagne. 3 echantillons.
Stn. 5o3. — 29 aout 1894. 470 10’ Lat. N., 8° 08’ Long. W • P'°
fondeur 1262 a 748™. Chalut. Sable argileux vaseux non l°in
de Brest. Debris.
Stn. 1 588. — 16 decembre igo3. 47°45’ o5” Lat. N., 7°45’ Long-
. Profondeur 8201’1. Sondeur Leger. Sable fin. Au lar»
de Concarneau. 1 valve dorsale.
— 3 —
Un autre fragment drague avec des coraux au large de Mo¬
naco, sans autre indication.
Cette espece s’e'tend de la Norvege aux Canaries, Mediter-
rane'e.
Discina, Lamarck
Sous-genre Discinisca, Dali.
«
2. Discinisca allantica , King
Stn. 65o. — 22 juin 1896. 36° 34' Lat. N., 23°o6’3o” Long. W.
(Yoisinage de Gibraltar). Profondeur 4400™. Chalut. Vase
blanche a foraminiferes. 4 dchantillons.
Stn. 749. __ 1 6- r 7 aout. 1896. 38°54’ Lat. N., 23°27’ Long. W.
Profondeur 5oo5m. Acores (Sao Miguel). Chalut. Douze
e'chantillons sur des pierres ou detaches.
Ces petits Brachiopodes ont environ un demi centimetre de
diametre. Ils sont tous assez mal conserves.
Cette espece a ete rencontre'e sur les cotes du Maroc (22oom)
et aux Acores (2995111) par le Talisman. Les deux profondeurs
ci-dessus (4400 et 5oo5) etendent beaucoup l’aire de sa dispersion
bathynietrique. Elle a ete trouvee dans la merde Baffin, Irlande,
Cap-Vert, Bresil, Bermudes, Japon, Australie, Celebes. C est
done une espece tres cosmopolite.
II. — BRACHIOPODES ARTICULES
Liothyrina, CEhlert
3. Liothyrina vitrea , Born.
Stn. 233. — 18 aout 1888. 38°33’2i” Lat. N., 3o°28’54” Long.
W. Profondeur i3om. Entre Pico et Sao Jorge. Chalut.
Vase et sable. 4 fragments.
Stn. 272. — 11 aout 1892. 54° 291 Lat. N., o^S’ Long. W* Pro¬
fondeur 52m. Chalut de peche pres du Dogger-Bank. Sable.
Debris de 12 valves, 1 coquille entiere.
lio3)
— 4 —
Stn. 5o3. — 29 aout 1894. 470 10’ Lat. N., 8° 08’ Long. W. Pro-
fondeur 1262'”. Chalut. Sable argileux et vaseux. Non loin
de Brest. Debris.
Deuxieme peche, a peu pres dans la meme localite, pai
748m. Debris.
Stn. 684. — 16 juillet i8p3. 38° 3 1 ’ Lat. N., 29°09’3o” Long. W.
Profondeur 845ra. Environs d’Angra. Barre a faubeits.
2 jeunes sur debris de coraux.
Stn. 866. — 2 aout 1897. 38°52’5o” Lat. N., 29° 4^ 20” Long.
W. Profondeur 5g9m. Pres de Terceira. Barre a faubeits.
Quelques debris (aspect subfossile, (Ehlert).
Stn. 1349. — J9 a°ut 1902. 38° 35’ 40” Lat. N., 3o°26 Long. V •
Prqfondeur i25oin. Entre Pico et Sao Jorge. Chalut. Vase
sableuse volcanique. 2 echantillons vides et debris.
Stn. 2210. — ier septembre 1900. 39°26’ Lat. N., 3i°23 3o Long.
W. Profondeur 1229™. Vase a globigerines, sable volcanique.
Environs de Flores (Acores). 4 exemplaires jeunes sui p°
lypiers, 2 exemplaires d^tachds, debris. ^
Cette espece est commune dans les regions moyennes
l’Atlantique Not'd. Elle a etd abondamment draguee pai le TJ
vailleur et le Talisman. Elle est frequente dans les fonds de 5oo
de la Mediterranee.
4. Liotkyrina sphenoidea , Philippi
Stn. 553. — 3-4 juillet i8g5. 37042’4o” Lat. N., 27025’ 3o” Long.
W. Profondeur i385m. Chalut. Fond de sable vaseux. 0
sinage des lies Formigas. 1 echantillon.
Stn. 866. — 2 aout 1897. 38°52,5o” Lat. N., 29°43 20 L°n§
W. Profondeur 599m. Chalut. Sable a gros grains. Pi us
Terceira (Acores). 1 echantillon, aspect fossile.
Stn. 1118. — 12 juillet 1901. 29°o6’3o” Lat. N., i5°4:) ^°nf
W. Profondeur iog8m. Chalut. Vase sableuse piquete'e ^
noir. Cote Est de Lanzarote (Canaries), a 3 milles de ten
2 echantillons adultes.
Stn. 1 338. — 14 aout 1902. 38°4i’3o” Lat. N., 3i°o5’3o” Long-
W. Profondeur g5om. Chalut. Fond de sable et giaue
volcanique. Nord de Fayal (Acores). 1 echantillon.
— 5 —
Stn. 1349. — !9 a°ut 1902. 38°35’3o” Lat. N., 3o°28’3o” Long.
W. Profondeur i25om. Chalut. Fond de vase sableuse vol-
canique. Entre Pico et Sao Jorge (Acores). 11 echantillons
et des debris.
Stn. 1402. — 29 aout 1902. 37°58’ Lat. N., 28° 12’ Long. W.
Profondeur 992m. Chalut. Fond de sable. Entre Sao Miguel
et Terceira (Acores). 1 echantillon brisd.
Ce Brachiopode est assez frequent dans les fonds de 5oo a
1 2oom de l’Atlantique moyen. Assez abondant aux Acores.
Dyscoua, P. Fischer et D. CEhlert
5. Dj'scolia Wyvillei , Davidson
Stn. 553. — 3-4 juillet 1895. 37°42’4o” Lat. N., 27025’3o” Long.
W. Profondeur i385m. Chalut. Pres de Las Formigas
(Acores). Debris.
Stn. 602. — 24 juillet 1895. 38°38’3o” Lat. N., 3o°33’2o” Long.
W. Profondeur i23om. Voisinage d’Horta (Fayal, Acores).
Chalut. Fond de roche. 1 valve.
Stn. 702. — 19-20 juillet 1896. 39°2i’2o” Lat. N., 33®26’o8
Long. W. Profondeur i36om. Non loin de Flores (Acores).
Iramail. Debris de cinq echantillons.
Stn. 719* — 27 juillet 1896. 39° 1 1’ Lat. N., 32°44’3o” Long. W .
Profondeur i6oom. Entre Fayal et Flores (Acores). 10 echan¬
tillons dont un montre un etat de senescence tres remar-
quable.
Stn. 1 1 1 8. — 12 juillet 1901. 2g°o6' 3o” Lat. N., i5°43 Long.
W. Profondeur iog8m. Vase sableuse piquetee de noir. Cote
Est de Lanzarote (Canaries), a 3 milles de tefre. Jubeson-
deur Buchanan. Debris.
Stn. 1349. — 19 aout 1902. 38°35’3o” Lat. N., 3o°26 Long. W .
Profondeur i25om. Vase sableuse volcanique. Tramail.
Entre Pico et Sao Jorge. 5 tres beaux echantillons vivants,
5 autres secs en bon etat, plusieurs debris.
Stn. 1713. — ieraout 1904. 28° 04’ Lat. N., i6°49 3o Long. W .
Profondeur i57im. Chalut. Pres de Tenerife. t2 valves et
des debris. (I03)
— 6 —
Stn. 22io. — ier septembrc 1900. 39°23’ Lat. N., 3 1 0 22’ 3o
Long. W. Profondeur 1229™. Vase sableuse volcanique et
globigerines. Chalut. Entre Flores etCorvo (Acores). 1 valve.
Stn. 2214. — 2 septembre 190D. 39026’io” Lat. N., 3i°2i 3o
Long. W. Profondeur 9i4-65om. Chalut. Voisinage de
Flores (Acores). Debris de 5 valves.
Ce magnifique Brachiopode, le plus gros de nos latitudes,
parait assez abondant autour des Acores et des Canaries. II a ete
trouve au N.-O. de Saint-Thomas (Antilles) ( Challenge r), g°lfe
de Gascogne ( Travailleur J, cote occidentale d’Afrique (Talis¬
man). Alcock a signale dans l’Oce'an Indien une tres belle espece
a laquelle il a donne un nom nouveau (Terebratella Johannts-
Dainsi Alcock) et qui n'est certainement que celle-ci.
Ce fait est tres interessant pour l’dtude de la distribution
geographique de cette espece. J’en ai donne les raisons dans une
autre publication (Bulletin du Museum, 1907). Comme on a pu
le voir par les localites qui precedent, cette espece ne se trouve
qu’a partir de iooom de-profondeur et meme sensiblement au-
dessous.
Terebratui.ina, d’Orbigny
6. Terebratulina capul serpentis , Linne
Stn. 5o3. — 29 aout 1894. 470 10’ Lat. N., 8°o8’ Long. W. P10
fondeur 1262 a 748™. Au large de Brest. 1 echantillon.
Tout l’Atlantique Nord; dans les re'gions polaires elle se
modifie legerement pour former la variete suivante :
7. Terebratulina caput serpentis , Linne
Variete septentrionalis, Couthouy
Stn. 960. — 29 juillet 1898. rj2°3>’]' Lat. N., i7°4°' L°n»- ^ ’
Profondeur 3941’1. Fond de vase et gravier. Chalut. Entr'
la Norvege et File aux Ours. Environ 3o echantillons de
diverses tallies.
Stn. io52. — io juillet 1899. 65°4i ’ Lat. N., 7 0 10’ Long. E. Pro-
fondeur 440™. Fond de vase gris-verdatre. Chalut. Cote
de Norvege. 2 individus jeunes.
Magellania, Bayle
Sous-genre Macandrevia, King
8. Magellania (Macandrevia) cranium , Muller
Stn. 5o3. — 29 aout 1894. 470 io’ Lat. N., 8°o8’ Long. W. Pro-
fondeur 1262-748111. Fond de sable argileux et vaseux. Cha¬
lut. Environs de Brest. 1 1 echantillons et 2 brise's.
Stn. 1012. — 18 aout 1898. 8o° o 1 ’ Lat. N., 8°3i’ Long. E. Pro-
fondeur 43om. 1 dchantillon. Au Nord du Spitzberg, pres de
la banquise. Chalut.
Stn. io52. — 10 juillet 1899. 65°4i' Lat. N., 7°io’ Long. E.
Profondeur 440'". Fond de vase gris-verdatre. Chalut. Cote
de Norvege. 1 echantillon adulte et 3 jeunes.
Stn. 2214. — 2 septembre 1905. 3g°26’ 10” Lat. N., 3i°2i 3o
Long. W. Profondeur 91 4-65om. Chalut. Au large de Flores.
1 coquille brisee. ,
Stn. 253q. — 5 septembre 1906. 7 o° Lat. N., 20° Long. E. envi¬
ron. Tramail. Karlso (Spitzberg). 1 individu sur une petite
pierre.
Cette espece qui est surtout caracteristique des rners scan-
dinaves, devient de plus en plus rare a mesure que 1 on descend
'eisles regions plus chaudes. Elle a ete trouvee jusquau Cap
Boyador par le Talisman j c’est sa limite extreme vers le Sud
(25° 38’ de Lat. N.). A l’Ouest, le Prince de Monaco l’a draguee
pres de Flores et au Nord du Spitzberg par plus de 8o° de
Lat. N.
9. Magellania septigera, Loven
Stn. 1349. — 19 aout 1902. 38°35’3o” Lat. N., 3o°26 Long. •
Profondeur 1 25om. Fond de vase sableuse volcanique. Chalut.
(103)
— 8 —
Entre Pico et Sao Jorge (Acores). 4 echantillons adultes,
Espece deja signalde a.ux Acores par 1 'Hirondelle.
Muhlfeldtia, Bayle
10. Muhlfeldtia truncata, var. monstruosa, Linne
Stn. 695. — 17 juillet 1896. 38°23’ Lat. N., 32°34’ Long. W.
Profondeur 2540'”. Fond de vase blanche. Chalut. A 1 Ouest
de Fayal (Acores). Echantillons brises.
Platidia, Costa
1 1 . Platidia anomioides , Scacchi
Stn. 234. ipaout 1888. Hirondelle. 39°oi’4o” Lat. N., 3o° i5 40
Long. W. Profondeur 454'”. Fond de gravier ferrugineux.
Chalut. A l’Est de Graciosa (Acores). 1 dchantillon adulte.
Stn. 584. — 16 juillet i895. 38° 3 1 ’ Lat. N., 29°o9'3o” Long. VL
Profondeur 845™. Fond de roches. Barre a faubeits. Baie
de Capellas, Sao Miguel (Acores). 1 echantillon jeune e
2 millimetres.
Cistella, Gray
12. Cistella cuneata, Risso
(3
Cap-d’Ail, (environs de Monaco). — 20 juin 1903. Drague, de 1
a 19™. Deux tres jeunes echantillons.
i3. Cistella cislellula, S. Wood.
Anse de Canton (environs de Monaco). — 26 mai 1906- Dia§UL'
de 19 a 8ra. Un exemplaire brise (determination douteus
— 9 —
14. Cistella neapolitaua, Scacchi
Pointe de la Vieille (environs de Monaco). — Drague de 52m.
i exemplaire en mauvais etat.
Rhynchonei.la, Fischer de Waldheim
1 5. Rhynchonella psittacea , Chemnitz
Stn. 97o. — 3 1 juillet 1898. 76° 3o’ Lat. N., 23°o7’ Long. E. Pro-
fondeur 48'". Fond de gravier et coquilles. Chalut. Pres de
l ile Hope. 6 echantillons et 2 valves separees.
Stn. 1074. — - 18 aout 1899. Baie de Treurenberg, Spitzberg. Pro¬
fondeur 22m. Petite drague. 6 echantillons dont 1 senescent.
t 6. Rhynchonella cornea , P. Fischer
Stn. 1 1 18. — 12 juillet 1901 . 29° oh’ 3o” Lat. N., 1 5° 83 Long. W .
Profondeur 1098111. Fond de vase sableuse piquetee denoii.
Chalut. Cote Est de Lanza rote (Canaries), a 3 milles de tei 1 e.
2 echantillons vivants et 14 valves separees.
Stn. 2210. — i1-'1' septembre 1905. 39°25’ Lat. N., 3i°22 jo
Long. W. Profondeur 1229™. Fond de vase sableuse a glo-
bigerines, volcanique. Chalut. 1 echantillon mauvais etat
(determination douteuse).
Cette espece parait jusqu’a present cantonnee dans la te
gion comprise entre la cote du Maroc, les Canaries, les Acoies,
le golfe de Gascogne. Elle parait remplacer la R. psittacea qui
est plus arctique et ne descend guere au sud de 1 Angletei le.
(103)
■'» ,
.. &- * ■■■ ■ ( • •
-
• , ' • • *s3L . c».«\ -■• T.. ‘
. , . ^ 7At.i v.’-^yv
AVIS
Le Bulletin est en depot chez Friedliinder, 1 1 , Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent separement aux
suivants et franco :
88. — Analyse des cchantillons d'eau de mer recueillis pendant la
Campagne du yacht Princesse-Alice en iyoC, (kun espe-
ranta traduko), par G.-H. Allemandet .
89. — Notes sur 'esgisements de Mollusques comestibles des Cotes
dc France. — La region d'Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Joubin, professeur au Museum d'Histoirc naturelle
de Paris et a 1'Institut Oceanographique .
90. — Description de l’extremite posterieure du corps anormale
chez deux AJotella fusca Risso, par lc Dr M. Jaquet,
Conservateur au Musee Oceanographique (avec une plan-
che double) .
91. — Analyse de quelques cchantillons de Pelagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun esperanta traduko), par
G.-H. Allemandet .
prix
Fr.
o 5o
2 5o
1 »
0 5o
92. — Conference du 1" dccembre 1906. La Prcsqu’ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. Joubin, professeur
au Museum d’Histoire naturelle de Paris et a 1'Institut
Oceanographique . . .
93. — Quelques impressions d 'tin naturaliste au cours d’une cam-
pagne scientitique de S. A. S. le Prince de Monaco (igo5),
par E.-L. Bouvier, professeur au Museum d’Histoire
naturelle, Membre de 1'Institut .
94. — Sur l'existencc dc la Mye dans la Mcditerranee, par Fred
Vles, preparateur du Laboratoire de Roscoft .
g5. — Sur la huitiemc campagne de la Princesse-Alice II, par
S. A. S. le Prince Albert 1" de Monaco .
1 5o
1 5o
0 5o
0 5o
96. — Orchomenella lobata , nouvelle espece d’Amphipode des
regions arctiques, par Ed. Ciikvreux .
97- — Sur une methode de prelevement dc l’eau de mer destinee
aux etudes bacteriologiques, par MM. P. Poktier et
J. Richard . . . 1 ”
98. — Questionnaire relatif aux especes comestibles de Crustaces,
par H. . 0 5°
99- — ■ Note preliminaire sur quelques Asteries et Ophiures prove-
nant des campagnes de la Princesse-Alice, par R. Kcehler,
professeur a laFaculte des Sciences de Lyon . 1 00
100. — L’Industrie des Salines cdtieres, par lc D' L. Maillard,
professeur agrege a la Faculte de Medecine de Paris (avec
8 planches) . 2 ’>
■ot- — Notes siipplemciitai res sin les Calanoides de la Princesse-
Alice (corrections et additions), par G. O. Sars . 0 50
102. — Note sur une forme jeune de Trigla, par le Dr M. Jaquet,
Conservateur au Musee Oceanographique . 0 -,0
10.1. — Note sur les Brachiopodes recueillis au cours des dernieres
croisieres du Prince de Monaco, par M. L. Joubin, profes¬
seur au Museum d’Histoire naturelle de Paris et a 1’Ins-
titut Oceanographique . 0 5o
MONACO. — IMPR. de MONACO.
N° 104
30 Septembre 1907
BULLETIN
1'IISTITIIT 0C£AN««R4PIiaDE
(Fondation ALBERT pr, Prince de Monaco)
SUR QUELQUES FORMES LARVAIRES liNIGMATIQUES
D ’EUCYPHOTES, PROVENANT DES COLLECTIONS
DE S. A. S. LE PRINCE DE MONACO.
Par H. Coutiere
MONACO
AV I S
Les auteurs sont pries de se conformer aux indications suivantes :
i° Appliquer les regies de la nomenclature adoptees par les Congres
internationaux.
2° Supprimer autant que possible les abreviations.
3° Donner en notes au bas des pages ou dans un index les indications
bibliographiques.
4° Ecrire en italiques tout nom scientifique latin.
5° Dessiner sur papier ou bristol bien blanc au crayon Wolf (H. B.) ou
a l’encre de Chine.
6° Ne pas mettre la lettre sur les dessins originaux mais sur les papiers
caiques les recouvrant.
7° Faire les ombres au trait sur papier ordinaire ou au crayon noir sur
papier procede.
8° Remplacer autant que possible les planches par des figures dans le
texte en donnant les dessins faits d’un tiers ou d'un quart plus grands que
la dimension definitive qu’on desire.
*
* *
Les auteurs recoivent 5o exemplaires de leur memoire. Ils peuvent, en
outre, en faire tirer un nombre quelconque — faire la demande sur le
manuscrit — suivant le tarif suivant :
Un quart de feuille .
50 ex.
4-f »
Une demi-feuille. . . .
Une feuille entiere..
4 7°
8 io
II faut ajouter a ces prix celui
100 ex.
ISO ex.
200 ex.
250 ex.
500 ex.
5f 20
6f 80
8f40
10 40
1 7f 80
6 70
8 80
1 1 »
1 3 40
22 80
9 80
i3 80
16 20
19 40
35 80
planches quand il y a lieu.
Adresset tout ce qui concerne le Bulletin a I’adresse suivante :
Musde ocdanographique (Bulletin), Monaco.
I - . ■ - . - - =
Bulletin de l’Institut Ocean ographique
(Fondation ALBERT I", Prince de Monaco)
N° 104. — 3o Septembre 1907.
Sur quelques formes larvaires enigmatiques
ftEucyphotes, provenant des collections
de S. A. S. le Prince de Monaco.
Par H. COUTIERE
La vie larvaire des Eucyphotes a seulement ete suivie, ou
reconstitute, pour un petit nombre d’especes, faciles a se pro¬
curer ou importantes au point de vue economique.
Les cas ou elle est le plus abregee sont ceux ou la larve,
naissant d’un ceuf volumineux, est au stade mysis, et reprdsente
une vdritable reduction de l’adulte. Tous ses appendices sont
presents, ses mandibules ont un palpe si celles de l’adulte en
possedent, elle devient au bout de tres peu de mues un jeune
reconnaissable.
Dans une espece de Synalpheus , Brooks et Herrick ont vu
cette transformation s’effectuer en 24 heures.
Ces cas se rencontrent de facon tres irreguliere, sans que
lon puisse dtcouvrir une relation entre ce ddveloppement
ubrege et quelque particularity biologique des especes qui le
presentent : Hoplophorus et Systellaspis chez les Hoplophoridac,
fympasiphcea chez les Pasipheeidre, Bythocaris, Hippolj-te borea-
hs chez les Hippolytidae, diverses especes d’Alphees et surtout
des Synalphtes chez les Alpheidce, les Glyphocrangon chez
'es Crangonidae, beaucoup d’especes de Caridines chez les
1
(«5 (VOV20190?
Atyidae (i), Palemonetes varians macrogenitor, et quelques es-
pfeces d’eau douce de Pal^mons chez les PalemonidcE. C est
dire que la presence d’oeufs rares et voluinineux caracterise
tantot une variete, tantot quelques esp&ces d’un genre, tantot
quelques genres d’une famille. Elle est encore moins commune
en dehors des Eucyphotes (Ecrevisse, Homard, quelques Tha-
lassinidte, quelques Crabes d’eau douce).
Dans la grande majorite des cas, les Eucyphotes naissent a
l'dtat de larve zoe, pourvue de bourgeons plus ou moins nom-
breux et apparents des pattes thoraciques. II est relativement
facile de l’etudier a sa naissance, soit encore enfermee dans les
enveloppes de l’oeuf, soit libdreeddja et prete a quitter 1 abdomen
maternel. Mais la suite du ddveloppement, jusqu’au moment ou
la zod, apres avoir traverse un stade rnysis, est devenu un jeune,
avec ses appendices de forme definitive, n’a dt 6 observee que sui
un tres petit nombre d’especes. Celles pour lesquelles sont
donnees des dimensions sont les suivantes :
A tyephyra Desmaresti .
Palemonetes vulgaris .
Palemonetes varians (microgenitor) . . . .
Palcemon Fabricii .
Alpheus sp .
A Ipheus heterochelis. . . .
Crangon vulgaris .
— Allmanni .
Cheraphilus echinulatus
— nanus .
Pontophilus spinosus . . .
— norwegicus
Sabinea y-carinata .
Pandalus borealis .
ZOE
DERNIER STADE
LARVAIRE
OBSERVATEURS
2mm
4mm (?)
Joly
2.1/3
8 (7= stade)
haxon
4
8 (Mysis)
Boas
3
7 (5e stade)
Mortensen
Brooks et
2.5
5 (5e stade)
Herrick
1.2 a 1.8
4.75 (5« stade)
Ehrenbaum
2.2
4-7° ( — )
G.-O. Sars
—
6
* -
2.5
4.8
—
1.8
3.3
—
5.5
11. 5
—
9-10 (?)
16
—
7-7
11. 5
—
3
1 3 (8e stade)
(r) M. Bouvier (17, p. 126) a remarque que, chez les Caridines, ce sont
d ordinaire les formes les plus evohiees de chaque groupe d’especes qui
presentent de gros oeufs. La meme observation pourrait s’appUquer a
quelques especes de Synalphees du groupe Icevimanus, mais je crois difficile
de generaliser cette explication, comme d’ailleurs celles qui ont ete propo-
sees deja. J'ai pense de mon cot6 qu’il s’agissait peut-etre de la reapparition
lortuite d un mode de developpement normal chez certains Schizopodes
(Mysidae, Lophogastridas).
11
—
Ce tableau montre d’abordqu’il y a entre les zoe's originclles
des differences de taille considerables, certaines atteignant a la
sortie de l’oeuf, et meme depassant, les dimensions des larves
mysis. Le fait est surtout frappant dans la famille des Cran-
gonidae, la mieux connue grace aux remarquables travaux
de G. 0. Sars. II faut aussi retenir que dans la meme espece la
zoe peut montrer des differences de taille, puisque Ehrenbaum
a note les longueurs de i .2 jusqu’a 1 .8mm pour la zoe du Crangon
vulgaris , a laquelle G. O. Sars donne meme 2.2mm (p. 1 36).
Un second point est la difference dans la longueur du deve-
loppement, qui comprend de 5 a 8 stades larvaires. Encore
dans ce dernier cas, celui du Pandalus borealis , Sars pense qu il
y a un autre stade au moins entre le huitieme (i3mm) et le plus
petit des jeunes observes (i7mm).
Enfin, il faut retenir que la larve peut atteindre jusqu a
16 millimetres chez les Eucyphotes avant que le jeune recon-
naissable ne se dessine. Cette taille excessive de la larve nest
d’ailleurs pas lide a celle de l’adulte.
Les diverses expeditions ocdanographiques ont recueilli un
grand nombre de formes larvaires d’Eucyphotes, dont quelques-
unes de taille vraiment gdante, qui viennent singulierement
rompliquer la question du developpement de ces Crustaces. Le
tableau suivant indique les formes jusqu’a present decrites.
L sagit, a de tres rares exceptions pres, de formes capturees
par le filet de surface ou par des filets verticaux, et qui toutes
Paraissent etre pelagiques. Deux faits frappent immediatement
dans ce tableau : le tres petit nombre de formes connues, et la
taille excessive de certaines d’entre elles, taille qui contraste
avec l’imperfection des appendices. Toutes ces larves sont des
mysis, et, quelle que soit leur taille, ne se montrent pas plus
avancdes que les larves au stade mysis des especes dont on
a pu suivre le ddveloppement.
— 4 —
Expedition du « Challenger », genres et especes de Sp. Bate
Kyptocaris stylofrontalis.. .
1 specimen
jmm
Samboangan
Diaphoropus versipellis ....
1
9
Cap Howe
— longidorsalis .
1
9
Cap Vert
Anebocaris quadroculus ....
1
8
Port Jackson
Rhomaleocaris hamulus ....
1
8
Entre Api et Cap York
Parathanas decorticus .
1
6
Samboangan
Thalassocaris Dana; .
1
9
Fiji
— Stimpsoni. . . .
3
7 a 10
Fiji, Yokohama
Procletes biangulatus .
1
16
Arrou Island
— Ellioti .
1
(?)
Coromandel
Icotopus arcurostris .
2
10
Cap Howe
Hectarthropus tenuis .
1
10
Cap Vert
— exilis .
1
9
Philippines
— compressus . .
1
1 1
Entre Api et Cap York
— expansus. . . .
1
7
Philippines
Caricy phus cornutus .
1
6
Samboangan
— serramcirginis..
1
10
Fiji
— gibberosus .
1
i3,5
Sandwich
— turgidus .
1
8
Luzon, Philippines
— angulatus .
1
17
Marion Island
Bentheocaris exuens .
1
l6
Pacifique sud 2
— stylirostratus .
2 (0*?)
38
Atlantique 1
Eretmocaris remipes .
1
12
Sud du Japon
— longicaulis .
1
6
—
— stylorostratus . .
1
4
Cap Vert
— corniger .
1
7
—
surface
80 brasses
surface
800 brasses
(?)
surface
)oo brasses
surface
(?)
« Plankton Expedition », genres et especes d’Ortmann
Falcicaris tenuis .
Anisocaris drotnedarius . . . .
Atlantocaris gigas .
— brevirostris. . . .
Camptocaris maxima .
Coronocaris gracilis .
— brevis .
Mesocaris recurva .
Retrocaris contraria .
— spinosa .
Boreocaris Mobiusi .
3 specimens
• 2
3
10 a i5mm
20 a 21
53
1
2
10
5
1
3
2
1
24
3o environ
10 a i5
10
10
16
5-12
Atlantique median
Courant equatorial sud
Courant de Guinee
Sargasses, courant equat. sud
Atl. median, cotes du Bresil
Atl. sud, cotes du Bresil
Cotes du Bresil
cotes du Bresil
1, Atlantique sud
m (un autre decrit
ns, des Hebrides)
Oligocaris bispinosa .
I specimen
27mm
Atl. nord, Irminger Sea
Caricyphus gibberosus Bate.
(3
(?)
(
Atl. median
Gourants equatoriaux S. et N
— edentulus .
3
■4
Mer aes Sargasses
Mwiitii itjlmitnlui Bate .
I
4
Cotes du Bresil
- corniger Bate .
I
(?)
Boavista
- dolichops .
I
9
Campagnes de S. A. S. i.e Prince de Monaco
Hoplocaricyphus similis . |
Acanthephyra purpurea . \
au stade Hoplocaricyphus . )
Oligocaris brevirostris .
Anebocaris A .
B .
- c..:. .
- D .
- E .
Hippocaricyphus acutus .
— bigibbosus _
Pniacaricyphus paudaliformis
fyptocaris oligodon .
Icotopus approxima .
" t implissimus .
Coronoairis humilis .
Htttctrtkropus nikiformis .
Mtheocaris stylorostratus Bate
Lymta (?) .
Per‘climenes sp .
1 sped.
T
12mm g
Acores
Filet a Ode Ouv.
1
I
10.8
—
—
I
9
—
—
3
8.2
Pres Tenerife
—
1
I I .2
—
—
1
i3
Golfe de Gascogne
—
2
7.8
Acores
—
1
!9
—
2
32 et 40
—
1
19.5
—
2
20
—
1
22
—
—
3
16 a 3o
Canaries, Baleares
—
1
6
Acores
—
3
4.5 a 1 3 . 5
—
—
2
19 et 26
Voisinage de Madere
—
1
10
lies du Cap Vert
Surface
1
26.5
Acores
Filet a Gdc Ouv.
Expedition antarctique suedoise
Retrocaris antarcticus .
Anisocaris puerilis . . .
Anebocaris ancylifer.
10 specimens
5_ 6mm
1
10
1
J7
Georgie du Sud
On n’a pu que donner des noms nouveaux de gemes et
d especes a ces larves enigmatiques, ne correspondant jusqu a
Present qu’a un bien petit nombre de genres connus, au moins
Wee certitude. Dans l’etude que j’ai faite des formes provenant
(104)
- 6 —
des collections de S. A. S. le Prince de Monaco, j’ai dii employer
aussi quelques noms nouveaux, surtout pour le genre Caricy-
phus Bate qui comprcnait des larves trop diverses, mais je l’ai
fait le moins possible, le progres de nos connaissances sur ce
point dtant dvidemment de faire disparaitre ces noms gdne'riques,
en les employant a designer de simples stades de ddveloppe-
ment, comme il est advenu pour les genres Zoe , Megalopa,
Alima , etc. J’ai essaye' de meme de placer ces formes larvaires
dans les families d’Eucyphotcs auxquelles elles me paraissent
correspondre, et qui sont les suivantes :
Hopeophoridas : genres Hoplocaricy phus H. C. (Caricyphus
Bate, partim), Bentheocaris Bate;
Pasiph^iDjE : genres Anisocaris Ortmann, Caricyphus Bate,
(partim) ;
HippolytidjE : genres Hippocaricyphus H. C., ( Caricyphus
Bate, partim);
PandaudjE et Thalassocarid.e : genres Pandacaricyphus H. C.,
Eretmocaris Bate?, Boreocaris, Oligocaris Ortmann, Ke¬
pt ocar is Bate, Icotopus Bate, Thalassocaris Stimpson,
Atlantocaris Ortmann, Procleles Bate;
Alpheida: : genres Diaphoropus , Anebocaris, Parathanas Bate;
I ’ai.emonida: : Retrocaris Ortmann, Coronocaris, Mesocaris
Ortmann ?;
Nikiiee : Hectarthropus Bate.
II me semble impossible d’assigner actuellement une place
aux genres Rliomaleocaris Bate, Falcicaris , Camptocaris Ort¬
mann.
On peut remarquer que les Crangonidte ne figurent pas sur
eette liste, bien que certaines especes possedent des larves mysis
atteignant jusqu’a 1 6 millimetres.
HOPLOPHORI1AE
Les foimes larvaires paraissant appartenir a cette famille se
t istinguent de toutes les autres par deux points tres importants :
—
— 7 —
elles ont des exopodites sur toutes les pattes thoraciques, y
compris la cinquieme paire, et surtout elles ont un palpe sui la
mandibule.
Ce palpe doit naitre de tres bonne heure, car on le trouve
sur des larves de faible taille, et peut-etre en trouverait-on la
trace meme sur les zods avancdes, si celles-ci etaient connues
dans les especes qui naissent a ce stade (d’apres la grosseut des
ceufs). II en resulte que les larves sont peu differentes des
adultes, et que leur passage a l’dtat de jeunes reconnaissables
n est marque par aucun changement brusque et profond. On n a
done aucun moyen d’estimer la durde de la vie larvaire dans
cette famille, et de savoir si les Bentheocaris Bate, par exemple,
sont des etats correspondant aux vraies larves de taille compa¬
rable appartenant a d’autres families ( Hippocaricyplius , Atlan-
tocaris, Icotopus , etc.). Persistance des exopodites et palpe de la
mandibule present de tres bonne heure sont d’ailleurs des carac-
teres de Peneides larvaires, le dernier surtout s’ajoutant a tous
ceux qui unissent deja les Eucyphotes primitifs aux Peneides.
Hoplocaricyphus similis, n. sp.
Cette espece est extremement voisine du Caricyphus gib
berosus decrit par Bate, je Ten separe sur quelques faibles
differences, et surtout par suite de la difference tres grande de
provenance des deux specimens.
L’exemplaire que j’ai’ etudie mesure i2mm9. Le tostte a
4 dents en dessus. 11 y a deux faibles dents sous-orbitaires et
one dent cardiaque. Le bord inferieur de la carapace potte 4
dents posterieures et il est en outre marque d un bouttelet sail
innt sur toute sa longueur, comme aussi le bord posteiieui . Les
pleurons du premier pleosomite portent une dizaine de dents.
Ces details paraissent manquer sur 1 espece de Sp. Bate.
(%■ i, Br),
Ilya une epineetroite surle bord poste'rieur des pleosomites
4 et 5, lateralement. Le telson porte 3 paires d epines latch ales.
Son bord posterieur montre un lobe median, avec 3 paiie.
depines dont 2 plus grandes. (Fig. 1, t). (104)
— 8 —
Les ophtalmopodes sont tronconiques, terminus par des
corndes dont les facettes sont rares et grandes, rappelant celles
des Anebocaris. Ilya une papille oculaire, large et faiblement
convexe. (Fig. i, B). Les yeux sont plus allongds que dans une
autre larve de la meme famille, que j’ai rapporte'e a YAcanthe-
phj-ra purpurea et qui est sensiblement de meme taille.
Sur le plan infdrieur des antennes et antennules, complete
par les longues soies plumeuses croisdes de ces appendices, on
"V- ~ Hoplocaricyphus similis, n. sp. — A, type vu lateralement; B, vu en dessus.
r’ arthr°branchies et epipodites rudimentaires. Les lettres d. g. t. representent res-
| ectivement la mandibule, le maxillipede de la premiere paire et le telson.
iemarque trois epines greles situees sur l’article basal de 1’an-
tennule, de l’antenne et du fouet antennaire. Les fouets anten-
nulaires sont simples.
La mandibule porte, comme je l’ai dit plus haut, un palpe a
' artlcles deja distincts. (Fig. i, d). Le corps de l’appendice se
lmine Pai un bond simple, un peu concave, et son armature
epines est celle qu’on retrouvera chez toutes les autres larves,
— 9 —
sans exception : du cote* interne une serie de cretes parallels
armees de courtes saillies tranchantes, du cote externe quel-
ques grosses dents, et dans la partie mddiane une 1 angee
d’epines, les unes fixes, quelques-unes mobiles (lacinia mobilis
et groupees.
Le « palpe » de la maxillule, autrement dit l’extrdmite de
l’endopodite, est a 2 articles, ddtail qui se retrouvc dans
presque toutes les larves dont il sera question par la suite, et
dont j’ai montrd l’importance en ce qu’il rappelle la maxillule
desPene'ides et des Euphausidte.
La maxille a son exopodite fonctionnel, plus long que 1 en
dopodite, qui est grele.
Le premier maxillipede a son endopodite a 4 articles, son
exopodite depourvu de partie dlargie a la base ( lobe a de Boas .
(Fig-U#J- . .
Le deuxieme maxillipede est coude, mais ses deimeis aiti
cles sont encore en ligne droite, le dernier se terminant pai
une forte soie.
Tous les autres appendices manquent, sauf deux, appaite
nant a la deuxieme et a la cinquieme paire. Ils diffeient suitout
par le dactyle et le carpe, un peu plus longs sui la deuxieme
paire. Un long stylopodite termine le membre, qui ne poite pas
trace de pince, mais seulement un faible elargissement du pio
podite, present d’ailleurs sur les deux membres. La cinquieme
paire porte comme les autres un exopodite, dont il est facile de
constater le point d’insertion sur le membre.
La formule branchiale comprend 5 pleurobranchies, 2 bout
geons d’arthrobranchies sur le troisieme maxillipede, un seul
sur chacun des membres suivants, sauf la cinquieme paiie, et
des epipodites de forme tres remarquable, en ce qu ils lepetent
exactement la forme decelui situe sur le deuxieme maxillipede.
Celui qui s’en ecarte le plus, sur le quatrieme pdrciopode, est
uettement bifurque. (Fig. 1, Br).
L'epipodite du deuxieme maxillipede donne, chez 1 adu te,
uue lame indivise et une branchie, ayant meme valeui et icq ie
sentant l’une et l’autre une moitie de bourgeon branchial du
coxopodite. De meme sur les membres suivants ce bouigcoi
U04)
10
dcdoubld donne d’une part l’dpipodite en forme de crochet
recurrent, d'autre part le tubercule sdtifere dont j’ai soutenu
depuis longtemps la signification branchiale.
Ce tubercule manque sur le troisieme maxillipede, et j’ai
pensd qu’il pouvait etre reprdsentd, sur ce membre, par la plus
inferieure des deux arthrobranchies ayant ainsi conserve sa
valeur fonctionelle. Mais cette arthrobranchie peut aussi bien
etre la dernidre de sa sdrie, de meme que celle placde au-dessus
peut tres bien etre une pleurobranchie un peu deplacde comme
point d’insertion. La forme des epipodites de la larve ci-dessus
montre que probablement cette derniere interpretation est
exacte, qu’il n’y a point de tubercule se'tifere sur le troisieme
maxillipede des adultes, ou plutot qu’il y est represente' par
le fort talon anterieur de l’epipodite, talon tourne vers le haut,
termine' en pointe, et ne portant pas de soies ordonne'es.
Si 1 on en juge par la forme du troisidme pldosomite, les
especes C aricyphus gibberosus, C. serramarginis, turgidus Bate
scraient aussi des larves d’Hoplopboridre, de meme que le
C. edentulus Ortmann. Le C. cornutus, dont les exopodites
foliaces et les pleurons epineux ne sont pas sans rappeler les
/ Inplophorus est peut-etre dans le meme cas, et doit alors pos-
sedet des exopoodites jusque sur la cinquieme paire.
Le specimen d Hoplocaricj'plius similis est de la Stn. 1715
legion des Acores, filet a grande ouverture, o-iooom).
Bentheocaris stylirostratus, Bate
•le lapporte a cette espece deux specimens mesurant respec-
tiN ement 19 et e5 millimetres, legerement diffe'rents au point de
' Ue de Ia forme des epines rostrales. Celles-ci ne sont pas non
plus i igoureusement identiques au dessin de Bate, mais ces
<- lfieiences diverses sont si faibles qu’il s’agit certainement de la
l,nC','C cspece. La re'gion ou les specimens ont ete capture's est
o ailleurs la meme.
. > ^ate attridue au plus grand de ses exemplaires (38mm) le
, a\ec un signe d interrogation, et sans donner d’ailleurs
aucun detail ni dans le texte ni par une figure, sans dire, par
exemple, s’il a vu un retinacle double sur les pleopodes de la
deuxieme paire, caractere sexuel ddcisif pour les cf. Les speci¬
mens que j’ai dtudids ne montrent aucun caractere sexuel, ils
sont si semblables aceux du Challenger que le point d intcno-
gation pose par Bate doit probablement etre resolu pai la
negative.
Aucune espece connue d ' Acanthephyra ne possede une crete
rostrale comparable, mais les Hjnnenodora glauca et mollicutis
Bate se rapprochent doublcment des Bentheoca ? is . pai leui
crete rostrale tres faible, inclinde en avant, presque inetme, pai
leurs ophtalmopodes pourvus d’une papille oculaite tics sail
lante. II sulTirait de supposer la chute ou la reduction, au corns
d’une prochaine mue, des longues epines rostrales des Binlhio
can's pour que la ressemblance fut complete.
Fig. 2. — Bentheocaris stylirostratus, Bate. A, B, dents rostrales
deux specimens; t, epines du telson.
Parmi les specimens d' Hjnnenodora sp. que j ai pu examine! ,
la seule 9 dont l’ovaire soit mur mesure 36 millimetres, mais
les plus jeunes, bien qu’encore loin de leur matuiite sexuel e,
sont parfaitement reconnaissables. Si done les Bentheocai is sont
destines a devenir des Hjnnenodora , ils epiouveiont, ties pi .
de leur maturite sexuelle, un changement qui, bien que fai
sera exceptionnel dans le genre et n’est pas sans rappelei,
attenue, le cas des autres larves geantes d Eucyphotes.
Les Bentheocaris pourraient aussi gardet jusqu au
(i°4)
12
forme de leur rostre et constituer des especes dont les adultes
sexues sont encore inconnus.
II n’est gubre possible d’envisager un troisieme cas, celui oil
ces larves ne deviendraient jamais sexudes, dtant donne l’etat
de perfection de leurs appendices, lesquels ne different en rien
dc ceux des specimens adultes d ' Acantheph/ra ou d 'Hyme-
nodora.
Stn. 2022 (o~4ooom) entre Gibraltar et Madere.
Stn. 1718 (o-5ooom) entre les Canaries et les Acores.
Les specimens de Bate ont etd recueillis par 1900 brasses.
pasiph^id^:
Anisocaris puerilis, H. C.
.1 ai donne ailleurs (25) les caracteres de cette forme larvaire,
provenant de I’expe'dition antarctique sue'doise. Les Pasiphteidas
sont, avec la famille precddente, les seuls Eucpphotes conser-
\ant toute leur vie des exopodites sur toutes les pattes thora-
ciques, a 1 exception des Atyidae du genre Xiphocaris , qui sont
d eau douce et qu’on peut vraisemblablement laiser de cote
>-lans le cas dont il s’agit. Mais les Pasiphaeidae ont les dernieres
paii es de pere'iopodes tres reduites, les pinces des deux premie-
,LS Pai|es semblables, a carpe court. Les larves Anisocaris pre'-
sentent piecisement ces caracteres, sans compter la reduction
° l '1 ^ormuL branchiale, la forme de la maxille et du premier
maxillipede qui rappellent ceux des Pasiphteidte, elles peuvent
avec beaucoup de probability etre rapportees a cette famille.
autie patt, les pinces que possede V Anisocaris drome-
lanits Oi tmann sont de forme si spe'ciale que cet auteur rap-
porte espece a quelque Alphaeidd, ce a quoi s’oppose le carpe
metre ^ av^eux*®me Pa're- A. dromedarius mesure 20-21 milli-
aucun ? ’S ^ Cn 1^su^te finalement quelque Pasiphaeide, dont
est « dromedarius », le troisieme pleosomite changera
— i3 —
completement de forme, et il n’est pas plus etonnant de conce-
voir les pinces definitives de la premifere pince se sculptant,
pour ainsi dire, avec reduction de taille, aux depens de celles
de la larve.
L 'A. puerilis (Fig. 3) ne mesure que i5 millimetres et ses
pereiopodes sont beaucoup moins avances qus ceux de l’espece
d’Ortmann, les pinces n’dtant pas encore apparues.
Le Caricyphus angulatus Bate, par la forme de son troi-
sieme pleosomite, me parait etre une larve comparable.
^IG- 3. — Anisocaris puerilis , n. sp. — Les chiffres i a 5 correspondent
respectivement au type vu lateralement, a la maxille, au premier maxil-
lipede et aux pereiopodes.
Les larves des deux families precedentes, si elles se ressem-
blent par les exopodites presents sur la cinquieme paire et par
dautres details, tel que l’aspect denticule des pleurons abdo-
nfinaux, peuvent etre facilement distinguees par la mandibule,
ddpourvue de palpe chez les Anisocaris , et qui conservera ce
®eme caractere chez toutes les formes larvaires suivantes, ou
s°n aspect est d’ailleurs tres uniforme.
fi04)
HIPPOLYTIILE
Hippocaricyphus acutus, H. C.
J’ai fait connaitre ailleurs les details concernant cette espece,
qui m ’a servi, en meme temps que la suivante, a montrerl’in-
tdret considerable que presentent ces larves e'nigmatiques d’Eu-
cyphotes. Je rappelle que la premiere paire est identique a celle
dcs Hoplophoridce, que la deuxieme paire a le carpe tres long
ct destine sans doute a se segmenter; que la cinquieme paire
se tcrmine par une pince presque aussi parfaite que celle de la
deuxieme paire.
Jc dois toutefois revenir sur la structure de la maxille, dont
I aspect est si particulier. La lacinie distale est divisee dans
toute sa hauteur par un sillon tres net, de sorte que j’avais ete
conduit a adopter, dans l’attribution de ces lacinies, un ordre
dillerent de celui qui est classique. Comme le sympodite de la
maxille possede trois articles et non pas deux, ainsi que l’a
montre H. J. Hansen, j’attribuais a l’article basal la lacinie
proximale, tres inegalement divisde en deux lobes, et a chacun
dcs ai tides suivants, chacune des 2 lacinies simples si nettement
i ndiquees chez les Caricyphus. Cette interpretation se trouvait
expliquer simplement la structure de la maxille chez les
I eneides et les Lophogastridm, comme le montrent les figures
que j en ai donne, et rendait la maxille plus comparable a la
maxi 1 1 u le, dont 1 article basal, ainsi que l’a montre Hansen,
possede la lacinie proximale indivise du membre.
Mais Hansen croit que, sur la maxille, l’article proximal
poi te pas de lacinie. Malgre l’aspect si schematique du mem-
ie chez les Caricyphus , et la generalisation si se'duisante qu’on
‘. peut faiie, je suis aujourd’hui porte a reconnaitre que l’opi-
nion de Hansen est la vraie, comme s’appliquant de facon
.-.eneiale a la conception de la maxille chez les divers Crustaces.
(Fl§- 4
o • 1 ^
on admettait, comme je l’ai fait, que l’article proximal
— i 5 —
porte une lacinie, la maxille des Ddcapodes deviendiait diffici-
lement comparable a celle des Euphausid;e,les lacinies des
Lophogastridae ne seraient pas exactement superposables a celles
des Decapodes. 11 est certain, d’autre part, qu’en dehors des
Hippocaricj'phus on ne trouve chez les Decapodes aucun autie
exemple de lacinie distale divisde en deux completement, cette
division faisant ddfaut meme chez VIcotopus amplissimus. Ce
dernier argument est de faible valeur, mais les deux premieis
sont de plus grand poids. Us m’ont determine: a suivie la nota
tion classique dans mon travail sur les Schizopodes de la mission
Charcot, apropos de V Antarctomysis maxima H. J. Hansen.
La formule branchiate comprend, outre les 5 pleurobranchies,
2 arthrobranchies a l’dtat de bourgeons sur le tioisieme maxilli
pede, une autre, moins apparente sur la premiere paii e, 2 boui
geons epipodiaux sur le troisieme maxillipede et la premieie
paire. Rien ne perniet de dire si ces bourgeons sont destines a
s’accroitre par la suite, ou au contraire a dispaiaitie.
Le type mesure 19 millimetres. Stn. i83q (re'gion des Acoies.
filet a grande ouverture, 0-1000 metres).
Hippocaricyphus bigibbosus, H. C.
Depuis la description du premier specimen, long de 02 milli
metres, j’ai pu en examiner un autre atteignant 40 millimetres,
si semblable qu’il appartient certainement a la meme espece.
La seule difference porte sur le rostre, inerme au bold infei ieui
dans le plus petit specimen, et qui porte maintenant 5 dents.
(Fig- 4).
II n’y a pas de progres sensibles dans la foime des appen
dices thoraciques, ni dans le developpement des bianchies, qui
comprennent 5 pleurobranchies, 2 arthrobranchies sui le tioi
sieme maxillipede, et trois epipodites diriges vers le bas.
Cette enorme larve, l’une des plus grandes connues chez les
Eucyphotes, offre les plus singulieres ressemblances avec les
Hippolytidds du genre Chorismus Bate. Une espece de ce genre,
peu diffdrente du Cli. tuberculatus Bate, montre prdcisement
(104)
la forme « bi-gibbosus » des pleosomites, le rostre -4- dents est
tres peu different, la formule branchiale identique. Or, parmi
les nombreux exemplaires de cette espece, il se trouve des
jeunes ne mesurant guere plus de 20 millimetres, et qui ne
prdsentent avec les adultes aucune difference, sauf celles existant
dans toutes les especes entre les specimens de petite et de grande
taille.
L’analogie est si grande entre ces Chorismus et V Hippocari-
cj'phus bigibbosus que dans aucun autre cas le probleme ne se
pose de facon plus aigue de savoir si cette larve ge'ante est un
stade normal du ddveloppement de quelque espece voisine, ou
une forme anormale, devoyde, et incapable d’atteindre 1’etat
adulte.
Stn. 1 85 1 (o-3ooom) specimen de 32 millimetres.
Stn. 2187 (o-25oom) specimen de 40 millimetres.
— 17 —
Lysmata sp?
Ce specimen est encore une larve par la forme de ses man-
dibules, qu’il est inutile de decrire tant elles se rapprochent de
cellesdes especes prdcddentes, et de celles qui suivront.
Mais elle prdsente d’autre part des caracteres d’adulte tres
marques, de sorte qu’elle est tres proche de sa forme definitive,
et qu’elle l’eut sans doute acquise au bout de quelques mues.
Le specimen mesure a peine io millimetres. Le rostre est
beaucoup plus court que les ophtalmopodes, inerme en dessous,
arrne de 5 dents en dessus, la plus proximale correspondant a
la dent gastrique fre'quente chez les formes larvaires etudiees
ici. II n’y a pas d’epines sus-orbitaires, ni d’epine cardiaque.
L’ abdomen est rdgulierement courbe; le sixieme pleosomite est
plus court que le telson. (Fig. 5, A, A’).
Le telson a trois paires d’epines au bord posterieur, les deux
plus internes tres longues et egales, les externes courtes. II est
Lange de longues soies sur ses bords lateraux. (Fig. 5, t).
Les ophtalmopodes sont grands, mais depourvus de papille
oculaire et a corndules tres petites, rappelant par suite les
adultes. Le fouet externe de l’antennule porte des soies senso-
rielles sur sa moitid proximale, obscurement divisee en articles
et brusquement distincte de la partie distale plus etroite.
(%• 5, b).
La maxillule a son «palpe» a un seul article, le maxille a
sa forme definitive, son exopodite est court et large, son endo-
P°dite indivis.
Le deuxieme maxillipede possede absolument sa forme
adulte, avec son dernier article beaucoup plus large que long,
bordant l’avant dernier article plutot qu’il neje continue. II en
est de meme des maxillipedes de la troisieme paire, dont 1 cn-
dopodite n’a plus que trois articles. (Fig. 5, h).
Les pattes de la premiere paire, symetriques, se terminent
Par une pince un peu plus longue que le carpe. Celles de la
deuxieme paire ont un tres long carpe portant une trace de
(i°4)
— i8 —
multi-articulation peu distinctc, rappelant bien celle des Lys-
mata.
Les pattes suivantes ont le meropodite muni de 3 Opines a
leur bord inferieur, le dactyle bifide et muni en outre de
3 dpines au bord inferieur, ces membres etant tres pres de leur
bosseld, une courbure tres irreguliere, ils ne portent aucune
soie et visiblement ne sont pas fonctionnels. (Fig. 5, k, /, wt, ex).
Les pleopodes ont leur forme definitive.
La formule branchiale comprend 5 pleurobranchies; je n’ai
pas vu de bourgeon arthro branchial sur le troisieme maxilli-
pcde. L epipodite du deuxieme maxillipede est indivis, les
— 19 —
membres suivants en possedent jusque sur la quatrieme paire
indusivement ; celui du troisieme maxillipede (Fig. 5, i) est
bifurque en 2 branches dgales, moitids du bourgeon branchial
primitif, et qui donneront respectivement l’epipodite en forme
de crochet, et le talon de cet dpipodite, en forme de branche
montante, correspondant au tubercule setifere des epipodites
suivants.
Le spdcimen a plusieurs points communs avec les Lys-
mata dans la forme gdndrale du corps, du rostre, des yeux, des
pattes thoraciques, du telson. Le fouet antennulaire externe
n est pas bifurque, mais il pourrait se faire que cette bifucartion
a peine indiqude, se continuat par la suite du developpement.
Corame la mandibule des Lysniata est depourvue de palpe, les
changements a survenir dans celle du spdcimen seraient tres
faibles. La principale difference est dans la formule branchiale,
°u il manque les deux arthrobranchies presentes sur le troisieme
maxillipede, mais il est possible qu’elles m’aient echappd, le
specimen etant assez mutile dans cette region precisement.
Bien que le spdcimen soit de petite taille, et ne soit plus
tout a fait larvaire, il represente un cas de developpement plus
prolonge que les exemples classiques, et rappelant celui du
Pandalus borealis.
Stn. 1200 (ties du Cap-Vert, surface).
Il me semble que le Bresilia atlantica Caiman, du sud-ouest
tie 1 Irlande, est un Hippolytide comparable aux formes larvaires
enigmatiques qui prdcedent. Le spdcimen, unique jusqu a
present, mesure 29 millimetres. Il presente beaucoup de earac¬
hes larvaires : faibles denticulations du rostre, pleurons abdo-
minaux peu developpes, telson a 12 paires d'epines, 7 laterales
et 5 terminales, deuxiemes maxillipedes coudes, mais non
dargis distalement, le dernier article dans le prolongement du
precedent et muni d un stylopodite, enfin, exopodites encoie
fringes de soies sur les 2 premiers pereiopodes. La deuxieme
paire de ceux-ci porte des pinces beaucoup plus faibles que celles
de la premiere et le carpe tres court, indivis, rappelle celui des
Caridion.
Apres une discussion tres serree de tous ces caracteies,
(104)
20 —
Caiman ne peut que se decider a creer une famille speciale pour
ce remarquable Eucyphote, provenant de ^bo brasses et dont les
j'eux ddpigmentds sont depourvus de corndules.
Bien des details analogues — forme du rostre, des yeux. du
deuxieme maxillipede, du telson, ne pouvant etre rapportes a
un adulte connu — se retrouvent a des degrds plus ou moitis
marquds chez les larves dont il est question ici. Elles possedent
de plus la mandibule uniformdment simple et bipartite, alois
que celle du Bresilia atlantica est faiblement dchancrde et poite
un palpe a 2 articles. On peut au sujet de cette derniere espece
se poser la question de savoir si un tel spdcimen, immatuie
malgrd sa taille, finira par devenir l’adulte d'une grande espece,
ou s’il ne represente pas au contraire l’ultime developpement
que puisse ateindre une forme monstrueuse. Et, comme il
s’agit d une espece des profondeurs, on peut aussi se demandei
si les larves anormales auxquelles el le se laisse comparer n ont
pas, elles aussi, a la suite de leur longue existence pdlagique,
une phase oil elles achevent, sur les grands fonds, leui vie
inddfiniment larvaire.
PAN DALI D^E et THALASSOCARIDiE
Je reunis ces deux families, dillicilement separables d ailleurs,
et qui ne le sont plus au point de vue des formes larvaires leui
appurtenant. Celles-ci paraissent etre nombreuses, et paimi
celles qui atteignent la plus grande taille.
Les Eretmocaris Bate sont probablement des larves de cette
famille. Elles n’ont pas d’exopodites sur la cinquieme paiie, et
le propodite tres renfle de ce membre rappelle de facon singu-
liere celui des larves du Pandalus borealis , dont les trois derniets
propodites sont renfles. Cette forme du membre est arapprochei
aussi de la cinquieme paire exagerement longue des larves d Al-
pheidae : Diaphoropus , Anebocaris , Parathanas , et des Retro-
caris , larves de Palemonidce.
Les Procletes Bate, et les Atlanlocaris Ortmann rappellent
desi pres les Thalassocaris Stimpson qu'il est difficile de ne pas
les considerer comme des formes larvaires appartenant a ce
genre, Mais il se pose alors unc question non rdsolue : les plus
grands specimens de V Atlantocaris gigas (53mm, dont 32.2 sans
lerostre) n’ont encore qu’une paire de pinces, la deuxieme, les
specimens plus petits n’en possedant pas encore, comme les
Procletes. Ilya deux paires de pinces chez YAtl. longirostris ,
de sorte que les Thalassocaris adultes, qui en sont si voisins,
possedent peut-etre aussi, sur la premiere paire, les pinces
microscopiques que Caiman a montrd exister chez beaucoup
d’especes de Pandales. En admettant que les Atlantocai is
finissent par donner quelque espece de Thalassocaris , leui
premiere paire de pinces subirait une regression en devenant
celle de l’adulte.
En tous cas, les especes de Thalassocaris recueillies pai
Stimpson et par Dana, ces derniers possedant des oeufs, sont
bien loin des dimensions des larves Atlantocaris. Le Regains
lucidus Dana, 9, mesure 9 lignes, soit 20 millimetres environ.
J’ai signale ddja l'importance d’un detail qui ne parait pas
avoir e'te remarqud dans cette derniere espece : c’est le seul Eu-
cyphote connu oil Eon reldve des epines sur les bords lateraux
du rostre, disposition constante chez les Gnathophausia. Sui
E dessin que donne Ortmann de VOligocaris bispinosa , il sella¬
ble qu’il ait ete figurb de semblables epines, mais elles ne sont
pas tres nettes, alors qu'il n’y a aucun doute a leur sujet sui le
dessin de Dana.
Les larves suivantes, parmi celles que j ai etudie’es, me
paraissent se rapporter a des Pandalidte.
Pandacaricyphus pandaliformis, n. sp.
Le caractere le plus frappant de cette espece est l’extreme
'essemblance exterieure qu’elle presente avec 1 Hippocai icjphus
ac“tus. Le rostre, dente seulement en dessus (9 dents), les
epines sus-orbitaires faibles, les ophtalmopodes avec une forte
(104)
22
papille oculaire saillante, les deux paires d’antennes, le troi-
sieme pfeosomite saillant, en forme d’aiguillon de rosier, le
telson avec un lobe mddian, ne prdsentent que de tres faibles
differences avec 1’espece cifee. (Fig. 6, A, B).
On peut en relever a partir du premier maxillipede, dont le
sympodite est moins volumineux par rapport aux deux bran¬
ches de l’appendice, dont l’exopodite n’est pas e'largi a la base.
Sur le deuxieme maxillipede, l’article distal se rapproche de la
fotme adulte, en ce qu’il est separe' de l’article precedent, dont
il a la largeur, par une suture oblique. (Fig. 6, h).
Les maxillipedes de la troisieme paire (absents chez YH. acu-
lltsJ raPPellent ici ceux d’un Pandale adulte, par le second arti¬
cle du membre aplati et courbe, faisant un angle prononce avec
— 23 —
I’article basal. Mais il y a encore 5 articles sur Lendopodite de
cet appendice. (Fig. 6, i).
La difference avec YHipp. acuius devient tres grande a partir
de la premiere paire de pattes qui, au lieu de porter une pince
volumineuse relativement, se termine par un simple stylopodite
et nediffere quctrds peudes maxillipddes precedents, (big. 6, k).
La deuxieme paire est asymdtrique et porte des pinces.
A droite, le carpe n’est gudre plus long que la pince, il est a
a gauche 2.5 fois plus long, et la pince est plus petite. Il n } a
pas trace de segmentation sur le carpe. (Fig. 6, /, l )•
Les trois autres paires sont semblables, et leui dactyle se
termine par un long et grele stylopodite. Le propodite est lege
rement renfle. Les exopodites sont tres longs et volumineux.
(Fig. 6, mj.
Laformule branchiale comprend 5 pleurobranchies, 2 ait to
branchies sur le troisieme maxillipede, sous forme de bourgeons
tres rapproches, • — comme si elles provenaient de la division
d’un bourgeon unique prodpipodial — et aussi de bourgeons
d’arthrobranchies j usque sur la quatrieme paire, mais de morns
en moins visibles. Ilya egalement des bourgeons epipodtaux
jusque sur la quatrieme paire incluse, sans qu il soit possib e
de dire si ces rudiments branchiaux sont destines a se develop
per par la suite, ou a disparaitre, tellement ils sont peu deve-
loppes par rapport aux pleurobranchies.
L’exemplaire provient de la Stn. 1 834 (legion des Acotcs,
filet a grande ouverture, o-iooo metres). f ,
11 mesure i9mm5. Le point le plus remarquable qu t P1C
sente est certainement sa ressemblance avec une latve un
famille bien distincte.
IcOTOPUS AMPLISSIMUS, n. sp.
J’ai pu etudier 3 exemplaires de cette espece, de taille tnegalc.
Le plus petit mesure t6mm3, le second 3o millimetres, le troi-
sieme 43 millimetres. Celui-ci me parait btre la plus gran c
connue des larves analogues, car sa longueut, sans le
(104)
— 24 —
dc 32mm8. L'Atlantocaris gigas Ortmann, qui mesure 53 milli¬
metres, n’en mesure guere que 32.2 sans le rostre, qui est
ddmesurdment long.
L'espece se rapproche de Ylcotopus arcurostris Bate, qui
mesure io millimetres seulement, elle en differe par l’absence
de dents & la partie infdrieure du rostre, mais surtout par la
forme des ophtalmopodes.
Le rostre est droit, en forme de Crete dlevde au niveau des
dpines sous-orbitaires, et porte 12 dents en dessus. L’epine
pterygostomiale est suivie d’une rangde de 12 autres e'pines plus
petites, au bord inferieur de la carapace. II y a aussi une dent
cardiaque. L’abdomen est rbgulierement arrondi, le sixieme
pldosomite plus long que le telson. Celui-ci est mutild a son
bord postdrieur. (Fig. 7, A).
Les yeux sont trds volumineux, surtout par les corndes, en
foime d ovoide irrdgulier, a corndules tres petites. II n’y a plus
de papille oculaire sur l’ophtalmopode. (Fig. 7, B). Les yeux
paiaissent depigmentes, mais par retraction du pigment dans la
zone interne de l’oeil. L’article basal de l’antennule est tresforte-
ment excave pourrecevoir les ophtalmopodes. Les fouets anten-
nulaires sont tres longs, l’externe indivisportantdessoies senso-
1 tel les sur sa portion basale qui comprend 6 articles, et rappelant
de tres pres ceux de beaucoup de Pandalides adultes. II en est
de meme du fouet antennaire, grele a la base et tres finement
annele.
Le « palpe » de la maxillule est a un seul article. (Fig. 7, e).
La maxille est tres particuliere par la forme de son endopo-
dite ties large, indivis, plus long que l’exopodite, et dont on ne
trouverait d’exemples que chez les Euphausidae. (Fig. 7 ,/,/J-
es maxillipedes de la premiere paire se rapprochent de la
onne adulte; 1 exopodite n’est que faiblement dlargi a sa base.
(Fl§- 7i g)-
C.eux de la deuxieme paire sont simplement coudes en leur
teu, les tiois derniers articles sont en ligne droite et le der-
’. ^U1 ne montre encore aucune trace d’elargissement, se
ermme par une simple soie. (Fig. 7, h).
OUS les autres appendices sont simples et semblables, ter-
— 25 —
mines par un stylopodite. Les maxillipedes dc la troisieme paire
out toutefois le propoditc plus long ct plus grele que le carpe,
et le propodite des deux premieres paires de pattes est un peu
elargi comme s'il devait s’y former le doigt fixe d une pince,
surtout sur la deuxieme paire, ou le propodite est court et ne
ttiesure que la moitie du carpe. (Fig. 7, i, k, I). (104)
Sauf la cinquieme paire, toutes les autres possedent de
volumineux exopodites.
La formule branchiale comprend 5 pleurobranchies, 2 bour¬
geons d’arthrobranchies et un bourgeon e'pipodial tres petit sur
le troisieme maxillipede.
Les ple'opodes, comme les pleurons abdominaux, rappellent
assez ceux d'un adulte.
Lorsqu’on compare ce spe'cimen avec les deux autres plus
jeunes, on ne peut y relever que de tres faibles changements.
Les principaux portent sur le rostre, qui porte seulement 8 dents
chez le specimen le plus jeune, sur les antennules notablement
plus allongees, sur les epines sus-orbitaires plus grandes, sepa-
rees du rostre par une portion droite du bord frontal, par les
yeux surtout, dont la corne'e n'est pas plus large que 1’ophtal-
mopode, et qui montrent une papille oculaire large et legere-
ment convexe. (Fig. 7, a , a’).
Les pleurons abdominaux sont seulement un peu moins
developpes, et le telson ne porte que deux paires d’dpines pos-
terieures, ce qui est la disposition presente chez les especes
adultes. (Fig. 7, t).
Les appendices buccaux sont a peine moins avances, le
« palpe » de la maxillule est toujours indivis.
L exemple de V Atlantocaris gigas , qui linit par posseder des
pinces sur la deuxieme paire lorsqu’il mesure 53 millimetres,
lait penser que Ylcotopus amplissimus , au cours de quelque mue
suivante, en possedera egalement. Mais le fait de parcourirune
si longue periode de croissance sans perfectionnement sensible
de 1 organisation, quelles qu’en soient les causes, est un des
exemples les plus remarquables des anomalies du ddveloppe-
ment chez les Eucyphotes.
Les trois specimens de 16, 3o et q.3 millimetres proviennent
tespectivement des Stn. 1715 (o-iooom), Stn. 1760 (o-3ooom)
Lanaties et Stn. 2276 (o-i7oom) au voisinage des Baleares. (Filet
a grande ouverture).
ICOTOPUS APPROXIMA, n. sp.
Le specimen, unique, mesure 22 millimetres environ, rostre
compris. Celui-ci, trds long, compte 10 dents en dessus, 5 en
dessous. II y a une dent sus-orbitaire longue et gtele. L epine
pterygostomiale est suivie de 6 autres de longueur ddcroissante.
L’epine cardiaque est prdsente. (Hg. 8, A , B).
Le sixieme pleosomite est non seulement plus court que le
telson, mais aussi plus court que le somite precedent, caiactere
assez rare meme parmi les especes adultes de Pandalidre. Le
telson offre de meme des caracteres rappelant ceux des adultes,
ilya quatre paires d’epines en dessus, et qpaiies posteiieuies,
les plusexternes trds longues, les autres presque egales. (Fig. 8, tj.
Le bord postdrieur du cinquieme pldosomite est inerme.
Les ophtalmopodes sont tres longs, coniques, a deux ai tides
tres distincts. La cornde terminale est semi-ovoide, a coineules
tres fines. II y a une papille oculaire tres visible, separee du
bord de la cornde par une depression peu marquee. (Fig. 8, B ,.
Les fouets antennaires sont simples; le scaphocetite est
beaucoup plus long que les antennules. A la face inferieure, il
y a une dpine sur Particle antennulaire basal et le basicdnte.
(Fig. 8, B’). Le fouet antennaire mesure plus de la moitie de la
longueur du specimen.
Les mandibules ont la forme habituelle, simples et depout
vues de palpe. (Fig. 8, d). Le palpe de la maxillule est indivis,
la maxille a son endopodite dtroit, plus court que 1 exopodite,
bien different par suite de la forme qu’il presente dans l’espece
precedente. (Fig. 8, f).
Bien que les maxillipedes de la deuxieme paiie soient nota
blement elargis, l’article distal est toujours plus long que large
ot dans l’axe du membre. (Fig. 8, h). Les maxillipedes de
ttoisieme paire et les pattes de la premieie paire ne dt brent
guere que par le propodite, beaucoup plus long que le catje
dans le cas des maxillipedes. (Fig. 8, z, k).
La deuxidme paire, la plus courte de toutes, se teinnne p
(104)
— 28 —
une pince grele, dont la paume est plus longue que le carpe,
celui-ci tout a fait indivis. Les 3 autres paires sont semblables
sauf l’absence d’exopodite sur la cinquieme, chacune terminee
par un long stylopodite. (Fig. 8, /, m, o). Comme chez la plupart
des larves dont il est ici question, les sternites thoraciques sont
nettement se'pares par des sillons transverses.
Fig. 8. —
Icotopus approxima, n. sp. — A, type vu lateralement; B, region
ionta e, vue en dessous; B\ antennule et antenne, vues en dessous;
5' , ai t i obi anchies et epipodites rudimentaires ; h a t, appendices divers
et telson.
^ a_^ pleurobranchies, 2 arthrobranchies rudimentaires
. C °^s'bme maxillipede, contigues comme si elles prove-
arthr b *C ^ ^*V*S*on ^ un bourgeon d’abord unique, une seule
anchie rudimentaire sur chacun des membres suivants
— 29 —
sauf le cinquieme, et des bourgeons tres peu developpes d’epi-
podites jusque sur le quatrieme pereiopode inclus. (Fig. 8, Brj.
Les pldopodes sont bien ddveloppes, munis de soies et cer-
tainement fonctionnels.
Les teguments sont tres mous, comme si le specimen sortait
dune mue re'cente.
Stn. 1715, filet a grande ouverture (o-iooom).
Ces deux especes, a des titres divers, different notablement
del’ Icotopus arcurostris Bate. L 7. amplissimus s’en eloigne pai
l’absence des dents au bord inferieur du rostre, la forme des
yeux, l’endopodite si particulier du premier maxillipede.
L 7. approx ini a a des dents au bord inferieur du rostie, des
ophtalmopodes assez semblables a ceux de 1 espece typique, de
meme que les maxillipedes. Mais, par le developpement des
pattes de la deuxieme paire, terminees par des pinces, du
sixieme plbosomite, du telson, du fouet antennaire, elle se
montre beaucoup plus avancee et s’eloigne en meme temps de
l’espece prdcedente. S’il s’agissait d’especes normales, de tels
caracteres auraient une valeur generique, mais je crois inutile
de multiplier les noms de genres pour des formes dont on suit
si peu de chose.
Kyptocaris oligodon n. sp.
Le principal caractere separant les genres Kyptocaris et Ico¬
topus Sp. Bate est la presence de pinces sur la deuxieme paiie
de pattes, dans le premier genre. Je crois cette difference illu-
soire, les pinces pouvant tres bien finir par apparaitre a une
taille p>lus grande, comme c’est le cas pour 1 Icotopus appt oxinia
compart a 17. arcurostris , Mais il est preferable de conserver
ce nom de genre, en l’absence de preuves de cette synonymic,
etaussi parce que la forme du rostre est bien differente, par le
petit nombre de dents presentes.
L’espece que je rapporte au genre Kyptocaris est tepiesentee
Par deux specimens tres mutiles, de developpement un peu
indgal.
(104)
— 3o
Le plus petit spe'cimen mesure i8mm5. Lerostreest un peu
plus long que le scaphoce'rite, uni, sauf trois faibles dents a la
base. (Fig. 9, A. B). II y a une paire de dents sus-orbitaires,
une epine antennaire, et une dpine ptdrygostomiale simple. Pas
de dent cardiaque. L’abdomen est rdgulierement courbe, le
nquieme pleosomite tres long. Le telson porte 5 paires d’epines
.. °*^ Postei ieur, dont les deux externes, inegales, rappellent
CC C,S / beaucouP d’especes adultes. II y a deux paires d’epines
SUr la face superieure du telson.
— 3i —
Les ophtalmopodcs sont coniques, termines par une cornea
semi-ovoi'de, moins allongde que dans l’espbce precedente. Ils
presentent une papille oculaire tres visible. (Fig. 9, B).
Les antennulcs et les antennes rappellent aussi 1 espece pre¬
cedente, mais les fouets antennaires sont brisds a leur base.
Les mandibules, maxillules et maxilles comme dans 1 espece
precedente. L'exopodite du premier maxillipede n est pas elaigi
a sa base, l'endopodite du deuxieme maxillipede est encoi e
allonge*; ses deux moitids font un angle tres obtus et son extie-
mite n’est pas dlargie. (Fig. 9, g-, h). Tous les autres appendices
sont brisds sur les deux specimens, permettant cependant de \oii
que la cinquieme paire seule manque d’exopodite.
La formule branchiale est celle de l’espece precedente, les
bourgeons dpipodiaux et ceux des arthrobranchies moins de\e-
loppes encore, sauf toutefois l’arthrobranchie super ieuie du
troisieme maxillipede, crdnelee sur les bords et plus volumi-
neuse.
Les pleopodes sont greles, munis seulement de quelques
soies molles; les pleurons abdominaux sont dailleuis peu
developpes.
Le second specimen mesure 20 millimetres enviion, il se
niontre un peu plus avancd au point de vue des pleurons abdo
winaux et des pleopodes.
Tous deux proviennent de la Stn. r 874 (Acores), filet a
grande ouverture (o-20oom).
Le Kjptocaris stylofrontalis Bate en differ e pat le tostie
pourvu de deux dents seulement, par le troisieme pleosornite
saillant en arriere, par les ophtalmopodes plus allonges. Le
^pe, long seulement de 7 millimetres, provient des Phrltpprnes.
^ possede ses membres intacts, sauf les exopodites thotaciques,
les pattes de la deuxieme paire se terminent par des prnces et
possedent un carpe tres court, indivis. Parmi les Pandalides, ce
sont les Chlorotocus qui se rapprocheraient le plus de ces larves
au point de vue de la forme du carpe, court et a 2 artrcles
Seulement.
(104)
OlIGOCARIS (?) BREVIROSTRIS n. sp.
L 'Oligocaris bispinosa Ortmann possede un long rostre dente
sur ses deux bords, et portanr memo, d'aprds la figure au moins,
4 dpines laterales. Je soulignece ddtail, dont Ortmann ne parle
pas dans sa description de l’espece, a cause de son extreme
raretd chez les Decapodes (Thalassocaris lucidus Dana et Oligo¬
caris brerirostris seraient les seuls cas connus), et a cause de
ric. io. — Oligocaris (?) brerirostris. — A, B, type vu lateralement
et en dessus; a, fouets antennulaires.
son importance, comme rappel d’un caractere ties habituel chez
les Gnathophausia.
L espece que je rapporte a ce genre ne presente rien de sem-
blable, et je me base uniquement, pour l’y classer, sur les exo-
podites qui manquent aux deux dernieres paires de pattes.
Comme le specimen cst ties mutile, jc ne saurais d’ailleurs lui
assigner plus exactement une place.
La pointe rostrale est seulement un peu plus longue que
large a la base, ses cotds sont concaves. II y a 7 dents au bord
superieur, le bord inferieur est inerme et la moitid distale du
rostre beaucoup plus grele que sa base dans le sens vertical.
Les dents supraorbitaires sont courtes et fortes. L’angle ptery-
gostomial n’est pas epineux; il n’y a pas de dent cardiaque.
(Fig. 10, A, B).
Le troisieme pleosomite est un peu prolonge en arriere mais
nest pas dpineux sur la ligne mddiane. II n’y a pas d epines
laterales sur le cinquieme pleosomite, comme chez 1 O. bispinosa
Ortmann. Le sixieme pleosomite est plus long que le telson,
dont le bord postdrieur manque.
Les ophtalmopodes, pourvus d'une large papille oculaite,
sont coniques, dvasds, et se terminent par une surface a giandes
corneules, divisee en deux regions comme chez les Anebocaris .
(Fig. 10, B). Le fouet antennulaire externe est a 5 groupes de
s°ies sensorielles, l’interne un peu plus court, termine pat
soies. (Fig. 10, a). C’est la une disposition frequente dans
les stades les plus jeunes des larves diverses etudiees ici, mais
1ui rappelle particulidrement les Anebocaris , de meme que le
scaphocerite, large et ne depassant guere en longueur les anten-
nules.
La mandibule est dep>ourvue de psalpe. Celui de la maxillule
est a deux articles. La maxille rappelle celle des larves d Hopdo-
Phoridae. L'exopodite du premier maxillipede n a pas d expan-
sion a la base.
Fous les autres appendices sont brises. On peut cependant
'°'r, au moins du cote gauche du specimen, que les deux det-
J'e|s pereiopodes ont une hampe p>lus grele et ne doivent pas
i'°rter d’exopodite.
Les 5 pleurobranchies, de'veloppees seulement au-dessus de
eui point d’insertion, sont a peine crenelees sur leurs boids, il
r‘ y a pas trace d’arthrobranchies ni d’epipodites, meme sur le
tr°isieme maxillipede. Le bourgeon du deuxieme maxillipede
est encore indivis.
(104)
-34-
Les pleopodes sont greles, depourvus dc soies, et lespleurons
abdominaux peu ddveloppe's.
Le specimen mesure iomm8 de longueur totale. 1 1 provient
de la Stn. 1781 (Acores); filet a grande ouverture (o-5ooom).
nikid^e
Hectarthropus xikiformis n. sp.
.1 ’ai pu examiner une serie de trois specimens de cette espece.
Elle est certainement tres voisine de YH. compressus Bate,
mais il y a dans les sillons de la carapace et la longueur du ros-
tre des differences assez grandes pour qu’il soit preferable de
Ten distinguer specifiquement.
Le plus grand specimen mesure i3mm5 environ. Le rostie
est tres dtroit, subule', lisse. Les epines sus-orbitaires sont obli¬
ques vers le haut. II y a une epine gastrique et une epine cai-
diaque. L’epine antennaire est faible, Tangle pterygostomial
marque d une longue epine, et le bord inferieur de la caiapace,
au-dessous de cette epine et a sa suite, piorte une serie de 10
autres pointes fines. Ilya sur la carapace des sillons tres mat
que's, rappelant ceux des Nematocarcim/s. (Fig. 11, A, A).
L abdomen est regulierement courbe, le cinquieme pleoso
mite porte de part et d’autre une forte epine. (Fig. it? B).
telson plus court que le sixieme pldosomite, porte 5 panes
d epines inegales, les paires 1 , 3, 5 courtes, les paires 2 et 4 ties
longues. (Fig. n, t).
La face dorsale porte aussi 2 paires d’e'pines.
Les ophtalmopodes sont en forme de cone tronque oblique
ment, les corndes dtant plus developpdes en arriere. II y a une
papille oculaire tres visible, en forme de saillie conique, au bold
anterieur de 1’ophtalmopode vu en dessus. (Fig. n, A).
Les antennules sont plus courtes que le scaphocerite, poui
' ues 2 fouets simples, l’externe p>lus gros et plus court.
Les mandibules ont la forme simple habituelle; le « palpe »
de la maxillule est a 2 articles. Sur la maxille, comrne sur celle
- 35 —
des Catjciphus , la lacinie du troisieme article sympodial est
divisee en deux dans toute sa hauteur. (Fig. u, d,
Sur le premier maxillipede, l’endopodite est a 4 articles dis-
dincts, l’exopodite a peine dlargi a sa base.
'' n' Hectarthropus nikiformis, n. sp. — A, A , type vu en dessus et
carapace vue lateralement • B, extremite de l’abdomen; d-t, appendices
divers et telson.
(104)
36 —
Le deuxieme maxillipede est coude a angle ties obtus, et
son article pe'nultieme faiblement dlargi.
Le troisieme maxillipede, comme tous les membres suivants
est egalement coude, a angle obtus, le propodite est settlement
un peu plus long que le carpe, et le dactyle termine par un
stylopodite. (Fig. ii, i).
Les pattes de la premiere paire sont asymdtriques. A gauche,
le membre est tres semblable au prbcbdent, le propodite etant
toutefois un peu plus long et le dactyle plus robuste. A droite.
le membre se termine par une pince prdhensile. (Fig. n, k).
Les pattes de la deuxieme paire sont symbtriques, greles, a
carpe tres long, indivis; elles se terminent par des pinces de
petite taille. Les trois paires suivantes sont semblables, allon-
gbes, le propodite egal au carpe, le dactyle termind par un sty¬
lopodite. (Fig. ii, I, /', m).
La formule branchiale ne comporte que 5 pleurobranchies.
II n’y a pas de bourgeons d’arthrobranchies ou d’epipodites,
meme sur le troisieme maxillipede.
Les pleurons abdominaux sont grands, les pleopodes sont
frange's de soies et fonctionnels.
Le specimen suivant est long de 8 millimetres. Le rostie
mesure seulement i fois les dpines supra-orbitaires, les ophtal-
mopodes sont beaucoup moins elargis, la cornde presque ter-
minale, le papille oculaire placd assez loin de celle-ci. (Fig. i2,A)-
Le fouet antennulaire externe a seulement 4 articles au lieu de
8, le fouet antennaire est court, divise en un petit nombre dai-
ticles.
II ny a pas de differences bien sensibles dans l’aspect des
appendices buccaux et thoraciques. (Fig. 12, d-l). Elies sont
plus visibles sur ces derniers, et se traduisent surtout pat la
1 arete plus grande des poils.
La formule branchiale est absolument la meme. Les pleu-
i ons abdominaux et les plbopodes sont notablement moins
developpes; le telson est plus large a son extremite distale, qui
poite en plus une paire d’epines internes tres petites, ayant
dispam chez le specimen precedent. (Fig. 12, t).
L exemplaire le plus petit mesure seulement qmm 5, a peine.
— 37 —
I! est malheureusement tres mutild, mais se laisse cependant
reconnaitre comme appartcnant a la meme espece, au point de
vuedela forme du rostre et des ophtalmopodes, qui sont peu
differents. Les pleurons abdominaux sont a peine indiques et
lespleopodes reduits a des bourgeons; les epines du cinquieme
ple'osomite sont cependant presentes. (Fig. 12, C). Le telson
* ses bords presque paralleles, son bord posterieur droit poite
paires d’epines inegales, et une septieme paire sur les bolds
12
O-
lateraux. (Fig.
bes appendices buccaux se montrent seulement un peu moins
lb:\eloppeS que ceux des precedents specimens, chez lesquels
(104)
- 38 —
Ieur forme n’a pas sensiblement change, y compris les maxilli-
pcdes de la deuxieme paire. Toutes les pattes thoraciques
manquent sauf celle de la cinquieme paire a droite, depourvue
d'exopodite comme sur les 2 specimens precedents, mais quise
montre ici avec le propodite dlargi, rappelant les pattes des trois
dernieres paires chez les larves du Pandalus borealis , et — bien
que beaucoup moins ddveloppee — la cinquieme paire des
Eretmocaris , telle que l’a figurde Brooks. (Fig. 12, C).
La formule branchiale reste toujours la meme. II est proba¬
ble que sur ce specimen, les pattes des deux premieres paires
etaient de forme simple et sans pinces, comme sur 1 H. exilis
Bate, qui est de taille comparable.
Le fait le plus curieux que prdsentent ces larves est precise-
ment l’armature des pfinces des 2 premieres paires, qui serait
absolument celles des Nika , si le carpe de la deuxieme paiie
dtait multiarticule, et qui, en dehors des Nika , ne se retrouve
plus chez les Decapodes. D’ailleurs le rostre simple, l’abdomen
arrondi, sont aussi des caracteres qui pourraient faire presumei
des Nika.
Si l’on excepte Y H. tenuis Bate, qui n’est peut-etre pas a
rapprocher des autres especes, il reste 4 formes larvaires parais-
sant distinctes : les H. exilis , compressus , expansus Bate, toutes
du Pacifique, H. nikiformis , n. sp. de l’Atlantique. Le genie
Nika n en compte guere davantage : Nika edulis Risso, Couchti
Bell, platyura Fisher des eaux eu ropecnnes, Nika macrognatha
Stimpson, havdiensis Dana, japonica de Haan, processa Sp. Bate
du Pacifique, especes toujours tres rares et dont le nombie
serait probablement reduit par une revision serree. D apres la
courte description de Fischer, Nika platyura porteraitdes epines
supra-orbitaires, comme les Hectarthropus , mais aucune n a de
sillons sur la carapace ou d’epines au cinquieme pleosomite.
L H. expansus Bate porte, sur le deuxieme pleuron abdomi¬
nal, une epine dirigee en avant et qui rappelle, comme ano-
malie, les formes si singulieres des pkurons chez YAnebocai is
attcy lifer H. C.
Stn. 1715 (filet a grande ouverture, o-iooom) pres de Tdneriffe.
■
— 3g —
A L P H E I D M
Le developpement des Alpheidae a ete suivi jusqu’a l’etat de
jeune reconnaissable par Brooks et Herrick. Ces auteurs ont
observe d’une part les mysis tres avancdes de certaines especes
de Synalphdes, naissant avec leurs pinces diffeienciees, et qui
demandent cependant io jours, en traversant 4 mues, P0Ul
devenir des jeunes. Dans le cas d une espece indeterminee
(Alpheus precox Br. et H.), la vie larvaire nauiait toutefois
dure que 24 heures. II faut noter que ces larves ont a la nais
sauce leur mandibule pourvue d’un palpe et profondement
bipartite. Les changements qu’elles subissent sont ties faibles.
D’autre part, Brooks et Herrick ont etudie le developpement
des larves zoes de deux espfeces difficiles a determinei av ec pie
cision, dont Tune est voisine de YA. Bermudensis Bate et dont
l’autre parait bien etre YA. hetet'ochelis Say. Cette deinieie
aurait trois modes distincts de developpement, suit ant les loca
lites, et suivant qu’elle se rencontre ou non dans les Eponges.
L’etude rigoureuse de la systdmatique, dans ce gi oupe difficile,
m’a rendu beaucoup plus incredule quant a la ftequencc dc la
pcecilogonie chez les Alpheidae. Les differences dans le mode de
developpement, abrege ou explicite, affectent toujouis deux
formes extremement voisines, mais ce caracteie ne se iencontre
jamais seul; d’autres differences morphologiques l’accompa-
gnent, montrant que les deux formes « ne se connaissent plus »
at qu’on ne saurait les conserver dans une seule et meme
espece.
Les larves zoes observees par Brooks et Henick montrent,
jusqu’au cinquieme stade, les pattes de la cinquieme paiie ties
allongees et sdtiformes, si caracteristiques des Diaphoi opus, a,
les pattes des deux premieres paires apparaitiaient brusquement
et les yeux commenceraient a etre reconverts. Les stades sui
vants ne sont pas decrits avec detail, 1 apparence des jeunes s
dessinant tres vite. Ceux-ci, tres reconnaissables, ayant perdu
leurs exopodites, mesurent au plus 5 millimetres. Biooks
- -
— 4° —
Herrick de'crivent la mandibule de la zoe comme bipartite et
palpigere, la branche externe — et sans doute aussi le palpe? —
disparaissant sur la larve au quatrieme stade pour rdapparaitre
plus tard, cette forme de la mandibule existant en effet chez les
jeunes. En rdalite, la mandibule des zods d'Alplieus est simple
et ddpourvue de palpe; le rudiment de ce dernier, que jelui ai
attribue dans un travail ant^rieur, est line saillie sans contours
nets qui occupe bien la place du futur palpe, mais qui ne le
reprdsente probablement pas. La mandibule reprdsentde par
Brooks et Herrick est celle d’une larve mysis; comme les au¬
teurs ont attribud une mandibule simple et sans palpe a une
larve mysis tres particuliere de VA. heterochelis , je crois qu’ily
a eu interversion des dessins se rapportant a ces larves, a propos
desquelles on pourrait relever d’autres details qui ne me parais-
sent pas non plus tres exacts.
Les larves Diaplioropus , Anebocaris, Parathanas decrites
par Sp. Bate, sont des larves d’Alpiheidte.
Le nom de Parathanas indique que Sp. Bate l’avait soup-
conne pour ce genre. P. decorticus mesure 6 millimetres seule-
ment, ses deux paires de pinces sont prdsentes, le carpe de la
deuxieme paire est me me multiarticuld. On peut presumer que
la lan e deviendra un jeune reconnaissable a la prochaine mue,
a\ec une taille peu differente de ceux observe's par Brooks et
Herrick. II ne ressort d’ailleurs nullement de la figure et de la
description de Bate que les Parathanas soient des larves
d Athanas plutot que d’un autre Alpheide.
A\ ec les Diaplioropus commencent a se montrer les larves de
taille anoimale. D. longidorsalis , dont tous les pe'reiopodes sont
simples, mesure 9 millimetres.
Le stade suivant, Anebocaris , a ete beaucoup plus souvent
obsen e , c est a lui qu’il faut rapporter le Diaplioropus versipellis
ate, dont les pinces des deux premieres paires sontpre'sentes(i).
lanes dont S. Lo Bianco a pu suivre la transformation en
troisieme^iire T'rbUe '■ la Pre.lP*®re paire de pattes les maxillipedes de la
chent plus fa • ] L6S pinces d®)^ volumineuses de la premiere paire se deta¬
le specimen d e ' S {T 'd u ' a 11 c Ll n autre appendice et devaient manquer sur
Alpheus ruber — et aussi, d’apres des renseignements particu¬
lars de l’auteur, en A. megacheles Hailstone — sont aussi au
stade Anebocaris. Celles que j’ai moi-meme examinees sont
toutesace stade egalement. Les larves de YA. ruber , que S. Lo
Bianco a bien voulu me communiquer, mesurent au plus 6mm 4.
L’i. quadroculus Bate mesure 8 millimetres; YA. versipellis
9 millimetres. Les plus petits Anebocaris que j’ai examines,
provenant des collections de S. A. S. le Prince de Monaco, ont
7mm8; d’autres specimens mesurent 8, 9, 11, i3 millimetres sans
montrer de progrbs bien sensibles dans le developpement.
•1. anc/ lifer , du a l’expedition antarctique suedoise, mesure
meme 16 millimetres.
La famille des Alpheidre fournit done une serie tres graduelle
de formes larvaires, en meme temps qu’un repere de valeur par
suite de l’observation de S. Lo Bianco. Je ne connais malheu-
reusement pas la taille des jeunes de YA. ruber provenant des
larves Anebocaris, ni la taille maxima que peuvent atteindre ces
dernieres. Tout ce que Ton peut dire, e’est que rien ne s’oppose
a priori a ce que les diverses larves decrites ci-apres, et que je
designe par les lettres A a E, ne finissent par donner des Alphe'es,
aPrcs une vie larvaire plus ou moins prolongee. Mais il est e'ga-
iement possible que la taille de ces larves, franchement anor-
males dans le cas de YA. ancylifer , indique un depart dans une
direction sans issue, n’aboutissant jamais a l’adulte.
Anebocaris, sp. (A)
Le cdphalothorax mesure 0.28 de la longueur totale du
C0|PS) qui est de g millimetres. II est comprime lateralement, et
1 fois aussi long que large. II porte, sur le bord frontal, 3 dents,
14? Aj, les deux latdrales petites, le rostre moins long
l|Ue Large k la base (rapport 1.8), a bords tres concaves. Les
Pleurons abdominaux sont a peine marques, le deuxieme n’a pas
Cnc°re sa forme caracteristique. Le sixieme pleosomite est 1.16
°is plus long que le telson. Celui-ci est etroit, depourvu
dpines sur sa face superieure. II porte a ses angles posterieuis
(104)
— 42 —
2 tres longues epines, et entre dies 3 autres paires. Leurs lon¬
gueurs relatives sont comme 7, 1.4, 2, 1. (Fig. 1 3, .4, t).
Les ophtalmopodes sont tres distincts du bord frontal et
mobiles sur un court pddoncule conique. Leur longueur est
contcnuc prds de rq fois dans la longueur totaic du specimen.
Les corndes sont antdro-externes, avec une forte saillie apicale
surtout visible latdralement. II y a sur la portion non corneenne
une petite « papille oculaire » tres peu visible. Les corneules
sont circulaires et mesurent au moins 33 j* de diametre. Elies
sont par suite peu nombreuses, 200 environ. (Fig. i3, /let 14, dj.
I ig. 1.1. Anebocaris, sp. — A, type vu lateralement. Les lettres e-t
designent les divers appendices et le telson.
Les antennules mesurent environ le double de la longueur
des ophtalmopodes. Le fouet externe porte 3 groupes de quel-
ques soies sensorielles volumineuses.
scaphocerite est aussi long que l’antennule, a bords paral-
' es, muni de quelques longues soies sur son bord interne et
une epine latdrale. Le fouet lui est egal en longueur et n’est
pas encore anneld.
- 4?
La mandibule est indivise et sans palpe. Sa forme reste la
meme chez tous les specimens.
La maxillule a ses lobes i et 3 visibles, ce dernier bifurque.
Le « palpe » est a un seul article et porte 3 soies. La maxille est
peu avancee et rappelle celle de la zoe par le faible developpe-
mentde l’exopodite et des lacinies. (Fig. 1 3, e,f).
Le basipodite du premier maxillipede porte 4 epines diver-
gentes sur son bord interne elargi. L’endo- et l’exopodite sont
droits, ce dernier termind par 4 paires de soies plumeuses.
(% 1 \g)-
L'endopodite du deuxieme maxillipede est encore droit, et
ses articles peu marques. Celui du troisieme maxillipede est
droit egalement, a 3 articles bien distincts. L'un et l’autre se
terminent par une forte soie (stylopodite). (Fig. i3, h, i).
Les pinces de la premiere et de la deuxieme paire sont encoie
imparfaites, le doigt fixe etant de moitie plus court que son
oppose. Le carpe de la deuxieme paire est aussi long que la
paume. (Fig. i3, k, l).
La troisieme paire est cylindrique, avec ses articles distincts,
sauf l’ischiopodite, qui n’est visible sur aucun des membies
thoraciques. La quatrieme paire n'a encore aucun article dis¬
tinct, elle n’a guere que les 2/3 de la precedente. (Fig. i3, w, n).
La cinquieme paire, tres allongee, depasse 1 extremite des
antennules. Son stylopodite est droit et lisse a la pointe. Sui
aucun des membres, a partir du deuxieme maxillipede inclus,
il n’y a trace d’e'pipodites, seuls sont presents les bouigeons des
pleurobranchies.
Les pleopodes sont encore tres courts, leur branche inteinc
11 a que les 2/3 de la longueur de l’externe, et une largeur moitie
moindre. Ils ne portent aucune soie sauf une terminant la
tame externe. (Fig. 1 3, p).
Stn. i83q, Acores; filet a grande ouverture ^o-iooo* ).
(104)
- 44 —
Axkbocaris, sp. (B)
Le ccphalothorax mesure 0.27 de la longueur totale, qui
est de 8mm 2. 11 est plus dpais que sur le spe'cimen pre'cddent, et
2.2.1 fois seulement aussi long que large. Le rostre est 2 fois
moins long que large entre les e'pines latdrales, qui sont tres
petites. Les cornees, vues latdralement, prdsentent une forte
14. Region frontale des diverses larves Anebocaris A. B. C. D. E.
R, larve Anebocaris de YAlpheus ruber.
■suillie apicale. \us en dessous, les ophtalmopodes apparaissent
foime cylindro-sphdrique, les cornees en occupent un peu
moms de la moitie. (Fig. 14, B).
Le fouet externe de l’antennule porte 3 groupies de 1, 2, 3
■ ties sensorielles, le fouet interne se termine par deux soies. Le
, ^ loceiite poi te une quinzaine de soies espacees. Le fouet
n est pas annele.
Les pleurons abdominaux sont distincts, Ie deuxieme recou-
vrant les deux autres contigus. Le sixieme pleosomite est plus
court que le telson (rapport i.3). Celui-ci porte la meme arma¬
ture d’e'pines que dans l’espece precedente.
Les appendices buccaux sont dans le meme etat que sur le
spe'cimen pre'cddent. Le deuxieme maxillipMe toutefois a ses
articles bien distincts et il est le'gerement courbe vers l’interieur.
II en est de meme du troisieme maxillipede.
La premiere paire de pattes est absente sur les trois speci¬
mens, des 2 cotes. La deuxieme paire a le carpe plus long que
la pince, indivis encore.
Les troisieme et quatrieme paires sont l’une et l’autre bien
developpe'es, egales. L’ischiopodite n’est pas encore visible.
La cinquieme paire, comme chez le specimen A.
II n’y a aucune trace d’epipodites, meme sur le troisieme
maxillipede.
Les pleopodes sont un peu plus allonges, avec leurs deux
branches egales, mais encore depourvues de soies.
3 specimens semblables, Stn. 1710, pres Te'nerife; filet a
grande ouverture (o-iooom).
Ces specimens sont plus avances que l’espece A, bien que de
meme taille. La forme de leurs ophtalmopodes, la largeur beau-
c°up plus grande de la carapace, le carpe de la deuxieme paire
plus grand, ont en outre des differences telles qu’il s’agit sans
doute d’une espece distincte.
Anebocaris, sp. (C, D)
Les deux specimens dont il s’agit appartiennent probable-
inent a la meme espece, dont ils representeraient deux stades
successifs. Je les decris neanmoins separement pour mieux faire
lessortir leurs differences.
Le specimen C est long de nmm2. Le cephalothorax mesure
0,o2 environ de la longueur totale. Les pleurons abdominaux
s°ntbien formes, le sixieme pleosomite est le'gerement plus long
9Ue le telson, dont la forme et l’armature epineuse n’ont pas
Le i 'ostre est un peu plus long quc large a la base, et les
cpines iatdrales sont longues, aigues et parallbles. Les cornees
ont une saillie apicale moins prononede que dans les specimens
precedents. Vus en dessus, les ophtalmopodes sont assez sem-
blables a ceux du specimen A; ils en different surtout eneeque
le bord frontal les recouvre un peu plus a la base, conune si la
disposition caractdristique des Alpheida; commencait a se dessi-
ner. Les yeux sont aussi moins grands, dtant contenus 1 3.5 fois
au lieu de i i.2d (B) dans la longueur totale. (Fig. 14, C).
Le fouet externe de l’antennule porte 4 groupes de soies sen-
sorielles, le fouet interne est beaucoup plus long et segmente.
Lc scaphocerite qui sera libdre a la prochaine mue est bien
Vf1 .Ie’ avec son e'pine laterale n’atteignant pas le bord de
^ ecaille, contiairement a ce qui a lieu dans la forme actuelle de
appendice. Le fouet antennaire est aussi long que l’antennu-
ane externe, et distinctement anneld. (Fig. i3, b , c).
j, es maxiHipedes de la deuxieme paire sont plus recourbes
' ei s 1 autl e5 et plus renfles aussi a leurs extremites que dans
es specimens precedents.
,LeS ^a^tes de premiere paire sont grandes, un peu inegales
asSSemb ableS' Le doigt 1110 bile n’a plus de stylopodite, il
npfit-o -Un ^CU S°n °PP°se'> et il est plus allonge dans la future
Petlte Pmce’ dont la paume est aussi plus grele
— 47 -
Les pattes de la deuxieme paire sont aussi un peu ine'gales
et dissemblables, la plus petite est du meme cote pour les 2 pai-
res. II est a retnarquer que cette indgalite subsiste chez l’adulte,
bien qu a un degrd infiniment moindre que pour la premiere
paire. Le carpe est plus long que la pince et encore indivis.
Les pattes 3 et 4 sont sensiblement egales, elles sont termi¬
nus par un stylopodite tres court.
La cinquieme paire est relativement plus courte que dans les
specimens precedents. Elle a maintenant, comme les autres
pereiopodes, un ischiopodite visible.
Les pleurobranchies sont bien distinctes, ainsi que les epi-
podites 2 sur les maxillipedes de la troisieme paire et les 4 pre¬
miers pereiopodes.
Les pereiopodes ont maintenant quelques soies au bord de
leurs rames aplaties. Les 2 premiers ont leur tige completement
cachee par les pleurons.
Ce specimen provient aussi de la Stn. 1715.
Le specimen D est long de i3 millimetres. Le cephalothorax
mesure o.33 de la longueur totale. Les pleurons abdominaux,
L sixieme pleosomite, le telson, comme dans le specimen pre¬
cedent.
Le rostre ddpasse legerement les ophtalmopodes en longueui,
ses proportions restent cependant les memes que prdeddemment,
les epines latdrales chant plus distantes. Elles sont un peu divei-
gentes, et assez longues pour atteindre le bord de la coinee.
Les ophtalmopodes se sont elargis a la base, mais non les
eornees, devenues plus hemisphdriques. Le recouvrement des
Jeux par le bord frontal est notablement plus avance que dans
le specimen C. (Fig. 14. D).
A part les mandibules, les appendices buccaux sont assez
laPprochds de leur forme adulte. Sur la maxillule, le lobe supe-
Leur (troisieme article du membre) porte sur son bord 3 epines.
La tnaxille a son exopodite et ses lacinies bordes de soies. Sui
le premier maxillipede, les epines bordant le basipodite du cote
e«erne sont devenues des soies. L’exopodite est elargi ala base.
«e- .6, d, d\ e, f, g>.
-
- 48 -
Lcs pinces de la premiere paire sont encore plus asymetri-
ques, du fait de la plus grande d’entre elles, la seconde ne
s'dtant pas accrue. Le doigt mobile n’a pas augmente' de lon¬
gueur, l'accroissement portant sur la paume de la pince.
La cinquieme paire s’est encore un peu raccourcie, elle est
"" I(,‘ . Anebocaris, sp. D. — d-o, appendices divers; o designe le stylopodite
du cinquieme pereiopode. Au bas de la figure, epipodites et arthrobranchie
rudimentaires.
plus couite que l’antennule. Son stylopodite est dente en scie.
(Fig. r 6, o>.
Les pleopodes sont franges de soies tres fines. (Fig. 16, p).
specimen de la Stn. iSqg, golfe de Gascogne: filet a grande
ouverture (o-i5oo'«, sur fond de 4780™).
' —
- 49 —
Anebocaris, sp. (E
Le cephalothorax mesure seulement 0.27 de la longueur
totale, qui ne ddpasse pas 7mm8. Les pleurons abdominaux sont
bien distincts, le sixieme pldosomite est a peu pres egal au
telson, legerement plus court. Les trois dents du bord frontal
rappellent le specimen A, mais le rostre est encore plus court,
sa largeur dgalant 2.5 fois sa hauteur. Les dpines laterales sont
courtes, et recourbdes vers le haut, de meme que le rostre.
Les ophtalmopodes sont entierement a de'couvert. La cornee
presente une forte saillic apicale. Vue en dessus, elle est un peu
plus large que l’ophtalmopode qui ne se montre pas renfld a sa
base. La longueur des yeux n’est contenus que 1 1 fois dans la
l°ngueur totale ; ces organes sont par suite aussi grands que sur
L specimen B, un peu plus grands meme, ce qui contraste avec
le de'veloppement un peu plus avancd des autres appendices.
(% 14, E).
Le fouet antennulaire externe porte 8 fortes soies disposees
cn a groupes, le fouet interne est de meme longueur et termine
Pur 2 soies. Sur l’un des specimens, dont la mue suivante est
plus prochaine, le futur scaphocerite est visible, avec son dpine
lutdi ale tres forte et son dcaille assez reduite; il doit etre assez
laPprochd de la forme adulte, et rappelle, par sa brievete, VAl-
wopsis trispinosus.
Le fouet antennulaire est distinctement annele, il egale en
°ngueur les fouets de l’antenne.
Les appendices buccaux — sauf les mandibules — sont un
?eu Plus avancds que ceux des specimens B.
Lendopodite du premier maxillipede est plus etroit, et porte
es soies a Pextremite. (Fig. 17, g). Celui du deuxieme maxil-
We est nettement courbe dans sa moitie distale, ses trois
n*eis articles raccourcis et elargis. Le troisieme maxillipede
j Us grele, et ses articles plus distincts. (Fig. 17, h, i).
"ts pinces de la premiere paire sont tres developpdes, ine-
'apport 1.66), de forme deja bien diffdrente. Celles de la
(104)
30
deuxieme paire, d'egale longueur, different surtout par le
volume, leurs largeurs etant dans le rapport 1.45. II en est de
meme pour le carpe, plus grand que la pince (rapport 1 .25).
(Fig. 17, k, /;.
Les pattes des troisieme et quatrieme paires sont egales,
pourvues d’un ischiopodite distinct, terminees par un tres court
stylopodite. La forme du futur dactyle n’est pas encore visible.
(Fig. 17, m).
L’ischiopodite de la cinquieme paire est egalement bien dis¬
tinct. (Fig. 17, 0).
Les pleurobranchies, les epipodites a et (3 sont aussi avance's
quesur le specimen C et D. II en est de meme pour les pldo-
podes, surtout sur celui des specimens dont la mue est proche.
Comme les scaphoce'rites, les uropodes et le telson sont dessines
sm cet exemplaire, avec une diminution notable de longueur;
I uropode externe futur montre une tres forte epine suturale, le
telson futur porte sur son bord externe les 2 paires d’epines
habituelles et entre elles 6 soies. (Fig. 17, t, u).
■ specimens de la Stn. 1715.
Alpheus ruber (stade Anebocaris)
Diaphoropus sp., Lo Bianco
Le plus grand des specimens que m’a communiques M. Lo
unco rnesure 6mm 4. (Fig. 18). Les pleurons abdominaux sont a
J^ne marques, le sixieme ple'osomite est 1.2 fois plus long que
I'j^son. Les yeux tres grands ne sont contenus que 10 fois dans
°ngueur totale. Le rostre est aussi long que large, les epines
p plus rapprochees que dans les especes prece-
lat^'ales beaucou
fo;tes’ et aussi beaucoup plus faibles. Les yeux sont aussi de
f0r|lle J.^S0'ument differente. Ils montrent lateralement une tres
■ saiLie apicale de la cornee, mais cette saillie est encore
eendessus, le bord interne de l’ophtalmopode etant forte-
»«conc«e. (Fig. ,4, R).
ft'ux S aFPenc^ices thoraciques sont un peu plus avancds que
et ^es specimens B, l’ischiopodite des membres est distinct,
) a des traces des dpipodites a. Le stylopodite de la cin-
Cfl e Paire porte quelques denticules a son extreme pointe,
le £)• C C^6Z sP^c*men D precedemment decrit, et comme chez
^phoropus versipellis Sp. Bate.
I es P^opodes ont leurrames ovoides et depourvues de soies,
IIle beaucoup plus petite. (I04)
32
Parmi les autres larves de VA. ruber qui m ont ete commu¬
niques par M. Lo Bianco, se trouvent au moins 5, peut-etre
6 stades du ddveloppement. La plus jeune larve, qui est au
stade Diaphoropus , mesure 4 millimetres. Sur la quatneme
paire de pdrdiopodes, l’endopodite n est encoie representee que
par un bourgeon hemisphtfrique, celui de la troisieme paire est
encore tres court, les exopodites etant de la meme taille que les
precedents. II n’y a pas trace de pldopodes, le sixieme pldosomite
est 2 fois plus long que le telson. Celui-ci est trapezoidal, son
bord posterieur est un peu concave seulement, et porte 7 panes
d’dpines inegales, plus une huitieme paire laterale. A 1 interieui
se voit le telson futur, de longueur e'gale, mais beaucoup moms
large, et sur lequel paraissent s’inserer seulement 0 PaI1 L's
d’epines. (Fig. 18, vi). Les uropodes sont plus courts que e
telson. (Fig. 18, 1).
La larve qui parait venir ensuite mesure 5 millimetres. Le
quatrieme pereiopode a maintenant son endopodite en forme de
bourgeon ovale, et les bourgeons des pleopodes sont piesents.
— 53 —
Le telson a ses bords latdraux legerement convexes; son
bord posterieur est droit et porte 5 paires d'epines inegales.
(Fig. 18, n). A ces deux stades, les endopodites des deux pre¬
mieres paires de pattes sont dirigds en dedans et n’ont pas encore
de pinces.
La plus petite larve possddant les pinces de la premiere
paire mesure 5mm 8. Elle n’a encore que de tres petits bourgeons
des pleopodes ; le telson a son bord posterieur un peu plus etroit
que sa base, avec 5 paires d’dpines ine'gales. (Fig. 1 8, hi). La
pince de la premiere paire n’est presente que d’un cote', et
celles de la deuxieme paire manquent. Les pattes des troisieme
etquatrieme paires sont encore cylindriques, peu inegales, avec
des traces peu distinctes de divisions.
Une larve mesurant 5n,m 9, et dont la premiere paire de pattes
uianque, doit etre le'gerement plus avancee. Les bourgeons des
pleopodes sont un peu plus grands, et la deuxieme paire possede
la meme taille au moins que la premiere dans le specimen pre¬
cedent. La troisieme paire est aussi plus allongee et plus dis-
tinctement segmente'e.
Une des larves les plus grandes sur lesquelles le telson porte
encore 5 paires d’e'pines posterieures mesure 6mra 1 . Les pinces
des deux premieres paires, bien que fortement inegales, sont
beaucoup plus petites que chez les specimens les plus grands
(’n'm4)- Le carpe de la deuxibme paire est plus petit que la pince.
Les pattes des troisieme et quatrieme paires sont presque egales,
distinctement segmente'es. Le stylopodite de la cinquieme paire
porte, pour la premiere fois, des denticulations a 1 extremite.
Les pleopodes sont maintenant birames, mais de taille moitie'
m°indre que sur les larves les plus grandes. Le telson est plus
d'rge que chez ces dernieres a son bord posterieur, qui est droit.
(FiB* 18, iv).
Entre cette larve et les plus avancees se trouve encore un
stade, reprdsente par une larve de 6 millimetres, aussi grande
Pai suite, mais un peu moins developpee que celle ddcrite en
Premier lieu. Elle en differe surtout par les pleopodes le'gere-
nent plus petits, et par le telson qui porte encore les petites epi-
cs rue'dianes. Mais le bord posterieur est arrondi, et cette paiie
Esparaitra vraisemblablement a la mue suivante. (Fig. 18, v).
(104)
- 54 -
Anebocaris ancylifer, H. Coutiere
J'ai ddcrit ailleurs (25) cette tres remarquable espece, dont
je rappelle ici les particularity essentielles : la forme tres
comprimde du corps, le rostre tres long, rappelant celui des
Athanas , mais de section ovale et non triquetre, les pleurons
abdontinaux tres developpds, contigus sur la ligne me'diane
ventrale, de facon a enfermer les pldopodes dans une sorte
de cavitd imparfaite, les pleurons des paires 3 et 4 se termi-
nant en une forte pointe rdcurrente, dispositions e'tranges et
sans exemple chez les Eucyphotes adultes. Enfin, la consis-
tance des teguments, rappelant ceux des adultes, et contras-
tant avec le tres faible developpement des appendices bucco-
thoraciques, comparables en tous points a ceux des Anebocaris
de I’A. ruber. Je rappelle aussi que cette larve, ressemblant a
un Athanas par la longueur du rostre, ne saurait en aucune
facon etre rapportee avec certitude a ce genre, d’ailleurs in-
connu jusqu’a present dans la region sud-ame'ricaine antarc-
tique et n’atteignant peut-etre jamais une taille comparable a
celle de cette larve (i6mm). Les Athanas ont d’ailleurs les pleu-
1 ons du sixieme pleosomite articules, ce que rien n’indique dans
le cas pre'sent, et l’aspect si insolite des pleurons 3 et 4 re'pon-
diait assez bien a celui, tres exagere, que presentent ceux des c?
de beaucoup de Synalphees. II en est de meme de l’e'pine du
sympodite des uropodes.
L hypothese d une larve d’Alpheide monstrueuse, destinee a
disparaitre sans atteindre jamais l’etat adulte, se pose a propos
dc cet Anebocaris plus peut-etre que pour aucune autre larve
geante, en raison de ses singuliers details de structure.
"£ yyv w. .
(X04)
— 56 —
PALEMONI DjE
Lcs jeunes du Palemoneies vulgaris , d apres Faxon, celles
du Leander adspersus , d’apres Mortensen, mesurent 8 millime¬
tres, au bout de 5 stades larvaires. Elies sont done relativement
grandes, meme si Ton en deduit la longueur du rostre, tres
court chez les jeunes de Crangonidae ou d’Alpheidae qui leui
sont comparables.
Au-dessus de cette tail le viennent se placer les larves Retro-
cat'is et Coronocaris Ortmann. Ces dernieres ont le fouet ex-
terne des antennules profondement bifurque', ce qui semble bien
indiquer des Palemonidae, elles mesurent de io a i5 millimetres,
et, meme a cette derniere taille, les pattes thoraciques de la
deuxieme paire ne sont pas plus grandes que celles de la pie-
miere. Comme le rostre est ddpourvu de dents, on pourrait
e'galement penser a des Pontonidae. Mais ce dernier caracteie
me ferait e'earter les Lysmata , et, bien que la cinquieme pane
soit allongee comme chez les Diaphoropus et Anebocaris , je ne
crois pas non plus qu’il s’agisse d’Alpheidae, chez lesquels le
fouet de l’antennule est a peine biparti. La cinquieme pane
allongee se retrouve chez les Retrocaris , larves chez lesquelles,
au moins a leur taille maxima connue (i6mm) la deuxieme paiie
indique nettement des Palemonidae, comme d’ailleurs lafoime
du rostre et les dents de la carapace.
Je remarque que le Reti'ocaris contraria Ortmann a des
pleurons abdominaux tres developpes, les deux premiers poitant
des prolongements epineux qu’on ne remarque pas chez les
especes adultes, au moins a la place qu’ils occupent. IIspoui-
raient etre interpretes, de meme que chez V Anebocaris anc/lifi’ •
et bien qu’ils soient beaucoup moins developpes, comme 1 indice
d un mode de developpement anormal.
Chez le R. spinosa , Ortmann signale des specimens de taille
comprise entre 5 et 12 millimetres, les premiers etant, a ce point
de vue, deszoes normales. La encore, comme chez les Alpheidse,
les Pandalidm, on peut e'tablir une sorte de serie depuis les
— 57 —
larves normales jusqu’a celles atteignant des tallies excessives,
et Ton ne voit pas oil Ton pourrait faire le depart entre les
larves aboutissant a des adultes suivant le processus habituel et
celles qu’il faut peut-etre considdrer comme n’y parvenant
jamais.
J’ai decrit ailleurs (25) des larves Retrocaris longues de 5 a
6millimetres, provenant de l’expddition antarctique sue'doise et
capture'es dans la meme station que des Campylonotus vagans.
Ces larves n’ont pas de pattes thoraciques differenciees, sauf la
Fig. 20. — Retrocaris antarcticus, H. C. — ■ Type vu lateralement
et appendices divers.
dnquieme, tres allongee comme chez les Retrocaris , mais beau-
coup plus forte, et dont le propodite porte une serie de longues
soies paralleles. En outre de ce caractere, elles ont aussi en
comimin avec les Retrocaris les deux epines antennaires placees
3 la suite, la forme de la crete rostrale, et surtout le tioisieme
pleosomite, relevd en pointe a concavite anterieure. Des ressem-
blances aussi grandes conduisent a penser que les pattes thoia-
ciques de la deuxieme paire, une fois developpees, seront chez le
1I04)
— 58 —
A*, antarcticus comme chez les autres Retrocaris, plus grandes
quc cclles de la paire antdrieure et indiquant un Pale'monide.
Comme la Crete rostrale des Campj'lonotus pagans est assez ana¬
logue a celle de ces larves, il est fort possible, en raison de la
presence des uns et des autres dans la meme station, qu’il
s'agisse de cette espece. Aucune de ces larves ne depassemalheu-
reusement 6 millimetres, de sorte qu’elles ne peuvent apporter
aucun dclaircissement a la question de savoir si les Retrocaris
de grande taille sont anormales.
CoRONOCARIS HUMILIS, n. sp.
La larve dont il s’agit mesure seulement 6 millimetres, elle
est beaucoup moins avanede que celles ddcrites par Ortmann
|L. brevis , io millimetres; C. gracilis , io a i5 millimetres) et
n a pas encore d’appendices differencies.
Le rostre est large et aplati, pourvu en dessus d une seule
dent, et compris entre les deux dpines sus-orbitaires, qui sont
peu saillantes. 11 y a une dent gastrique, une dpine antennaire
et une dpine pterygostomiale, ces deux dernieres non indiquees
sui les dessins un peu sommaires d’Ortmann. Le troisieme pleo-
somite est saillant en arriere, comme chez les especes prece-
dentes. Mais les pleurons abdominaux sont a peine indiques, les
pldopodes reduits a des bourgeons, le telson encore elargi dista-
lement et echancre, avec 5 paires indgales d’dpines posterieures
et 2 paires laterales.(Fig. 21, A, B).
Les yeux sont grands, et depassent le rostre en avant; les cor-
nees hemispheriques ont une papille oculaire bien visible sur
L bold interne de l’ophtalmopode, a la limite de la cornee. Le
iouct antennulaire externe est simple, mais les 4 soies qui le
teiminent sont disposdes en deux groupes, indication sans
Lite de la fonne bifide qu’il possede chez les especes d Ort¬
mann. (Fig. 21, B).
t-s mar>dibules sont simples et sans palpe, le palpe de la
pede C -CSt ^ Un Seu^ article. A partir du deuxieme maxilli-
n.-e’ tous ,es appendices sont semblables, sauf le cinquienre
qui ne porte pas d’exopodite.
— 5g —
Les pattes de la premiere et de la deuxieme paire ont leur
propodite un peu renfld, avec une ldgere indication d’un proces¬
sus opposable futur. (Fig. 21, /», l). Sur la cinquieme paire, le
propodite est plus long, et surtout lc stylopodite terminant le
dactyle. (Fig. 21, 0).
^0. 21. — Coronocaris htimilis, n. sp. — A, B, type vu lateralement et en dessus,
f-t, appendices divers et telson.
II y a 5 pleurobranchies, aucune indications d e'pipodites.
Lespece rappelle le C. brevis d’Ortmann, dont les ophtalmo-
P°des sont relativement plus grands, et les dents sus-orbitaires
plus fortes.
Stn. i83q, (Acores); filet a grande ouverture.
Periclimenes sp.
■Is donne ici la figure de cette espece, dont j ai parle dans un
tfavail anterieur (18). Le specimen qui la represente mesure 21
millimetres. La formule rostrale est — dents. Les deux epines
(104)
— 6o —
antennaires sont dispose'es coinme chez les Periclimenes , et l’ab-
sence de palpe a la mandibule, bien que celle-ci soit profonde-
mcnt bipartite, indique aussi une espece de ce genre. Chez les
Palcemonetes , en effet, les mandibules n'ont pas de palpe, mais
il n’y a pas d’epine he'patique, qui est remplacee par la bran-
chioste'giale.
L’espece differe beaucoup des P. amethfsteus et scriptus
Risso, auxquelles on pourrait la rapporter d'apres sa prove¬
nance (Acores). En particulier, la deuxieme paire est beaucoup
plus volumineuse.
Le detail le plus important que prdsente le specimen est la
presence d’exopodites encore tres marquds sur tous les pe'reio-
podes sauf le cinquieme. I Is sont, a vrai dire, de'pourvus de soies,
tic. 22. — Periclimenes sp. — Rostre et epines de la carapace;
ex, exopodite du deuxieme pereiopode.
Par suite non fonctionnels, alors que les pleopodes ties longs
sont absolument ceux des adultes.
Par tous les autres details de forme en particulier par le
volume des pinces de la deuxieme paire, le- specimen repond
aussi aux caracteres des adultes du genre. La persistance des
cxopodites larvaires sur un specimen d’aussi grande taille est
une indication en faveurde la possibilite, pour les larves ge'antes,
d atteindre quelque jour l’e'tat adulte.
Stn. i834 (fileta grande ouverture o-iooom).
On peut faire deux hypotheses au sujet des larves qui piO
cedent . ou bien elles finissent par donner des adultes, ou bicn
dies n’aboutissent pas a ce terme normal et disparaissent avant.
— bi
Dans le premier cas, elles peuvent etre ou bien les larves
habituelles d’especes donnees, ou bien des cas anormaux de
developpement chez des especes possddant d’ordinaire des larves
normales.
II n'est pas facile de ddfinir le mot de larves normales, car,
dans le nombre extremement petit des cas ou les premiers
stades post-larvaires ont dte observes, on a pu noter des mysis
mesurant au moins i3 millimetres et probablement plus (Pan-
dalus borealis) et jusqu’a 16 millimetres (Pontophilus Norjve-
gicus). Pour toutes les larves a formes adultes inconnues au-
dessous de cettc taille, il devient done possible d’admettre la
suite normale du developpement. D’apres le tableau que j ai
donne au debut de cette note, on peut voir qu un assez grand
nombre seraient ainsi dlimine'es.
II existe quelques cas bien constates oil la vie larvaiie vaiie
de 3 a 7, 8 et probablement 9 stades larvaires. Devant le fait de
l’existence de larves de grande taille, on est conduit a supposei
que la duree de cette vie larvaire peut se prolonger bien davan-
tage, soit habituellement, soit accidentellement chez certaines
especes. Les modes de developpement seraient variables dans
de tres larges limites au lieu de l’etre seulement dans les limites
etroites jusqu’a present connues. La lenteur avec laquelle dis-
paraissent les exopodites dans certains cas (Periclimenes sp.)
est un argument important dans ce sens.
En cherchant it s’expliquer les raisons de ces differences, on
est conduit it examiner ce qui se passe dans les groupes votsins.
Ainsi que je l’ai fait remarquer, les Hoplophoridte se placent en
dehors de tous les Eucyphotes par les caracteres de leurs larves
mysis, dont la mandibule est pourvue d un palpe et dont toutes
les pattes thoraciques sont pourvues d’exopodites. I Is se com¬
ponent a ce point de vue exactement comme les Peneides, et
aussi comrne les Euphausidae au point de vue de la duiee de la
vie larvaire.
Bien que celle-ci ne se termine vraiment qu avec la matuiite
des glandes genitales, il est possible de la limiter piatiquenrent
au moment oil il ne se fait plus, dans 1 aspect mot phologique
exterieur, d’apparition ou de disparition de parties, celles-ci sc
bornant a evoluer insensiblement jusqua la moit de 1 adulte.
(104)
—
—
— 62 —
Chez les Decapodes ct Schizopodes dont il vient d’etre ques¬
tion, l'apparition du palpe de la mandibule n’est qu’un incident
de la vie larvaire. Celle-ci se poursuit encore apres pardes chan-
gements plus ou moins profonds dans 1’armature e'pineuse du
rostre, du telson, Papparition de branchies ou d’dpipodites, la
dc:croissance des exopodites qui, sans disparaitre totalement,
peuvent cesser d’etre fonctionnels, ce qui implique un mode de
locomotion tout autre.
Ainsi envisagee, la vie larvaire, au moins chez les Pe'neides
et les Hoplophoridte, comporte des larves «geantes». J’aimon-
trd quc dans le developpement de V Acanthephyra purpurea , la
forme definitive du rostre n’dtait atteinte qua une tailie avancee,
de facon tres graduelle. Les Bentheocaris seraient encore plus
t\ piques, s ils venaient a donner finalement, comme il est proba¬
ble, des especes d’ Hymenodora presque de'pourvues de rostre.
La chute des epines rostrales se ferait en effettres tardivement,
les Bentheocaris atteignant jusqu’a 38 millimetres.
( .hez les Peneides du genre Funchalia , enfin, M. E-L. Bouviera
pu etablir avec une certitude presque entiere que les Grimaldiella
sont des larves de ce genre, atteignant 20 millimetres de longueur
sans que 1 on puisse dire que ce soit la leur tailie maxima (23).
Chez les Eucyphotes, il se trouve que les cas les plus exac-
tement comparables sont ceux ou la larve nait au stade rnysis
d un ceuf volumineux, cette larve possedant a sa naissance des
mandibules palpigeres. D’ordinaire, la fin de la vie larvaire est
mai quee de facon nette par la chute des exopodites, ce qui em-
[ ec ie la similitude d’etre totale, mais elle le devient dans Ie cas
s Hoplophondae du genre Systellaspis et Hoplophorits, ce qui
, ^ e soB et dans le cas des Pasiphteidae du genre Sympasiphcea
ou les exopodites persistent.
la CSt’ POUI le dire en passant, la ressemblance entre ces
, , m3 sis et celles des Decapodes infe'rieurs qui m’ont porte
ceiei les exemples fortuits de developpement abregd (1)
A cote des ca/cl ^ developpement n’est pas aussi abrege qu’il le parait.
a gros ceufs travpr^6 ce u' de 1 Alpheus pro; cox, les larves des Synalphees
et il en est de merr|Sent autant de stades que les zoes des especes voisines,
gres de l’un a l’antra ^>OU3I Filannonetes Vartans macrosenitor. Les pro-
autre stade sont seulement moins marques!
— 63 —
chez ies Decapodes comme la reapparition d’un mode qui est
normal chez les Schizopodes Mysidae et Lophogastridae.
Chez les autres Eucyphotes, la mysis succbdant a la zoe n est
plus exactement comparable a la prdcddente. Le changement de
forme de la mandibule et I’apparition de son palpe subissent
un retard notable, ils se produisent en meme temps que la chute
des exopodites et marquent, au meme titre quc celle-ci, la lin
de la vie larvaire, qui est par suite nettement ddfinie. Les deux
mysis sont toutefois comparables au point de vue des exopodites,
absents sur la cinquieme paire de pattes, alors qu ils sont pre¬
sents sur ce membre chez les Decapodes inferieurs (Hoplopho-
ridae, Penbides) et les Schizopodes.
Pour rester dans les Eucyphotes, il se trouve done que les
Hoplophoridte se sbparent de tous les autres au point de vue de
leurs formes larvaires. Lcur place dans ce groupe de Decapodes
nest cependant pas douteuse, et il est facile de mettre en evi¬
dence dans les autres families des caracteres d Hoplophoridae.
C’est de la meme maniere que Ton pourrait concevoit les
larves «geantes» exceptionnelles des Eucyphotes : dune patt,
elles reprdsenteraient des cas fortuits de reapparition d un mode
de ddveloppement constatd chez les Hoplophoridae et les
Pendides. D’autre part, toutefois, elles auraient garde la man¬
dibule simple et sans palpe, la cinquieme paire sans exopodite,
qui caracterisent les larves habituelles des Eucyphotes.
Quelle que soit la valeur des raisons precedentes, on est
encore portd a envisager les larves qui precedent comme donnant
finalement des adultes pour une raison d’ordre extia-scientilique,
qu’on pourrait l’appeler 1’ « horreur du vide » : c’est qu’il est
insolite d’imaginer des formes n’aboutissant pas, malgi b 1 etat
de perfection exterieure auquel elles parviennent.
Cette seconde hypothese s’appuie sur les raisons suivantes.
Les formes larvaires « geantes » des Eucyphotes sont ties
rares, elles ont ete capturees dans des stations oil ne se i encon-
Lent pas les larves habituelles, dont le developpement est
eonnu. A de tres rares exceptions pres, elles ont et<i captuiees
a la surface ou pres de la surface, loin de la zone littoiale,
au-dessus de profondeurs d’eau considerables. Ce sont des
(io4>
— 64 —
conditions anormales, amenant a conside'rer ces larves coniine
des formes devo3rdes, entraindes hors de leur habitat, narrivant
pas a retrouver Ies conditions extdrieures necessaires a leur evo¬
lution. D’ou leur raretd, surtout marquee pour les specimens
de grande taille.
On pourrait objecter que meme s’il s’agit de larves aboutis-
sant ii des adultes, le cas est toujours anormal et rare, et quon
nc peut s’attendre a une grande frequence des captures. Lorsqu il
s’agit d’animaux bathype'lagiques ou pdlagiques, la surface de
dispersion est tellement dnorme par rapport aux moyens de cap¬
ture qu’il est difficile d’dtablir la mesure de la rarete dune
espece. Les Glaucothoe , par exemple, larves «geantes» de Pa-
guridae, dont le c as est tres comparable par les problemes qu il
pose, etaient des etres rarissimes jusqu’au jour oil la Prmcesse-
Alice en a rencontrd un veritable « banc» (21). Dailleuis, pas
plus pour les Glaucothoe que pour les Icotopus ou les Athnto-
ca?'is, si on les rencontrait abondants, cette frequence n etabln ait
qu’il s’agit de larves normales.
Il y a cependant quelques faits montrant que ces lanes
d Eucyphotes peuvent se rencontrer dans d’autres eauxque celle
de la surface. Les Procletes biangulalus Bate, les Bentlieocai is
Bate, le Bresilia atlautica Caiman proviennent des profondeuis.
Si ces formes deviennent finalement des adultes, on peut en
infe'rer que celles de la surface, qui leur ressembient, peuvent a
quelque moment se compiorter de meme. Si, au contraiie, ces
iormes n’aboutissent pas, c’est que la raison de cette anonralie
ne doit pas etre cherche'e dans la condition extrinseque du chan
gement d’habitat.
Une autre objection grave est la difficult^ de rapprochei ces
laives d especes adultes connues. Elle se pose surtout poui les
formes de grande taille, et elle a pour corollaire le fait que les
gi ands specimens d’une espece donnee ne montrent que des
changements insignifiants quand on les compare a ceux de taille
moitie moindre, par exemple. Comme ces larves sont toujouis
nees, a 1 origine, d’un oeuf d’une espece adulte, qui par suite se
peipetue, les zoes originelles de ladite espece fornieraient deux
groupes, l’un de larves normales, l’autre de monstres a vie
— 65 —
larvaire inddfinie, qui reproduiraient au plus la caricature de
1’adulte, pourrait-on dire, mais ne pourraient jamais realiser sa
forme parfaite.
II est certain que cette maniere de voir prend beaucoup de
force devant les cas comme celui de V Hippocaricjrphus bigib-
ksus) qui rappelle dtroitement les Choristnus Bate, mais qui
mesure 40 millimetres, alors que les jeunes, dans une espece
aumoins, rigoureusement semblables auxadultes en tous points
saufla maturitd sexuelle, mesurent lamoitid de cette taille.
On peut objecter que, pour lentes que soient les modifica¬
tions de forme du corps et des appendices, elles finissent cepen-
dant par se produire 5 les Icotopus, les Atlcintocaris, les Hectar-
Ihi'opus, les Anisocaris, d’abord ddpourvus de pinces, finissent
Par on acqudrir, les dents du rostre augmentent de nornbie
iHippocaricfphus ), la forme du telson se rapproche de celle des
adultes prdsumds. II n’est pas impossible qu’une seule mue
aniene a elle seule des changements plus radicaux que toutes
wiles qui ont precdde, qu’une « crise » des glandes genitales pai
exemple, amene une vdritable metamorphose, l’adulte futui se
sculptant pour ainsi dire dans le corps de la larve avec reduction
de taille, comme le cas est si frequent chez les Insectes.
One troisieme objection est celle tiree des anomalies de foi me
que presentent certaines de ces larves. Je ne parle pas des
dpines sus-orbitaires tres habituelles, de la spinulation du bold
infdrieur de la carapace, du troisieme pleosomite prolongd en
opine ou gibbeux, toutes dispositions se retrouvant chez les
lar?os normales. Mais les Atlcintocaris par exemple, finissent
Pat avoir 2 paires de pinces egales, alors que les 1 halassocaiida.,
qui s’en rapprochent le plus, paraissent n’en posseder que sui
deuxieme paire de perdiopodes. Le fait s expliqueiait facilc-
lent s’il y avait chez ces adultes des pinces minuscules mecon
ttlles sur la premiere paire, ce qui est tres possible. II serait
plus embarrassant si les adultes presumes ne possedaient qu’une
Pa're de pinces. Les memes organes sont bien plus insolites
chez les Anisocaris , qui ne peuvent guere etre que des larves
Pasiphaeidae, et qui ont des pinces de la premiere paiie
s'andes, de forme compliquee, si bien qu Ortmann a pense
IJPporter ces larves a des Alpheidae. (104)
— 66 —
Chez VIcotopus amplissimus H. C., l'endopodite de ia
maxille large, foliace et indivis, rappelle celui des Euphausidte.
Aucun des Eucyphotes adultes auxquels on pourrait compare;:
cette larve n’en possede de semblablc.
Enfin, V Anebocaris ancylifer H. C., possede des prolonge-
ments de forme tres dtrange sur Ies pleurons abdominaux, exa-
gerant ceux de certains males de Synalphdes, et les tdguments
du corps, aussi solides que ceux des Alpheidae adultes, contras-
tent vivement avec l’aspect Iarvaire des appendices.
Ces details insolites donneraient a penser que Ton se trouve
en presence de larves monstrueuses. mais ils sont en somme
tres rares, et leur importance ne peut etre e'tablie. Bien des
larves d’especes connues presentent des singularite's de foinies.
La mysis du Dichelopandalus Bonnier i, telle que 1 a de'cute
G.-O. Sars, possede sur le cephalothorax une paire de longues
cornes recourbees dont il serait aussi malaise' de donner la signi¬
fication.
Un des caracteres les plus frappants de ces larves est la dis¬
proportion qui existe entre l’dtat d’achevement des diverses
regions du corps. Alors que l’abdomen avec ses pleurons et ses
appendices peut avoir acquis une forme tres voisine de cello
des adultes possibles, que le cephalothorax et le rostre avec
leurs epines, permettent de pousser souvent assez loin la com-
paraison avec ces memes adultes, les pattes thoraciques sont
i estees entierement larvaires.
Les exopodites franges de soies sont certainement des organes
fondamentaux dans la stabilite et la locomotion de ces larves,
les endopodites sont toujours cylindriques, paralleles, dii igo's
en avant ou a peine coudes entre le meropodite et le caipe,
tei mines par de longs stylopodites.
Comme ces appendices fournissent toujours des caracteies
sexuels secondaires importants, leur faible developpenient nn
poi te a penser que si les larves dont il s’agit sont monstrueuses,
>1 } auiait lieu d’en chercher la cause dans quelque condition in
terne, par exemple l’e'tat des dbauchesde leurs glandes genitales,
{. lutot que dans des conditions ddfavorables du milieu exterieui.
Liles seraient « acrome'galiques ». Elies atteindraient la taille
—
- — 6 7 —
maxima compatible avec la perfection leurs organes tie relation
et de nutrition, mais en gardant inddfiniment l’aspect infantile,
et finiraient par disparaitre sans se reproduire.
Les exemplaires dont j’ai pu disposer sont de trop grande
valeur pour que je me sois permis de les mutiler pour l’etude.
J’ai seulement constatd qu’il n’existait pas trace d’ouvertures
genitales, que le deuxibme pldopode ne possddait jamais le
double rdtinacle qui distingue les <3*. Sur le plus grand des
specimens de V Hippocaricyphus bigibbosus , dont l’abdomen et
le thorax etaient presque sdpards, je n’ai pu apercevoir trace de
glandes genitales. C’est un point qui pourra sans doute etre
aborde par la suite.
Dans une note tres importante(2i) consacree aux Glaucothoe ,
M. Bouvier cst amend a les considerer comme des larves de
Pagures, larves anormales, continuant de croitre en menant une
existence pelagique au lieu de tomber sur le fond et de s’y
choisir un abri dans une coquille appropriee, soit parce qu’elles
n°at pas trouvd cette coquille, soit a cause d’un courant qui
les aempechdes d’atteindre le fond. M. Bouvier espere pouvoir
soumettre au controle experimental le role que pourrait jouer
la presence ou l’absencc d’une coquille dans revolution de ces
larves. Les anomalies qu’elles presentent sont si semblables a
eelles des larves d’Eucyphotes que les memes causes doivent les
provoquer. Les arguments donnds par M. Bouvier dans son beau
travail ont beaucoup contribud a me faire envisager comme
■aonstrueuses les mysis geantes d’Eucyphotes, mais pour celles-
c'i tout au moins, la cause de cette monstruosite possible ne
Pouvant etre l’absence d’un abri sur le fond, je pencherais
plutot pour l’hypothese d’une cause interne, imprimant a la
iarve, a partir de l’ceuf et dans l’oeuf meme, une direction evo¬
lutive anormale.
(104)
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
1. Joly. — Etudes stir... Caridina Desmaresti, Ann. des Sc. nat. (Zoologie;
2, 19, p. 34-86, pi. 3-4- 1843.
2. Dana. — U. S. Expl-exped., Crustacea, v ol. XIII, 36 pi. Philadelphia
1834.
3. P. Fisher. — Crustaces Podophthalmaires du departement da la Gironde,
Actes Soc. Linn. Bordeaux XXVIII, 5. 1872.
4. W. Faxon. — On the development of P. vulgaris, Bull. Mus. of C.
Zool. 5, p. 3o3-3o, pi. i-xv. 1879.
3. P. Mayer. — Die Metamorphose von P. varians, Mith. Zool. Stat. Nea-
pel. 2, p. 197-220, pi. x. 1881.
6. Sp. Bate. — Report on the Crustacea Macrura, Rep. Zool. « Challenger » ,
vol. XXIV. 1888.
7. E.-V. Boas. — Uber den'ungl. Entwicklung der Salpvasser und Siiss-
wasserform von P. varians, Zool. Jahrbticher, Syst., 4, p. 79 o;i,
pi. 23.
8. G.-O. Sars. — Bidrag til kundskaben von Dekapodernes Forvandltnger,
Arch, for Math, og naturvid. p. i3i-ig5, pi. i-v. 1890.
9. E. Ehrenbaum. — Zur Naturgeschichte von Crangon vulgaris, Mith.
der Sektion f. Kust. & Hochseefischerei, p. 1-124, P1- I-v- i89°-
10. Brooks et Herrick. — The embryologie and metamorphose of the Ma-
croura, Mem. of the N. Ac. of Sc. Washington V, p. 324-576, pi. 1-47.
n. Ortmann. — Dekapoden und Schijopoden der « Plankton-Expedition »,
p. 1-120, pi. I-X. 1893.
12. W.-I. Cabman. — On deep-sea Crustacea for the S. W. Ireland . Tr. R.
Irish. Acad. XXXI, 1, 20 p. 2 pi.
13. Mortensen. — Unders. over P. Fabricii, Rtk., p. 1-80. 1897.
14. H. Coutiere. — Les Alphxidx, Ann. des Sc. nat. Zool. IX, 1, p. 1 56o.
pi. i-vi. 1899. •
13. G.-O. Sars. — Account of the postembryonal development of P. bore¬
alis Kr., Rep. of Norw. fish. & mar. Investig. I, n° 3, p. *-45, pk >'
x. i goo.
(104)
—
- r° —
1 6. Lo Bianco. — Le pesche pelagische abissali... nelle vicinanje di Capri,
Mittheil. Zool. Station zu Neapel, Bd. i5, 3, p. 438. igoi.
17. E.-L. Bouvier. — Observations nouvelles sur les Crevettes de lafamille
des Atyides, Bull. Sc. de la France et de la Belgique, XXXIX, p. 5j-
i3q. 1905.
18. H. Coutiere. — Notes preliminaires sur les Eucyphotes recueillis par
le filet a grande ouverture, Bull. Mus. Ocean. Monaco n° 48. 1905.
19. H. Coutiere. — Sur les epipodites des Crustaces Eucyphotes, C. R. Ac.
Sc. 3 juillet 1905.
20. H. Coutiere. — Sur les Crevettes du genre Caricyphus, C. R. Ac. Sc.
24 juillet igo5.
21. E.-L. Bouvier. — Nouvelles observations sur les Glaucothoes, Bull. Mus.
Ocean. Monaco n° 5i. 1905.
22. H. Coutiere. — Sur la synonymie et le developpement de quelques Ho-
plophoridce, Bull. Mus. Ocean. Monaco n° 70. 1906.
c3. E.-L. Bouvier. — Sur la position poologique, les affinites et le develop -
pement des Peneides du genre Funchalia Thn , C. R. Ac. Sc., t. CXL1V
n» 18, p. 95 1-954.
24. H. Coutiere. — Sur la duree de la vie larvaire chep les Eucyphotes
C. R. Ac. Sc. 27 mai 1907.
25. H. Coutiere. — Sur quelques formes larvaires d'Eucyphotes provenant
de V expedition antarctique suedoise, Bull. Mus. Paris n° 9. 1907.
/
t
.. • ■ .
” —
/
/
-
■
—
—
..... - ' ; • '
E -3
- . ■ •" : J;:r ■/: - . ! :J >■- ;■ ; «
v,' .
•' . - '-V - - - “ • • • •
■
'
■
■ . ■ - -v ’ ;.s ; . *«.- .-v. . .'i-
■
■- . . ■■ ' . . V- ' ;i ■■
• . ,..v_ . ■ • , - .
• • ■ - -- --- .... - • .
■ j - - *?. . .
S' ■ r- • v ;-v .■ '. ,• . ,-v.
'
- - ' - ■ - . ik--r
V .. ’ !
■ ■ ■ ■ ■ , ■ - . . ■ • • - •
' J’T-.; 1 >’■? l , ,-.r-
AVIS
Le Bulletin est en depot chez Friedlander, 11, Carlstrasse.
Berlin.
Les numeros du Bulletin se vendent s^parement aux prix
suivants et franco :
Fr.
89. — Notes sur les gisements de Mollusques comestibles des C6tes
de France. — La region d’Auray (Morbihan) avec 1 carte,
par. L. Joubin, professeur au Museum d’Histoire naturelle
de Paris et a 1’institut Oceanographique . 2 20
90. — Description de l’extremite posterieure du corps anormale
chez deux Motella fusca Risso, par le Dr M. Jaquet,
Gonservateur au Musee Oceanographique (avec une plan-
che double) . 1 ®
91. — Analyse de quelques dchantillons de Pelagosite recueillis
dans le port de Monaco, (kun espcranta traduko), par
G.-H. Allemandet . 0 30
92. — Conference du 1" dccembrc 1906. La Presqu’ile de Qui-
beron (avec quatre planches), par L. Joubin, professeur
au Museum d’Histoire naturelle de Paris et a l’lnstitut
Oceanographique . 1 50
9^- — Quelques impressions d'un naturaliste au cours d’une cam-
pagne scientihque de S. A. S. le Prince de Monaco (190:1),
par E.-L. Bouvier, professeur au Museum d’Histoire
naturelle, Membre de l’lnstitut . 1 30
94. — Sur l'existence de la Mye dans la Mcditerranee, par Fred
Vles, preparateur du Laboratoire de Roscoft . 0 30
95. — Sur la huitidme campagne de la Princesse-Alice II, par
S. A. S. le Prince Albert 1" de Monaco . 0 30
9®- — Orchomenella lobata, nouvclle espece d’Amphipode des
regions arctiques, par Ed. . . 1 *
97- — Sur une methode de prelevement de l'eau de mer destinee
aux etudes bacteriologiques, par MM. P. Portier et
J. Richard . •••■• 1 *
9®- — Questionnaire relatif aux especes comestibles de Crustaces,
par H. CounkRE . 0 50
99- — Note preliminaire sur quelques Asterics et Ophiures prove-
nant des campagnes de la Princesse-Alice, par R. Kiehler,
professeur a la Faculte des Sciences de Lyon . . . 1 00
I0°. LTndustrie des Salines cdtieres, par le Dr L. Maillard,
professeur agrege k la Faculte de Medecine de Paris (avec
8 planches)..... . 2 “
101. Notes supplcmentaires sur les Calanoides de la Princesse-
Alice (corrections et additions), par G. O. . . 0 30
102, Note sur une forme jeune de Trigla, par le D' M. Jaquet,
Conservateur au Musee Oceanographique . 0 30
io^- Note sur les Srachiopodes recueillis au cours des dernieres
croisieres du Prince de Monaco, par M. L. Joubin, profes¬
seur au Museum d’Histoire naturelle de Paris et a Tins-
titut Oceanographique . 0 30
104. Sur quelques formes larvaires enigmatiques d’Eucyphotes,
provenant des collections de S. A. S. le Prince de Monaco,
par H. Coutiere . 2 8
MONACO. - IMPR. DE MONACO.